La dernière vrille du lancer de mon Hyperball avait été fructueux, et la balle s'était arrêté en plein rodéo. Cela signifiait que le Stari avait bel et bien été capturé, et que je pouvais désormais me targuer d'avoir pu pêcher et capturer toutes les espèces aquatiques que j'avais eu en tête au moment même où j'avais mis les pieds sur les rives du Bourg Palette. Bien évidemment, l'apparition de ce Léviator avait été l'imprévu de cette session, car non seulement je ne m'attendais qu'à chasser un Magciarpe à entrainer pour en faire un magnifique dragon des océans, mais aussi, j'avais été impressionné par la puissance et la férocité d'un tel spécimen pokémon. Les dragons font vraiment peur pour un peu qu'ils ne soient pas déjà de votre côté en temps normal, d'où le fait d'avoir été rassuré de savoir Draco à mes côtés, lui qui en était un également, et qui avait réussi à prendre l'ascendant assez rapidement sur le géant des mers. Le Stari était également un bonus inattendu, ou du moins, rien ne laissait présager que mon idée de mettre des bouts de mangue en bout de ligne aurait eu l'effet escompté, et aurait attiré sur mon hameçon directement l'étoile de mer pokémon chère à mes projets d'équipe aquatique.

Fort de mes acquistions, je tente déjà de refaire le tour d'horizon de toutes les créatures de type eau que j'avais en ma possession : un Pskykokwak, dont l'objectif serait de le faire s'entrainer pour devenir un majestueux et puissant Akwakwak, le roi des pieds palmés ; un Hypotrempe, pour lequel il faudrait que je trouve de quoi lui faire faire de l'exercice intense et répété, afin de potentiellement devenir un Hypocéan de grande qualité, et qui sait, peut-être un jour faire l’acquisition d'un Hyporoi, l'évolution ultime de cette lignée... mais la quête de l'obtention d'une écaille draco s'annonçait déjà follement difficile ; un Léviator, ce dragon des eaux profondes qui allait tout de suite rejoindre mon équipe principale et spécialisée pour les combats et les quêtes de dressage ; ce Stari, nouvellement acquis, qui allait potentiellement plus tard devenir un magnifique Staross, mais pour lequel il allait falloir revoir tout l'entrainement, car sa condition de futur Pokémon de typse psy induit une certaine marge de manœuvre que je n'avais pas encore dans mes estimations, et il y avait fort à penser que j'allais avoir besoin de solliciter Somnus, mon Alakazam, pour parfaire les quelques apprentissages de techniques télékinétiques connues ; et puis il y a trois autres représentant du domaine de l'eau, dont je ne vous ai pas encore parlés, mais qui sont déjà bel et bien intégré à certaines de mes troupes, que ce soit de coordination ou pour me seconder à la pension.

Mais je pense pouvoir annoncer que ma découverte et ma trouvaille la plus invraisemblable, et la plus stimulante qui me sera donné de faire, c'est d'élever ce Lippoutou rencontrer sur le chemin du retour, entre Bourg Palette et Parmanie-Plage. Sur la route, il y a cet endroit que l'on appelle les Îles Écume. C'est une sorte d'archipel de quelques îles, inhabitées, et qui sont réputées pour être difficile d'accès, tant les siphons et autres courants marins forts sont capricieux. Y aller sans un Pokémon capable d'utiliser la capacité Surf, que ce soit naturellement, ou via ingestion d'une Capsule Secrète, spécialement conçue pour cet usage. Le plus dur n'est pas tant le fait de pouvoir franchir cet obstacle aquatique avec l'aide d'un Pokémon, mais c'est surtout de choisir le « bon » Pokémon surtout. Un qui soit robuste, très bon nageur, permettant de se frayer un chemin parmi les tumultes de l'eau, le tout, accompagné d'un poids en plus, le sien.

Pour ma part, le choix n'était plus si difficile que ça, puisque j'avais en ma possession deux véritables monstres des eaux, tous deux capable de supporter des charges en milieu aquatique dantesque. Je parle évidemment de Ness, ma Lokhlass de charme, de génie et d'amour, ainsi que de Seiryū, mon Léviator, capable de dresser les vagues et les remous avec la seule force de son grognement charismatique. Le choix avait été difficile, mais connaissant le caractère craintif et parfois imprévisible des Pokémons sauvages, surtout dans les eaux profondes séparant les deux villes, j'avais alors opté pour ma belle plésiosaure des abysses fluviales, Ness. Son chant presque semblable à celui d'une sirène, sa grâce une fois le cou déployé, et sa docilité ne rajoutant que plus d'étoiles dans mes yeux. Je pense très sincèrement qu'à ce moment-là, j'avais fait le meilleur des choix.

Et pourtant, tout ce ne se passa pas forcément comme prévu, et ce, dès notre arrivée au tout premier tourbillon en eau trouble. Une sorte de petit amuse-bouche avant la vraie série se catastrophes qui s'est abbatue sur nous. En fait, ce n'était pas tant les éléments qui avaient rendu la traversée de cette zone des Îles Écume, mais plutôt la présence d'une certaine famille de Pokémons, toujours plus vicieuse et plus pernicieuse au plus de fois qu'on la rencontre. Des tentacules démoniaques et jouant des coudes avec une dinosaure des eaux ? De l'encre pour obstruer la vision humaine et empêcher de donner des consignes claires et précises ? Essayez de deviner, vraiment...

Ça parait évident, mais cette petite péripétie de l'histoire va en effet mettre en action une famille de Tentacool et de Tentacruel. Si les premiers sont plutôt abordables avec une plésiosaure océanique, les seconds sont nettement moins dociles, plus effrayants et d'autant plus vils et incroyablement futés dans leur bêtise. Ces espèces de méduses monstrueuses ont souvent à cœur de mettre des bâtons dans les roues des dresseurs et des autres Pokémons qui ne font pas partie ni de leur lignage, ni de leurs espèces amies de base. Alors imaginez maintenant, d'en rencontrer tout un groupe, au beau milieu d'un passage turbulent à cause d'un siphon. Je ne saurais comment vous décrire la peur que l'on s'était fait Ness et moi, mais aussi toute la difficulté qu'il nous aura fallu pour rejoindre la sortie de la zone de ces Pokémons gélatineux et filandreux à souhait.

Au départ, nous ne les avions pas vu. Ness étant imposante, possédant un long cou, et faisant une largeur considérable, on ne pouvait pas tellement regarder tous les côtés en une fois, à la recherche d'éventuelles créatures sauvages prêtes à capturer par exemple. Tout pareil que je ne pouvais absolument pas me rendre compte de tous les spécimens que l'on dérangeait au fur et à mesure de notre progression sur l'eau, tellement le remous et les vagues créées par Ness étaient imposantes et quelques peu vigoureuses. Mais cette fois-ci, les Pokémons méduses ne s'étaient pas démontés face à cette prédatrice naturelle, et s'était ligué en banc pour faire face à la dinosaure nageuse. Un spectacle comme on pouvait en voir rarement : plein de David pour une seule Goliath. L'armada des pauvres petits Pokémons que la géante dérangeait et toisait de toute sa hauteur cervicale. Il était vrai que cette dimension improbable de Ness la rendait presque hautaine malgré elle.

Ma compagnonne ne fut pas stressée le moins du monde en les voyant arriver, mais ce qu'elle n'avait pas prévu non plus, c'était qu'un nouveau siphon s'étendait non loin de notre localisation, et que l'effet bouchon qu'exerçaient les Tentacool et Tentacruel de l'autre côté de la zone, nous attirait malgré nous vers l’œil du cyclone marin. Maitrisant sa puissance et ses nageoires, Ness n'eut aucun mal à nous maintenir à bonne position de cette catastrophe marine naturelle ; mais ce n'était pas du goûts des méduses du type de l'eau et du poison. Mais alors, vraiment pas...

Et autant dire que de faire face à des Pokémons aquatiques, tout en bataillant pour garder un semblant de cap sur l'eau, sans être les victimes collatérales d'un naufrage par siphon marin... ce n'était pas qu'une mince affaire. Tout d'abord, Ness commença à manœuvrer pour entamer une espèce de contournement du groupe des méduses pokémons, et ainsi montrer patte blanche quant à nos intentions réelles dans cette partie des mers reliant Bourg Palette à Cramois'île. La géante des océans entonna un petit chant digne d'une créature légendaire, telle une sirène, pour envoyer à nouveau un signe de paix envers les Tentacool et les Tentacruel qui nous guettaient encore du regard, du noir le plus profond de leur pupilles. Ces créatures n'étaient vraiment pas commodes dans leur attitude ni dans l'espèce d'aura qu'elles dégageaient chacune au contact des autres. Un peu comme si elles attendaient le détail, ou le moment où nous ne maitriserions plus nos faits et gestes, et les faire passer sur une tentative évidente de mettre le feu aux poudres.

Une fois la manipulation géographique opérée, ma plésiosaure de type eau et glace commença à faire du sur-place, tellement le courant généré par le siphon semblait puissant. Un Lokhlass qui n'arrivait pas à nager ? C'était ne serait-ce que possible ? Eh bien visiblement, ce jour-là, dans les conditions météorologiques présentes, ça l'était. Et ça ne jouait définitivement pas en notre faveur, car très vite, ma compagnonne se mit à montrer quelques signes de paniques, en poussant quelques gémissements d'alerte à mon attention. Elle me faisait savoir qu'elle ne pourrait sans doute pas nous amener à bon port en prenant cet axe de communication maritime, et qu'il allait nous falloir, bien malgré nous, prendre une courbe beaucoup plus rapprochée du banc des méduses pokémons, et s'attirer possiblement leurs foudres, en cas de d'incompréhension de notre manœuvre. Car oui, ces rascasses des eaux nous observaient toujours, et vraiment, n'attendaient plus que nous nous rapprochions pour nous déclarer la guerre.

Ce qui ne loupa pas lorsque Ness enclencha le revirement de bord, prenant alors une tangente qui jouxtait la position du banc des Tentacool et des Tentacruel. Ces derniers se sentirent alors agressés sans doute de par l'occupation inattendu de l'espace de la part d'un humain et de son partenaire pokémon mesurant facilement cinq à six fois leur taille, au bas mot, pour les spécimens les plus gros de leur lignée. Les pokémons tentaculaires commencèrent alors à nous asperger de jets d'eau à haute pression, tentant de me désarçonner de ma monture aquatique. Sur le moment, je n'en fis pas cas, je pensais réellement que c'était un mécanisme de défense et de maintien à distance, plus que d'animosité réelle pour me faire tomber et me faire couler. Ness, de plus, maintenant un écart assez important pour ne pas non plus envenimer les choses, comme par exemple, créer des remous supplémentaires qu'ils pourraient interpréter comme un motif d'offensive à leur encontre.

Mais les choses ne s'en arrêtèrent pas sur ces simples jets d'eau, car très vite, ce sont des jets d'encre, sous forme de buée noire, qui vinrent à notre champ de vision et de déplacement. Très rapidement, l'horizon disparut sous nos yeux, et tout aussi rapidement, nos options de navigation se limitaient aux quelques dizaines de mètres que l'on parvenait à observer au fur et à mesure que nous voguions sur les eaux. Manque de chance, Ness fut à la merci du courant et d'un cap approximatif à suivre, et percuta l'un des représentant Tentacruel du banc d'origine, qui en avait profiter pour se faufiler à la nage au plus proche de notre localisation. L'occasion presque trop parfaite, trop idéale, pour nous déclarer comme des ennemis jurés. Un combat était en approche, et de l'issue de ce dernier dépendait notre survie en mer, et de notre succès à pouvoir rallier les Îles Écume, comme convenu.

Sur le principe, le combat qui nous attendait contre ces rapaces tentaculaires n'était pas aussi perdu d'avance que prévu. Ness, ma Lokhlass, possède une très bonne connaissance des courants de la mer, peut distinguer des sons s'approchant d'elle d'une façon assez prodigieuse - certes pas aussi précisément que ce qu'un Nosferapti pourrait performer - tout en profitant de son corps massif et impassible pour porter des estocades aquatiques franches et dissuasives. Non, ce qui était d'autant plus aléatoire dans cette confrontation, c'était de savoir comme le courant provoqué par le siphon allait dessiner les esquisses des salves offensives et défensives qui nous attendaient, mais aussi, de possiblement ramener des présences ennemies supplémentaires si pour un peu aucun des deux partis ne faisaient attention de ne pas se laisser dériver en territoire inconnu et lui aussi gouverné par des spécimens tout aussi protecteurs et hargneux de vouloir garder jalousement leur aire de jeu et d'asservissement.

Pour commencer, j'ordonne à Ness de procéder à une première petite litanie pour faire l'usage de l'une de ses compétences, Danse Pluie. De par une succession de notes vocales d'une pureté et d'un contrôle impressionnant, les nuages commencèrent à se former au-dessus de nos têtes, se noircissant à vue d’œil au fur et à mesure de la composition musicale de ma plésiosaure des mers. Très vite, l'humidité ambiante dans l'air commença à se rendre beaucoup plus visible à l’œil nu, annonçant des précipitations imminentes, traduisant la réussite de la technique opérée par Ness. Puis enfin, une pluie diluvienne commença à s'abattre sur nous ainsi que les Tentacool et les Tentacruel qui étaient encore assez téméraires pour ne pas se laisser intimider et continuer l'exercice d'intimidation par le regard ou par leur simple présence dans les environs.

Profitant alors de cette propriété de Danse Pluie, à savoir, renforcer les attaques de type eau et de type foudre, j'ordonne à Ness d'utiliser sa compétence Surf. Une technique plutôt redoutable, ne manquant que très rarement sa cible, pour la simple et bonne raison qu'il s'agissait surtout de créer un mouvement de l'eau assez conséquent pour créer une succession de vagues, pouvant submerger alors n'importe quelle cible le temps de quelques petites secondes. De quoi créer un ascendant rapide et efficace, et prendre la tête de la dynamique de l'affrontement. Ma Lokhlass s'exécuta, et très rapidement, grâce à constitution de géantes des mers, provoqua une série de vagues énormes, que même les surfeurs professionnels prendraient en considération pour savoir si oui ou non cela valait le coup de se frotter à une telle houle. Pour autant, les Pokémons méduses encaissèrent l'attaque sans bouger d'un iota de leur position, profitant de leur stabilité exceptionnelle à la surface de l'eau, et leur utilisation savante de leurs tentacules, pour se maintenir sur un statut quo qui leur restait favorable.

Il fallait faire montrer de plus d'ingéniosité, ou du moins, de plus de réflexion dans le schéma tactique. Je repensai alors à Rurha de Vil à ce moment précis, lui qui était un dresseur d'une qualité incroyable, possédant des connaissances sur les Pokémons, leurs types et leurs points forts autant que leurs points faibles, mais ne reculant devant aucun stratagème ni aucun moyen pour ne pas capitaliser sur ce qui lui manquait pour en ressortir plus puissant et plus décisif. Alors je commençai à prendre en compte les différents types en confrontation : les Tentacool et les Tentacruel sont de type eau et poison, tandis que Ness est de type Eau et Glace. Le seul type qu'ils n'avaient donc pas en commun était ce rapport du poison à la glace. De mémoire, je sais que ni l'un ni l’autre ne possédait l'ascendant naturel sur l'autre, mais, j'avais dans ma tête une technique qui pouvait aisément résister à une attaque de type poison si jamais les méduses pokémons se décidaient à en utiliser.

Ne préférant pas tenter le diable, je fus une nouvelle fois celui qui prit l'initiative de relancer une nouvelle offensive, mais cette fois-ci, en plusieurs temps, histoire de réellement prendre les assaillants venimeux par surprise. Je débutai alors mon assaut par l'utilisation d'une technique d'eau bien précise, Brume. Par cette compétence, je tentais de brouiller les pistes, en camouflant volontairement la position des deux côtés du champ de bataille aquatique. Si les Pokémons gélatineux et tentaculaires ne pouvaient plus nous voir, nous ne pouvions plus les apercevoir non plus. Mais je comptais bien utiliser ce moment de flottement pour les prendre en traitre.