S'il y a bien une chose que j'ai apprise aux cours de mes différentes pérégrinations en terres extérieures à celles du Kantô, c'est qu'il existe autant de tactiques et de stratégies qu'il existe de dresseurs et de dresseuses, tous plus inventifs inventives et ingénieux ingénieuses les un.e.s que les autres. Et quand il s'agissait de vouloir prendre un ascendant par rapport à un ennemi partageant à peu près les mêmes caractéristiques que son ou ses compagnons d'aventure, la moindre petite différence pouvait faire son pesant d'or. dans le cas précis de la situation brumeuse que je venais de créer, mon avantage était l’élément de glace que possédait Ness, ma Lokhlass combative et obstinée. Elle ne possède pas tant d'attaques ou de compétences liées à cet élément, mais son arsenal est suffisant pour faire du dégât en le moindre de temps qu'il n'en faut. J'allais bien évidemment utiliser cette particularité, et prendre les méduses ennemies de revers.

- Ness, lance Laser Glace sur toute la surface de l'eau autour de nous, comme pour dessiner un cercle !

Ni une ni deux, ma plésiosaure entonna une nouvelle aria, plus aiguë et plus charismatique que précédemment. Quand bien même les Tentacool et les Tentacruel eussent pu nous entendre, ils ne pouvaient décemment pas se douter de quoi que ce soit, les obligeant à rester sur leurs gardes. Grosse erreur de leur part, car du coup, ce qu'il se tramait allait les faire s'enfermer d'eux-mêmes dans le piège que je leur tendais, un piège totalement givré qui plus était.

Le rayon luminescent et légèrement bleuté de Ness commença alors à figer l'eau tout autour de nous, dans un mouvement circulaire, au fur et à mesure que le corps de ma géante des mers et des océans pivotait sur elle-même. Grâce à la Brume déjà présente, l'air et l'humidité présente dans l'atmosphère avaient eu le temps de se réfrigérer, permettant la création quasi instantanée des cristaux de glace à la surface de l'eau. Très vite, la température ambiante tomba drastiquement, favorisant alors cette épaisse couche de glace qui recouvrait la mer. Ma Lokhlass faisait un travail du tonnerre, et parvint à glacer tout un bloc circulaire autrefois sujet aux ondulations tonitruantes provenant du siphon non loin de nous.

La brume se leva alors au moment même où Ness termina son œuvre. Le résultat était sans appel : une sorte de banquise, ronde, nouvellement recouverte de glace, flottait sur l'eau comme un radeau de fortune. Au milieu de cette terre de glace, les Pokémons méduses, pris au piège d'une épaisse couche givrée, impossible à briser de leurs tentacules encore à moitié immergés sous l'eau. Au centre, nous étions tous les deux, triomphants, et enfin soulagés de s'être écartés d'une terrible menace sous-marine. Seul petit souci, était que cette banquise nous encerclait nous aussi, et dérivait sagement vers le siphon, et son centre torrentiel. Il nous fallait une solution de fuite, et vite, pour ne pas connaitre le même sort que les méduses, à savoir, un cycle de lavage rapide avec force centrifuge exponentielle.

Finalement, un sentiment de culpabilité m'envahit au même moment où Ness commença à virer de bord pour rejoindre de nouveau le chemin des îles Écume. Un affreux sentiment d'être responsable de la possible catastrophe qui s'abattrait sur ces Tentacool et ces Tentacruel si je décidais de faire l’œil aveugle à leur sort. Non pas que je ne leur en voulais pas de nous avoir toiser de si loin et pris en sandwich de si près, mais sur le coup, je n'avais pas songé à ce qu'un Pokémon pourrait ressentir si toutefois sa volonté farouche de défendre un territoire se soldait en échec cuisant, et surtout, en un scénario complètement dangereux pour leur survie. Une boule de stress se forma dans mon ventre, si bien qu'elle semblait me susurrer du plus profond e mon être que j'allais devoir m'en vouloir pour un bon moment s'il arrivait quoi que ce soit de mortel à ces Pokémons qui n'avaient rien demandé de plus que simplement se faire entendre de leur point de vue de gardiens d'une zone qui était la leur, pas à proprement parlé, mais dans le sens philosophique du terme.

A la surprise de ma Lokhlass, je lui soufflai dans l'oreille de faire demi-tour, et de trouver un moyen de venir en aide à ces Polémons méduses. Sur le coup, elle ne comprit pas mes intentions, et fronça les traits de son visage, pour me faire part de son incompréhension et de son mécontentement. Après tout, elle aussi avait été la victime de cette espèce de ligue contre les envahisseurs aquatiques. Elle n'avait pas cette vision de mort qui pouvait attendre sagement les Tentacool et les Tentacruel au fin fond de ce siphon. Elle ne voyait que le destin qui continue de se dérouler devant ses yeux, elle en vie, et les autres, peu importerait leur sort. Mais pour une vie humaine comme la mienne, s'assurer de toujours faire le maximum de ses capacités pour ne jamais rien regretter, et surtout, ne pas avoir à se regarder dans un miroir avec la culpabilité d'une action qui nous aurait échappé et qui aurait pu faire une différence positive.

Sans avoir trop le choix, Ness obéit à mes ordres, et fit du mieux qu'elle put pour nager à vive allure jusqu'à l'emplacement de cette énorme banquise flottante qui se dirigeait vers les prémices du siphon. Il n'y avait pas beaucoup d'options à exploiter pour tenter de sauver la vie des Pokémons qui dérivaient inlassablement vers une issue périlleuse. Je fis appel alors à un autre de mes compagnons, Simargl, mon Arcanin, qui vint lui aussi prendre place sur le dos de Ness, prêt à écouter et à performer le moindre de mes ordres. L'avantage avec Simargl, c'est que quoi qu'il eut advenu, il ne contrarierait jamais mes plans, et ne remettrait jamais en doute mes compétences en tant que dresseur ni en tant qu'humain. Il me faisait confiance, et je le lui rendais bien.

Alors que Ness accélérait, son souffle lourd et rythmé trahissait un effort intense pour rattraper le courant. La masse glacée de la banquise en mouvement devenait chaque seconde plus imposante, et mes muscles se crispaient, amplifiant la sensation oppressante de cette course contre la montre. Simargl, lui, campé solidement sur le dos de sa comparse Lokhlass, se tenait prêt, ses pattes puissantes ancrées et ses yeux fixés sur l’horizon. La douce chaleur émanant de son pelage contrastait avec l’air glacé qui fouettait mon visage, et me donna une lueur d’espoir. J’eus alors une idée.

— Simargl, lui murmurai-je en m’assurant de ne pas détourner son attention de l'objectif, quand on sera assez près, utilise Lance-Flammes pour faire fondre un côté de la banquise. Si on parvient à faire fondre juste assez pour la déséquilibrer, peut-être que le courant l’entraînera vers les eaux peu profondes au lieu de ce siphon fatal.

Mon Arcanin écouta attentivement, les oreilles dressées. Le plan, certes risqué, pourrait donner aux Tentacool et Tentacruel une chance de se disperser avant que le pire n’arrive.

Finalement, alors que Ness et Simargl se positionnaient tout près du bord glacial, le chien flamboyant s’élança. Son souffle ardent percuta la banquise dans un grondement sourd, éclatant la glace en morceaux incandescents qui s'évanouirent dans l'eau. La glace commença lentement à se fendre, des morceaux se détachant sous la chaleur et l’impact des vagues. C'est alors que j'aperçus les Tentacool et Tentacruel réagir. Ils semblaient hésiter, leurs tentacules s'agitant sous la surface, cherchant probablement une issue. Les premiers, les plus téméraires ou les plus désespérés, commencèrent à s’éloigner prudemment de la banquise et des courants dangereux qui l’entraînaient.

Mais ce n'était pas terminé. Simargl, épuisé, posa ses pattes sur le dos de Ness, qui, elle aussi, montrait des signes de fatigue. Mais malgré les difficultés, un sentiment de fierté m’envahit. Je les observai, ces créatures marines qui, libérées de la menace, se dispersaient peu à peu vers les eaux plus calmes. L'espace de quelques instants, je m'accordai un sourire. Le danger était loin d’être écarté, mais au moins, j'avais agi. Ness me jeta un regard, et sans qu'aucun mot ne soit échangé, je sentis qu'elle aussi, en dépit de son mécontentement initial, comprenait désormais l’importance de ce que nous venions d’accomplir ensemble. Le retour vers les îles Écume se fit dans un silence empreint de calme.

Lorsque nous approchâmes enfin du rivages de l’une des îles Écume, l’ambiance se fit curieusement plus lourde. La lumière du soleil, d’abord douce et bienveillante, se teintait ici de reflets plus froids, perçant la brume qui enveloppait l’île dans une ambiance sinistre. Les vagues s’écrasaient contre les rochers avec une force implacable, leur grondement étouffant tous les autres sons environnants et rendant l’atmosphère presque irréelle. Ness ralentit progressivement et finit par glisser jusqu’au bord de l’eau, m'offrant une vue sur un sentier rocailleux qui semblait s’enfoncer dans les profondeurs de l’île. Simargl, bien qu’épuisé, posa ses pattes avec précaution sur le sable humide en écoutant les bruits alentours. Son regard passait sans cesse de moi à Ness, prêt à réagir au moindre danger. Il semblait partager mon appréhension, comme s’il ressentait lui aussi l’étrange énergie de cet endroit.

Je caressai doucement ma plésiosaure, encore essoufflée de l'effort produit en pleine mer, d'abord pour la rassurer, puis pour venir lui murmurer quelques mots d’encouragement. Mes mots se voulaient calmes, empreints de sentiments et d'une volonté de lui communiquer toute ma gratitude. Elle répondit par un léger grondement satisfait et s’étira dans l’eau avant de d'incliner sa tête vers le bas pour me donner le signal qu'elle était prête à rejoindre sa balle de capture, afin d'y trouver un peu de chaleur et de repos. Simargl et moi entamâmes alors notre ascension sur le sentier glissant en duo, comme deux amis de longue date.

À mesure que nous progressions, un froid mordant imprégnait l’air, et chaque pas semblait nous rapprocher de quelque chose d'oppressant. Finalement, en débouchant sur une clairière ombragée par d’immenses blocs de glace, je découvris un spectacle qui me figea sur place. Devant nous, nichée entre deux parois rocheuses, se tenait une imposante structure de glace et de roc, presque trop belle pour être réelle, comme un sanctuaire oublié du temps et des intempéries. Des gravures anciennes parsemaient ses parois, évoquant des formes de créatures marines que je ne reconnaissais pas toutes, mais parmi lesquelles je distinguais l’image d'un Tentacruel et de ses tentacules enserrant des vagues. Il semblait que ce lieu était lié aux Pokémon que nous venions d’aider, un sanctuaire refuge où ces Pokémon revenaient peut-être en pèlerinage, pour y habiter ou se ressourcer.

Mon Arcanin grogna doucement, et je posai ma main sur son flanc pour le calmer, tout en laissant mon esprit se faire subjuguer par les détails du sanctuaire. Les symboles, gravés avec soin et magnifiquement préservés par le froid, racontaient une histoire de respect et de crainte envers l’océan et ses créatures. J’avais déjà entendu parler de certains lieux secrets et reculés où des Pokémon sauvages protégeaient leurs territoires avec une ferveur certaine, mais voir un tel endroit de mes propres yeux m’inspirait à la fois de l’émerveillement et de l’humilité. En observant les fresques de plus près, je fus frappé par une pensée : ces Pokémon défendaient peut-être plus qu'un simple territoire. Ils veillaient peut-être sur un héritage ancien, une sorte de trésor invisible pour nous, mais essentiel pour leur survie et pour l’équilibre de cette partie de l’océan.

Je serrai les poings, soudainement reconnaissant d’avoir fait le choix de revenir sur mes pas. Cet acte qui m'avait semblé difficile à prendre avait sans doute permis à cette communauté aquatique de préserver non seulement sa vie, mais aussi une part de son histoire. Au bout d'un moment, je me retournai vers Simargl avec un sourire.

— On a bien fait, n'est-ce pas ? Ce lieu mérite d’être protégé.

Il me répondit par un jappement léger, comme pour confirmer qu'il comprenait, lui aussi, l'importance de ce sanctuaire. Après un dernier regard respectueux, nous reprîmes doucement notre chemin, décidés à ne plus troubler cette paix ancienne. Nous avions une promesse silencieuse à tenir : respecter et protéger cet équilibre fragile, et surtout, ne jamais oublier que même les créatures marines, que l’on pense parfois seulement animées par l’instinct, gardent des histoires et des mystères aussi profonds que les océans eux-mêmes. Mais visiblement, ce lieu nous réservait une énième petite péripétie.

À peine avions-nous tourné le dos au sanctuaire que quelque chose fit frissonner l’air autour de nous. Un courant glacial enveloppa la clairière, plus intense que le froid ambiant de l'île. Simargl se raidit instantanément, ses oreilles plaquées contre son crâne alors qu’il émettait un grondement sourd. Devant nous, surgissant des ombres, se trouvait une silhouette étrange et imposante. Un Lippoutou. Ses longs cheveux blonds encadraient un visage au teint violet qui nous fixait avec intensité. Ses yeux brillants étaient presque hypnotiques, et une expression de colère inhabituelle tordait ses lèvres charnues. Je n'avais jamais vu de Lippoutou dans cet état : l'aura hostile qu'il dégageait emplissait l’espace, rendant l'atmosphère presque irrespirable.

Sans attendre, Simargl se positionna devant moi, les crocs découverts et les muscles tendus, prêt à défendre. Mais quelque chose me disait que cette créature n'était pas là par hasard. Peut-être était-elle une gardienne du sanctuaire, chargée de veiller sur les lieux et les Pokémon qui s'y abritaient. Avais-je commis une erreur en entrant ici ? D'un geste lent, le pokémon psy et glace, connu pour son envie de donner des bisous à tout va, leva ses bras, et une étrange lueur s'empara de ses mains, un froid si intense qu'il semblait palpable, comme un brouillard bleuté qui ondulait entre ses doigts. Je connaissais cette technique : l'attaque Poudreuse. Si elle la lançait ici, dans cet espace clos, il serait difficile d'esquiver. Pourtant, son regard ne montrait pas un désir de destruction aveugle, mais une volonté de mettre à l’épreuve mon respect pour ce lieu sacré. D’un murmure, je donnai des ordres à Simargl.

— Calme, mon grand. Si elle attaque, riposte avec Flammèche pour contrer le froid, mais ne va pas trop loin.

Je fis un pas en avant, levant les mains dans un geste apaisant, bien que mon cœur battait à tout rompre.

— Écoute-moi, Lippoutou. Je ne voulais pas troubler ce sanctuaire. Je suis venu par hasard, ignorant de la signification de ce lieu pour toi et les autres Pokémon des environs.

Le pokémon chevelu cessa un instant de canaliser son attaque de type glace, me regardant avec des yeux perçants, cherchant peut-être la sincérité dans mes mots. Puis elle émit un son grave, comme un avertissement, mais elle ne lança pas son attaque. Prenant cela pour un signe, je poursuivis d’un ton humble.

— Je suis revenu sur mes pas pour aider les Tentacool et les Tentacruel. Je sais maintenant que cet endroit est spécial pour eux, et je promets de respecter cette terre comme toi et tes ancêtres l’avez fait.

Simargl se calma légèrement, son pelage émettant encore quelques étincelles de chaleur qui réchauffaient l’air autour de nous. Finalement, Lippoutou abaissa les mains, et une étrange sérénité envahit son visage.

Alors que nous sortions du sanctuaire, je sentais encore le regard glacial de Lippoutou peser sur nous, même si elle n’était plus visible dans notre champ de vision. L’atmosphère restait lourde et oppressante, comme si les murs de glace eux-mêmes retenaient leur souffle, si tant est qu'ils en eurent été capable dans un plan aparallèle au notre, attendant de voir si nous allions respecter ou trahir notre parole. Simargl marchait à mes côtés, tous ses sens en alerte, ses pas résonnant dans le silence du chemin tortueux que nous empruntions pour quitter l’île. Mais au fond de moi, une inquiétude de plus en plus forte me disait que cette histoire n’était pas encore terminée. Chaque pas semblait alourdi par la sensation étrange que quelque chose, ou quelqu’un, nous suivait dans l’ombre.

Soudain, un léger frisson parcourut ma colonne vertébrale, comme si un souffle glacé m’effleurait le cou. Simargl s’arrêta net, le regard fixant l’obscurité qui s’étendait devant nous. Dans un réflexe, je fis de même, mon cœur battant plus fort. Tout autour, le silence se fit plus oppressant encore, comme si le monde s'était figé et que plus rien ne vivait, pas une âme, pas un sifflement, rien. Un pas feutré résonna alors dans l'ombre. Puis un autre. Un bruit de pas légers, mais déterminés, résonnait maintenant dans le couloir de glace derrière nous. La même sensation d'être observés se fit de plus en plus forte, jusqu'à devenir presque insoutenable. Simargl se tourna, ses muscles se raidissant d'une tension vive, prêt à bondir, mais je l'en empêchai d'une main douce mais ferme.

Une sorte de filet sonore, lointain, celui d’une mélodie étrange et envoûtante, s’éleva, amplifiant l’atmosphère malaisante, presque surnaturelle, qui régnait. C’était un chant grave, mélancolique, et chaque note semblait résonner avec un poids psychologique et émotionnelle chargé. Les ombres dansantes autour de nous paraissaient soudain onduler au rythme de cette musique. Était-ce le Lippoutou, ou autre chose ? Ce chant me semblait bien plus ancien et complexe, comme un appel provenant du cœur de l’île elle-même. Simargl se retourna une fois de plus, et cette fois-ci, une silhouette se dessina dans l’obscurité, avançant lentement vers nous. C’était elle, le Lippoutou. Mais quelque chose avait changé dans son attitude. Elle ne se contentait plus de nous surveiller : son regard était perçant, presque interrogateur, comme si elle sondait mon âme pour y déceler une intention cachée. Ses lèvres bougeaient, articulant des mots, ou bien des onomatopées que je ne comprenais pas, mais son langage corporel, lui, était clair.

Elle tendit une main, paume ouverte vers moi, son visage impassible, presque solennel. Simargl se hérissa aussitôt, émettant un grondement d’avertissement. Je lui lançai un regard rassurant, puis levai lentement ma main pour imiter le geste du Lippoutou. Nos paumes se frôlèrent à peine, mais une vague glacée m’envahit aussitôt, me parcourant de la tête aux pieds comme un flot d’énergie brute, traversant chaque fibre de mon être. Je frissonnai, non seulement de froid, mais de l’étrange sensation d’être scruté en profondeur.

La main de cette Pokémon chevelue resta tendue un moment, brillant faiblement sous la lumière pâle reflétée par la glace autour de nous. J’essayais de reprendre mon souffle, le cœur battant à toute allure, alors que les images que je venais de voir tournaient encore dans ma tête. Je revoyais cet homme à la cape sombre, avec son regard dur et l’orbe lumineuse qu’il tenait, chargée d’une étrange énergie. Je pouvais encore sentir le vent glacé de la tempête que j’avais vue, et l’angoisse des Tentacool et Tentacruel résonnait en moi. Simargl, toujours sur le qui-vive, grogna doucement, ses crocs prêts à se montrer au moindre signe de danger. Lippoutou, de son côté, continuait de me fixer, mais cette fois avec un air presque suppliant. J’ai compris qu’elle essayait de me dire quelque chose, que cette vision n’était pas qu’un avertissement, mais un appel.

Je pris une grande inspiration et serrai les bords de ma veste, un peu nerveux. « On y va », soufflai-je, mes mots se perdant dans le froid ambiant. Mon compagnon à fourrure me regarda brièvement, une pointe d’hésitation dans ses yeux, avant de hocher la tête pour montrer qu’il était avec moi. Le pokémon aux lèvres charnues nous mena plus loin dans le tunnel de glace, ses pas résonnant dans un écho qui semblait presque menaçant. L’air devenait de plus en plus froid, et une humidité désagréable s’infiltrait dans mes vêtements. Chaque pas semblait plus lourd, comme si l’île elle-même voulait tester notre détermination, et je sentais l’appréhension monter en moi face à ce qui nous attendait. Après quelques minutes, le tunnel déboucha sur une grande caverne aux parois couvertes de cristaux de glace. Ces derniers réfléchissaient la lumière en créant des éclats argentés et bleutés. Au centre, sur une sorte de dalle entourée de glace fine, se trouvait une sculpture ancienne qui ressemblait à un orbe, identique à celui de ma vision.

Le Pokémon au double type psy et glace se plaça près de la dalle et tendit encore la main, m’invitant à m’approcher. Mon cœur battait plus fort à mesure que je m’avançais, avec Simargl toujours en alerte à mes côtés, observant la caverne avec attention. Je fis un pas de plus et sentis le froid glacial traverser mes chaussures pourtant fourrées. Une étrange énergie flottait dans l’air, me faisant frissonner. L’orbe sculpté, bien que fait de pierre, semblait luire légèrement, comme s’il contenait encore un reste de sa puissance d’antan. Soudain, une ombre se déplaça sur la glace, rapide et furtive, comme un serpent qui se glisse sans un bruit. Mon Arcanin aboya, brisant le silence presque sacré de la caverne. Lippoutou tourna la tête avec un air de panique.

Je scrutai l’ombre jusqu’à ce qu’elle se matérialise près de la dalle. Un Pokémon que je ne reconnaissais pas se tenait là, sombre et imposant, ses yeux brûlant de détermination. Il était évident qu’il était là pour protéger cet endroit, ou empêcher que le secret de l’orbe ne tombe entre de mauvaises mains. Avant que je ne puisse bouger, un rugissement profond retentit dans la caverne, résonnant jusque dans mes os. L’atmosphère, déjà tendue, devint presque irrespirable, comme si l’air était sur le point d’exploser, semblable à la glace sous un poids trop lourd.

Le rugissement grave continuait de résonner dans la caverne, se répercutant sur les parois de glace comme un écho sans fin. Chaque vibration semblait s'infiltrer jusqu'à mes os, alimentant une angoisse presque paralysante. Simargl, inflexible mais dont l'haleine brûlante commençait à générer beaucoup plus de brume, restait posté devant moi, ses crocs luisants sous la lumière éthérée des cristaux. La tension dans l'air était presque palpable. Lippoutou, immobile, fixait la silhouette qui venait d’émerger des ombres. Devant nous, un Monsieur Glaquette, un Pokémon issu de la famille des Monsieur Mime, à l’apparence atypique dans cette région, se tenait fièrement. Sa peau d’un violet scintillant semblait refléter la lueur glaciale de la caverne, tandis que ses cheveux aussi foncés que la nuit, partiellement en forme de chapeau melon, comme une sorte de capot capillaire surnaturel, ondulaient faiblement comme sous l’effet d’une brise invisible.

L’atmosphère s’alourdissait, chaque inspiration devenant un défi face à l’air glacé qui s’insinuait dans mes poumons. L’aura de ce Pokémon n’était pas celle d’un simple vagabond. Il exsudait une présence ancienne, celle d’un gardien veillant sur un secret enfoui. Ses yeux, d’un bleu glacial et perçant, semblaient fouiller mon âme, évaluant mes intentions. Sous ses pieds, des bourgeons de glace commençaient à éclore, de petites formations cristallines surgissant de la dalle gelée, comme si elles réagissaient à sa simple présence. Une énergie mystérieuse semblait se condenser autour de lui, prête à exploser à la moindre provocation. Je serrai le bord de ma veste pour me recentrer. Simargl, toujours tendu comme un arc, avait cessé de grogner, mais son regard restait fixé sur Monsieur Glaquette, prêt à bondir si nécessaire.

« Du calme », murmurai-je, ma voix presque inaudible dans ce silence pesant, une prière autant pour moi que pour mon Pokémon.



Tout à coup, un phénomène étrange se produisit. Une bannière d’énergie lumineuse s’éleva lentement depuis la dalle centrale, flottant doucement dans l’air. Sa lumière irradiait la caverne, peignant les murs de motifs changeants et hypnotiques. Ce n’était pas une simple curiosité, mais un message clair, une invitation à avancer. Lippoutou tourna légèrement la tête vers moi, son regard mélangeant détermination et appréhension, trahissant une panique intérieure à son paroxysme. Elle voulait que je comprenne, que je fasse le prochain pas. Monsieur Glaquette, lui, restait stoïque, ses yeux perçant toujours les miens. Le moindre faux mouvement pourrait briser cet équilibre fragile.

Je pris une inspiration profonde et, le cœur battant, fis un pas vers la dalle lumineuse. Le sol craqua sous mon poids, et l’air se fit encore plus dense, comme si la caverne elle-même retenait son souffle. Monsieur Glaquette ne bougea pas, mais son regard s'intensifia, un avertissement silencieux que la ligne entre curiosité et défi était mince. Alors que je m'approchais, les bourgeons de glace sous mes pieds semblaient grandir, émettant de faibles craquements. Simargl aboya brièvement, rompant le silence et provoquant une résonance qui fit vibrer les cristaux. Ce fut alors que je compris : le sanctuaire n’était pas seulement un lieu sacré, mais un test. Un dernier seuil à franchir, où chaque choix déterminait notre destin.