- Elle doit être quelque part dans le coin. tente de me rassurer Angelo. À défaut d’avoir des idées pour nous sortir de là, on peut la chercher ensemble. On trouvera peut-être une solution ou une explication en chemin.

Avec ces quelques mots, Angelo et moi commençons à nous remettre en route à la recherche d'âmes qui vivent, et potentiellement quelqu'un que nous reconnaitrions si nous le pouvions. De mon côté, je m'inquiète forcément du sort qui a pu être réservé à Lana. Si j'ai pu être la victime d'hallucinations, de tromperies pokémons, de mauvaises rencontres de personnes ressemblant comme deux gouttes d'eau à des amis proches de mon entourage affectif ; je n'ose imaginer ce qu'elle aura pu vivre dans ce chaos interdimensionnel. Sera-t-elle également victime de quelques Zoroark malicieux pour se grimer en ses pokémons adorés, notamment son Lakmécygne, sa fidèle amie de toujours, celle qu'elle a rencontré en Paldea à son plus jeune âge, et qui lui avait permis d'écrire un magnifique article primé lors de cérémonies scientifiques, sur les pokémons de type Vol, et plus précisément, ceux étant capables d'effectuer des voyages migratoires de très longue durée et de très longue distance ? Ou alors, est-ce qu'elle apercevra le double maléfique de son petit frère, lui faisant vivre un véritable enfer sur terre ? Ou peut-être qu'elle verra un simulacre de personnalité maternelle qui tentera de la dissuader de continuer son aventure à mes côtés, de revenir chez elle pour y poursuivre un avenir plus radieux, plus prestigieux et plus digne de son pédigrée de membre de la famille des Hoxha, influente notamment dans le monde de la pharmaceutique et des laboratoires de recherches en pokémédecine de pointe ?


Au fut et à mesure que nous avançons, je remarque que le décor est presque similaire à celui du Festival des Trois Dragons. Les stands sont absents pour la majeure partie, à l'exception des différents points de repli sanitaire de secours, toujours plantés aux mêmes endroits mais agencés différemment. La population aux alentours semblent également s'être raréfiée et toute la cohue que j'ai pu connaitre avant mes retrouvailles avec Angelo parait comme inexistante. Angelo tente par moments d'appeler le prénom de ma collègue et ami, Lana, sans succès malheureusement. Je le rejoins également à certains moments dans la tentative désespérée de retrouver la trace de ma scientifique de chic et de choc. Je l'aime bien, elle me le rend bien, et ensemble on fournit du très bon travail. J'espère que rien de malencontreux ne lui sera arrivé. Pendant ce temps, nous arrivons devant ce qui ressemble à une chapelle. Angelo me fait remarquer qu'elle est dans un état encore invraisemblablement correct, comme si la faille spatiotemporelle n'avait pas eu d'effet sur sa structure.

- Regarde, il y a quelqu’un là. fait remarque le musicien blond en pointant une silhouette du doigt.
- Tu as été beaucoup plus réactif que moi pour le coup, je viens tout juste de me rendre compte qu'il y a quelqu'un. avoué-je. On fait quoi ?
- On se méfie du coup c’est ça ? suppose Angelo, alors que Chance, son Croaporal, adopte une posture accroupie, en alerte, prêt à bondir. Tu crois qu’on devrait essayer de lui parler ? Si tout ça est lié aux trois dragons, il saura peut être ce qui se passe. hypothétise-t-il.
- Je ne vois pas d'autres alternatives à part peut-être passer notre chemin. admets-je. Mais il est vrai que nous en saurons peut-être plus si nous prenons ce risque d'engager la conversation. Et puisqu'il faut se dévouer, j'y vais. conclus-je.


Ni une ni deux, sans même savoir si Angelo est d'accord avec le plan, quand bien même il ait eu une idée qui en dit long sur ses envies d'en savoir plus, je prends mon courage à deux mains, et je m'avance en direction de cette silhouette encapuchonnée sous une espèce de tenue de lin beige presque blanc cassé, agenouillée devant cet espèce de petit bâtiment bois, potentiellement un lieu de prière à l'extérieur de la chapelle. Une chapelle ardente aux dimensions d'un véritable sanctuaire religieux ? Au point où on en est, ça ne serait pas insensé de penser que cela puisse être possible. Je m'avance donc vers cette silhouette que je prends donc pour un possible moine, en me basant sur ce qu'Angelo vient de me dire.

- Excusez-moi monsieur...
- Ma sœur. interrompt la silhouette avec une voix légèrement raillée.
- Je vous demande pardon ? questionné-je.
- Il vous faudra m'appeler « ma sœur », jeune homme. révèle une dame d'âge mûr, après un volte-face d'une lenteur presque improbable.
- Oh ! Oui ! Pardon ma sœur. me corrigé-je. Veuillez pardonner mon effronterie, mais nous aurions quelques renseignements à vous demander mon ami et moi. poursuis-je.
- Ah oui, le jeune blond accompagné de sa grenouille de compagnie ? annonce-t-elle sans jeter un seul coup d’œil à Angelo plus loin derrière moi.
- Que... Comment ? Vous le connaissez ? m'étonné-je.
- Je ne le connais pas personnellement, avoue-t-elle, mais j'ai déjà eu l'occasion de le croiser plutôt dans le Festival. Son aura, tout comme la vôtre au passage, semble tout à fait correspondre à ce que nous recherchons, mes confrères, mes consœurs et moi.
- J'ai peur de ne pas comprendre. douté-je, tout en me retournant sur moi-même. Angelo ? Tu peux venir s'il te plait ? *signe de main dans ma direction* Il semblerait bien que ton désir d'en savoir plus sur le festival soit exaucé. annoncé-je avec un ton à la limite de la curiosité méfiante.

- Ah oui ? Vous aussi vous avez été transportée ici lors du festival ? suppose Angelo après avoir légèrement dévisagé la bonne sœur.
- En effet. Et avec votre concours, nous aurons peut-être une chance d’y retourner. Je suis sœur Elizabeth et j’appartiens au clan Diamant. La congrégation religieuse qui vénérait Dialga. Aussi ancienne que Sinnoh elle-même, mais comptant de moins en moins d’adorateurs à mesure que le culte d’Arceus s’était étendu. J’imagine que vous avez une idée de la raison pour laquelle nous sommes ici ?
- P-peuh-pas vrai-
- Non, hormis que ça doit avoir un rapport avec les trois dragons. coupa Angelo sans s'en rendre compte.
- Les pokémons mythiques. corrigea-t-elle. Je ne vous blâme pas pour ce blasphème, il s’est malheureusement trop répandu. C’est précisément pour cela que les dieux sont en colère. Les hommes manquent de déférence envers les êtres auxquels nous devons notre vie et notre monde, ils ont tenu à nous rappeler l’étendue de leurs pouvoirs. Ceci est une punition.
- Une puni-
- Mais les dieux nous laissent une chance de rédemption, sinon ils auraient détruit l’espace-temps et nous ne serions pas là à discuter. Vous avez même reçu la bénédiction de Dialga, je l’ai vu à votre aura. poursuit-elle sans même réagir à ma tentative de questionnement.
- Ah bon ? répond Angelo en regardant en direction du pin's qu'il porte à sa ceinture, et qui est montré du doigt par la sœur.
- Ah oui, tiens, j'en ai un auss-
- Nous devons lui offrir un gage de notre vénération. m'interrompt une nouvelle fois la sœur, en pointant du doigt le sommet du Mont Couronné, étrangement encore existant dans cette réalité alternative. Là-haut. Aux Colonnes Lances.


Autant je pense avoir un semblant de maitrise du sujet lorsqu'il s'agit de parler de folklore, de rapport aux légendes, et de quelques pratiques religieuses pour ce qui est de la région du Kantô ; mais venant d'une ambassadrice ecclésiastique de Sinnoh, je suis perdu. Le fait d'avoir été interrompu dans l'échange ne m'aide pas non plus à avoir les idées claires, et pourtant, j'ai l'impression qu'Angelo me soutient du regard comme pour savoir si j'avais une idée à lui proposer après tout ce que Sœur Elizabeth venait de nous dire.

Et pour dire la vérité, toute la vérité, et rien que la vérité... rien. Nothing. Nada. Niet. Nib. Je suis temporairement dépourvu de toute once de connexion neuronales dans ce cerveau en ébullition et proche de l'évaporation totale. Je ne sais pas quoi dire. Je ne sais pas quoi croire. Est-ce que cette sœur est réellement une émissaire de son dieu, le pokémon légendaire Dialga ? Est-elle réellement là pour nous montrer le chemin qui nous ramènerait à notre réalité ? Ou était-ce encore un subterfuge pour nous faire perdre un petit plus la raison et nous mettre face à des épreuves plus alambiquées et tordues les unes que les autres ?

- Angelo. Je suis totalement perdu. lui confie-je. La seule chose que je sais, c'est que moi aussi je l'ai ce pin's. continué-je en sortant le pin's à l'effigie de Dialga de mon sac à dos. Penses-tu qu'il nous faille suivre les instructions de cette femme ?
- Sœur. Elizabeth. Jeune impudent. me corrige-t-elle d'un ton nerveux.
- Oui bon enfin tu m'as compris. poursuis-je en feignant de ne pas avoir entendu la vieille religieuse. Je ne connais pas la région. Je ne sais pas ce qui peut nous attendre aux Colonnes Lances. Tu crois qu'on devrait tenter d'y aller et voir ce qu'il en est ? Ou on continue nos recherches d'autres personnes qui auraient été transportées avec nous ? questionné-je en rafale. Je ne dis pas non à ce que tu prennes le lead, Angelo. insisté-je.

Angelo n'a pas l'air d'être très à l'aise avec l'idée de prendre le lead de notre duo du moment. Est-ce parce que l'enjeu est de taille et cela peut paraitre intimidant ? J'en conviendrais bien volontiers. Est-ce parce que la Sœur est devenu trop insistante et trop mystérieuse à son goût ? Je ne pourrais pas lui jeter la pierre, je l'ai pensé moi aussi à plusieurs reprises. Est-ce parce qu'il est plus du genre solitaire, comme son métier de musicien engagé sur les routes ? Une éventualité à garder dans un coin de ma tête si jamais ce dernier devait m'en parler, et ce à quoi je réagirais positivement, car après tout, il faut pouvoir aussi prendre sur soi, et endosser des rôles qui ne nous sied pas à la perfection, et si tel devait être son désir, alors je le ferai tout aussi volontairement.

- Euh... Je préfèrerais que l’on reste loin de tout cela. Désolé madame, on va vous laisser. dit Angelo en agrippant ma manche pour me faire sentir que sa marche de retour était en action.
- Tu as raison. Je te suis. Cet endroit me fait froid dans le dos de toute façon... commencé-je à la suivre.
- Attendez ! Vous ne pouvez pas partir, nous avons besoin de vous ! Vous avez dit que vous recherchez des personnes, c’est cela ? Si elles ont également été bénies par le grand Sinnoh, je serai en mesure de les retrouver pour vous. clame-t-elle dans une énergie du désespoir. Vous jeune homme, m'alpague-t-elle alors, me forçant à me retourner, vous cherchez la femme blonde qui était avec vous au festival non ? Je l’ai déjà rencontrée, elle est partie avec Frère Laurent au sommet du Mont Couronné.
- Je... Pardon ? Que venez-vous de dire ? la questionné-je, sidéré par la révélation.
- Quelle coïncidence... ironise Angelo.
- Oh non, me dis pas qu'elle a encore tenté de m'embrouiller ? m'inquiété-je.
- C’est la vérité. insiste-t-elle. Elle était accompagnée d’un Lakmecygne et vous cherchait également. Elle aussi portait la bénédiction de Dialga, elle nous a suivis dans l’espoir que je vous rencontre et que vous vous retrouviez là-haut.



Il ne suffit pas de plus de mots que ce qu'elle vient de formuler pour obtenir des yeux écarquillés, confus de stupeur, larmoyant de stress et d'incompréhension. Et si elle dit vrai ? Et si c'est bien Lana qu'elle a aperçu plus tôt en la compagnie de ce Frère Laurent ? Reste concentré Léo ! Oui, et si elle ment encore. Comment cela se fait-il qu'elle ait pu deviner le pokémon compagnon de Lana, son Lakmécygne si charismatique et bon samaritain ? Ne te fais pas encore avoir Léo ! Non, je ne succomberai pas. Je dois rester vigilant. D'ailleurs, je suis sorti de mon monologue interne par Angelo.

- Elle essaie peut-être de nous la mettre à l’envers. Mais si Lana a bel et bien un Lakmecygne, ce serait bizarre qu’elle le sache sans l’avoir croisée. Je sais que tu es perdu donc voilà ce que je propose : on la suit pour voir, et au premier truc chelou on se casse. Tu as des pokémons avec toi ? Tu devrais les sortir, au cas où il faille se défendre. Dans tous les cas on reste ensemble et on ne se quitte pas des yeux, d’acc ?

Ce sont à la fois les mots que je redoutais d'entendre, mais aussi ceux que je voulais envisager de la part du musicien blond. Il me proposait un moyen imparable de nous assurer de plusieurs choses : d'une part, de savoir si ce Frère Laurent existe bel et bien ; de deux, s'il existe, de savoir si oui ou non Lana est la femme au Lakmécygne qui l'accompagne ; de trois, si aucun des deux n'existent et qu'une embuscade nous parvient, nous serons alors assez alertes pour soit fuir, soit engager la bataille avec au moins un pokémon puissant chacun. Angelo utilserait son Kroaporal. Moi, mon Arcanin récemment évolué du concours de coordination de Malié, sur l'île Ula Ula, en Alola. Alors, la décision me parait évident, et je ne tarde pas à le faire savoir à mon comparse de mésaventure multidimensionnel.

- Je suis d'accord avec toi. acquiesé-je. Il me faut du concret concernant Lana, et rester ici me parait trop compliqué pour le moment. Et comme tu le dis, si jamais il se passe quoi que ce soit, on a de quoi se défendre. J'imagine que Chance est d'attaque ? réponds-je en en adressant un clin d’œil au compagnon d'Angelo, tout en tenant fermement la pokéball de Simargl, mon Arcanin, dans la main. Et vous ! apostrophé-je la Sœur Elizabeth. Si jamais mon ami et moi apprenons que vous nous menez en bateau depuis le début, je vous préviens... commencé-je à perdre mon sang froid ...je reviens vous trouver, et je vous ferai passer un mauvais quart d'heure, vous pouvez en être certaine ! Même lui - en hochant la tête subtilement sur le côté en direction de la statue de Dialga - ne pourra pas éternellement vous laisser vous en sortir.

La Sœur ne me fait pas attendre et ne me montre aucune crainte quant à mes menaces et demies. Je ne peux pas le lui reprocher, moi-même je sais que lorsque je suis sous pression, et que quelqu'un chose ou quelqu'un auquel je tiens est en jeu, je ne sais plus réfléchir comme il faut, et même ce qui peut s'apparenter à une menace verbale sur le thème d'une préservation ou d'une éradication d'une vie, aussi onirique soit-elle, peut devenir un sujet de dérision ou de moquerie. Je le sens également chez Angelo, qui se pince les lèvres avec un petit rictus presque impossible à dissimuler, pour vraisemblablement se retenir de pouffer face à mon intervention quelque peu hasardeuse en termes de vocabulaire intimidant.

- Comme vous voudrez. soupira Sœur Elizabeth.

Sans nous prévenir, elle siffle entre ses doigts. Je ne sais pas ce qu'elle trame, mais Angelo est le premier à réagir, en m'agrippant une nouvelle fois par le bras, pour m'écarter de la localisation actuelle de ecclésiaste. Seulement pour ça ? Ou tente-t-il de tâter de mes biceps qu'il avait déjà pu découvrir du temps de la pension ? Quel coquin celui-là. Toujours est-il qu'un écran de fumée s'éleva autour de nous, une initiative de Chance, le Croaporal du musicien, pour nous protéger. Mais le brouillard épais se fend et fait apparaitre un oiseau au plumage sombre et légèrement bleuté à la lueur du jour s’infiltrant de depuis les vitraux de la chapelle. Mon pokédex réagit immédiatement et me signifie l'apparition d'un Corvaillus, un pokémon corbeau géant.

- Que de violence ! peste la bonne sœur avec un rictus provocateur. J’espère que le grand Sinnoh vous apprendra le respect.

La vieille prêtresse commence à monter sur le dos de son oiseau de grande envergure, pendant qu'Angelo lui rugit après de mécontentement et d'agacement. Mais cette dernière a tout autre plan que de rester pour continuer le brin de causette : elle nous intime de la suivre en direction du Mont Couronnée, vers les fameuses Colonnes Lances, en prenant elle-même les devants pour s'assurer qu'il n'y aurait aucun danger pour nous. Angelo et moi nous retrouvions seuls, une nouvelle fois, mais avec une mission cette fois-ci : rejoindre, à pied, l'endroit indiqué par la fuyarde au grand âge.

- Non mais je rêve ! Ton amie a intérêt à être bien là-haut ou je vais lui faire bouffer son chapelet à celle-là ! Quelle peau de vache.



Je découvre un côté impulsif et revanchard chez Angelo. Une facette de sa personnalité que je ne lui connais pas, ou qu'il ne m'avait pas réellement montrer du temps de notre enquête à la discothèque de Parmanie. Je suis à la fois amusé de le voir se comporter comme un adolescent en pleine crise de l'approche de la majorité ; mais aussi surpris de le savoir aussi caractériel et déterminé à en découdre avec quiconque menace son espace vital. C'est rassurant et divertissant à la fois. Nous nous mettons alors en marche, et entamons ce long trajet à la seule force de nos jambes et de notre détermination à vouloir tirer cette histoire au clair. Un chemin étrangement balisé par des sortes de flèches fluorescentes apposés à même les bâtiments de ce qui était devenu la ville de Célestia.

- Je peux te poser une question ? commence à demander Angelo.
- Je t'écoute. lui réponds-je aussitôt.
- Dans la vraie vie, comment ça se passe avec ton pote Zelliel ? Vous avez parlé de votre rencontre au Glam et de… euh, ma présence avec toi ? Je sais qu’on a éclairci le fait qu’on ne faisait que semblant d’être ensemble, mais bon. Il a peut-être ressenti des choses à ce sujet.



Le petit malin n'a pas perdu le nord à ce que je vois. Il compte profiter de la marche en duo pour me soutirer de nouvelles informations personnelles à propos de ma relation très particulière avec mon meilleur ami. Un ami qui, à l'heure actuelle, doit être en train de siroter un Hugo Spritz sur la terrasse du restaurant chic où il m'avait emmené une fois, et où notre connexion émotionnelle semblait s'être fortifiée. Angelo n'a pas son pareil lorsqu'il s'agit d'attaquer dans le dur, et n'hésite pas à refaire surgir les souvenirs de notre enquête sous couverture dans cette fameuse discothèque où Zelliel allait également, pour son propre divertissement et son besoin d'évasion de la société classique, afin d'y libérer son jeu sur les deux tableaux.

- Dans la vraie vie tu dis ? Ha ha. me moqué-je un peu de la tournure de la question. Nous sommes proches, mais ça tu l'sais déjà. Mais il est vrai que depuis que j'ai ouvert ma pension, nous sommes moins l'un sur l'autre... sans mauvais jeu de mots ! Non mais ! ironisé-je.

Est-ce de la vraie curiosité venant du blond que de savoir comment se passait cette relation amicale peu orthodoxe avec mon meilleur ami, ou était-ce autre chose qui l'anime dans son besoin d'en savoir un peu plus sur l'état affectif de mes relations ? Peu importe, on a du chemin à faire, et autant jouer le jeu de la conversation à cœur ouvert pour faire passer le temps.

- Nous n'avons pas vraiment reparlé du Glam. Il a été plus surpris de m'y voir que l'inverse, lui qui me pensait trop coincé pour ça. Et en soi, il n'a pas tort ; de moi-même, sans ton passage, je n'y serai probablement jamais allé, et n'aurais probablement jamais découvert sa présence là-bas. révélé-je. En ce qui te concerne, je ne crois pas que tu l'aies marqué à ce point. En tous cas, il ne m'a pas posé de questions sur toi ni même demandé la raison de ta présence avec moi cette nuit-là. annoncé-je avec un petit rictus amusé, tentant de provoquer la jalousie d'Angelo. Je pense que tu ne l'inquiètes pas assez pour ça.




Si le musicien blond veut jouer sur le tableau de l'affect et tenter de me faire plonger dans mes réflexions personnelles pour obtenir des informations croustillantes à notre sujet, il va devoir jouer des coudes, car au jeu du chat et de la souris, je crois pouvoir dire que je peux défendre mon bout de gras assez facilement. D'ailleurs, je vais tenter de l'appâter encore plus fortement avec une dernière question.

- Et toi du coup ? Tu n'as rencontré personne cette nuit-là qui valait le coup que tu t'y intéresses ? demandé-je. Ou... peut-être que mon ami Zelliel t'a également tapé dans l’œil ? ajouté-je en relevant un sourcil et affichant un léger sourire narquois en coin de lèvres, prêt à éclater de rire à la moindre réflexion juvénile d'Angelo.