- A vrai dire Madame Amicitia, et avec tout le respect que je vous dois à vous, votre famille et à votre fils, je crois bien que si j'avais pu le garder pour moi encore un peu plus longtemps, j'aurais sans doute pu trouver un meilleur moment et un meilleur endroit pour le faire. avoue Zelliel. Le faire chez vous n'était pas du tout prévu, et je ne voulais surtout pas vous incommoder ou vous causer du tracas, voire du tort. s'excuse-t-il.
- Ce n'est pas tant la question de savoir si oui ou non nous avons eu à souffrir d'une quelconque ambiance un peu malaisante, enchérit ma mère, mais c'est plutôt que de vous voir vous tourner autour, aussi maladroitement, et de voir qu'il y en a au moins un des deux qui n'est pas du tout prêt pour ce genre de situation... ça me fait me poser plein de questions, vois-tu ?
- Bien sûr madame.
- Oh et ne m'appelle pas madame, voyons. Zelliel, c'est moi, Stella, la mère de ton plus proche ami ici sur Parmanie. Je ne suis ni plus ni moins qu'une maman, et très certainement que la tienne tiendrait le même discours si Leo devait faire la même chose que toi. verbalisa-t-elle.
- Mamaaaaaaa~an...
- Vous avez raison, Stella. se corrige le beau brun aux yeux bleu lagon. Mais vous avez au moins mon sentiment sur vote question. Je pensais pouvoir garder ça pour un autre moment, ne pas infliger trop de questions ni trop de doutes à votre fils, en pleine période de rush pour sa nouvelle activité au sein de la pension.
- Et je suis contente de savoir que tu portes autant de considération au bien-être de mon fils. admet-elle. Mais, vraiment, chez les Amicitia, il ne faut pas se retenir ni même jouer le chronomètre. C'est du tout ou rien, nous vivons dans l'instant, dans la fugacité du moment, et dans l'adrénaline de l'imprévu et de l'incongru. commence-t-elle à idéaliser. Alors fonce, Zelliel ! Fonce !
- Bon, ça suffit maintenant !? rouspèté-je de tant de frustration de ne pas pouvoir en placer une. J'ai le droit de parler moi aussi à la fin ? c'est trop te demander de laisser au temps de faire les choses, et de ne pas encourager ce type de déclaration, sans y réfléchir ne serait-ce qu'un peu plus sérieusement ? C'est fou çaaaaa~a... fulminé-je.
- Je crois avoir toucher une corde sensible... soit. se retient-elle au final. Mais revenons-en à cette histoire de nouvelle activité à la pension : tu penses t'y prendre comment pour attirer les clients, ou ne serait-ce que pour médiatiser ton intégration au programme du « Pokémon for Life » ? Tu as pensé à mettre à jour ton site internet ?
- Eh bien... j'avoue ne pas y avoir pensé... réponds-je avec crédulité.
- Eh beh ! C'est bien beau de me faire la morale, mais quand il s'agit de prévoir des choses sur le tard, il n'y a plus personne à cette heure-ci... hi hi hi ! pouffe-t-elle de rire.
- Ouais bah il est tard, justement, et j'aimerais bien aller me coucher et me reposer. Cette soirée a été rude en émotions. Si vous voulez bien m'excuser. Zelliel, on se voit plus tard ?
- Comme tu voudras Leo. Bonne nuit ?
- Bonne nuit. Maman, à demain. dis-je en partant.
- Et même pas un bonne nuit ou même un bisou pour ta petite maman d'amour ?
- ...cours toujours ! réagis-je au loin.

Je suis empreint de sentiments et d'émotions contradictoires.

D'un côté, je suis incroyablement excité de ce qu'il s'est passé entre Zelliel et moi. Je n'avais pas vu imaginer situation plus cocasse que celle-ci, et pourtant, elle est arrivée. Certes, il 'a quand même pris par surprise, ne sachant pas réellement le timing de sa tentative de rapprochement. Mais il faut souligner qu'il a pris le taureau par les cornes, enfin, son désir du moment par la nuque, et a enfin franchi le pas. La décharge d'adrénaline dans mon corps avait été soudaine et bien plus forte que je ne l'avais prévu, au point de m'en faire perdre mon équilibre, mes appuis, mes repères, et mon sens des réalités. J'en avais eu le souffler couper de bonheur, et à la fois d'un relâchement nerveux propice à ce que je ne pus encaisser la totalité du choc émotionnel que je venais de recevoir. Ma tête devait avoir rougi d'une température interne folle, et si l'on pouvait me prêter des traits de bandes dessinées ou de film d'animation pour enfant, probablement que mes oreilles auraient rejeté de la fumée telles les locomotives à vapeur.

Il en faut pourtant beaucoup pour me déstabiliser, mais la tension que cette soirée possédait, avait réussi à me faire chavirer dans les extrêmes en très peu de temps. Tout d'abord, l'agacement, le sentiment d'injustice de cette pseudo dispute avec mon meilleur ami, sur fond d'une presque jalousie envers l'attention et les efforts que nécessitent mon travail ; la double peine de devoir une nouvelle fois se justifier de la présence d'Angelo dans cette fameuse boite de nuit, là où rien ne s'était passé de plus que la simple mène d'une mission par le musicien blond, pour le compte de son patron ; l'extrême acuité sentimentale de ma mère, capable de détecter un mensonge à des kilomètres à la ronde, et de déceler la moindre étincelle de désir ou de frivolité comme personne ; l'intense discussion dans le vestibule principal de la maison encore une fois sur un fond de fausse jalousie à remédier et à écarter une bonne fois pour toute ; sans parler de ce dîner presque retors, pendant lequel les estomacs s'étaient noués d'eux-mêmes, de par un malaise presque classique.

Non, il n'y avait pas à dire. Cette soirée restera à jamais gravée dans mon esprit, en bien, mais aussi pour tout son lot de questions et d'inquiétudes qu'elle m'aura procurée au final. Je ne suis pas vraiment à l'aise avec l'idée de sauter le pas avec Zelliel. Notre relation était bien jusqu'à maintenant, nous n'avons jamais été aussi proches, et très honnêtement, je ne pensais pas qu'il faudrait en passer par là pour que tout soit encore mieux. Le peu de ce que nous avons entre nous me suffit, et je ne sais pas si je suis prêt à mettre de côté cette routine, cette facilité de contact et de confidence de l'un envers l'autre. Dois-je vraiment faire évoluer notre relation pour qu'elle soit plus stable ou plus stimulante ? Est-ce vraiment une bonne idée de tout vouloir envoyer bouler sur un simple baiser, des années et des années d'apprivoisement et d'aventures, ensemble et chacun de notre côté ?

Je monte dans ma chambre et me coupe du reste du monde dès lors que le loquet de ma serrure fait son petit clic m'alertant sur le statut verrouillée de l'ouverture. Je reste planté là, adossé contre le bois froid et légèrement terni par l'obscurité ambiante de la porte de la chambre. Je suis encore un peu abasourdi, sonné et un peu décontenancé de toutes ces questions qui apparaissaient dans mon subconscient. Jamais je n'avais autant douté d'une situation, et encore moins quand il s'agit d'une personne que je connais, que j'apprécie à un point plus fort que la plupart de mes connaissances de base. C'est tout nouveau pour moi, de me questionner sur la force de mes sentiments envers une personne, et de toutes les retombées positives ou négatives qu'ils peuvent avoir en un laps de temps donné, dans un contexte particulier.

A ce moment précis de ma jeune vie, il fallait que je me pose justement les bonnes questions : veux-je mettre en péril la relation que j'ai avec Zelliel pour une histoire d'attirance physique qui n'a été rendue possible que par la proximité émotionnelle entre nous ? Est-ce que ça vaut le coup de chambouler mon quotidien pour inclure une nouvelle personne dans mon rythme de vie, durement établi depuis ces quelques semaines, voire ces quelques mois ? Dois-je réellement mettre certaines parties de ma vie et de ma personnalité en berne parce qu'il y a une personne qui me fait sentir unique dans son monde et dans son propre quotidien ? Est-ce vraiment le bon moment pour parler d'amour, au lieu de simplement entamer un processus d'acceptation de sentiments et d'attraction et voir où ça nous mène ? Et s'il n'était pas réellement le type de relation que je souhaitais le concernant ? Et si nous n'étions que de véritables meilleurs amis, juste très curieux de ce lien que nous entretenons, au point de faire quelques expérimentations pour justement voir jusqu'où les limites se dessinent nous concernant ?

Je commence alors à faire les cent pas dans mon ancienne cage infantile. Je fixe la tapisserie de l'époque, toujours entretenue mais elle aussi légèrement ternie par l'obscurité ambiante de la pièce. Je me remémore certains passages de cette soirée. Puis je fulmine. Je souffle du nez par moment, et je souris dans d'autres. Je me passe la main dans mes cheveux, au plutôt, à fleur de toison capillaire courte et peu fournie. Je souris de nouveau bêtement, comme si les sentiments que j'avais perçu pendant cet échange labial me rendait tout chose, comme quand on est tout minot, et qu'on vit pour la première fois des sentiments d'amours, qu'ils soient purement physiques ou réellement psychiques. Je suis comme un adolescent, remettant en question toute sa vie dans l'instant, tout ça parce qu'un évènement non prémédité et totalement incongru s'est présenté, et qu'il en irait presque d'une affaire d'État que de la résoudre au plus vite.

Que faire ? Quoi penser ? Quoi dire ? Quoi décider ? Quelle était la bonne solution à cette affaire ? Comment plaider ma cause sans pour autant poindre vers un verdict trop brutal et définitif ? Y avait-il seulement une solution meilleur qu'une autre dans ce contexte de sentiments et d'attirance de deux corps, de deux esprits, de deux âmes ? J'ai bien peur que cette nuit soit disant reposante pour mes nerfs ne devienne une nuit blanche à penser à tous les scénarios qui se présenteront à moi pendant mon introspection casanière.

A cette période de l'année, les températures sont encore très clémentes, et la chaleur emmagasinée la journée parvient encore à perdurer dans les différentes pièces des étages. contrairement aux hivers rudes et humides, cet été fut plutôt sec et ardent, offrant alors le luxe de pouvoir passer les nuits fenêtres grandes ouvertes et avec le moins de textile possible sur le corps. Je ne suis pas un grand adorateur de la nudité, mais lorsqu'il s'agit de passer une nuit agréable, sans trop de contrecoup de la moiteur naturelle de ma peau qui se régule à même les filets d'air tièdes qui s’engouffrent dans la chambre, je n'hésite pas une seule seconde. Ni une ni deux, j'enlève les habits du haut, me retrouvant torse nu devant un grand miroir, qui était resté planté là depuis tout ce temps. La dernière fois que j'avais osé m'enorgueillir de sa présence, c'était l'époque où j'étais un athlète semi-professionnel, en plein devenir.

Cette fois, c'est un autre genre de gabarit que je vois se refléter contre la surface réfléchissante de l'objet. Un homme plutôt grand, plutôt bien bâti, à la ligne ni trop fine ni trop épaisse. Dans un jargon plus orienté salle de musculation, l'on peut dire que je ne suis ni trop sec, ni trop gras. Il faut dire que je prend un grand soin de ne pas négliger mon activité physique la journée, et qu'à peu près tous les moyens sont bons pour s’adonner à quelques exercices dans le courant d'une période de travail. Du gainage, dès que je dois prendre appui sur un objet qui me met en déséquilibre partiel ; des tractions, dès que je dois monter une échelle ou qu'il faut bouger des barres et autres matériels statiques trouvables en hauteur ; quelques exercices de ce qu'on appelle le « curl » dès qu'il s'agit de maintenir des items à pleine main, ou à l'aide de poignées ; et aussi l'incontournable de tout entrainement visant à consolider toutes les parties du corps, et je dis bien toutes, les « squats », ces flexions et extensions de tout le poids du corps sur les cuisses, les quadriceps, les mollets et les fessiers. Très honnêtement, je ne déteste pas le physique de celui que j'ai en face de moi, arborant les mêmes traits faciaux que les miens, et reproduisant exactement les mêmes poses et gestes que je décide d'enclencher dans ma tête.

Il faut croire que chasser la naturel, il revient très souvent au galop. Et l'attrait du sport en fait partie. Comme tout à chacun, il y a toujours ce petit quelque chose dans une journée qui, s'il ne se produit pas, ou s'il n'a pas l'occasion de s'exprimer, alors on passe une mauvaise journée. Ou du moins, une journée incomplète, insatisfaisante, contre-productive. Pour certains, c'est la musique, qu'elle soit simplement écoutée, ou chantée ; pour d'autres, on aura le fait de pouvoir passer quelques moments sur un outil multimédia ou un appareil numérique dernier cri ; et encore pour d'autres, on peut y décrire les danseurs, mes conteurs d'anecdotes, les faiseurs de blagues, les cruciverbistes, et encore certainement plein de type de personnes possédant ce petit truc en plus qui leur fait faire passer une excellente journée, peu importe son déroulement.

Eh bien pour ma part, c'est le sport qui me garde en vie, et qui me garde dans une humeur apaisée et productive. Déformation professionnelle ou simple habitude de vie qui en était devenu un art de vivre ? Il y a un peu des deux en cela.

Le sport, c'est comme une partie de mon ADN. Ça a toujours fait partie de moi étant tout petit, ça m'a suivi pendant ma jeunesse, mon adolescence, et ma vie de pré-adulte. Le sport, c'est comme un refuge, une terre d'asyle vers laquelle je me tourne quand quelque chose ne va pas. Le sport, c'est comme une sorte de loi toute puissante, qui équivaut à un droit universel, et qui m'octroie la possibilité et la légitimité de pouvoir évacuer un trop plein de sentiments négatifs, pour ne laisser plus rien derrière moi. Le positif en est le contrecoup pour un peu que les actions qui suivent cet exutoire en soient pourvues. Mais sur le principe, si je devais croire en un dieu unique, et s'il devait porter un nom, probablement que la dénomination de « sport » en serait le parfait exemple. Le libellé sacrosaint. La parole d'évangile du culte physique et cardiaque.

Je divague. Je suis toujours devant ce miroir, me laissant contempler une version de moi-même que, pour une fois, j'apprécie. Mais étrangement, ce n'est pas pour les mêmes raisons qu'il y aune bonne dizaine d'années. La forme physique n'est pas le principal détail entrant en jeu dans mon auto-appréciation, mais plutôt l'allure générale de l'homme que je contemple dans ce reflet. Ce bonhomme m'a l'air plus complet, chargé d'une tâche qu'il accepte de mener avec plaisir, mais aussi avec envie. Je vois une silhouette non pas plus massive, mais plus assurée. Une carcasse qui ne fait pas peine à voir, ni envie, mais qui dégage une normalité saine et solide. Comme une espèce d'ancienne projection de moi-même telle que je l'imaginais à l'époque.

Quelque part, une partie de mon moi d'avant est fière de ce que je suis devenu. Mais quelque part d'autre, plus enfoui, il reste une certaine partie de mon être qui a envie de plus. Qui sent que le chemin est encore long et plein de possibilités. Ce chemin même qui pourrait être l'une des raisons de ce revirement de situation avec Zelliel. L'envie de me découvrir sous de nouvelles inclinations ? De nouveaux angles de ma personnalité à explorer ? De nouveaux horizons à tester et à éprouver pour pouvoir en dégager une possible modification de routine ? Ce type que je vois dans le reflet du miroir m'inspire confiance, mais un peu de malice aussi. Un peut comme une entité mi-ange mi-démon. Capable du meilleur, comme du plus sournois. Et autant dire qu'à ce moment-là, ma tête commence à tourner de nouveau, et les pauvres pensées positives fugaces de mon introspection physique partent en éclat.

Je décide donc de gagner mon meuble de literie, afin de m'y reposer le temps d'un court instant, n'ayant pas particulièrement sommeil en définitive. Le sommier est toujours ajusté à la morphologie qu'était la mienne il y a de ça une quelques années maintenant, le matelas toujours aussi ferme et avec une fonctionnalité interne de mémoire de forme pour pouvoir s’accommoder de mes quelques courbes corporelles. Les oreillers eux aussi ont un système de maintien de la forme de la nuque et du crâne, et comme le confort n'a pas de prix, j'en possède deux, encore présents ici, en plus de ceux que j'ai dans la petite maison que je me suis faite construire sur le domaine de la pension. Je retrouve instantanément la quiétude physique et physiologique que je pouvais trouvé il y a des années et des années de cela. Mon lit était devenu comme une maison dans une maison, un abri de repli pour m'y ressourcer, et faire une remise à zéro des possibilités de mon corps et de mon esprit.J'arbore alors un sourire qui en dit long sur l'effet de la nostalgie et le pouvoir des habitudes d'une vie. Mon lit, ma chambre, mon espace sanctuaire, mon instant de repos et de répit.

Je me repasse alors quelques scènes dans ma tête. Tout d'abord, les quelques premiers mois à l'académie, celle de Parmanie bien évidemment. Ces quelques premiers temps en tant que professeur attitré de lettres et langues du monde. Ces quelques premiers pics de stress concernant ma faculté à pouvoir gérer des étudiants dans leur majorité ou plus, avec des projets et des aspirations futures. Ces quelques journées de doute et de malaise quant à savoir si oui ou non je ne m'étais pas trompé dans la voie que j'avais choisie, et si le sport n'était pas réellement tout ce dont j'étais capable. Ces quelques premiers mois de franche solitude fasse à mes manuels, fasse à mes notes, fasse à mes tas de copies à corriger ou à évaluer d'un simple commentaire ou d'une appréciation globale. Ces quelques premières opportunités de me faire un nom sur le campus, de graduellement faire mes preuves auprès des étudiants mais aussi du corps professoral, et de mettre un premier drapeau portant mon nom sur une toute nouvelle dynamique scolaire.

Puis je me repasse ce jour où j'ai rencontré Masa Kobayashi, cette jeune femme, rouquine, qui avait fait le voyage de depuis Paldea pour y voir une amie à elle. Cette journée où la fraicheur était clémente, et la brise plutôt apaisante et chaleureuse. Ce moment hivernal de fin de saison au cours duquel j'avais été intronisé au monde des Pokémons, des manifestations les concernant, et surtout, de la discipline de la prestation de coordination. Ce bout de journée qui marquait un tournant significatif dans ma propre vie de quidam parmi tant d'autres. Ce fameux jour où tout basculait de par un sauvetage in extremis d'un Pokémon rare et sacré du joug d'un propriétaire à la limite du pervers narcissique, prêt à malmener et à traiter ses compagnons comme du vulgaire bétail pour se faire un maximum d'argent sur leurs dos. Cette fameuse occasion imprévue de prendre position contre un homme qui se valait comme étant le fleuron de l'institution de le coordination, suscitant la stupeur d'un public encore abasourdi de tant d'incohérence et de violence dans le comportement et l'attitude d'un dresseur de Pokémons respecté et adoré de ses fans.

Puis vient le tour de ce tout premier concours de coordination, à Romant-sous-Bois, dans la région de Kalos. Mon tout premier voyage dans cette région, entièrement financée par les aides de la communauté d'organisation des concours et autres évènements de prestige faisant appel au vivier des dresseurs coordinateurs existants. Un voyage tout ce qu'il y avait eu de plus bucolique, pittoresque, atypique, et qui a marqué au fer rouge mon entrée de plein pied sur l'avant de la scène de la coordination.

Pour la première fois, j'avais défié le trac d'une entrée sur scène, pour y faire une représentation toute personnelle, qui reposait sur le vécu de mon partenaire, Draco, sous sa forme de Minidraco à l'époque, ainsi que sur mon vécu à son contact, lors de cette fameuse rencontre sur Parmanie pendant l'hiver de cette même année. Notre performance avait été brouillon, aussi loin que mes souvenirs m'emportaient, mais elle avait eu la sincère envie de toucher le public, de leur faire ressentir notre périple et toutes les difficultés que nous avions traversés Draco et moi pour arriver devant eux, avec un semblant de numéro à leur présenter, afin de mettre nos cœurs et nos émotions à nu.


Certes, notre exécution n'avait pas été des plus parfaites, loin de là. La narration des évènements étaient silencieuse et bien trop implicite pour être capté dès le premier coup d'oeil, sans qu'il n'y eut de petites conversations anodines au sein du public pour tenter de trouver des interprétations à nos actions, nos arabesques, nos déplacements, nos mouvements et nos mimiques faciales. Le rythme non plus n'avait pas été des plus professionnels, nous avions imaginé un semblant de synchronicité et de timing, assez pour nous laisser le temps de pouvoir enchainer nos actions sans qu'il n'y eut trop de temps de latence, pour ne pas que cela paraisse téléphoné et peu naturel. Nos costumes non plus n'avaient pas été pensé pour que nous eûmes paru sous notre meilleur jour, incarnant un personnage bien précis ou un concept tout particulier. La bande son avait elle aussi été très minimale, dans un style plutôt énergique mais modérément rapide, possédant des paroles chantées et des transitions entièrement jouées par des instruments.

Je me rappelle également que certains spectateurs avaient été quelques peu confus de par l'attaque Ouragan utilisée par Draco, qui n'avait pas manqué de faire un poil trop de bourrasques à l'intérieur de la salle de représentation, ce qui nous avait surement valu quelques points d'exécution en moins. Mais qu'importait, malgré notre niveau novice, nous étions parvenu à combler notre manque d'expérience par la véracité et la sincérité de notre proposition, pour l'impact et l'intensité des émotions que nous avions ressenties et véhiculées cette fois-là. Un premier ruban qui ne serait qu'un début de carrière vers bien d'autres par la suite.


Et puis le chemin du retour de ce concours, via le continent de Sinnoh, sur Floraville, pour un évènement printanier connu dans le monde entier, et que tous le fleuron de la fleur et de la nature s'arrachait pour pouvoir y assister. Encore un très bel épisode que celui-ci, qui m'aura permis d'y faire quelques rencontres intéressantes, dont une, que je retiendrai sûrement jusqu'à ce que ma mémoire ne flanche pour de bon.

Ma rencontre avec Basil Oersted, un dresseur coordinateur, mais aussi éleveur de profession. C'était avec lui que j'avais pu réaliser l'évènement printanier, intitulé « Le printemps des fleurs », dans la ville de Floraville et de ses alentours. Je me rappelle très bien ce moment, car j'étais encore accompagné de Draco, mon Draco fraichement évolué, et répondant plus que jamais parfaitement à son nom d'emprunt, et de Geshtinanna, mon Ortide encore forte de sa prestation sur scène avec son comparse draconique, qu'elle était parvenu à aider à évoluer à même le par-terre du concours de coordination. Certes, le ruban obtenu cette fois-là avait été au ras des pâquerettes, mais l'essentiel était que j'avais pu faire en sorte de véhiculer un bon sentiment et une bonne cohésion dans la scénographie. Certains diront qu'il y avait manqué d'un petit quelque chose pour rendre la performance encore plus pure et encore plus parlante visuellement ; d'autres iront de leur avis sur le fait qu'il manquait peut-être un ou deux accessoires supplémentaires pour faire passer encore plus de messages explicites quant aux différents enchainements de la scène qui se jouait devant eux ; et pour finir, les aficionados puristes de l'exercice de la prestation de coordination, vous diront sans doute qu'il y aurait fallu d'encore un peu plus de rythme, d'encore plus de respiration et de maitrise dans la mesure et dans l'enchainement des différentes phases de la pièce.

En bref, cette petite pause florale à Floraville avait été la bienvenue, loin de tout le tumulte et de la pression que représente cette branche du dressage impitoyable et superficielle au possible. Comment pouvais-je accepter de me donner en spectacle, presque en pâture, à tout ce public qui se faisait une joie de critiquer sans vergogne le moindre fait et geste choisi par mes propres soins. La prochaine fois, je leur ferai comprendre qu'ils feraient mieux de tenter de monter sur scène, et d'entreprendre un numéro à leur image, si vraiment ils se pensaient détenteur de l’objectivité absolue et du sens de l'esthétique ultime. Fulimnation à part de cette époque désormais révolue, c'était une activité sous la forme d'une chasse au trésor qui s'était offerte à nous, Basil, ses Pokémons, les miens et moi. Une chasse à la composition florale la plus originale, ou à défaut de pouvoir la confectionner avec le talent d'un fleuriste chevronné, du plus fourni et du plus qualitatif possible. Autant pour le blond que pour moi, ce thème ne nous parlait que très peu, même si Basil semblait plus à l'aise avec l'aspect naturel et végétale de l'animation à échelle humaine.

Pour ma part, j'avais trouvé l'évènement plus ou moins lent, un brin simplet, mais qui avait au moins eu le mérite de faire s'afficher des dizaines et des dizaines de sourires sur le visage des autres participants. Du moins, jusqu'à ce nous arrivâmes sur les lieux de ce qui deviendrait le combat le plus important de la saison pour Draco, Geshtinanna et moi. Un petit coin de clairière perdu dans les bois des alentours de la ville principale, au sein duquel se jouait un scénario aussi machiavélique que nauséabond.