Toujours en ayant la main posée sur le front de la créature, je commence à tâtonner un peu partout, cherchant la cause du problème. Par mégarde, je caresse un peu sa fourrure par endroit et je crois deviner que le pokémon possède un collier de feuille ou quelque chose s’en rapprochant. Je ne sais pas encore de quelle espèce il s’agit, mais je dois admettre que ça m’intrigue. Néanmoins, ce n’est ni le moment ni l’endroit pour faire des recherches, je dois vite trouver ce qui ne va pas. Parlant de ça, je sens rapidement une tension au niveau des flancs de la bestiole à quatre pattes, une tension qui s’étire jusque dans ses cuisses et ses membres arrières. Le problème viendrait-il de là ?

Un étrange bruit est encore porté à mes oreilles et c’est avec une surprise non dissimulée que je pose la main sur un objet qui ressemble fortement à une corde, mais tellement fine qu’elle pourrait presque découper la chaire. On dirait presque un fil à pêche. Un déclic se fait alors dans mon esprit. Tous ses cris de détresse, cette petite bête affolée en me voyant approcher et sa position physique... elle s’est fait prendre au piège. Cela vaudrait donc dire qu’il y aurait des braconniers dans le coin ? C’est assez inquiétant et je sens que je vais devoir me pencher là-dessus plus tard.

- Absol, je vais avoir besoin de ton aide. Fait attention, d’accord ? Il ne faudrait pas non plus le blesser.

Évidemment, je n’ai aucun matériel sur moi pour rompre cette corde. Ma partenaire devrait pouvoir s’en charger. Approuvant mes paroles en silence, elle s’avance lentement et un bon coup de dent bien placé produit un claquement, signe que la corde n’est plus. Mon handicap ne me permet pas de voir que la petite chèvre est blessée, mais je suis satisfait de la savoir enfin libérée. C’est probablement la seule chose que je peux faire pour elle.

- Aller file. Et surtout, ne me remercie pas.

Désormais libre, la chèvre esquisse un mouvement de recul alors que l’humain se redresse devant lui. Cette gentillesse et cette lenteur d’exécution, serait-ce une tentative d’obtenir sa confiance ? Maintenant qu’il est à risque de baisser sa garde, le type plante est prêt à parier que la bête à la fourrure blanche va lui sauter dessus à tout moment, mais celle-ci reste immobile, laissant le temps qu’il faut à son dresseur pour se relever convenablement et saisir le harnais qu’elle porte sur ses épaules. Maintenant que leur bonne action est effectuée, ils peuvent donc reprendre leur route et poursuivre leur entrainement. Derrière eux, Salamèche observe la scène avec curiosité, intrigué par ce drôle de pokémon à feuillage. Pour la première fois de sa vie, il s’est montré raisonnable en restant à distance, jugeant que le captif avait déjà suffisamment peur comme ça. Inutile de lui rajouter du stress supplémentaire.

Abo niveau 15 apparait

Malgré que le piège ne le retienne plus en place, Cabriolaine reste figé un long moment. Il a vraiment du mal à croire qu’un humain puisse être venu ici dans le seul but de l’aider. Qu’est-ce que ça peut lui apporter ? Une bonne conscience peut-être ? Il les croyaient tous méchants jusqu’au dernier et la présence de ce piège au cœur de la forêt ne faisait qu’accroitre son opinion. Si ce n’est pas cet humain qui a tenté de capturer un pokémon, alors qui est-il ? Un dresseur égaré ? Il se demande bien ce qu’il fait ici et malgré qu’il est ait déjà vu des hommes venir s’entrainer dans le coin avec leur équipe respectif, il ne pense pas à cette éventualité. D’ailleurs, il n’arrive pas à mettre le sabot dessus mais il est persuadé que cet homme est différent des autres. Il dégage quelque chose d’étrange, comme une aura à la fois apaisante et intrigante. Sa façon d’agir est tout aussi inhabituelle et s’il n’a pas broncher lorsqu’il s’est fait toucher à plusieurs reprises, c’était parce qu’il était terrorisé et stupéfait.

Hésitant, la chèvre fait d’abord un premier pas comme pour tâter le terrain et voir si la voie est libre. Se faisant, il jete un œil autour de lui, s’assurant qu’il n’y ait pas d’autres dangers aux alentours. Puis, voyant que seule la femelle ténèbre l’observe, toujours aussi fermée, il décide de prendre ses pattes à son cou. Le type plante disparait en seulement quelques secondes, laissant trainer un nuage de poussière derrière lui. Tandis que les martèlements de ses sabots s’évanouissent au loin, nous décidons alors de nous remettre en route. Nous avons encore une longue journée d’entrainement à effectuer et je pense que nous ne sommes pas au bout de nos surprises. Si le captif aurait voulu nous accompagner je ne m’y serais pas opposé. Je n’aurais pas pu le surveiller comme il se doit, mais cela aurait été une option s’il avait voulu un peu de compagnie le temps de retrouver ses semblables. Je n’ai pas eu le temps non plus de voir s’il était blessé et j’avoue que j’ai songé à cette éventualité trop tard. J’espère que tout ira bien pour lui.

Le reste de la journée se passe donc sans nouvel incident. Aucun autre cri de détresse n’est entendu, même si je me doute qu’il y a d’autres trappes dans les alentours. J’aimerais être en mesure de les trouver et de les détruire, mais cela m’est impossible. Je ne sais pas non plus si le braconnage est autorisé dans cette zone, mais j’ai de sérieux doutes. La règlementation à Kanto est très stricte et il me semble qu’il faut un certain type de permis pour poser des pièges et tout dépend aussi des endroits. C’est de cette façon qu’ils réussissent à obtenir certaines ressources primaires, comme des feuilles de Mystherbe qui sont utilisées en cuisine ou encore de la fourrure d’Otaria qui sert à fabriquer des bottes bien chaudes pour l’hiver. Je ne suis pas très enclin par cette méthode de chasse, mais si le gouvernement l’autorise, alors il faut croire que cela n’apporte que du bon. J’espère seulement que je ne trouverais pas trop de pokémon captif au cours de mon voyage, sinon je risque de m’énerver tout seul et de vouloir me venger de ses braconniers.

Après quelques heures, le soleil commence enfin à décliner sur l’horizon, illuminant le ciel de ses couleurs flamboyantes. Bien que je ne puisse pas le percevoir visuellement parlant, je perçois quand même un changement dans l’air ambiant, comme si le temps se rafraichissait et que le soir serait en train de tomber. Il m’est impossible de le prouver, mais comme nous avons eu une bonne journée d’entrainement tous ensemble, nous pouvons prendre une pause bien méritée. Je commence alors à chercher un coin où nous pourrons monter notre petit campement pour la nuit et peut-être même pour les prochaines nuits à venir. Je ne sais pas trop si on poursuivra l’entrainement dans la forêt demain, tout dépendra de ce que j’ai envie de faire et aussi de la météo. S’il y a un peu de pluie ça va encore, mais s’il pleut toute la journée, il y a de grandes chances que je me rende à Argenta pour y passer le temps au chaud et au sec. Ça ne sert à rien de rester dehors s’il fait mauvais, à moins de vouloir tomber inutilement malade.

Au bout d’un moment, j’entends finalement un bruit qui me semble familier et qui est plutôt rassurant. À mes côtés, Absol est tout aussi intriguée et Salamèche se dirige déjà en direction du bruit sans même que j’en ai donné les directives. Je pourrais reconnaitre cette ambiance n’importe où. C’est un bruit d’eau qui s’écoule, pas comme une cascade mais plutôt comme de l’eau qui percute des rochers, c’est-à-dire qu’il doit y avoir une rivière ou au moins un ruisseau pas très loin d’ici et cela serait surement l’endroit parfait pour se poser. Une source d’eau potable est tout ce dont j’ai besoin pour préparer un bon repas ce soir et me faire un brin de toilette avant de dormir. Mes pokémons pourront peut-être en bénéficier aussi, même si je doute que Salamèche puisse apprécier l’eau. Avec un peu d’aide de la part d’Absol, je découvre enfin le terrain idéal pour nous installer. À l’abri des regards indiscret entre quelques arbres et au bord du fameux ruisseau, je ne peux pas demander mieux.

Je commence alors à essayer de monter la tente que j’ai précédemment achetée après avoir quitté la ferme. Il fallait bien que je m’équipe un peu en matériel de camping avant de partir en voyage à travers la région, même si je pense davantage utiliser les hôtels que ma tente personnelle. Le camping ce n’est pas très pratique quand on ne voit rien. Sans grande surprise, j’ai beaucoup de mal à savoir ce que je fais et comment rend l’ensemble de la tente. Même si ce n’est qu’une tente à deux places apparemment facile à assembler, je galère beaucoup trop. Absol essaie de m’aider au mieu de ses connaissances, mais elle aussi se retrouve rapidement dépassée par ce que je suis en train de faire. Elle sait à peu près à quoi ressemble l’objet une fois installé, mais elle ignore comment se rendre à l’étape finale. Et Salamèche n’en parlons pas, c’est sans doute celui de nous trois qui est le plus paumé dans cette affaire. Je vais sans doute devoir revoir nos plans, mais ça m’embêterait un peu de devoir faire rembourser ma tente si je n’arrive pas à dormir dedans.

Sans grande surprise, j’ai finalement abandonné le projet de monter la tente. Je ne pense pas être prêt pour ça, ou du moins je ne pense pas avoir les capacités pour y arriver seul. J’étais perdu à savoir quel bâton métallique je devais entrer dans quelle ouverture en tissu tout en faisant attention à ce que la porte soit du bon côté. Sans oublier la bâche qui devait être mise par-dessus à la fin pour mieux protéger de la pluie. C’était beaucoup trop compliqué pour quelqu’un d’handicapé comme moi, je vais devoir réfléchir à une solution lorsque je serais vraiment posé quelque part, surement dans un hôtel d’ici les prochains jours. Soit je revends la tente, soit j’essaie d’en trouver une plus facile à installer. Existerait-il des tentes pour enfants ? Ça serait peut-être plus dans mes cordes.

Dans tous les cas, cela ne m’a pas empêché de placer mon sac de couchage sur une zone suffisamment plat près du ruisseau pour y passer la nuit. Après avoir jeté un dernier coup d’œil à la météo, il n’annonce pas de pluie avant deux jours alors je devrais être bon pour dormir à la belle étoile. Ça sera une première expérience pour moi, mais sans doute pas la dernière vu le voyage qui m’attend. En attendant, j’ai placé mon petit réchaud par terre afin de me préparer un bon petit repas et avec Salamèche a mes côtés, rien de plus simple pour l’allumer. Sentir une chaleur et le craquement du bois par les flammes est assez reposant. J’ai presque l’impression de me sentir comme à la maison, mais dans une maison plus chaleureuse que la ferme ne l’était quand j’y vivais. Une fois le feu bien lancé, il ne me reste plus qu’à remplir d’eau la ration de survie que j’ai choisi de manger ce soir et la laissé chauffer jusqu’à ce que le tout soit porté à ébullition. C’est clairement le type de repas les plus faciles à préparer pour quelqu’un comme moi qui a du mal à cuisiner.

Après avoir bien mélangé le contenu du sachet avec l’eau du ruisseau, je pose le tout sur le réchaud, tout en faisant attention à ne pas me bruler. En général je n’ai pas besoin d’attendre très longtemps avant que cela ne soit prêt, il faut simplement que la ration se réhydrate pour être comestible. Je n’ai qu’à patienter un peu en écoutant les bruits de la forêt au coucher du soleil. Allongée par terre, Absol observe attentivement ce que je suis en train de faire. Elle est assez curieuse de voir son dresseur en train de préparer sa propre nourriture, car elle doit l’avouer, elle n’a pas l’habitude de le voir faire ça. Le nombre de fois où ils se sont rendu dans un restaurant ou tout simplement aller acheter un truc vite fait sur le pouce dans un supermarché, elle ne saurait les compter.

La femelle n’est peut-être pas trop nerveuse à propos de son propre repas, elle sait que cela arrivera au moment voulu, mais ce n’est pas le cas de son partenaire reptile. Affamé après cette grosse journée d’entrainement, Salamèche fait les cent pas depuis un petit moment déjà. Il voit bien que son dresseur ait en train de préparer de la nourriture, mais cela n’a rien à voir avec de la nourriture pokémon qu’il est habitué de manger. Aurait-il oublié de nourrir de ses compagnons ? Pourtant, le jeune homme n’est pas du genre à oublier ce genre de chose.

Mystherbe lv25 apparaît!

Dès qu’une douce odeur se fait sentir, j’en déduis que mon repas est prêt. Malgré que mon estomac soit en train de crier, j’appréhende un peu ce moment car je ne sais même pas à quoi m’attendre. Comme je suis incapable de lire ce qui est écrit sur l’emballage, j’ai simplement pris une ration au hasard dans mon sac et je l’ai fait réchauffée sans d’abord sentir l’intérieur, mais je dois avouer que la nourriture déshydratée n’a pas beaucoup d’odeur. Au final, même en l’ayant fait, cela ne m’aurait pas servi à grand chose. Je ne sais même pas si je vais aimer cette ration, mais en général ce sont des aliments plutôt basiques et pas trop assaisonnés, donc ça devrait aller. Et puis, la seule nourriture que je n’aime vraiment pas provient de la mer. En somme, tout ce qui est poisson et crustacé, alors c’est assez peu probable d’en trouver dans des emballages comme ça étant donné que ce sont des produits qui ne se conservent pas bien sur le long terme.

Tout en faisant attention à ne pas me bruler les doigts, je saisis le sac sur le réchaud afin de l’ouvrir, sans savoir que je suis attentivement observé par mes deux compagnons. Ensuite, je plonge ma cuillère à l’intérieur pour me rendre compte que la texture est plutôt crémeuse et l’odeur qui s’en dégage rend le tout vachement appétissant. Sans attendre davantage, je tente une première bouchée qui, malgré la température beaucoup trop élevée pour ma bouche, est quand même acceptable. J’ai l’impression de manger de la purée de patate dans laquelle on aurait ajouté du mais et des morceaux de lardon. Franchement, ce n’est pas extraordinaire, mais ce n’est pas si mal du tout. Au moins ce repas à base de féculant aura l’avantage de bien me caler pour le reste de la soirée, voir même pour la matinée de demain.

- Tu veux goûter ? demandai-je en tendant une cuillère bien remplie vers l‘endroit où se trouve Salamèche, du moins je crois.

Avec un sourire en coin, un peu amusé par la situation, je me retrouve alors confronté à un silence pesant. Intrigué, le reptile observe la nourriture qu’on lui présente, mais il doit admettre qu’il n’est pas du tout emballé par l’aspect de cette purée blanche et gluante. Par respect pour son dresseur, il s’avance un peu sans trop comprendre ce qu’il lui demande et il pousse alors un gémissement perplexe qui me fait éclater de rire.

- T’inquiète pas, je ne te taquinais. Je ne vous ais pas oublié tout les deux, vous devez surement avoir très faim.

Déposant mon propre repas au sol, je plonge ensuite la main dans mon sac à dos pour en saisir le sac de nourriture pokémon que je traine toujours avec moi, ainsi que deux gamelles. Je ne voudrais pas que Absol et Salamèche se dispute leur repas même si cela m’étonnerait beaucoup de leur part, je préfère donc diviser la bouffe pour éviter toutes embrouilles possibles. Comme il s’agit d’une nourriture spéciale pour carnivores, je n’ai pas à m’inquiéter, ils ont tous les nutriments dont ils ont besoin là-dedans même si cela ne ressemble en rien à leur régime à l’état naturel. Une fois les gamelles posées au sol et une tasse de croquettes versée dans chacune, seul le bruit des craquements de celles-ci sous leurs dents se fait entendre. Tout le monde est en pleine dégustation. Malgré leur silence, je me doute bien que mes partenaires me remercient pour ce repas qu’ils semblent apprécier, je peux donc retourner à ma purée de patate qui est encore bien chaude.

Mystherbe est capturé!
Cabriolaine gagne un point d'expérience!

Sans grande surprise, le repas se passe calmement et aucun de mes partenaires ne témoigne un quelconque mécontentement. J’ose imaginer qu’ils ont tout les deux manger à leur faim, je peux donc passer à autre chose dès que j’ai moi-même terminé ma ration. Bientôt, tout le matériel nécessaire à la préparation du repas est rangé, même les gamelles des pokémons, à l’exception du réchaud que je laisse au sol et qui me servira encore un peu. Néanmoins, j’aurais du me montrer plus prévenant en commençant à faire bouillir de l’eau sur le feu en mangeant car je dois admettre que la purée salée m’a bien donné soif et je n’ai pas d’eau potable à porter de la main. Il y a le ruisseau a seulement quelques mètres mais je préfère toujours faire chauffer l’eau que je prélève dans la nature juste pour éviter de choper des maladies ou des parasites. Je ne tiens vraiment pas à être malade alors que je suis dehors, loin de tout confort et des soins que je pourrais facilement recevoir dans une clinique. J’aurais du m’y prendre plus tôt car cela prend un certain temps, mais mieux vaut tard que jamais.

Laissant mes pokémons se reposer après ce bon repas, je me lève pour me diriger vers le ruisseau avec mon bâton de marche. Allongée par terre, Absol esquisse un mouvement en me voyant m’éloigner seul, mais elle hésite. Devrait-elle m’assister comme elle a l’habitude de le faire ? Une partie d’elle croit que je suis capable de le faire seul et surtout, son hésitation m’a permis de faire plusieurs pas en direction de la source d’eau, il est donc évident que je sais me débrouiller en solo par moment. Comprenant son erreur et son manque de réaction, Absol se recouche donc, mais elle garde les yeux rivés sur moi au cas où j’aurais besoin d’aide. De son côté, Salamèche ne tient plus debout et après s’être étiré en poussant un long bâillement de satisfaction, il s’approche de mon sac de couchage afin de se rouler en boule non loin. Tout en faisant attention au bout de sa queue enflammé, il ne tarde pas à somnoler alors que le crépuscule commence à s’installer.

Le bruit de l’eau est un excellent indicateur, le courant semble assez fort et je rempli donc aisément mon contenant. L’eau me semble bien fraiche et j’avoue que j’ai envie d’en boire tout de suite après la longue journée que j’ai passé dehors, mais je dois prendre mon mal en patience. Quelques minutes sur le réchaud et le tout devrait commencer à bouillir, il me suffira ensuite d’attendre que cela refroidisse pour que je puisse déguster le tout. Cela m’apprendra à ne pas y peser plus tôt, le processus aurait pu s’accomplir pendant que j’étais en train de manger. Tant pis. Néanmoins, je suis dans l’incapacité de le remarquer mais pendant que je remplis ma gourde, je suis observé. De l’autre côté du ruisseau, caché dans des buissons, le jeune Cabriolaine me fixe avec crainte. Depuis sa libération, il a déambulé dans la forêt à la recherche de son groupe, mais il n’a obtenu aucune réponse. Sa patte arrière le faisant souffrir, il a fait plusieurs pauses et l’obscurité commençant à être trop menaçante, il a décidé de s’arrêter près du ruisseau pour s’y reposer. Toutefois, il ne s’attendait pas à recroiser le même humain que tout à l’heure.

Un Abo lvl 16 apparaît !

Définitivement, la petite chèvre ne sait vraiment pas quoi faire. Pour l’instant il arrive encore à marcher, mais il sait pertinemment que cela n’est que temporaire. La douleur sur sa patte blessée est encore supportable, mais plus les jours avanceront et plus cela sera pénible s’il ne trouve pas d’aide. Quand il ne sera plus capable de marcher, il n’aura plus qu’à s’allonger quelque part et attendre la venue des prédateurs de la forêt qui viendront mettre finalement fin à ses jours. Il doit admettre qu’il espérait une meilleure fin de vie, malgré qu’il soit encore jeune. Même s’il arrivait à retrouver sa famille, il ne serait pas tirer d’affaire pour autant, car une blessure qui s’infecte est souvent mortelle dans la nature. Ses parents ne pourraient pas y faire grand chose, à moins de trouver un autre pokémon capable de prodiguer des soins et cela ne court pas les sentiers dans cette forêt. Il aurait simplement du soutien moral et bien que cela pourrait grandement l’apaiser, cela ne serait pas suffisant. Plus le temps passe et plus la chèvre se croit condamner, peu importe ce qu’il fait.

Afin de réfléchir à la situation, il s’est alors planqué près du court d’eau dans l’espoir que le bruit de l’eau pourrait étouffer les bruits de sa présence ici. Il est en train de se demander s’il ne vaut pas mieux se reposer et espérer que sa blessure se soigne toute seule lorsque du mouvement attire son attention. Son regard s’est ensuite posé sur l’humain venu chercher de l’eau et il s’est rapidement aperçu qu’il s’agit du même homme qui l’avait précédemment libéré. Que fait-il encore là ? Bien qu’il soit reconnaissant de son geste, il croyait s’être débarrassé de lui et de voir que ce dresseur est encore dans les parages ne le rassure pas. Néanmoins, il l’observe pendant un long moment, jusqu’à ce qu’il soit de retour à son sac de couchage et prêt à dormir pour passer la nuit. La chèvre hésite, ce n’est peut-être pas une bonne idée pour lui de rester aussi près d’un humain, mais d’un autre côté... il se demande s’il ne serait pas le seul être vivant ici à être en mesure de l’aider.

Au départ il était persuadé qu’il s’agissait du fameux braconnier qui avait réussi à l’attraper, mais quand il prend vraiment la peine d’y réfléchir, il se dit que c’est impossible puisqu’il l’a libéré et n’a jamais chercher à le poursuivre. D’ailleurs, cet homme semble différent des autres, il marche lentement et avec une certaine hésitation à chaque pas, comme s’il ne voyait rien. Il a aussi l’air gentil avec ses compagnons et cela est quand même rassurant car s’il était méchant, ses pokémons ne resteraient surement pas avec lui. Le type plante ne sait pas trop pourquoi il a autant de mal à accorder sa confiance, mais cela vient probablement de ses parents qui lui répétait sans cesser de rester près d’eux ou du groupe pour éviter de se retrouver seul et complètement vulnérable. Ce n’est pas parce qu’il est une proie qu’il doit toujours tout craindre autour de lui, sinon l’anxiété permanente aurait bientôt raison de lui. Qu’il le veuille ou non, deux choix s’offrent donc a lui. Soit il reste seul face à une mort quasi certaine, soit il tente d’aller chercher de l’aide auprès du dresseur.

Toujours hésitant, Cabriolaine met encore plusieurs minutes à se décider. Il se demande si cette décision ne sera pas la dernière qu’il puisse prendre, si l’homme en face de lui n’est pas bien intentionné finalement. S’il fait une erreur, il lui sera impossible de réajuster son tir. À court de meilleures idées, il essaie de se convaincre qu’il s’agit de sa seule et unique option pour tenter de soigner sa patte, même si cela ne lui plait pas de s’approcher autant du monde des humains. Et puis, sa patte n’est pas encore trop abimée pour l’empêcher de courir. S’il sent que quelque chose ne va pas, il n’aura qu’à prendre la fuite et espérer ne plus jamais recroiser ce groupe. Peut-être plus facile à dire qu’à faire, mais le fait de pouvoir fuir suffit à le rassurer et à le convaincre.

Faisant semblant d’aller boire, le type plante se redresse et sort enfin de sa cachette, produisant du même coup un bruissement assez audible aux alentours. Il s’approche doucement du ruisseau, mais ses bruits de pas attire l’attention d’une autre créature. S’étant couchée quelques minutes plus tôt pour tenter de trouver le sommeil, Absol doit admettre qu’elle n’a pas envie de dormir et que le moindre petit bruit suspect laisse constamment ses sens en éveil. Elle ressent le besoin de rester réveillé pour surveiller son dresseur et Salamèche qui s’est déjà endormi depuis longtemps après une longue journée d’entrainement. La forêt ne représente pas un danger en soit, mais c’est plus fort qu’elle, comme si elle avait un pressentiment. Du coup, lorsqu’elle entend du bruit en direction du ruisseau, elle redresse rapidement la tête afin de voir ce qui se passe. Capable de voir dans l’obscurité la plus totale, elle repère rapidement le jeune Cabriolaine qu’ils ont croisé un peu plus tôt et elle se demande bien ce qu’il fait encore dans le coin.

- Tiens, comme on se retrouve. Tu as tellement eu peur tout à l’heure que je croyais que tu t’étais enfuit à l’autre bout de la forêt.

Ne s’attendant pas à se faire détecter aussi rapidement, la chèvre sursaute et esquisse un mouvement de recul. Il avait presque oublié la présence de cette étrange femelle carnivore au sein du groupe.

- Oh euh, je...

Ne voulant surtout pas montrer ses faiblesses, il essaie alors de reprendre contenance. Bombant son torse feuillu, il redresse la tête afin de paraitre plus grand qu’il ne l’est vraiment. Il doit se montrer confiant et sur de ce qu’il veut, sinon cet humain et ses compagnons auront vite fait de se jouer de lui. L’échec est bien la dernière chose qu’il souhaite, il doit donc donner son maximum pour espérer que sa demande d’aide fonctionne.

- Je ne savais pas que vous étiez là. C’est à croire que vous essayez de me suivre.

Peu convaincue, Absol n’ajoute rien et continue de dévisager le type plante, persuadée qu’il ajoutera quelque chose si elle reste silencieuse. Il avait tellement peur d’eux quand ils l’ont libéré, il doit forcément être revenu vers eux pour une bonne raison. Elle refuse de croire qu’ils se sont retrouvés comme ça, par hasard.