ALCHERINGA (nom propre): Le monde des rêves auquel les Périapses accèdent au cours de rituels révélateurs afin de chercher des réponses.

Pour protéger l’Arcadie cependant, leur mode de vie et leur gagne pain que représentait la fleur de pan et ses secrets, il serait cependant peut-être nécessaire d’avoir une force de frappe ou du moins, de dissuasion. Quand Aelius pensait à ses recherches sur l’hypostase, c’était véritablement pour comprendre d’où tout cela venait, les racines de leur religion. Il commençait cependant à entrevoir qu’il y avait vraisemblablement un autre dessein du côté de Qasar Winona, qui, là encore, faisait parfaitement sens. Si l’on pouvait reprocher certaines choses à la guide spirituelle et temporelle des Arcadiens, on ne pouvait pas lui nier son souci du détail et sa capacité à anticiper et planifier. Elle les avait après tout sortis de plusieurs moments difficiles suite à de mauvaises récoltes ou à des conditions climatiques difficiles, justement parce qu’elle avait prévu des alternatives.

Il n’était pas incongru et encore moins stupide d’imaginer que Winona anticipait de possibles velléités étrangères pour mettre la main sur l’île. Après tout, il y avait là des siècles d’histoire pour tout l’archipel. Des guerres tantôt fratricides, tantôt colonisatrices qui continuaient encore aujourd’hui et qui permettaient paradoxalement à l’Arcadie de continuer à se développer, servant de sanctuaire pour les Pokémon et humains blessés, cherchant refuge, ou profitant de cette terre sacrée comme d’un port de départ pour gagner d’autres régions en paix. L’Orient n’y connaissait pas grand chose en politique, encore moins en géopolitique. Néanmoins, il imaginait que l’interlocutrice des forces étrangères était forcément la Qasar. Et jusqu’à présent, qu’il y ait eu menace ou non, elle était parvenue à garder l’Arcadie en paix et, en plus, avait permis son développement qui promettait de devenir exponentiel une fois que les nouveaux projets d’infrastructure seraient mis sur pied.

La recherche sur l’hypostase et surtout ses conséquences sur les capacités des Pokémon n’était donc pas nécessairement par pure questionnement intellectuel ni même spirituel. C’était ainsi qu’Aelius l’avait envisagée et l’envisageait toujours, mais force était de constater qu’elle aurait aussi d’autres vertus. Ou vices. Tout dépendait, après tout, de l’utilisation qui serait faite des potentielles découvertes que ferait l’Orient une fois qu’il pourrait se concentrer exclusivement sur ces projets là sans avoir de comptes à rendre à personne hormis la Qasar.

Occupé par ses pensées, testant les ramifications des réponses qu’il avait déjà trouvées en Alcheringa, Aelius ne vit pas le temps passer et fut surpris de découvrir que les réparations de fortune étaient déjà effective pour bloquer l’accès au village de l’extérieur, et même que certains avaient commencé à ramener de gros troncs d’arbre depuis l’équivalent de la scierie du village afin de commencer le travail de la véritable reconstruction de la palissade. (442 mots)

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Ce village était véritablement primitif. Presque sauvage. En tout cas, sous-développé et moyen-âgeux, c’était certain. Autant de descriptifs que les étrangers utilisaient pour qualifier l’Arcadie. Et pourtant, il pouvait sentir l’unité de ses habitants et leur foi en le collectif et en Winona, capables d’abattre un travail titanesque en une après-midi à peine. Repartant de plus belle après avoir été menacés et attaqués. Un peuple fort et animés d’une rage de vivre qui était inimitable et surtout facilement reconnaissable. L’âme d’Arcadie. Il était donc naturel que l’Orient se sente plutôt bien en cette manifestation d’Alcheringa. Le monde des rêves ne recouvrait jamais vraiment la même apparence, pourtant, Aelius n’aurait pas dit non à visiter cet endroit précis chaque fois qu’il participerait au rituel à l’avenir. Il savait bien sûr, que ce ne serait pas le cas pour la simple et bonne raison que la nature même du rituel voulait qu’Alcheringa s’adapte aux questions que se posait le Périapse en son for intérieur pour lui apporter des réponses enfouies. En y pensant, il eut donc un petit pincement au cœur. En quelques heures à peine passées en ce lieu — tout au plus quelques minutes dans la vraie vie — il s’était semble-t-il attaché à cette peuplade. Il faut dire qu’il n’y avait rien de tel que de faire face à un agresseur extérieur, un ennemi commun, pour forger des liens profonds.

« Hey, Ael, on va aller aux vergers pour être sûr que rien n’a été pillé là-bas, même si ça devrait être bien protégé. » Ce minois, ces boucles rousses, ces tâches de rousseur, il l’aurait reconnue entre mille : Winifred se tenait devant lui, dépourvue de sa fidèle casquette dans le monde normal. Il était peu surprenant qu’en Alcheringa également, elle se préoccupe des champs. Même si en Arcadie, elle n’était pas responsable de la fleur de Pan, elle s’occupait des élevages, et c’était bien de là que provenait la nourriture consommée par les Arcadiens, notamment celle issue des élevages de gourmelets impotents, sans oublier les moumoutons et écremeuhs. La proposition piqua sa curiosité : le campement qu’il voyait autour de lui, la seule chose qui lui avait été donnée de voir pour le moment, n’était donc pas la totalité de l’installation, puisque Fred mentionnait des vergers qui visiblement ne se situaient pas ici et étaient également protégés. Sous-entendu, d’autres habitants se trouvaient ailleurs et protégeaient ces terres. (405 mots)

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« Yep, ça marche, je te suis. » C’était drôle car il ne s’autorisait pas à dire qu’il ne savait pas où se trouvaient ces fameux vergers, comme s’il risquait d’être repéré comme un imposteur et comme si cela allait changer quelque chose à la façon dont il était traité en Alcheringa alors qu’au fond, tout ceci n’était que le fruit de son inconscient, de son itération hypostatique qui prenait forme suite au rituel et à la consommation de la poudre rouge de fleur de Pan. Au fond, il aurait pu se mettre à insulter tout le monde ou à se comporter comme un enfant pourri gâté et exiger qu’on le traite comme un roi, cela n’aurait rien changé. Il n’aurait pas été jeté en prison, ni n’aurait été exilé. Simplement, il n’aurait pas eu accès aux réponses qu’il cherchait aussi facilement. Et maintenant, le voilà qui était curieux des réactions de tous ces avatars manifestés par son inconscient : que se passerait-il si… Tant d’hypothèses possibles et imaginables. Quelqu’un avait-il seulement un jour testé ? Peut-être cela mettait-il prématurément fin au rituel ? Auquel cas, le Périapse préférait ne pas tenter le diable car, après tout, il était venu ici pour trouver des réponses à ses questions et quand bien même il pensait déjà avoir les clés qu’il convoitait, autant s’en assurer un maximum avant son réveil. Le rituel n’était pas éternel. Il finirait par se réveiller tout naturellement. Peut-être en allant simplement dormir dans ce monde alternatif, ou bien en étant assommé, il y avait autant de possibilités de se réveiller qu’il existait de Périapses et de rituels. Cependant, la croyance voulait tout de même que mourir en Alcheringa était très mauvais présage. Certains disaient même que mourir en Alcheringa entraînait la mort dans le monde réel. Valait-il mieux ça ou ceux dont l’âme se perdait dans le monde des rêves, condamnée à errer pour l’éternité dans les limbes, sans jamais retrouver leur enveloppe corporelle ? Il frissonna en pensant à cela. Au lieu de tergiverser autant, il devrait simplement se contenter de suivre Fred jusqu’aux vergers afin de découvrir ce nouveau pan du monde alternatif. Il se demandait s’il y verrait des arbres ou des fruits totalement fantaisistes. Il y avait peu de chance sachant que les stocks qu’il avait déjà entrevus étaient tout à fait normaux. Néanmoins, il ne pouvait s’empêcher une pointe d’excitation à l’idée que son inconscient puisse conjurer des images parfaitement exotiques. (411 mots)

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« Allô Ael, t’es là ? T’as l’air tout perdu, et surtout, tu me suis pas. Je vais pas t’attendre hein, je veux vraiment aller vérifier pour avoir l’esprit tranquille, même si je sais pertinemment que Rayan a tout sous contrôle. » Fred agita plusieurs fois sa main devant les yeux de l’Orient qui les cligna rapidement et revint à lui, sortant de sa torpeur, pour lui adresser un petit sourire contrit. Rayan. Il y avait là un nouveau nom qui lui était parfaitement familier. Si Fred était dépourvue de sa casquette et de sa salopette dans ce monde alternatif, revêtant les simples vêtements de fortune comme lui, il se demandait à quoi le chimiste ressemblerait. Aurait-il ses lunettes ? Cela paraissait extrêmement peu probables tant le campement était rudimentaire. Maintenant, l’inconscient était peut-être — et même sans doute — capable d’anachronismes de ce genre, non ? Des incongruités étaient attendues quand on performait un tel rituel. Du moins, c’est ce qu’Aelius imaginait. Jusqu’à présent, si anomalies il y avait, il ne les avait pas aperçues. Par conséquent, soit il n’y en avait tout simplement pas, soit elles étaient assez subtiles pour ne pas être remarquées. Le test des lunettes serait peut-être la première confirmation d’anomalies éventuelles. Et ses tatouages, en aurait-il ? Cette question était plus épineuse car tatouer la peau, même dans des peuplades primitives dans le monde réel, c’était tout à fait possible. Peut-être pas avec la même délicatesse ni la même finesse, mais totalement réalisable. Ce qui était bien, c’était qu’il lui suffirait de poser les yeux sur Rayan pour être fixé : les lunettes seraient flagrantes, tant par leur présence que leur absence, et le fait qu’ils soient tous si peu vêtus dans cette peuplade rendrait la tâche d’autant plus aisée de voir si Rayan avait le cou tatoué ou non. Riant intérieurement de se passionner autant pour des choses si triviales en Alcheringa, Aelius se demanda ensuite quelle forme le tatouage prendrait s’il était bel et bien là. Les fleurs de Pan n’avaient pas l’air d’exister ici, ou du moins, pas sous cette forme. En tout cas, personne n’en avait parlé, or, si elles étaient là, il aurait semblé logique que son inconscient leur donne à nouveau une place primordiale. Le tatouage de Rayan dans le monde réel était justement une fleur de Pan, ou, disons, une des formes possibles de la fleur de Pan. Est-ce que ce serait différent ici s’il en avait un ? (412 mots)

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La tribu et Winona elle-même semblaient préoccupées par les vivres. Et c’était d’ailleurs ce que les ennemis, les soit disant « renégats » étaient venus chercher, sans surprise. Ces victuailles, il les avait vues de ses propres yeux dans l’espèce d’entrepôt, et il ne s’agissait que de fruits, légumes, baies, tout à fait communs. Il ne put donc s’empêcher de pouffer de rire discrètement en imaginant Rayan avec un pauvre tatouage de pomme dans le cou, ou pire, de baie sitrus. Il serait bientôt fixé.

Fred se retourna momentanément pour le regarder en fronçant les sourcils, mais il plaça ses mains devant lui pour lui dire que ce n’était rien et lui faire signe que ça n’avait pas de rapport avec elle, qu’elle ne se fasse pas de soucis. Il lui emboita le pas et ils traversèrent à nouveau le campement pour approcher de l’autre entrée, celle qui n’avait pas été démolie par les ennemis. Au signe que leur adressa Fred, les habitants qui montaient visiblement la garde — ceux-là même à qui il avait demandé de rester en poste au cas où durant l’affrontement — ouvrirent les portes pour que les deux compères puissent se frayer un chemin hors des palissades. C’était donc officiellement la première fois qu’Aelius mettait les pieds en dehors de ce campement en Alcheringa. Il ne savait pas exactement à quoi il s’était attendu, car il avait déjà entrevu cette nature sauvage en guettant les ennemis dans les arbres, mais il fut tout de même surpris par la densité de la végétation, et l’aspect menaçant qui s’en dégageait. N’importe quoi, n’importe qui, même, pouvait se cacher derrière les arbres, dans leurs branches, derrières les buissons, les rochers… Le sol lui-même n’était absolument pas dégagé. Des hautes herbes, des ronces, de la mousse… On aurait pu y dissimuler n’importe quel piège, et il aurait été bien incapable de le discerner et serait tombé dedans tête la première, pour sûr. Quant aux Pokémon sauvages… Il frémissait à l’idée d’être autant à découvert. Il ignorait tout de ce monde. Peut-être y avait-il des hordes de Pokémon de type spectre prêts à surgir dès que la lumière du jour faiblirait, pour leur jouer de mauvais tour, les plonger dans le sommeil ou la confusion, dévorer leurs rêves… Hâtivement, il fit les trois quatre pas nécessaires pour rejoindre Fred et rester au plus près d’elle : s’il y avait des pièges quelque part, ou quelque chose dont il fallait se méfier, elle saurait. (417 mots)

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Aelius prit soin de rester juste derrière Fred, faisant bien attention à mettre les pieds quasiment exactement où elle était passée, au cas où il y ait justement des pièges ou des choses à éviter. Il n’était pas peureux par nature, loin de là, mais qui savait les surprises que pouvait réserver Alcheringa parfois ? Il suffisait que son inconscient refuse quelque chose avec fermeté pour qu’il se retrouve à être torturé dans le monde des rêves en guise de réponse à ses questions. Du moins, c’était la théorie. Mais au bout de quelques minutes, il finit bien par accepter que cette nature sauvage n’avait que l’air d’être dangereuse et qu’elle ne l’était visiblement pas tant que ça. Bien sûr, un Pokémon sauvage sanguinaire aurait pu surgir à n’importe quel moment, mais cela était également le cas dans le monde réel. En l’état, la végétation dense ne semblait pas cacher quelque traîtrise supplémentaire par rapport aux sentiers naturels de son monde habituel. Ainsi l’Orient finit-il donc par se relaxer momentanément, ses épaules redescendant à leur hauteur normale. Il arrêta également de faire une fixette sur chaque pas de Fred et marcha simplement derrière elle, parfois même à ses côtés. Il faisait toujours attention, bien sûr, car le terrain n’était pas égal, et il y avait parfois des plus grosses pierres ou des dénivelés qui risquaient de faire mal aux chevilles. Il était tout de même content d’avoir mis des espèces de spartiates aux pieds. Certes, cette manifestation d’Alcheringa était primitive, mais cela ne voulait pas dire qu’il était condamné à avoir mal aux pieds en marchant sur des herbes piquantes tout de même. D’autant qu’il n’avait aucune idée d’à quel point les vergers étaient encore loin.

Ne sachant pas trop quoi dire à cette Fred qui n’était forcément pas la même que dans son monde, et ne s’autorisant pas non plus à poser des questions dont l’Aelius d’ici aurait dû connaître les réponses, le Périapse se résolut à des questions un peu faciles, un peu débiles, histoire de parler de la pluie et du beau temps. « Et toi, ça va sinon ? Pas trop perturbée par l’assaut des renégats ? » Il se plaça aux côtés de la rouquine et fut très attentif à la réaction sur son visage, pour essayer de déceler si cette question était totalement incongrue dans ce monde alternatif ou non. À son soulagement, Fred ne parut pas plus choquée que cela. (405 mots)

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« Boh, c’était pas vraiment un assaut en tant que tel. Enfin, je pense que ça aurait pu être bien pire, surtout avec leur engin là. Par contre, ça ne me dit rien qui vaille pour les prochains jours ou prochaines semaines. Ils vont revenir, c’est clair. Peut-être pendant la nuit. » Elle haussa les épaules, mais son visage affichait tout de même quelques inquiétudes, le front légèrement plissé, les lèvres un peu pincées. Avait-il des questions concernant Fred et son rôle dans l’élevage ? Là comme ça, il n’en voyait pas. La rouquine avait toujours été une valeur sûre. Elle faisait bien son travail, n’en faisait ni trop, ni pas assez, avait plutôt bon caractère même si elle était un peu bornée et parfois enfantine, bref, il ne voyait aucun inconvénient véritable à travailler davantage avec elle à l’avenir. C’était peut-être la raison pour laquelle elle était si similaire à sa véritable identité. L’inconscient d’Aelius avait sans doute calqué la jeune femme puisqu’il n’y avait aucune réponse à apporter, si ce n’était qu’elle était digne de confiance, fidèle à elle-même. « Avec des Pokémon vraiment entraînés avec nous, ce serait moins inquiétant, peut-être. T’as vu qu’ils avaient deux Bourrinos avec eux ? Ils s’en servent peut-être uniquement pour traîner leur grosse machine, mais ça reste des Pokémon évolués et puissants. » Fred lui ôtait les mots de la bouche, car c’était exactement ce qu’il avait pensé après l’affrontement et qui avait mené à une discussion où la Winona de ce monde lui donnait l’aval pour son projet de renforcer le lien entre Pokémon et humains au sein du clan. Winifred avait l’air plutôt ouverte à l’idée de participer à un tel projet, aussi l’Orient sauta-t-il sur l’occasion pour tâter le terrain. « Tu serais ouverte à t’entraîner avec un Pokémon pour nous défendre à l’avenir ? » Sans se tourner vers lui, la rouquine acquiesça vivement de la tête. « Un peu que je le serais ! On a vu la différence que ça a faite quand Winona et toi avez donné des directives aux Pokémon. Et pourtant, on en a pas énormément et ils ne sont pas évolués pour la plupart. » La Fred de ce monde était donc totalement partante pour le projet. Il se pouvait que cela soit une mini réponse supplémentaire à ses questionnements. Pas quelque chose de primordial, mais un petit plus lui faisant dire que son inconscient pensait que le projet de recherche dans le monde habituel serait plutôt bien accueilli par les autres Arcadiens. (416 mots)

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