Je m'habitue pas à la délicatesse de ses gestes. Le soin qui va dans chaque mouvement. J'imagine pas ce que ça doit faire de vivre en étant aussi consciente de la place qu'on prends. Du peu que mon empathie pas folle me permet de capter, je me dis que ça doit juste être épuisant. Pourtant, elle arrête quasi jamais. Je sais plus exactement depuis combien de temps on se connait mais je peux compter sur les doigts d'une seule main le nombre de fois où je l'ai vu se détendre. Et genre j'ai pas besoin de tous les doigts pour ça. Ca me dépasse. J'aurais juste envie de hurler au monde d'aller se faire foutre. Je déborde tout le temps de mon propre corps. Elle, elle reste toute coincée dedans. Si on m'avait dit que je pigerais tout ça, je me serais bien marrée. J'suis pas habituée à m'intéresser autant à l'attitude de quelqu'un en dehors de ma famille. Zéro chance que je réfléchisse au pourquoi.

Tu as quelque chose à me conseiller ? Je l'aime bien cette question. Un début de galère aussi mais pas grave. Y a trop de trucs bons ici. Je récupère la carte et direct je vais sur la page des pâtisseries. Ouf comme rien n'a changé. Huuuuum. J'ai eu le réflexe de foutre mon menton dans ma paume et mon index bat la mesure contre ma joue. La réflexion est intense. J'te vois bien aimer les trucs fruités. Shortcake du coup ? Y a pas trop de trucs qu'on a pas à Unys du coup ce sera pas la découverte mais ça compte pas trop. C'est juste bon dans ce salon de thé. Y a le pudding si tu veux vraiment l'expérience galarienne mais c'est moins ma came. Le crumble est juste trop bon aussi. Je m'emballe un peu là. J'te parle pas trop kantonien là, tu suis ? Petit coup d'œil par-dessus la carte pour la mater. Oh et tu veux un chocolat chaud ? J'sais, ça va faire overdose de sucre, mais on est pas là pour boire de l'eau. Sauf si on prends du thé. Bah, t'as capté. J'parle trop, j'crois. Comment je veux qu'elle en place une dans ces conditions ? En général, elle a pas l'air dérangé en même temps.