Nous nous installâmes alors pour commencer à déguster ce petit festin que je nous avais préparé. Tour à tour, nous appréciions chaque morceau du repas, tantôt salé, tantôt sucré ; chaque bouchée pouvait nous faire voyager dans un monde bien spécifique, et cela ravissait nos papilles. Je regardais Draco de temps en temps, il me regardait en retour, comme s'il se délectait d'un plaisir coupable de manger. J'en riais parfois, comme étant complice de son méfait gourmand. Nous étions satisfaits de partager ce moment ensemble, et nos regards ne trompaient pas.

Après une petite vingtaine de minutes, nous terminâmes ce déjeuner de roi. Encore une fois, mon esprit remerciait secrètement Draco pour sa présence, car il savait que lui et moi avions tissé un lien indéfectible. Le dragonet affichait un regard serein, paisible, me faisant penser à une tranquilité de la nature, réconfortante. Nous étions unis pour toute une vie. Une amitié de l'instant, une amitié de tous les instants.



L'après-midi, nous nous aventurâmes dans une des grottes qui se cachaient au sein du massif de montagnes des environs. Draco m'accompagnait encore une fois, se sentant regagner du courage, alors que notre destination semblait annoncer des passages sombres et sinueux. Mine de rien, notre présence respective nous réconfortait, à deux nous étions plus forts.

Le pokémon Dragon part alors en éclaireur devant moi. Je le vis fondre dans la pénombre, son corps de serpent scintillant sous les quelques lumières de lanternes murales qui avaient été disséminées de ça et là de l'entrée de cette caverne qui me faisait face. Il n'avait pas eu peur, et s'était conduit en héros de l'exploration. Je l'entendais au loin, de par le bruit ruisselant de l'eau, humidifiant le sol, et faisant quelques échos au fur et à mesure qu'il revenait vers moi en rampant avec fluidité.

Une fois à l'intérieur, je sentais mon coeur battre d'excitation. Que pouvaient bien nous cacher grottes ? Grâce à ces quelques sources lumineuses et la petite lampe torche que j'avais prévue dans mon sac, nous pûmes nous aventurer assez loin dans cet édifice troglodyte. Les parois murales étaient recouvertes de vieilles roches, témoins des années d'érosion successives et permanentes. Des stalactites parfois tombaient tels des pics, alors que leurs semblables stalagmites montaient avec force comme pour se rejoindre ; donnant une impression de mâchoire de calcaire se refermant sur nous. Nous tombions par moments aussi sur des lacs et des rivières souterraines, l'eau devenant à ce moment précis, la reine de ces lieux.

Draco fut très curieux des pokémons qui se cachaient de ça et là des cavités que nous explorions. Quelques pokémons Roche qui se tapissait dans l'ombre des quelques crevasses des murs, quelques Nosferapti qui nous survolaient avec hâte pour trouver un coin plus calme, à l'abri de toute présence humaine. Et parfois, quelques pokémons rongeurs se réfugiant dans des renfoncements secrets, presque invisible pour un oeil non averti, à travers quelques parois.

Et après plusieurs heures d'explorations, nous décidâmes de rebrousser chemin, jouant la sécurité en lieu et place de la témérité. Nos esprits étaient de toute manière imprégnés de la grandeur de cet endroit sombre. Un véritable sanctuaire silencieux.

Alors que nous venions à peine d'émerger des grottes environnantes, nous fûmes accueillis par un spectacle envoûtant ; le crépuscule déployait ses plus belles couleurs, éblouissant l'horizon. Le ciel se métamorphosa lentement. Les derniers rayons du soleil, d'un rose presque improbable, prirent une teinte légèrement orangée, comme si un feu embrasait la toile nuageuse qui se dressait au-dessus de nos têtes. D'ailleurs, les nuages se fondait de façon poétique au-dessus des parois rocheuses. Les sommets des montagnes se découpaient dans l'ombre, donnant une nouvelle fois cette impression de mâchoire naturelle ; tandis que les arbres tentaient en vain de capter les derniers faisceaux de lumière, leurs feuilles s'abaissant en direction du sol, comme si elles s'apprêtaient à dormir.

C'était un instant de grâce et de beauté où le temps semblait suspendu. Le souffle du vent transportait avec lui le dernier parfum de la rosée du soir, tandis que les oiseaux entamaient leurs derniers chants de la journée. On aurait dit que la nature elle-même s'était arrêtée pour contempler ce spectacle. Nous restions là, Draco et moi, absorbés par la grandeur de ce moment. Chaque instant était une invitation à la contemplation, une célébration de la beauté du monde qui nous entourait. Et dans la lumière dorée du crépuscule, nous nous sentions profondément vivants.


Draco et moi avançions alors côte à côte, nos pas créant une musique timide avec le murmure apaisant de la nature qui nous entourait. Chaque instant passé ensemble au cours de cette journée mémorable semblait être gravé pour toujours dans nos mémoires. Le vent caressait nos visages, tandis que les feuilles vrombissaient doucement au-dessus de nos têtes. Les ombres des arbres dansaient une dernière fois sur le sol, dessinant des formes presque irréelles. À chaque pas, nous laissions s'exprimer la nature telle une magicienne.

Nos regards se croisaient parfois, complices, témoignant de notre connexion profonde. Dans le reflet de nos yeux, se reflètaient les émotions de cette journée inoubliable. Notre complicité et notre amitié se suffisaient à elles-mêmes. Pas besoin de mots. Tout était limpide. Et alors que nous avançions, éclairés par la douce lumière du dernier moment de jour, je sentis mon cœur regretter tout doucement l'idée que cette aventure touchait à sa fin. Mais en même temps, je ressentis une gratitude profonde pour chaque instant passé en compagnie de Draco, sans lui, tout n'aurait pas eu cette saveur particulière.

Nous nous arrêtâmes un instant, pour regarder une dernière fois le spectacle qui se déployait devant nous. Le début de nuit donnait au paysage une illusion d'une peinture vivante, où les couleurs du ciel se mêlaient à la celles de le terre, dans un dégradé plaisant au premier regard. Les derniers rayons du soleil ajoutaient une ultime luminosité au canevas, ajoutant un peu de sérénité à cette beauté extérieure. Et dans ce silence paisible, nous nous sentîmes profondément reconnaissants, pour cette journée mémorable, pour les souvenirs précieux que nous avions créés ensemble.


Nous reprîmes le chemin du retour vers Lavanville, nos pas marquant un rythme soutenu. Alors que nous avançions lentement à travers le paysage qui s'assombrissait, nos esprits se remémorèrent une dernière fois cette journée exceptionnelle. Le ciel, maintenant tirant sur le violet et l'irisé, semblait accompagner notre marche de retour, comme pour nous dire au revoir à sa façon. Nous franchissâmes de nouveau les portes de la ville, et nous nous dirigeâmes vers notre lieu de repos hôtelier.

Et alors que le sommeil nous proposait de nous séaparer, une douce mélancolie m'envahit. J'aurai aimé que cette journée dure éternellement, mais comme on le disait, chaque bonne chose avait une fin. Et cette fin, c'était le point d'orgue de la création de nos souvenirs. Nous nous endormirions heureux et riches d'expérience. Chacun de mes pokémons avaient eu son moment, sa journée privilégiée, et il y avait fort à parier qu'ils seraient plus que jamais motivés à me suivre et à vivre encore plus d'aventures. Je m'abandonnai donc dans les bras de Morphée, prêt à m'embarquer dans une nouvelle aventure dans Lavanville : direction, la Tour Pokémon.