Je m'attendais à ce genre de situation, mais pas si tôt. En même temps, depuis que je suis devenue apprentie ranger, je n'ai pas fait grand chose... Mon mentor avait tellement de choses à gérer et à s'occuper qu'il n'a pas réellement pu me former sur le terrain ou me montrer des techniques. Il n'a pas eu le temps tout court de m'apprendre, en gros. Du coup, il m'a mise sur de petites missions assez « gentilles » si on peut le dire ainsi, pour que j'ai de quoi faire. Et puis, ça a beau être de petites missions qui paraissent ridicules, il faut bien quelqu'un pour s'en charger et le faire ! Chaque coup de main est bienvenue. Même retrouver des chats. En soi, je suis contente d'être assignée à ce genre de tâches plutôt que celles où il est clairement compliqué de garder son sang-froid.

Du coup, pour en revenir au sujet principal. Nous sommes tous à l'Union Ranger, l'une des antennes Ranger d'Unionpolis. C'est ici que je suis depuis qu'on m'a assignée Darrell comme mentor au « QG scolaire », là où j'ai fait ma formation et où ils assignent les mentors avant de laisser les jeunes apprentis en liberté. C'est un endroit très pratique où on croise tout type de rangers, et c'est assez incroyable de se dire qu'il y a tant de personnes qualifiées en un seul endroit ! Presque intimidant même. J'oublie parfois que je suis aussi ranger en fait. Je me conforte dans l'idée d'être une apprentie et de ne pas en être une réellement, mais dans les faits j'ai vraiment le statut de Ranger. Il est difficile de vraiment m'approprier ce titre, j'ai toujours l'impression de ne pas avoir assez fait, ou que ça a été un coup de chance, ou je ne sais pas... Si Tierra était là, elle me dirait que je fais la drama et que je dois accepter ma réussite en me frappant gentiment dans le dos. Quelque chose comme ça. Du coup, je me tapote mentalement le dos moi-même et je me dis que je dois avancer et ne plus penser négativement. Oui, faisons ça !

Donc. Nous sommes tous réunis car le Polygone a envoyé un message d'urgence aux antennes Ranger de toutes les régions. C'est un appel à l'aide pour une catastrophe qui vient de se produire il y a à peine une demi-heure dans la région de Kalos, à Cromlac'h. Une brèche se serait formée, et ce n'est apparemment pas quelque chose de très anodin. Enfin, je veux dire, pas anodin dans le sens où le cratère qui s'est formé ne semble pas être un simple cratère, mais vraiment une sorte de brèche bizarre qui cache des mystères. Parce que oui, c'est pas du tout anodin des cratères ou des brèches qui apparaissent comme ça du jour au lendemain.

« Je sais que nous sommes en effectifs réduits, mais les habitants de Kalos auront besoin d'autant de bras que possible. Je compte sur vous pour répondre à leur appel à l'aide. » Le directeur, Frédéric, semble très sérieux concernant les événements, et c'est tout à fait normal. « Oh, et une dernière chose... Ramenez-moi un souvenir ! » Ok, d'accord, j'ai rien dit, il est de retour à sa personnalité normale. A mes côtés, j'entends Darrell pousser un grand soupir – enfin, en vérité je le sens plus que je ne l'entends ou le vois.

Mon mentor me fait signe qu'on va faire un petit débrief et une fois qu'on dit au revoir au directeur, on retrouve Rebecca. « C'est super excitant non ? J'adooore ce type de missions qui nous emmène dans une autre région et où on vole au secours des habitants ! C'est ta première mission comme ça, pas vrai Sanae ? » Elle me prend toujours de court et elle a tellement d'énergie que parfois, je me demande si elle est capable de s'épuiser toute seule. « Euh, oui. Enfin, oui c'est ma première vraie mission comme ça. » Ce n'est pas la première fois que je me porte volontaire pour apporter mon aide, mais c'est bien la première vraie mission depuis que je suis Ranger et que j'ai intégré L'Union Ranger. « Reb', un peu de sérieux. » Darrell dit ça, mais au fond il n'y a pas de réel ton désapprobateur. « On se prépare et on y va. Malheureusement, ce sera que nous trois qui seront envoyés d'ici, en espérant que d'autres antennes auront plus de bras disponibles. » Puis, il se tourne vers moi. « Si jamais t'as des questions ou des doutes, n'hésite pas, surtout en de telles circonstances. » C'est une situation délicate, on ne connaît rien, alors j'imagine qu'il faudra être extrêmement prudent. « Oui. »

Une fois les préparatifs terminés, nous partons. Le voyage se fait sans encombres, et tout le long je m'imagine plein de choses... La ville en feu, le chaos partout, un feu de forêt... Vraiment plein de choses, et je sens le stresse monter. Mais je sais aussi que ça ne sert à rien de se laisser emporter par le stress, surtout quand on n'est même pas encore arrivés et que je suis avec deux Rangers expérimentés. Sans oublier qu'il y aura plein d'autres rangers. A cette pensée, je me sens un peu plus rassurée. Je me demande s'il sera là aussi.

Une fois sur place, on arrive sur les lieux. C'est... A la fois pire et moins pire que ce que je pensais. Des maisons sont renversées, d'autres complètement détruites, les alentours semblent souffrir des dégâts, bref, une vision qu'on aimerait ne jamais voir. Les habitants ne semblent pas blessés, ou tout du moins il y a pas trop de blessés que je peux voir. Les blessés ont peut-être été transportés dans un endroit un peu plus reculé ? « Nous allons faire le tour du périmètre, on en saura un peu plus et peut-être qu'on croisera des camarades rangers. » Je hoche de la tête, et Darrell prend le lead pendant que Rebecca papote fort. J'observe un peu les alentours, et j'en profite pour voir si je ne peux pas trouver un visage familier parmi tout ce monde et les rangers.

mots : 1107

S’ils font appel aux réservistes du Polygone d’autres régions que Kalos, c’est que la situation doit être grave. Je suppose que ce n’est pas possible de concentrer l’intégralité de ses ressources humaines sur place, qu’on ne peut pas laisser les autres secteurs dépourvus de rangers. Ça doit être délicat à trouver comme balance, d’estimer qui est disponible pour cette mobilité et qui ne l’est pas. Me concernant, ils ont décidé de m’appeler, donc c’est direction Cromlac’h. Après, c’est un peu confus pour moi, je suis dans un hélicoptère avec des gens que j’ai jamais vus de ma vie, ils doivent être rangers ou – comme moi – réservistes. On va bien voir, je me suis rendu au point de décollage sur Féli-Cité. Je me suis rendu là-bas pour rendre visite à Todd, je ne m’attendais pas à être appelé. Du coup, normal que je ne connaisse personne dans l’hélico. Puis bon, j’ai été contacté que deux fois depuis le début. Ç’aurait été bien que j’aie au moins un visage connu, ça m’aurait rassuré. Là, j’ai cette crainte que, même en faisant de mon mieux, je sois dans les pattes des rangers sur place. Je sais bien que c’est pas le moment d’avoir un manque de confiance, bon, ni un excès non plus, mais quand même.

A peine l’hélicoptère décolle qu’on nous fait un point sur la situation. C’est juste dingue ce qu’il se passe là-bas. Dingue. Y’a pas d’autre mot. En fait si, y’a d’autres mots, mais ils font pas spécialement envie. Du genre terrifiant ou dangereux. Après, c’est aussi pour ça que je me suis lancé dans cette aventure, je le sais bien, juste que je m’y suis pas encore totalement fait. Je manque d’expérience et j’en suis conscient, mais je compense ça par mon envie d’aider. J’écoute attentivement les consignes qui nous sont données. Pour les soigneurs réservistes – ce qui est mon cas – on va être dispatchés une fois sur place. Ok. De toute façon, je me connais, je suis suffisamment sociable pour m’intégrer à n’importe quel groupe. Enfin, je crois. J’espère. On verra bien.

Je réalise alors que, dans la précipitation, j’ai complètement oublié d’informer mon frère de mon départ en trombes. Alors, à défaut de pouvoir l’appeler à cause du barouf que fait l’hélicoptère, je lui envoie un message rapidement. La réponse ne se fait pas attendre, c’est un « fais bien attention à toi » qui me revient. Je sais très bien pourquoi il me dit ça, j’ai tendance depuis tout gamin à prendre des risques inconsidérés, pour de bonnes raisons ou simplement par amusement. Et là, une fois de plus, j’allais au-devant du danger, pour aider la population locale et surtout les pokémons sur place. Je me connais, là, je réfléchis parce que je n’ai rien d’autre à faire, mais une fois rendu à Cromlac’h, je risque de me laisser porter par mon instinct. Il faudra que je fasse gaffe à ça, d’ailleurs. Pas envie de foutre tout le monde dans la panade non plus. Rah, ce que ça peut être relou de rester assis à rien faire ! Je sais bien que je suis sur le trajet, mais ça va pas assez vite. Je voudrais aider dès maintenant, mais j’ai pas envie de passer pour un gamin à demander « quand est-ce qu’on arrive ? », vraiment pas.

C’est long d’attendre. Surtout quand chaque minute compte. Une brèche ayant laissé apparaître un volcan ? Mais comment personne n’a pu s’en douter jusque-là ? J’en sais rien. Je me dis que je ferais peut-être mieux de tenter un roupillon pour être en pleine forme à l’arrivée ; ça m’évitera aussi d’avoir ces questions sans réponses qui tournicotent dans ma tête. Bref, malgré le contexte, je m’assoupis.

*****

Je suis réveillé par quelqu’un me poussant du coude. « Finnegan, c’est ça ? Regarde, on peut voir la fumée de loin ! » Nous arrivons. Et c’est impressionnant. Je ne sais pas si ça l’est plus ou moins que ce que j’imaginais, mais je dois reconnaitre une sorte de fascination pour le spectacle que j’ai sous les yeux. La lave en ébullition qui s’écoule de la faille dans le sol, c’est envoûtant, d’une certaine manière, comme un feu de cheminée. C’est beau, on aime l’ondée de chaleur, mais il ne faut pas trop s’en approcher. Et je vais devoir aider avec ça ? Et bah… On n’est pas sortis de l’auberge… Niveau catastrophe, en effet, ça ne rigole pas. Je comprends très facilement pourquoi le Polygone a fait appel à toutes les ressources disponibles.

Nous finissons par atterrir, et je dois reconnaître que ça fait du bien de retrouver le sol. Pas que j’aie le mal de l’air, mais ça me permet d’enfin me dégourdir les jambes. Ça veut dire que je vais pouvoir entrer en action. Enfin, ça, c’est si on m’assigne à un groupe, ce dont je ne suis pas certain. Je me suis arrêté pour dissiper les fermites dans les jambes, puis j’ai laissé sortir Spyros et Viggo – qui a immédiatement pris place sur mon épaule – de leurs pokéballs. Il n’a rien fallu de plus pour que le groupe de Féli-Cité dans l’hélico avec moi s’évanouisse parmi la masse de personnes présentes. Ils m’ont sérieusement laissé en plan ? Je soupire. « T’as moyen de les retrouver ? » « Trop de monde. » Je ne peux même pas compter sur le don d’aura de mon Lucario… Et bah je vais me débrouiller comme un grand garçon. Après tout, je devrais réussir à les retrouver, ou au moins tomber sur un ranger que je connais. Peut-être que TJ est là, tiens. Ou Côme. Ou même les deux rangers de l’île de Fer. J’essaie de m’avancer, de voir un groupe de professionnels quel qu’il soit pour leur apporter mon aide, ou qu’ils me dirigent vers d’autres personnes pouvant m’aiguiller.

Il ne faut pas attendre longtemps avant que j’aie un bug sur quelqu’un. On dirait… Je suis pas sûr, il faut que je m’approche. Sauf que son groupe avance aussi, et pas dans ma direction. Bah tant pis, on va oublier la tentative de discrétion. « Sanae ! » L’amie de Côme est ici, celle que j’avais rencontrée pendant le match de Ligue de ce dernier contre Stockton. « Sanae ! » J’ai l’impression qu’elle m’a entendu mais qu’elle ne me voit pas. Je m’avance une nouvelle fois parmi le fourmillement de personnes qui s’organisent, entre secours, rangers et locaux. C’est un peu le chaos. Un peu trop. J’aurais préféré qu’on nous missionne de manière un peu plus proche de la problématique, là où on peut effectivement aider, et ce n’est pas ici. Ce n’est pas ici que se trouvent les pokémons. Enfin bref, ça m’aura donc permis de croiser Sanae, ce qui s’avère le plus important. Je finis par arriver à la hauteur de la jeune femme. « Hey ! Ça me fait vachement plaisir de te revoir ! Euh… mieux dans d’autres circonstances, après, hein. » GG Nessa. Top départ. Vas-y, enchaîne après ça. « T’es venue filer un coup de main ? » Oui voilà, on va éviter la banalité de lui demander comment elle va, vu la situation dans laquelle nous nous trouvons. Il va falloir agir, et relativement vite, alors bon, autant aller direct à l’essentiel. Non ?

Nous sommes tous réunis dans le foyer du Ranger’Inn lorsque l’annonce tombe. L’antenne étant pour le moins calme aujourd’hui, nous en avons profité pour nous détendre un peu et profiter d’un moment de convivialité. Entassés dans les canapés et les poires pour lesquelles nous aimons régulièrement nous battre, nos éclats de rire et la bonne humeur ambiante sont interrompus par tous nos cellulaires qui sonnent en même temps. Le caractère si inhabituel de la chose nous refroidit en un instant et le silence s’installe soudainement, uniquement interrompu par le bruit de fond de la télévision en marche. Mais ce bruit-là, lui aussi, s’interrompt rapidement, quelques secondes à peine plus tard, pour diffuser un flash spécial : Kalos brûle.

Il n’y a pas de cohue, ou de mouvement de panique. Sans doute parce que nous ne sommes pas assez. Peut-être parce que c’est aussi un peu notre métier. Tout le monde est très calme, quoique légèrement abasourdi par les nouvelles. Encore plus frappant que le message que nous avons reçu, l’appel à tous les agents disponibles de se rendre à Kalos dans les plus brefs délais pour soutenir l’effort humanitaire, sont les images sur le grand écran plat flambant neuf que nous venons d’installer dans le foyer. Les premières images sont filmées directement par des riverains, la qualité et la stabilité de l’image ne sont pas optimales, certes, cependant, on parvient parfaitement à se rendre compte de l’immensité de l’événement. Dans le mauvais sens. Nous ne restons que quelques minutes assis sur les canapés, un peu prostrés, pris d’une torpeur escomptée lors de ce genre de catastrophe. Puis arrivent les premières images professionnelles avec les reporters qui se sont rendus immédiatement sur place, et les premiers gros plans aériens pour voir l’étendue du phénomène.

C’es la vision du cratère béant qui nous sort de notre paralysie et nous remet en marche, pour ainsi dire. " Tristan, tu restes ici pour t’occuper de l’antenne. Si jamais tu as besoin de renfort, vois si Ugo ou Ellie peuvent venir te filer un coup de main, ils devraient être dans le coin. " L’informaticien acquiesce, sachant très bien qu’il faut que quelqu’un reste derrière, et il est celui le moins qualifié pour se rendre sur le terrain. Pendant ce temps, Janice, Sophia, et les quelques autres recrues qui se trouvent au Ranger’Inn commencent à préparer rapidement leurs affaires. Je m’occupe de contacter Carmen pour la tenir au courant du déroulement des opérations ici et pour lui annoncer qui part et qui reste derrière, ne demandant même pas son feu vert car je sais la confiance mutuelle que nous nous accordons. Quant à l’antenne de Carmin-sur-Mer, je contacte le standard pour leur annoncer mon départ imminent vers Kalos. Il n’y a que du personnel administratif là-bas pour le moment, aussi leur demandé-je de rester sur place et de continuer à fonctionner normalement.

***

Je n’ai pas été formé à cela. Aucun de nous ne l’a été. En même temps, nous savons que ce genre de catastrophes peut arriver. Bien sûr, nous nous posons tous la question de l’origine de ce phénomène alors que nous sommes en route pour Kalos dans un aéronef du Polygone qui s’est arrêté non loin du Ranger’Inn pour nous récupérer, ce qui sera un moyen de locomotion plus rapide mais aussi plus sûr. À l’intérieur, les visages sont très fermés. J’aimerais savoir quoi dire, me comporter en véritable chef d’équipe, mais je n’ai pas tant d’expérience que ça sur le terrain, encore moins pour quelque chose de cette envergure. Janice a sans doute passé plus de temps en mission que moi, tout comme Sophia, alors responsabilité ou non, je ne me sens absolument pas capable de prendre les choses en mains. Heureusement pour moi, il y a de vrais haut-gradés rangers avec nous qui profitent du voyage pour donner plusieurs consignes et également nous rassurer.

Sur place, le spectacle est à effroyablement magnifique. Alors que nous survolons la zone en attente du feu vert de la tente de contrôle déjà installée sur place, nous pouvons admirer les teintes orangées qui colorent les alentours. C’est époustouflant. Et le cratère. L’aéronef ne s’en approche que de très très loin, sans doute à cause de la chaleur mais aussi des vapeurs, et bien sûr du danger d’une possible éruption. Néanmoins, nous pouvons entrevoir le magma, très légèrement sous les épaisses volutes qui nous entourent. Mais pas le temps d’admirer plus que ça, car nous atterrissons enfin avec des ordres très précis de se rendre à la tente principale pour obtenir nos assignations pour le moment.

Sauf qu’ici, c’est la cohue. Complète. Je crois apercevoir des agents qui essaient d’établir un périmètre, en vain, à cause des badauds et autres curieux qui veulent voir ça de plus près. Et des pokémons à n’en plus finir. Aquatiques pour certains, sans doute pour aider à contenir les flammes et le magma qui risque de s’échapper et éviter d’autres dégâts à la végétation et aux alentours. Tout le monde court dans tous les sens; c’est une véritable fourmilière désorganisée. Je ne sais plus vraiment où donner de la tête, mais je suis tant bien que mal Sophia et Janice jusqu’à la tente principale où tout le monde s’affaire également, au téléphone, sur des claviers d’ordinateur… Des messages arrivent par radio, tout le monde hurle, personne ne s’entend. Nos officiers haut-gradés ont pour ainsi dire disparu devant nous, et lorsque l’on demande des infos, on nous envoie royalement paître.

C’est donc ça, la fameuse panique. Celle qui nous fait faire n’importe quoi et augmente considérablement les risques. Je pensais naïvement y être immunisé, étant toujours à peu près parvenu à garder mon calme. Et je pensais encore plus naïvement que l’institution ranger tout entière serait encore bien plus préparée et capable que moi. Sans doute avais-je tort.

Devant moi, Janice et Sophia se hurle dessus mais c’est comme si je n’entendais plus grand chose. Je cligne plusieurs fois des yeux et souffle un grand coup pour reprendre mes esprits. Mes deux amies s’éloignent, dans des directions opposées, sans me dire un mot. Tout le monde est affecté visiblement. Je sors de la tente et me trouve derechef perdu au milieu de la foule. Comment lutter contre un volcan en éruption ? Par où commencer si même les experts ne l’ont pas vu venir ?

C’est Duras qui me ramène sur terra. La Démolosse sort de sa pokéball d’elle-même pour presser son crâne contre mon torse, ce qui me fait automatiquement baisser les yeux vers elle et passer mes mains sur son pelage. " Merci ma belle. " D’un pas déterminé, je marche je ne sais où, mais j’y vais. J’essaie de regarder à droite, à gauche, voir si des groupes se forment, si des gens appellent des volontaires pour de quelconques missions spécifiques. Et c’est là que je vois une tête familière. Au fond de moi, je savais que c’était une possibilité. J’ignore cependant si je suis rassuré d’être en bonne compagnie, ou si cela m’inquiète encore plus. Je m’approche rapidement, Duras sur mes talons, et c’est à ce moment-là que je découvre un deuxième visage familier. Oh. Non, vraiment, je ne sais pas si c’est une bonne nouvelle que nous nous trouvions tous ici aujourd’hui.

" Oh, hey. Je ne pensais pas vous trouver tous les deux ici, encore moins ensemble. Ou peut-être que j’espérais que vous seriez loin de tout ça, je sais pas trop. "

Visiblement, je suis encore un peu perturbé et ai du mal à trouver mes mots. Duras semble le sentir et la Démolosse se colle à mon flan, m’obligeant à passer un bras autour de son cou. Je regarde à nouveau autour de moi, un peu désemparé. " Bon. Des idées par où commencer ? " Et je peine à retenir le rire nerveux qui menace de s’échapper. (1305 mots)

L'endroit est grand et il y a beaucoup de monde, mais j'ai l'impression d'avoir entendu une voix familière, et surtout qu'on m'appelait. Je fais signe à Darrell et Rebecca que je vais voir certaines choses de mon côté, et mon mentor me rappelle d'être prudente. Je suis étonnée qu'il ait bien voulu me laisser un peu en solo vu la situation, et en m'éloignant un peu j'entends même Rebecca lui faire la remarque. « Il lui faut de l'expérience. Et puis, elle peut toujours nous contacter en cas de problème. » Je n'entends pas la réponse de sa partenaire, mais il y a un rire fort et aigu qui retentit. Probablement Rebecca qui essaie de le rendre grincheux, comme d'habitude.

Une fois que je les laisse, je ne reste pas seule très longtemps car c'est Nessa qui arrive à mon niveau. C'est étonnant de le revoir ici, mais d'un autre côté pas tant que ça ; c'est bien le genre de personne qui se porterait volontaire pour aider son prochain. « J'aurais préféré qu'on se revoit dans d'autres circonstances aussi... Mais on ne choisit pas ce genre de choses j'imagine ! » C'est un peu comme des coïncidences qui finissent par ne plus l'être. En tout cas, ça me fait très plaisir de revoir l'éleveur, même si pour le coup effectivement, c'est bien moins reposant qu'un simple bavardage dans un stade.
Et, chose assez drôle, je n'ai pas le temps de répondre au questionnement de Nessa qu'une autre voix, plus familière, se fait entendre et je vois une autre tête blonde arriver. Pendant un court laps de temps, j'ai l'impression qu'on est de retour à cette mission d'infiltration d'il y a bien plusieurs mois maintenant. Sauf que cette fois-ci, les choses sont différentes. Déjà, euh, je n'étais pas aussi stressée de revoir Côme et je n'avais pas le cœur qui battait aussi fort. Non, ça doit juste être le stress d'être ici, c'est une grande mission qui concerne tout le monde après tout. Respire Sanae, respire.

« On se disait justement avec Nessa que se retrouver dans de meilleures circonstances aurait été... euh mieux. » Bien envoyé dis donc, je suis sûre que c'était ma meilleure prestation. Je laisse un petit rire s'échapper – de nervosité ou d’embarras, aucune idée. « Mais je suis contente de vous revoir ! Et qu'on se retrouve ensemble pour affronter cette situation. » Voilà, c'est bien rattrapé. Ouf. C'est bon.

Quand Côme pose sa question, j'avoue que je ne sais absolument pas quoi dire. J'ai l'impression qu'ils ont besoin d'aide sur tous les fronts, pour tout, et c'est difficile de se décider sur une marche à suivre. « Humm... Mon mentor a dit aller faire le tour pour voir où est-ce qu'ils ont le plus besoin d'aide et repérer les lieux en partant par là. » Je leur montre la direction, un peu vague parce que ce n'est pas un chemin définit. « On peut peut-être faire la même chose mais en allant dans le sens inverse ? Si jamais ils ont besoin de bras pour aider les blessés ou une grande demande de pokémons aquatiques contre la lave, je ne sais pas trop... » Je lance un peu des idées comme ça en me disant que tout est possible, et qu'ils ont très certainement besoin de tout. Mais n'étant pas tout à fait habituée avec ce genre de situation, je ne suis pas sûre d'être la mieux placée pour balancer des idées. Même si je doute que l'un de nous soit réellement habitué à ça.

C'est à ce moment-là que Sylphe décide de sortir de sa pokéball. C'est rare qu'elle le fasse, habituellement c'est Leafia qui le fait, Sylphe n'étant pas encore aussi à l'aise que sa sœur. Mais je sais aussi que plus le temps passe et plus on se rapproche avec la Nymphali, alors je suis contente de voir qu'on arrive petit à petit à se créer un lien puissant. « Oh, Sylphe ? » La Nymphali pousse un petit cri joyeux et affiche un sourire. Elle regarde un peu tout le monde, puis enroule l'un de ses rubans autour de mon bras. « Tu veux aussi aider n'est-ce pas ? » Elle me répond par l'affirmatif et commence à observer les alentours. Au bout de quelques minutes, elle pointe avec son autre ruban une direction. Et par là, on dirait qu'il y a une sorte d'attroupement. « Hum, si on ne sait pas par quoi commencer, peut-être que ce serait un bon début. Qu'est-ce que vous en pensez ? » Je regarde tour à tour Nessa et Côme, en espérant ne pas imposer quelque chose.

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Error 404 : brain not found. Déjà que j’étais super étonné – mais agréablement surpris – de tomber sur Sanae, là je bug complet. Qu’est-ce qu’il fait là ? Enfin, oui, bien sûr que ça fait totalement sens qu’il soit là, au même titre que Sanae, mais… je sais pas. J’avais pas capté cette possibilité qu’on se retrouve tous les trois. Après tant mieux hein ! Je suis trop content de retrouver Côme, dans d’autres circonstances, ç’aurait été mieux, c’est cent pourcents ce qu’on se disait avec Sanae. « Clairement mieux avec vous qu’avec des gens que je connais pas ! » C’est même rassurant, même si je ne l’admets pas. Mon expérience sur le terrain est limitée, j’en ai bien conscience, surtout qu’il s’agit là d’une catastrophe qui ne concerne pas que les pokémons. Il y a trop de problèmes partout autour de l’endroit d’où la lave se répand. Et si on me donne pas de direction, je vais avoir tendance à vouloir partir dans tous les sens en même temps.

Heureusement, Sanae évoque son mentor et ce qu’il a prévu de faire. J’avoue que c’est un bon point de départ : voir où il y a des besoins et où on peut aider, d’une manière ou d’une autre. « Ça m’a l’air d’être une bonne idée. En tout cas, j’ai pas mieux. » J’aurais peut-être un peu plus de mal avec des blessés humains, mais ça peut se tenter. « Bah, euh, je suis là en tant que soigneur pokémon réserviste, alors je sais pas trop. J’ai des pokémons avec des capacités eau, si jamais… » Je me tourne vers Côme. Après tout, si j’ai une bonne lecture de la situation, c’est lui le plus expérimenté dans le domaine. Sans doute qu’on va se fier à ce que lui dit ? Je sais pas, j’ai pas trop envie qu’il ait l’impression de nous avoir à charge… J’ai pas envie d’être un frein plus qu’autre chose. Alors peut-être que je devrais suivre le mouvement, plutôt appuyer ce que Sanae dit ? Je sais pas, ça me semble être la chose à faire, alors pourquoi j’ose pas donner mon avis ? C’est pas comme si j’étais spécialiste pour donner mon avis sur les choses même quand on me l’a pas demandé, après tout.

Je suis interrompu dans ma spirale de pensée par l’apparition d’un des pokémons de Sanae. Oh. Un Nymphali. Blblbl. Non. Je ne peux pas gagatiser au moindre pokémon trop mims qui débarque dans mon champ de vision, sinon on ne va jamais s’en sortir. Et en même temps, un Nymphali, c’est super trop adorable ! Après, ce n’est pas le moment, surtout que le type fée semble vouloir faire comprendre quelque chose à sa dresseuse. C’est super intéressant de le voir communiquer à l’aide de ses rubans. Je savais qu’ils pouvaient servir à capter les émotions de quelqu’un, mais c’est vrai que ce contrôle peut aussi être utilisé d’une autre manière. Bref, le Nymphali – désolé, j’ai pas retenu son nom quand Sanae l’a dit – nous pointe un endroit où du monde s’est regroupé. Et du coup, elle nous propose d’aller voir, quitte à ne pas trop savoir quoi faire précisément. « Moi ça me va, je fais confiance. » Je pourrais – et devrais peut-être – laisser Spyros hors de sa pokéball. A la base, il n’y est entré que le temps du transport en hélicoptère et, je ne sais pas, perdu dans tout ça, j’ai pas pensé à le faire sortir. En même temps, il n’est pas sorti de lui-même, alors je sais pas trop. Bref, revenons-en à nos Moumoutons : l’amas de personnes vers qui nous dirige le Nymphali. Alors c’est parti.

« Pardon. Excusez-moi. Polygone. Pardon. Pardon. » Je soupire intérieurement. Je ne comprends pas cette fascination morbide pour les désastres. Comment peut-on rester là à regarder, sans rien faire d’autre ? Ça me dépasse. Finalement, tant bien que mal, j’arrive à me frayer un chemin, moi et ma grande gamelle. Et je finis par voir… Oh. Ok. Une poche de lave qui s’écoule juste devant nous, et ce Dynavolt sur une plaque rocheuse un peu plus loin, qui dérive et qui vois la roche sous ses pattes entrer en fusion. Il panique, clairement. Moi, je ne peux pas me le permettre. Ok Nessa, réflechis. Qu’est-ce qu’on fait ? Je me tourne vers Sanae et Côme. « J’ai mon Mygavolt, il pourrait le récupérer avec sa toile sans risquer l’électrocution, sauf qu’on est trop loin, et mon Bruyverne n’est pas assez entraîné pour ça. Je… J’arrive pas à penser à autre chose. Raaaaah ! » Je peste. J’aimerais trouver une idée, quelque chose, mais rien ne me vient, au-delà d’Ethiops. Il faut le récupérer et vite, sinon, le pauvre ne survivra pas.

Une nouvelle secousse, et c’est un peu plus de terrain qui glisse dans la lave. Le sol se dérobe presque sous nos pieds. « MAIS BOUGEZ DE LA ! » C’en est trop pour moi. « Si vous n’êtes pas là pour aider, partez, vous n’avez rien à faire ici. Alors n’allez pas vous mettre en danger, pour vous comme pour nous. MERCI. » Déjà je suis pas super confiant, j’ai la main sur la pokéball d’Auriol au cas où, mais je suis pas sûr d’avoir le temps de tout ça si jamais je pars avec le glissement. Très rassurant. Donc si en plus on doit gérer des idiots inconscients du danger : merci mais non merci. A défaut d’être vraiment ranger, je peux me rendre utile en criant sur les gens. Ça m’arrive vraiment pas souvent, mais je dois admettre que ça défoule. Mais bon, on s’en fout ; il y a un Dynavolt sur le point de crever horriblement à secourir.

Nous sommes tous les trois visiblement surpris de se retrouver ici tout ensemble et j’imagine que chacun accuse le coup de la situation à sa façon. " Oui, quitte à choisir, ce n’est pas plus mal. " Cependant, au fond de moi, l’idée de voir l’un ou l’autre en danger me convient moyennement. Pourtant, je sais bien que c’est dorénavant tout autant le métier de Sanae que le mien, et il en va de même pour Nessa grâce à ses compétences de soigneur. Mais c’est une chose de le savoir, et une autre de le voir et de le vivre en même temps. Je reste un peu prostré là, sans dire grand chose, et je sens bien qu’il faudrait que je me sorte de cette torpeur, mais c’est comme si cette situation avait littéralement embrumé mon cerveau et que les connexions ne se faisaient plus vraiment là-haut. L’espace d’un instant, je vois Sanae parler, Nessa acquiescer, et pourtant je n’entends pour ainsi dire plus rien. Ou plutôt, des sons étouffés, comme si j’étais sous l’eau. Il faut vraiment que je me ressaisisse.

C’est l’arrivée d’un des pokémon de Sanae qui attire mon attention et me permet de me concentrer sur quelque chose d’autre que toutes les pensées parasites qui trottent dans ma tête. Je n’ai pas eu l’occasion d’approcher un Nymphali d’aussi près jusqu’à présent et rien que son apparence avec ses rubans est tout à fait singulière et plutôt incroyable. Vu la scène chaotique tout autour de nous, le contraste est d’autant plus saisissant. Et en parlant de rubans, l’un d’eux lui sert à nous montrer la direction d’un attroupement. " Allons-y, de toute façon, il faut bien commencer quelque part, et on sera plus utile qu’ici. " Visiblement, je retrouve enfin la capacité à communiquer, pfiou, il était temps ! Malgré tout, je sens encore mon corps comme tout engourdi quand j’emboite le pas de mes camarades. Heureusement, la Démolosse est là pour me soutenir et sa présence m’ancre dans l’instant présent.

Nessa parvient à nous frayer un chemin et je m’engouffre dans la brèche qu’il crée. Visiblement, l’attroupement en question est surtout constitué de badauds et autres riverains, mais pas de personnel qualifié à l’horizon. Si bien qu’à part regarder la scène se dérouler devant eux… Pas grand chose se passe. Voir ce Dynavolt prisonnier sur son petit rocher incapable de faire quoi que ce soit d’autre… Et tous ces gens impuissants autour de nous. Ma poitrine se contracte douloureusement et j’ai l’impression d’être tout aussi impuissant alors même que je devrais être capable de réagir. J’ai été formé pour ça, et j’ai été sur le terrain par le passé. Dans des situations parfois assez dangereuses d’ailleurs, comme la fois où nous nous sommes infiltrés dans ce laboratoire clandestin avec Sanae et d’autres… Je ne suis pas étranger au stress, mais pour le coup, depuis que j’ai posé le pied au sol ici, c’est véritablement de l’angoisse qui me gagne. Et le plus étrange, c’est que cela réveille ma douleur à l’épaule, comme si la blessure était encore fraiche, alors même qu’elle est guérie depuis si longtemps. C’est à ne plus rien y comprendre. Je sens ma respiration qui commence à bloquer et j’ai l’impression de me retrouver encore dans un bocal. Mais qu’est-ce qu’il m’arrive ?

Je cligne plusieurs fois des yeux pour essayer de désembrumer ma vision devenue floue, et je m’accroche à Duras, son pelage rêche par endroits, et sa stature imposante mais solide sous ma paume. J’entends Nessa réfléchir à voix haute sur comment essayer de porter secours au Dynavolt prisonnier de la coulée de lave. Et ce que j’entends surtout, c’est qu’il a l’air de commencer à paniquer lui aussi. Il faut que je me reprenne. J’ai de l’expérience là-dedans normalement, bordel ! Si même les rangers flanchent alors qu’ils sont là pour ça, que reste-t-il ?

Finalement, il faut que je me fasse violence et je serre les poings aussi fort que possible pour me concentrer sur quelque chose de tangible, je ferme les yeux, et quand je les rouvre, alors que Nessa se met à crier sur les badauds inutiles qui ne font que nous bloquer le chemin, je cherche mes deux amis du regard. Je ne suis pas seul. On est là ensemble. On a tous répondu à l’appel au secours de la région. On ne pourra peut-être pas faire grand chose, mais on peut faire de notre mieux, à notre échelle. J’inspire profondément. Un. Deux. Et j’expire. Okay, la brume s’est un peu dissipée. J’arrive à penser un peu mieux maintenant, et il faut qu’on agisse, vite.

" Okay ma belle, fais-les reculer tu veux, qu’on ait de la place pour travailler. Et penser. " D’ordinaire, j’aurais sans doute pris plus de pincettes, mais étant donné la situation… Je laisse la Démolosse rugir un bon coup et il n’y a même pas vraiment besoin de montrer les crocs car elle est tellement imposante qu’elle parvient à maintenir les curieux à distance, le temps qu’on puisse se mettre au travail.

" Ma Flambusard devrait être capable de transporter Ethiops au-dessus du Dynavolt. Il faudrait juste éviter les décharges, sinon ça risque de mal tourner pour tout le monde. " Le plan de Nessa devrait fonctionner, donc je me dépêche de sortir la pokéball de Jaïa pour mettre notre plan à exécution. L’oiselle apparaît et vu son regard déterminé, elle a bien vite compris le danger de la situation. Il ne nous reste plus qu’à expliquer le plan aux pokémons et à compter sur leur bonne exécution de celui-ci.

" On pourrait peut-être essayer d’asperger la coulée pour éviter qu’elle ne progresse trop vite de ce côté-ci, si vous avez des pokémons eau. " J’en profite pour faire sortir Beauregard de sa pokéball ; le Milobellus apparaît, visiblement pas très ravi du climat actuel, mais commence à asperger la coulée comme convenu. Autour de nous, je vois que les badauds commencent à nouveau à se rapprocher, de nouveaux arrivant visiblement petit à petit. " Mais qu’est-ce qu’ils font ? Ils n’ont toujours pas établi un périmètre de sécurité ? " Soit il y a un périmètre mais les curieux s’en fichent complètement, soit dans la précipitation, la base des bases n’a pas été effectuée. " Il faudrait vraiment qu’on se charge de les faire reculer si on veut pouvoir travailler efficacement. " Notre premier sauvetage n’est pas encore terminé que je crois déjà entendre d’autres cris de détresse de pokémons locaux, sans aucun doute. " Des idées ? " (1078 mots)

Se retrouver tous les trois là, à papoter et à se demander quoi faire comme action pour aider, c'est presque surréel. Je suis contente de les revoir ici en tout cas, et qu'on puisse compter les uns sur les autres dans un moment aussi important, quoi qu'un peu stressant quand même. Ça nous permet d'être ensemble pour affronter tout ça, et même si au final je ne pense pas qu'ils soient venus seuls et qu'il doit y avoir une équipe ou un binôme avec eux, c'est aussi toujours plus agréable d'être avec des personnes familières et en dehors de son cadre normal. Je sais que si je devais continuer tout ça avec Darrell et Rebecca, ça me stresserait encore plus, entre les deux professionnels et les attentes qu'ils pourraient avoir concernant mes compétences sur le terrain... En fin de compte, c'est un peu comme échapper à la pression que Darrell peut parfois mettre involontairement, même s'il a bon fond et qu'il veut juste que je m'améliore.

Heureusement, l'arrivée de Sylphe nous débloque d'une situation un peu délicate où aucun de nous ne savait trop quoi faire. Il faut dire que c'est facile de se laisser submerger par nos émotions et avoir un peu l'esprit brouillé avec tout ça... On ne connaît rien de la situation, ni même d'où ça vient, et nous sommes juste trois petites personnes parmi une foule – enfin « petites », je me comprends.
Nous nous dirigeons alors vers l'endroit où la Nymphali a pointé, cette dernière qui me suit de près. C'est étonnant qu'elle soit autant à l'aise, entre l'atmosphère et toutes les personnes tout autour. Comme quoi, Sylphe fait des progrès encore plus incroyables que ce que je pensais ! Elle en a de la ressource.

Manque de chance, quand nous arrivons, il y a tant de monde qu'il faut se frayer un passage. Nessa est le premier à se lancer et grâce à lui on parvient à arriver au cœur de cet attroupement : un Dynavolt coincé sur un rocher en plein milieu de la lave. Ah. J'ai comme mon cerveau qui s'arrête un moment, et mes yeux qui se mettent spectateurs face à une telle scène. Mon cœur se met à battre plus vite, et je ne suis pas sûre de savoir si c'est de la peur ou de la colère, mais je sens mes mains trembler. Sylphe, qui avait jusque là toujours un de ses rubans enroulé sur mon bras, le sent, et elle serre un peu plus son ruban pour me dire qu'elle est là. Je jette un coup d'oeil à la Nymphali qui me sourit, et je me dis que ça va aller. Ok. On peut faire ça. Nessa et Côme sont là aussi, et ils ont déjà un plan qui commence à se former. J'avoue qu'en entendant Nessa commencer à crier sur les gens autour de nous qui, disons-le clairement, ne servent à rien dans cette situation. Et je ne peux que comprendre le ton qui monte de la part de l'éleveur.

Côme explique alors le plan et comment il peut fonctionner en réponse aux idées de Nessa. Je pense qu'on doit tous être un peu stressés par ce sauvetage inattendu, et je suis contente d'être avec eux deux. « Je vous fais confiance. » Là-dessus, ils ont l'air d'être sur la même longueur d'ondes et de savoir précisément comment leurs pokémons peuvent travailler ensemble.

Nous avons aussi besoin de pokémons aquatiques, et le magnfiique Milobellus de Côme apparaît. Ce n'est clairement pas le moment d'admirer les pokémons de chacun, mais entre sa Démolosse et le Milobellus, sans oublier la Flambusard, difficile de ne pas être admirative. Et Nessa n'a pas encore fait appel à ses pokémons, il va falloir être gaga de pokémons plus tard. « Je peux aider à ce niveau ! » Je fais appel à Aqua, l'Aquali, et Amari l'Azumarill. Les deux pokémons observent leur environnement, un peu perplexe de la situation. « Aqua, Amari, votre rôle sera d'asperger d'eau cette coulée de lave pour diminuer le plus possible son avancée. Et on pourra ainsi sauver ce Dynavolt en toute sécurité. » Les deux pokémons hochent positivement de la tête et partent déjà pour lancer des attaques eau afin de ralentir le plus possible cette lave aux côtés du pokémon de Côme, et potentiellement un peu autour aussi.

La remarque suivante de Côme me fait tilt. Je n'avais pas remarqué qu'il manquait un périmètre de sécurité, qui est pourtant important et... peut-être même la base. Je cligne plusieurs fois des yeux, balayant du regard ceux qui nous entourent. Un peu trop concentrée sur nos pokémons et le Dynavolt, je n'avais pas fait attention au reste. Cela m'aurait valu une remontrance de la part de Darrell, c'est sûr... Oups. Il est temps d'y remédier et de tenter quelque chose.

« Je pense avoir une solution. Pas la meilleure, mais ce sera au moins quelque chose... » Je prends une grande inspiration et je laisse Elon, mon Luxray, sortir de sa pokéball. Généralement, je n'aime pas le laisser en dehors de sa ball s'il y a trop de monde, mais je pense que c'est assez urgent de repousser toutes ces personnes. Le Luxray arrive et pousse un gros rugissement qui fait reculer plus d'une personne. Je croise ensuite le regard de Sylphe qui comprend tout de suite et va rejoindre Elon pour étendre ses rubans à l'horizontal en guise de ruban qui bloque le périmètre. Ce n'est pas pour autant que la Nymphali puisse tout couvrir, mais au moins le plus important est juste derrière elle avec le Luxray qui reste là pour intimider les personnes trop téméraires.

Je me retourne ensuite vers mes amis. « Je me charge de tenir la foule à distance, comme ça vous pourrez vous concentrer sur le sauvetage. » C'est rare que je me lance comme ça en mode « personne ne passera » et en même temps ça peut être très comique vu, euh, mon gabarit et le fait que crier sur les gens c'est pas trop mon truc. Mais ça va le faire. Je suis là pour une raison et je dois mener la mission à bien. Nessa et Côme sont là, de précieux amis mais aussi alliés, et tout ira bien. Je peux puiser cette force intérieure.

Je me rapproche alors de mes pokémons pour surveiller un peu les personnes qui souhaitent toujours se rapprocher. Mais qu'est-ce qu'ils veulent à la fin ? « Ecartez-vous s'il vous plaît, c'est beaucoup trop dangereux de s'approcher ! Nous effectuons en ce moment une opération de sauvetage, veuillez ne pas empiéter derrière le périmètre de sécurité de mes pokémons ! » J'essaie de rester calme et de parler posément, et c'est dur. Tout mon corps tremble à l'idée de parler de cette façon à autant de monde. Ohlala c'est beaucoup trop stressant... Si mon mentor était là, je me serais cachée derrière lui pour sûr... Et pourtant, je me tiens là, face à ces gens dont certains veulent filmer la scène, d'autres veulent juste regarder parce que l'être humain est fasciné par tout ce qui est accident et autres trucs négatifs. J'ai envie de mettre ma tête dans la fourrure de mon Luxray pour me cacher aussi, mais ce ne sera pas pour cette fois. Il faut que je tienne bon jusqu'à ce qu'ils aient réussi. J'ai confiance en eux, mais beaucoup moins en moi de réussir à tenir à l'écart des humains imprévisibles et trop curieux. Voilà pourquoi c'est toujours plus dur de faire face à d'autres humains que des pokémons !

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Ne pas céder à la panique, ça peut être un bon point. Et si je peux y parvenir en houspillant des gens ne respectant pas des consignes de sécurité de base, et bah je prends. Tant pis pour eux, ils avaient qu’à se trouver ailleurs que sur mon chemin. Je ne comprends pas qu’on puisse faire fi du danger dans une situation apocalyptique comme celle-là, enfin, quand on est juste là pour regarder, je veux dire. Mais bref. Je ne dois pas me laisser distraire non plus, on a une mission importante à accomplir, un pokémon à sauver. C’est pour ça que je suis là, pour intervenir dans ces situations, et j’ai la chance de me retrouver aujourd’hui particulièrement bien entouré pour le faire. Sanae et Côme, que j’apprécie l’un comme l’autre énormément mais surtout qui ont cette énergie qui m’évite de partir dans tous les sens. J’ai dû mal à me l’expliquer et pourtant, pour eux, j’arrive à me canaliser mieux que d’ordinaire. C’est là-dessus qu’il faut que je m’appuie. Parce que là, à part un plan pas réalisable, j’arrive à rien comme solution pour le Dynavolt, et j’ai pas de patience, alors ça me frustre très vite. Par chance, Côme intervient, proposant sa Flambusard pour la manœuvre que mon propre Bruyverne ne pourrait pas réaliser. Compter sur mes camarades… pourquoi n’y ai-je pas pensé ? Quel idiot. Surtout qu’à la différence des miens, les pokémons de Sanae et Côme sont véritablement entraînés pour ça.

Allez, on ne lâche rien, et surtout on reste concentré sur les objectifs. Je fais sortir Ethiops de sa pokéball, il va falloir que je lui explique ce que j’attends de lui. « Ok bonhomme, on va avoir besoin de toi. Je veux que tu grimpes sur la Flambusard de Côme qui va t’emmener là-haut et que tu utilises ta toile pour récupérer le pokémon là-bas. Mais attention, si de l’électricité te revient, tu vas devoir l’emmagasiner. Donc décharge-toi le plus possible avant. Compris ? » Pour agir, le Mygavolt n’aura pas besoin de son électricité, bien au contraire : il faudra éviter à tout prix que Jaïa soit touchée. Mais je ne suis pas inquiet. Ethiops peut totalement gérer ça. Il commence d’ailleurs dès maintenant à secouer son abdomen et un crépitement d’électricité statique se fait entendre. Ce n’est pas le moment d’approcher ses mains de lui !

Côme nous propose alors d’essayer de ralentir la coulée de lave qui s’approche décidément plus rapidement que ce que j’aurais préféré. Je ne comprends pas comment il arrive à prendre en compte autant de paramètres. Essayer de trouver une solution pour sortir le Dynavolt a pompé toutes mes ressources attentionnelles – et avec quel succès… – et à côté, Côme carbure. Il est concentré, actif et efficace, ça force l’admiration. Mais pas question de me contenter de le regarder faire, je dois prendre exemple sur lui et le joindre dans sa démarche, exactement comme Sanae le fait. Ainsi donc, pour rejoindre le Milobellus, l’Aquali et l’Azumarill, je fais appel à Swen et Viggo. La Nanméouie et le Pikachu ne sont peut-être pas de type eau, mais ils ont su l’un comme l’autre faire leurs preuves dans leur maîtrise de la capacité Surf. Je sais qu’ils pourront aider. « Vous deux, il faut les suivre et les aider avec Surf, ok ? » Je claque alors des doigts, à l’attention du Pikachu. « Et Viggo, tu écoutes. » Je m’assure de faire une piqûre de rappel, au cas où.

Je reporte mon attention sur Ethiops, pour voir s’il est prêt, s’il s’est bien déchargé comme attendu. Et c’est le cas. Alors c’est parti. Je pense que je vais laisser à Côme et à sa Flambusard le soin de gérer la manœuvre aérienne. Je n’ai aucune idée de comment faire ça, moi je suis juste ingénieux, j’ai des idées pour faire des trucs et ça va pas beaucoup chercher plus loin. Enfin, si, je sais soigner des pokémons, mais là, ce n’est pas le genre d’aide que je peux apporter… « Mais qu’est-ce qu’ils font ? » L’interrogation de Côme me fait relever la tête, moi qui m’étais accroupi au niveau d’Ethiops. Non mais je rêve ! Ils n’ont pas compris ce que j’ai dit juste avant ? Ils ne peuvent vraiment pas se retenir ? S’il faut vraiment leur gueuler dessus, ça je peux faire. Ils vont voir de quel bois je me chauffe !

« Je pense avoir une solution. Pas la meilleure, mais ce sera au moins quelque chose... » Ah. Bon bah si Sanae veut s’en charger, ça marche aussi. C’est curieux de la voir se porter volontaire pour ça, mais en même temps, je trouve ça beaucoup trop cool. Disons que, de nous trois, c’est quand même elle que j’aurais le moins vu s’occuper de mettre un stop à des gens trop relous – ou trop bêtes – pour comprendre qu’il ne faut pas approcher. Alors ouais, trop cool de la voir aller au charbon ! Surtout qu’elle sort presque en même temps un pokémon qui attire très vite mon regard. Mais c’est quoi ce Luxray ? Mais blblbl ! Je sais que c’est pas le moment, et je vais très vite remettre le focus là où il faut, mais juste une petite seconde pour m’extasier devant ce spécimen juste magnifique. Allez. Trois, deux, un. On revient. « Sanae, attrape ! Il s’appelle Clifford. » Je lui lance alors la pokéball, d’un magnifique tir en cloche. Je me dis qu’un pokémon de plus pourrait l’aider à tenir les gens à distance et entre Duras, le Luxray, le Nymphali et mon Arcanin, ça devrait quand même le faire, non ?

Bref, je ne peux malheureusement pas non plus prendre le temps de faire les présentations entre Sanae et Clifford. Je ne m’inquiète pas sur le fait qu’il obéira aux directives de Sanae, même s’il ne la connait pas. Il est hyper docile et puis il me verra bien vite. Il est surtout temps pour Côme et moi de nous occuper du Dynavolt. Ethiops prend place sur Jaïa. Et là, ce n’est plus entre mes mains. Je ne me sens absolument pas les épaules pour gérer ça. Surtout que c’est la Flambusard de Côme. Et, en plus de ça, Ethiops connait Côme depuis qu’il est Statitik, je peux le lui confier les yeux fermés. Je me demande si je ne devrais pas aller jeter un œil pour voir comment ça se passe pour nos arroseurs, mais je ne sais pas si je dois rester là ou si je peux m’éloigner comme ça. Je suppose que, lorsque le Dynavolt sera ramené sur la terre ferme, je devrai l’examiner, vérifier qu’il n’est pas blessé et compagnie. Faut-il que j’aille chercher Swen, du coup, ou bien je vais pouvoir me contenter de Spyros ? Je ne sais pas, sauf que c’est le genre de décision que je suis supposé devoir prendre de moi-même. Je suis soigneur réserviste, c’est à moi de répondre à ces questions, et c’est en train de m’énerver. Le pire dans l’histoire, c’est que ce n’est que le début. Comment Sanae et Côme vont pouvoir compter sur moi, si au premier obstacle miniature, je m’effondre ? Je ne suis finalement pas aussi prêt que je le croyais… Je reste là, à ne pas savoir quoi faire, la main crispée sur la pokéball de mon Lucario.

En quelques minutes, j’ai l’impression qu’il y a eu un petit déclic qui nous permet à tous les trois de fonctionner plutôt bien ensemble, chacun prenant sa part de responsabilité pour essayer de gérer une situation qui nous dépasse tous. Le plan pour sauver le Dynavolt prisonnier de la lave se met en place rapidement et Nessa fait sortir Ethiops de sa pokéball. Je connais bien le Mygavolt maintenant et je sais que nous pourrons compter sur lui, quand bien même cet environnement a tout pour lui déplaire. Son dresseur lui explique rapidement la situation et l’arachnide se met directement au travail en déchargeant l’électricité qu’il a déjà en réserve afin de pouvoir absorber tout ce qui risquerait de venir du Dynavolt dans sa panique, et ce afin de protéger JaÏa. Après tout, c’est elle qui leur sert de transport aérien, donc si elle venait à se prendre une décharge… Cela ne me dit rien qui vaille.

Mes deux camarades réagissent également extrêmement rapidement pour prêter main forte à Beauregard : ce ne sont pas un, ni deux, mais bien quatre autres Pokémon qui apparaissent pour mettre la main à la pâte. J’aime toujours autant les évolitions, et particulièrement Aquali, donc je suis ravi de pouvoir observer celui de Sanae d’aussi près. Il est rejoint par un Azumarill — cette espèce a décidément une bouille charmante — mais aussi par un Nanméouie et un Pikachu du côté de Nessa. Autant le premier ne m’inspire jamais vraiment confiance sans que je sache vraiment expliquer pourquoi, autant les Pikachu ont bonne réputation mais celui-ci en particulier a une tête bien trop malicieuse à mon goût. Et je me dis que je suis sans doute assez perspicace quand Nessa demande à son Pokémon d’écouter les directives. Sous-entendu, ce Pikachu n’en fait qu’à sa tête d’habitude, et rien qu’à son regard, je veux bien le croire.

J’hésite à faire appel à Sedna, mais le climat ne lui est vraiment pas favorable et elle aura du mal à rester aussi longtemps hors de l’eau par cette chaleur. Autant je sais que Beauregard peut s’en accommoder, autant le type glace de la Lokhlass la rend extrêmement sensible. Je la laisse donc se reposer dans sa pokéball et ne ferai appel à elle qu’en cas d’extrême urgence si la lave venait à couler de plus belle. Cependant, pour l’instant, il semblerait que nos Pokémon à eux tous parviennent à ralentir la coulée de lave de façon plutôt efficace : elle n’est pas stoppée, évidemment, mais en la refroidissant, elle durcit ce qui la freine énormément le temps que de la nouvelle lave brûlante vienne la réchauffer pour continuer sa progression liquide.

Sanae prend les devants pour garantir au maximum un périmètre de sécurité, et malgré son petit gabarit, je trouve qu’elle se débrouille vraiment bien, épaulée par son fabuleux Luxray qui rugit bruyamment, et par son Nymphali dont les rubans sont décidément très utiles ! Et pour couronner le tout, l’éleveur envoie une pokéball dans les airs qui s’avère contenir un magnifique Arcanin. Avec autant de canidés sur place prêts à rugir au moindre mouvement des badauds, je pense que nous sommes tranquilles pour le moment ! Il est donc temps de se concentrer sur le sauvetage.

— Jaïa, il faut que tu amènes Ethiops au-dessus du Dynavolt pour qu’il puisse le récupérer à l’aide de sa toile. Prends-le délicatement dans tes serres et maintiens-le aussi proche de toi que possible pour qu’il soit un peu protéger de la chaleur ambiante. Tu vas devoir voler sur place assez longtemps pour qu’Ethiops puisse lancer sa toile et récupérer le Dynavolt. Surtout, essaie d’être la plus stable possible, c’est improtant, OK ?

L’oiselle n’est pas nécessairement habituée à ce genre de situations en particulier, néanmoins elle est extrêmement habile en vol et je n’ai aucun doute qu’un vol stationnaire est dans ses cordes. À présent, je me tourne vers Ethiops, même si Nessa a déjà expliqué les grandes lignes du sauvetage.

— Je te fais confiance Ethiops pour protéger Jaïa des décharges. Quand tu auras sécurisé le Dynavolt dans ta toile, il va falloir que tu le soulèves du sol et que tu le ramènes au maximum vers toi et Jaïa. Ça permettra de tester la résistance de la toile mais surtout d’éviter un effet balançoire quand vous reviendrez vers nous avec le mouvement.

En effet, la toile balancera forcément vers l’arrière avec le vol de retour, et j’ai peur que si celle-ci est trop longue, cela déstabiliser ma Flambusard, ou pire, que cela fragilise la toile à cause de la chaleur ambiante. Il ne faut pas oublier que le type insecte est fortement désavantagé dans un tel environnement.

Les directives données, les Pokémon se mettent en place et je suis ravi de voir — mais pas étonné — que Jaïa prend beaucoup de précautions lorsqu’elle attrape Ethiops dans ses serres. Peut-être également par réflexe car il s’agit tout de même d’un Pokémon de type électrique. Toutefois, j’aime à penser qu’elle le fait également pour surtout éviter de le brusquer ou bien de lui faire mal. Au bout du compte, l’opération semble durer une éternité lorsqu’on regarde depuis le bord, alors qu’elle doit durer quelques minutes tout au plus. Comme prévu, le vol stationnaire marche bien. La toile est aussi solide qu’on pouvait l’escompter. Il me semble voir des étincelles fuser du côté du Dynavolt dans sa panique, ce qui était à prévoir mais Jaïa ne semble pas incommodée, ce qui me fait dire qu’Ethiops a tout absorbé, comme convenu. Le vol de retour est le moment où je retiens presque ma respiration. La toile balance forcément légèrement, c’est inévitable, et j’ai peur qu’à tout moment les vapeurs brûlantes la fassent craquer, ou bien qu’une bulle de lave s’échappe et cause des dégâts. Et finalement, voilà le Dynavolt qui est déposé sur la terre ferme devant nous, Jaïa relâchant Ethiops.

— Bravo vous deux. Jaïa, va patrouiller les environs, voir si quelqu’un ou un autre Pokémon a besoin de notre aide.

L’oiselle prend son envol sans demander son reste. Je reporte mon attention vers le Dynavolt qui n’est pas bien vaillant, puis me tourne vers Nessa, posant une main sur l’épaule de l’éleveur qui a l’air assez tendu.

— C’est à toi de jouer maintenant. Si besoin, Beauregard connaît Fontaine de Vie, pour commencer à le remettre d’aplomb, mais je pense que tes Pokémon et toi vous y connaissez beaucoup mieux que nous en soin.

Je désigne d’un signe de tête le Milobellus qui continue à asperger la coulée, et je laisse Nessa s’occuper du Dynavolt. C’est en effet un domaine où pour le coup, de nous trois c’est lui l’expert. Et s’il y a le moindre problème, nous serons là pour prêter main forte. C’est dans ces cas-là que j’aimerais bien avoir un Leuphorie à mes côtés, comme mon amie Sigrid qui l’a dans son équipe Ligue. Mais ce n’est pas le moment de penser à tout ça. Je rejoins en quelques foulées Sanae et notre brigade anti-badauds qui continue à grogner à chaque fois que quelqu’un fait un pas de travers.

— J’ai envoyé Jaïa faire de la reconnaissance aux alentours, elle viendra nous alerter si elle trouve quelque chose. Nessa s’occupe de donner les premiers soins au Dynavolt. Tout va bien de ton côté ? Tu penses qu’on devra laisser toute la troupe ici si on doit s’éloigner ?

Car mine de rien, entre Luxray, Nymphali, Démolosse et Arcanin, il y a du monde pour maintenir ce périmètre. Du monde qui pourrait nous être utile ailleurs si nous devons relocaliser pour un autre sauvetage. Bien sûr, il nous reste toujours l’option de Dezba. La Drattak s’accommoderait assez bien de la température, la chaleur n’ayant que peu d’effet sur la dragonne. Et autant dire que si elle se mettait à rugir sur les badauds, je ne pense pas qu’ils essaieraient de franchir le périmètre. Mais voilà, un Drattak c’est un peu comme de l’artillerie lourde. À n’utiliser qu’en cas d’absolue nécessité. (1336 mots)