Tu as l'habitude d'appeler quotidiennement ta sœur – tout comme tes parents, mais c'était différent. Ta sœur, tu lui parlais presque tous les jours. Vous êtes extrêmement fusionnels et tu l'aimes de tout ton cœur. Pourtant, rien ne vous lie réellement – par le sang, tu entends. Vous n'êtes pas biologiquement de la même famille et ne venez pas du même milieu avant votre adoption, mais vous avez tous les deux reçu la même éducation et avez vécu sous le même toit durant des années. Tu ne sais pas si c'était ce qui faisait vraiment votre force au final, puisque beaucoup de tes amis n'ont jamais eu une si bonne relation avec ses frères et sœurs. Mais tu te disais que le fait d'être du même sang ou non ne faisait pas tout. Tu ne pouvais expliquer ce qu'il y avait entre vous deux. C'était un véritable amour – fraternel, calmez vous, c'est dégouttant ! – Ruthie est en quelque sorte ta soulmate. Elle est ce qui a de plus précieux en ce monde. Tu partages absolument tout avec elle, que ce soit vos bêtises ou vos meilleurs moments, comme des instants complètement futiles et ce depuis votre plus tendre enfance.

Ruthie a deux ans de plus que toi et elle a déjà réalisé beaucoup de choses, contrairement à toi. Elle a été adopté vers ses un an. Ni elle, ni toi savez grand chose sur sa vie d'avant. Tout ce que vos parents vous ont dit, c'est qu'elle venait d'une famille qui avaient beaucoup de problème. Le père avait fuit la maison et la mère avait essayé de la tuer à la naissance, continuant de la maltraiter par la suite. Ce serait les grands parents biologiques qui auraient appelé les services sociaux pour sauver l'enfant. Ce fut un long combat, mais Ruthie fut sortie de là au plus vite, pour finir dans les bras aimant de vos mamans. Tu te souviens que quand vous étiez adolescent, son père biologique l'avait recontactée. Elle t'en avait parlé, mais vous n'aviez rien dit à vos parents, simplement pour ne pas les inquiéter. Ruthie a simplement bu un café avec lui, lui demandant de ne plus jamais la recontacter. Ce jour là, tu étais caché un peu plus loin, juste au cas où. Tu n'allais pas laisser ta sœur dans cette misère, quand même ! Par chance, cet homme voulait s'assurer que sa fille allait bien – même s'il essayait tout de même de la persuader de revenir auprès de lui, que sa mère biologique était soignée et que tout allait mieux à présent. Mais Ruthie n'a pas cédé. Elle t'avait dit qu'elle n'en croyait pas un mot et ne voulait rien savoir. Sa vie était là, avec toi, avec nos mamans. Et tu en étais bien content. Et depuis ce jour là, elle n'a jamais entendu parlé de son ancienne vie à nouveau. C'était un peu une folle histoire qui se finissait bien. « Folle », parce que toi à côté, c'était du pipi de chat. Tu as été adopté à la naissance, parce que ta maman biologique était trop jeune et ne se sentait pas d'être maman quand tu es né – et tu ne pouvais pas lui en vouloir, t'étais un sacré spécimen étant gosse... même si tu n'es pas totalement certain d'avoir tant changé en grandissant, maintenant que tu y pense. – Donc tu ne risquais pas d'avoir de mauvaises surprises. Personne ne te cherchait dans une autre vie. Enfin, tu ne penses pas en tout cas. Et dans tous les cas, tu étais très bien là où tu étais. Et tu n'échangerais pas ta famille actuelle pour rien au monde. Elle avait ses défauts et tu avais beau te plaindre de tes parents, tu devais admettre que tu ne pouvais pas rêver mieux.

Quand tu parles de ta sœur, tu ne précise jamais ses caractéristiques physiques. Parce que tu n'en vois simplement pas l'intérêt, à vrai dire. Pourtant, quand tu viens à présenter ta sœur à quelqu'un, il y a souvent un état de choc et une parole un peu désagréable qui s'en suit. Simplement parce qu'elle est noire. Et toi jaune livide, bridé de surcroît. Pour les gens, ça semble invraisemblable que vous soyez réellement frère et sœur. Le monde avait déjà du mal à comprendre ces histoires de mariage gay et de couple gay qui élève des enfants – comme si c'était étrange. Alors si on prime on rajoute à ça des gosses qui ne se ressemblent en rien et qui n'ont aucun traits communs avec l'une de leurs mères, ça fait kaboom dans le crâne vide de ces individus manquant d'ouverture d'esprit – oui parce que vos mamans sont blanches, non bridées. Tu as longtemps eu du mal à comprendre où était le problème d'ailleurs. Pour toi, ta famille était tout ce qu'il y avait de plus normal. Et puis en grandissant, tu as commencé à croire que tu étais le problème – et tu sais que ta sœur pensait la même chose, puisque vous n'aviez pas beaucoup d'amis dans votre adolescence. Enfin. Ça n'a en réalité duré qu'un an. A la base, vos mamans ont pensé bon de vous mettre dans des écoles publiques, pour ne pas vous enfermer dans le monde des enfants de riche – pourtant, c'était ce que vous étiez. Au bout d'un an, elles vous ont finalement envoyé dans le privé. Et alors vous avez vite compris que le problème n'était pas chez vous, mais chez les autres. Et plus jamais tu as eu honte de ce que tu étais. Et tu as vite appris à envoyer chier ceux qui vous jugeais un peu trop vite. Ruthie et toi avez une relation forte. Et rien, ni personne ne changera ça. Ni même la couleur de votre peau.

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Malgré vos ambitions bien différentes, vous restez effectivement très proche. Vous vous envoyez le plus souvent possible des nouvelles – au mieux vous prenez le temps de vous appeler et à défaut vous vous contentez d'un vulgaire sms. Malheureusement pour vous, il n'est plus aussi simple de vous voir et discuter de vive voix. Vous avez pris des voies différentes, et surtout, vous ne vivez plus sous le même toit – même pas dans la même région, en fait. Et si toi tu avais encore beaucoup de chemin à parcourir et un peu de temps à perdre, tu savais que ta sœur n'avait pas une seconde à elle, puisqu'elle avait déjà réussi sa vie. Et oui, madame est devenue une célèbre mannequin, demandée par une multitude de marques et labels souhaitant travailler avec elle. Tu es très fier d'elle d'ailleurs. Et tu espères que son petit business fonctionnera durant de nombreuses années. Surtout que tu savais que ça la rendait heureuse. Et c'est tout ce qui compte à tes yeux.
Évidemment, tu serais encore plus heureux de la voir bien plus souvent. Mais vous saviez tous les deux qu'une fois votre adolescence terminée, vous ne pourrez plus être aussi accroché l'un à l'autre. Tu rêvais de remplir des salles de concert et elle de voyages, défilés et shooting photo.

Vous vous êtes officiellement séparés il y a de ça trois ans, quand tu quittas Hoenn pour Galar. Ce départ était symbolique pour tout un tas de choses à vrai dire – et tu avais grandement besoin de ce nouveau départ loin de tout, qui t'as fait énormément de bien. Mais devoir quitter ta sœur était la chose la plus difficile dans tout ce changement. Tu aurais bien aimé l'emporter avec toi, mais ce n'était pas possible. Elle de son côté avait essayé de te convaincre de rester et de plutôt te tourner vers le conservatoire de votre région. Mais elle savait que tu ne pouvais pas, au fond. Elle sait tout de toi, comme tu sais tout d'elle. Ce n'était pas bon pour toi de rester dans cette région, avec tout ces souvenirs et tout ce qui faisait de toi ce que tu n'étais pas réellement. Ce n'était pas sein. Mais dans un élan d'égoïsme, elle avait tenté le coup. Et elle s'en était excusé quelques semaines plus tard, quand tu étais enfin parti. Tu ne pouvais pas lui en vouloir, puisqu'à sa place, tu aurais agis de la même façon.

Vous avez donc ce rituel de vous appeler au minimum une fois par semaine. Idéalement, vous utilisez discord pour profiter de vos caméras et ainsi voir vos magnifiques minois. Mais bien souvent, vous manquez chacun de temps et devez vous contenter de vos voix – ce qui était déjà très bien. Vous ne vous racontez pas grand chose de particulier, à vrai dire. Juste votre quotidien, ainsi que vos petits secrets. Comme dans votre enfance.

Votre appel de la semaine dernière répondait à peu près à vos petites habitudes, jusqu'à ce que vous soyez prêt de raccrocher. Ruthie t'a retenu encore un peu, pour te parler de quelque chose qu'elle avait soit disant oublié – mais puisque c'était très mal joué, tu te doutais qu'elle attendait juste la fin de votre discussion pour t'annoncer une nouvelle plus ou moins grande. Et tu avais vu juste, puisque d'un air enjoué, elle te révéla qu'elle devait se rendre à Winscor pour un shooting photo, ainsi qu'un défilé – auquel elle t'invitait par la même occasion. Et puisque les jours suivant elle n'avait rien à faire, elle te demanda si elle pouvait rester chez toi pour ainsi passer un peu de temps ensemble, puisqu'elle te savait encore en vacances. Tu répondis par la positive, plus qu'impatient à l'idée de la revoir – même si tu l'avais vu il y a de ça quelques semaines, tu n'avais pas vraiment eu le temps de savourer sa venue.

Juste après avoir raccroché avec Ruthie, tu te précipitas dans le salon pour retrouver Sharlieh et lui annoncer sa venue. Il se réjouissait pour toi, ainsi que du programme qui vous attendait. Car oui, tu ne lui laissait pas vraiment le choix, le forçant à se joindre à vous. C'était ainsi que ça fonctionnait entre lui et toi : si l'un de vous fait quelque chose, l'autre doit suivre la cadence – la plus part du temps.

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Vous lancez une Hyperball...!:

Vous passez les jours suivant votre appelle à organiser la venue de Ruthie. Ou plutôt, vous organisez votre planning en fonction de ce qu'elle avait à faire. Et ça faisait bien longtemps que tu n'avais pas tenu un agenda. Tu étais du genre à faire les choses sur un coup de tête et laisser le hasard décider à ta place. Ce qui faisait que tu oubliais beaucoup de chose. Mais ce n'était pas bien grave, tu n'es qu'un pauvre petit étudiant – et puis l'organisation, c'était pas trop ton truc. Même tes live sur Twitch étaient assez aléatoires. Tu n'aimais pas trop t'imposer une routine, à vrai dire. Et surtout, tu ne voulais pas faire de ce divertissement une priorité. Tu savais au fond de toi que tu ne ferais pas ça toute ta vie, que ce petit truc qui rythmait un peu ta vie et arrondissait tes fins de mois allait disparaître de ton quotidien un jour ou l'autre. Tes adonnés le savaient – enfin, tu l'espérais. Tu continueras jusqu'à ce que ça ne t'amuses plus ou devienne une contrainte.

Et pour une fois dans ta petite vie, tu allais devoir te plier à un planning – enfin... Ce n'est pas réellement la première fois. Tu avais tout de même le planning de cours au conservatoire à respecter. Mais ce n'est pas réellement pareil. Ce n'est pas ta vie privée. Et ta vie privée, tu aimes bien la laisser faire sa petite vie tranquille sans aucune barrière. Mais pour Ruthie, tu allais faire cet effort. Après tout, ce n'était que l'histoire de quelques jours.
Tu savais donc qu'elle arrivait le jeudi de la semaine qui suivait, au petit matin, et repartait le dimanche de la même semaine, dans la journée. Tu devais la retrouver à son arrivée à l'aéroport. Elle s'était arrangé avec son agence et ses managers pour que Sharlieh et toi ayez le droit de grimper avec elle dans la limousine qui l'attendrait sur place. De ce que tu avais compris, on allait te donner un badge qui disait que tu étais un invité et qui te donnait tous les droits d'accès – à condition d'avoir ta sœur pas loin, mais tu ne comptais pas bien aller loin sans elle de toute façon. Et pour cette journée là, tu devais être présentable, puisque c'était le jour du fameux défilé. Tu n'y connaissais pas grand chose à la mode à vrai dire – tu aimais faire du shopping et bien t'habiller, mais tu te contentait de suivre les tendances et tes propres goûts – mais tu avais compris que c'était un gros événement – du style Fashion Week, mais en un peu moins gros. Pour ne pas faire tâche, tu avais même demandé à ta sœur ce qu'il était préférable de porter et tu te plieras à ses recommandations. Il était hors de question de lui faire honte, surtout que cette journée semblait importante pour elle.

Grossièrement, tu savais que le jeudi était dédié à ce défilé et qu'ensuite il y avait une petite fête privée. Le bon côté était que vous aviez la limousine pour la journée entière, jusqu'à ce que le chauffeur vous ait ramené à votre appartement, à Sharlieh et toi. Le lendemain, Ruthie devait faire quelques shooting photo pour tu-ne-sais-plus-quelle-marque. Et après ça, elle devait aider un ami à elle qui était en manque de modèle. Et si tu le souhaitait, tu pouvais également participer (et tu seras même rémunéré, si c'est pas beau). Et ensuite, vous étiez libre pour la journée et le restant du séjour de Ruthie. Tu savais déjà que ce vendredi là, tu allais le passer qu'avec elle, puisque Sharlieh devait se rendre chez sa maman – pour une raison que tu avais oublié d'ailleurs. Alors tu proposas de faire un peu de shopping à ta sœur, puisque ton ami n'en était pas plus friand, c'était l'occasion d'en profiter sans trop l'ennuyer.

Ensuite – puisque Ruthie aimait l'organisation – tu lui proposas d'aller dans un parc d'attraction le samedi. Et évidemment, elle te demanda d'aller à celui qui est un peu en recul de Wincor, le gros parc à thème que tout le monde connaît, mais ne peut pas forcement se permettre d'y aller : Pokéland Winscor. Tu y es allé une fois à vrai dire, avec Sharlieh et quelques amis. Et tu devais avouer que c'était quand même un chouette parc. Alors tu ne pouvais pas refuser ce souhait à Ruthie. Ce qui faisait un assez beau programme. Il ne te restait plus qu'à attendre quelques jours avant de pouvoir enfin revoir ta tendre sœur et mettre tout ceci en application.

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Le jour de sa venue était enfin arrivé. Le réveil fut un peu compliqué et tu avais encore la tête dans le cul au moment d'aller la chercher, mais au moins, tu étais là – et à même en avance. Tu avais enfilé un costume qu'elle t'avait envoyé il y a peu, estimant qu'il t'irait à ravir. Et tu devais avouer que tu étais de son avis. Tu te trouvais bien beau là dedans. Et pourtant, ce n'est pas forcement le genre de costume que tu irais acheter de toi-même. Non pas qu'ils soient particulier ou hors du commun, mais juste que ce n'est pas le genre de couleur que tu penserais à porter. Le costume était d'une couleur unie, une sorte de marron-beige, quelque chose d'assez clair – tu n'y connaissais rien en nom de couleurs. Pour aller avec ça, tu avais mis une chemise blanche et des chaussettes blanches. Et pour finir le tout, tu avais aux pieds des mocassins marron foncé, que ta sœur t'avait envoyé avec le costume. Le plus beau dans tout ça, c'est que c'était un cadeau. Tu n'avais pas à lui retourner les vêtements, ni à la rembourser. Et ça, tu appréciais bien.
Sharlieh lui avait ressorti son costume gris qui lui allait si bien, avec une chemise blanche, chaussettes blanches et mocassins noirs. Vous étiez de toute beauté.

Vous vous êtes rendu à l'aéroport en taxis. Et sans aucun pokémon. Ça te désolait un peu de laisser Polar toute une journée de la sorte alors qu'il savait que ce n'était pas pour l'école, mais c'était comme ça. Il devait avoir l'habitude à force. De toute façon, dans ce genre d’événements, les pokémons ne sont pas réellement autorisés.

Et donc vous attendez. Vous n'aviez rien d'autre à faire de toute façon, puisque l'avion de Ruthie n'était pas encore arrivé à destination. Mais au moins, la piste sur laquelle l'avion allait arrivé était déjà affiché. Ce qui vous permettait d'avancer jusque là, au moins jusqu'à où vous étiez autorisé d'entrer. Ainsi, vous vous retrouvez au milieu de gens avec des pancartes affichant le nom de la personne qu'ils attendaient. Tu fis signes à ton ami pour que vous vous décaliez un peu, afin que Ruthie vous remarque plus facilement – quoi que, vu vos tenues, ce n'était pas bien compliquer de vous trouver dans la masse.

Vous finissez par vous adosser à une rambarde non loin de là, discutant de tout et de rien pour faire passer le temps. Mais ça commençait à être franchement long. Même quand l'avions a été annoncé comme arrivé et que les premières personnes sont arrivés, ta sœur n'avait toujours pas pointé le bout de son nez. Peut-être qu'elle attendait que tout le monde soit descendue, histoire de ne pas être bousculée ou même reconnue et donc dérangée. « Elle sait se faire désirée. » souffle Sharlieh, visiblement impatient. Et tu partageais pas mal son ressenti. Mais ça faisait partie de Ruthie. Parce que de toute ta petite vie, tu ne l'as jamais vu être à l'heure une seule fois.

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« Ah, là voilà. » dis-tu en te redressant, esquissant un léger sourire. Tu sortis les mains de tes poches par la même occasion et puis tu fis quelques pas pour aller en sa direction – mais tu laissas ta sœur faire le reste du chemin. Elle était vraiment de toute beauté et pourtant, elle n'était pas sur son trente-et-un. Sa longue chevelure ondulée était lâche et son visage était caché par de grandes lunettes de soleil. Et pour ce qui était de sa tenue, elle portait une jupe en jean courte avec un collant noir qui semblait bien épais – tu savais à quel point Ruthie était frileuse – et elle avait aux pieds des dr.martens basses, noirs et blanches. Et en haut, elle avait un pull jaune assez ample que tu reconnaissait très bien, puisqu'il était à toi. Tu l'aimais bien ce pull d'ailleurs. Et tu te souviens t'être demandé récemment où il était passé. Maintenant, tu avais la réponse.

« Ash ! Sha' ! ». Elle leva les bras tout en s'exclama, montrant sa joie de vous voir – joie qui n'était pas partagé par son garde du corps qui tirait un peu la gueule. Et puis elle courra jusqu'à vous, se jetant dans tes bras en premier. Tu l'accueilles avec grand plaisir, profitant autant que possible de cette étreinte. Et puis, au bout d'une dizaines de secondes, vous vous éloignez l'un de l'autre. « Alors comme ça on me vole mes affaires ? ». Elle rit. « Il me va mieux à moi qu'à toi de toute façon. Je te rends service quelque part. ». Allons bon. Tu roules les yeux tout en secouant légèrement la tête, quelque peu amusé par ce qu'elle venait de te dire. Mais elle n'avait pas totalement tort. « Waaah, tu es splendide Sharlieh ! » dit-elle en se tournant finalement vers lui, concluant ainsi votre échange. « Je sais, je sais. » dit l'autre, amusé. Et puis ils se serrent dans les bras un court instant. Une fois fait, Ruthie se tourne de nouveau vers toi. « Je n'ai pas besoin de te dire que tu es beau. Tu es mon frère, ça coule de source que tu l'es. ». Elle rit en te faisant un clin d’œil. Tu te contente de sourire. « Donc comme ça, madame à son propre garde du corps ? » souffle Sharlieh en croisant les bras sur sa poitrine, un petit sourire aux coins des lèvres. Ruthie se retourne un instant comme pour s'assurer que l'homme tout de noir vêtu était toujours là. Et puis elle vous regarde à nouveau, toujours souriante. « Oh ça. ». Elle fait un petit geste de la main, pour signifier que ce n'était pas grand chose. « Comme le dirait mon agent : « on est jamais à l'abri d'une mauvaise surprise ». ». Elle rit. Tu souffles du nez, et Sharlieh aussi. « Mais il est très gentil. » « Ouiiiii, il en a l'air. ». Le ton de Sharlieh était très sarcastique et Ruthie l'avait bien compris, puisqu'elle lui donna une petite tape sur l'épaule.

Suivant vos retrouvailles, vous quittez le hall dans lequel vous vous trouviez pour vous rendre à la fameuse limousine qui vous attendait à l'extérieur – le garde du corps de madame toujours derrière vous. Il est vrai que cet homme était assez impressionnant, mais il ne semblait pas bien méchant, en effet. Tu avais déjà vu des gardes du corps plus teigneux en tout cas. Mais celui-là vous laissait de l'espace et ne semblait pas bien se méfier de vous. Et c'était tant mieux. Par contre, il se préoccupait un peu plus de la foule qui commençait à se créer autour de vous et des quelques nenettes qui braquaient leurs téléphones sur vos doux minois dans l'espoir de photographier ta sœur. C'était donc ça, la célébrité ? « Ça ne t'ennuie pas, tout ça ? » demandes-tu dans un murmure à ta sœur. Celle-ci restait aussi souriante qu'à son habitude, saluant ces gens curieux avec beaucoup de charme. « Tu sais, on s'y habitue très vite. ». Tu la regardais faire avec beaucoup d'admiration. Tu ne sais même pas si tu arriverais à gérer la chose aussi bien. Tu avais ta petite notoriété aussi, mais ce n'était pas à la même échelle – et tu t'en réjouissais pas mal pour le moment. Mais tu te dis qu'un jour, tu seras peut-être à la même place. Enfin, si un jour tu arrives à créer ton propre groupe et pondre un morceau digne de ce nom.

Le garde du corps de Ruthie s'était rapproché de la foule, dissuadant quiconque de se frotter de vous par sa simple présence. C'était assez impressionnant. Et ce fut comme ça jusqu'à ce que vous arrivez à la limousine – qui vous attendait non loin de la sortie de l'aéroport. Le chauffeur était dressé devant et ouvrit la porte arrière dès qu'il aperçu ta sœur, la saluant chaleureusement. Elle le remercia et fut la première à monter, suivit de toi, Sharlieh et enfin, le garde du corps. Et derrière lui se referme la porte. Et après un autre claquement de porte – celle côté conducteur – vous prenez enfin la route en direction du défilé.

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AIDE À LA MODÉRATION:

C'était la première fois que tu mettais les pieds dans une limousine. Tu te sentais important alors que tu n'étais personne. C'était assez troublant. Tu t'installes donc en silence, juste à côté de Sharlieh et face à ta sœur. Le garde du corps lui était au fond du véhicule, entre vous comme un médiateur. Mais tu n'avais que faire de lui présentement. Tu étais plus occupé à regarder tout autour de toi et baver d'admiration. C'était grand. C'était beau. C'était wow. « Et donc, c'est quoi votre petit nom ? ». Tu tournes la tête vers Sharlieh qui s'était mit à son aise, à moitié vautré sur votre banquette, questionnant ainsi le garde du corps. Celui-ci esquissa un sourire. « Marc. » « Eh Marc, vous trouvez que je suis un petit rigolo ? » demande ensuite ton ami plutôt fier de lui d'avoir décroché un sourire à cet homme. Il rit même légèrement à cette question. Tu étais – un peu – sous le choc. « C'est le moins qu'on puisse dire. ». Il croise les bras et regarde ensuite Ruthie qui se retenait de rire. Sharlieh lui faisait le fanfaron. Tu te mets également à rire. « Ah vrai dire, miss Ruthie m'avait briefé sur vos cas. Je suis toutefois un peu déçu, parce que le plus drôle des deux ne l'est finalement pas tant que ça ». Tu cesses subitement de rire, tout comme Sharlieh. Vous échangez un regard, assez troublé et mécontent. Marc était donc en train de dire à ton ami qu'il n'était pas si drôle et que toi tu étais sensé l'être, mais que finalement, tu es plutôt ennuyant ? « Je crois que je vous préférais muet. » souffles-tu – en toute dérision, bien évidemment. Ce qui provoqua un éclat de rire chez Ruthie et Marc. Tu souris alors. Comme quoi, il n'y avait pas mensonge sur la marchandise.

Vous passez le restant du voyage à discuter avec Marc. Vous découvrez par la même occasion que sous ses airs de grand monstre se cache un mignon petit nounourson. Cet homme semblait bienveillant, gentil et s'entendait à merveille avec ta sœur. Et c'était tout ce que tu pouvais lui demander. Même avec vous il était très gentil.

Et puis, quand vous arrivez enfin sur place, Marc retrouve son rôle de garde du corps sévère – en même temps, il valait mieux avoir l'air crédible – et est le premier à sortir, suivit de Ruthie, puis de vous deux, les deux intrus. Une fois tout le monde sortit, la limousine s'en alla. Ruthie se tourna une dernière fois en votre direction, sortant de son sac vos accréditations vous permettant d'accéder à l’événement. Et puis elle t'embrassa sur la joie, vous saluant ainsi. Tu la retrouveras un peu plus tard, quand tout ceci sera terminé. Car pour le moment, elle devait passer devant l'armée de photographe. Après quoi elle ira en loge pour se changer et défiler avec le reste des mannequins.

Pour Sharlieh et toi, il fallait encore vous frayer un chemin dans la masse pour parvenir à l'entrée vous étant réservée – tu la voyais au loin, il y avait un vigile juste devant. Après quoi... Et bien, tu ne savais pas trop à vrai dire. Tu le découvriras une fois à l'intérieur.

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Tu n'avais aucune idée d'où tu mettais les pieds. C'était un monde totalement inconnu. Et tu avais l'impression de faire tâche dans le décor. Et visiblement, ce sentiment était partagé. « Pourquoi ils nous dévisagent tous ? J'ai un truc sur la tronche ? » te demande Sharlieh. Tu hausses les épaules. Tu ne savais quoi lui répondre à vrai dire. Toi non plus tu ne comprenais pas pourquoi on vous regardait de la sorte. Comme si vous faisiez quelque chose de mal. Alors que vous ne faisiez qu'avancer vers cette entrée vous étant dédié. Vous faisiez même la queue sagement, puisqu'il y avait un peu de monde avant vous. Et puis il y avait aussi les forceurs, ceux qui voulaient entrer alors qu'ils n'étaient personne. Enfin, tu es également personne, mais au moins on t'avait invité. Et puis, tu ne tenais pas tête au vigile dans l'espoir de pouvoir te glisser dans la masse et assister à ce défilé si spéciales et aux places limités. C'était assez impressionnant de voir la détermination que pouvait avoir certains fans. Comme quoi, ce n'était pas que dans le domaine de la musique. Ni ton ami, ni toi ne vous attendiez à une telle chose.

Arrive enfin votre tour de présenter votre badge au vigile. Mais voilà qu'il est de nouveau sollicité par des petites pestes qui se pensent sans doute trop géniale pour ce bas monde. Tu soupires. Et puis tu t'écartes pour laisser de la place à ce pauvre monsieur qui ne faisait que son travail. Il s'excuse auprès de vous, par simple politesse et puis il se tourne vers les demoiselles, leur demandant de bien vouloir partir si elles n'avaient pas d'invitation. Évidemment, ça ne voulait rien savoir, alors le monsieur est contraint d'appeler du renfort. Simplement parce que mesdames ne voulaient pas lui lâcher la grappe et qu'il avait d'autres Miaouss à fouetter. Et puis surtout, tu avais bien vu que ce n'était pas la première fois que ce genre de comportement arrivait en l'espace de si peu de temps. Il devait en avoir plein le fion.

Une fois que ses collègues l'ont débarrassés des nenettes, il revient à vous dans un soupire. « Encore pardon pour le dérangement... ». Et puis il sourit. Tu souris tout autant, haussant les épaules. « Vous n'y êtes pour rien, vous savez. » dis-tu simplement. « On vous souhaite bien du courage pour supporter tout ça. Ça vaut pas grand chose, mais vous en avez bien besoin ». dit ensuite Sharlieh. L'homme vous remercie en vous disant que vous êtes bien bon. Et puis vous en venez au fait ; vous lui montrez vos accréditations encore accrochées à votre cou. Il prit le temps de les regarder, puis de vous regarder, pour regarder de nouveau ces morceaux de carton plastifiés. Quelque chose ne semblait pas lui revenir, puisque maintenant il fronçait les sourcils. Tu échanges un regard un peu inquiet avec ton ami, avant d'oser demander. « Quelque chose ne va pas ? ». Tu te voyais déjà devoir appeler ta sœur en panique pour lui dire que tu ne pouvais pas entrer. « Non non. Tout est en règle. ». Il vous redonne vos cordons. Tu ris nerveusement, ne comprenant toujours pas pourquoi il avait tiré cette tête. « C'est juste que je ne pensais pas que vous étiez de simple invités. Enfin... Profitez bien du show. ». Tu le remercies sans rien ajouter. Ce n'était pas le moment de faire son intéressant. Et à vrai dire, tu aimais bien passer pour un mec lambda de temps en temps, plutôt que pour le petit gars qui joue à des jeux et dit des bêtises sur internet. Et même si Sharlieh aimait bien se faire flatter de la sorte, tu ne lui laissas pas le choix en le tirant par le bras pour entrer au plis vite et tirer un trait sur cette histoire. C'était la journée de ta sœur, pas la votre.

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« Eh. Tu ne m'as pas laissé le temps de le questionner. ». peste ton ami dont tu lâches enfin le bras. « C'était nécessaire ? » souffles-tu un peu blasé. « Bah attends. Ça se trouve il nous prenait pour des mannequin et tout ! ». Ah ouai, carrément. « T'es encore plus con que je peux l'être... Il a dû nous reconnaître. Tu sais, le streaming, tout ça... ». Il inspira très fort. Ça y est, il avait compris. « Aaaaaaaah ! Ça fait sens, en effet. ». Tu éclates finalement de rire. Tu n'arrives pas à croire qu'il ait oublié qui vous étiez. Certes, ce n'est pas de l'ordre de la grande célébrité mondialement connue. Mais tout de même. Tu étais pas loin du million de personne à te suivre. Et lui tout juste moins que toi. Ça faisait quand même pas mal de personnes qui pouvait potentiellement vous connaître. « Ça n'explique quand même pas pourquoi les autres dehors nous dévisageaient. ». Sur ce point là, tu ne pouvais pas le contredire. Alors tu décides de faire ce que tu fais le mieux : de l'humour. « C'est parce que tu es le plus beau en ces lieux. ». Il passe une main dans ses cheveux pour se donner un genre. « Nan mais ça, c'est évident ! ». Tu lui donne une petite tape dans l'estomac. Il te rend le coup sur l'épaule. Et puis vous éclatez de rire.

Vous ne pouviez pas résoudre ce mystère là, à moins de questionner chaque personne qui vous dévisage, mais vous n'aviez pas que ça à faire. Alors au lieu de vous attarder sur ce détail sans importance – préférant vous dire qu'on vous regarde simplement parce que vous êtes beaux – vous entamez votre avancée dans ce grand bâtiment. D'où vous étiez, vous pouviez très clairement voir la piste – est-ce comme ça que ça se nomme ? La piste ? La rampe ? Tu ne sais pas trop. Mais en bref, ce long machin qui ressemble à un couloir sans aucun mur où personne ne devait mettre les pieds à l'exception des mannequin. Donc vous voyez très clairement cette chose là, puisque c'était là que se trouvait les principales sources de lumière. Le reste de la salle était plongé dans une petite ambiance tamisée. Vous pouviez très clairement voir devant vous et les gens autour de vous, mais tout était fait pour que votre regard ne soit attiré que par ce qui comptait réellement ; le défilé.

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