ALCHERINGA (nom propre): Le monde des rêves auquel les Périapses accèdent au cours de rituels révélateurs afin de chercher des réponses.

Assis à la petit table de cuisine dans leur appartement d’Alforneira, Aelius scrutait le bout de papier devant lui, stylo à la main. Il était revenu d’Arcadie quelques jours plus tôt, accompagné de Loren bien sûr, mais ne parvenait pas à s’ôter la conversation avec Qasar Winona de la tête. Un retour à temps complet en Arcadie était pour le moins inattendu, et surtout non négociable, à son grand désarroi. Dire qu’il avait été morose ces derniers jours aurait été un doux euphémisme. Il avait passé pas mal de temps à simplement se balader en ville avec Lin, puis aux alentours, à admirer le bel archipel de Paldea. Car bientôt, il n’aurait plus autant l’occasion de venir. Sans doute quelques week-ends, car Qasar Winona avait beau être toute puissante en Arcadie, elle n’était pas encore un tyran qui empêchait ses sujets de voyager ni même d’aller voir ailleurs. D’autant plus que cela contredirait sa vision du monde et de l’expansion de l’île, sans compter la dimension prosélyte de la religion Arcadienne. Mais pour l’Orient, le monde serait chamboulé, complètement mis à l’envers : il passerait bientôt la plupart de ses journées et de ses nuits là où il ne se sentait pas assez à l’aise pour dormir correctement. Il aurait beau continuer le même travail, celui-ci serait désormais circonscrit à l’unique étude de la fleur de pan et de l’hypostase, rien d’autre. Et son super hiérarchique, bien que techniquement inexistant étant donné qu’il serait à la tête du nouveau laboratoire, serait en réalité la chef spirituelle et temporelle de l’Arcadie, Qasar Winona. Toujours derrière son dos, toujours à regarder son travail et à lui demander des comptes et surtout, des résultats. Il ne pourrait bientôt plus vivre comme si elle n’existait pas, car son ombre planerait avec persistence.

C’était là les nombreuses raisons pour lesquelles il n’avait pas encore rédigé la liste d’équipements dont il aurait besoin pour le nouveau laboratoire, une liste que Qasar Winona attendait avec impatience et lui avait déjà réclamé par deux fois depuis qu’il était revenu à Alforneira. Nul doute qu’elle voulait commander ces équipements le plus rapidement possible pour qu’ils soient livrés, installés, contrôlés, et opérationnels aussi vite que faire se peut. Cette liste donc, scellerait le destin d’Aelius. Il savait déjà pertinemment ce qu’il allait y inscrire. Après tout, il s’agissait des équipements avec lesquels il travaillait tous les jours au laboratoire d’Alforneira. En passant en revue les différents items dans sa tête à défaut de les écrire, il s’était même amusé à penser à des équipements si absurdement chers que la Qasar devrait renoncer à son projet. Il hésitait encore à les écrire, juste pour imaginer l’expression de son visage en découvrant le montant salé de la commande. Il lui suffirait de dire qu’il ne pouvait pas travailler correctement sans tout cela, et qu’il valait donc mieux qu’il reste à son poste actuel à Alforneira… Mais tout cela n’était que rêve éveillé. (491 mots)

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Sur le petit balcon de l’appartement, Lin jouait avec sa balle ignifuge pour entraîner ses flammes et tenter de mieux contrôler leur puissance. Elle était encore jeune mais prenait cet entraînement très à cœur car il était on ne peut plus important en Arcadie. Les Carmadura là-bas ne lésinaient pas sur l’entraînement et n’étaient pas des tendres non plus. Aelius ne l’avait jamais poussée à s’entraîner plus que cela. Amyrlin participait aux différents rites communs aux Périapses et leurs Pokémon, et elle était présente aux répétitions nécessaires pour les représentations théâtrales des prédicateurs Arcadiens, mais rien de plus. L’Orient considérait en effet qu’elle n’était qu’un bambin, littéralement fidèle à son espèce, et qu’il lui fallait donc vivre une vie de très jeune Pokémon, rien de plus.

Il fut sorti de sa rêverie par le retour de Loren et Ian, le petit Embrylex chromatique l’ayant accompagnée au marché. La Nova fixa son meilleur ami qui n’avait pas bougé d’un pouce depuis son départ, toujours à table, toujours un stylo à la main, et ne décocha pas un mot, mais pinça les lèvres. Elle entreprit de ranger ses emplettes tandis que l’Embrylex rejoignit Lin sur le balcon et qu’ils se mirent à visiblement à communiquer ensemble, dans ce langage mystérieux des Pokémon. Le manège dura tout au plus cinq minutes avant que Loren soupire profondément, se redresse brusquement après avoir rangé quelque chose dans l’un des placards du bas, et se tourne pour faire face à l’Orient. « Okay je craque, j’en peux plus de te voir comme ça, complètement ailleurs et fermé. Qu’est-ce qu’il s’est passé avec Winona ? » Ael avait hésité à en parler à Loren, bien qu’elle l’ait questionné dès son retour du champ inondé, voyant que quelque chose clochait. Il avait finalement décidé de ne rien lui divulguer pour l’instant. Après réflexion, c’était sans doute une erreur. Il n’oubliait jamais que Qasar Winona était la grand-mère de la Nova et, par conséquent, il avait toujours l’impression qu’elle aurait une relation spécifique avec elle, et serait moins encline à l’écouter se plaindre. Cependant, il oubliait beaucoup trop facilement que Loren n’avait jamais démontré la moindre affection pour sa dite grand-mère, qui n’en portait guère que le nom. Pour elle, cette relation était plus un fardeau à porter qu’autre chose. A fortiori après l’officialisation de son statut de Nova et la pression incroyable que lui mettait la Qasar depuis, l’ayant clairement identifiée comme son digne successeur.

Loren se laissa tomber dans la chaise en face d’Aelius et prit ses mains dans les siennes. « Ael, parle moi. Tu peux pas rester comme ça, ça commence à me ficher la trouille cette histoire. » L’orient soupira profondément et laissa tomber sa face contre la table, les yeux fermés. (461 mots)

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« …ellemaditquejedevaisretournerenarcadie… » Le front contre la table, le ton boudeur, Aelius était soudainement retombé en enfance, agissant comme un enfant capricieux. Ou véritablement en détresse, tout dépendant du point de vue. « Hein ? Articule, je comprends rien. » À ces mots, il redressa la tête pour adresser un regard noir à sa meilleure amie qui ne put s’empêcher de sourire, bien qu’elle essaya de se mordre les lèvres pour rester sérieuse. « Les oreilles, c’est comme le cul, ça se lave. » Il était décidément retombé en enfance et cette fois-ci, Loren ne put s’empêcher d’éclater de rire, et l’Orient suivit une seconde après à peine. En un instant, la situation était soudainement dédramatisée, et ils n’étaient que deux amis, là l’un pour l’autre. Il pouvait se confier à elle, il le savait. Il était sans doute temps de le faire.

Ils mirent quelques secondes à retrouver leurs esprits, et Aelius se redressa, imitant la position de Loren, mais les mains toujours dans celles de la Nova. Elle lui laissa le temps dont il avait besoin pour chercher les mots, même si elle avait compris l’essentiel, quoi qu’elle dise, quand il avait marmonné. Il se mordit la lèvre inférieure plusieurs fois, soupira vraisemblablement encore deux fois plus, puis se lança. « Winona trouve que les recherches n’avancent pas assez. Elle va faire construire un labo sur l’île pour que j’y travaille à temps plein. Et elle veut que je lui fasse la liste des équipements dont j’ai besoin. » Il désigna le bout de papier du menton, la moue triste. Un battement de silence puis : « Bordel, cette sorcière. » Loren lui lâcha les mains pour se frotter le visage, comme pour s’assurer qu’elle était bien réveillée. « Elle nous laissera jamais tranquilles. » Il fixa Aelius avec détermination, sur le point presque de lui révéler le plan qui était né en elle il y a quelques temps déjà et qu’elle peaufinait jour après jour. Cependant, elle dut voir quelque chose dans l’expression de son ami qui lui fit changer d’avis. Ce n’était pas le moment. Ce ne serait probablement jamais le moment, au fond. Pas pour lui. « Ça fait déjà deux fois qu’elle me réclame la liste. » Aelius leva les yeux vers le ciel avant de laisser sa tête tomber en arrière, telle une poupée désarticulée. « Et c’est pour ça que tu fixes ton papier depuis ce matin et que t’as toujours rien écrit. » Le Périapse émit un drôle de son pour se plaindre, une sorte de gémissement plaintif. « J’ai repoussé au maximum même si j’ai déjà la liste dans ma tête, mais je peux pas repousser plus, sinon elle va débarquer ici la connaissant. » En réalité, il en faudrait beaucoup plus pour que la Qasar vienne les déranger dans leur appartement à Alforneira, ils le savaient tous les deux. Malgré tout, il était aussi plus que vrai que Winona n’était pas une femme patiente lorsqu’elle exigeait que quelque chose soit fait. (501 mots)

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« Tu sais quoi, t’as besoin d’un peu de courage pour y voir plus clair. » Loren se leva de sa chaise pour aller dénicher un pot de glace dans le congélateur. « Tadaaa. Je l’avais caché sous les petits pois pour pas que tu le trouves, j’avoue tout. » À la mention des petits pois, Ael fit une grimace. « Okay, bien joué, je serais pas allé voir en dessous. Génie maléfique. » La Nova laissa échapper un rire qui se voulait satanique mais tenait plus du Hoothoot qui s’égosillait qu’autre chose. Ils migrèrent rapidement dans le canapé, et Lin et Ian les rejoignirent, bien trop contents de pouvoir se coller à eux dans le confort des coussins moltonnés. « En vrai, je dirigerai le labo tout entier. Et je pourrai vraiment avancer dans les recherches. Et ça, j’aime bien en soi. J’ai vraiment envie d’en savoir plus sur l’hypostase et la fleur de pan. » Silencieuse, Loren acquiesça, sachant pertinemment que son ami croyait et que ces deux champs de recherche lui tenaient véritablement à cœur. Sans doute même plus qu’aux autres croyants de l’île car lui, au moins, avait la formation et le savoir nécessaires pour espérer comprendre ces phénomènes et cette plante mystérieuse. « Elle m’a aussi dit que le port était en train d’être agrandi et modernisé et qu’ils allaient restaurer l’hospice pour étendre l’élevage et accueillir des patients du reste du Pokémonde. » En entendant cela, Loran s’arrêta de bouloter sa glace. « Hein ? Mais elle a trouvé l’argent où ? » Aelius haussa les épaules. Cette question aussi le turlupinait depuis les annonces de Winona. Pour autant, il ne s’était pas penché dessus plus que ça. Il se doutait qu’il y avait des investissements étrangers, sans doute par des gens intéressés dans la fleur de pan et ses vertus. Mais de quelles sommes parlait-on exactement ? Est-ce qu’il y avait quelque chose de louche qui se passait ? Ou est-ce qu’il s’agissait d’une sorte d’aide au développement des nations riches du Pokémonde ? « Honnêtement, zéro idée. L’important, c’est que ça va être un méga boost pour l’île et le tourisme si le port est agrandi. On va peut-être même être reconnus comme une véritable région autonome. » Loren dut se retenir de rouler les yeux vers le ciel. Là aussi, c’était un sujet qui tenait vraiment à cœur à son ami, lorsqu’elle n’y voyait qu’une nouvelle extension du pouvoir déjà considérable dont Winona jouissait. « Ça va aussi permettre d’étendre le commerce. Pour ça qu’elle veut développer les élevages et restaurer l’ancien hospice. On a plus de cultures de fleurs de pan et de réserves de produits que d’exports. Là les gens pourront venir directement pour acheter ou déposer leurs Pokémon pour qu’ils bénéficient de nos soins à l’hospice. » Il fallait se rendre à l’évidence : la Qasar savait ce qu’elle faisait et tout avait été très bien pensé pour le développement exponentiel de l’île. (493 mots)

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Dans tout cela, Loren était surtout étonnée que Winona ne l’ait pas approchée pour lui parler de revenir elle aussi sur l’île. Après tout, elle en était la future leader d’après les dires de la Qasar, et elle étudiait spécifiquement l’horticulture pour aider à la culture de leur plus grande source de revenus. Il semblait donc logique qu’elle soit elle aussi rapatriée pour prendre en charge le bon développement des champs et leur récolte. Notamment si les champs venaient à s’étendre pour satisfaire la demande qui allait exploser avec le développement du port et les différents autres projets visiblement en cours. « Par contre, développer les élevages… On a déjà largement assez de viande des Pokémon impotents. Ou alors elle veut exporter ça aussi ? Mais tous les produits alimentaires sont super régulés, ça serait vraiment galère à mettre en place. » Le saucisson de gourmelet impotent était pourtant succulent. Tout ce qui venait du gourmelet impotent était succulent de toute façon. Après tout, rien ne se perdait, tout se mangeait. « Hm, je crois qu’elle a mis Fred et Raya, sur le coup, donc l’exportation va se faire, ça fait un moment qu’ils en parlaient. » Il hésita un instant avant de lui révéler la suite. Mais il était inutile de continuer à lui cacher des choses. « Et une partie de l’élevage sera consacrée aux Pokémon hypostatiques pour essayer de maximiser leur potentiel. » Loren avait toujours été un peu frileuse quand Aelius parlait de toutes ces choses-là, n’appréciant pas l’idée de reproduire des Pokémon dans le but d’en améliorer l’espèce. Elle comprenait les bienfaits d’un tel projet mais quelque chose, elle n’aurait su dire quoi, la dérangeait. « Autrement dit, tu seras un charge d’une partie de l’élevage. » Il hocha la tête, momentanément dépassé par toutes les responsabilités qui l’attendraient bientôt. Il serait entouré, bien sûr, et en définitive, Winona serait la décideuse.

Ils finirent le pot de glace devant un sombre téléfilm totalement naze mais qui eut le mérite de les faire drôlement rire tellement les situations étaient ridicules et les réactions des acteurs loufoques et si peu convaincantes. Aelius s’éclipsa quelques minutes puis revint avec un sachet de poudre qu’il plaça sur la table basse. Aussitôt, Loren se crispa. « T’as ramené de la fleur de pan ici ? T’es fou toi, si elle t’avait chopé avec ça sur toi… » Il balaya ses craintes d’un revers de la main. « Comme si tu l’avais jamais fait. À d’autres. » La Nova inclina la tête, obligée d’avouer silencieusement. « J’ai besoin de conseils. Et je crois que toi aussi. C’est pas parce que je ne pose pas de questions que je ne remarque rien. » Elle baissa la tête. Forcément, il savait que quelque chose se tramait pour elle aussi, comme elle l’avait immédiatement su pour lui. Était-elle donc une mauvaise amie, à lui cacher ainsi la vérité ? Alors même que lui venait de toute lui dire ? (493 mots)

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« On n’a pas de Mushana ici pour nous guider, c’est pas opti… » Aelius s’accroupit devant elle et posa ses mains sur ses genoux. « Pas besoin. On est des Périapses, ça se fera tout seul. » Et sans plus attendre, il alla chercher ce dont ils avaient besoin pour le rituel, sous le regard intrigué de Lin et Ian qui s’étaient réveillés de leur sieste lorsqu’Ael s’était levé pour aller chercher la poudre de fleur de pan. Il y en avait énormément, certaines pures, d’autres mélangées, venant de certaines fleurs spécifiques ou d’un panachage précis… Cette poudre-là était rouge carmin, plutôt mate là où d’autres poudres brillaient tels des joyaux au soleil. C’était cette préparation spécifique qui permettait l’un des rituels révélateurs. En d’autres termes, cette poudre avait des propriétés hallucinogènes qui permettaient d’atteindre une sorte de super-conscience. Pour les Apoapses qui n’avaient aucun contrôle sur ces hallucinations, c’était simplement une sorte de rêve incroyablement réel, vif et riche. Pour les Périapses en revanche, il s’agissait d’un moyen d’introspection privilégiée pour chercher des réponses au plus profond de soi. Certains parmi les plus expérimentés, comme par exemple les Ponants les plus sages qui s’étaient retirés de la vie terrestre pour se consacrer à l’élévation spirituelle à Shangri-La, clamaient qu’ils étaient capables d’accéder à l’esprit de ruche, leur permettant ainsi de découvrir le réseau infini des Périapses à travers le Pokémonde, de plus brillantes connexions qu’étaient les rares Novae aux plus infimes chez les Périapses au potentiel quasi nul. Loren et Aelius n’étaient encore que des novices quant à cette pratique. Néanmoins, ils connaissaient assez le rituel pour savoir qu’effectivement, il permettait de révéler certaines vérités parfois profondément enfouies, mais toujours sous une forme inattendue. Il était alors du devoir du Périapse d’interpréter ces révélations pour en trouver la signification.

La table basse décalée contre le mur, ils se retrouvèrent allongés côte à côte sur le tapis du salon, sur le dos, après avoir reniflé une petite quantité de poudre. Lin et Ian étaient assis à côté d’eux, juste au-dessus de leur tête, et seraient-là pour les ancrer dans la réalité et les guider vers le temps présent au cas où. Le rituel était toujours très rapide en ce bas monde. Cependant, les hallucinations elles-mêmes semblaient durer bien plus longtemps. Certains prétendaient même avoir vécu une autre vie entière, du début jusqu’à la fin, avant de revenir dans leur enveloppe corporelle. C’était ça la merveille de la religion Arcadienne : l’essence hypostatique correctement guidée pouvait quitter son enveloppe corporelle pour revenir à son stade initial, et ainsi exploiter son plein potentiel. (437 mots)

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Loren et Aelius échangèrent un dernier regard avant de sentir leurs paupières s’alourdir.

Ael se réveilla en sursaut, se redressant brusquement dans son lit, haletant comme s’il venait de courir un marathon, le cœur battant la chamade. Ses oreilles sifflaient, et il n’entendait que le fracas de son cœur dans sa poitrine. Il mit quelques secondes à reprendre ses esprits, se forçant à calmer sa respiration, fermant les yeux pour se concentrer sur son souffle. Inspiration, un, deux trois. Expiration, un, deux, trois. Et bis repetita. Lorsqu’il fut capable de respirer sans avoir l’impression d’étouffer, et lorsque son cœur arrêta d’essayer de s’échapper de son corps, il put rouvrir les yeux pour regarder autour de lui. Le sifflement dans ses oreilles se transforma en bourdonnement. Il sentit la panique revenir en lui lorsqu’il ne reconnut pas les alentours. Ce lit n’était pas le sien. Un simple lit de fortune avec une peau de Pokémon en guise de couverture, des murs en bois simple, comme s’il était dans une cabane. Une unique torche pour illuminer les lieux. Dans un coin, une chaise et une table qui semblaient des plus fragiles et primitives. Un seau en bois avec de l’eau. Un panier avec quelques pommes et autres baies. Dans un cageot près de la porte qui tenait plus du bout de bois posé contre le mur, des chiffons en guise de vêtements.

Il fut désarçonné, mais sentit une présence réconfortante près de lui, bien que personne ne soit là. C’est alors qu’il comprit et se rappela : tout ceci n’était qu’une hallucination. Il venait de prendre de la poudre de fleur de pan et venait donc d’entrer en Alcheringa. Et cette présence, c’était Amyrlin, à côté de son corps dans le monde réel, prêt à guider son essence hypostatique vers son itération corporelle actuelle si le besoin se faisait ressentir. Il souffla de réconfort. Tout ceci était prévu. Et maintenant qu’il savait, il serait capable de revenir lorsqu’il en aurait besoin.

Alors qu’il était toujours dans son lit, nu sous cette peau de Pokémon, la porte s’ouvrit pour révéler un Carmadura. « Lin ? » Le Pokémon entra puis se posta à gauche de la porte. Suivit alors un Malvalame. « … Lin ? » Le nouveau Pokémon ne répondit pas plus que le premier et se plaça de l’autre côté de la porte. Entra alors une femme à la chevelure noire, les traits tirés. « Aelius, vous revoilà parmi nous mon ami. Il était temps. Nos espions nous ont informé que les renégats préparent une attaque. Nous ne savons pas s’ils en ont après nous ou après les diamants. Il faut nous préparer. » (440 mots)

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La femme resta plantée sur le pas de la porte, au plus grand désarroi d’Aelius qui commença à paniquer intérieurement à l’idée de devoir se vêtir devant elle. Non pas qu’il soit expressément pudique de nature, car il n’avait pas de quoi être gêné et en Arcadie où la plupart se connaissaient depuis leur plus tendre enfance, il n’y avait guère plus rien que l’on pouvait cacher aux autres. De plus, il s’agissait uniquement d’une hallucination. Une façon pour lui d’accéder à un niveau de conscience supérieure, d’aller au plus près de son essence hypostatique pour trouver des réponses. Rien de ceci n’était réel, même si tout en donnait l’impression. Finalement, avec un sourire amusée, la femme sortir, et les deux Pokémon lui emboitèrent le pas. L’Orient n’était toujours pas bien sûr si l’un d’entre eux était Lin dans ce rêve. Amyrlin existait-elle seulement dans cette version d’Alcheringa ? Tous les Périapses étaient connectés dans ce plan d’existence annexe, et les Pokémon au même potentiel y avaient eux aussi accès. Néanmoins, Lin n’ayant pas participé au rituel, il n’y avait aucune chance qu’elle soit réellement là. Simplement, l’essence hypostatique de l’Orient pourrait très bien la représenter d’une quelconque manière que ce soit dans cette réalité alternative.

Autant dire que l’expérience était encore très floue pour le jeune Arcadien, qui manquait encore de bagage pour ce genre de rituels. Quelque part dehors, il devrait être capable de trouver Loren. Puisqu’ils avaient fait le rituel ensemble, ils devraient de toute évidence partager la même réalité alternative. S’ils avaient été plus aguerris, ils auraient sans doute pu avoir davantage de prise sur la construction de cette réalité et auraient vraisemblablement pu se réveiller ensemble dans ce nouveau monde. Malheureusement, elle comme lui n’étaient pas des rêveurs naturels, contrairement à d’autres Périapses. Ils devraient être capables de se trouver, mais uniquement s’ils n’étaient pas trop loin l’un de l’autre. Et ça, ce n’était pas une mince affaire, car Alcheringa dépassait les limites de l’espace et du temps. Il y avait même des histoires effrayantes en Arcadie quand ils étaient jeunes, racontant les horreurs de Périapses dont l’essence s’était perdue en Alcheringa, le monde des rêves devenant alors leur sépulture à tout jamais…

Aelius secoua la tête vivement pour se chasser ces pensées noires de l’esprit et pour essayer de retrouver ses facultés cognitives. Passer d’un plan d’existence à un autre était toujours extrêmement déroutant. « Ressaisis-toi, bordel. Ça va bien se passer si tu restes calme. » Techniquement, rien ne pouvait lui arriver ici. Il pouvait ressentir la douleur, bien sûr, souffrir, sans aucun doute. Mais dans la vraie vie, son corps serait sans séquelle. C’était son esprit qu’il se devait de protéger et de garder le plus sain possible. (457 mots)

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