Alors que je reprends une gorgée de mon jus de fruits, savourant la fraîcheur qui me traverse, je me surprends à penser aux visages familiers de l’académie. Cela fait un moment que je n’ai pas eu de nouvelles de nos collègues. Une certaine curiosité me pousse à briser le silence qui s’est installé, agréable mais fragile.
— Et sinon, comment ça se passe à l’académie ces derniers temps ?demandé-je en reposant mon verre.Ça fait un moment que je n’ai pas eu de nouvelles de tout le monde.
Alix lève un sourcil, visiblement surprise par ma question. Elle pose doucement sa tasse de thé, croisant les bras sur la table dans un geste qui trahit une certaine fatigue.
— Ah, l’académie…soupire-t-elle.On est en plein dans la saison des évaluations régionales. C’est un vrai tourbillon, je ne te cache pas. Toute la région de Kantô est synchronisée pour les faire passer au même moment, et crois-moi, c’est loin d’être une partie de plaisir. — Je vois. Les élèves doivent être sur les nerfs, non ? Si je me souviens bien, c’est toujours la même ambiance : stress, révisions de dernière minute, et cette fameuse panique collective la veille des épreuves. — Tu n’imagines même pas !s'indigne-t-elle en riant doucement.On a eu des élèves qui sont venus me voir à des heures improbables pour des « clarifications » sur des sujets qu’ils auraient dû maîtriser depuis des mois. Certains sont si nerveux qu’ils en oublient même les bases.finit-elle par avouer, tout en prenant une pause dans son discours.Ce qui est vraiment épuisant, ce n’est pas tant les évaluations elles-mêmes, mais toute l’organisation autour. Il faut coordonner les équipes, s’assurer que chaque épreuve se déroule sans accroc, gérer les absences, et surtout… jongler avec les parents exigeants. — Les parents… Toujours là pour ajouter une couche de pression supplémentaire.compatis-je.Certains ne comprennent pas que les évaluations sont aussi une étape pour apprendre, pas juste un verdict final.
Alix sourit, appréciant visiblement mon soutien. Pendant ce temps, je fais signe au serveur qui passe à proximité.
— Un éclair au chocolat, s’il vous plaît !commandé-je avec une gourmandise à peine dissimulée, puis, refocalisant mon attention sur mon ancienne collègue de travail.Et les collègues, alors ? Comment ils gèrent tout ça ? — Eh bien, chacun à sa manière. Tu connais Dewey, il reste imperturbable comme toujours. Il a même réussi à intégrer une nouvelle méthode d’évaluation cette année, un truc innovant sur l’analyse des stratégies de combat en temps réel. Les élèves adorent, et ça allège un peu leur stress.ouvre-t-elle en prenant une autre gorgée de thé.Mais d’un autre côté, notre cher Édouard… il est au bord de la crise de nerfs. Il a toujours été perfectionniste, mais là, je crois qu’il frôle le burn-out. Chaque détail compte pour lui, et il ne supporte pas la moindre déviation du programme. — Édouard et son amour du contrôle… Ça ne change pas. Mais j’espère qu’il arrivera à lâcher un peu de lest.balancé-je avec un petit rictus, imaginant parfaitement la scène.
Le serveur revient rapidement, posant délicatement un éclair au chocolat devant moi. Je prends un instant pour apprécier sa présentation simple mais appétissante. La couche brillante de glaçage chocolaté semble presque fondre sous la lumière.
— Merci !dis-je en hochant la tête, avant de m’emparer de la petite fourchette, pour savourer avec hâte une première bouchée de cette pâtisserie à la douceur et au moelleux presque divin.Tu shais, jjh’ai toujjhours admiré la fachon dont vous gjhérez tout cha à l’académie.finis-je de dire en déglutissant.Pardon. Oui donc je disais. Même en pleine tempête, vous trouvez un moyen de garder le cap. Je sais qu'à l'époque, ça m'aidait beaucoup de vous savoir dans les parages, prêts à accorder votre soutien inconditionnelle devant la charge de travail monumentale. — C’est gentil de ta part.rétorque Alix en souriant, animée d'un regard mélangeant gratitude et fierté.Mais franchement, parfois, j’aimerais bien être à ta place, dans cette pension tranquille, à m’occuper de Pokémon au lieu d’adolescents en pleine crise existentielle. — Tranquille, tu dis ? Attends de voir la pension en pleine période de reproduction et d'entrainements pour des dresseurs un poil trop flemmard.pouffé-je de rire.C’est un autre genre de chaos, crois-moi. Mais bon, au moins, les Pokémon ne viennent pas se plaindre que le programme est trop difficile.
Nous partageons un éclat de rire complice, le genre de moment qui apaise les esprits. La ville continue de vibrer autour de nous, mais ici, en terrasse, le temps semble suspendu, et tout paraît un peu plus léger.
Alors que je savoure les dernières bouchées de mon éclair au chocolat, Alix pose sa tasse de thé avec un petit sourire en coin, visiblement prête à changer de sujet. Je sens son regard se poser sur moi, perçant, mais bienveillant.
— Assez parlé de l’académie. Et toi, où en es-tu dans ton parcours de coordinateur ? Ça fait un moment que tu ne m’as pas raconté tes dernières aventures.
Je prends une longue gorgée de mon jus de fruits, laissant la fraîcheur du breuvage prolonger la douceur de l’éclair. Le simple fait qu’elle pose cette question ranime en moi des souvenirs récents, des moments de stress, mais aussi de pure exaltation.
— Eh bien...dis-je en posant mon verre,ça a été un sacré voyage ces derniers mois. Tu te souviens de l'exhibition coordination à Floraville, non ? Celui où Geshtinanna, ma Rafflesia, s'était déguisé en Ortide, pour donner l'illusion d'évoluer en pleine prestation. — Oui, c’est vrai ! Tu m’en avais parlé au téléphone.se rappelle Alix, les yeux pétillants.C’était pendant une performance en extérieur, si je ne me trompe pas ? — Exactement.lui souris-je, satisfait de savoir qu'elle s'en souvenait.C’était un événement en plein champ, entouré de fleurs sauvages. On avait préparé une chorégraphie qui devait symboliser la renaissance et la protection. Geshtinanna a été incroyable, elle a canalisé toute l’énergie autour d’elle, et au moment culminant… elle a révélé la supercherie de manière surprenante. Le public était en extase.
Je marque une pause, laissant les souvenirs s’ancrer un peu plus profondément.
— Depuis, elle a pris une tout autre dimension. Elle a gagné une confiance incroyable en elle-même et en ses capacités. Je crois qu’elle commence à comprendre qu’elle est une véritable star. — Je suis tellement contente pour ton Pokémon. Ah...soupire-t-elle...si seulement certains de mes élèves pouvaient justement abandonner l'idée de se dire qu'ils en sont, des stars. Ça me ferait des cours bien plus agréables à supporter.
Nous pouffons de rire à gorge déployée. Après cet éclat vocal, j'en profite pour reprendre un autre jus de fruits frais pressés. Alix, elle, me sourit, visiblement encore amusée par la discussion, mais revient sur un autre sujet lié à mon parcours dans la coordination.
— Mais dis-moi, est-ce que tu ressens une pression particulière en tant que coordinateur ? Tu sais, le besoin constant de te réinventer, d’offrir quelque chose de nouveau à chaque concours ?
Je réfléchis un instant, jouant distraitement avec ma fourchette.
— Oui, bien sûr. Il y a toujours cette peur de lasser, d’être redondant. Mais en même temps, c’est aussi ce qui rend ce métier si excitant. Chaque concours est une occasion de repousser mes limites, de créer des histoires différentes à travers les performances. Et heureusement, j’ai une équipe qui m’inspire constamment.lui confie-je.Tiens, par exemple,annoncé-je en m’appuyant légèrement contre le dossier de ma chaise, avec un sourire, Draco, celui que j’ai récupéré après son passé difficile, a énormément progressé. Il est passé de Pokémon craintif à un véritable atout lors des concours. Et puis, il y a Kumiho, ma Feunard. Elle a une grâce naturelle qui captive le public, même avant qu’elle ne bouge. Je travaille sur un duo entre elle et Simargl, mon Arcanin. Leur complémentarité en termes de feu et de statut canin pourrait être spectaculaire. — Un duo de feu ? Ça sonne audacieux quoi qu'un peu redondant non ? Tu penses que ça peut fonctionner ?questionne Alix en penchant la tête, manifestement intriguée. — Oui,rétorqué-je, sûr de moi, ça demande beaucoup de travail en amont, mais l’idée est de jouer sur le contraste de gabarit et la sublimation de l'élément de type. Imaginer une chorégraphie où Simargl déclenche une immense vague de flammes, que Kumiho esquiverait ensuite en plein vol, créant une danse de feu captivante… Tu vois le genre ? Le public adore ce genre d’effet spectaculaire. — Impressionnant.siffle Alix, impressionnée.Et ça, c’est pour un concours particulier ? — En vérité, non.avoué-je.C'est un enchainement auquel j'ai pensé après notre dernière déconvenue à Malié, en territoire alolien. C'était un concours pourtant très ouvert dans la thématique, mais il semblerait que je n'ai pas choisi la bonne manière de faire honneur à ce duo de canidés flamboyants. Et il se trouve que cette nouvelle idée m’a tout de suite inspiré. J'aimerais bien, un jour, pouvoir la tester en condition du direct. Et si ça fonctionne, je pense que ça pourrait devenir une signature dans mes prestations.
Alix reste silencieuse un instant, comme si elle mesurait l’ampleur de ce que je viens de lui raconter. Puis, elle sourit de nouveau.
— Tu sais, Leonis, je suis toujours impressionnée par ta créativité et ta détermination. Ça me rappelle pourquoi j’ai toujours aimé discuter avec toi. — Merci, Alix.réponds-je en rougissant légèrement, détournant les yeux un instant.Ça compte beaucoup, venant de toi. Mais tu sais, ça reste un chemin semé d’embûches. Il y a des jours où je doute, où je me demande si je suis vraiment à la hauteur. Mais à chaque fois, je me rappelle pourquoi j’ai commencé. Pas pour les trophées, mais pour ce lien unique avec mes Pokémons et la joie qu’on apporte au public. — Et c’est exactement pour ça que tu réussiras.acquiesce-t-elle, le regard plein de compréhension et de confiance.Parce que tu fais ça avec ton cœur, et ça, le public le ressent toujours.
Alors qu’Alix et moi échangeons tranquillement sur nos parcours respectifs, une ombre familière s’allonge sur notre table, projetée par le soleil de la fin de matinée. Je lève les yeux et reconnais aussitôt Hector, le professeur de sciences de la vie et de la terre à l’académie de Parmanie. Il est là, debout, avec son éternel chapeau de paille un peu trop grand et son sac en bandoulière qui semble toujours sur le point de se décrocher. Son expression, comme à son habitude, est paisible, presque stoïque.
— Leonis... Alix... Bonjour...murmure-t-il, chaque mot s'étirant comme s'il hésitait entre être prononcé ou simplement rester suspendu dans l'air.
Je souris, tout en échangeant un regard complice avec Alix. Hector est connu pour sa lenteur. Pas seulement dans sa manière de parler, mais dans tout ce qu’il fait. Il prend son temps pour tout, qu’il s’agisse de corriger des copies, de préparer un cours ou même de traverser la cour de l’académie. Je crois qu'il pourrait méditer sur un simple brin d'herbe pendant des heures.
— Hector, quelle surprise !m'exclamé-je avec un enthousiasme sincère, même si, dans un coin de ma tête, je me prépare déjà mentalement à ce qui va suivre.
Il s’installe lentement sur la chaise à côté d'Alix, ajustant précautionneusement son sac avant de poser ses mains sur la table. Le silence s’installe un instant, et je me rends compte qu’il réfléchit sans doute à sa prochaine phrase. Ce moment de flottement est typique. Hector ne parle jamais à la légère, chaque mot semble pesé, analysé, et ensuite relâché au compte-gouttes. Je décide de prendre les devants pour briser la glace.
— Alors, Hector, qu’est-ce qui t’amène ici ? Tu fais une pause bien méritée après les évaluations régionales ?
Il incline légèrement la tête, comme s’il fallait encore une seconde ou deux pour qu'il assimile la question. Il faut vraiment le voir, pour le croire. Ahurissant et amusant à la fois.
— Oui... exactement...dit-il enfin, sa voix traînant comme un ruisseau calme.C’était... épuisant... mais... enrichissant.
Je me retiens de rire. « Épuisant », venant d'Hector, sonne presque comique. Ce n’est pas qu’il soit paresseux, loin de là, mais il a une manière tellement posée de tout aborder qu’on se demande parfois s’il ressent réellement la pression comme nous, simples mortels. Pendant qu’il continue de parler — ou du moins de tenter de le faire, car ses silences sont si longs qu’on pourrait les remplir de plusieurs gorgées de thé. Ah, Hector…
C’est fascinant, vraiment. Comment quelqu’un peut-il être aussi… lent ? Pas seulement dans ses gestes ou ses paroles, mais dans sa manière d’interagir avec le monde. Quand il traverse la cour de l’académie, c’est comme s’il flottait au-dessus du temps, indifférent au rythme effréné de ceux qui l’entourent. Les élèves, d’abord amusés, finissent par s’habituer, certains allant même jusqu’à l’imiter pour le plaisir. Ses corrections de copies ? Lentes, oui, mais toujours impeccables. Ses cours ? Un mélange de philosophie et de biologie, où chaque phrase semble vouloir inviter à la contemplation de la vie elle-même. Et pourtant, malgré tout, on ne peut s’empêcher de l’apprécier. Il a cette aura de sagesse, comme un vieil arbre qui a tout vu, tout entendu, et qui sait que les tempêtes passent, mais que les racines restent. Je me rappelle une fois où un élève impatient lui avait demandé pourquoi il parlait si lentement. Hector, après une pause — bien sûr — avait simplement répondu que c'était parce que chaque mot méritait son espace. C’était à la fois frustrant et brillant.
Je reviens à la réalité lorsqu’il reprend la parole, toujours avec cette lenteur caractéristique.
— Et toi... Leonis... comment se... passe... votre carrière de... coordinateur... ?
Je me penche légèrement en avant, prêt à résumer tout ce que je viens de raconter à Alix, tout en sachant qu’avec Hector, il faudra probablement répéter certains détails. Mais ce n’est pas grave. Après tout, discuter avec lui, c’est comme participer à une sorte de méditation guidée. Un exercice de patience et de pleine conscience, où chaque mot, chaque pause, devient une invitation à ralentir et à apprécier l’instant présent.
Alix, toujours souriante, s’appuie sur la table, intriguée par la question d’Hector, mais elle n’attend pas que je réponde pour relancer la conversation.
— Tu sais, Hector, Leonis ne fait pas que dans la coordination. Il a aussi participé à quelques combats de dressage Pokémon, n’est-ce pas ?demande-t-elle, un éclat malicieux dans le regard. — Oui, c’est vrai. J’ai fait mes débuts en coordination,confirmé-je ses dires d'un hochement de la tête, tout en savourant une nouvelle gorgée de jus de fruits frais, mais les combats ont toujours eu une place importante dans mon parcours. C’est un monde fascinant, surtout quand tu observes les stratégies que certains dresseurs déploient. Cela va bien au-delà de la simple force brute. — Hmm…répond Hector en inclinant sa tête vers la droite...intéressant… les combats… sont-ils… vraiment nécessaires… pour… l'évolution... d’un Pokémon… ou est-ce… purement compétitif… ?demande-t-il, son ton empreint de cette curiosité presque philosophique qui le caractérise. — Je dirais que ça dépend de la philosophie du dresseur.suggère Alix en se redressant, l'air pensif.Certains voient les combats comme un moyen d’épanouissement pour leurs Pokémon, d’autres comme un simple défi à relever pour prouver leur supériorité. Personnellement, je préfère voir ça comme une collaboration, un partenariat. On évolue ensemble, pas l’un au détriment de l’autre. — Exactement. Pour moi, c’est une question d’équilibre. Un Pokémon peut s’épanouir de différentes manières : en combattant, en participant à des concours, ou simplement en vivant des aventures. Ce qui compte, c’est de respecter leurs envies et leurs limites. Mon Draco, par exemple, n’était pas du tout à l’aise avec les combats au début, à cause de son passé. Alors, on a pris notre temps. Maintenant, il trouve du plaisir à se dépasser, que ce soit en coordination ou dans une arène. — C’est… une… vision... noble…murmure-t-il.Mais… que… dire des... tournois… où les Pokémon… sont poussés… à l’extrême… parfois… au-delà de leurs… limites… ?
Son regard s’alourdit légèrement, trahissant une préoccupation sincère. Je pose mon verre, réfléchissant un instant.
— C’est un vrai problème, Hector. Je pense que tout repose sur le respect qu’on porte à nos compagnons. Si un dresseur ne sait pas lire les signaux de son Pokémon, ça peut devenir dangereux. Mais dans les tournois bien encadrés, il y a des règles pour protéger les participants. Et puis, il y a des Pokémon qui aiment ça, qui se nourrissent de cette adrénaline. Prends Simargl, mon Caninos évolué, par exemple. Il vit pour les défis. Mais je ne le forcerais jamais à continuer s’il montrait le moindre signe de détresse. — Tout à fait.acquiesce ma collègue.Et puis, il y a aussi cette camaraderie qui se développe dans les tournois. Ce n’est pas seulement dresseur contre dresseur, c’est aussi un moment de partage entre passionnés. — Vous avez… raison…soupire Hecor, toujours aussi lentement que le reste de son élocution...la collaboration… et le respect… sont essentiels… mais… je me demande… si tous les dresseurs… partagent cette… philosophie… — C’est vrai que certains ne voient pas les choses de cette manière, mais c’est à nous, en tant qu’éducateurs et dresseurs, de montrer l’exemple. Et puis, il y a aussi les compétitions non-violentes, comme la coordination. C’est une belle alternative pour ceux qui veulent éviter les combats tout en explorant les capacités uniques de leurs Pokémon. — Et n’oublions pas les recherches et les découvertes ! Les tournois, qu’ils soient de combat ou de coordination, permettent aussi d’en apprendre davantage sur les Pokémon, leur comportement, leurs aptitudes. — Une belle… perspective… que vous partagez… je suis… rassuré… de savoir que… nos futurs dresseurs… ont de si bons… modèles…
Nous échangeons un regard complice, et pendant un instant, le bruissement de la ville autour de nous semble s’éteindre. Hector, dans toute sa lenteur, a ce don de ramener chaque discussion à une réflexion plus profonde, et je ne peux m’empêcher d’apprécier la richesse de cet échange.
La conversation bascule naturellement vers l’actualité, et c’est Alix qui relance le sujet.
— À propos de modèles, vous avez entendu parler de cette annonce récente du gouvernement ? Ils veulent intégrer des cursus dédiés au dressage Pokémon dans les écoles. Une sacrée réforme, non ?
Les mots d'Alix flottent un instant dans l'air, et je sens mon intérêt piqué au vif. Je repose lentement mon verre, le goût acidulé du jus de fruits faisant tout juste son effet addictif dans ma gorge. Mon regard s’anime, et je me penche légèrement en avant, soutenant son regard.
— Sérieux ?réponds-je.Je pensais que c’était encore en phase de discussion. Ils ont déjà décidé de passer à l’action ? — Oui, j’ai lu ça hier.poursuit-elle.Ils veulent commencer dès le primaire, avec des cours d’introduction sur la biologie des Pokémons et des ateliers pratiques en secondaire. Franchement, c’est une excellente initiative. Ça permettra de mieux encadrer les futurs dresseurs, de leur inculquer les bonnes valeurs dès le départ. Mais tu crois que ça va vraiment marcher ?
Hector, fidèle à lui-même, prend une longue inspiration avant de répondre.
— Hmm…réfléchit Hector dans sa léthargie caractérisée.Cela… dépendra… des… enseignants… mais aussi… des ressources… mises à… disposition… et surtout… de l’implication… des familles… Sans cela… difficile… d’instaurer… un réel changement… dans les… mentalités… — Et toi Leonis, tu en penses quoi ? — C’est ambitieux, je dois le reconnaître. Mais c’est aussi nécessaire. Trop de jeunes dresseurs se lancent dans l’aventure sans avoir les bases. Ils partent avec un pokémon d'ornement, quelques balles de capture, des sprays revitalisants, et hop, les voilà face à des adversaires expérimentés. Ce genre de cursus pourrait leur éviter bien des désillusions... et des blessures inutiles à leurs Pokémon. — Exactement.concède Alix.Et ça pourrait aussi renforcer la compréhension et le respect mutuel entre les dresseurs et leurs partenaires Pokémon dès le plus jeune âge. On parle d’une vraie révolution culturelle.
Je hoche la tête, réfléchissant à ses paroles et à cette réponse que j'aurais pu donner si mes pensées n'avaient pas été détournées ailleurs. Pendant un instant, mon esprit dérive, emporté par une autre forme de conversation, celle qui se déroule en arrière-plan. La musique d’ambiance de la brasserie m’enveloppe doucement, une mélodie jazzy qui semble danser au gré des tables, des couverts, du mobiliers et du personnel officiant dans cet antre de la gourmandise. Les notes de saxophone s’élèvent, lentes mais douces, réconfortantes et chaudes, flirtant avec les rythmes de la batterie.
Je ne peux m’empêcher de sourire. Cette musique, bien qu'inconnue à mon répertoire musical, m'évoque une élégance décontractée, celle des soirées où l’on prend le temps, où l’on savoure chaque instant. Elle se marie parfaitement avec l’atmosphère animée mais paisible de la brasserie. Les tintements des couverts, les éclats de rire des autres clients et le murmure constant des conversations se fondent dans cette toile sonore, comme si chaque bruit contribuait à cette symphonie du quotidien. Ce genre de moments me rappelle pourquoi j’aime tant ces petites échappées en ville. Tout y est vivant, et même dans un cadre simple, comme cette terrasse, il y a une richesse à expérimenter dans son entièreté. La musique, sans le vouloir, raconte des histoires ; elle accompagne les nôtres, et pour quelques minutes, elle devient le fil conducteur de mes pensées.
— Vous entendez cette musique ?dis-je en levant un doigt comme si je venais de faire une grande découverte.C’est parfait, non ? Elle crée une atmosphère à la fois détendue et sophistiquée. Vous avez remarqué à quel point certaines notes tombent juste avant qu’on s’y attende ? C’est comme si la mélodie jouait avec nos attentes, un peu comme dans une prestation Pokémon, si tant est qu'elle soit bien menée. — Tu as vraiment le don de te laisser happer par les détails, Leonis.éclate Alix de rire.Mais oui, maintenant que tu le dis, cette musique a un côté captivant. Un peu comme toi, en pleine prestation de coordination. — Tu vas me faire rougir.la taquiné-je. Mais c’est peut-être pour ça que je l’aime bien, après tout. Elle raconte une histoire sans qu’on s’en rende compte, un peu comme nous quand on prépare nos Pokémons pour la scène. Et puis, tu sais quoi ? Cette musique me fait penser à Vetala. Mon Ectoplasma adore ce genre d’ambiance, il serait probablement en train de danser en pleine lévitation s’il était là.
Hector, après un court silence, se joint à la conversation, son ton toujours mesuré.
— La musique… a un pouvoir… incroyable… elle peut… influencer… l’humeur… et même… la dynamique… d’une équipe Pokémon… il serait… intéressant… d’intégrer cela… dans les futurs… cursus… — Tu penses qu’on pourrait apprendre aux jeunes dresseurs à utiliser la musique comme outil de synchronisation avec leurs Pokémon ? — Oui…hoche-t-il lentement de la tête, comme à son habitude.Cela… pourrait renforcer… la connexion… entre eux… mais aussi… leur permettre… de mieux… gérer le stress… et la pression… des combats ou… des concours… — Imagine,enchaine Alix, des salles de classe où les élèves apprennent à composer des thèmes pour leurs équipes Pokémon ! Ce serait une révolution dans l’éducation.
Je ris doucement, imaginant un futur où chaque dresseur serait aussi un petit compositeur.
— Et pourquoi pas ?osé-je.Après tout, l’objectif est d’éveiller les jeunes à toutes les facettes du monde Pokémon. Si on peut leur apprendre à respecter leurs partenaires tout en explorant des formes d’expression artistique, je suis totalement pour.