Si Cannelle fait mine d'être amusée, voir attendrie par le comportement de son floramantis, la réalité est toute autre. Nous préférerions évidemment qu'il se concentre sur l'activité en cours et respecte le pokémon avec qui il interagit. Tout d'abord car cela nous permettrait de rester moins longtemps en compagnie de Madame Kanazawa -tout aussi précieux que soient ses conseils, son caractère ne nous convient pas-, ensuite car il s'agit d'une question de politesse basique. Ces réflexions nous poussent à demander à la scientifique si Artie a d'abord demandé l'autorisation à l'archéduc avant de la toucher. D'ailleurs, nous songeons également que ce comportement pourrait être dangereux pour lui, d'autant plus dans le monde de criminalité vers lequel nous souhaitons le guider.
Avant que la scientifique ne nous répondre, le pokémon oiseau pousse un hululement que nous avons du mal à identifier avant que sa dresseuse ne nous en traduise la signification. Cannelle adresse un sourire rassuré aux deux pokémons dont l'interaction se poursuit, bien qu'intérieurement nous ne soyons toujours pas satisfaites du comportement d'Artie. Se rend-t-il compte qu'il flatte ainsi un autre pokémon ? Surtout qu'à notre avis, ce qui l'intéresse surtout c'est de ramener avec lui quelques plumes afin de les utiliser dans ses compositions florales, mais ça, ce n'est pas une information que nous allons donner à voix haute. Le risque, c'est que le floramantis prenne la coopération de l'archéduc pour une autorisation, et s'il commence à lui arracher des plumes... Quelque chose nous dit que la situation pourrait rapidement s'envenimer, surtout qu'il n'aurait pas l'avantage de type face à son adversaire. De plus, se battre dans une bibliothèque ? Ce n'est absolument pas approprié.
Nous nous contentons donc de sourire pour le moment, de concert avec la maîtresse des lieux, bien que nous allons surveiller le comportement de Artie du coin de l'oeil à tout instant.

La scientifique annonce la poursuite de l'exercice, ce qui nous pousse à nous recentrer sur elle. Elle fait un geste à l'attention de son archéduc, accompagné d'explications, doutant encore une fois que les pokémons soient capables de capter toute la complexité d'un langage basé sur le parler humain, comme si nous vivions dans un même référentiel. Malgré notre conversation de tout à l'heure sur un sujet similaire, je me demande à nouveau à quel point la scientifique anthropomorphise ses pokémons et leur prête des intentions et interprétations qui ne sont que le fruit de son imagination. De plus, de ce que je comprends, ce qu'elle communique là est plus un concept, un sentiment, qu'une parole. Mais enfin, je ne suis pas là pour des départs, et après que nous ayons constaté le résultat de l'exercice, nous nous tendons un peu lorsque la jeune femme nous demande de reproduire la même chose.
Il va sans dire que nous n'avons jamais donné de réelle affection à nos pokémons. Nulle raison absurde que peuvent se donner le commun des mortels ne nous a jamais parut assez valable pour que nous soyons inclines à avoir ce genre de comportement. Bien sûr Cannelle l'a feint plusieurs fois en société, car c'est ainsi la bonne manière de traiter ses pokémons selon la majorité, mais nos pokémon sne sont pas dupes et apprenaient eux aussi rapidement à dresser des façades. Ils ne nous sont qu'utiles, tout comme nous le sommes également pour leur permettre de réaliser leurs aspirations personnelles. Dans le cas d'Artie : avoir un jardin de fleurs.

- Comment pourrez-vous être certaine qu'Artie a compris et qu'il ne se contente pas de reproduire bêtement ce qu'il vient de voir ? Incluant l'odeur, puisque votre archéduc vient d'en produire en association au geste effectué, Cannelle s'exprime calmement, bien que cette question vienne autant de réels doute que d'une aversion de ma part à l'idée de soi-disant montrer de l'affection à mon pokémon.

Ceci demandé, pour ne pas paraître de trop grande mauvaise foi, nous nous levons pour reproduire le geste effectué à l'attention de notre floramantis. Artie nous regarde avec interrogation avant de s'approcher pour prendre notre main et regarder s'il y a quelque chose à l'intérieur de notre paume. Que ce soit dû à son manque de connaissance de signification du geste ou à l'absence d'affection de notre part, Artie n'a pas compris l'exercice et se comporte autrement que prévu... Ce qui ne nous étonne pas car nous comprenons rapidement à quoi il a associé ce qu'il vient de se passer.

- Ah non Artie, je n'ai pas de pétale séché cette fois, nous accompagnons nos paroles d'explications à l'attention de la scientifique : Il a une passion pour les fleurs et, comme j'aime faire sécher des pétales et ensuite faire ressortir leurs odeurs, il arrive que je lui en donne pour qu'il m'indique d'autres plantes auxquelles les associer par la suite. Afin de ne pas abîmer les pétales, je les pose sur ma paume, tendue vers le haut, pour les lui présenter, Cannelle pousse un petit soupir déçu. J'imagine que votre méthode fonctionnerait mieux avec un pokémon qui n'a pas déjà associé un geste vaguement similaire à une autre action ! Peut-être en passant par un de mes autres pokémons qui pourrait effectuer le geste et qu'Artie a l'habitude de voir ? Je possède un dracolosse et un leuphorie qui sont également des pokémons bipèdes dotés de bras.

Cette proposition ne m'enchante guère, mais malgré la pénibilité de l'idée de devoir faussement donner de l'affection à nos pokémon, Cannelle se doit de maintenir une façade. Nous gardons, comme nous le pouvons, en tête le fait de nous améliorer dans nos pâtisseries, et nous disons qu'heureusement que cet objectif est présent !

A chaque instant, il faut que nous nous rappelons que Cannelle doit faire preuve de bonne volonté. Nous nous rappelons pourquoi nous sommes ici, le but premier de notre visite et ce que nous pourrons en tirer de bon pour la patisserie. Pour Artie aussi, peut-être, bien que nous nous demandions si cela servira réellement à son efficacité générale – seule chose qui importe. L'exercice n'est cependant pas concluant, Artie prenant le geste de Cannelle pour une autre de ses habitudes. Nous expliquons l'échec à la scientifique en nous demandant ce qu'elle peut bien en penser, bien que cela n'ait pas vraiment d'importance, nous ne voudrions pas non plus qu'elle soit agacée par la visible incompétence d'Artie. Ou celle de Cannelle, si elle est de ceux qui ont tendance à penser ainsi de travers. Cannelle lui fait face pour savoir ce qu'il en est de ses conclusions... Qui ne viennent pas. Madame Kanazawa reste songeuse, ce qui a tendance à m'agacer bien que cette émotion fugace reste cachée derrière le visage calme de Cannelle. Cette dernière est d'ailleurs bien embêtée de ce qu'il se passe avec son pokémon. Pas au point de s'excuser bien sûr, n'exagérons pas, mais cela nous pousse à rapidement trouver une idée pour poursuivre l'exercice.
La proposition de nous aider d'Alphyr ou de Chantie pour qu'il transmette l'exercice à notre floramantis semble convaincre la scientifique qui retrouve le sourire qu'elle avait perdu. Nous sommes un peu perplexe quant au fait que ça a été à nous de proposer la suite des opérations alors qu'elle est sensée être l'experte, mais nous n'en disons rien. Cannelle se contente de rire doucement, contente et un peu fière que son idée soit accueillie avec enthousiasme par Madame Kanazawa. Parmi nos deux propositions, son choix pour la suite se porte sur notre dracolosse car nous comprenons qu'elle en possède également un. Une part de nous serait curieuse de voir ce pokémon, afin de pouvoir le comparer au notre, mais nous ne sommes pas là pour ça et ne souhaitons pas nous attarder par simple curiosité enfantine.

Nous prenons la pokéball d'Alphyr et jaugeons l'endroit où nous nous trouvons avant de le laisser sortir de sa pokéball. Nous optons pour lancer la sphère métallique en direction d'un espace plus dégagé, entre deux bibliothèques assez espacées et où il n'y a pas de meuble qu'il pourrait renverser en apparaissant. Le dragon ayant l'habitude de vivre parmi les humains, il n'a pas de mouvement brusque en sortant de sa pokéball, ayant directement le réflexe de ranger ses ailes et rabattre sa queue vers ses propres pattes. Son premier réflexe est d'adresser des regards interrogateurs aux pokémons qu'il ne connaît pas présent dans le pièce et qu'il peut voir.
Cannelle s'approche de lui pour lui caresser le haut du crâne en se mettant sur la pointe des pieds.

- Bonjour Alphyr. Ne t'inquiète pas de ces pokémons, ils ne sont pas hostiles et appartiennent à cette dame, Cannelle pointe du doigt les pokémons et la scientifique afin que notre dragon puisse plus facilement identifier ses propos. Madame Kanazawa, cela ne vous embêterait pas de refaire le geste à votre archéduc afin qu'Alphyr ait plus de contexte et de modèle quant à l'exercice ?

Pour une fois, la demande de Cannelle est notre demande, sincère. Nous ne souhaitons pas échouer à nouveau et pensons que c'est mieux si notre dracolosse comprend mieux la portée de l'exercice. Il n'est pas bête et arrivera sûrement à identifier le lien qui unit la dresseur et son archéduc. Nous attendons que la scientifique fasse avant de reproduire à notre tour le geste à l'attention d'Alphyr. Il est forcément plus sincère pour nous, puisque je ressens une certaine forme d'attachement à l'attention de mon starter. Les antennes sur son crane vibrent lorsqu'il me voit faire. Je lui fais comprendre qu'il peut le reproduire pour répondre et il tend à son tour sa patte vers nous, ce qui serait sa paume vers le haut. Notre regard dévie vers ses antennes qui sont encore en train de vibrer. Cannelle pointe le phénomène à la scientifique :

- Ca veut dire quelque chose pour vous ?, de notre côté, nous l'avons au cours du temps identifié comme un frisson agréable que ressentirait Alphyr, mais autant prendre l'avis complémentaire de la scientifique puisque nous sommes en sa présence.

L'exercice étant un succès, nous demandons ensuite au dracolosse de reproduire ce qu'il vient de faire avec nous avec notre floramantis. Nous n'avons aucun doute que ces deux pokémons s'apprécient alors le dragon ne devrait pas être réticent. Rapidement, il comprend ce que nous attendons de lui et fait quelques pas, maladroits vu sa taille et l'endroit où nous nous trouvons, en direction d'Artie qui observe la scène avec beaucoup d'attention depuis tout à l'heure. Il se penche vers l'avant pour être un peu plus à la hauteur de son interlocuteur et répète le geste. Artie regarde d'abord sa patte avec perplexité, puis une odeur sucrée se répand à nouveau dans l'air. Elle ne nous semble pas venir de l'archéduc cette fois.

- Je pense qu'il a compris cette fois !

Il y a un vrai enthousiasme qui transparaît dans la voix de Cannelle. Léger, mais présent. Même si c'était évident, nous ne pouvons nier être contentes que ce nouvel exercice ne se soit pas soldé par un échec. Maintenant, il en nous faut plus qu'attendre les nouvelles instructions de la scientifique.