C'est une belle journée à Irisia. Le soleil brille, il y a quelques nuages, la brise marine empêche la chaleur d'être trop gênante. La mer est calme, ce qui permet aux bateaux de circuler sans encombre. Pour un jour comme celui-ci, c'est nécessaire ! Depuis la veille, de nombreux navires affluent à Irisia, répétant les aller-retour entre l'île et Oliville sur la côte. C'est rare, pour cette endroit de la région de Johto d'avoir autant de visiteurs, même au plus haut de la période estivale. Aujourd'hui, ce sont des dresseurs de toute la région, voir du monde entier qui ont fait le déplacement. Car il se déroule à Irisia un événement rare, vu par certains comme une opportunité en or, pour d'autres comme un coup marketing de génie : le parc safari fait portes-ouvertes !
Cette décision inédite a été prise il y a quelques mois par la Direction du parc. Partout dans le pokémonde, les parc safaris sont des lieux mis en avant, idéalisés par les dresseurs, présentés comme une des attractions numéro un de chaque région... Ce qui n'est pas le cas à Johto. Non. Ici, la zone réservée au parc safari est difficile d'accès, sur une île excentrée qui n'intéresse pas grand monde. Il n'était pas question pour la Direction de rester la risée des parcs plus longtemps. Pour cette raison, ils ont décidé de vider les caisses pour organiser cette journée porte-ouverte, afin de rappeler à tous l'existence de leur parc, les pousser à venir le visiter et en garder un souvenir impérissable qui leur donnera envie de revenir. Pour ce faire, les dirigeants du parc ont également collaboré avec la mairie d'Irisia, ses autorités, et ont également demandé des renforts à Oliville. L'événement devait attirer beaucoup de monde, bien plus que la police d'Irisia avait l'habitude d'en gérer et il était mieux de prévoir les débordement avant qu'ils n'arrivent.
Pour le moment, la journée se passe bien. Il y a beaucoup de monde, même plus que prévu, mais aucun incident n'est à noter. La plupart des visiteurs se dirigent directement vers le parc safari qui a organisé plusieurs parcours thématiques pour contrôler le flux de visiteurs et ne laisser personne à la porte. Les dresseurs peuvent chasser dans des zones à thématique de types : plante et poison, eau et roche ou spectre et normal. Les autres visiteurs peuvent profiter de plusieurs balades réparties entre les différents types d'environnements présents dans le parc : une forêt, une grotte et une falaise en bord de mer. Tout est bien sûr sécurisé par le personnel du parc et plusieurs agents de police et rangers qui s'assurent du bon comportement des gens et des pokémons. Devant le parc ont été installés de nombreux stands de nourriture, de jeux et de souvenir, ce qui permet aux visiteurs de se restaurer. Toutes les boutiques d'Irisia sont également ouvertes. Les commerçants gèrent plus ou moins bien cette affluence de clients, mais une chose est sûre : ils veulent profiter de leurs portes-monnaies ! En résumé, une atmosphère énergique et joyeuse émane de l'île d'Irisia. Tout va pour le mieux. Les forces de l'ordre commencent même à se détendre, gagnés par l'ambiance générale.
Ce n'est pas le cas de l'agente Yamamoto, une flic d'Irisia. Elle reste sur le qui-vives, en poste près de l'entrée du parc. Elle supervise le flux de visiteurs entrants. Sa petite taille ne rend pas la tache simple, car elle ne peut pas bien voir les doubles-files. Elle se demande si on l'a placée là par moquerie : depuis qu'elle a pris son poste il y a quelques mois, elle n'est pas prise au sérieux par ses collègues. Il faut dire qu'elle entre tard dans la profession, et avoir un passif de toiletteuse pour couafarel n'aide pas à gagner en légitimité. Toujours est-il qu'elle sait avoir un bon instinct, et aujourd'hui cet instinct ne lui dit rien de bon. Elle n'a aucune preuve tangible qu'il se passe ou va se passer quelque chose de mauvais, mais elle le sent. Elle espère que ça se passera comme dans les films, qu'elle repérera miraculeusement un indice cruciale qui lui permettra de stopper le problème avant qu'il ait des conséquences. Bien sûr, ca ne se passera pas comme ça. Malgré son peu d'expérience, elle sait que ce na se passe jamais comme ça.
Elle entend un bruit, un cri, presque couvert par le brouhaha de la foule d'humains et de pokémons. Elle tend l'oreille. Un autre survient, plus fort. Cette fois, elle n'est pas la seule à l'avoir perçu. Plusieurs têtes se tournent en direction de la plus haute montagne de l'île. Elle sait que ces terres appartiennent au docteur Fighe, l'énergumène d'Irisia qui n'est, lui aussi, pas pris au sérieux par grand monde. Son intuition se renforce. En plissant les yeux derrière ses lunettes, elle aperçoit quelque chose. Il y a une forme, molle et changeante, qui grandit, grandit, grandit et grandit encore. Ses paupières s'écarquillent à mesure que d'autres cris retentissent et qu'elle pense reconnaître ce dont il s'agit : un crémy. Un crémy géant. Cette fois tout le monde l'a vu, impossible de le rater. Cette créature doit être haute de plusieurs dizaines de mètres et d'inquiétant nuages sombres à l'aura rouge flottent autour d'elle. Yamamoto cligne plusieurs fois des yeux afin de s'assurer qu'elle n'hallucine pas. Puis le crémy bouge, il flotte de haut en bas, comme tout membre de son espèce. L'agente retient son souffle en constatant qu'il fait du sur place. Il bat mollement des pattes, des gouttes de crème se mettent à rebondir au-dessus de sa tête. Il se comporte comme un pokémon normal, sauf qu'il est gigantesque. Et que la quantité de crème dans chaque goutte devrait plutôt les qualifier de piscines. Le crémy est maladroit, ses gouttes retombent à moitié hors de son corps et une quantité importante de crème dégringole le long de la montagne comme une coulée de boue, emportant quelques roches et arbres sur son passage. Le crémy s'agace, reste toujours sur sa position, mais il crie à nouveau. Cette fois, tout le monde l'entend : c'est grave, déchirant, fait trembler l'air tant il est grand et sonore. Ses gouttes de crème s'élèvent de plus en plus, chaotiques, elles tombent de plus en plus loin de lui. De plus en plus proche du parc safari. Peut-être bientôt de la ville.
C'est lorsque la foule réalise que ce pokémon n'est pas une attraction, mais une menace, qu'elle réagit. La panique s'empare d'une bonne partie des visiteurs qui se dirigent comme une vague vers la sortie du parc. Yamamoto doit se plaquer contre le mur pour n'être ni emportée, ni écrasée. Elle imagine que les gens vont se diriger vers la ville, puis le port, ce qui serait logique pour espérer une évacuation rapide. Alors elle attend un peu que ça passe, que le mouvement de foule soit moins dense, puis elle respire à nouveau. Après avoir repris son souffle, elle s'empare de son téléphone professionnel et appelle de toute urgence son chef. Une fois. Deux fois. Trois fois.... Ill ne répond qu'au bout de la quatrième.
- Quoi ?!, lui aboie-t-il dessus. Je suis un peu occupé là ! Au cas où tu l'ais pas remarqué, c'est la panique sur l'île ! - Oui chef justement c'est à ce sujet ! Je pense que c'est une expérience du docteur Fighe qui a mal tourné, il faudrait envoyer une équipe pour aller le voir et-, il lui raccroche au nez.
Elle s'en doutait, mais espérait tout de même. Ils étaient plusieurs à avoir remarqué qu'en cas de gros problème aujourd'hui, même en réunissant les flics d'Irisia et d'Oliville, ils ne seraient pas assez nombreux pour tout gérer. Le nombre de visiteur effectif a largement dépassé les estimations. Avec cet appel, elle espérait obtenir quelques collègues pour aller voir ce qu'il se passe chez le docteur Fighe, dont l'entrée de la propriété n'est pas si loin de celle du parc. Alors elle prend quelques instants pour réfléchir, en plein dilemme avant de se décider : de toute façon personne ne la prend au sérieux.
Sur un stand de pêche aux couanetons et de chamboule tout, elle trouve un mégaphone utilisé pour attirer les clients. Armé de cet outil, elle monte sur le comptoir et se met à crier à qui veut l'entendre :
- Dresseurs ! Dresseuses ! Je suis l'agente Yamamoto d'Irisia et j'ai besoin de volontaire pour m'accompagner. Ce crémy appartient probablement au professeur Fighe, un homme connu sur l'île pour faire des expériences normalement inoffensives sur les pokémons. Je veux que nous allions le voir et, si c'est bien une de ses expériences, que nous la stoppions pour sauver Irisia !
Car si la priorité de tous est la foule, combien de temps avant de se pencher sur le crémy en lui-même ? Combien de dégâts fait à l'île, au parc et peut-être même à la ville d'Irisia ? Yamamoto est sûre d'elle, un tel phénomène ne peut pas venir d'ailleurs. Elle répète encore une fois son speech afin d'être entendue par-dessus le reste de foule en panique, peut-être même de certains de ses collègues, et encore une troisième fois avant de baisser son mégaphone et voir si des gens répondent à son appel.
Modération:
Bienvenue dans l'event, chers participants ! Pour ce tour-ci, c'est de l'intro chill (ou pas, vu qu'il y a un pokémon géant qui va peut-être nous ensevelir de crême, oups !). Vous avez jusqu'au dimanche 22 octobre pour faire débarquer votre personnage ici. Si vous avez un empêchement, pensez que vous aurez un retard ou quoi que ce soit de cet ordre, envoyez un MP au compte Kalinka Hollowell pour me prévenir. On avisera ensemble.
C'est une question je tourne et retourne inlassablement dans mon esprit contrarié, tandis que j'écoute les arguments que ma collègue délivre avec verve. Mais je ne suis pas d'humeur à quitter mon nid douillet, pas aujourd'hui. Je suis blessée au bras gauche, mon attelle attestant de cette douloureuse réalité, et il me reste une tonne de paperasse à remplir et à signer avant l'arrivée tant attendue du weekend - que je compte passer en paix, en louve solitaire et sans personne pour me forcer à faire quoi que ce soit.
Ambre a toutefois des plans différents. Elle souhaite que je l'accompagne dans une région éloignée pour vivre une expérience extraordinaire, une journée portes ouvertes dans une réserve pokémon prisée et qui, en temps normaux, n'accueille qu'une poignée de visiteurs à la fois.
L'idée de me retrouver coincée dans une marée humaine ne m'enchante guère. Mais mes excuses sont rejetées, sous prétexte que je ne suis ni sur mon lit de mort ni dans l'incapacité de me déplacer, chose que je tente de réfuter, sans succès. J'ai beau esquisser des grimaces et m'exclamer à outrance dès qu'une personne m'approche à moins de trois mètres, feignant l'inconfort et une condition poussée à l'extrême : rien y fait.
Ces exagérations se soldent d'ailleurs par des crises incontrôlables de fous rires, et, entre deux bouffées d'air, j'ajoute que je souffre désormais de problèmes respiratoires chroniques, ce qui rend impossible ce déplacement à l'autre bout du monde.
- Masa, tu es tellement dramatique ! Ambre souffle par le nez, dans une tentative pour retrouver son calme. Si tu acceptais de m'accompagner, tu ferais de moi une femme heureuse !
- J'ai déjà assez d'un bras en moins, tu veux me tordre le deuxième ?
La remarque fait mouche et nous pouffons à nouveau. En réalité, ma blessure est mineure et mon bras n'a besoin que de repos, d'éviter les mouvements brusques ou les surcharges de poids. Et puisque je suis du genre à tenir difficilement en place... Il a fallu improviser. Je finis par soupirer, vaincue.
- Seulement pour cette fois.
Son cri de victoire m'explose les tympans et je couine un peu lorsqu'elle me saute dessus, pour m'éteindre et m'embrasser les deux joues. Dans quoi me suis-je embarquée en acceptant de lui faire plaisir ?
- Ça va ?
Je coule un regard inquiet vers Ambre, qui a le teint affreusement pâle. La traversée s'est déroulée sans encombre, mais nous avons découvert qu'elle souffre du mal de mer. Un soucis difficile à mettre en évidence lorsque l'on vit au coeur des plus hautes montagnes de Paldéa. Je lui caresse le dos tandis qu'elle inspire profondément et effectue ses premiers pas sur le quai. Quelques minutes suffisent pour qu'elle reprenne des couleurs. Je souris, soulagée.
- Suivons cette bande de touristes, ils sauront nous guider jusqu'aux portes de la réserve.
Elle hoche la tête et nous leur emboîtons le pas, sans nous presser.
Je crois qu'outre le nombre de visiteurs, je ne me sens pas si mal au final dans ce territoire inconnu. Nous nous arrêtons près des stands à boissons et à nourriture, le temps de vérifier notre emplacement à l'aide d'une carte numérisée et de nous décider sur quelle section explorer en premier.
L'ambiance me rappelle un peu celle des dômes, en dehors de ses biomes et de ses attractions. J'ai une pensée pour Santiago et je me demande comment il va.
Ambre me ramène à l'ordre en me tapant l'épaule et en me pointant le mont qui s'élève à l'horizon. L'absence de neige me prend au dépourvu, car je ne suis pas habituée à ce que la pierre soit laissée à nue, mais je me sens attirée par ces flancs et ces plateaux. J'échange un regard avec mon interlocutrice ; nous sommes sur la même longueur d'ondes.
- Si on traverse cette zone et celle-ci, nous devrions arriver au pied de la montagne. C'est possible que son accès au public soit limité ou totalement fermé. - Il n'y a qu'un m... Huh, tu as entendu ?
Je la toise un instant, des points d'interrogation dansant au tréfond de mes prunelles.
- Entendu quoi ?
Cette fois, je l'entends. Un cri grave, presque distordu. Probablement le plus étrange que j'ai jamais entendu. Autour de nous, les gens commencent à s'agiter - et je n'aime pas ça du tout. Par réflexe, je ramène davantage mon bras gauche montre mon corps, pour le protéger d'une éventuelle bousculade. À côté de moi, Ambre plaque sa main contre sa bouche et écarquille les yeux.
Je me tourne vers la montagne, qu'elle fixe avec un mélange de stupeur et de peur que je ne lui ai jamais vu. Mon visage se décompose en voyant la créature géante et dont j'ignore le nom, et je me pince la main, comme pour m'assurer que je n'hallucine pas. J'ai l'impression de revivre mon passage dans l'antre des dragons, contre le carchacrok géant. Sauf qu'il n'y a ni vaisseau spatial, ni gadgets loufoques, ni capitaine pour m'épauler.
Les premières gouttes qui s'échappent du corps crémeux s'écrasent sur les flancs montagneux en de spectaculaires éclaboussures. Comme des coulées de boue ou de lave, elles avalent tout sur leur passage. Nous sommes loin de ce déluge, mais je réalise que nous ne sommes pas à l'abri non plus. Le monstre pousse un hurlement déchirant, presque de détresse, et une nouvelle salve de gouttelettes s'abat. Leurs points d'impact se rapprochent dangereusement.
- Reste près de moi.
Mais mes paroles se perdent dans le brouhaha de la foule paniquée, et Ambre et moi, malgré tous nos efforts pour demeurer ensemble, sommes séparées par la horde d'adultes et d'enfants qui se précipitent vers la sortie. Je suis bousculée de tous bords, tous côtés, avec l'impression que je vais finir par tomber et me faire piétiner à mort. Vais-je me retrouver à la une du journal local de la prochaine édition matinale, en tant que victime de cette mêlée ?
- Ambre ? AMBRE !
Je ne vois pas mon amie et une boule s'installe au creux de mon estomac. Pourvu qu'elle soit saine et sauve et que nous nous retrouvions vite à l'entrée du parc.
Je sens quelqu'un me tirer par le bras droit et m'extirper de ma fâcheuse position. Ma respiration est sifflante, mon autre bras m'élance. Je suis à quelques pas d'un comptoir de jeux, mais aucune trace de mon sauveur. Je ne vois qu'une agente s'emparer d'un mégaphone et j'assume qu'elle va tenter - vainement - de rassurer la populace affolée. Mais son discours prend une direction inattendue. Elle cherche de l'aide pour contenir la bête et pour élucider le mystère entourant son apparition soudaine.
Je me rapproche timidement, ayant peu d'expérience en la matière ; je possède toutefois une volonté à toute épreuve et une connaissance de terrains accidentés ou qualifiés d'impraticables. Si jamais il faut passer par des sentiers naturels, mes conseils pourraient s'avérer utiles.
- Je peux vous aider. Je ne suis pas prête de retourner auprès des portes d'entrée avec toute cette folie. J'en profite pour me présenter, pour faciliter la communication. Je ne semble d'ailleurs pas être la seule à me proposer.Je m'appelle Masa.
J'espère vraiment qu'Ambre n'a rien et qu'elle est en sécurité.
Kyle sortit de sa douche, du centre pokémon de Pavonnay, lorsqu’on frappa à la porte de sa chambre. Il ne prit pas le temps de s’essuyer. Il se saisit de la serviette, la noua autour de sa taille et alla ouvrir la porte, encore dégoulinant d’eau. Lorsqu’il ouvrit la porte, il vit Karen September, une des journalistes qui l’accompagne durant son aventure. Elle était accompagnée de Gilles Dumarbre, un des caméraman de Pokémon Life ; d’ailleurs il était en train de filmer. Kyle ne put s’empêcher de voir Gilles rougir en le voyant à moitié nu, Karen semblait s’en fiche complètement de la tenue, ou plutôt de la non tenue, du beau garçon. Il les invita à rentrer, ne comprenant pas leur présence pensant que c’était sa journée off. Il les fit s’asseoir, le temps d’aller se rhabiller dans la salle de bain. Il sortit de la salle de bain, habillé cette fois-ci, tout en s’essuyant les cheveux, avec la même serviette qu’il avait autour de sa taille précédemment. La première chose qu’il vit, était la caméra braquée sur lui. A peine assis sur le lit, prêt à enfin connaître la raison d’une journaliste et d’un cameraman de Pokémon Life. Ce fut la journaliste qui parla, il faut dire que les cameramans ne parlaient que très rarement, limite jamais.
"Kyle, tu as cinq minutes pour faire ta valise. Nous partons pour Johtô."
Karen ne donna pas plus d’information. Kyle était heureux de quitter la région d’Unys, région qui n’apprécie guère. Malheureusement, la destination n’était sa belle et sublime région de Kanto. Johtô était la région voisine de Kanto, et les cultures étaient similaires. Kyle s’exécuta et balança toutes ses fringues dans une valise, et les deux membres de l’équipe de l’émission de télé-réalité l’escortèrent jusqu’à l’aéroport.
C’est dans l’avion l’emmenant à Dublonville qu’on lui révéla la destination finale : le parc safari de Johtô. On lui expliqua que les propriétaires de ce parc avaient décidé de mettre les bouchées doubles : portes ouvertes grandioses et des collaborations avec des influenceurs venant de toutes les régions. Kyle était invité comme justement un de ces influenceurs. L’émission Pokémon Life gagnait en notoriété de jours en jours, sur les réseaux Kyle était devenue très suivie, si bien que pendant l’émission son Pokéinsta était alimenté par sa bande d’amis, avec des extraits vidéo de l’émission, mais aussi des vidéos et des photos souvenirs, pour l’essentiel des images de soirée.
Arrivé à Dublonville, pas de temps à perdre, un bateau les attendait pour rejoindre Irisia et surtout son parc safari, quasi inconnu de la population générale. Sur le bateau, Kyle eut un air de dégoût en voyant une inconnue avoir le mal de mer. Au parc, la foule était immense, il n’y avait qu’une seule agent de sécurité à l’entrée. Kyle se dit qu’au vu de sa taille, elle était juste là pour faire bien, car s’il se passait quoi que ce soit, elle ne suffirait pas et serait vite dépassée. Kyle vit d’autres influenceurs. Il y en avait de tout type : influenceurs beauté, influenceurs pokémon, influenceurs sport et même des influenceurs cuisine. On le filma, le prit en photo pour les réseaux sociaux de l’émission. Il posa devant plusieurs types de pokémon, dû faire semblant de capturer un pokémon : un Tauros plus précisément. On le filma aussi vantant la restauration du parc, et entrain d’acheter des articles souvenirs. Alors qu’on le filmait vantant une tasse en forme de Limagma.
"En buvant votre thé dans votre mug Limagma, votre thé ne sera jamais ch…"
Il ne put finir sa phrase car des cris de terreur retentirent à l’extérieur. Kyle voulut voir ce qui se passait, Karen fit signe à Gilles de continuer de filmer. Lorsqu’il sortit de la boutique, il aperçut une foule s’échapper, bousculant tous ceux sur leur passage. Un pokémon géant, enfin titanesque, était présent. Kyle ignorait totalement de quelle espèce il s’agissait, mais elle était dégoûtante à dégouliner de partout comme ça.
"Wahou. Ils sont doués en effet spéciaux. On dirait un vrai."
La stupidité de la star de Pokémon Life était de sortie. Il ne pensait pas que tout cela était vrai, il pensait à un canular à effets spéciaux pour donne run coup de pub à ce parc.
"Mais bon. Moi, j’aurais mis un pokémon de Kanto. Ce sont les meilleurs. Et puis, c’est une horreur ce pokémon. Il ne ressemble ni à un animal, ni à une plante, c’est du grand n’importe quoi. Cela aurait eu plus de gueule s’ils avaient fait la même chose avec un Kangourex. Et ils sont tous assez cons pour tomber dans le panneau. Il faut dire que ses faux arbres sont très réalistes."
Puis l’agent à l’entrée du parc demanda des volontaires pour explorer un soi-disant laboratoire. Alors ce n’était pas une vraie agente, mais une actrice employée par le parc. Il faut dire que cela était flagrant au vu de sa dégaine, elle ne pouvait pas être flic. Toujours persuadé que tout était un coup de com, il se lança.
"Je suis volontaire. Moi, je suis volontaire."
Il commença à s’avancer, lorsque Gilles l’arrêta. Avec Karen, ils eurent tous les trois une petite discussion :
"-Tu es fou Kyle. C’est dangereux, on devrait fuir avec les autres. -Tu es drôle Gilles. Tu fais partie du coup. Tu es meilleur cameraman qu’acteur. -Laisse tomber Gilles. Il est trop stupide pour ne pas voir que c’est vrai et non un canular. -Toi aussi Karen. Je ne te pensais pas blagueuse."
Inutile de le raisonner, Karen expliqua alors que ni elle, ni Gilles ne l’accompagneront, mais qu’on va lui mettre une caméra embarquée pour qu’il filme en continue l’action.
"Ha oui. Le parc safari de Johtô sait mettre les moyens qu’il faut pour leur pub."
Kyle suivit alors une autre volontaire, une dénommée Masa, qui se présenta pour faciliter la communication. Le coordinateur se demanda si elle aussi était une actrice, ou bien une véritable volontaire comme lui, qui avait décidé de jouer le jeu.
Feat Kyle Dauphin, Hotaru Ishikawa et Masa Kobayashi
Après les événements mouvementés de ses dernières semaines, Luna avait bien besoin de repos. Elle avait espéré en trouver à Galar, mais les choses n’avaient pas vraiment tourné de cette façon. Elle était encore à Motorby quand elle entendit parler de portes ouvertes au Parc Safari de Johto. L’immense réserve naturelle sera ouverte au public. La dresseuse ne savait même pas qu’il y avait un tel endroit dans cette région. La perspective de passer la journée dans un parc, entourée de Pokémon, l'enchantait. Ça lui ferait certainement du bien. Certes, les portes ouvertes risquaient d'attirer beaucoup de monde, mais la demoiselle était confiante en sa capacité à trouver un endroit au calme. Sa décision était prise, elle irait profiter des portes ouvertes.
La jeune femme était donc arrivée à Irisia la veille des portes ouvertes pour être sûre de pouvoir rentrer dans le parc, ne sachant pas s'il y aurait une restriction du nombre de visiteurs autorisés. Elle profita de la journée pour visiter la ville et faire les magasins. Elle se paya même le luxe de passer au salon de beauté se faire couper les cheveux (gardant toujours leur côté asymétrique) et se faire faire une manucure et une pédicure. Elle passa la journée à se faire chouchouter, une fois n’étant pas coutume, et apprécia grandement.
Elle profita également de sa journée pour faire du repérage. Elle finit par arriver devant l’entrée de la réserve. Celles-ci étaient fermées, tout le personnel devant préparer les portes ouvertes du lendemain. Plusieurs affiches étaient placardées. L’une d’elles attira l’attention de la dresseuse. L’écriteau précisait que les Pokémon extérieurs n’étaient pas autorisés à l’intérieur du parc, dans le but de ne pas effrayer les Pokémon de la réserve et pour ne pas déranger l’écosystème des lieux. Elle fut un peu déçue de cette nouvelle, elle avait espéré passer la journée avec Kero. Tant pis. Avant de partir, elle confierait Kero et Midas à la garderie du Centre Pokémon.
Ses emplettes et sa découverte de la ville terminées, la jeune femme prit la direction du Centre Pokémon où elle logeait.
Le lendemain, la dresseuse se réveilla au milieu de la matinée ; elle avait oublié de mettre un réveil. Elle se prépara rapidement, enfilant un simple short et passant un t-shirt tout aussi simple. Avant de partir, elle n’oublia pas de confier deux de ses Pokémon à l’infirmière Joëlle. Elle s’occuperait d’eux pour la journée.
En sortant du Centre, la jeune femme ne reconnut pas la commune qu’elle avait visitée la veille. En à peine douze heures, on était passé d’une ville simple, sans grand monde dans les rues, à une ville remplie de touriste. Luna ne s’attendait pas à voir une telle marée humaine et se dit qu’elle aurait peut-être plus de mal que prévu à trouver un lieu calme. Mais bon, il en fallait plus pour que la demoiselle ne change ses plans. Elle se mêla donc à la foule se dirigeant vers l’entrée du parc.
Là-bas, une seule personne gérait le flux de visiteurs, faisant comme elle pouvait, malgré sa petite taille. Luna était bien contente de ne pas être à sa place. Elle fit la queue comme tout le monde et pu rentrer dans la réserve sans aucun problème. Une fois à l’intérieur, elle se dirigea vers un panneau explicatif dans le but de choisir la zone qu’elle allait parcourir en premier. Elle décida de partir en direction de celle avec la thématique spectre et normal.
Beaucoup de personnes se promenaient, la plupart en couple ou en famille. Certaines en prenaient d’autres en photo (la plupart du temps, elles photographiaient des personnes extérieures à leur groupe), posant avec elles ou se mettant en scène. Tout ce comportement était totalement étranger à la jeune femme, qui ne comprenait pas l’intérêt de tout ceci. Elle pouvait comprendre l’intérêt de prendre des paysages ou des Pokémon en photo (d’ailleurs, elle-même le faisait pour pouvoir partager avec Kero le soir venu), mais l’utilité d’immortaliser de parfaits inconnus en images lui échapper totalement.
Pendant que la miss marchait, cherchant un peu de calme, un cri très léger se fit entendre. Personne autour d’elle ne réagissant, la demoiselle était sur le point de se dire qu’elle avait halluciné, quand un second, plus fort retentit. Cette fois, elle n’était pas la seule à l’avoir entendu. Tous les regards se tournèrent de concert vers la montagne d’où provenait le cri. Tous aperçurent la créature géante. Luna crut reconnaître un Crèmy ; elle en avait déjà vu plusieurs dans les cafés de Motorby, mais ceux-là, contrairement à celui qui se présentait à elle, étaient de taille tout à fait normal. Pensant tout d'abord à un nouveau coup de com' des dirigeants du parc, elle s'appréta à reprendre sa route, tout comme les personnes à ses côtés.
C’est au moment où la créature géante gémit une nouvelle fois et commença à perdre quelques gouttes de crème que tout le monde comprit qu'il se passait quelque chose d'anormal. Les gens autour de Luna se mirent à paniquer et à se ruer vers la sortie. Heureusement que la jeune femme s'était éloignée de l'entrée et n'était pas entourée de beaucoup de personnes, sinon, le mouvement de foule l'aurait embarqué. La jeune femme, contrairement aux autres, continua d'observer le Pokémon géant, espérant le voir rétrécir jusqu'à sa taille normale. Espoir vain. Au contraire, la créature s'agita et envoya valdinguer de nouvelles gouttes dans les airs.
En voyant la pluie de crème atterrir de plus en plus loin, Luna eut une pensée pour Kero et Midas ainsi que ses autres compagnons, restés au Centre Pokémon. Elle espérait qu’ils seraient en sécurité là-bas. Bien sûr, elle pouvait faire comme toutes les autres personnes, c’est-à-dire, prendre ses jambes à son cou, aller récupérer ses Pokémon et fuir le plus loin possible, laissant à la police le plaisir de s’occuper de tout ce bazar. Mais, ce n’était pas dans le tempérament de la jeune femme de laisser un Pokémon souffrir sans rien faire et celui-ci, à en croire ses plaintes, n’était pas au mieux de sa forme. Et puis, si rien n’était fait, les animaux de la réserve risquaient eux aussi d’être en danger, ce qui était totalement inadmissible.
Parfaitement consciente qu’elle n’arriverait à rien seule, elle prit la direction de la sortie du parc, dans l’espoir de trouver d’autres personnes prêtes à aller secourir l’immense créature.
Arrivée au niveau des stands, la demoiselle ne fut pas déçu. Elle aperçut la flic qui avait été en charge des entrées un mégaphone à la main, appelant des volontaires pour venir l’aider. L’agente de police était brillamment ignorée, exceptée par deux personnes qui s’avancèrent vers elle. Luna se joignit à eux.
- Je suis volontaire, je veux aider. Je n’ai pas de Pokémon sur moi, mais je ferais n’importe quoi pour aider à secourir cette pauvre bête.
Irisia n'était pas un lieu qu'Hotaru avait prévu de visiter, mais, comme la vie le lui prouvait encore et encore, un voyage était fait de surprises et elle avait pris la sage décision d'arrêter de le nier. Avoir un réel planning semblait être bien inutile quand les évènements étaient nombreux et que la curiosité nouvelle qu'elle se découvrait l'appelait à prendre conscience que Johto était une région décidément bien plus dynamique qu'elle ne l'avait prévu. Il suffisait de garder l'œil un peu ouvert pour voir passer une occasion de ne pas avancer droit devant. Malgré tout, en sa qualité d'île isolée, Irisia n'était vraiment pas une destination que l'adolescente se serait choisie. Elle avait un peu honte d'admettre qu'il lui arrivait d'oublier l'existence de ce petit bout de sa région natale avant d'accepter simplement que ce n'était pas un endroit terriblement accessible. Il fallait être motivé pour y aller et payer un aller-retour en bateau. On disait que les plus courageux le faisaient à dos de Pokémon aquatiques mais Hotaru n'appartenait pas vraiment à ce groupe. Elle n'était même pas accompagné d'un compagnon assez fort pour supporter son poids sur l'eau. Ou sur terre, pour ce que cela changeait. Alors, Irisia, la jeune fille y était bien pour un évènement de taille. Si elle oubliait à l'occasion l'existence d'Irisia en elle-même, elle était encore moins au courant de la présence d'un Parc Safari dans ses montagnes. La nouvelle n'avait pas manqué de la surprendre et elle s'était fait avoir par la campagne marketing particulièrement puissante qui avait été organisé autour de la réserve. C'était en en discutant avec son père qu'elle avait reçu la dernière poussée nécessaire et qu'elle avait décidé de réserver un ticket pour le bateau. Son cher papa avait là-bas de bons souvenirs et il l'avait encouragé à découvrir les lieux de son côté. Ne pas céder à la pub aurait sans doute été plus sage, le Parc Safari n'allait pas s'envoler après tout, mais les activités listées avaient été trop tentantes. Un petit bout de son enfance s'était rappelé à elle et il y avait derrière son choix l'envie de se goinfrer dans les stands de nourriture et de tester si elle se sentait toujours aussi invincible à la pêche aux canards malgré ses quelques années de plus.
Plusieurs jours plus tard, maintenant dans une foule bien dense, Hotaru regrettait amèrement sa naïveté. Elle était pourtant plus douée que ça en temps normal pour éviter les situations menaçant son espace vital. Elle ne pouvait même pas profiter avec ses compagnons, ses affaires étant restées dans un casier au centre pokémon. Vu la foule, Yotsuba aurait refusé de sortir de sa ball et elle avait eu trop peur de se faire subtiliser quelque chose dans ce monde. Il ne faisait aucun doute que l'environnement devait encourager les méfaits. Elle s'était de toute façon sentie plus à l'aise avec le strict minimum sur elle. Son sac aurait été une horreur à transporter quand il lui fallait parfois avancer épaule contre épaule avec des étrangers.
La journée n'avait donc pas bien commencé et elle promettait de ne pas s'améliorer.
Tout avait commencé par un bruit étrange. Une sorte de cri étouffé qui n'avait pas paru humain. Puis était venu un splotch plus étrange encore. Ce n'était pas le genre de son qu'on était habitué à entendre, du moins pas à un tel décibel. L'incompréhension avait traversé la foule avant que des mains ne se mettent à pointer une direction. Les cris étaient alors venus de tout le public présent, horrifié par cette masse qui s'était développée au loin. Une créature à l'apparence gluante flottait dans les airs et chacun de ses mouvements lui faisait perdre des parties de lui qui se liquéfiaient en explosant au sol. C'est quoi ce truc ? Avait murmuré l'adolescente, plus pour elle-même. Il s'agissait bien sûr d'un Pokémon mais elle n'aurait pu lui donner un nom. Il paraissait aussi bien trop grand pour être normal. C'était les coulées blanchâtres dévalant le flanc de la montagne qui avait été le déclencheur de la panique chez les visiteurs. Soudainement, c'était devenu chacun pour soi et, du haut de sa petite taille, Hotaru avait jugé plus intelligent de se réfugier sous le plateau de la pêche aux canards plutôt que de se faire emporter par la marée humaine. Dans tout ce chaos, elle n'avait pas remarqué l'approche d'un agent de police. Elle l'avait par contre bien entendu, le microphone résonnant peu loin d'elle. Les mains collées aux oreilles, elle avait essayé de décrypter ce qu'elle avait au début penser être des consignes. Il n'en était rien : c'était un appel aux volontaires. La policière voulait atteindre le Pokémon géant et elle cherchait des gens pour l'accompagner. Des voix répondirent à l'appel mais elles étaient peu nombreuses.
Après une courte réflexion, Hotaru se déplia pour sortir de sa cachette. Entre retourner dans la foule et s'en éloigner, le choix était vite fait. Elle ne voulait pas non plus rester planquée en attendant que cela se calme. Elle n'était pas sûre d'où lui venait ce courage - ou cet accès de stupidité - mais elle n'allait pas le refuser. Jusqu'ici, elle n'avait pas regretté d'avoir écouté son instinct. Je veux bien vous accompagner. Elle s'était incrusté un peu plus timidement en scrutant du coin de l'œil les autres volontaires. Des adultes majoritairement. Le visage de l'un d'eux lui paraissait légèrement familier mais le détailler trop longtemps n'aurait pas été poli. Elle se présenta donc à la place de chercher d'où venait cette impression d'être face à quelqu'un qui ne lui était pas inconnu. Je m'appelle Hotaru.
Yamamoto y croit, ou plutôt elle veut y croire. Elle sait d’où vient le phénomène qui menace peut-être d’ensevelir Irisia sous de la crème organique, il ne lui manque plus qu’à trouver de bonnes âmes pour l’accompagner puisque ses collègues ne lui seront d’aucun secours. Dans le pire des cas, elle ira seule, mais elle en sait assez sur la réputation du professeur Fighe et ses expériences pour tout faire afin d’éviter d’en arriver là. Ce sont ses convictions ainsi que ses craintes qui la poussent à monter sur ce stand de pêche aux couanetons et lancer son appel à travers le mégaphone. Il y a beaucoup moins de monde qu’auparavant devant les portes du Parc Safari, mais l’agente ne désespère pas de trouver quelques bonnes âmes qui se sentiront pousser des pulsions héroïques. Même si beaucoup l’ignorent, n’entendent peut-être même pas son discours malgré le mégaphone à cause de la panique, que d’autres la regardent de travers avant de reprendre leur course vers le port. Yamamoto lutte contre le ridicule et l’idée que, même dans cette situation, elle n’a aucune légitimité en tant que membre des forces de l’ordre, jusqu’à ce qu’une voix s’élève, sa lumière au bout du tunnel.
La première personne annonçant vouloir aider est un homme que l’agente reconnaît immédiatement : Kyle Dauphin, une star de télé-réalité qu’elle n’a jamais regardé, mais dont ses collègues ne cessent de parler. Prise de cours, elle s’apprête à le remercier profusément - à l’aide de balbutiement - quand il se fait prendre à part par deux autres personnes, dont un caméraman. Ils filmaient donc aujourd’hui… Oh non, ça veut dire que son coup d’éclat a aussi été filmé ? Si son chef la voit, il va lui faire passer un sale quart d’heure. Heureusement l’attention de Yamamoto est vité déviée car une seconde personne se porte volontaire. Deux personnes ! La lumière au bout du tunnel devient de plus en plus intense, même si elle ne peut s’empêcher de loucher sur l’attelle de la femme qui vient de se désigner. Elle ne sait pas ce qui les attend chez le professeur Fighe, mais si le projet est de stopper un crèmy géant, elle aurait espéré avoir d’autres volontaires qu’une blessée. Cela ne l’empêche cependant pas d’accueillir la présence de la femme avec un sourire plein de reconnaissance :
- Enchantée Masa, merci de proposer votre aide !, à ce moment, Kyle Dauphin est visiblement laissé tranquille par les deux autres personnes et revient devant le stand de pêche aux couanetons. Il est donc vraiment volontaire… Yamamoto bafouille : Euh… Merci aussi Monsieur Dauphin; j’i-j’imagine que vous avez un emploi du temps chargé alors… Merci beaucoup ! Et enchantée, bien sûr !
L’agente se redresse pour voir si son appel a pu ameuter d’autres personnes. Au vu de son charisme naturel, que deux se soient volontaires est déjà inespéré, mais elle a l’espoir d’avoir, pour une fois, un peu plus de chance que d’habitude. Et elle a raison ! Une troisième personne se présente. C’est une jeune femme aux cheveux bleus et qui, au vu de ses paroles, a l’air plus sensible à la douleur affichée du pokémon que les autres. Yamamoto accueille son aide avec émotion :
- Je suis ravie que vous souhaitiez vous joindre à nous, nous aurons besoin de toute l’aide possible ! Quel est votre nom ?
Après ce dernier acte de volontariat, Yamamoto juge que la foule s’est trop dissipée pour que réitérer son appel serve à quelque chose. Elle n’espère pas non plus recevoir d’autres volontaires. Elle s’apprête donc à descendre du stand pour serrer la main à ses camarades du jour et leur donner plus d'explications quand soudain quelqu’un sort de sous le stand. La surprise lui fait pousser un cri. C’était une adolescente, dernière volontaire sortie de nulle part. Malgré son engagement et les présentations, Yamamoto ne peut s’empêcher de rester quelques secondes interdite avant d’accueillir, enfin, la présence d’Hotaru :
- Oh merci ! Plus on est, plus on aura de ressources !... Vous étiez là-dessous depuis le début ? J’espère que je ne vous ai pas trop cassé les oreilles, elle triture le mégaphone avant de le poser pour montrer que ça ne se reproduira pas.
Enfin, armée de ses quatre volontaires, l’agente descend de la table. Elle serra la main à chacun d’entre eux, se présente à nouveau : agente Yamamoto de la police d’Irisia. Elle explique également que tous ses collègues sont occupés à gérer le flot de visiteurs et la panique afin d’éviter les incidents, ce qui explique qu’elle soit seule et ait besoin d’aide dans son entreprise. Par ce discours, elle espère trouver de la légitimité auprès de ses volontaires et donner l’impression qu’elle est en mission officielle. Elle se tourne ensuite vers la montagne. Là, le crèmy est toujours aussi gros, laisse toujours tomber de la crème à des distances et puissances irrégulières. Chaque goutte s’abat dans un bruit sourd et provoque une coulée dévastatrice, mais sur une distance qui reste limitée. Que se passera-t-il s’il grandit encore ? Ou s’il gagne en puissance ? Irisia est en danger. Yamamoto pointe la zone où se trouve le pokémon géant :
- Il y a quelques années, le Parc Safari d’Irisia a dû vendre une partie de ses terres pour rester à flot. Elles ont été rachetées par le professeur Fighe, un excentrique qui reste dans son coin et fait des expériences sur le pokémon. Elles ont toutes été prouvées inoffensives jusqu’ici et ne portant pas atteinte au bien-être des pokémons, ce qui explique qu’on le laisse faire, mais la montagne sur laquelle se trouve ce crèmy géant lui appartient. Il est donc fort probable, comme je l’ai évoqué lors de mon appel, que ce pokémon soit le résultat d’une de ses expériences qui a dégénéré, du moins, elle espère que ce ne soit pas volontaire. Il faut qu’on aille le voir pour savoir ce qu’il se passe. Il a sûrement besoin d’aide pour gérer la situation… Peu importe ce qu’elle est, l’agente marque une pause, regarde un à un chacun des volontaires. Fighe a une réputation, mais je ne sais pas exactement ce qui nous attend si on doit traverser son terrain pour atteindre le Crèmy. Si à un moment vous jugez que ça devient dangereux ou ne souhaitez plus continuer, dîtes-le. Je vous suis éternellement reconnaissante pour votre aide, mais votre sécurité passe avant tout !
Sur ces mots, elle indique le chemin à suivre pour rejoindre le laboratoire du professeur et ouvre la marche. Le chemin pavé longe le parc pour ensuite sinuer a flanc de montagne. Le terrain du professeur Fighe est entouré d’un grillage et divers panneaux rappelant qu’il est interdit de traverser. De l’autre côté, la nature sauvage d’Irisia est laissée libre de ses droits. Bientôt un bâtiment composé de plusieurs préfabriqués blancs est en vue. Les grillages le rejoignent. Yamamoto précise que c’est l’entrée du laboratoire avant de sonner plusieurs fois à la porte sur laquelle il est demandé de ne déranger qu’en cas d’urgence. Au bout de plusieurs sonneries insistantes, la porte s’ouvre d’un seul coup.
- Quoi ?! Vous voyez pas que je suis occupé !, aboie un homme grand, trop maigre, aux cheveux blancs mal coiffés. Il dévisage l’agente, puis le reste du petit groupe. Vous êtes venus vous mêler de ce qui vous regarde pas, c’est ça ? - Masa, Kyle, Luna, Hotaru, je vous présente le professeur Fighe, après des présentations soupirantes, l’agente reprend contenance et détermination : Ca nous regarde car ça va peut-être ensevelir Irisia sous la crème ! Laissez-nous entrer et dîtes-nous ce qu’il se passe !
Après un temps d’hésitation, le professeur s’écarte pour laisser entrer le groupe. A l’intérieur du préfabriqué, son “laboratoire” est d’un bordel sans pareil. Les murs sont presque couverts de feuilles de calculs, schémas et graphiques. Les tiroirs sont si plein qu’ils ne ferment plus, toutes les tables sont couvertes de dossiers et outils scientifiques divers. Un des placard porte l’inscription “ne pas ouvrir”, il n’est pas difficile de deviner que c’est car tout à l’intérieur tomberait si la pression de la porte ne faisait plus effet. Sur l’un des bureaux se trouve un alignement de fioles colorées, ce qui semble être des pokéballs, bien qu’elles aient des formes géométriques étranges, flottent dans un évier. Au centre de la pièce deux tables sont rassemblées. Les dossiers posés-là ont l’air un peu plus organisé que les autres et des images de crémys et charmillis sont également éparpillés sur les tables. Sûrement les données de l’expérience en cours, songe Yamamoto. Le professeur Fighe se laisse lourdement tomber sur une des chaises autour de la double-table avant de faire un geste vague en direction des documents disposés sur la table :
- Ca devait être réversible…, il se passe la main sur le visage. Au même moment, un capumain à la queue en tire-bouchon saute du haut d’une étagère où il était caché pour atterrir sur les genoux de son maître. Il fait coucou aux inconnus. Vous connaissez le dynamax ? C’est un ancien phénomène qui avait lieu dans la région de Galar. Dans le sol, il y avait des cristaux infusés d’une énergie avec laquelle résonnaient les pokémons locaux, un peu comme une pierre d’évolution. Sauf qu’elle les faisait temporairement devenir gigantesque ! Depuis, l’énergie des cristaux a disparu et le phénomène avec lui, mais moi, le professeur Fighe, ai réussi à le reproduire ici !, cette fois il bombe le torse, fier. C’est une avancée scientifique considérable ! Certains font revivre des fossiles, moi je fais revivre des phénomènes ! - ... Et donc ce n’est pas réversible ?, la question de l’agente fait disparaître l’enthousiasme du scientifique, redevenu bougon. Désolée… - Le dynamax est sensé être temporaire. Ce crémy aurait dû revenir à son état normal en rentrant dans sa pokéball. J’ai essayé quand il a commencé à dépasser les deux mètres ! Mais ça n’a pas marché, sa pokéball s’est cassée. Je suis redescendu ici pour en chercher une plus résistante, de ma fabrication bien sûr, mais entre-temps il avait encore grandi et avec toute cette crème… Hors de question que je remonte, c’est trop dangereux ! Il finira bien par rétrécir tout seul au bout d’un moment, comme les anciens pokémons de Galar !
L’instinct de Yamamoto lui parle à nouveau : Irisia n’aura pas le temps d’attendre que le pokémon rétrécisse par lui-même, si tant est que ça finisse par arriver. Le parc safari et tous les pokémons qui y vivent, encore moins. Elle se tourne vers ses volontaires et leur propose, son autorité d’agente reprenant le dessus sur son ton incertain :
- Je vous propose de prendre la pokéball que voulait utiliser le professeur Fighe et aller capturer ce Crémy par nous-même. Prenons aussi le temps de récolter des informations sur ce qui nous attend, elle demande au professeur : Des objections à ce qu’on regarde vos documents également ?, le professeur hoche mollement la tête, blasé et dépassé par sa propre expérience.
Modération:
Vous voilà arrivés chez le professeur Fighe. Ce tour a pour but de mettre un peu plus vos personnages dans le bain, mais aussi, comme l’indique Yamamoto, de pouvoir récolter des informations sur tout et n’importe quoi ! N’hésitez pas à questionner Fighe, farfouiller son bazar, ou toute autre initiative rp pour votre personnage (même rester planté comme un piquet dans un coin, on ne sait jamais). Vos découvertes pourraient (ou pas) être utiles pour plus tard. Comme je poste tard dans la journée, vous avez jusqu’au mercredi 15 novembre pour répondre.
Feat Kyle Dauphin, Hotaru Ishikawa et Masa Kobayashi
Bien qu’elle n’ait pas de Pokémon sur elle, l’aide proposée par Luna fut tout de suite acceptée. Tant mieux, car la jeune femme n’aurait pas consenti à rester sur la touche, sans possibilité d’aller aider ce pauvre Crèmy : elle les aurait suivis quoi qu’en dise l’agente Yamamoto.
- Je m’appelle Luna.
Pendant que la jeune femme observait les deux autres volontaires (une femme blessée au bras, si on en croyait son atèle, et un jeune homme somme tout assez banal, si ce n’était la caméra qu’il portait), une adolescente sortit de sous le stand et manifesta le souhait de se joindre au groupe de volontaire. Personne ne s’avança en plus. Ils seraient donc quatre à accompagner Yamamoto.
D’ailleurs, pourquoi n’étaient-ils que quatre ? Pourquoi personne d’autre ne venait les aider ? Les gens n’avaient donc aucune compassion pour cette pauvre bête en souffrance ? Bon, en toute honnêteté, si ça avait été un insecte, même le plus inoffensif, qui s’était transformé en géant, Luna aurait été la première à déguerpir. Ou alors, elle aurait carrément tourné de l’œil. Et puis, même sans parler des autres visiteurs, où était la police ? Ce n’était pas censé être à elle d’aller régler le problème ? Pfff, jamais là quand on a besoin d’eux ceux-là. Exception faite de l’agente Yamamoto qui était bien présente.
La flic, consciente que plus personne ne se manifesterait, descendit du stand et vint saluer individuellement chaque manque du groupe. Luna serra la main qu’on lui tendait. Ses précédentes interactions avec les forces de l’ordre n’avaient pas vraiment été cordiales, ce simple geste fut donc très bizarre pour la jeune femme. Elle réprima un léger sourire de gêne. Cette poignée de main était peut-être le symbole d’une possible nouvelle vie pour la jeune femme. Une vie plus honnête, où elle n’aurait pas peur des représentants de l’ordre.
Comme pour répondre aux interrogations de Luna, après les présentations, la policière justifia le fait qu’elle était la seule représentante des forces de l’ordre. Les autres préférant gérer les visiteurs. Décision très discutable aux yeux de la jeune femme. Les humains arriveraient à s’en sortir seuls, le pauvre Crèmy semblait souffrir et rien ne garantissait qu’il retrouverait une taille normale tout seul. Il était donc primordial de s’occuper de lui en priorité.
Ensuite, la policière montra le Pokémon crémeux, qui continuait de goutter et dont les gouttes ravageaient tout sur leur passage. Si la situation n’avait pas l’air de s’améliorer, elle paraissait au moins stable… pour le moment. Yamamoto expliqua à qui appartenait les terres qu’ils allaient bientôt fouler et comment il était entré en possession de celles-ci. La jeune dresseuse avait du mal à rester là, à attendre que la policière finisse de leur expliquer la situation. C’était certainement nécessaire, mais c’était, à ses yeux, une perte de temps de le faire là, ici, maintenant. Il était possible de les pitcher pendant l’ascension, alors pourquoi ne pas se mettre en route dès à présent ?
Une colère sourde monta en la jeune femme quand la policière parla d’expérience sur les Pokémon. C’était inhumain de faire ce genre de chose. L’irritation qu’elle ressentait ne diminua que d’un chouïa lorsqu’il fut évoqué qu’aucune expérience n’avait jamais été dangereuse pour les créatures. Si c’était vrai par le passé, elle espérait que celle-ci ne ferait pas exception.
La jeune femme soutint le regard de la policière lorsque celle-ci précisa qu’ils allaient sur un terrain inconnu et qu’il ne fallait pas hésiter à abandonner la mission si besoin.
- Je veux aider le Crèmy. Je n’abandonnerai pas, je ne fuirai pas, je n’ai pas peur.
C’était un semi-mensonge. Bien sûr que la jeune femme n’était pas entièrement sereine. Elle était sans Pokémon et s’apprêtait à aller dans un endroit potentiellement dangereux, en compagnie d’une bande d’inconnus et d’un agent de police. Cependant, l’envie d’aider le Pokémon en détresse était nettement plus forte que l’anxiété qu’elle ressentait.
Une fois le chemin désigné, Luna emboîta le pas à Yamamoto. Il était enfin temps d’y aller. Le trajet se déroula sans encombre. La jeune femme regardant alternativement le Crèmy, espérant voir une amélioration, et là où elle allait. Elle ne chercha pas à discuter avec les autres volontaires : elle était là pour secourir un Pokémon en détresse, pas pour faire ami-ami avec les autres.
Le laboratoire, d'extérieur, ne ressemblait pas à ce à quoi elle s'attendait. Elle s'était imaginé un bâtiment plus grand et qui en jetait plus que de vulgaires préfabriqués. Le scientifique fut long à répondre aux coups de sonnette. La patience de la jeune femme commençait à s’effriter dangereusement. Pendant qu'il traînait à ouvrir, l'état du pauvre Pokémon n'avançait pas. Quand, enfin, il vint ouvrir, elle aperçut un homme qui, à ses yeux, était le parfait cliché du scientifique un peu fou. Elle ne réagit pas aux présentations, si ce n’est en jetant un regard noir au chercheur. Elle ne le connaissait pas, mais elle ne l’aimait déjà pas beaucoup.
L'intérieur du laboratoire n'envoyait pas plus de rêve que l'extérieur ; c'était un véritable capharnaüm… C’était à se demander comment le gus arrivait à s’y retrouver et à travailler convenablement. Avec un tel niveau d’organisation, c’était inévitable qu’une catastrophe se produise. Comme c’était le cas aujourd’hui. Enfin, c'était déjà un miracle que la catastrophe ne soit pas arrivée plus tôt.
- Eh bien… Quel bordel…
Une fois l’inspection visuelle de la pièce finie, la jeune femme porta son attention sur le professeur et les deux tables, un peu moins bordéliques que le reste. Le geste du chercheur les invitant à regarder sur la table, elle ne se fit pas prier et s’en approcha. L’arrivée inattendue du Capumain provoqua un petit cri de surprise chez la jeune femme. Elle baissa un peu la tête, honteuse.
- Désolée…
Relevant la tête, elle aperçut le Pokémon singe faire coucou. Il semblait plus aimable et social que son maître. La jeune femme lui rendit son signe, un léger sourire aux lèvres. Le rictus disparut du visage de la demoiselle pendant les explications du scientifique. Les traits de la dresseuse se durcissent même au fur et à mesure que la fierté de Fighe grandissait. Luna ne trouvait pas que tout ceci était une « avancée scientifique considérable » mais elle se garda d’en faire la remarque. Plus le mec parlait, plus il descendait dans l’estime de Luna et attisait sa colère.
L’agente Yamamoto proposa ensuite de procéder à la capture eux-mêmes, une très bonne idée selon Luna. Elle suggéra également de chercher des informations pouvant leur être utile, comme pour établir un plan. Ils ne pouvaient pas le faire une fois sur place, à proximité du Crèmy, quand ils auraient une vision plus précise de la situation ? Luna faillie faire la remarque, mais s’en abstint. Le ton autoritaire semblait vouloir dire que la proposition n’était pas discutable. Ne voulant pas d'embrouilles, elle jugea qu'il était plus sage obtempérer.
La jeune femme se mit donc au travail ; plus vite ils auraient fait le tour ici, plus vite ils iraient auprès du Crèmy. La première tâche que Luna exécuta fut de regarder les documents sur la double table. Des photos, des graphes, des notes, que des données sur l’expérience dont Luna ne comprit pas un traître mot, mais qui la firent réfléchir à haute voix.
- Si on arrivait à l’affaiblir suffisant, peut-être qu’il retrouverait une taille normale… Se rendant compte de la bêtise qu’elle venait de sortir, elle enchaîna. Oui, non, oubliez, mauvaise idée. Je ne connais pas de Pokémon assez grand pour rivaliser avec le Crèmy et on va éviter de se retrouver avec un deuxième Pokémon géantisé sur les bras…
Délaissant les papiers incompréhensibles, elle se dirigea ensuite vers l’évier dans lequel flottaient les objets ressemblant à des Pokéball étranges. Elle en saisie une, la scrutant sous tous les angles.
- Étranges ces… Pokéball ?
La jeune femme reposa l’objet là où elle l’avait pris avant de se retourner. Elle observa le bordel du laboratoire en soupirant. Elle n’avait aucune idée de ce qu’il fallait chercher. Puis, elle eut une idée. Elle repensa au Toutombe sauvage qui les avait aidés, Santiago et elle, à retrouver son Salamèche égaré. Peut-être que le Capumain avait une idée de comment faire rétrécir le Crèmy. Elle attrapa un stylo qui traînait ainsi que plusieurs feuilles vierges avant de se diriger vers le Pokémon de type normal. Se mettant à sa hauteur, elle essaya d’ôter de son visage la dureté qui s’y était installée puis s’exprima d’une voix douce.
- Ton dresseur a fait une petite bêtise qu’on essaye d’arranger. On cherche un moyen de faire revenir à sa taille normale le Crèmy qu’il a fait grandir. Tu étais avec lui quand il a fait l’expérience ? Tu as vu quelque chose d’anormal ? Ou ressenti quelque chose qui n’allait pas ? Ou peut-être que tu as compris pourquoi le Crèmy n’arrive pas à retrouver sa taille habituelle ? Si tu sais ou suppose quoi que ce soit, s’il te plaît, aide-nous à sauver le Crèmy.
Sur ces mots, elle lui tendit le stylo et les quelques feuilles qu’elle avait en main. Okay, c’était sûrement débile comme idée, mais bon. L’animal était possiblement avec son dresseur pendant l’expérience, peut-être qu’il avait vu quelque chose de bizarre ou comprit un je-ne-sait-quoi qui avait échappé au scientifique. Son instinct primaire avait potentiellement saisi le pourquoi du dérapage de l’expérience et saurait comment arranger la chose. Si la gigantisation (ou quel que soit le mot) était un vieux procédé, peut-être qu’au fond de lui, le Capumain aurait des réponses. Alors, oui, l’idée de la jeune femme était entièrement stupide, mais bon, c’était toujours mieux que de rester à ne rien faire en attendant que le petit groupe se mette en route. Et puis, qui sait, sur un malentendu, ça pouvait donner quelque chose.
En quelques minutes seulement, un petit groupe de volontaires se forme ; excluant la policière, nous sommes quatre. Je me demande si ce sera suffisant pour contrôler la créature et limiter les dégâts qu'entraînent ses coulées de crème, mais c'est mieux que rien. La pauvre agente aurait eu du mal à se lancer dans cette dangereuse entreprise en étant dépourvue du moindre renfort - et qui sait combien de temps les partrouilles côtières et celles du continent auraient mis à la rejoindre.
Mon regard passe d'un visage à un autre, s'arrêtant d'abord sur le jeune homme. Il a une bouille familière, mais son accent n'a rien de celui de ma région natale. J'ai pourtant l'impression de l'avoir rencontré auparavant, ou du moins, de l'avoir physiquement vu. Les deux demoiselles, en revanche, me sont inconnues, mais elles dégagent une aura sympathique. Hotaru a déjè manifesté un instinct de survie en se cachant durant la débandade et j'ai bon espoir qu'elle soit capable de réfléchir en dehors du moule conventionnel pour nous aider à trouver une solution à ce gigantesque problème.
Un sourire doux flotte sur mes lèvres. Malgré mon inquiétude, je nourris des pensées positives envers notre troupe de bénévoles. Les présentations vont bon train et j'échange une poignée de main maladroite avec Yamamoto, une fois celle-ci descendue de son perchoir improvisée.
Par habitude, j'essaie de tendre le bras gauche ; mais la douleur qui s'éveille et la présence de l'attelle nouée à ma nuque me bloquent. Me font reconsidérer mes options à la vitesse de l'éclair. Avec une moue embêtée, c'est ma main droite qui vient serrer la sienne.
Lorsque nous nous mettons en route, je comprends enfin pourquoi elle s'est tournée vers nous, de parfaits inconnus, pour la supporter ; c'est une question de gestion d'effectifs. Et de foule. Car la ruée vers la sortie du parc avait effectivement besoin de supervision, pour éviter un chaos pire que le précédent. Les explications viennent ensuite, distribuées au compte-gouttes, et les pièces du casse-tête finissent par s'assembler.
Un scientifique, une expérimentation, un drame. Le terme inoffensif résonne drôlement à mes oreilles, car à en juger par les coulées épaisses qui dévalent les flancs de la montagne, nous n'en avons pas la même définition. Je ravale les commentaires et les questions qui me brûlent la langue et je suis en silence notre guide jusqu'au repaire de ce fameux savant.
Mes yeux s'écarquillent légèrement à la vue du laboratoire ; mes seules références proviennent de films et d'images trouvées en navigant sur le net. M'y trouver face-à-face provoque un sentiment différent.
- Et vous êtes sûre qu'il va nous laisser entrer ?Que je questionne à voix basse, tout en analysant les affiches sensées avertir - et repousser - les visiteurs.
Plusieurs sonneries à l'entrée, suivit de l'ouverture abrupte de la porte, viennent répondre à mon interrogation. L'homme qui nous fait face est d'une humeur que je juge massacrante, il a l'air de l'un de ces vieux grincheux au regard un peu fou. Son accueil me rend hésitante. Yamamoto, elle, ne se gêne pas pour lui remettre les pendules à l'heure. Cette femme est fascinante. Malgré sa petite taille, elle possède un caractère bien trempé ; son interlocuteur ne résiste pas bien longtemps et nous cède le passage.
- Woah... !
C'est avec l'émerveillement digne d'une gamine au milieu d'un magasin de jouets que je découvre, en même temps que mes camarades, l'antre du scientifique. Son fouilli chaotique, ses diagrammes et ses schémas, un bordel sans fin et inommable, mais dans lequel je souhaite me plonger. Je fixe de longues secondes la porte qu'il ne faut pas ouvrir ; mes doigts me démangent, je les plie et déplie, mais j'ordonne à mes jambes de partir en direction inverse, pour m'approcher d'un tableau avec des équations et des graphiques.
Le cri soudain de Luna me fait violemment sursauter, me faisant bouger bras et épaule blessées, et me soutirant une grimace. Je me retourne vers elle, inquiète. Elle s'excuse du dérangement, sa peur causée par l'apparition d'un petit singe violet. Mon expression s'adoucie.
- Plus de peur que de mal !Que je lui lance, en y ajoutant un clin d'oeil, pour l'inciter à se détendre et à ne pas culpabiliser sur ce moment de frayeur passeger.
Je me concentre ensuite sur les explications de Fighe au sujet de ce mystérieux phénomène. Je réfléchis.
- Vous dites qu'il s'agit d'une croissance temporaire, mais nous n'en connaissons pas vraiment les facteurs. Est-ce que les effets s'estompent après un certain temps ou bien est-ce que l'arrêt et la remise à la taille normale du pokémon est provoqué par quelque chose ?
Luna propose d'affaiblir le crémy, dans l'espoir que la perte de ses forces et de son énergie le fera rétrécir. L'idée n'est pas mauvaise, mais comme elle le rajoute, elle est peut-être difficilement réalisable. Du moins, sans avoir une créature capable de rivaliser avec cette boule de crème géante.
- Est-ce qu'elles peuvent servir ? Ma question fait écho à Luna, qui vient de dénicher des pokéballs au design inhabituel.
Je me rapproche et me penche pour les observer. J'ai envie de les toucher, mais connaissant ma maladresse légendaire, je risque d'en casser une et de m'attirer les foudres de Fighe. Je laisse donc la demoiselle aux cheveux bleus les manipuler ; elle semble avoir une prise plus solide et stable que la mienne.
Je m'éloigne ensuite, après quelques instants d'observation. Je vagabonde un peu dans la pièce, à la recherche d'information utile et que je suis en mesure de comprendre, m'arrêtant devant la porte du placard que nous ne sommes pas sensés ouvrir. Et s'il y a quelque chose d'utile à l'intérieur ? Cela me motive à tourner la poignée et à libérer tout ce qui se cache derrière.
L'entrée en scène d'Hotaru aurait mérité d'être un peu réfléchie. Sur le moment, elle n'avait pas vraiment vu d'autre option que de ramper hors de sa cachette néanmoins. La pointe de ses oreilles chauffa un peu sous son bonnet sous l'attention de la policière qu'elle n'avait pas surprise au bon moment. Fort heureusement, le début de gêne ne s'était pas étendu sur ses joues dans un rougissement trop flagrant. Elle ne tenait pas à paraître plus ridicule qu'elle n'avait déjà dû l'être à se cacher sous la remorque de la pêche aux Couanetons. Pas qu'elle ressentit un quelconque jugement à ce sujet vis à vis des autres personnes présentes. Vu la situation, ils avaient clairement d'autres priorités sans doute que de se soucier des détails.
J'avais un semblant de barrage. Répondit l'adolescente lorsque la policière s'inquiéta de lui avoir casser les oreilles. Elle tira un peu sur le rebord de son bonnet pour l'indiquer et haussa les épaules. L'expérience n'avait pas été plaisante mais ce n'était pas la mort. L'urgence prévalait. Et puis, Yamamoto paraissait sympathique et elle ne voulait pas qu'elle s'en veuille pour si peu. Hotaru n'avait eu que peu de rencontres avec la police jusqu'ici. Elle voyait des agents dans la rue à l'occasion ou sécurisant certaines zones mais le moment le plus marquant de sa jeune vie avait été une visite de la police dans son école lors d'un atelier de prévention au harcèlement. Si elle serra la main tendue avec peu d'aisance, ce n'était donc pas à cause d'un a priori mais plus parce qu'elle le faisait rarement. Il n'y avait bien eu que le directeur du lycée pour l'accueillir d'une poignée de main quand elle avait changé d'établissement. Cela l'arrangeait bien de limiter les contacts, seulement il n'était pas question de laisser un vent à la jeune femme dans ces circonstances.
Si l'agente Yamamoto ne disposait visiblement pas de collègues motivés à la rejoindre, elle ne manquait par contre pas d'informations. Hotaru écouta poliment l'explication sans manifester quoi que ce soit de spécial. Elle n'avait pas de commentaire pertinent à faire. Plusieurs choses lui étaient bien passées par la tête mais elle n'aiderait pas la situation en commentant sur le fait que toute cette histoire ressemblait au début d'un film. Elle s'imaginait déjà le professeur Fighe avec une coupe de cheveux désastreuse et une blouse blanche toute froissée, voire couverte des restes de ses expériences ou de son dernier café, au choix.
Approcher du fameux laboratoire ne l'aida pas à orienter ses pensées dans une autre direction. Elle avisa les affiches avec une moue sceptique pendant que la policière sonnait. Elle espérait vraiment que l'homme ouvrirait la porte. Hotaru ne faisait vraiment pas confiance à ses capacités physiques et elle était certaine qu'elle ne parviendrait pas à entrer là-dedans autrement qu'en passant par la porte. L'apparition tardive et la mauvaise humeur du scientifique la fit légèrement sursauter. Moins pire que je le pensais mais y a un truc. Sans même pouvoir s'amuser d'un potentiel cliché, son regard s'assombrit. Elle n'aimait vraiment pas l'attitude de ce type. Heureusement, Yamamoto savait s'y prendre et elle fit suffisamment convaincante pour faire plier le scientifique. A première vue, elle ne payait pas de mine mais Hotaru la trouvait de plus en plus courageuse et impressionnante. Elle avait décidé de prendre les choses en mains et ne semblait pas prête à lâcher l'affaire.
La suite n'aida vraiment pas l'adolescente à se faire une bonne idée du professeur Fighe. L'homme était aussi orgueilleux qu'il manquait apparemment de cran. Pour créer des problèmes, il avait été présent mais ne semblait pas décidé à aider à réparer les dégâts. Il ne devait pas être totalement mauvais en tant qu'être humain au vu de cet adorable Capumain qui l'avait rejoint. Après tous, les Pokémon étaient connus pour être de bons juges. Malgré tout, elle n'avait que peu de respect pour lui. Elle se contenta de sourire à la créature qui les saluait avant de s'intéresser à ce décor décidément digne d'un jeu vidéo. Elle se serait cru dans l'un de ces point & click auxquels elle avait beaucoup joué à une époque. Distraitement, elle observa le désordre de papiers sans trop savoir à quoi s'intéresser. Plutôt que de se concentrer sur ce qu'elle voyait, elle se trouva à se questionner sur ce qu'elle ne voyait pas. Luna et Masa osaient des questions et des hypothèses qui la poussaient à réfléchir dans son coin aussi. Les sourcils froncés, elle refit le tour de la pièce avant d'aller jeter un coup d’œil par la fenêtre. Dehors, le Crémy s'agitait toujours aussi furieusement.
Après une lente inspiration, Hotaru se tourna vers le professeur. Il n'y avait pas de question idiote après tout. D'autant plus face à une situation aussi mystérieuse. En plus, elle rebondissait sur ce que Masa avait dit. Hm. Vous avez parlé de l'énergie des cristaux- Le dire ne l'aidait vraiment pas à se sortir de l'impression de vivre un scénario. On parlait souvent de connexions entre des pierres et des Pokémon mais tout de même. -vous en avez utilisé dans votre expérience avec Crémy ? A moins que vous ne soyez passé par un équivalent technologique ? Est-ce que Crémy les a absorbé ou est-ce qu'il est encore connecté à quelque chose ?
Un à un des volontaires se firent connaître, il n’y avait que des femmes, toutes plus jolies les unes que les autres. Il se demanda si certaines étaient bien majeures ; il avait déjà eu une aventure avec une mineure, sans savoir qu’elle était mineure, et a failli avoir des problèmes judiciaires. Il ne voulait pas absolument recommencer ça. Une à une elles se présentèrent, il y avait : Yamamoto la flic, Ambre la blessée, Luna la sans pokémon, et Hotaru la fille de la pêche aux Couaneton. En les observant bien, Kyle devina qu’il s’agissait d’actrices et que tout était fait pour le piéger, mais il était plus malin que ça. Il jouera le jeu pour satisfaire son public et surtout cela lui permettrait de passer du temps avec quatre sublimes créatures féminines. La fliquette l’appela monsieur Dauphin, elle le connaissait donc, c’était bien alors une comédienne. Ensuite, elle parla d’une histoire avec un scientifique un peu fou, un type qui se nommait Higue … Fughe …Gifhe ou un truc comme ça. Le candidat de télé réalité ne l’écoutait pas vraiment, ce genre de pitch ne l’intéressait pas vraiment, il voulait rentrer dans l’action, voir ce que la production avait prévu par la suite.
Les filles semblèrent motivées à aller dans ce soi-disant laboratoire. C’étaient de bonnes actrices, on pourrait vraiment croire qu’elles croyaient à cette histoire.
"Je vais vous suivre."
Après tout, s’il ne le fait pas, il réduirait à néant les efforts que la prod a fournis pour cette promotion de ce parc safari ridicule. Sur la route, il observait cet hologramme de pokémon géant. Le coordinateur se dit que c’était vraiment bien fait, peut-être qu’il s’était trompé, que ce n’était pas un hologramme mais un vrai pokémon. Mais non pas possible, c’est juste un robot super réaliste. Arrivés au laboratoire, qui devait exister que pour la promotion, la responsable du groupe, c'est-à-dire l’agent, sonna, et un homme se présenta. En le voyant, le candidat de télé-réalité dût retenir un fou rire. C’était une caricature de scientifique fou qu’on peut voir dans des nanars. C’en était trop pour lui, il devait faire un commentaire :
"Mais non, la flic est bien réussie, la blessée joue bien son jeu, l’autre timide là est la meilleure actrice, la dernière aussi joue bien, on pourrait croire de vraies personnes. Mais là, vous gâcher tout, on dirait une parodie."
Mais bon, le commentaire de Kyle n’empêcha pas de continuer l’aventure. Arrivés dans le laboratoire, Kyle était impressionné que la production est louée un bâtiment de cette envergure pour le jeu. Un studio, hangar bien décoré aurait suffi. C’était un bordel sans nom. Le scientifique raconta une histoire à dormir debout, une histoire de cristaux, de Galar. C’était ennuyeux. Yamamoto demanda à ce qu’on puisse fouiller les lieux.
"Ha oui c’est un escape game en vrai. Donc je suppose qu’il ne sert à rien de fouiller au-dessus de la hauteur d’homme, de décrocher les tableaux, de dévisser les ampoules … "
Kyle avait déjà fait des escapes, et cela l’ennuyait au plus haut point, il n’a jamais compris comment des gens pouvaient aimer résoudre des énigmes à dormir debout. Kyle fit donc semblant de fouiller, il fit mine de s’intéresser à des plans, des dessins, des objets chelous … Il sursauta lorsqu’une des actrices cria, c’était celle venue sans pokémon : Lina s’il se rappelle bien, ou un truc du genre.
"Il n’y a pas idée de crier comme ça. Surtout pour un pokémon aussi ridicule que ça."
Puis, sûrement pour faire avancer les choses, les soi-disant volontaires posèrent des questions au scientifique et même au Capumain. C’est d’un ridicule. Cependant, il décida de faire quelque chose quand la Lona trouva d’étranges pokeball dans un évier. La rousse la rejoignit, pour enfin s’éloigner et l’autre reposa la pokeball. Kyle intrigué par ses pokeball, décida quant à lui d’en prendre une et de la garder :
"J’en prends une. Une pokeball aussi bizarre, ne peut enfermer qu’un puissant pokémon."
Pile à ce même moment, il vit la rousse ouvrir une armoire.
"Non, mais tu crois vraiment pouvoir ouvrir cette armoire sans la clef ou sans un code. Tu es vraiment plus nulle que moi en Escape Game. À moins que le personnage que tu interprète sois stupide."
Bien que ce ne soit pas le moment, Yamamoto est en proie au doute. Maintenant qu’ils ont pénétré dans le laboratoire du professeur Fighe, elle se demande si monter une équipe improvisée était vraiment une bonne idée. En fait non, c’est surtout Monsieur Dauphin qui lui fait se poser des questions. Si au départ l’agente mettait sa désinvolture sur le compte d’une grande confiance en lui, ses remarques sous-entendant que d’autres seraient des acteurs et la comparaison entre le laboratoire et un escape game lui mettent la puce à l’oreille.
- Mais pourquoi diable voudriez-vous dévisser mon ampoule ?!, s’indigne Fighe, laissant par là échapper ce que l’agente pense tout bas.
Elle balaie la salle du regard, prenant le temps d’observer chacun de ses volontaires. Elle doit croire en eux. Il faut qu’elle croit en chacun d’eux, qu’elle ait confiance en son équipe, sinon elle n’arrivera pas à mener à bien sa mission : sauver Irisia. Ce qui commence à la rassurer, c’est que ses compagnons du jour ont l’air d’avoir accepté sa proposition consistant à rassembler des informations avant de se lancer à l’assaut du mont. Elle les observe évoluer à travers le laboratoire, chacun trouvant de l’intérêt pour des choses différentes. Yamamoto s’attarde sur Luna, penchée sur la table, et décide d’observer à son tour les documents qui y sont disposés. Elle qui n’avait jamais été bien douée dans les matières scientifiques n’en ressortit pas grand chose si ce n’est qu’il lui sembla comprendre que les courbes indiquait qu’en prenant du volume, la force du crémy avait elle aussi dû augmenter. Rien de nouveau sous le soleil vu les coulées de crème déjà provoquées…
Masa est la première à poser une question au professeur, demandant des précisions sur la durée et le fonctionnement du phénomène dynamax dont il nous a déjà exposé certaines caractéristiques. De nouvelles informations étant toujours les bienvenues, Yamamoto se détourne des graphiques pour écouter la réponse de Fighe :
- Comment rendre ça accessible à des gens comme vous…, sur un ton las, désagréable. Yamamoto n’en attendait pas moins du scientifique, mais elle espère que ses partenaires du jour ne vont pas trop se braquer. Ses informations seront sûrement importantes. Le dynamax est un phénomène ancien, qui n’a pu être étudié qu’à travers des textes venant d’un temps où la science était très basique. Certains détails de son fonctionnement restent donc mystérieux. Normalement, la surcharge d’énergie chez le pokémon provoquée par le dynamax n’est pas censée durer. Quelques minutes, tout au plus, puis c’est retour à la taille normale. Aucune facteur pouvant forcer ça, autre que le temps, n’a été découvert à ce jour puisque je suis la première personne assez brillante pour reproduire le phénomène dynamax !, la fierté est de retour dans sa voix.
C’est au tour de Luna de s’exprimer. La jeune femme fait une proposition consistant à affaiblir le crémy avant de revenir dessus. Yamamoto ne trouve pas son idée si mauvaise :
- Peut-être que si on s’y met à plusieurs… Si au moins nous parvenions à l’affaiblir assez pour qu’il ait besoin de dormir par exemple, l’assaut de crème sur Irisia cesserait et nous pourrions gagner du temps ! - C’est possible, surenchéri Fighe. L’idée qu’un de mes précieux pokémons se fasse attaquer ne me plaît pas, mais puisque le dynamax est une surcharge d’énergie, peut-être retrouverait-il son état normal en évacuant le surplus, il lève le doigt pour émettre une objection : Si vous décidez de partir sur cette solution, j’aimerais que vous testiez une de mes pokéballs avant. Vous savez que les pokémons rapetissent pour rentrer là-dedans, n’est-ce pas ? Il me paraîtrait logique que ça fonctionne pour lui redonner une taille normale. Et si ce n’est pas le cas, au moins le problème des coulées de crème sur l’île sera réglé !
C’est avec une certaine surprise que l’agente accueille cette proposition. Elle savait que, puisque les expériences de Fighe sont réputées inoffensives, il ne devait pas être un scientifique fou qui fait du mal à ses pokémons, mais elle ne pensait pas qu’il serait si prévoyant avec eux.
Masa et Luna se détournent de la conversation pour le moment. Yamamoto les observe pendant qu’elle prend le temps de réfléchir de son côté. Luna s’empare d’une pokéball à la forme et couleur particulière. Celle qu’elle a entre les doigts a la forme d’un triangle en volume. Le déclencheur est au centre d’un des isocèles. La ball est verte au-dessus, puis ornée de formes vaguement géométriques blanches avec des pointes de rose.
- Ce sont des pokéballs de ma création, bien plus robustes et efficaces que celles que vous trouverez dans le commerce, commente Fighe face au questionnement des deux jeunes femmes. Faîtes attention, ne me les abimez pas ! Elles sont précieuses ! Celle que vous tripotez, c’est celle de mon xatu. J’ai pour projet de voir les effets d’une pokéball qui leur correspond pleinement sur les pokémons. L’expérience est prévue pour bientôt, mais leur efficacité a déjà été testée, Kyle arrive devant l’évier et s’empare d’une des pokéballs en commentant sur la puissance potentielle du pokémon qu’elle pourra enfermer. C’est celle de ma steelix.
La sphère peut en effet ressembler à ce pokémon : elle est de couleur gris métallisé avec des espèces de branches qui ressemblent à celles du corps de cette espèce. Yamamoto réalise que cela veut dire que des pokémons aussi menaçant qu’un steelix peuvent se trouver là, dehors, sur le terrain de Fighe. Son idée d’ascension jusqu’au crémy lui paraît soudain plus périlleuse que prévue. Prise de doutes, elle balaye la pièce du regard et repère Hotaru qui observe le terrain par la fenêtre. Cette recrue a l’air très discrète, mais astucieuse puisqu’elle s’était cachée sous la table. L’agente décide d’aller voir ce qu’elle observe, se demandant si cela peut leur donner de nouveaux éléments de réflexion. Dehors, le crémy continue de s’agiter et des coulées de crème d’être envoyées. Les deux femmes peuvent voir que les boules de crème sont envoyées de plus en plus proches et que, lorsqu’elles atterrissent dans la végétation, différents types de pokémons s’envolent pour prendre leurs ailes à leur cou. Les espèces volantes viennent de toutes les régions différentes, puisqu’il y a autant des bleuseilles que des flambusards ou roucools. Yamamoto se demande si c’est la même chose pour les espèces terrestres, ce qui ne la rassure pas. L’attitude des pokémons volants est cependant étrange : ils s’envolent, cherchent à fuir, mais sont comme bloqués lorsqu’ils atteignent une certaine hauteur ou une certaine distance par rapport au terrain de Fighe. Ils se mettent soudain à voler en rond, avançant et reculant, avant de se résigner et retourner dans les branches d’un arbre proche de ce qui semble être une limite invisible.
Yamamoto est la première à sa détourner de la fenêtre et trouve Luna qui tente de communiquer avec le capumain du professeur. Le capumain lui adresse un regard interrogateur, se tresse sur sa queue en tire-bouchon à la manière d’un spoink pour observer la jeune femme. Puis, il semble pris d’un éclair d’intelligence, puisqu’il bondit sur ses quatres pattes, queue face à l’humaine, et il se met à la faire tourner, tourner et tourner encore. Avec une puissance qui parvient à créer un léger courant d’air, visible dans les cheveux de Luna. Il a ignoré le stylo qui lui était tendu, mais semble tout de même essayer de dire quelque chose.
- Capumain, qu’est-ce que tu fais à la dame ?, son pokémon s’arrête, montre sa queue à son dresseur et recommence son manège. ... Bon, si tu veux, ça n’a pas l’air bien méchant.
L’attention du professeur est détournée par une question venant de Hotaru. Elle aussi a fini par laisser la fenêtre. Son interrogation sur l’énergie utilisée pour provoquer le dynamax chez le crémy est très pertinente. Yamamoto était sûre que c’était une fille pleine de ressources !
- J’ai créé un cristal par moi-même. En me basant sur les textes anciens et les études géologiques de la région de Galar, je suis parvenu à déduire la composition de ces gemmes… A quelques détails près, vu le résultat, je vous l’accorde, mais enfin ce sont déjà des déduction incroyables si vous voulez mon avis !, les fleurs qui se lance commencent à agacer l’agente, mais elle préfère le laisse continuer plutôt que de risquer de le braquer. Pour effectuer sa transformation, crémy a comment dire… Ingéré le crystal ? Je ne peux pas être sûr de comment ça se passerait avec un pokémon d’une autre composition, mais lui s’est frotté au crystal qui est passé dans sa crème, puis la lueur rouge décrite dans les anciens phénomènes dynamax est apparue et il a commencé à grandir. Je ne sais pas où est le crystal maintenant, sûrement quelque part dans son corps crémeux.
Yamamoto ouvre de grands yeux quand elle entend soudain Kyle manquer d’insulter une de ses autres recrues. Elle se retourne vers eux et voit qu’il s’adresse à Masa qui vient de tourner les poignées de placard sur lequel il est indiqué qu’il ne faut pas l’ouvrir. Et encore cette histoire d’escape game… L’agente veut lui demander ce qu’il entend par là et ce qu’est son problème, mais c’est Fighe qui crie un “non” lorsque les portes du placard s’ouvrent. Une lumière bleue, puissante, aveugle tout le monde dans un flash lorsque l’intérieur du meuble se révèle. Des bruits d’objets qui chutent se font entendre. Lorsqu’enfin Yamamoto s’habitue à la nouvelle luminosité de la pièce et peut voir quelque chose, elle constate que des dizaines de classeurs de sont répandus autour de Masa - elle espère qu’elle n’a pas été blessée - mais surtout qu’au milieu du placard trône une gemme bleue brillante sur un petit promontoir. La lumière vient de cette dernière et s’estompe petit à petit maintenant que les portes sont ouvertes.
- Mon expérience ! Vous venez de tout gâcher ! Vous ne savez pas lire ?!, il se précipite vers le placard et enroule la gemme dans un grand chiffon sombre. - Qu’est-ce que c’est ?, demande l’agente. - Une reproduction de gemme de strassie. Ma première expérience minérale, avant le dynamax. Les gemmes de ces pokémons peuvent émettre de la lumière dans la nuit, j’ai décidé d’en reproduire pour les vendre en tant que lampe de jardin… C’est que le génie, quand on vit dans un monde d’abrutis, ça ne paye pas vous savez ! Bref, elles ne fonctionnent que dans l’obscurité et j’étais en train de tester sa durée de luminosité et maintenant vous avez tout gâché ! Trois semaines que ça durait !
Yamamoto retient une remarque sur le fait que personne n’a besoin d’éclairer son jardin pendant trois semaines, ni sur le fait qu’une lumière si aveuglante lorsqu’elle se révèle relève plus de l’attaque flash que de l’éclairage nocturne. A la place, elle demande :
- On peut vous la prendre ? Je crois savoir qu’il y a un réseau de grotte dans le mont au-dessus duquel se trouve le crémy. Si nous devons nous y aventurer, ça pourra être utile, le scientifique commence d’abord par protester alors Yamamoto sort son badge et réquisitionne, faisant fi de toute procédure, la gemme enroulée dans un tissu. Masa, c’est vous qui l’avez trouvé, vous voulez la garder ?
Une fois toutes ces informations récoltées et un temps de réflexions ayant passé, Yamamoto décide de proposer un plan d'action au groupe :
- Je vous propose de nous rendre jusqu'au crémy et tester plusieurs choses : d'abord essayer de le faire rentrer dans une pokéball, celle que Fighe venait chercher pour lui. Si ça ne fonctionne pas, essayer de repérer le crystal dynamax et le lui retirer. Et si ça s'avère impossible, nous pourrions tester de lui faire dépenser l'énergie accumulée en trop, elle tente de prendre un ton assuré, mais peine à ne pas manifester ses craintes. Toutes ces options sont dangereuses pour eux, la troisième encore plus.
L'agente demande quand même la pokéball au scientifique, qui la lui remet. Un grimace traverse son visage lorsque ses doigts entrent en contact avec cette pokéball couleur crème un peu molle et poisseuse. Elle s'empresse de la mettre au fond de sa poche, espérant ne pas se tacher. Quelques secondes plus tard, un hurlement déchirant venant du crémy se fait entendre, plus fort que les autres. Le sol tremble lorsqu’une boule de crème, lancée plus loin que les autres, provoque une coulée à seulement quelques dizaines de mètres du laboratoire.
- Je crois que vous devriez vous dépêcher, commente Fighe, toujours boudeur de s’être fait prendre sa gemme. - Masa, Luna, Kyle, Hotaru, est-ce que vous avez des pokémons avec vous ? Le chemin va être dangereux, les pokémons du professeurs seront sûrement agités et- - Ah, non, vous ne pouvez pas utiliser vos pokémons, Yamamoto mitraille Fighe du regard, s’attendant à une objection farfelue. Vous voyez pour être sûr que mes sujets ne se reproduisent pas avec des pokémons normaux et provoquent des mutations inattendues, j’ai équipé tout mon terrain avec un système de repousse qui empêche les pokémons normaux d’y être et les miens de sortir. Si vous sortez un pokémon qui ne m’appartient pas de sa pokéball ici, ce sera comme s’il était frappé par la confusion, encore une fois, il a l’air fier de lui. - Ca… Ca va être encore plus dangereux que prévu alors…, murmure presque l’agente, décontenancée par cette révélation et l’idée que ses recrues volontaires soient gravement blessées. Certes elle les a prévenues, mais sans pokémons… - Je peux vous prêter des pokémons. Vous essayez d’aider mon crémy après tout.
Le professeur s’en va à l’autre bout de la pièce, fouiller dans ses tiroirs. Il en fait plusieurs avant d’en extirper quatre pokéballs qu’il ramène vers le petit groupe.
- La plupart de mes pokémons vivent en liberté, alors je n’en ai que quatre en pokéballs ici… Et capumain, mais c’est un pokéon de salon il n’est pas fait pour ça, en entendant son nom, le petit singe lui saute sur l’épaule. - Donnez-en un à chacun de mes partenaires, décrète Yamamoto. Je peux m’en sortir sans.
Bien sûr l’idée de ne pas avoir de pokémon avec elle ne la rassure pas, mais elle compte sur son entraînement de flic pour la sortir de certaines situations que les autres ne sauraient peut-être pas gérer. Surtout Kyle, pense-t-elle. Il faut vraiment qu’elle l’interroge au sujet de cette histoire d’escape game. L’agente se force tout de même à sourire à ses partenaires du jour, afin d’avoir l’air sûre d’elle et rassurante. Elle veut qu’ils pensent pouvoir compter sur elle. Fighe commence la distribution des pokéballs. Il explique en même temps quelle espèce est contenue dans chaque pokéball. Hotaru reçoit un sucroquin, Kyle un zarbi O, Luna un berserkatt et Masa un virovent. A part en ce qui concerne le berserkatt, l’agente n’est pas du tout rassurée par cette distribution de pokémons qui lui paraissent faiblards par leur espèce, mais elle s’abstient de tout commentaire, se contentant de remercier à nouveau le professeur.
Elle se dirige ensuite vers la porte du laboratoire donnant sur l’extérieur pour l’ouvrir et, passant la première, vérifier que la voie est libre de tous pokémons agressifs. Considérant leur état de panique, elle ne serait pas étonnée que certains leur sautent dessus pour les attaquer sans réfléchir. Lorsqu’elle est sûre que les lieux sont sécurisés, elle invite ses volontaires à la suivre dehors. Ils sont à une certaine distance du pied de la distance, à l’orée d’un bois dans lequel il faudra s’enfoncer pour atteindre le mont. Les arbres seront aussi présents sur une certaine partie de la montée, d’ailleurs. Yamamoto se rassure en se disant qu’au moins l’environnement dans lequel ils vont évoluer est normal, même si elle préférerait qu’ils soient équipés de quelque chose qui permette de les avertir en cas de chute de crème imminente à proximité.
- Attendez !, appelle le professeur alors qu’ils sont sur le point de se mettre à avancer. J’ai retrouvé une carte de mon terrain, ainsi que la notice des pokémons. - La notice ? - Vous verrez par vous-même, moi je retourne à l’intérieur c’est trop dangereux ici ! Bon courage !
Ces encouragements donnés alors qu’il tournait déjà les talons pour retourner dans le confort de son laboratoire exaspèrent quelque peu Yamamoto. Elle soupire avant de se tourner à nouveau vers ses volontaires pour examiner la carte tous ensemble et décider du chemin à suivre. Le plan pour elle était d’aller plus ou moins tout droit, mais maintenant qu’ils ont plus de détails, peut-être que plusieurs routes mèneront au crémy.
Et en effet, la carte propose plusieurs options. D’abord un chemin qui traverse les bois puis serpentent tout le long du mont pour finir assez proche du sommet. A priori plutôt, long, mais qui devrait être sans embûches à part les chutes de crèmes. La deuxième option est de commencer par contourner le mont pour se retrouver du côté de la mer. Là-bas se trouve un ancien chemin de randonnée, plutôt difficile, avec beaucoup d’escaliers artificiels qui permettent de monter presque en ligne droite jusqu’en haut de la montagne. Plutôt court par rapport au premier, mais bien plus physique. La dernière option est de compter sur le réseau de galeries. Yamamoto explique qu’elle sait qu’il a été creusé par humains et pokémons à l’époque où cet endroit était exploité en tant que mine de sel. Les galeries semblent plutôt labyrinthiques, ce qui pourra rendre l’arrivée à proximité de leur objectif plus complexe, mais les protégerait des chutes de crème.
- Je vous laisse décider, dit l’agente. Je vous ai entraînés dans cette histoire sans savoir à quoi nous pouvions nous attendre, dîtes-moi ce qui vous conviendrait le mieux.
Pendant qu’elle laisse ses volontaires décider, Yamamoto observe les alentours. Elle remarque que quelques pokémons oiseaux volent désormais à proximité de leur position. Peut-être est-ce d’entendre la voix de leur maître qui les a attirés. Au moins ils n’ont pas l’air agressifs. Rassurée, elle reporte son regard au niveau du sol… Oh non. Un chartor les regarde, venant d’émerger derrière un buisson. La première chose qui frappe Yamamoto est qu’il a les yeux ouverts. La seconde est qu’il semble chromatique : les trous de sa carapace ne montrent pas le rouge de feu en fusion habituel, mais un bleu glacial. Sa fumée n’est pas si grisâtre, plutôt blanche comme de la buée. Le pokémon s’approche un peu du groupe, Yamamoto a l’impression qu’il fait plus frais qu’avant, comme si une bise légère s’était levée. Avec un peu de chance, le chartor ne sera pas agressif… Songe-t-elle pile au moment où il durcit son regard, pousse un cri et se met à charger dans leur direction !
Modération:
Avec cette modération, on entre dans le feu de l’action ! Il revient donc à vous, joueurs, de choisir le chemin qui va être pris. Pour faire simple on va les appeler : 1. Montagne, 2. Mer, 3. Grotte. Vous pouvez décider entre vous sur le topic de l’event, ou en discuter dans le rp (seulement, comme il faut que les modérations avancent, je ne peux pas garantir que vous aurez beaucoup de temps pour discuter par ce biais. :x). Ensuite, vous voici face au premier pokémon agressif de l’aventure ! Ici aussi, vous avez plusieurs choix pour vous défendre : utiliser le pokémon prêté par Fighe (si vous souhaitez attaquer le chartor, donnez-moi juste une attaque à utiliser à la fin de votre post), ou tenter des actions inrp (je vous laisse extrapoler sur l’environnement tant que ça respecte : proche du laboratoire + orée d’un bois).
Comme je poste à la mi-journée passée, vous avez jusqu’au lundi 18 décembre pour répondre. Amusez-vous bien !
Je ne sais pas pourquoi, mais les remarques et les commentaires émis par le seul homme de notre groupe me rendent mal à l'aise. Ce sont des accusations, des railleries à peine déguisées, et elles m'entraînent vers un état de confusion et de questionnement progressif. Heureusement que le scientifique a de quoi me faire oublier momentanément son comportement étrange. Il essaie de nous expliquer, dans un langage simplifié, le phénomène affectant la créature crémeuse, et je me demande sérieusement pourquoi il s'acharne à le recréer alors que son savoir et ses ressources sont clairement incomplètes - chose qu'il avoue lui-même et qui me fait écarquiller brièvement les yeux.
Fighe est peut-être brillant, mais il manque de considération. Il ne pense pas aux conséquences de ses expérimentations, aux effets potentiellement néfastes qui en découlent. Sinon il aurait anticipé son échec et la perte de contrôle sur le crémy, et trouvé une solution avant que le commun des mortels ne soit impliqué.
J'écoute d'une oreille attentive ses propos suivants, tandis que j'observe le produit de dizaines, voire centaines d'heure de travail ; ces pokéballs étranges que je n'ose pas toucher, de crainte de les échapper et de les briser. Kyle ne se gêne pas pour en prendre une et je lui coule un regard désapprobateur. J'espère pour lui qu'il ne le regrettera pas. Sachant qu'il s'agit d'une expérience en voie d'être testée, je préfère m'en tenir loin.
Le professeur partage ensuite des renseignements précieux au sujet du crémy, mentionnant pour la première fois l'ingestion d'un cristal. Si c'est bien ce qui a provoqué sa formidable poussé de croissance, le retirer de sa masse gélatineuse ne conduirait-il pas à l'effet inverse ? Je m'anime un instant, prise d'un soudaine effervescence, mais une implacable logique me ramène aussitôt au calme : comment faire pour détecter le cristal et l'extirper sans finir asphyxiée, noyée par la crème qui le protège ? Même un pokémon aurait dû mal à s'y mouvoir et à s'en extraire, sa texture et sa densité rendant certainement tous mouvements plus difficiles, voire impossibles, à exécuter.
Je soupire doucement. J'entends la voix de Kyle me narguer une nouvelle fois. Je n'ai pas l'énergie de répliquer, préférant assouvir ma curiosité en ouvrant le placard qui me fait face et ce, malgré l'interdiction de le faire.
Le cri de Fighe survient trop tard. Le mien, en revanche, s'étouffe à moitié lorsque la pluie d'objets se renverse et me tombe dessus, avant de s'étaler par terre et de rajouter au chaos omniprésent de la salle. Je ne vois rien de ce qui se passe, aveuglée par le vif éclat de lumière bleue qui envahie mon champ de vision. Ma juste punition ? Perdre à jamais l'un de mes précieux sens ?
Je réussis à maintenir mon bras blessé à l'abri, mais cela me coûte un ou deux coups légers sur le crâne, et je constate, après une longue minute à battre des cils et à fixer mes pieds, que je récupère graduellement la vue sans avoir subi de séquelles.
- Je... Je pensais qu'il y avait peut-être un truc utile derrière...
La mine coupable, je me tourne vers mes camarades, avant de fixer plus intensément l'agente de police, cherchant son soutient et son approbation. Je sais que mon geste était irréfléchi, mais...
- Au moins, vous savez qu'elle a déjà une bonne durée de vie. Que je lance d'une voix plus ou moins confiante, au risque de m'attirer davantage les foudres de Fighe.
Yamamoto propose ensuite que je la garde en possession, chose qui me fait grimacer. Est-ce réellement une bonne idée ? Je n'émets pourtant aucune protestation, attrapant la fascinante gemme pour ensuite la glisser dans la plus large poche de mon pantalon. Elle déforme un peu le tissu et frotte au travers de celui-ci, agaçant ma peau. Mais c'est un maigre prix à payer pour transporter un objet utile.
Un plan sommaire est ensuite monté, avec trois options à essayer. Je me demande honnêtement laquelle sera la plus concluante, et il n'y a bien qu'une façon de le savoir. Sachant que je n'ai emmené aucun pokémon avec moi, je suis contente que l'on puisse m'en prêter un. Je suis aussi un peu gênée, car mes talents de dresseuse laissent à désirer. Va-t-on le remarquer ? Me juger ?
Involontairement, mon regard ambré se tourne vers Kyle. Lui ne lésinera sûrement pas sur les moqueries et les conspirations au sujet de mon incompétence. Un hurlement provenant de l'extérieur me fait tourner la tête vers la fenêtre la plus proche et je prends appui contre le mur de ma main libre lorsque je sens le sol trembler, mon équilibre n'étant pas ce qu'il y a de plus fiable en ce moment.
- Je me demande s'il souffre.
Je ne peux m'empêcher de questionner ce fait à voix haute.
Le moment venu, j'emboîte le pas à Yamamoto, tout en demeurant proche de Luna et d'Hotaru. Même si nous avons peu parler, l'impression qu'elle me laisse est meilleure que celle du jeune homme. Je lève un pouce à l'intention de la policière ; j'apprécie qu'elle ait vérifié l'état des lieux avant de nous faire sortir. Une attitude prudente, consciencieuse. Lorsque nous sommes enfin regroupés autour de Yamamoto, j'analyse le contenu de la carte qu'elle tient, gracieuseté de notre hôte temporaire.
- Je suis plus à l'aise en montagne et me sentirais davantage dans mon élément si je pouvais passer par les sentiers de randonnée. Au besoin, je suis capable de m'adapter à l'environnement et de trouver des détours sécuritaires. Là-dessus, je suis confiante. En revanche, la présence des coulisses me rend un brin nerveuse. Si je devais finir isolée, coincée entre deux coulées, je ne sais pas ce que je ferais. Ce n'est pas comme une couche de neige ou une plaque de glace. La gemme de strassie pourrait servir dans le réseau de galeries. Enfin, si je ne l'ai pas ruiné en ouvrant le placard... Si elle fonctionne encore, elle pourrait être utilisée comme une source d'éclairage naturelle ? Je peux la donner à celui ou celle qui prendra cette route ?
Si quelqu'un choisit les souterrains. Je m'apprête à énoncer mes incertitudes quant à l'idée de nous séparer, prônant plutôt une approche d'équipe et d'entraide, lorsqu'une drôle de tortue émerge d'un buisson et s'avance à notre rencontre. Prise d'un incontrôlable frisson, je me frotte le bras. Je remarque à peine la volute de condensation qui s'échappe d'entre mes lèvres lorsque j'expire, mon esprit ne faisant pas le lien entre le soudain refroidissement de l'air et la présence de cet étrange pokémon. Même s'il n'a pas l'air hostile, j'esquisse un pas vers l'arrière.
- Vous savez ce que... Ah !
Voilà que la tortue charge sans avertissement ! Je m'écarte brusquement, manquant de m'éclater par terre, et j'entraîne avec moi la personne la plus proche. Lorsque je la relâche, je me mets à courir en direction du boisé. Une réaction spontanée. Mais plutôt que de fuir, je récupère un morceau de branche cassée, et je reviens sur mes pas en la brandissant. Si le reptile décide de foncer vers moi, je m'en servirais pour le tenir en respect, sans toutefois chercher à le blesser.
- Il n'a pas l'air très rapide ! Je suis sûre que nous pourrions le semer facilement entre les arbres. Quelqu'un pour attirer son attention ?
Il a des petites pierres par terre, à proximité. Je peux aisément m'en saisir et en lancer une pour le distraire. À moins d'essayer de viser le trou dans sa carapace et qui lui permet d'éjecter cette fumée blanchâtre et opaque. Mais est-ce seulement prudent que de le provoquer et de l'attaquer ?
Feat Kyle Dauphin, Hotaru Ishikawa et Masa Kobayashi
"Il est juste con ou il le fait exprès ?" Voilà le genre de pensée qui traversait l'esprit de Luna à chaque fois que le seul homme du groupe (Kyle apparemment) ouvrait la bouche. Très vite, la jeune femme décida de l'ignorer ; ça valait mieux pour tout le monde (surtout pour lui). Sa priorité était d'aider le Crèmy, pas de déclencher une bagarre, alors tant que l'autre ne leur mettait pas de bâton dans les roues, il pouvait bien continuer à jouer au con avec ces histoires d'acteurs...
Le professeur expliqua le phénomène de dyna.. dynamix... di.. géantisation des Pokémon. Pour faire simple, Luna comprit qu'on surchargeait énergétiquement le Pokémon et que c'était ça qui le faisait grandir. Après quelques minutes, le Pokémon était censé retrouver une taille normale. D'où sa proposition d'affaiblir le Pokémon. Bien qu'elle se ravisât, la policière sembla néanmoins approuver l'idée... de même que le scientifique. Étonnant. Autre fait étonnant, il disait ne pas aimer que ces Pokémon souffrent. Cela le fit remonter un tout petit chouia de rien du tout dans l'estime de Luna. Cela n'enlevait rien au fait qu'il avait merdé avec son expérience et qu'il aurait dû y réfléchir à deux fois avant de mettre son Pokémon (et les autres vivant aux alentours) en danger.
C'étaient donc bien des Pokéball qui flottaient dans l'évier. Luna reposa l'étrange objet délicatement ; elle n'avait nullement l'intention de l'abimer ou de s'en emparer, contrairement à l'abruti de service. En réaction à une potentielle nouvelle expérience de Fighe, la demoiselle faillie laisser s'échapper un "J'espère que cette expérience sera sans danger cette fois" amer. Fort heureusement, la jeune femme se retint au dernier moment (ce n'était pas le moment de provoquer le professeur qui était coopératif) et la pique ne sortit pas de sa bouche.
Au début, le Capumain ne semblait pas comprendre ce que Luna essayait de lui dire, quand survint un déclic. Sur ces quatre pattes, il présenta sa queue à Luna avant de la faire tourner. La jeune femme ressentit même un petit courant d'air agréable tellement il la faisait tourner rapidement. Qu'est-ce qu'il essayait de lui dire ? Qu'il fallait faire tourner le Crèmy pour l'aider ? Ou qu'eux-mêmes, les humains, devaient tourner pour conjurer l'expérience ? Luna n'était pas sûre de tout comprendre, mais bon, l'indice était quand même bon à prendre. Peut-être que ça aura son importance et qu'ils comprendront le moment venu.
Une fois que le singe eut fini sa démonstration, Luna se redressa. Elle osa une petite grattouille sur la tête de l'animal, tout en le remerciant pour son aide.
Elle écouta les explications sur le cristal en silence. Au moment où elle allait émettre une nouvelle hypothèse, une remarque de Kyle attira son attention et elle se tourna vers lui et Masa. La rousse s'apprêtait à ouvrir le placard. Soudain, le blanc total. Ou plutôt le bleu total. Le flash lumineux avait totalement aveuglé la jeune femme qui, dans un réflexe malheureux, détourna le regard en fermant les yeux, bien qu'il fût trop tard pour éviter la cécité temporaire. Ce brusque mouvement couplé à la perte de repère visuel firent perdre l'équilibre à la demoiselle, qui atterrit cul en premier sur le sol. C'est donc assise par terre, en espérant que personne ne lui tombe dessus, qu'elle attendit de retrouver la vue. Cela vint progressivement, après presque une bonne minute.
Pendant que la policière récupérait la gemme et la donnait à Masa, Luna se remit debout, tout en se frottant les fesses, légèrement endolories par sa chute.
En entendant les propositions évoquées par la flic, Luna ne put s'empêcher de proposer quelque chose concernant leur deuxième option :
- Pour le cristal... J'ai l'impression que le Capumain voulait nous dire qu'il faut faire tourner quelque chose. C'est peut-être le Crèmy ? Pour lui faire... "expulser" le cristal ? Ou quelque chose du genre...
Elle n'était pas trop sûre (pas du tout même) de son hypothèse, mais bon, sur un malentendu...
Quand le cri du Pokémon crème retentit, faisant tout trembler, Luna ne put s'empêcher de jeter un coup d'œil vers la fenêtre, inquiète.
- Vu le cri, on pourrait facilement le croire, oui.
Puis, le professeur expliqua quelque chose sur un champ de force ou quelque chose du genre qui sépare les Pokémon d'ailleurs des Pokémon d'ici. Le bébé chouia d'estime gagné précédemment par le professeur venait de disparaitre. Elle accepta tout de même volontiers la Pokéball tendu par le scientifique en le remerciant.
Par contre, elle ne savait absolument pas ce qu'était un Berserkatt. Ni quelles attaques il pouvait bien connaitre. L'espèce ne devait pas être originaire de Kantô, Luna n'en avait jamais entendu parler. Elle espérait simplement que la créature soit plus docile et obéissante qu'Anzû, son Piafabec, sinon, elle craignait le pire. Mais bon, elle verrait bien le moment venu.
Lorsque la policière les invita à la suivre, Luna lui emboita le pas, marchant à côté des autres femmes du groupe, laissant volontairement l'homme à l'écart.
Le petit groupe s'arrêta à l'orée d'un bois... ce qui n'était pas pour plaire à la jeune femme. Elle ne cessait de jeter des coups d'œil inquiets en direction des arbres. Elle s'attendait à voir débouler, d'un moment à un autre, un insecte paniqué par les coulées provoquées par le Crèmy. Elle était tellement obnubilée par sa peur, qu'elle ne remarqua même pas l'intervention de Fighe. Elle ne porta attention à la carte que lorsque la policière leur demanda leur avis. Elle y jeta un rapide coup d'œil pendant que Masa s'exprimait.
- Je n'ai pas de compétence particulière, alors j'ai pas de préférence sur le chemin à prendre. Juste, si on pouvait éviter un maximum la forêt, ça m'arrangerait...
Très rapidement, l'attention de la demoiselle se reconcentra sur le bois... et, alors qu'un frisson la parcourrait, sur la tortue qui venait de sortir d'un buisson. Tortue qui, sans prévenir, se mit à charger.
Instinctivement, Luna porta sa main là où elle mettait habituellement la Pokéball de son Salamèche... mais ne trouva rien, même pas sa ceinture sur laquelle elle accrochait habituellement les sphères bicolores. La salamandre était restée bien au chaud (et en sécurité) dans le Centre Pokémon. Elle ne pensa pas à vérifier la poche dans laquelle se trouvait la Pokéball du Pokémon prêté par Fighe.
Il fallut quelques secondes avant que Luna ne sorte de sa paralysie et se jette sur l'herbe bordant le chemin sur lequel ils se trouvaient pour esquiver l'attaque. Tâtonnant autour d'elle pour trouver de quoi se défendre, elle trouva quelques glands et cailloux. Elle en ramassa rapidement une poignée. Tout en se relevant, pour se préparer à esquiver une nouvelle charge, elle répondit à Masa :
- Je propose que l'autre qui se croit dans un jeu serve d'appât pendant qu'on se barre par les tunnels. Pour éviter de proposer de passer par les bois, évidemment. Puis, tout bas, elle ajouta : Au moins, il servira à quelque chose.
Blaguait-elle ? Pas vraiment puisqu'elle commença à jeter des glands et des cailloux aux pieds de Kyle, pour attirer la tortue sur lui.
Hotaru en venait à comprendre cet adage : ne jamais rencontrer vos héros. Certes, celui qui était bien une personne connue n'avait rien d'une emblème d'héroïsme pour elle, mais le principe demeurait un peu à cause de son statut de célébrité. Maintenant qu'elle se souvenait de l'émission dans laquelle elle l'avait vu, l'adolescente supposait que la boucle était bouclée. Ce Kyle était l'épitome de ces gens qu'elle n'appréciait pas et elle décida vite de s'en désintéresser. Il y avait plus pressant et, vu son attitude désinvolte, elle ne le voyait pas être utile. Pour sa propre sécurité et cette drôle de mission dans laquelle elle avait atterri, il valait mieux qu'elle reste proche des deux femmes. Bien qu'il était franchement difficile pour elle de retenir ses soupirs agacés et ses yeux qu'elle voulait lever au ciel aux nombres de stupidités que l'homme semblait capable de débiter à la minute.
Un autre qui n'arrangeait pas son cas : le professeur Fighe. Il n'y avait pas de miracle, elle supposait. On ne changeait pas une personne aussi arrogante qui même en situation de crise n'était pas capable de sortir sa tête de son fessier de génie pour assumer les conséquences de ses actes. Au vu de sa responsabilité - totale - dans l'histoire, il aurait pu mettre de côté son attitude quand il daignait se rendre utile. Il aimait tellement s'entendre parler qu'il finissait par noyer les informations importantes dans des détails qui leur faisaient perdre du temps. La jeune femme à la remarquable chevelure bleue - Luna - se montrait bien plus efficace alors qu'elle n'avait pas passé tout son temps comme lui à étudier le phénomène. Ca en disait long sur le bonhomme. La seule chose qui lui redonnait des points était son intérêt pour le bien-être de son Pokémon. C'était le minimum mais il fallait bien lui reconnaitre une qualité.
Dehors, au milieu du chaos, de nombreuses créatures tentaient de trouver des abris ou de fuir. L'adolescente esquissa une grimace désolée pour eux. Il y en avait beaucoup qu'elles ne reconnaissaient pas, le scientifique possédait une jolie collection. Leur comportement était un peu étrange mais rien d'anormal vu ce qu'il se produisait. En voyant un oiseau sombre s'arrêtant net à plusieurs mètres du sol avant d'effectuer des mouvements manquant de sens, elle se questionna sur la présence d'un obstacle invisible. Une barrière ? Elle visualisait le genre de mécanisme utilisé dans les jeux vidéos pour forcer les joueurs à s'affronter. L'agitation autour d'elle lui fit oublier cette question mais pas la suivante. Si les informations qu'elle avait obtenu étaient intéressantes - bien qu'accompagnées encore une fois de trop arrogance -, elle n'eut pas le temps de trop y réfléchir. Dans le désordre du laboratoire, leur groupe peinait encore à se mettre au diapason. Trop de choses se passaient en même temps.
Un flash lumineux fut le plus flagrant. Hotaru se protégea les yeux par réflexe. La curiosité la poussait à regarder de derrière son bras, avec ses yeux plissés, mais elle ne voyait pas grand chose. Il fallut un peu de temps avant qu'elle ne puisse discerner une orbe, déjà décrite avec agacement par le professeur. Au moins, ils avaient fait une trouvaille et il y avait quelque chose de satisfaisant à voir Yamamoto la réquisitionner de force à cet homme agaçant.
Après toutes ces péripéties, le sérieux revint sous la commande de l'agente. Elle avait monté un plan que Hotaru approuva, faute d'avoir quelque chose de plus intelligent à proposer. La réalité de ce qu'ils allaient faire s'installa un peu plus quand elle reçu une ball. Celle d'un Sucroquin, un Pokémon qu'elle ne connaissait pas. Il faudrait néanmoins faire avec. Au pire, elle supposait qu'il serait capable de prendre une décision si elle lui demandait d'attaquer. Yotsuba n'était pas toujours dépendant d'elle quand ils tombaient sur un Pokémon hostile.
Après d'énièmes préparatifs et actions prudentes, ils se mirent en route. Une tendance semblait se créer dans l'équipe : les filles restaient ensemble. La starlette devait avoir réussi à taper sur le système de tout le monde et Hotaru fut soulagée de savoir qu'elle n'aurait pas à faire d'efforts particuliers à son sujet pour éviter d'être jugée dans un moment inopportun. Naturellement, elle se sentait de toute façon plus à l'aise auprès de Masa et de Luna. Ils se dégageaient d'elles une maturité rassurante et leurs atouts étaient régulièrement mis en lumière. Quand Masa évoquait le chemin de montagne, il était évident qu'elle en savait un paquet sur le sujet. La montagne parait être le chemin le plus direct et au moins on ne prendrait pas le risque de se perdre dans les grottes. Ils auraient l'air fin si ils finissaient coincés sous terre et devaient être eux aussi secourus. Ils n'avaient pas non plus beaucoup de temps au vu de cette crème qui continuait de s'étaler partout. Qui savait en plus combien de temps tiendrait ce pauvre Crémy ?
Et puis, la situation devint plus chaotique encore. Un Pokémon jaillit de nulle part et Hotaru eut une forme de chance en étant dans le chemin de Masa quand elle esquiva l'approche de la créature. L'adolescente trébucha et eut tout le temps d'observer le potentiel ennemi qui allait dans l'autre direction. Un peu choquée, elle n'eut le réflexe de se redresser que lorsque les deux femmes prirent des positions d'attaque et échangèrent sur une stratégie. Elles arboraient des armes de fortune qui auraient presque pu rendre cette vision comique. Presque. Le Pokémon dégageait de la chaleur et elle se doutait qu'il ne ferait qu'une bouchée d'humains sur son territoire. On ne pouvait pas vraiment lui en vouloir, il devait être terrifié. Hotaru se pressa en entendant la stratégie discutée. Elle n'était pas assez athlétique pour ça et, sincèrement, elle n'était pas non plus assez sympathique que pour critiquer ce que Luna était en train de faire. En d'autres temps, elle aurait sans doute pu en rire. Là, elle s'assura plutôt de rester près des autres. Mais si on passe par les tunnels on risque encore plus d'être pris par surprise par des Pokémon. Et ça risque d'être galère pour fuir. Alors que la montagne offrait au moins des abris, ainsi qu'un vrai point de vue sur l'environnement par endroits. Il y a bien sûr la possibilité de combattre mais cela se ferait à un prix qui serait peut-être trop lourd à payer une fois qu'ils arriveraient assez proches du Crémy. On peut pas vraiment se permettre de sortir les Pokémon du prof si c'est pour qu'ils soient épuisés une fois en haut. Bordel, il aurait quand même pu penser à une solution pour rappeler ses Pokémon en cas d'urgence si il est si malin que ça. Râla-t-elle. Par extension, il leur aurait aussi facilité la tâche.
Kyle ne comprenait pas tout ce que racontait ce professeur fou digne des nanars du cinéma, il décida donc de ne pas l’écouter. Il ne l’écouta seulement que quand il annonça les pokémon que renfermait les pokeball aux formes étranges : celle de Kyle renfermait une Steelix. En entendant l’espèce que renfermait la pokeball, il la lâcha sans ménagement, il n’aimait pas les Steelix, ce n’était qu’un amas de métal, il n’aimait pas plus sa pré-évolution : Onix, un tas de pierre difforme. Le coordinateur avait horreur de ces pokémons non animal ou végétal, même s’ils sont originaires de Kanto.
Son avertissement ne servit à rien, la rousse ouvrit le placard, et par miracle elle réussit à le faire. Drôle d’escape game se dit le candidat de téléréalité. Une lumière bleue aveuglante les rendit aveugle pendant un certain temps. Lorsqu’il put revoir, Kyle vit qu’une partie des actrices étaient au sol. Il secoua la tête se disant comment pouvait-on jouait aussi mal. Le scientifique expliqua qu’il s’agissait d’une source de lumière, merci on l’avait bien vu, et qu’elle était censée durer longtemps. La flic remit la gemme à la rouquine, bien que le prof ne le souhaitât pas. Yamamoto proposa soit de capturer le Crémy avec la pokeball donner par le scientifique, soit de retirer la gemme soi-disant responsable de son gigantisme, soit de le combattre pour lui faire perdre son énergie. En attendant la dernière proposition, le blond commença à se dire que cet escape game devint intéressant. La flicaille demanda également si on possédait des pokémons. Simplement parce qu’un pokémon stupide a fait tourner sa queue, une des filles proposa de le faire tourner pour faire sortir la gemme.
"Qu’est-ce qu’il ne faut pas entendre. Faisons-le danser pendant qu’on y est ! Non, la seule bonne solution c’est le combat. Et j’ai avec moi les meilleurs pokémon, il n’aura aucune chance face à moi."
Fighe expliqua qu’il était impossible d’utiliser d’autre pokémon autre que les siens, une soi-disant barrière ou quelque chose du genre, Kyle n’en comprenait rien. Tout ce qu’il comprit, c’est qu’on lui remit une pokeball renfermait un Zarbi O. Kyle ignorait ce qu’était un Zarbi O puisqu’il n’était pas issu de la région de Kanto. C’est à ce moment que le robot Crémy émit ce qui ressemblait à un cri, un faux cri qui fit croire aux filles que le pokémon souffrait. Mais putain, comment un robot pouvait souffrir. Le sol trembla aussi, Kyle dut reconnaître qu’il y avait les moyens dans cet escape game. Le sol trembla tellement qu’il tomba, il se releva un peu honteux, espérant que personne ne l’avait vu.
Il était temps de sortir, enfin. Tous les quatre, puisque l’autre seul homme était resté bien au chaud dans le faux laboratoire, prirent la route vers la forêt. Kyle remarqua que les filles s’étaient éloignées de lui, sûrement pour s'émettre d’accord sur la suite du scénario. A l’orée de la forêt, Yamamoto leur proposa soit de continuer via les bois, soit prendre un chemin de randonnée montagneux ou bien explorer les galeries. La forêt ne sembla plaire à personne, seul le chemin montagneux trouva grâce aux yeux de ses partenaires. Or, il n’est pas né de la dernière pluie, il n’y avait qu’une seule solution au vu des indices.
"Etant donné qu’on nous a donné une source de lumière, la réponse à cette énigme est simple et évidente : les galeries !"
En guise de réponse il y eut comme un courant d’air froid, et un drôle de pokémon sortit des bois, faisant peur aux filles. Heureusement qu’il y avait un homme, un vrai dans ce groupe de gonzesse. En voyant le bâton qui brandissait l’une comme s’il s’agissait d’une épée ou l’autre qui lançait des cailloux et des glands sur lui pour qu’il serve d’appât.
"Vous me faites rire. Il suffit de le combattre. Epona, c’est à toi ! "
Kyle sortit une pokeball lui appartenant, son Tiboudet en sortit, mais y rentra immédiatement.
"Mais quel con celui-ci ! Jamais vu un pokémon aussi lâche ! Ce n’est pas grave, j’en ai d’autre."
Il appela un à un ses différents pokémon, mais aucun ne resta, tous rentrèrent dans leur pokeball aussitôt appelé sur le terrain. Il semblait avoir oublié ce qu’avait dit le professeur. Il ne lui restait qu’une seule solution : le fameux Zarbi O. Ce pokémon était donc pas très grand, noir et blanc, avec un œil unique, et on pouvait s’imaginer que c’était la forme de la quinzième lettre de l’alphabet. En le voyant, le seul homme du groupe trembla de tous ses membres, fit un mouvement en arrière et ravala sa salive comme s’il avait peur. Il se ressaisit assez vite. Ne sachant pas de quel type il s’agissait, il ignorait les attaques qu’il pouvait posséder, il tenta alors une attaque de base connue par la majorité des pokémon :