En vrai de vrai, l'histoire n'est pas aussi marrante que je ne vous la vends depuis quelques minutes. Il s'agit plutôt d'une succession de petits passages au potentiel humoristique que je n'oublierai pas de si tôt. Je revois la tête de mon désormais nommé Bunbulama, en lien avec un dieu oiseau d'une ancienne civilisation perdue dont la richesse mythologique est passionnante, c'est à me tirer un rire incontrôlé venu de nulle part et qui, sortit de son contexte et dans une situation triste type un enterrement, pourrait être très mal vu. Mais heureusement, je sais me contenir et faire preuve de dignité dans les moments cruciaux. Mais ce jour-là. BWOUAHAHAHAHA ! Pardon, ça y est, ça recommence.

Comme je vous l'ai énoncé il y a peu, tout s'est joué en l'espace d'une petite dizaine de minutes, alors que je venais tout juste de me remettre de la capture du Léviator sauvage. Le vieux pêcheur à la recherche de son Krabboss était déjà là lui aussi, et a également vu toute la scène. Ma Méga-Canne était encore vers le rebord de la berge où l'apparition du dragon d'eau s'était réalisée. Et je ne sais trop comment, un Psykokwak était apparu à l'emplacement même où s'était déroulé la capture. Fait étonnant, je m'étonnais de voir un si petit pokémon, de type canard qui plus était, pouvoir coexister avec ce géant des mers sans connaitre trop de problèmes. C'était dire s'il m'attirait la sympathie, celui-là. Mais le plus drôle reste à venir, le pokémon cancaneur vint à la rencontre de Draco, qui était sagement et tranquillement en train de se faire dorer les écailles à la lumière chaleureuse et douce du soleil. Ce Psykokwak n'avait définitivement pas froid aux yeux, et n'avait pas non plus l'impression de s'aventurer en terrain hostile. Était-ce là le secret de sa longévité paisible dans cette mer jouxtant le Bourg Palette ?

Tout s'enclencha alors au moment où le Pokémon canard vint à palper le corps écailleux de mon meilleur ami dragon. Au départ, Draco ne bronchait pas une oreille mais avait quand même ouvert un œil pour garder le contrôle sur les agissement de ce petit pokémon jaune dont les « Psiiiii ! » et autres « Kokwak ! » devenaient insistants. Mais il y eut bien un moment où mon compagnon de type Dragon dut se faire entendre, pour ne serait-ce qu'être de nouveau en paix sans se faire palper contre sa volonté par un autre pokémon un peu trop curieux. Son rugissement instantané et imprévu surprit tout le monde, moi y comprit, mais surtout le jeune canard qui ne savait plus quoi faire ni quoi cancaner pour se sortir de ce guépier. La petite bestiole mi-oiseau mi-être aquatique était paralysée tout d'abord, de peur sûrement, et se mit à avancer de façon étrange.

A vrai dire, je ne savais pas si le Psykokwak était tout simplement devenu désorienté du fait de la chasse que Draco venait de lui mettre pour s'être amusé de trop près à vouloir lui caresser et pincer les écailles, ou s'il était devenu complètement fou, à tenter la carte de la perte de contrôle de ses propres mouvements pour brouiller les pistes et préparer un autre mauvais coup. Toujours était-il que la situation était légère, loin d'être d'une gravité exemplaire, et le pêcheur et moi n'avions que très peu d'intérêt à suivre ce qu'il allait se passer ; et pourtant... ce fut par un léger rugissement de mon partenaire dragon que nous nous rendîmes compte que la comédie allait atteindre un nouveau stade, un que nous nous remémorerions pour des heures durant.

Le Pokémon canard continuait sa petite démonstration de démarche presque robotique, en cancanant de façon arythmique et parfois fausse, en zigzaguant de ça et là vers la berge où nos cannes à pêche se trouvait. Le projet était clair, il comptait certainement venir jouer et se divertir en venant mettre son grain de sel sur nos lignes, et quelque chose me dit que le pêcheur n'allait pas l'entendre de cette oreille. A la place, il ordonna très discrètement à son Krabi de venir se placer vers le moulinet de sa propre canne, pour y attendre sagement et sournoisement le pokémon faussement désorienté. Une fois que le Psykokwak eut été dans la ligne de mire du pokémon crabe, ce dernier surgit dans une sorte de glissement de côté, ouvrit l'une de ses petites pinces, et vint la faire claquer contre le postérieur du garnement à bec.

La réaction fut immédiate et sans appel. Le Pokémon de type Eau commença à s'agiter de cette légère douleur de pincement à l'arrière-train, et débuta également une sorte de course folle, en rond, sur place, au beau milieu de tout notre attirail de pêche. Ne sentant plus si la situation était sous contrôle, Draco surgit à son tour vers le canard, pour tenter de lui barrer la route en brandissant son long corps reptilien comme un obstacle, afin de rediriger sa course. Le pokémon cancaneur n'eut pas vraiment d'autre choix que de continuer sa complainte en courant et en s'agitant comme si le monde s'écroulait sur lui, tout en changeant de cap, mais cette fois-ci pour se diriger vers le campement du vieu pêcheur à mes côtés.

Alors que les premiers fils de la tente déployée par le pêcheur de longue date se rapprochaient du Psykokwak, le Krabi sprinta lui aussi de profil pour doubler le pokémon jaune canard, afin de lui aussi rediriger sa course d'un nouveau coup de pince bien senti au niveau de la cuisse droite de notre ami fuyard. Un nouveau cancan retentit, trahissant la douleur en plus infligé par le petit crabe, qui n'avait définitivement rien à envier à son évolution directe, le Krabboss que son maitre tentait désespérément de pêcher. Mais la course ne fit pas réorienté de trop pour autant, car le Psykokwak allait de nouveau prendre la direction du campement, en espérant peut-être se réfugier dans la tente du monsieur. Le Krabi se mit alors à la suivre à la trace, chose que le pokémon volatile remarqua aussitôt, et comme pour éviter de nouveaux pincements, entame alors un trajet en cercle autour du campement, comme un de ces mauvais gags télévisés qui passaient les après-midis lorsqu'il n'y avait rien d'autre à la programmation.

La course effrénée paraissait de plus en plus ridicule, lorsque les deux pokémons sprinteurs finirent par s’empiéger eux-même dans les fils de la tente du pêcheur, les faisant faire un vol plané sur quelques mètres, têtes et pinces les premières contre le sol sablonneux et légèrement humide du lieu où nous nous trouvions. Retenant un rire dans une sorte de étouffement presque évident, je tentais tant bien que mal de garder un certain recul de la situation. Nous pensions que la folie était terminée, mais au contraire, ce fut à ce moment-là que le Pokémon canard de type Eau en profita pour s'extirper du périmètre de la portée directe du Pokémon crabe, pour continuer un autre moment de course, mais cette fois-ci, en direction de Draco. Ce dernier se prépara alors de nouveau à faire barrage, sans attendre aucun de mes ordres, puisque de toute manière, il n'en avait pas besoin, il pouvait maitriser cet adversaire cocasse tout seul.

Ce que je n'avais pas prévu, c'était que le Psykokwak avait plus d'un tour dans son sac. Il se mit les mains sur la tête, et commença à rayonner d'une sorte de lumière rose et à la fois multicolore, comme si une enveloppe lumineuse venait de se matérialiser tout autour de lui. Sans trop que l'on ne sut pourquoi immédiatement, Draco se retrouvait en train de léviter à quelques centimètres au-dessus du sol, juste assez pour permettre au canard de se glisser sous sa queue, et de procéder ainsi à une esquive sous forme de fuite, dans le dos de son potentiel bourreau.

Si la tentative de fuite du canard pokémon semblait être un succès, ce qui l'attendait réellement était tout autre. Alors qu'il venait de passer en-dessous du corps flottant de Draco, le Psykokwak se retrouva nez-à-nez avec le Krabi du pêcheur. Ce dernier lui fit claquer un autre coup de pince sur le flanc gauche, ce qui fit couiner le pokémon fuyard dans une autre direction encore. Le jeu du chat et de la souris entre les trois spécimens se poursuivit sur quelques minutes supplémentaires, avant d'y voir le dénouement totalement imprévu et rocambolesque. Alors que le Pyskokwak entamait à nouveau une série de cancans et d'esquives à coups d'attaques de type Psy, un dernier arrivant fit son apparition d'une manière aussi brutale que totalement fortuite.

- Oye ! Garçon ! Jeune homme ! A l'aide ! cria le pêcheur qui me forçait à détourner mon attention de la scène.
- Oui que se passe-t-
- IL A MORDUUUUUUUU ! IL M'ENTRAIIIIIINE ! VIIIIIIIIITE ! m'interrompit-il en mugissant comme un vieux bœuf mourant
- Oulah, heu, oui, j'arrive de suite !

La canne du vieux pêcheur semblait trembler fortement, si bien que la force du vieillard semblait être déjà trop faible pour ne fussé-ce que parvenir à maintenir l'objet de pêche en place, sans le menacer de partir vers l'avant, s'aplatir au sol, avant de possiblement partir avec la canne vers le fronton de mer. Alors que j'accourus aussi vite que je le pus, tout en agrippant à mon tour la canne, je me rendis compte que la force déployée par la victime de l'appart du vieux monsieur était prodigieuse. Assez pour également marquer l'opposition avec ma propre force, qui était tout juste parvenu à revenir à sa puissance initiale. Il allait falloir que je m'emploie tout entier pour enclencher un début de résistance physique, tout en secondant le vieillard dans ses mouvements, et lui attribuer un rôle de soutien plus à même de le garder vigoureux et alerte.

- Maintenez votre position et tournez-vous légèrement sur votre gauche ! ordonnai-je au vieillard.
- Très bien ! Comme ça ?!
- L'AUTRE GAUCHE !!! fustigeai-je.
- Oh pardon ! Là c'est mieux ?
- Parfait ! Maintenant, tenez bon sur vos appuis, et quand je vous dit « TIREZ ! » vous vous penchez en arrière pour me suivre !
- Je pense avoir compris !
- Okay, vous êtes prêt ? TIREZ ! hurlai-je.
- Hhmpf ! souffla le vieux en se laissant aller vers l'avant, rattraper de justesse par l'étreinte de mes bras.
- VOUS LE FAITES EXPRÈS ? VOUS VENEZ DE POUSSEZ !
- Hé hé, pardon ! On recommence !
- Vous payez rien pour attendre. Attention une nouvelle salve ... TIREZ !


S'en suivi une série de tirages et de maintien de ligne de canne à pêche dans l'eau, pour tenter d'épuiser le pokémon ou le poisson qui s'était tenté à mordre à l'hameçon du pêcheur. Le bougre devait être atteint de surdité précoce, car il comprenait définitivement tout à l'inverse de ce que je pouvais bien lui expliquer du premier coup. Ou alors il me faisait tourner en bourrique comme pour me faire payer l'insolence de ma chance avec le Léviator un peu plus tôt. Mais l'instant d’incongruité fut court car il fallait une nouvelle fois s'employer à effectuer la toute dernière ruée vers l'arrière pour espérer faire sortir la créature sous-marine de son antre aquatique.

- Allez papi ! Dernier effort ! lançai-je avec vigueur.
- M'APPELEZ PAS PAPI ! NON MAIS OH ! JE POURRAIS ÊTRE VOTRE PÈRE ! répliqua-t-il férocement.
- Ça j'en doute... mais là n'est pas la question papi ! Un ! Deux ! Trois... TIREZ !
- VOUS ALLEZ VOIR CE QUE VOUS ALLEZ VOIIIIIIIIIIIIIR MON GARÇON !

Dans un dernier effort, soutenu par l'énergie de revanche du vieil homme contre moi avec cette dernière petite pique bien sentie pour lui faire payer le prix de son côté gauche à en faire pâlir le plus malhabile des Mr. Mime, nous ramenâmes la ligne dans notre direction. Le moment de gloire allait nous parvenir dans quelques secondes, puisque ce fut finalement le fameux Krabbos d'une envergure colossale - un bon mètre vingt pour une bonne cinquantaine de kilogrammes au bas mot - qui apparut de depuis les éclaboussures de la surface de l'eau. Le vieux avait eu raison de la patience du crabe géant, et était récompensé de son opiniâtreté et de son temps dévoué à la pêche d'une telle rareté.

Le prix de notre effort fur récompensé par l'apparition tant attendu du crustacé géant que le vieux pêcheur recherchait depuis des jours durant. Un majestueux Krabboss s'invita sur la scène de la discorde qui avait lieu au même moment, et déjà, projetait une aura de détermination et de défi palpable. Dans son regard, on pouvait sentir l'agacement de s'être fait avoir par l'hameçon du pêcheur, et qu'il aurait bien voulu rester dans son antre sous-marine plus longtemps, et rester le champion incontesté des esquives piscicoles. Sa peau dure comme de la roche, teinté d'orange et de blanc crème ; ses pinces aussi grandes que le Psykokwak qui se tenait juste devant lui, l'air hagard ; des pattes fines mais robustes permettant une stabilité dans le sol incroyable. Tout en ce pokémon respirait la puissance, l'assurance, la combattivité et la royauté de son statut. Le roi des crabes. L'empereur des crustacés. Il avait fier allure, et ne comptait pas faire que de la figuration.

Sans vraiment que l'on n'eut compris ce qui allait se passer, le Krabboss donna un coup de pince contre le Psykokwak, qui valdingua en direction de mon sac à dos, dans un fracas et un bruit plutôt étrange, mais pas assez révélateur pour détourner mon attention de sa présence. Draco vint se mettre en place devant moi, le Krabby du pêcheur fit de même, accompagné quelques secondes plus tard, dans un filet de lumière scintillant, d'un Akwakwak, l'évolution directe du Psykokwak, qu'il s'était bien caché de me révéler, le vieux bougre. Les trois partenaires avaient l'intention de défendre leurs dresseurs respectifs, et ne comptaient pas lésiner sur les moyens à déployer pour venir à bout de ce crabe géant. Ce dernier d'ailleurs ne se fit pas prier, et entame une ruée de profil, menaçant alors le Krabby de crouler son ses piétinements agressifs.

Voyant cela, l'Akwakwak prit les devants et propulsa un jet d'eau à haute pression de son bec, et vint percuter le Krabboss en pleine face. L'attaque Pistolet à O qui venait de faire mouche n'avait cependant pas été suffisante, et n'avait fait que ralentir une course effrénée qui redoubla de vigueur, toujours en direction de son comparse crabe. Le canard majestueux et d'un bleu saisissant utilisa alors en dernier recours une autre attaque de type Eau, Hydrocanon. Un puissant torrent aquatique jaillit alors du bec du pokémon canard évolué, et traça une courbe pour tenter de percuter le crabe géant sur son flanc. La technique étant connue pour son taux de précision parfois aléatoire, l'attaque hydraulique ne fit que percuter le haut du flanc ciblé du Krabboss, le faisant s'arrêter net dans sa course, sans le faire tomber ni trébucher cela dit. Le combat s'annonçait féroce.

Mais... plus aucune trace du Psykokwak ?

Aucun des deux camps ne voulait céder du terrain à l'autre, si bien que la confrontation semblait être au point mort, sans pouvoir départager de vainqueur. Enfin, en l'apparence, c'est ce que le statut quo donnait à voir, mais il s'avérait que mon Draco n'avait rien eu à faire de grandiose dans cette confrontation, laissant bien volontiers l'initiative à l'Akwakwak du pêcheur. Le Krabboss, lui, affichait quelques signes de fatigue, similaire à celui du canard évolué de couleur bleu. Ce qui signifiait que si mon dragon décidait de passer à l'action, et connaissant l'attaque Cage-Éclair, il y avait de fortes chances que l'affrontement bascule en la faveur de l'Akwakwak. Mais comptait-il le faire ?

- Papi, besoin d'un coup d'main ou pas ? demandai-je.
- Hmpf... grrr... brrr... RRRRAAAAAAH ! hurla-t-il.
- J'imagine que ça veut dire non ? supposai-je, un sourcil légèrement relevé en signe d'incompréhension.
- PAS DU TOUT ! maugréa le pêcheur. J'aurais préféré laisser mes partenaires s'en charger, mais force est de constater que nous ne sommes plus dans la fleur de l'âge, et l'énergie de mon Akwakwak commence à décliner.
- Donc... ?
- EH BAH JE VEUX BIEN DE L'AIDE ! LÀ !
- Vous voyez, quand vous voulez. C'est parti. Draco ! Cage-Éclair ! ordonnai-je.


Mon compagnon s'exécuta aussitôt, se chargeant en énergie électrostatique tout en se lovant sur lui-même. Une fois le maximum d'électricité emmagasiner, il relâcha l'attaque en direction du crabe évolué, qui fit son effet immédiatement, le paralysant net. Krabboss n'avait plus aucun échappatoire, et était à la merci de mon Draco. Mais le destin en déciderait autrement.

- Allez-y, monsieur le pêcheur légendaire. Lancez-la. lui conseillai-je.
- J-je ne peux pas. Vous êtes celui qui l'a fait plié une bonne pour toute. dit-il avec regret.
- Je ne suis pas d'accord, c'est votre partenaire qui a fait le plus gros du travail. Regardez, répondis-je en fixant le Krabby sur le côté, tenant à peine sur ses petites pattes, même votre petit protégé s'est donné comme un diable pour en arriver là. Alors faites leur honneur ! Lancez-moi cette pokéball ! le sommai-je.
- Merci jeune homme. Je n'oublierai votre geste de gentleman. POKÉBALL... GO !

Le vieux pêcheur utilisa presque les dernières forces vigoureuses qui lui restaient pour pouvoir fermement agripper sa pokéball, et la lancer suffisamment loin et fort afin de toucher la peau dure et robuste du Krabboss encore sous les effets de la Cage-Éclair de mon Draco. Non seulement cela prouvait que nos entrainements payaient, mais cela servait aussi de boost de confiance en cas de futurs affrontements contre des dresseurs de l'acabit de Rurha. La balle de capture ne tarda pas à percuter l'une des deux grosses pinces du crabe géant, l'enfermant temporairement dans l'objet sphérique, dans un filet de lumière rouge et luminescent.

Mais voilà, comme toute tentative de capture, il y avait cet instant fatidique des soubresauts de la pokéball, montrant à la vue de tous et de toutes les ruées intérieures que le pokémon effectuait pour essayer de s'en sortir. Première vibration, vive et véloce. Le pêcheur s'écroula sur ses deux genoux, haletant, et jurant de ne plus jamais recommencer un tel rallye piscicole avec quelque monstre marin qui fut. Il pesta et toussa de manque d'énergie et d'hydratation. Seconde vibration, moins vive mais toute aussi bruyante sur le sol. J'en profitai pour demander à Draco d'utiliser sa capacité Hâte, afin d'aller très rapidement chercher ma gourde encore à moitié pleine, afin de revitaliser hydrauliquement la vieille machine humaine croulante près de moi. Troisième vibration, lente et se stabilisant peu à peu. L'Akwakwak et le Krabby du vieillard semblaient comme happés par une stupeur indicible, les forçant à se maintenir totalement immobile et presque inerte, tant la tension était à son comble.

Et alors que je pensais moi-même que la capture était une réussite, une quatrième vrille de la pokéball rougeoyant intensément en son bouton d'entrée et de sortie, me donna instantanément des frissons dans le dos. Le Krabbos en avait encore sous la pince, et ne se laissait pas faire aussi facilement, il n'était pas la légende du coin pour rien. Tout le monde retint son souffle, pêcheurs des alentours, comme nous qui étions aux premières loges. Et ce ne fut qu'au bout de la quatrième agitation que la pokéball se stabilisa nette, éteignant son bouton d'activation et opérant un léger bruit de cliquetis, pour informer son possesseur que la capture était réussie. Un véritable tour de force pour un pêcheur en fin de carrière. A en donner des séries de frissons dans le dos.