Un silence pesant s’installe entre les deux pokémons, seul le bruit de l’eau et de la brise se laissent entendre. Par moment, Absol arrive même à entendre la respiration profonde de ses deux compagnons qui ont déjà trouvé le sommeil, mais elle n’y fait pas attention. Elle doit rester en alerte au cas où la chèvre aurait de mauvaises intentions à leur égard, mais cela l’étonnerait beaucoup. Il fait comme s’il n’avait pas peur et qu’il était en confiance, hautain et limite prétentieux face à elle, mais elle sait reconnaitre les menteurs ainsi que les petits joueurs. On n’apprend pas à un signe à faire la grimace. Absol est assez âgée pour savoir lire entre les lignes et cet herbivore est loin de l’impressionner. S’il tente quoique ce soit envers, elle saura le remettre à sa place bien assez vite.

- Ouais, c’est ça. Il me semblait que les mangeurs de feuilles avaient un très bon odorat, alors tu as du remarquer notre présence depuis longtemps.
- Les mangeurs de quoi ? Répète un peu pour voir !

Offusqué qu’à moitié, le type plante hérisse son collier feuillu comme par réflexe. Il sait qu’il joue un rôle et qu’il ne devrait peut-être pas titiller un carnivore de la sorte, mais c’est ce que sa mère lui a toujours appris. Afin de survivre dans la nature, il faut savoir paraitre plus gros qu’on ne l’est réellement et essayer de faire peur à ses prédateurs pour qu’ils prennent la fuite. Cependant, cette Absol étant domestiquée, elle est loin d’avoir l’intention de s’enfuir, pas tant que son dresseur sera en train de dormir.

- Évite de me faire répéter pour rien, cela aurait tendance à m’énerver. Je sais très bien que tu as compris. Ce n’était qu’une blague, rien de bien méchant. Détend-toi.

La femelle se doute bien que ses paroles n’auront aucun effet sur le type plante vu son attitude, mais au moins elle aura essayer d’être honnête et rassurante. En attendant, elle décide de se redresser et la chèvre peut désormais toiser son interlocutrice de toute sa hauteur. Il sait bien qu’il ne devrait pas faire le malin devant une créature qui semble avoir des dents acérées comme des rasoirs, mais c’est plus fort que lui. Il ne sait plus trop comment se comporter, ce qu’il doit penser à l’égard de cet humain qui l’a précédemment sauvé ou bien savoir envers qui il peut avoir confiance. On ne lui a jamais appris a se faire des amis d’une autre espèce que la sienne et c’est sans doute la première fois qu’il échange autant avec un inconnu. Au final, ce n’est peut-être pas si mal que ça.

- Alors, d’où est-ce que tu viens ? De cette forêt ou d’ailleurs ? J’ai bien compris que tu cherchais ta famille et si tu es encore là, cela signifie que tu ne l’as pas encore trouvé. Seriez-vous en migration par hasard, ton troupeau et toi ?

En réalité, le Cabriolaine ne sait pas trop quoi répondre. Il est vrai qu’ils voyagent beaucoup avec sa famille, surtout à cette époque-ci de l’année, mais de là à migrer... il n’en sait trop rien. Les décisions n’étaient pas prises par lui mais bien par le chef, le seul mâle Chevroum du groupe, alors il ignore tout des plans de ce dernier. Comment est-il censé les retrouver s’ils ont poursuivi leur migration ?

La brume est chassée et fait apparaître un Piafabec lv17 apparaît!

Bien qu’une partie de lui espère toujours retrouver son train-train quotidien, Cabriolaine a l’étrange impression que sa vie vient de changer à tout jamais. Il était loin d’imaginer une fin comme celle-ci, mais le destin en a voulu autrement. Si tout c’était passé normalement, il aurait continué de grandir avec les siens jusqu’à l’évolution et il aurait été obliger d’affronter le chef pour déterminer qui entre les deux méritait de rester parmi les autres. Le perdant aurait alors été banni et il aurait éventuellement pu retenter sa chance de conquérir un autre troupeau que son précédent. Le type plante n’aura sans doute jamais l’occasion de vivre tout cela, car s’il reçoit l’aide de cet humain, il y a de fortes chances pour qu’il reste avec lui par la suite. Sera-t-il en seulement capable de vivre avec une telle famille ?

- Je... je ne sais pas. Je suis né dans cette forêt et bien qu’il nous arrive de migrer vers le nord, nous ne sommes jamais aller bien loin.

Difficile de voyager à sa guise quand son espèce n’est même pas originaire du coin. Ses ancêtres ont été transportés depuis Kalos il y a plusieurs décennies déjà et l’espèce a connue un franc succès en restant à l’abri au cœur des forêts. Son environnement actuel ressemble énormément à sa région natale, alors c’est plutôt normal qu’il y soit bien développé. Poussant un soupir de résignation et baissant la tête, la chèvre doit se rendre à l’évidence. S’il doit rejoindre ce groupe, bien que cela soit à contrecoeur, il ferait mieux d’apaiser les tensions dès maintenant.

- Je suis désolé pour... tout ça. Pour mon comportement, surtout. C’est bien la première fois que je me retrouve seul. J’ai peur et... j’ai mal.

Tout en ajoutant cela, il jette un rapide coup d’œil à sa patte qui fait mauvaise mine. La peau laissée à vive ne semble pas vouloir guérir toute seule, bien que le léger saignement ait cessé. Il a aussi l’impression de l’a sentir enflée et raide, ce qui n’est pas de bonne augure si cela s’avère juste. Se sentant tout de suite impliquée, Absol glisse son regard vers la patte arrière du blessé, allant même jusqu’à faire un pas dans sa direction afin de pouvoir mieux observer la blessure. Par instinct, Cabriolaine aurait voulu reculer, mais il se fait violence pour rester sur ses positions. Il doit cesser d’avoir peur de tout, malgré que l’apparence de cette femelle ne soit pas des plus rassurantes.

- Oui, ça me semble être une bien mauvaise blessure. Tu étais prisonnier de ce piège depuis longtemps ?

Que faire ? À part lui chercher des plantes médicinales dans la forêt, elle doit admettre qu’elle ne sait pas trop quoi faire. Le moyen le plus simple serait de directement l’emmener au centre pokémon le plus près, mais est-ce qu’il accepterait de la suivre ? Et aussi, est-ce que Owen accepterait de le prendre sous son aile ?

Vous lancez une hyperball...

...:

Un peu plus détendu désormais, le type plante prend le temps de réfléchir à la question qui lui a été posée. Il ne saurait dire exactement combien de temps il est resté là-bas avec le collet refermé sur sa patte, mais cela lui a paru être une éternité. Entre ses cris de détresse et ses tentatives d’évasions, il doit admettre qu’il avait bien besoin de repos après ça, malgré la douleur.

- Honnêtement, je ne sais pas. C’est arrivé en fin de journée, quand le soleil était en train de décliner et j’ai passé la nuit entière tout seul à sursauter au moindre bruit que j’entendais. Le lendemain matin j’ai recommencé à appeler les miens et quand vous êtes arrivés... cela devait être en mi-journée ?

Donc il est resté un peu moins de vingt-quatre heures au même endroit, prisonnier et complètement vulnérable. Absol s’attendait à pire comme délais, mais ce n’est quand même pas rien. Au moins, il n’a pas eu le temps de trop se déshydrater et de s’affamer, le rétablissement devrait donc être plus facile. En terme de soin, il doit y avoir que la plaie à traiter au plus vite pour éviter une infection qui pourrait alors lui être fatale malgré toute la force et la détermination dont il a fait preuve. La femelle a bien une idée qui lui vient en tête à ce propos, mais elle se surprend à hésiter. Est-ce que ce serait vraiment une bonne idée de le prendre sous son aile et de l’emmener dans un centre pokémon ? Accepterait-il de se faire soigner par des humains ?

- C’est ce je pensais. Il faut vraiment faire soigner cette blessure au plus vite, car plus nous attendons, plus les risques d’infections sont élevés. Et dans la nature, les infections sont souvent mortelles.

S’il avait pu pâlir de peur, le Cabriolaine l’aurait fait. Lui qui se pensait hors de danger désormais, il était loin de se douter que le plus gros danger était encore devant lui.

- Je pense avoir une solution, à toi de voir si cela te convient. Le mieux à faire serait de t’emmener dans un centre pokémon. Tu sais, ces gros bâtiments rouges et blancs ? Ils ne sont pas très accueillants, je suis d’accord, mais c’est le meilleur endroit pour y recevoir des soins. J’ai été soignée plusieurs fois là-bas et à peine arrivée que je ressortais déjà en sautillant.

Devant le silence de son interlocuteur, elle se sent obligée d’ajouter un truc pour tenter de le convaincre à la suivre.

- Mon dresseur ne sera surement pas gêné par cela, ce n’est qu’un petit détour de rien du tout et je sais qu’il aime bien venir en aide aux pokémons. Il faut seulement attendre qu’il se réveille.

C’est d’ailleurs en aidant qu’il a finalement adopter Salamèche. Toujours roulé en boule aux côtés de son maitre, le reptile continue de dormir bien profondément et le regard de la chèvre dévie automatiquement vers eux après avoir écouter les paroles de Absol. Il ne sait pas s’il se prend prêt à devenir domestique, mais ce qui est sur c’est qu’il a besoin de soin urgemment. Il ne peut pas laisser cette opportunité lui glisser entre les sabots, même si cela implique de se rapprocher des humains. Il va devoir faire une croix sur sa fameuse zone de confort.