Elle était en train de délirer. Et il faut dire que le délire était si fort et puissant qu’elle n’avait pas spécialement envie de se réveiller. La vue splendide de son cher majordome de maison l’émoustillait au plus au point alors que, dans son costume queue de pie, il s’inclinait après qu’elle lui ait demandé… Quoi donc ?... Elle ne s’en rappelait plus très bien, mais c’était une brillante idée qu’elle eut sur le coup. “Abigail…” C’était comme un murmure sensuel, qui semblait déverrouiller en elle des portes depuis longtemps condamnés, son regard sévère flottant dans un inconscient éthérique. “Abigail…” Une forte sensation de chaleur semblait s’épanouir depuis le creux du ventre jusqu’à la moindre parcelle de son corps. Une sensation douce et agréable, comme un massage diffus. Elle aurait pu rester comme ça pendant longtemps, imaginer son cher Sebastian lui procurer de ses mains puissantes ce sentiment d’extase.

Puis elle ouvrit les yeux. Et… Elle vit une dame d’une quarantaine d'années apposer ses mains au dessus de son ventre, comme si elle cherchait à contrôler un courant énergétique, un de ces loups encore présents à ses côtés. Etait-ce elle qui lui avait donné ces bonnes vibrations qui avaient réchauffé ses os .? “Ah bah voilàààà ! Ça marche enfin ! Bonjour Madame Wickwood ! Comment vous sentez-vous ?” Une question sincère, mais qui ne résolvait pas du tout les nombreuses interrogations qui pointaient dans son esprit retors. Qui était-elle ? Et que faisait-elle ici, en compagnie de cette dame, inconnue au bataillon, qui lui semblait bien trop proche d’elle - mais connaissait-elle les convenances, enfin ?

Et puis elle vit alors où elle se trouvait. Dans un endroit un peu délabré, avec une unique ouverture donnant sur un immense arbre. “Mais…” Elle voulut se relever mais son corps n’était pas du même avis. Le loup qui était à ses côtés la rattrapa dans ses pattes. Elle n’avait pas le temps d’être impressionnée par quoi que ce soit car il y avait tellement de choses à prendre en compte qu’elle préféra remiser tout cela dans un coin de son esprit et appeler Sebastian. “Au secours Sebastian, une femme est en train de m’agresser sexuellement !” Hinata, surprise, la regarda comme si elle venait d’être électrocutée par une prise de courant bien trop puissante. Il faut dire qu’elle venait de sauver cette dame pour qu’elle puisse un jour repartir dans son monde mais personne ne lui avait indiqué quel genre de personne ils avaient sauvé. Et le premier mot qui lui devait à l’esprit était : “les gens sont fous ?”, une réflexion qu’elle s’était souvent faite le temps qu’elle s’accomode à sa nouvelle identité.

Sebastian, dans son rôle de preu chevalier, arriva d’un pas lourd en courant. Et là, ce fut le drame : adios la queue de pie et le beau costume trois pièces qu’elle lui avait donné. A présent, il avait des haillons sur lui, qui certes continuaient de le mettre en valeur mais qui manquaient cruellement de charme. Cette vue, improbable, la laissa sans voix alors que le vieil homme s’agenouilla devant son ancienne maitresse, l’air aussi soulagé qu’inquiet. Depuis quand Sebastian laissait filtrer de telles émotions ? “Merci merci Dieu Arceus, je…” Il semblait vraiment ému et content comme tout. Mais pourquoi ? Et ça ne disait toujours pas pourquoi elle se retrouvait dans un tel état défraichi !

“Sebastian…” Il commença à lire la panique dans ses yeux. Son point d’ancrage était là dans une mer turbulente d’inconnues. “Ne vous inquiétez pas Madame Wickwood, vous êtes en sécurité à présent” Dans les faits, elle comprenait sans comprendre. Mais pouvait-elle encore manquer de pudeur face à son sauveur ? Lentement, les derniers évènements reprenaient leur place et comprenait que quelque chose de très grave lui était arrivé.

(624 mots)

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Que voulez-vous faire, coordinatrice Abigail ?

En sécurité… Elle eut du mal à comprendre sur le coup avant qu’un flash violent lui rappela cet endroit tout de blanc, et cet homme tortué et tortueux qui avait cette aiguille remplie d’un liquide pouvant la tuer. Elle se revoyait très bien dans la situation, aussi terrorisée qu’incapable de décider de quoi que ce soit, prise dans une paralysie léthargique. Sa main noueuse se porta instinctivement sur sa poitrine, et elle sentit quelque chose de rugueux. Un gros pansement avait remplacé le point d’impact. Poser sa main sur sa blessure lui faisait l’effet d’un électrochoc et si ce n’était pas la présence de Sebastian dans cette pièce (avec Hinata un peu plus loin à surveiller ce qui se passait), elle aurait volontiers déchargé cette horreur que quelques unes de ses larmes glacées alors que les souvenirs malheureux refluaient, encore et encore. Elle n’était pas bête, elle commençait à faire des liens avec ce qu’elle avait vécu dans l’établissement des Glycines et cette fausse spirale dans laquelle elle avait commencé à s’enfoncer. Délicatement, Sebastian prit la main tremblante d’Abigail, et l’image faisait penser à celui d’un chevalier qui faisait son serment à la princesse qu’il devait protéger. “Tout est fini…” Aurait-elle imaginé vivre cela un jour ? Était-ce le poids de toutes ses facéties qui la punissaient ? L’acharnement du docteur, allant jusqu’à la tentative de meurtre sur sa personne, lui paraissait bien trop fort pour les quelques farces qu’elle glissait sur le chemin des gens ici et là.

Le choc émotionnel était là, mais la présence de Sebastian, qui continuait de le fixer dans les yeux, avait tôt fait de la calmer un petit peu. Cet homme avait quelque chose de magnétique, de rassurant. Elle ne voulait plus que ses mains chaudes quittent les siennes. “Vous me promettez que vous ne me quitterez plus jamais Sebastian ?” Elle ne paraissait pas, elle était en ce moment précis. Elle soutint son regard et il vit bien au-delà des murs de la vieille dame qu’elle était, cette douce vulnérabilité qui l’habitait sous cette couche imperméable de vice et de vilénie. Il se doutait qu’elle n’avait pas mauvais fond, mais il lui semblait toucher là du doigt quelque chose d’encore plus sensible, quelque chose de profond et subtil qu’il n’avait pas ressenti depuis longtemps, cette corde sensible qui vibrait au plus profond de lui, sous sa propre couche d’invulnérabilité que la vie lui avait façonné. “Je vous le promets Madame Wickwood” Hinata eut un petit sourire alors qu’elle assistait à ce presque échange de consentement. Un expert en aura aurait pu constater, là, que les barrières d’état des aura de chacuns s’étaient un peu abaissées, permettant le mélange qui provoque l’état d’amour.

Abigail ferma les yeux, satisfaite. Alors, seulement, avec cette sécurité dont elle avait terriblement besoin, elle regarda à nouveau la pièce délabrée dans laquelle elle se trouvait. A vrai dire, tout était spartiate dedans, il y avait un lit simple, avec une petite table et quelques effets personnels de la vieille dame. La pièce était défraichie et s’il n’y avait pas cet arbre énorme qui égayait et mettait des couleurs. “C’est aussi joyeux ici que chez Marie-Cunégonde”. Une “amie” de rang C qui arrivait à rendre triste n’importe quoi en passant à côté ou en le portant. Elle eut le malheur une fois de venir à une de ses tea party dans le passé et elle fut impressionné de sa capacité à avoir un intérieur aussi triste que l’était sa propre compagnie. Pas étonnant qu’elle soit veuve et qu’elle ne retrouve personne ! “Abigail, je vous promets qu’on arrangera tout cela en temps et en heure. Est-ce que vous vous sentez prête ? J’aimerai vous montrer l’endroit où nous sommes, si cela vous convient.”

Elle avait encore mal à ses articulations, mais la perspective de rester plus longtemps ici ne la réjouissait pas non plus. Elle ne se doute pas un instant que cet endroit va devenir, par la suite, sa deuxième maison puisque c’est ici qu’elle va fonder sa propre pension.


(682 mots)

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'[MOD] Fuite n°1' :

Sa plus grande surprise, outre le lieu, fut l’endroit où elle se trouvait. On était en plein milieu des terres sauvages, presque à équidistance entre Motorby et Kickenham dans une grande plaine mais côté opposé à la civilisation. On pouvait voir de là où elle était les grandes structures ténébreuses de la ville dragon, tout comme les tours en brique rouge crachant des fumeroles. Et puis, elle voyait également le manoir, même si, de là où elle était, cela ressemblait plus à un pustule qu’à une belle maison. Il lui semblait même qu’elle avait changée ? “Comme vous pouvez le voir, nous ne sommes pas si loin de chez vous. Je me suis dit que ça pourrait être intéressant si vous aviez besoin de récupérer certaines choses, le temps que toute cette histoire se tasse” Car oui, il faudrait du temps pour que tout cela se tasse. Abigail ne comprenait pas encore les tenants et les aboutissants, mais Sebastian s'efforçait de lui expliquer ses options autant de fois qu’il le faudrait.

Le choix de cet endroit rencontrait beaucoup de choses positives, à défaut d’être accueillant, notamment pour son positionnement. Sebastian avait vu que le manoir Wickwood avait été plusieurs fois visité - Layna la première et il ne serait pas étonné qu’elle cherche tout simplement à récupérer pour elle seule le domaine - et il y avait déjà des agents qui venaient régulièrement sur place. L’attaque sur le Craquemole et la disparition d’Abigail Wickwood avait vite fait le tour de ses amies et… C’était aussi un moyen pour lui de savoir, parmi ses nombreuses connaissances, qui pouvait s’avérer des alliées pour la suite des évènements. Sebastian et Nicki avait déjà pu faire des rondes pour suivre ces dames et en savoir un peu plus. Un nom semblait se détacher : Suzanne, alias “Coupe-racine”, surnom secret donné par la maîtresse de maison en raison de ses proéminentes incisives dignes d’un Keunotor. Elle prenait souvent des nouvelles, comparé à d’autres qui n’étaient pas revenues depuis le jour de la nouvelle.

Le lieu en lui-même était assez reculé, assez pour ne pas être trop envahi par des pokémons sauvages qui voudraient y trouver refuge, tout comme les dresseurs qui préféraient prendre la route principale que d’errer dans ce chemin sinueux. Ici se trouvait les restes d’un orphelinat dont les portes étaient closes depuis très longtemps et qui représentait pas moins de vingt hectares. Mis à part la porte d’entrée un peu sinistre et certainens statues anciennes vandalisées ou érodées avec le temps, on y retrouvait assez facilement l’allée centrale, qui menait droit au petit étang avec un arbre gigantesque en son centre, puis sur les côtés deux séries de constructions : des dortoirs (qui semblaient non mixtes), reliés à des anciennes salles de classe puis une plus grande habitation au centre, qui, une fois retapée, pourrait avoir autant d’allure que le manoir familial. Tout le terrain était bordé d’arbres, laissant de grands espaces pour garder les pokémons.

Sebastian avait depuis le départ dans l’idée de transformer cet endroit en un lieu pour les pokémons. Il n’avait pas plus d’idées que cela, si ce n’est d’avoir trouvé un lieu qui permettait de développer une activité tout en surveillant ce qui se passait un peu plus loin dans la cellule familiale. Le majordome en était persuadé : une fois le choc passé, la présence des pokémons saurait l’apaiser. Il n’avait pas de preuves sur ce qu’il pouvait avancer, du moins, un faisceau d’indices convergaient vers une seule et même personne. Layna Wickwood. Sa propre fille. Il n’avait aucune idée de comment lui annoncer ce qu’il avait trouvé sur son implication, et hésitait encore à tout lui dévoiler.

Abigail avait fait le tour du propriétaire, elle s’enferma dans un silence troublant. Sebastian savait que ce moment était crucial et qu’en soi, il ne valait mieux rien dire sinon qu’il allait la braquer. Elle était perturbée, d’autant plus qu’elle n’avait pas tous les éléments en main pour comprendre la vue d’ensemble. “Qu’attends-tu de moi Sebastian ? Je suis trop vieille pour retaper une telle ruine, encore plus de faire du camping. Mais ça tu le sais bien j’imagine ? Qu’est-ce que tu sais qui risque encore de me déplaire ? Et qui sont ces gens ?”

Kaï arrivait de son pas tranquille et salua Abigail. Cet homme, qui devait avoir au moins cinquante ans, avait la peau tannée et semblait d’une sérénité à toute épreuve. “C’est un honneur de vous rencontrer Madame” Et, dans un geste qu’il avait répété mille fois dans une autre vie, le pêcheur s’inclina bien bas, marquant alors une révérence. Voilà de bien belles manières. Sebastian semblait choisir ses amis avec soin.

(781 mots)

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“Pour être franc Madame Wickwood, j’ai bien peur que vous alliez m’en vouloir d’avoir pris les devants mais… Je ne suis pas homme à faire une action sans anticiper les conséquences.” Visiblement, Sebastian redoutait ce moment, et nul doute qu’il avait visualisé bon nombre de fois cette entrevue, et essayé d’anticiper toutes les réactions possibles de sa maîtresse. Mais était-ce possible de suivre l’avancement tortueux des pensées d’Abigail Wickwood ? “Est-ce que vous vous rappelez ce qui s’est passé avant qu… Qu’on vienne vous chercher ?” Le mot le plus juste serait de parler de kidnapping, encore que sauvetage serait d’un bien meilleur effet sur ce coup là. Quelques secondes plus tard et tout aurait pu se terminer pour l’ensemble du groupe.

Abigail croisa ses bras et fit mine de réfléchir. Elle se rappelait d’une terreur terrible qui l’avait empêchée de faire quoi que ce soit d’utile. Elle le revoyait nettement, son bourreau et son expression affolante, défiguré par la haine qu’il avait envers elle. Pourtant c’était quelqu’un qu’elle n’avait jamais rencontré, seulement par le parcours médical qu’elle avait initié depuis les premiers examens médicaux. “Il y avait cette salle blanche où vous m’avez trouvée… Le Craquemole je crois. Ils disaient que je commençais à perdre l’esprit et… Il m’arrive parfois d’avoir des moments d’absence mais… Je ne comprends vraiment pas ce qui se trame Sebastian, et je n’aime pas trop que vous cherchiez à me ménager comme ça. Je ne suis pas une petite fille...” En réalité, la vieille dame avait l’intime conviction qu’il allait lui annoncer quelque chose d’affreux. Elle rembobina le film de son hospitalisation, avec le livre et Stelkin, puis encore avant Mathias et les conversations avec les nuages… Et puis encore avant, Jade et Layna qui… Qui l'accusait ouvertement de quelque chose.

Et le visage d’Arthur finit par refaire surface. “Arthur ? Arthur ?? Mon tout petit ! Comment va-...” “Chuuut… Tout va bien Madame Wickwood. Votre fils n’est pas décédé. Par contre, il est toujours dans un coma artificiel.” Son cœur de maman se serait à l’idée qu’il lui arrive quoi que ce soit. Maintenant elle se rappelait… Une overdose de drogue lors d’une soirée bien arrosée. Personne ne savait comment il avait fini dans cet état. Arthur était un garçon un peu (trop) fêtard à son goût, mais il était également un garçon sensible et raisonnable ! A part peut-être ses relations avec les hommes, mais cela n’entrait pas en compte dans l’affection qu’elle portait à son fils. Pour preuve, elle a accouru dès qu’elle a su qu’il était dans le mal. “Je vais être honnête avec vous : je trouve étonnant qu’il y soit encore, dans ce coma. L’organisme doit avoir éliminé la drogue depuis le temps… Et cela est arrivé en même temps que votre mésaventure madame Wickwood” Voyant que la vieille dame n’arrivait pas (ou peut-être qu’une partie de son esprit ne voulait pas…) à raccorder les pensées, Sebastian lui prit les mains et l’observa avec la plus grande douceur, ce qui allait contraster sévèrement avec ce qu’il avait à dire. “Votre fils… Je n’ai pas encore de preuve mais je crois qu’on a cherché à l’écarter, tout comme vous avec le faux diagnostic médical. La concomitance de ces deux évènements est trop rapprochée et anormale pour qu’on puisse croire à deux “accidents malheureux”.” Elle n’était pas sûre de comprendre, mais son coeur avait bien compris ce qu’il essayait de lui dire. Elle ne voulait vraiment pas pleurnicher, mais cette annonce lui fit l’effet d’un coup de poignard.

Elle eut alors des ratés concernant sa propre respiration, son rythme respiratoire s’accéléra. Et plus elle essayait de retrouver son souffle, moins cela marchait. La panique ! Bon sang ! Cela faisait comme pendant son enfance ! Son cerveau s’enfonçait dans une espèce de pâte molle, un engourdissement croissant typique de la crise de tétanie. Des furieux fourmillements zébraient dans ses bras et ses doigts. “...Ah… Impossiiiible” De la peur et de la rage montaient crescendo en elle. Concevoir qu’on veuille s’en prendre à son petit fils était impossible ! Sebastian était terriblement désolé par ce qu’il voyait. Et pourtant… Si ses mots étaient aussi mesurées, c’était qu’à peu ou prou, il était certain de ce qu’il avançait. Dans sa légère hallucination, elle avait l’impression de voir son majordome comme recouvert de plumes noires, sa silhouette sombre lui donnant l’impression de voir l’ange de la mort en face. Un démon qui semblait désolé et ne savait plus comment faire. “Sebastian, laisse-moi gérer cela !” Hinata et Kaï étaient là tous les deux, prêts à intervenir. Le majordome, lui, était tout bonnement effrayé.

Il avait à peine effleuré la partie immergée de l’iceberg. Cela allait être long, pour ne pas dire extrêmement périlleux de continuer à la malmener comme cela. Il était désespéré.

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'[MOD] Fuite n°1' :

Grâce au pouvoir de l’aura et aux actes combinés de Kaï et Hinata, Abigail fut mis dans un état quasi comateux, simple pour réaligner son battement cardiaque avec l’effluve de son aura. D’une personne à une autre, elle pouvait fortement varier et si personne dans le groupe n’était en mesure de la voir, chacun pouvait en ressentir la force et la profondeur. Cette vieille dame, telle qu’elle soit, possédait une aura assez fluide tout autour d’elle et assez délicate. Comme une rose qui éclos, ou bien la rosée du matin qui tombe. L’aura ne ment jamais sur les intentions d’une personne : si celle-ci s’avérait mauvaise, elle n’aurait pas procuré de telles sensations et aurait eu la consistance de quelque chose de poisseux. Dans l’aura, il n’y avait ni bien, ni mal, mais des intentions. Et si la vieille dame avait des idées folles et parfois un langage de charretier, son aura démontrait qu’elle ne pensait pas à mal.

Alors pourquoi est-ce que sa propre fille lui en voulait, au point de l’enterrer dans un endroit tel que le Craquemole ? Le majordome ne pensait pas qu’elle était celle qui commanditait les meurtres - et si c’était réellement le cas, depuis le début, ainsi que son souhait, pourquoi penser à quelque chose d’aussi long et compliqué ? - par contre, pour avoir déjà vu à l’oeuvre son mari Xavier, cet homme avait les bras aussi longs qu’il avait les dents longues. Il lui était d’avis qu’il cherchait à s’emparer de la fortune colossale des Wickwood en court-circuitant l’héritage. Ceci n’était pas une nouvelle, quoique dérangeante en fait. S’il avait donné des biens matériels à ses deux filles (des possessions et des terrains qui avaient déjà beaucoup de valeurs en soi), George Wickwood avait donné la compagnie Wickwood à Arthur, Abigail ayant l’usufruit des comptes jusqu’à ce qu’elle rende l’âme. Le père pensait, à tort, que cela constituerait un partage équitable entre les trois enfants. Mais c’est souvent dans ces moments-là que le véritable visage des gens se révélait.

“Mais comment je vais faire pour lui dire cela ?... A son âge, c’est trop inhumain…” Lui-même arrivait bientôt au même âge qu’elle et il savait que si les fondations de ce qu’il pensait immuable étaient ainsi ébranlées, qu’il le vivrait mal. Et malgré sa couche de manque de savoir-vivre, Abigail gardait un coeur sensible. Même sans l’aura, il savait par coeur comment elle fonctionnait. Pourtant, il ne pensait pas qu’elle aurait eu une réaction aussi vive. Ce n’était pas si étonnant en fait : la famille avait un caractère sacrée pour elle, qu’elle s’efforçait de maintenir la tête hors de l’eau depuis le décès de son mari. Mais c’était aussi certainement par tous ses semblants d’apparence et de “tout va bien” que ces drames ont eu lieu. Par dépit, Sebastian se mit les mains dans ses cheveux et essayait encore et encore de chercher une solution à son problème. C’était lui qui avait initié ce sauvetage, c’est lui qui devait trouver une porte de sortie !...

“Cela ne te ressemble pas d’être si soucieux ?” La voix le surprit et il vit dans l’encadrement de la porte menant au préau Nicki. Nicki et sa longue chevelure blonde faisaient tourner des têtes à bien des hommes et des femmes. Elle était consciente de ce pouvoir d’attraction sur autrui et n’hésitai pas à s’en servir. Devant le regard interrogateur de Sebastian, la jolie blonde lui indiqua un chemin qui courrait derrière le batiment principal, comme pour l’inviter à un dialogue secret. A ses côtés, elle avait sorti sa Lucario, cette chère Eden. Barthandelus serait certainement heureux de pouvoir à nouveau converser avec une amie originaire de Dystopia, mais son interrogation prenait le dessus.

Nicki ne parlait jamais : ou presque. Et quand Nicki avait quelque chose à dire, une catastrophe s’en suivait généralement, comme si elle couvait en elle le mauvais oeil. Et Sebastian était bien placé pour savoir de quoi cette femme était potentiellement capable pour éviter de trop lui lâcher la bride et la garder à l'oeil. De tout le groupe, c'était celle qui avait le potentiel de faire totalement éclater l'unité du groupe.

(696 mots)

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'[MOD] Fuite n°2' :

Ils passèrent dans un chemin étroit pour arriver sur la partie gauche de l’orphelinat. Cet endroit était beaucoup plus sauvage et laissé à l’abandon que le reste de la pension. Il faudrait prendre du temps pour remettre tout d’aplomb mais l’espace était tel qu’on pouvait envisager quantité de choses ici, que ce soit un aménagement particulier pour l’homme ou pour les pokémons. Cette idée de pension, il croyait dur comme fer à son potentiel, encore qu’il faudrait convaincre la dame de se lancer dans une telle entreprise. Peut-être que travailler sur un tel projet lui permettrait de diminuer en elle l’abcès du traumatisme qui s’était insinué en elle et trouver de la force pour y faire face. Mais il serait bien mesquin de sa part de ne pas tout lui dire maintenant. Il lui fallait les mots, la force… “Tu m’as habitué à beaucoup mieux Stanislas. Tu t’es ramolli depuis que tu es arrivé à son service et ça ne me plait pas du tout” Nicki était monté sur un petit monticule de roche. Elle avait l’air d’une femme fière, sûre d’elle, prête à tout pour arriver à son objectif.

Encore une fois, les images du passé se superposèrent à celles de maintenant. Nicki… C’était son associée lorsqu’eux deux jouaient les archéologues casse-cou pour trouver tous les trésors enfouis dans la terre de Dystopia. C’était aussi à cause d’eux que la tragédie de leur monde avait commencé et qu’ils furent expulsés jusqu’ici. “Tu as toujours été sûre de toi Cassy. Qu’est-ce que tu as flairé cette fois ?” En général, Sebastian préférait œuvrer en solo dans ses recherches d’antiquité, plus par crainte du larcin du potentiel associé que d’arriver vivant à la sortie du temple truffé de pièges. Pourtant, elle lui avait sauvé la vie lors d’un mauvais pas et… Il ne saurait se l’expliquer, mais il aimait énormément le style de Nicki et sa façon d’emmener tout le monde dans son sillage, quelque soit sa décision. Une sorte de charisme qui ne se dévoile qu’à celui ou celle qui cherche à la connaître. Elle n’avait que peu d’amis dans son entourage. Il pouvait se sentir chanceux d’en faire parti après tout. “J’aurai peut-être besoin de toi bientôt… Mais je te recontacterai à ce moment-là. Il… Faudra que je fasse le ménage avant.” Sebastian haussa un sourcil. Il savait que Nicki était comme lui, du genre à faire cavalier seul. Si elle lui demandait ainsi de l’aide, c’était que ce devrait être une grosse trouvaille. Devant la tête interrogative de Sebastian, Nicki eut un sourire amusé. “Vraiment, cette Abigail t’a retourné le cerveau. Ou attendri. Le grand Stanislas, l’implacable chasseur de trésors, amadouer par une petite mamie acariâtre. Qui aurait imaginé cela ?” Elle semblait vraiment amusée par la scène. Nicki avait toujours été piquante avec lui, mais toujours avec une certaine forme de respect pour le genre d’activités qu’ils partageaient. Enfin…

Il n’en faisait plus depuis longtemps, de la chasse au trésor. Nicki avait cela dans le sang et devait certainement continuer à s’exercer à cette activité. Lui non. C’était comme s’il cherchait à se construire une personnalité complètement différente. Sebastian continuait de froncer les sourcils. “Qu’est-ce que tu voulais me dire qu’il ne fallait pas d’oreilles indiscrètes ?” Elle semblait à peine surprise de cette question. “Au moins tu ne perds pas ta perspicacité. Tant mieux. Je suis venu te dire à l’avance que je ne reviendrai pas à Dystopia.” Sebastian marqua un temps d’arrêt, dans une incompréhension totale. “J’ai construit ma vie ici, j’ai un mari et un enfant, j’ai des amis et pour rien au monde je ne veux les échanger pour cette pouffiasse de reine que je ne peux pas encadrer” Elle parlait en occurrence de Maria, qui devait se trouver quelque part dans les ruines de l’orphelinat à deviser avec Shankar sur les temps passés et comment était le royaume de Dystopia autrefois. “Je voulais surtout te dire que tu devrais t’ouvrir à ce monde-là. Il y a beaucoup plus de choses à t’offrir que tu ne l’imagines. Tu dépéris Stanislas, et je ne voudrais pas que tu ne deviennes que l’ombre de toi-même. Tu vaux beaucoup plus que jouer les gardes malades des petites vieilles et faire des courbettes devant Maria.” C’était son opinion sans fard et il faut dire que cela lui allait droit au cœur. Il la regardait, cette assurance et ce sang-froid qu’il n’avait cessé d’admirer autrefois et qui, dans un jeu tacite de rivalité, les avaient amenés toutes les deux à se dépasser et se lancer ensemble dans des défis toujours plus exceptionnels, conscients de leurs capacités. A vrai dire, il lui faudrait une émulation, une vraie, plutôt que de rester un majordome d’une vieille dame riche.

Ce projet de pension, c’était en fait ce qu’il avait envie de faire, et non pas ce qu’Abigail voulait réellement. Une réalité qui lui sautait aux yeux. Cette vie de majordome n’était pas la sienne et si ce n’était pas pour le bon déroulé pour revenir à Dystopia, qu’aurait-il pu décider de faire ?... “Tu ne t’en étais jamais rendu compte n’est-ce pas ? Moi ça m’a sauté aux yeux dès que je t’ai revu. Et quand je dis que j’aurai un jour besoin de toi, ce n’est pas que de ce “Sebastian” dont j’ai besoin mais du Stanislas que j’ai connu. Celui qui n’a pas peur et qui aurait géré cette affaire tout seul sans rameuter tout le monde” Touché. Encore une vérité. Mais en vrai, elle ne lui en voulait pas. Il ne s’étaient pas vu depuis longtemps et elle était à la fleur de l’âge, contrairement à lui. La différence de mentalité et d’expériences faisait qu’ils avaient fait des choix plus ou moins audacieux. Voulait-il encore rester planqué dans son rôle de majordome ? Qu’est-ce qui l’animait au fond de lui ? “... Je réfléchirai à ce que tu m’as dit. Mais contrairement à ce que tu sous-entends, cette femme est tout sauf ordinaire. Tu serais surprise de ce qu’elle est capable de faire quand elle est en forme ! Je l’aime bien tu sais, elle est presque comme une amie pour moi” Nicki eut une moue étonnée, voyant le sourire flottant sur le visage de Sebastian alors qu’il devait se rappeler d’un moment fameux avec une tea party spéciale où tout le monde avait fini les quatre pattes en l’air..

Nicki se formulait une unique question dans son esprit et souhaitait d’ailleurs la poser mais… N’était-ce pas là rentrer dans l’intimité de la personne. “Vis ta vie et ne reste pas empêtré dans les obligations. Sois libre. Dystopia s’en remettra si nous ne rentrons pas”

Et elle avait entièrement raison.

(1140 mots)

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Apparition d'un pokémon

Merci !

Abigail reprenait à elle. Quelques secondes plus tard, le souvenir de sa détresse concernant son dernier fils la menaçait de la remettre dans le mal mais grâce à l’intervention de Kaï et Hinata, l’impact psychologique était moindre. Elle n’avait aucune idée de ce qu’ils faisaient, mais tous les voir avec des lucario lui donnait l’impression qu’on l’avait entrée de force dans une secte adoratrice de lucario. Comme si les pokémons étaient également doués de conscience - une farce ! - ils s’inquiétaient aussi de savoir comment la vieille dame qu’elle était allait. Dans l’état actuel des choses, elle se demandait quand ils allaient vouloir sacrifier son corps pour… Quoi ? L’aura ? Que ce soit l’homme ou la femme, ils n’avaient que ça à la bouche. Autant dire qu’ils étaient un peu lobotomisés du cerveau, encore que, ils n’étaient pas spécialement effrayants. Des doux rêveurs. Mais c’était glauque quand même.

“Madame Wickwood, vous ne devriez pas…” Pourtant, elle n’hésita pas à se relever - doucement, fallait bien éviter que sa petite tête ne tourne trop - et sa canne d’appui, que Sebastian avait pensé à récupérer, lui permettait de sentir un pilier familier. Sur ce vieux bout de bois, qui avait des airs de petite massue, ses mains se rappelaient le toucher du chêne dans lequel il avait été confectionné par Georges n personne. A part les petites pierres sur le pommeau de sa canne, elle n’avait, pour ainsi dire, aucune valeur monétaire. Mais c’était, pour elle, comme une extension d’elle-même, comme si, depuis longtemps, elle avait enfin retrouvé une partie d’elle-même. Et un seul et unique objectif : aller chercher Arthur et demander des explications au docteur. Se sentant oppressée devant les regards interrogateurs de ses bienfaiteurs mais également par ces murs inconnus, elle se dirigea d’elle-même vers le séquoia qui se trouvait au centre de la bâtisse, énorme et imposant, comme s’il régnait en maître sur tout ce cirque.

Cette fois-ci, Alice et Mark s’étaient approchés d’elle. Toujours affublés de Lucario. Mais c’est une maladie leur fanatisme ! Elle avait l’impression qu’en les voyant, il lui arriverait encore une tuile. Les deux se regardèrent, étonnés, suivis de près par Kaï et Hinata. Alors qu’ils devisaient pour certainement essayer de planifier de quelle meilleure manière ils pourraient se présenter à elle, la petite mamie, qui avait de l’énergie à revendre, fonça vers l’entrée de la bâtisse et se posa devant l’arbre immense. Il était si grand qu’il lui semblait qu’il avait au moins cent ans d’âge ! Elle n’en voyait pas la cîme ! “Mais qu’est-ce que…?” Une ombre noire piqua alors en flèche, faisant quelques manœuvres aériennes avant de se poser avec grâce au sol. C’était Natch, le Corboss de Sebastian. L’oiseau poussa un puissant cri qui aurait pu laisser craindre le pire. Mais la mamie n’en faisait rien. Au contraire, elle semblait plutôt heureuse de revoir ce pokémon. Comme à chaque fois qu’elle le voyait, elle semblait qu’une connexion spéciale s’établissait entre elle et l’oiseau. Le pokémon la fixait du regard avant, lentement, de s’incliner. Voilà une curieuse façon de faire ! Des révérences !

Elle ne fit rien, se contentant de l’observer. En vérité, Abigail avait un peu peur du pokémon, dans le sens où elle ne savait pas quoi faire s’il agissait brusquement. Mais elle avait quand même envie ! Et Alice, qui comprenait bien ces relations étroites entre dresseur et partenaire, prit la parole. “Allez-y, je crois qu’il veut que vous le caressiez.” La mamie vrilla sa tête de 45 degrés et avait des yeux étroits comme des fentes. On aurait dit qu’elle allait lui sauter dessus et lui faire du catch pour avoir brisé ce moment ! Mais, chance pour elle, la gamine était encore une nouvelle inconnue parmi tous ces gens, aussi elle n’avait pas encore envie de jouer les Granbull et d’aboyer à tout va. Natch était là, et autant dire que le Corboss avait un intérêt pour elle bien plus important que tout le reste.

Souvent elle avait pensé à lui, peut-être plus encore à Chouchou. Ce pokémon était une évidence, un pu comme quand on rencontre quelqu’un et qu’on sait que cette personne va devenir votre meilleur ami pour la vie. Dans ces moments-là, on ne cherche pas l’explication, seulement suivre cette évidence, extatique et intacte. Tout le monde vit au moins une fois ce moment là dans sa vie et c’était précisément en train d’arriver à Abigail.

Avec un pokémon.

Autant dire que maintenant, ce n’était plus le pokémon de Sebastian, mais celui d’Abigail. Elle avait tellement rêvé de le revoir qu’à présent, elle ne pouvait plus qu’il ne la quitte. Et ce n’était pas l’intention du Corboss d’ailleurs, complètement dompté par ce charme magnétique inextricable. Il est fort probable que Sebastian ne lui n tienne pas ombrage, il avait déjà pu voir qu de tous ses pokémons, c’était celui-là qui était le plus atypique dans sa manière d’être. “Abigail Wickwood… Je vois qu’on est tous réuni. Très bien, très bien…” Maria était également apparue aux côtés de Shankar qui la suivait comme son ombre. Shankar était autrefois un des gardes de confiance de la reine Maria, aussi il n’était pas étonnant de les voir toujours tous les deux trainer ensemble. Même Alice, la fille de Maria (et donc future héritière du trône de Dystopia) s’était habituée à la présence de cet homme dans les quartiers privés. De toute façon, elle préférait plus la compagnie de Mark et de Hinata.

Sebastian et Nicki n’étaient pas encore revenus de leur entrevue, mais Maria décida de commencer à parler en leur nom à tous et à toutes et tous les autres se mirent à genoux, ce qui troubla Abigail. C’était elle la cheffe du groupe, encore que, tant de révérence pour elle et non pour sa propre personne, cela relevait du sacrilège ultime. Abigail se disait qu’elle devait être la gourou de ce groupe, elle avait ce petit quelque chose qui en imposait fortement rien qu’en étant à côté. Elle se demandait à quel point Sebastian était impliqué dans tout cela et si lui aussi s’inclinait devant cette dame. Elle espérait que non, en tout cas, elle ne s’était jamais inclinée devant qui que ce soit, cela ne sera pas une première aujourd’hui. Toutefois, polie et habituée aux conventions sociales, elle rendit sa salutation d’un courtois signe de tête. “Madame, c’est un honneur pour moi - et pour nous tous - de rencontrer la dernière survivante du clan Alpha. Et nous espérons également que vous pourrez tous nous venir en aide et…”

Un rire cassant brisa le côté solennel de la requête. “Ha ! Sans façon, je ne verse pas dans les religions sectaires !” qu’elle leur sortit, sans même chercher à comprendre. Les délires de secte, très peu pour elle, même si elle reconnait que c’est grâce à eux qu’elle s’en était sortie. Mais elle ne se sentait redevable en rien car elle n’avait rien demandé. Le sort de son fils l’inquiétait beaucoup plus en comparaison.

(1168 mots)

TENTATIVE DE FUITE : 1 ou 2 1
POKEMON GAGNANT L'XP SI FUITE REUSSIE : Corboss (17 -> 18)

Le membre 'Abigail Wickwood' a effectué l'action suivante : Lancer de dés

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'[MOD] Fuite n°1' :

On pouvait dire qu’elle avait provoqué un tollé au sein des personnes présentes. Mais elle s’en moquait éperdument, et commençait déjà à appeler Sebastian à la rescousse. Maria, qui n’avait pas l’habitude qu’on lui parle du tac au tac sans montrer une forme de respect, et en plus avec cette manière alors qu le moment se voulait solennel, lui a fait rappeler qu’ici, contrairement à ce qu’elle s’imaginait, elle n’était rien qu’une femme comme les autres. Et cela la vexait fortement. “Mais enfin, Abigail… Nous venons de loin pour vous et…” La réponse cinglante ne se fit pas attendre. “C'est Madame !” Son ton était coupant comme l’acier et Maria, qui avait l’habitude de mener les conversations, fut bien obligée de se la fermer sur ce coup là tant était impérieux le ton de la mamie. “ Vous tous, je ne vous connaissais pas il y a encore vingt quatre heures. Et vous voulez être mes amis ? Désolée mais ça ne marche pas comme ça avec moi. Je ne vous ai rien demandé” Et encore, il y avait Sebastian dans le lot. Toutes ces personnes existaient bien avant qu’il lui arrive des bricoles avec le centre médical. S’ils la connaissaient depuis longtemps, pourquoi s’étaient-ils cachés ? Pourquoi Sebastian avait caché leur existence ? Tout cela était ridicule et montrait également à quel point ces larves ne se sont bougées que dans l’optique d’avoir une faveur de sa part, de peur que leur intérêt envers elle ne péréclite. Leur comportement de charognard la débectait. “Est-ce que vous vous êtes mise un instant à imaginer ce que je peux ressentir en cet instant ? Ce dont j’ai réellement besoin ? Soyez sérieux, on ne se connait même pas !” Si elle beuglait envers Maria, son discours voulait aussi toucher le reste des gens qui s’étaient attroupés autour d’elle. “Ah et puis faites quelque chose avec vos créatures là, on dirait une bande de fanatiques !” Au plus profond d’elle, elle avait toujours un peu de mal avec les pokémons, aussi en voir autant au mètre à la ronde la mettait vraiment mal à l’aise.

Maria la fixait des yeux. Elle avait vraiment l’aura d’une femme de pouvoir. Abigail en avait rencontré plusieurs qui se prenaient bien plus pour ce qu’elles étaient. Elle pouvait être la cheffe du groupe, mais en sa présence, elle se refusait à devenir sa subordonnée. Imaginez un instant qu’elle soit aussi creuse que ces épouvantails qui accompagnaient leurs maris aux galas. Elle en vomissait d’avance. Maria était, de toute façon, vraiment piquée au vif, en proie à de violentes émotions. Elle devait la traiter de tous les noms d’oiseaux, ce qui tira un sourire à Abigail : on lisait en elle comme à livre ouvert. Elle voulait dire quelque chose mais ne savait pas quoi rétorquer, car on ne pouvait pas être percutant quand on ne connaissait pas la personne en face. Sans un mot, elle rappela son Lucario, et cette action entraina la même action de la part de tout le monde. Seul Kaï ne fit pas de même, mais Abigail n’en fit aucun cas. Il ne paraissait pas dangereux dans ces délires sectaires.

D’ailleurs, à ce sujet, elle voulait clarifier. “Je ne sais pas ce que vous vous êtes imaginé à mon propos mais je ne suis pas une héritière d’un clan perdu ou je ne sais quoi, j’ai bien assez vécu pour vous dire que ma seule religion c’est l’athéisme ! Ma vie vient de voler en éclats, et là, je n’ai qu’un désir : qu’on me foute la paix.” Et qu’on aille voir de quoi il en retournait pour Arthur. Si les soupçons de Sebastian étaient fondés, peut-être que son fils encourait un grave danger, peu importe qui était le ou la commanditaire de toutes ces histoires. Elle avait bien compris qu’il pouvait être des alliés, comme l'estimait Sebastian. Mais elle n’avait définitivement pas confiance en eux. Peut-être au moins cette femme blonde qui l’avait accompagnée et qui avait l’air vraiment désolée de ce qui lui était arrivé. Où était-elle à présent ?

Maria reprit alors la parole avec avoir pris une grande inspiration. “Que pouvons-nous faire pour vous faire plaisir, Madame ?” Cette femme apprenait vite, mais elle avait encore envie de la tourmenter un peu. Ce genre de personnes, il fallait vite la mater pour empêcher tout débordement par la suite. “C’est Madame Wickwood pour vous. Je suis plus âgée que vous alors un peu de respect pour vos ainés” Nouveau malaise dans l’assemblée. Abigail n’aurait aucune pitié pour cette femme et avait bien l’intention de lui faire faire un truc un peu moins agréable que de parler au nom de tout le monde. Elle se retourna vers les autres. “Vous savez qu’ici tout le monde naît d’égal à égal ? Ne laissez pas cette personne dire les choses à votre place, vous avez une langue à ce que je sache” En regardant l’assemblée, elle vit une lueur malicieuse danser dans les prunelles d’Alice. “Alice. Je m’appelle Alice.” Elle ne le savait pas encore, mais ces deux-là allaient bien vite s’entendre tant qu’elles étaient dans d’accord sur bon nombre de choses concernant Maria. “Je serais ravie de prendre le temps de vous connaître, si cela vous conviendrait ?”

Abigail eut un petit sourire satisfait. “Si Sebastian revient, il pourrait nous servir le thé. Mais un autre jour, si cela vous irait” Elle eut un regard envers Natch qui était en train de s’occuper de son plumage. Après cette explication de textes, Abigail se sentait bien mieux. Il est hors de question qu’à son âge, elle court après les explications de tout ceci. Elle imposerait son tempo et si elle était aussi utile que cela, ils avaient intérêt à bien se colporter pour qu’elle veuille bien s’incliner à eux.

(984 mots)

TENTATIVE DE FUITE : 1 ou 2 2
POKEMON GAGNANT L'XP SI FUITE REUSSIE : Corboss (17 -> 18)