Avant de passer au sujet de ce Bombydou et de ce Sovkipou, et de la batterie de checkups et de tests que je leur concocte en ce moment-même, je dois quand même vous parler très très brièvement de mes deux dernières évolutions, qui ont eu lieu en simultanées, lors du concours de coordination à Malié, sur l'île d'Ula Ula, en Alola. Qui donc ? Simargl et Kumiho, respectivement mon Caninos et mon Goupix, recueillis sur la route des salamandres, entre Safrania et Lavanville. Ces deux petits spécimens canins sont terriblement choux et extrêmement loyaux, et n'ont pas hésité à m'accompagner dans cette aventure folle que fut ce concours. Pourquoi folle me demanderez-vous ? Tout simplement car le thème qui s'en était dégagé, libre mais demandant une contrainte décorative de scène - des escaliers et/ou des colonnes - des plus exigeantes, m'avait fait mettre en place une scénographie et un sens de l'action plus poussée que d'ordinaire, demandant une véritable rigueur d'exécution et de docilité.

Mes deux pokémons de type Feu furent les premiers volontaires pour se tenter à l'exercice, laissant Draco avec ses autres congénères, en retrait, pour donner un coup de main à mes autres collaborateurs de pension. Ce qui fut fou sur cet évènement, c'était de voir à quel point ces deux représentants du royaume des canidés pouvaient s'entendre, quand bien même leur nature flamboyante venait à clasher de temps à autres, pour déterminer lequel des deux était le plus compétitif, quitte à émuler une certaine symbiose dans le défi. Mais toujours fut-il que leur performance fut tout bonnement excellente à mes yeux, respectant le sujet de la prestation, et m'accordant toute leur confiance dans le processus d'évolution, grâce à une surprise de dernière minute : des pierres de feu. Ils ne le savaient pas à l'époque, mais pour moi, ils avaient acquis le niveau nécessaire pour entamer cette transformation, et il ne tenait qu'à eux de me suivre dans cette folle aventure de coordination.

Il ne fallut pas plus de quelques poignées de secondes pour que les deux chiens de feu s'emparent d'une pierre chacun, opérant leur évolution sous les yeux ébahis d'un public en effervescence de voir ce genre de phénomène arriver, et en double qui plus était. Je ne peux pas encore vous conter le résultat de cette prestation et de ce qui en a découlé, mais le plus important à vous offrir dans ce petit résumé, c'est que le processus d'évolution reste une thématique à part de la vie d'un pokémon, que son cheminement ne se fait pas que de manière logique en tenant compte des affinités énergétiques des pokémons, ni de leur synergie éventuelle avec des pierres évolutives, mais qu'il s'agit avant tout d'un savant mélange entre l'instinct de dresseur, la connexion émotionnelle et instinctive qu'il peut y avoir entre le dresseur et son partenaire, et que le moment de la transformation doit surtout être décidée en total accord entre les deux partis.

- Toi, t'es encore perdu dans tes pensées... intervient une voix familière.
- Oh c'est toi Abel ? réponds-je légèrement surpris. Ha ha, ouais, je suis en pleine rétrospective sur les différentes évolutions de mes pokémons. Et je me demandais comment m'y prendre pour faire comprendre à un pokémon qui n'est pas le mien, que ce n'est pas une obligation.
- Alors là mon pauvre, rétorque Abel, tu me prends de court. Je suis une lumière lorsqu'il s'agit de performance physique ou d'optimisation de programmes d'entrainement ; mais alors la psychologie et l'éthique des Pokémons... c'est plus dans les rayons de Merenui.
- T'as pas tort. Mais j'ai envie de trouver un début d'explication sans avoir à le consulter. maintiens-je. Histoire de ne pas être trop dépendant de vous à chaque petite broutille qui me pose question.
- Ah ? 'Me souviens pas qu'on ait déjà eu à se poser la question avec les collègues. avoue-t-il décontenancé. 'Fin, je ne crois pas qu'on n'ait eu à s'inquiéter de ta gestion des choses. De TOUTES les choses même. insiste-t-il.
- Je suis si facile à vivre que ça, ha ha ? ris-je en demi-teinte.
- Suffit de regarder Lyonell. enchaine-t-il en reportant son regard sur le manutentionnaire de la pension. Tu as l'impression que tes directives sont compliquées à mener ? Est-ce que c'est l'attitude d'un gars qui s'inquiète de son avenir dans cette pension à cause de son patron ? hypothétise-t-il.
- Je...
- C'était rhétorique Leonis. dit-il avec cynisme, le regard noir.
- Ah ! Ha ha... eh bien, merci ?
- A ton service m'sieur ! m'adresse Abel en retournant vaquer à ses occupations.


Il est vrai que lorsqu'on regarde Lyonell, l'homme à tout faire de la pension en termes d'entretien, de réparation, de gestion du matériel et des travaux du quotidien, on est loin de se douter que je me pose autant de questions sur le fonctionnement de la pension, sur mon approche des entrainements, sur les éventuelles fragilités intellectuelles concernant l'élevage et la reproduction des Pokémons. Si j'en crois les dires d'Abel, on en viendrait même à se demander si tout n'est pas un peu trop facile pour moi. Chose qui, pourtant, n'est pas du tout vraie. Je suis en permanence défier par la logistique de la maison. Challenger dans mon confort physique et psychologique face à des individus pokémons tous plus différents les uns que les autres. J'en viens même à me trouver des obstacles là où il n'y a en réalité que des interrogations à investiguer et à résoudre du mieux que je le peux.

Son naturel complètement décalé et léger me surprendra toujours. Comment peut-on autant aimer les corvées ménagères que ce type ? Je veux dire, il faut de tout pour faire un monde, mais moi-même j'ai du mal à m'imaginer la satisfaction de s'occuper de toutes ces tâches, de cette poussière, des éventuelles toiles d'araignée, de la crasse, et tout plein d'autres types de saletés dont je ne connais possiblement pas l'existence. Sa réponse ? Eh bien, aussi étonnant soit-elle, elle ressemblerait à ceci : « Le simple d'effacer un défaut de mon champ visuel, tel un artiste qui parviendrait à supprimer une fausseté dans sa peinture, ou un musicien qui réajusterait une fioriture sur sa partition musicale, me satisfait pleinement. J'aime quand tout est propre et ordonné. Ça me donne la paix intérieure, et ce, plusieurs fois dans la même journée. Ça n'a pas de prix. »

Et effectivement, le jour où il m'a confié cet état d'esprit qui était le sien, autant vous dire que je me suis dit que je ne regrettais absolument pas d'avoir suivi mon instinct et appuyé sa candidature auprès de ma mère - responsable à temps partiel à l'époque des embauches - pour que cette dernière l'approuve sans mettre en cause mon jugement. Quelle aubaine de pouvoir compter sur un individu dévoué à sa tâche, qui en extrait un plaisir très personnel, et qui en plus, fait son travail avec le sourire, la bonne humeur, toujours une petite plaisanterie aux coins des lèvres pour détendre l’atmosphère. Ah ! Tiens, je crois qu'il vient de nous apercevoir Abel et moi.

- Abel ! Reste là... sifflé-je entre mes dents.
- Ciao patron ! répond-il en s'éloignant au loin.
- Aaaaa~ah patron ! Bien le bonjour à vous Monsieur Amicitia ! m'alpague Lyonell.
- Bieeeee~en le bonjour à vous aussi Lyonell. Comment allez-vouuu~uus aujourd'hui ? demandé-je d'un air légèrement pincé.
- Je vais très bien, merci ! Tout roule comme sur des roulettes... ou devrais-je dire, tout glisse comme sur du parquet fraichement ciré ! Hé hé ! Vous l'avez ? pouffe-t-il de rire.
- Vous êtes décidément très créatif ce matin ! réagis-je. Comment faites-vous pour trouver toute cette énergie chaque jour ?
- Oh vous savez, je suis un homme très simple. Un bon travail. Des collègues sympathiques. Une magnifique femme qui m'attend tous les soirs à la maison. Une petite troupe de bambins qui me donnent ce second souffle de vie en fin de journée. avoue-t-il. Tout ça, ça donne envie de se lever le matin, de se donner à son meilleur la journée, pour apprécier tous les petits plaisirs de la vie le soir. C'est mon secret ! ponctue-t-il.
- Eh bien je vous envie Lyonell ! J'aimerais avoir votre énergie et votre candeur ! C'est beau ! Votre femme a bien de la chance de vous avoir à ses côtés ! l'intimé-je.
- Je suis à la fois flatté et attristé de ce que vous me dites Monsieur Amicitia... me confie-t-il ...vous n'avez pas de petite famille qui vous attend après une dure journée de travail comme la vôtre ?

J'hausse un sourcil. Sans le vouloir, il vient d'appuyer sur un sujet sensible. Certes, ma famille est sacrée, mais ce n'est que celle de mes parents, dans laquelle j'ai vu le jour, avec laquelle j'ai appris à grandir, apprendre et évoluer en tant qu'homme accompli. Mais quid d'une famille où j'en serais l'un des éléments centraux ? Une « moitié » qui m'attendrait dans notre chez nous, dans une impatience qui fait le petit piment de la journée ? Ça me parait si loin comme plan de vie encore...

- Pour vous répondre Lyonell, non. avoué-je. Je n'ai que vous tous, mes collègues que j'estime presque autant qu'une seconde famille.
- Hmm hmm... marmonne le manutentionnaire en hochant la tête horizontalement. Je ne parle pas de ce genre de famille. Je vous parle surtout d'une autre moitié de vous.
- Une autre moitié de moi ? Je ne comprends pas.
- Vous savez, ce que l'on appelle une âme sœur. Une personne qui partage votre vie, pour qui vous vous mettriez en quatre pour combler moindre de ses désirs. La personne qui, avec votre famille de sang, devient immédiatement le plus importante de toute dès qu'il se passe un évènement fort.
- Aaaah... ce genre de moitié. Je comprends mieux. fais-je semblant de réaliser en détournant le regard alors que j'ai très bien compris de base.
- Oui. Regardez. Moi, ma vie, ce sont mes enfants. Mes deux petites perles sinnohienne. Et puis c'est aussi celle qui partage mon quotidien depuis maintenant une trentaine d'année...
- Trente ans vous dites ! Wouah ! m'exclamé-je.
- ...et je l'aime autant que si notre couple avait commencé. continue-t-il. Elle est une extension de moi-même maintenant : elle est l'épaule supplémentaire sur laquelle me reposer quand je suis fatigué, ou triste ; elle est mon second souffle quand je rentre du travail, et que je suis exténué malgré tout ; elle est ma meilleure amie lorsqu'il s'agit de se confier sur des sujets importants, qu'ils soient personnels ou généraux ; elle est ma deuxième conscience lorsque j'ai besoin de prendre une décision importante, qui pourrait ou non avoir un impact sur notre vie de famille.
- Elle a l'air très importe à vos yeux en effet. admets-je. Est-ce ça le secret de votre longévité de couple ?
- En partie. répond-il aussi sec.
- Il y a autre chose ? interrogé-je avec une sorte d'anticipation toute particulière, tel un enfant de six ans devant une information croustillante.
- Se réinventer. Au quotidien. révèle-t-il. C'est très important de ne pas se reposes sur ses acquis, et de chercher la nouveauté, aussi effrayante ou intimidante soit-elle. Il faut que la monotonie n'en soit pas une qui plombe votre dynamisme de couple, de famille, de vie.
- Et comment savoir si on est dans une monotonie qui empêche de s'épanouir ?
- Le sourire.
- Et c'est tout ?
- Si votre moitié vous sourit avec une lueur dans le regard, c'est que votre dynamisme de couple est en vie. Il flamboie de l'intérieur. commence-t-il à philosopher. Mais si un jour vous vous rendez compte que le sourire est forcé, pincé, fatigué ou déposséder de cette lueur dans le regard de votre moitié, alors c'est qu'il manque quelque chose. Une étincelle. Un renouveau. Un changement vital pour rallumer la flamme du désir et de la confirmation d'être définitivement avec la bonne personne.

- Eh bien, c'est profond ce que vous dites ! avoué-je.
- Oulah non, c'est simplement que j'ai de l'expérience dans ce domaine, et que vous en manquez encore un peu Monsieur Amicitia. enchérit-il.
- Vous savez que vous pouvez m'appeler par mon prénom quand même ? douté-je.
- Je le sais, mais par respect pour votre position, je préfère garder ma ligne de conduite.
- C'est tout à votre honneur ! le félicité-je.
- Mais il est vrai que vous pourriez être mon fils, alors, peut-être que de temps en temps vous pourriez m'autoriser à vous appeler Monsieur Leonis ? suggère-t-il.
- Avec grand plaisir Lyonell ! confirmé-je.
- Mais alors, vous ne m'avez toujours pas répondu. poursuit-il. Y a-t-il quelqu'un dans votre vie qui fait battre votre cœur et avec qui vous pourriez envisager de pouvoir partager un bout de votre quotidien ?
- En réalité, je n'en suis pas sûr Lyonell. avoué-je. Je pense pouvoir dire que j'aime certaines personnes du plus profond de mon cœur, que ce soit en tant que membre de ma famille, en tant qu'ami proche, voire même en tant que potentielle âme sœur. Mais, annoncé-je en me grattant la tempe, à dire vrai, je ne crois pas encore être à ce stade où il y a quelqu'un en particulier avec qui je me verrai passer des jours à deux, comme vous le faites avec votre épouse.
- Alors c'est que vous n'êtes pas tombé sur la bonne personne, ou que cette dernière tarde à se manifester comme l'étant. résume-t-il.
- Je vous crois volontiers. Mais est-ce possible que ce soit aussi de ma faute, et que je sois la personne qui n'est pas encore prête pour s'investir dans une telle relation ? supposé-je.
- Le simple que vous vous pouviez la question est déjà un grand pas en avant vers la maturité amoureuse. Vous êtes beaucoup plus mature que vous ne le pensez, Monsieur Amicitia. affirme-t-il. Vous êtes peut-être finalement beaucoup plus plus proche de la configuration requise que prévu.
- Ha ha, ris-je timidement, allez savoir !


Il est vrai que je n'ai pas souvent de conversations à cœur ouvert comme celle-ci, mais il se trouve qu'avec Lyonell, ce genre de petite entrevue est beaucoup plus aisé à enclencher. Il a cette aura paternel qui vous fait se rapprocher de lui aussi naturellement qu'un enfant se rapprocherait d'un de ses adultes de référence, dans le but de vouloir prendre exemple sur eux, ou de tout simplement bénéficier de leur sagesse infinie. Avec cet homme, je me sens comme à la maison, comme une figure de père supplémentaire, et ça m'aide à avancer dans la bonne direction. Maintenant, à savoir ce que je ferai de ces informations concernant le parcours amoureux, le fait de vivre sa vie à deux, de partager des moments fusionnels et familiaux. Je pense pouvoir dire que cela peut attendre ; j'ai beaucoup trop de projets en cours pour me laisser aller dans ce compartiment de la vie réelle. Du moins, pas encore.

Sur cette petite entrevue impromptue, Lyonell me souhaite la bonne journée, et je fais de même en espérant que son jour sera tout aussi lumineux que cette matinée. Il est vrai que je ne me suis pas rendu compte, mais le ciel est tellement dégagé que la lumière chaleureuse du soleil vient percer à travers la petite lucarne de la porte d'entrée de la réception. Je le prends alors comme un signe, une volonté du petit bonheur la chance de me faire comprendre qu’aujourd’hui serait potentiellement une journée au beau fixe, où tout se passerait bien. D'ailleurs, il ne faut pas trop que je baille aux corneilles, j'ai un début de préparation de régime sportif et alimentaire à prévoir. Direction les cuisines. Là, j'y retrouve le duo des Guerrero, en plein discussion. Ils ont l'air plutôt vigoureux dans leurs échanges, je n'ose pas trop m'aventurer au-delà de l'encadrement de la porte battante. Manque de bol, un léger grincement les extirpe de leur échange et les deux têtes furètent dans ma direction.

- AH ! Patron ! Pile poil la personne qu'il nous faut ! m'alpague Lisandro, le mari.
- Tout à fait ! Je ne pouvais dire mieux ! rajouta Anita, l'épouse.
- Oulah... vous m'avez l'air remontés tous les deux, tout va bien ? m'inquièté-je.
- Non ! Tout ne va pas bien ! annonce Anita en dévisageant son époux de la tête au pied.
- Trois fois rien... juste une divergence d'opinions sur le programme alimentaire de tes deux nouveaux pensionnaires. révèle Lisandro.
- Ah bon ? Mince alors ! regretté-je. Que se passe-t-il donc pour que cela vous mettes en conflit ?
- Eh bien il se trouuuuuu~uve que madaaaaaa~ame conteste mon idée de dessert pour le Bombydou, sous prétexte queeeeee~e... commence à explique le chef cuisinier.
- Teuh, teuh, teuh ! coupe Anita. C'est pas une question de prétexte. Bombydou ne peut pas ingérer du sucre roux. Point à la ligne. affirme-t-elle.
- Et moi je te dis que cette espèce de Pokémon n'a que faire du type de sucre, tant qu'on y intègre le pollen d'orchidée provenant de la serre ! fulmine Lisandro.
- Hé oh, hé oh les cuistots ! Stop ! On arrête tout ! ordonné-je tel un coach sportif. Temps mort ! On va redescendre en température, je sens que vous allez exploser. Peut-on prendre le temps de se poser à la table, proposé-je en regardant l'une des tables de la salle proche de nous, et de discuter de ces deux pensionnaires ? Je vous rappelle que j'ai quand même toutes les informations les concernant, donc autant passer par moi plutôt que de faire vos sauces de votre côté ? suggèré-je.

Les Guerrero sont connus pour leur tempérament de feu, à la vie comme au travail. Un comme terriblement fusionnel, électrique par moment, mais tellement attachant au demeurant. Ils ont l'air et la manière d'allier force de couple à leur propre force professionnelle, faisant de ces deux artisans de bouche les meilleurs de leur génération. Si vous saviez comme ça a été dur de les recruter ces deux-là ! Hors de question qu'une dispute sur un type de sucre ne viennent faire voler la pension en éclats.

Comment est-ce que l'on peut vivre ensemble vingt-quatre heures sur vingt-quatre et sept jours sur sept, en étant amoureux, en étant en parfaite symbiose tant sur une dynamique personnelle que sur une dynamique professionnelle, et être aussi flamboyant dans des disputes à propos de broutilles pareilles ? J'entends déjà Lyonell me souffler à l'oreille que ça la vigueur des sentiments qui parlent, et que s'il n'y a pas un peu de tension dans le couple, alors c'est que la monotonie installée court vers une énergie mortifère sentimentale. Encore une raison pour moi de ne pas me focaliser sur cette partie de la sphère sociale, la solitude sentimentale me va très bien pour le moment. Mais l'heure n'est pas aux élucubrations d'un célibataire endurci, mais bien à la résolution d'une problématique concernant la pension et le bien-être de deux de mes collègues. On s'assoit et je démarre la mise au point.

- Bon, les Guerrero. introduis-je. Que se passe-t-il avec cette histoire de sucre pour le Bombydou ?
- Je vais prendre la parole en premier pour une fois ! annonce Anita. Il se trouve que le Bombydou dont tu nous as parlé est autant friand d'aura émotionnelle que de bons petits mets sucrées à base florale. Il ne produit du miel qu'en étant sous sa forme évoluée, mais sa prise en glucides et autres dérivés en saccharose font qu'il peut plus ou moins mieux se développer, et permettre une pollinisation plus efficace par la suite. finit-elle.
- Ça fait plaisir de voir que vous lisez mes notes, déjà. ironisé-je. Mais je ne comprends toujours pas le sujet de la discorde autour du sucre roux.
- Eh bien c'est une forme non-raffinée d'un résidu de sirop provenant lui-même d'un sucre fondu à l'approximatif. Et il est hors de question de donner ce substrat à un pokémon insecte de la qualité du Bombydou. affirme-t-elle de façon catégorique. Mais mooooooooooooo~onsieur ne l'entend pas de cette oreille.
- Pfff, quelle rabat-joie... marmonne Lisandro.
- Lisandro, on se focus sur le sujet. Vous aurez tout le temps de revenir sur vos sautes d'humeur et vos chamailleries quand on aura régler cette affaire. lui fais-je savoir sur un ton légèrement moralisateur.
- Oui patron...
- Bien. Donc, Lisandro, ce sucre roux. poursuis-je. Quelle est la raison de cette volonté de le laisser à la carte ?
- Il n'y a pas de raison particulière, c'est purement pour l'équilibrage des doses, essayer de faire des économies sur le sucre plus haut de gamme, et ne pas dilapider le budget que tu nous alloues pour la prise en charge du Bombydou et du Sovkipou. révèle-t-il. Et il se trouve que le sucre roux coûte trois fois moins cher que le sucre idéal pour la composition gastronomique de ces deux insectes.
- Je vois. concèdé-je. On est donc sur un conflit qualité versus quantité si je comprends bien. Finance versus diététique pure.
- Exactement ! clame Anita.
- Eh bien... très honnêtement, je ne vois pas la problématique. Pourquoi ne pas agencer l'utilisation du sucre roux en tandem du sucre que tu préfères, Anita ? C'est si important que ça pour toi d'utiliser uniquement des produits nobles et de qualité supérieure ? Ou aurais-je deviné un petit conflit d'égo dans tout ça ? conclus-je sarcastique.
- ...pas tout à fait tort. siffle-t-elle entre ses dents.
- Pardon Anita, je n'ai pas entendu ?
- Oui tu as raison ! Il y a des fois où j'aimerais que tu sois aussi incompétent que notre précédent employeur... regrette-t-elle.
- Je.. que... pardon ? m'étonné-je.
- Ah oui, ce patron-là. C'est vrai que c'était pas une lumière celui-là. ajouta Lisandro.
- Vouuuuuu~us voulez m'en parler peut-être ? m'autorisé-je à demander.