Le combat semble plus équilibré et plus coriace que prévu pour le blond, contre un Alakazam faisant appel à toute sa panoplie psychique. Envoyer des ondes télékinétiques sur le cerveau de ses adversaires, créer des voiles invisibles de protection autour de lui, se téléporter sur de très courtes distances pour effectuer soit des replis stratégiques, soit des coups en traitre. Je ne connais que trop bien cette espèce de pokémon, mais contrairement à Somnus, mon propre Alakazam, celui-ci donne l'impression d'être un expert en truanderie et autres coups fourrés. J'assiste donc à un combat acharné, donnant peu d'ouvertures à Chance, le Croaporal d'Angelo.

Le pokémon psy entame alors son début de méditation mystique. Je la connais bien celle-là, et si toutefois elle doit aboutir, elle peut déboucher un scénario catastrophe pour le dresseur musicien, qui décide alors de tout miser sur la vitesse de son partenaire pour tenter une approche au corps à corps. Manque de chance, ironie du sort, l'Alakazam est hypersensible aux mouvements et aux intentions d'attaques quand il est dans cet état transcendantal. Alors s'en suit une première téléportation, réduisant à néant l'attaque frontale du Croaporal. Puis une seconde. Puis une troisième, une quatrième. Et puis la dernière téléportation, où je reconnais instantanément la trame qui se déroule : l'Alakazam, les cuillères en argent levées, s'apprêtent à lancer une attaque Rafale Psy qui risque de faire du mal. Angelo l'a compris d'ailleurs, il m'appelle à l'aide.



Je m'assure alors que Simargl est toujours dans le contrôle de l'Ectoplasma encore à terre. Visiblement, les brûlures étaient telles que le pokémon spectre ne pouvait se permettre de se relever, et même s'il le faisait, son instinct lui criait que l'Arcanin au-dessus de lui allait lui faire regretter de nous avoir pris pour des lapins de six semaines. Confiant de mon partenaire, et galvanisé par cette petite victoire, je décide alors de faire appel à ma toute nouvelle carte maitresse. Ma beauté des profondeurs, le joyaux des océans. Cette lourde masse d'amour et de facétie. Ness. Ma Lokhlass, qui apparait dans un filet de lumière rougeoyant.

- OOOOOOONNNNHAAAANNNN ! rugit la gigantesque créature aquatique, en apposant son front contre le mien.
- Moi aussi je suis content de te revoir Ness. lui avoue-je. Angelo va avoir besoin de toi. Peux-tu me faire cette faveur que d'utiliser ton attaque Éclats Glace sur l'Alakazam ?
- OOOOOONNNH ? questionne-t-elle.
- Oui, il est particulièrement efficace quand il se téléporte. Je peux compter sur toi ?
- HAAAANNNNHOOOOAAAAN ! commence-t-elle à chanter.

Connus pour leurs chants presque lyriques, dignes des grands chanteurs lyriques et des cantatrices d'opéra, les Lokhlass possède un organe vocal des plus puissants et des plus mystiques. C'est par des cantates qu'ils accumulent du pouvoir, avant de transformer les vibrations de leurs cordes vocales en énergie pure pouvant revêtir alors l'élément de la compétence utilisée. Ici, ma fabuleuse Ness commence à faire l'écho de sa plus belle voix. Augmentant graduellement en octave et en intensité vocale, elle fixe des yeux la dernière trajectoire de l'Alakazam, avant de faire feu de ses plus beaux éclats de glace dans sa direction. Ce dernier se téléporte, mais sur une plus grande distance que prévue : Ness a-t-elle visé juste et provoquer une fuite à reculons du pokémon psy ? Peu importe, cela donne l'avantage subtile à Angelo, qui en profite pour paralyser le pokémon grâce à une attaque Léchouille rudement précise et vive.

M'invoquant pour participer à cette dernière petite ruée vers la victoire, Angelo me demande d'ajouter ma pierre à l'édifice. Je m'exécute alors, demande à Ness de préparer une petite Danse Pluie, afin de permettre à Croaporal de gagner en puissance aqueuse. La géante des profondeurs lève alors ses pattes vers le ciel, et entame un chant plus lourd, plus grave, pour convoquer la puissance des particules d'eau dans l'air, afin de les rassembler et de les transformer en une pluie diluvienne temporaire. Profitant de cette position de force, Chance fait valser l'Alakazam d'une dernière vague d'eau à haute pression, l'incapacitant dans le même temps. Moi pendant ce temps, je regarde Simargl, trempé de tout son poil, tirant légèrement la tronche, ce qui m'arracha un sourire amusé. Mon gros toutou de feu tout détrempé, je n'hésiterai pas à me graver cette image dans l'esprit.



Pour le coup, on peut dire qu'Angelo est aux anges, et que son étreinte avec Chance est le signe que leur duo fonctionne à merveille. Cela fait tellement plaisir de voir les progrès réaliser par ces deux-là, eux qui étaient venus à ma rencontre à la pension, avec la conviction qu'ils étais tout sauf prêt à faire ce voyage initiatique vers la conquête des badges de leur région natale. Là, j'en suis sûr, ils ont le cœur et les tripes pour devenir de grands dresseurs, et je suis ravi d'être un tout petit peu participant de leur évolution. Le blond nous congratule, et regrette de ne pas pouvoir s'entrainer avec moi plus souvent.

- Oh tu sais, maintenant que la pension tourne bien, tu peux venir quand tu veux, tout comme je peux me débloquer du temps pour voyager sur Kalos pour t'offrir quelques cours particuliers. J'suis un professeur dans l'âme après tout. blagué-je en lui donnant une petite tape sur l'épaule. Par contre, il va falloir qu'on se mette en route, je crains que Lana ne court un grave danger. Rien ne nous dit que ce frère Laurent ou que cette sœur Elizabeth ne sont pas eux non plus des imposteurs. Vite vite !

Je le force malgré lui à me suivre, faisant signe à Simargl de prendre les devants. Ce gros nounours canin de feu s'exécute, bougonne un peu à hauteur de Ness, et ouvre la voie vers le chemin qui nous fait encore face avec ces flèches de lumières si évidentes et si caractéristiques de ce monde sans dessus dessous. Ness, ma Lokhlass, elle, se propose en escorte d'Angelo. Je ne suis pas contre cette initiative, Chance étant de type eau, ils ne pourront que bien s'entendre, et peut-être qu'Angelo voudra faire sa connaissance pendant le chemin.

- Dis, Angelo. l'interrogé-je. Quelle partie de cette imposture t'a permis de voir la supercherie ? Était-ce au niveau de la conversation, ou d'une information précise ? Si tu ne veux pas m'en parler, je comprendrai tout à fait. admets-je. Moi, personnellement, c'était la posture adoptée, et ces imprécisions dans le discours, surtout au sujet des prénoms ou de l'identité de personnes en souvenirs dans nos têtes. Je me sens tellement idiot de ne rien avoir vu plus tôt, au lieu de me laisser aller à ce malêtre soudain. me flagellé-je. Au moins, maintenant qu'ils sont hors d'état de nuire, on est à peu près sûr de ne pas revoir ce genre de scénario se reproduire. Enfin, je l'espère. achèvé-je.



Notre route n'est pas encore assurée ni même vierge de toutes nouvelles péripéties, mais nous commençons enfin à voir les hauteurs du Mont Couronné. Quelques longues minutes, si ce n'est des heures, de marche qui nous ont parues interminables. Même moi qui suis sportif, je commence à ressentir quelques faiblesses musculaires au niveau des cuisses et des mollets, signe que le dénivelé montagneux est présent, et qu'il est en lui-même une épreuve de tous les instants. Mais notre ascension va connaitre une nouvelle interruption. Et pas n'importe laquelle : il s'agit de Lana, au loin, accompagnée de son Lakmécygne. Elle est toute seule, élément dérangeant, surtout quand on sait que Sœur Elizabeth nous avait dit quelques heures plus tôt qu'elle était en compagnie de Frère Laurent. Où est-il ? Oh et peu importe, elle est juste devant nous, il faut que je m'assure que c'est bien elle. Je souris presque inconsciemment, m'excite tout seul tel un enfant devant un manège, je mets les deux mains autour de ma bouche.

- LANAAAAAAAAAAA ! OOOOOOOOOHÉÉÉÉÉÉÉÉ ! PAR ICIIIIII ! crie-je.

Elle se retourne, l'air grave et stressé. Quelque chose ne va pas, et je sens que sa partenaire pokémon est elle aussi sur le qui-vive. S'est-il passé quelque chose avec le religieux ? Puis c'est à son tour de me répondre.

- LEOOOOOOOO ! FAIIIIIIIITES ATTENTIOOOOOOON ! LE FRÈRE LAURENT EST UN IMPOSTEUR !!! me met-elle en garde.

Je me retourne vers Angelo, et je lui fais comprendre que nous allons devoir une nouvelle fois s'armer de patience et de concentration. Car visiblement, nous ne sommes pas encore au bout de nos peines.

Quelques moments avant que nous arrivions devant celle qui devait être ma Lana, ma superbe scientifique nutritionniste savante folle de talent de la pension, Angelo me confia qu'il avait réussi à détecter les mensonges du duo d'escrocs que furent Ectoplasma et Alakazam via le prénom que le pokémon spectre avait réussi à énoncer. Apparemment, l'erreur n'en était pas réellement une, mais la façon dont le prénom de Fabien était ressorti, cela avait mis la puce à l'oreille du blond, qui avait apparemment bataillé pour sa véritable génitrice l'appelle ainsi, chose qu'elle ne ferait donc pas en temps normal. Fort bien. Je m'étais contenté de cette explication, ne voulant pas outrepasser mes droits en essayant de demander de trop. Pour le coup, nous continuâmes notre longue marche. Toujours accompagnés de Simargl à l'avant, Ness au niveau d'Angelo et de Chance, nous avançions avec un bon rythme. Je sentis que le blond était en train de lutter contre ses propres forces, et c'était plaisant de voir son début de culture du dépassement de soi, quand bien même il n'eut pas été un sportif émérite. Il avait le bon ton et la bonne attitude que de vouloir tenter l'impossible, pour s'affranchir de notre quête commune, et ça, ça vaut toutes les aventures interdimensionnelles.

Une fois arrivés au niveau du Lakmécygne et de ma collègue de travail, elle nous vocifère donc de nous méfier de ce fameux Frère Laurent, qui devait donc être un imposteur. Un imposteur pokémon ou alors un véritable imposteur humain ? Je ne sais pas trop quoi en penser, même si j'ai très envie de croire qu'elle nous dit la vérité, si tant est que ce soit bien ma Lana. Angelo, qui a potentiellement flairé le coup, me met en garde sur le fait qu'elle soit potentiellement elle-même l'imposture humanoïde de l'instant, et qu'à la manière de sa mère Victoria, il faut que je lui fasse passer le même test. Chose peu aisé, à dire vrai, Lana et moi ne nous connaissons que depuis peu de temps, alors les informations personnelles, surtout venant de son passé à elle, ce n'est pas tellement ce sur quoi je peux compter. Il faut que je réfléchisse, et vite.

Il faut que je trouve un évènement que je lui aurais confié il y a peu, qu'elle seule pourrait savoir, sans même que le monde ne l'ait su auparavant. Il y a le superbe carambolage de Lyonell et Hermione dont nous avons été les témoins privilégiés, se percutant lors d'une session de ménages de la réception, résultant sur un tableau tout à fait comique et gênant, puisque l'objet du délit était l'union inattendue d'un tuyau d'aspirateur et d'un balai dépoussiérant. Il y a aussi la fois où je lui ai raconté en détail la dispute entre les deux Guerrero au sujet du plan nutritionnel du Bombydou de Nicholas Dyze, un vrai feuilleton. Ah mais il y a aussi le passage d'Angelo à la pension avec Chance, et...

- J'ai trouvé. marmonné-je à Angelo. LANA TU M'ENTENDS ?! crie-je au loin.
- OUI LÉO, JE T'ENTENDS MÊME TRÈS BIEN !!! Je suis à peine à quelques mètres de toi tu sais ? répond-elle avec sarcasme.
- Oh oui pardon. commencé-je à m'excuser, jusqu'à ce qu'Angelo me donne un coup de coude dans les côtes comme pour me rappeler qui doit avoir la situation en main. Ahem ! NON ! Non. Lana, j'ai une question très importante à te poser. reprends-je.
- Je t'écoute Léo.
- Bien, si tu es bien celle que je pense que tu es, alors dis-moi la danse que nous avons tenté de réaliser au Glam. questionné-je alors.



Un léger temps de réflexion s'installe, et je regarde mon ami musicien avec appréhension, faisant légèrement les gros yeux, tentant de sonder du regard si lui aussi se souvenait de ce moment particulier. Sans le vouloir, je suis parvenu à choisir LA question qui nous permettrait à Angelo et moi de pouvoir déceler si oui ou non il s'agissait bien de notre scientifique de génie. En parlant d'elle, je la vois garder son calme, prendre un temps de réflexion en inclinant sa tête sur la droite, le côté de la raison, comme elle a l'habitude de le faire. Elle ne croise pas les bras, ni n'arrête de cligner des yeux. C'est déjà un bon signe, mais seule la réponse sera déterminante, car il est tout à fait possible qu'un doppelgänger se soit habitué à ses tics de comportements.

- Léo. Je ne sais pas à quoi tu joues, mais c'est pas drôle. s'indigne-t-elle.
- Ah ? réponds-je en levant les épaules, pour feindre l'attitude penaude soudaine.
- Okay, tu voulais l'entendre haut et fort ? me défie-t-elle. ALORS TU VEUX VRAIMENT QUE JE CRIE AU MONDE ENTIER COMMENT NOTRE TENTATIVE DE PORTÉ EN MODE DANCING DIRTY A LAMENTABLEMENT FINIE EN GAMELLE TÊTE LA PREMIÈRE CONTRE LE PARQUET DE LA PISTE DE DANSE PARCE QUE MONSIEUR ÉTAIT LÉGÈREMENT ÉMÉCHÉ AVEC SON MEILLEUR AMI CHELOU ZELLIEL ?! hurle-t-elle créant des échos affreux dans toute la vallée. Bien, t'es content là ? T'es vraiment un goujat quand tu t'y mets tu l'sais ça ? achève-t-elle d'une moue boudeuse.

Il n'y a plus de doutes. C'est bien ma Lana. Je ne suis pas tellement fier de lui avoir rappeler cet évènement malencontreux. Je vous explique. Nous étions en mission de reconnaissance au Glam, un boite de nuit de Parmanie, une des succursales du patron d'Angelo. Lui devait enquêter sur une histoire de délit identitaire de la communauté queer des environs de la part du gérant par extension du club, et moi je devais subtilement tenter de me fondre dans la masse pour récolter des informations. Lana avait décidé de nous rejoindre, pour relâcher la pression d'une batterie de tests et autres recherches qui l'avaient mené au bout du rouleau. D'un commun accord, je lui avais offert un verre. Puis Zelliel avait fait son apparition, alors que nous dansions sur la piste avec Lana, sur une musique très connue du monde des bandes sonores de cinématographie, en l’occurrence, du film Dancing Dirty, avec Petrick Sozzie et Janifa Grès.

Chose que je n'avais pas prévue, bien évidemment, et c'était alors que nous tentions de répliquer le très célèbre porté de bout de prise d'élan du film Dancing Dirty, je me décalai légèrement sur la gauche pour regarder où se dirigeait Zelliel. Résultat des courses, Lana s'éleva quand même au-dessus du sol, les yeux fermés de confiance en ma réception, mais ne trouva malheureusement pas mes bras au bout de quelques microsecondes. A la place, elle trouva la compagnie brutale et dure du béton ciré de la piste de danse, perdant connaissance pendant un petit laps de temps, avant de se relever en pleurs, courant vers les toilettes en compagnie d'autres filles ayant vu la scène, pour s'assurer que tout allait bien.



Mon teint devient rouge. Je me rappelle dans les détails toute la soirée, et je sens à côté de moi qu'Angelo sait aussi de quoi elle parle, sentant un regard désolé pour Lana, et profondément désabusé pour moi. Mes oreilles commencent à chauffer de honte également, mais je prends une inspiration soudaine, souffle de toutes mes bronches pour évacuer tout ce stress de l'instant.

- C'est bien elle... en effet. affirmé-je. Désolé Lana, je suis encore impardonnable pour ce soir-là. Mais vraiment, je ne l'ai pas fait exprès. J'ai vu Zelliel et-
- Léo. Je ne t'en veux pas grand bêta ! me gronde-t-elle. On en a déjà parlé, il n'y a pas de soucis. C'est du passé, et la preuve, je t'accompagne encore aujourd'hui, preuve de mon pardon non ? soulève-t-elle. Mais pourquoi faire remonter ce souvenir de nulle part ?
- Si tu savais ! Tout à l'heure, nous avons bien failli faire le jeu de deux pokémons imposteurs et-
- Aaaaaahhh... c'est donc vous qui êtes les responsables des états pitoyables de mes deux pokémons... Je ne vous félicite pas, infidèles ! intervient une voix plutôt rauque, de derrière un énorme rocher qui bloque la vue directe du contrebas par lequel nous venions d'arriver.
- Qui êtes-vous ? lancé-je aussi instantanément.
- Leonis ! Angelo ! Attention, c'est lui ! nous alerte alors Lana.

Est-ce le fameux Frère Laurent ? A en croire l'inquiétude de ma comparse, et à la position de défense, l'aile rabattue sur sa dresseuse, du Lakmécygne, ça ne peut faire l'ombre d'un doute. Je regarde Angelo. Nous comprenons-nous ?

Je crois que plus le temps passe, plus je commence à prendre conscience qu'Angelo peut être un homme plein d'émotions contradictoire, mais très intense. Je le connais souriant, énergique, boute-en-train, déterminé et soucieux de faire au mieux. C'est un acharné du travail bien fait, un bourreau de rigueur et d'inspiration pour son métier et sa passion. C'est une personne intègre, dont l'esprit ouvert et bienveillant permet à quiconque d'un tant sois peu en déprime de retrouver un sourire presque immédiat. Il est un petit rayon de soleil, jeune dans l'âge, mais rayonnant dans l'aura. Mais, visiblement, j'ai appris à le connaitre revanchard, amer, provocateur et sanguin. Sa témérité dans l'adversité n'a d'égal que ses piques verbales quand la personne en face de lui les mérite. Je ne peux pas dire que je ne le comprends pas, moi-même étant quelques années plus jeune, j'étais également à fleur de peau, très vigoureux dans mes à priori, et parfois virulent dans mes réactions, surtout quand l'injustice et la méchanceté gratuite sont induites dans les raisons de ce revirement de comportement.

Et ici, la situation en vaut la peine. Angelo a raison d'être aigre et cinglant. Ce type nouvellement apparu commence alors à un monologue sur comment il avait fait pour mettre des bâtons dans les roues de Sœur Elizabeth, qui était sur le point de mettre à mal son plan fanatique ; comment il avait su exploiter la présence perdue et inquiète de Lana, ne cherchant qu'à retrouver ma trace dans ce tout ce capharnaüm interdimensionnel, pour réduire le champ d'action de la religieuse, et pouvoir mener son projet à bien ; comment il avait réussi à retourner le cerveau de la fervente croyante de Dialga pour tenter de nous ralentir, nous, des dresseurs projetés dans une dimension parallèle contre notre gré. Le pire dans tout ça, c'est qu'il nous remercie carrément d'avoir été malgré nous ses pions dans son stratagème fourbe et vil. Ce qui ne manque pas de faire partir Angelo dans les quarts de tour, qui n'hésite pas à couper la parole de cet homme pour lui dire en face qu'il n'avait aucune espèce d'intérêt dans le fait de savoir qui il était.



Et alors que l'homme mystérieux commence à sortir de ses gonds en nous proférant des menaces, tout en essayant de nous révéler ses projets, nous apparait sur le dos de son Corvaillus, Sœur Elizabeth. Il ne manquait plus que ça pour parachever un tableau tout à fait incohérent et lunaire. Cette dernière s'empresse de demander au faux Frère Laurent la raison de tout ce grabuge. Ce à quoi Angelo rétorque que son timing est très douteux, et qu'elle aurait pu au moins nous prévenir du danger qui nous guettait en les présences de l'Alakazam et de l'Ectoplasma, plutôt que de se la jouer en solitaire jusqu'au sommet du Mont Couronné, ou plus précisément, aux Colonnes Lances. Elle révèle alors l'existence du'ne machine, qui attend perchée tout en haut de ce relief montagneux, pour on en sait quelle raison. Mais l'imposteur ne se fait pas prier et reprend la parole en gonflant le torse, tel un héros.

- Effectivement. Je ne suis pas Frère Laurent, mais Horacio. Opérateur technique de la Team Galaxie. Enchanté mes petits oisillons. dit-il alors en faisant une courbette digne des films moyenâgeux. Voyez... ma chèèèèè~ère Sœur Elizabeth, vous venez de signer votre fin. En tentant de découvrir l'existence de cette machine, vous vous exposez à la punition divine. Vous en savez trop, et il est grand temps de vous faire taire. menace-t-il une pokéball à la main. Hypnomade, lance Hypnose sur cette vieille chouette ! Qu'elle s'endorme une bonne fois pour toute !

Dans un filament de lumière rougeoyant, un Hypnomade sort de la pokéball, et fait osciller son pendule aussi tôt qu'il est sorti. La religieuse n'a aucune chance de se défendre, car son Corvaillus et elle sont alors emportés dans une sorte de transe les faisant fermer leurs paupières aussi rapidement qu'il ne faut pour dire ouf. Heureusement pour Angelo et moi, nous n'étions pas les cibles du Pokémon psy, alors nous n'étions pas affectés directement par la capacité. Visiblement, le sbire de la Team Galaxie, Horacio, avait un autre dénouement pour nous.

- Bien. Maintenant que la vioc roupille. Laissez-moi vous en dire plus sur ce projet. Peut-être vous intéressera-t-il ? annonce-t-il en se frottant les mains.

Je sens qu'Angelo commence à fulminer de plus belle, même si la vue sur la Sœur Elizabeth, ronflant comme un Monaflémit en pleine sieste post-méridionale, doit sûrement le faire jubiler intérieurement. Et je décide alors de le couper dans sa tentative d'interruption du speech du malfrat. Je tends le bras et ma main vers lui pour faire signe de ne rien dire. Et tout en redirigeant mon regard vers Horacio, je fais signe à Lana de se rapprocher de nous, pour venir auprès de Simargl, qui se place au niveau de son flanc gauche pour la protéger au cas où. Ness, elle, est toujours présente, vigilante, prête à refroidir l’atmosphère si Angelo et Chance devaient être en danger.

- On vous écoute. Dites-nous en plus. l'invité-je.
- Aaaaa~ah, enfin quelqu'un de censé dans cette fine équipe de bras cassée. réagit-il en tentant de m'amadouer. Très bien, je vais vous révéler notre plus grand projet : Clepsydre !
- Clepsydre ? l'interrogé-je.
- Ça claque hein ? se targue-t-il. Nous avons pour projet d'utiliser un canon d'antimatière provenant de résidus de passage de Giratina dans notre monde, afin de capturer Palkia et Dialga. Les enfermer dans une cage multidimensionnelle, afin d'en exploiter leurs pouvoirs, qui nous aideront à remodeler le monde selon un idéal de justice plus pur, plus sain, plus à même de venir en aide à toutes ces petites gens dans la pauvreté, la souffrance psychologique, et tout ceux étant la victime du règne des Pokémons. achève-t-il avant de reprendre sa respiration. Nous, la Team Galaxie, nous œuvrons pour restaurer l'équilibre dans le monde, de placer l'Humain au même niveau que le Pokémon, pour que ni l'un ni l'autre ne puisse tout diriger dans l'ombre.
- Et vous pensez sincèrement que nous allons vous suivre dans cette folie ? le confronté-je. N'avez-vous pas vu les dégâts causés par une simple distorsion du temps et de l'espace avec votre machine de l'horreur ? fulminé-je. Avez-vous une once d'idée de ce qui peut bien arriver à ces petites gens comme vous dites, pendant ce temps, dans une réalité modifiée et possiblement traumatisante pour eux ? Vous y pensez un peu à ces gens qui sont embarqués de force dans votre délire de psychopathe ?! commencé-je à perdre patience.
- Vous venez de me traiter de psychopathe ? Moi ? se courrouce Horacio. Vous venez de faire une grave erreur mon garçon. Une très, très grave erreur. JE NE VOUS LAISSERAI PAS NOUS INSULTER PLUS LONGTEMPS ! rugit-il avec deux nouvelles pokéballs dans les mains qu'il fait rougir dans la foulée. MAGIRÊVE ! TÉNÉFIX ! HYPNOMADE ! A vous de jouer mes petits. Barrez-leur la route pendant que je rejoins Clepsydre !


Je tente alors de poursuivre le membre de la Team Galaxie dans sa course, mais le trio de Pokémons ennemi nous fait face, bien décidés à ne pas nous laisser une quelconque largesse d'action. Je regarde Angelo et Lana, leur adresse un hochement de tête : nous allons devoir en découdre à quatre contre trois. Et ça ne va pas être une partie de plaisir, croyez-moi.