Je me laisse aller à une réflexion plus pragmatique maintenant. Le recrutement pour la zone de reproduction de la pension, c’est une tâche délicate. Ce n’est pas simplement une question de compétence ou de passion ; c’est aussi une question de vision. Choisir les bonnes personnes pour ce rôle, c’est comme sélectionner des partenaires pour un spectacle : chacun doit avoir sa place, son rôle, mais aussi savoir s’intégrer dans un tout cohérent. C’est un défi qui exige à la fois discernement et intuition.

D’abord, il y a la capacité à observer. Ce n’est pas un simple poste administratif. Celui ou celle qui travaillera dans cette zone devra être capable de lire les comportements des Pokémon, de comprendre leurs besoins, parfois même avant qu’ils ne les expriment. Cela nécessite une sensibilité particulière, une sorte de lien télépathique avec eux, une capacité à anticiper les moments critiques d’une reproduction, qu’elle soit naturelle ou assistée. Il ne s’agit pas juste d’accompagner le processus, mais de l’enrichir, de l’optimiser. Ensuite, il y a la rigueur scientifique. Il faut connaître les cycles reproductifs des différentes espèces, leurs préférences, leurs conditions idéales. C’est un travail de précision, où chaque détail compte. Une simple erreur peut compromettre toute une portée. Il faut aussi connaître les pratiques vétérinaires de base, être capable de gérer des situations d’urgence, et savoir quand il faut faire appel à des experts.

Puis, il y a la gestion de l’espace et de l’environnement. La zone de reproduction doit être aménagée de manière à être accueillante pour les Pokémon, mais aussi efficace pour les différents stades de reproduction. Un coin tranquille pour les Pokémon plus timides, des espaces plus larges pour ceux qui aiment plus d’espace, des zones aquatiques, des terrains herbeux, des endroits où l’intimité est respectée. C’est un peu comme orchestrer un écosystème vivant, où tout doit être en harmonie. Il faut que chaque élément soit soigneusement pensé pour favoriser les conditions optimales. Mais ce qui est tout aussi important, c’est la passion. Il faut un vrai désir de comprendre, d'apprendre. La reproduction Pokémon est un terrain souvent négligé, car on se concentre davantage sur l’entraînement et les performances. Mais il est essentiel que la personne qui prendra ce rôle sache que chaque naissance est un événement. Il faut s’y engager avec un respect profond, un respect pour la vie qui se forme sous nos yeux, pour la magie du processus.

Enfin, il y a la capacité à s’adapter. Ce n’est pas un travail où tout se déroule selon un plan préétabli. Chaque Pokémon est unique, chaque portée, chaque gestation, chaque accouplement peut présenter des variables nouvelles. Il faut être prêt à ajuster ses méthodes, ses attentes, à faire preuve de flexibilité. Alors que mes pensées dévalent sur ces critères, un son familier me tire de ma réflexion : le vibreur de mon téléphone. Je jette un coup d’œil au petit écran et vois le nom de l’agence pour l’emploi de Parmanie. Un frisson m’envahit. C’est peut-être une bonne nouvelle… ou peut-être pas. Mais je suis déjà prêt à répondre. Je décroche, et une voix chaleureuse mais légèrement professionnelle se fait entendre de l’autre côté de la ligne.

— Monsieur Amicitia ? Oui bonjour ! Solène Dufresne à l'appareil, de l'agence pour l'emploi de Parmanie. Nous avons un profil qui pourrait vous intéresser pour la zone de reproduction de votre pension. Je peux vous en dire plus si vous avez un moment.

Je prends une profonde inspiration, avec un léger sourire. C’est peut-être le début de la prochaine étape pour ma pension. Je prends soin de faire signe à mes deux collègues que je m'extirpe de la conversation le temps de l'appel, ce qu'ils comprennent non sans mal.

— Bonjour, Solène. réponds-je en me redressant légèrement. J’écoute, je vous en prie.

La voix de Solène s’éclaircit, marquant une pause comme pour s’assurer que j’étais bien à l’écoute avant d’entamer sa présentation.

— Alors, nous avons un profil très intéressant pour vous. En fait… c’est un profil double.

Je hausse un sourcil, intrigué. Profil double ? Qu’est-ce que ça peut bien vouloir dire dans ce contexte ? Je ne dis rien pour l’instant, préférant écouter. Solène continue avec enthousiasme.

— Le dossier est impressionnant. Un suivi poussé d'une formation en éthologie Pokémon spécialisée dans les comportements reproductifs et les environnements adaptés. De l’expérience pratique, notamment dans la gestion de zones de reproduction en milieu tropical. Une expertise recommandée et attestée en la matière, et…


J’écoute attentivement, mais à mesure qu’elle parle, mon esprit s’embrouille. J’essaie de me figurer ce qu’elle veut dire par profil double. Un profil pouvant répondre à deux postes distincts ? Une seule personne avec une double spécialisation ? Une méthode de travail innovante ? Je finis par l’interrompre, légèrement confus, mais sans vouloir paraître impoli.

— Excusez-moi, Solène, je vous suis jusqu’à présent, mais je ne suis pas sûr de bien comprendre… Quand vous dites profil double, vous voulez dire quoi exactement ? C’est une personne avec des compétences complémentaires ou…?

La femme d'expérience rit doucement, comme si elle s’attendait à cette réaction.

— Ah, pardon, c’est vrai que c’est un peu inhabituel. Par profil double, je veux dire qu’il s’agit de jumeaux. Un frère et une sœur, originaires d’Alola. Ils postulent ensemble pour le poste, car ils ont toujours travaillé en tandem. Leur complémentarité est leur plus grande force.


Je reste un instant silencieux, digérant l’information. Des jumeaux. Ça, je ne l’avais pas vu venir. Déjà, travailler avec des frères et sœurs, c’est rare, mais des jumeaux qui postulent ensemble pour un rôle aussi spécialisé ? Je dois admettre que l’idée est fascinante, mais aussi un peu déroutante.

— Des jumeaux, répété-je finalement, plus pour moi-même que pour elle. Et ils sont habitués à travailler ensemble, c’est ça ?
— Exactement ! confirme Solène. Ils sont inséparables dans leur approche. Ils ont développé des techniques uniques qui se basent sur leur synchronisation naturelle. Par exemple, l’un est excellent pour analyser les interactions sociales et les besoins spécifiques des Pokémons, tandis que l’autre se concentre sur l’aménagement des environnements et la gestion des infrastructures. Ensemble, ils forment une équipe extrêmement efficace.


Je ne peux m’empêcher de sourire. Il y a quelque chose de presque poétique dans cette symbiose fraternelle. Et venant d’Alola, un environnement riche en biodiversité et en traditions Pokémon, ils doivent avoir un bagage culturel et scientifique impressionnant.

— Ça sort vraiment de l’ordinaire. dis-je en croisant les bras. Mais ça a l’air prometteur. Vous avez leurs noms ?
— Bien sûr ! Je regarde ça... très rapidement... répond la chargée de recrutement avec un léger ton de fierté. Ah ! Ikaika et Maile Mahina. Ils sont très respectés dans leur domaine, et leur capacité à se coordonner pourrait être un véritable atout pour votre pension.


Je prends une profonde inspiration. Les noms sonnent mélodieusement exotiques, et je peux déjà imaginer leur enthousiasme alolien insuffler un nouveau dynamisme à notre zone de reproduction. Mais avant de me laisser emporter, je sais qu’il faudra les rencontrer pour évaluer cette fameuse complémentarité de mes propres yeux.

— D’accord, je suis intéressé. Arrangez une rencontre avec eux, qu’on puisse discuter plus en détail.
— Très bien, je m’en charge. Vous ne serez pas déçu, j’en suis sûre. m'assure-t-elle comme une prophétie salutaire.


Nous concluons l’appel, et je reste pensif un moment. Les Mahina. Je n’aurais jamais imaginé que mon recrutement prendrait cette tournure, mais je dois admettre que l’idée de cette synergie gémellaire me plaît déjà.

Je raccroche doucement, un sourire intrigué aux lèvres. Alix et Hector me regardent, visiblement curieux de ce qui vient de se passer. Je repose mon téléphone sur la table avant de prendre une longue gorgée de mon jus de fruits, histoire de laisser planer un peu le suspense.

— Alors ? demande finalement Alix, incapable de contenir son impatience. C’était qui ?
— Solène, de l’agence pour l’emploi de Parmanie. dis-je d'abord avec un soupire satisfait, reposant mon verre et me rappuyant contre le dossier de la chaise, en croisant les bras. Elle m’a parlé d’un profil intéressant pour la zone de reproduction de la pension. Enfin, je devrais dire… « deux profils ».

Hector lève lentement un sourcil, toujours maître de son rythme.

— Deux… pour un seul poste ? murmure-t-il, chaque mot s’étirant comme s’il pesait le sens de la phrase.
— Attends, deux personnes ? enchérit la collègue avec des yeux pétillants de curiosité. Ils cherchent à partager le poste ? C’est pas courant, ça. Explique-nous.

Je fais mine de réfléchir, cherchant mes mots pour rendre la chose aussi captivante que je l’ai trouvée.

— Ce sont des jumeaux. commencé-je, laissant le mot résonner un instant. Ikaika et Maile Mahina, originaires d’Alola. Ils postulent ensemble, car ils ont toujours travaillé en tandem. Leur spécialité, c’est la gestion de zones de reproduction Pokémon, mais ce qui les distingue, c’est leur complémentarité. Ils ne se contentent pas de collaborer : ils fonctionnent comme une seule unité.
— Fascinant… Il est rare… que deux esprits… parviennent à une telle… harmonie. avoue Hector, lentement pensif.
— C’est vrai. acquiesce Alix. Ça me rappelle un peu certains duos de chercheurs ou même des couples d’artistes, mais là, on parle de lien familial. Les jumeaux ont souvent cette connexion particulière, non ? Ils doivent se comprendre sans même avoir besoin de parler.
— Exactement. hoché-je de la tête, en repensant à ce que Solène venait de me raconter. D’après elle, ils ont chacun leurs spécialités. Ikaika, le frère, est un expert en comportement Pokémon. Il sait observer, analyser, et anticiper les besoins des Pokémon, surtout en période de reproduction. Maile, sa sœur, se concentre sur l’aménagement des environnements et la logistique. Elle optimise les habitats pour que chaque espèce se sente à l’aise. je m'arrête un instant, comme pour me rendre compte de la complexité de la collaboration. Mais ce qui est vraiment fascinant, c’est leur synchronisation. Apparemment, ils n’ont même pas besoin de se consulter longuement. Ikaika capte un changement dans le comportement d’un Pokémon, et Maile ajuste l’environnement dans la foulée, presque instinctivement.
— Une véritable symbiose. admet-elle, en sifflant doucement pour faire part de son respect pour ce type de scénario. Ça doit être incroyable de les voir en action. Et toi, qu’est-ce que tu en penses ? Ça t’intéresse, ce genre de dynamique à la pension ?
— Franchement, oui. rétorqué-je en souriant, tout en réfléchissant à la question. C’est rare de rencontrer des gens qui partagent un lien aussi profond. C’est quelque chose que je recherche dans mon équipe, même si je ne l’ai jamais formulé clairement. À la pension, il ne s’agit pas seulement de compétences techniques, mais aussi d’une vraie sensibilité, d’un instinct presque. Ces deux-là, ils pourraient bien apporter une nouvelle dimension à notre travail.

Hector, qui sirotait son thé lentement, finit par parler, sa voix grave et posée donnant un poids particulier à ses mots.

— Tu touches là… à une vérité fondamentale, Leonis. Dans toute entreprise… qu’elle soit scientifique, artistique… ou même dans l’éducation des Pokémons… l’harmonie entre les individus… transcende la simple somme de leurs compétences. Ce que ces jumeaux offrent… c’est une rare alchimie.

Je médite un instant sur ses paroles, absorbant leur sagesse. La discussion dérive alors vers la nature des relations humaines et pokémons, et comment certaines connexions peuvent défier toute logique apparente. Alix évoque des exemples de dresseurs légendaires dont les Pokémons semblaient partager une compréhension tacite avec eux, tandis qu’Hector compare cela aux écosystèmes où chaque espèce joue un rôle interconnecté. Finalement, je ne peux m’empêcher de penser à ce que cela pourrait signifier pour ma pension. Si Ikaika et Maile sont vraiment aussi synchrones qu’on le dit, ils pourraient devenir une force motrice, non seulement pour améliorer nos processus, mais aussi pour inspirer toute l’équipe.