Et puis il y aura ce dernier Pokémon qui nous sera apparu avec succès sur ces berges du Bourg Palette, cette dernière rencontre qui me fera décider de revenir sur Parmanie pour concrétiser mes projets de pension, et surtout, de redessiner mes plans pour partir à la chasse aux rubans, aux combats pokémons et pourquoi pas quelques défis de capture futurs pour étoffer mon équipe du mieux que je le peux. Il faut dire que celui-ci m'aura donné encore un peu plus de fil à retordre, du fait d'une condition de pêche plus qu'approximative me concernant. N'ayant plus aucun appât comestible pouvant attirer les Pokémons aquatiques, je n'ai que mes quelques appâts métalliques et ma nourriture de secours dans mon sac. Cela aurait été un mensonge que de dire que je savais parfaitement ce que je faisais en tentant de confectionner un leurre avec les moyens du bord, je ne suis qu'un pêcheur tout ce qu'il y a de plus novice, et en aucun cas je ne pourrais me vanter d'être l'auteur d'idées de génie.

Le principe était ainsi le suivant. Après une petite recherche intense parmi les rations nourricières restantes, je me suis aperçu qu'il me restait quelques fruits encore juteux de la veille. Parmi ces quelques denrées fruitières, l'on pouvait compter deux pommes de la variété des Granny Smith, des poires Williams, quelques fraises des régions insulaires d'Alola, des framboises provenant de Céladopole, ainsi qu'une mangue provenant du jardin de mes parents sur Parmanie. Les conditions de pousse et d'obtention du fruit sont excellentes, et parfois dans l'année, quand vient le moment de la récolte, l'une de mes sœurs prend soin de m'en laisser de côté. Fort de cette symbolique, je jetai mon dévolu sur cette dernière mangue que je coupai avec un couteau de poche. M'assurant de produire des dés de taille uniforme, je pris un malin plaisir à opérer des mouvements souples mais assurés pour sculpter le fruit en cubes. Hypnotisé par cette technique qu'il ne me voyait que très rarement opéré, Draco s'accorda une petite danse accompagnant la gestuelle culinaire qui se performait devant ses yeux.

Une fois la manœuvre terminée, je m'empressai de prendre les deux ou trois premiers petits cubes de mangue, afin de les placer en bout d'hameçon. La simple odeur de ce fruit exotique suffisait à me faire imaginer un paradis arboricole, un verger s'étalant à perte de vue, délivrant toutes ses fragrances et ses mets fruitiers à n'en plus savoir quoi faire. Je lançai ma ligne dans un dernier effort, promettant alors à mon comparse draconique que nous regagnerions nos pénates sur Parmanie, si toutefois je devais faire chou blanc aux abords de ce petit village de renommée internationale, le hameau du Professeur Chen. L'attente fut longue, très longue, si longue que l'immobilité forcée m'arracha quelques bâillements à en faire larmoyer mes yeux. Il fallait dire qu'en fin de journée, le rivage était plutôt calme, et les remous plutôt timides. Mais je ne désespérais pas pour autant, car je savais que quelque chose de fabuleux viendrait ponctuer cette fin d'aventure au large de la côte sud-occidentale de Kantô.

Ce n'est qu'au bout de quelques dizaines de minutes, alors que je commençais fortement à m'endormir sur place, que la ligne commença à frétiller sur place. Il y avait possiblement quelques intéressés au bout de la canne, et possiblement que ces derniers jaugeaient la présence d'une telle tranche de fruit. Autant à l'air libre, le goût de la mangue peut paraitre très sucré, très doux, presque fondant en bouche sous la chaleur d'un muscle lingual vigoureux et pourtant si délicat. Dans l'eau, en revanche, je ne sais pas quel goût ni quelle texture un bout de mangue peut-avoir. Une couleur moutarde passée de quelques mois ? Une odeur fluviale légèrement aigre-douce ? Une fragrance sous-marine tout juste bonne pour éveiller la curiosité du peuple des fonds aquatiques ? Une texture plus douce encore ou ramollie par l'effet du remous continuel sur le cœur des fibres fruitières ? Si seulement je pouvais avoir un Pokémon doué de la parole, et qui plus est, interprète auprès de ses congénères, cela pourrait tellement m'aider à mieux les comprendre, mieux les appréhender dans leurs émotions et leurs comportements. et surtout, cela pourrait idéalement servir la pension plus tard, afin de déterminer au mieux ce qui peut correspondre aux futurs pensionnaires !

Que nenni. Il fallait à ce moment-là que je compte sur mon instinct, ma propre curiosité du monde marin, ou du moins, de l'eau peu profonde. Je devais avoir l’œil alerte et les sens en éveil, ce qui n'était pas gagné avec l'état de fatigue déjà amorcé de mon corps. encore légèrement groggy du dernier bâillement, je sens ma poigne glissée le long de la canne, menaçant de la lâcher si je ne me reprenais pas aussitôt. Un petit coup de tête sur l'épaule droite de la part de Draco aura été suffisant pour me réveiller une bonne fois pour toute, m'obligeant à porter toute mon attention et mon énergie sur ce bout de bois sophistiqué me permettant une activité halieutique de qualité. Alors que je scrutais les légers frétillements du bouchon de la ligne au moins, je m'aperçois en réalité que les ombres se succédaient rapidement et de façon rythmées proche de l'endroit où devaient apparaitre les morceaux de mangue.

Ni une ni deux, je commençai une petite farandole de coups latéraux, comme si j'avais ferré ma propre, alors qu'il en était tout autre. Une technique vieille comme le monde, celle qui consistait à agiter l'objet de la convoitise des Pokémons aquatiques, afin de les leurrer vers l'hameçon lui-même, et les coincer grâce à une prise sèche et nette. Le problème, c'est que je ne savais pas à quel point mes morceaux de fruits allait tenir. S'il fallait, ils étaient déjà tous à moitié désagrégés par l'action de l'eau, et il faudrait alors que je renonce à cette tentative de capture, pour ravitailler mon leurre en fibres exotiques comestibles. Je n'avais donc pas trop de choix que de continuer ce rondo d'à-coups de canne à pêche, ma fidèle partenaire depuis toute une journée, et qui ne m'avait encore pas fait défaut une seule fois.

Ce fut au prix de quelques minutes passées à batailler avec ce bout de ligne qui menaçait de céder sous la pression de la force de l'ennemi en son bout, que la révélation se fit, grâce à un dernier coup de rein de ma part, faisant sortir alors le responsable de toute ce rodéo halieutique. Une étoile de mer géante et marron vint à notre horizon visuel direct, et fit virevolter de nombreuses gouttelettes d'eau de façon spiralaire. La majesté et la beauté de cette créature me laissa presque pantois et penaud, mais heureusement pour moi, mon corps répondit à ma soudaine perdition mentale, pour me rappeler que le combat aquatique n'était pas encore terminé. En effet, l'hameçon s'était logé sous l'espace de joyau ventral de la créature, et ne tenait plus que par l'un des crochets qui avait été pourvu quelques temps plutôt d'un des bouts de mangues fraichement découpées.

Le Pokémon étoile de mer effectua alors des vrilles, tantôt en l'air, tantôt dans l'eau. Sa capacité naturelle à émerger de l'eau et à y replonger était phénoménale de fluidité et de puissance. Je n'en revenais pas de voir ce spectacle sous mes yeux, moi qui croyait que les Stari étaient une espèce plutôt rare des environs, ne se présentant qu'aux valeureux pêcheurs de longue date. Visiblement, mon idée farfelue de la jouer cinq fruits et légumes par jour avait payé, et l'être étoilé m'avait fait grâce de sa compagnie le temps d'une joute de pêche. Mon effort ne fut pas sur sa fin, et je tentai de résister aux ruées aqueuses de mon désormais adversaire, provoquant la curiosité et l'envie naturelle de mon Draco de vouloir s'illustrer lui aussi dans ce combat à distance.

Mon Pokémon dragon commença à suivre le mouvement du Stari, sur la berge, en se tortillant et en ondulant en suivant les lignes et les courbes effectuées par l'étoile de mer pokémon. C'était presque comme si mon partenaire était entrer dans une transe, dans une danse en duo, à distance, mystifiant mon attention, et aussi celle du Stari qui commença à ralentir ses mouvements, prenant conscience qu'un autre congénère pokémon se donnait en spectacle devant son rubis pourpre. La scène était lunaire, surréaliste et à peine croyable : Draco continua sa danse, et le Stari commença à adopter alors le même rythme que son homologue dragon. Petit à petit, leurs mouvements se synchronisèrent, et d'un commun accord, les deux Pokémons entamèrent une chorégraphie tout à fait saisissante. L'harmonie de leur gestuelle et le mimétisme dont ils faisaient preuve était tout bonnement ahurissante.

Mais au loin, le temps commençait à se gâter, et très vite, des nuages de couleur sombre commencèrent à s'agglutine et à s'amonceler au-dessus de nous. C'était louche d'ailleurs, ce changement brutal et soudain, de météo. Que se passait-il dans le ciel qui eut pu motiver ce volte-face des éléments ?

L'affrontement parvint à son paroxysme lorsque le Stari commença à montrer des signes de fatigue. Ce spécimen avait beau nager comme un dieu des mers et des océans, il n'en restait pas moins accroché et à la merci de l’hameçon qui s'était logé dans un petit interstice situé au niveau de son joyaux psychique, source d'énergie vitale. Tentant de se débattre du mieux qu'il le pouvait, et essayer de faire sauter ce bout de métal, je fis une dernière ruée de fil de ma canne, pour le faire sortir hors de l'eau, et profiter de la force cinétique de la ligne pour lui faire faire une courbe qui l'emmènerait subrepticement et irrémédiablement dans ma direction.

Pour faire montre de bonne mesure, Draco se positionna à mes côtés, prêt à faire feu de la force caudale l'animant soudainement, pour abasourdir et mettre hors d'état de mouvement l'étoile e mer pokémon qui s'approchait de plus en plus de notre localisation. Alors que l'écart s'amenuisait entre nous, le Pokémon eau décida alors de faire rugir quelques filets de Pistolet à O dans notre direction, pour intenter la glissade de ma prise sur le grip de ma canne, et aussi pour déstabiliser la position de mon Draco à proximité. Encore une preuve que ce Pokémon n'était pas à la portée du premier dresseur venu, et qu'il fallait à tout moment stratégiser l'approche que l'on en faisait pour espérer sortir vainqueur de cette confrontation.

N'écoutant que cette folie qui m'animait à ce moment précis, je rugissais dans la direction de mon partenaire pokémon d'utiliser l'attaque Cage-Éclair, quitte à risquer de prendre le contre-coup de la salve électrique le long du fil de pêche que j'avais à ma disposition. Il me fallait la garantie d'empêcher ce Stari de s'enfuir, et c'était la seule solution. Attendre qu'il n'eut rejoint la terre ferme pour tenter un Ligotage me paraissait risquer, alors je pris les devants. Mon serpent taille géante s'exécuta, et fit passer à travers sa corne frontale un courant électrique qui vint frapper de plein fouet l'étoile de mer. Le Stari cessa immédiatement de tournoyer comme un tuyau d'arrosage automatique, et continua sa course dans les airs en un arc de cercle jusqu'à reprendre la trajectoire descendante vers le bord de berge où nous nous situions Draco et moi.

Le fracas fut intense et bruyant, signe que la hauteur qu'avait pris ce Stari avait été prodigieuse. Qui aurait pu se douter qu'un tel Pokémon possédait une telle puissance de vol plané de depuis les entrailles des océans. En tous les cas, l'étoile de mer peinait à reprendre ses esprits et ses forces, gisant sur le sol comme une sardine sortie des eaux, et gigotant sur place pour tenter de retrouver son jardin aquatique.

Le moment fatidique allait bientôt se dérouler sous nos yeux, et la fin de cette folle aventure des berges du Bourg Palette parviendrait à ses fins. La tension était à son comble, et la surprise de voir tout le scénario se dérouler plutôt à merveille et sans trop d'accroc était palpable. Pour la bonne mesure, je demandai à Draco de bien vouloir faire l'usage de sa technique Ligotage, tout en s'assurant de l'utiliser avec peu d'intensité, histoire d'immobiliser juste ce qu'il fallait le monstre étoilé, sans pour autant lui rajouter de souffrance par rapport à sa paralysie momentanée.

De mon côté, je ressentais encore les légers picotements de l'attaque électrique de mon partenaire, qui s'était bel et bien propagée le long de ma canne, jusque dans mes doigts et mes avant-bras. Heureusement pour moi, le courant n'avait pas été plus fort que cela, comme si Draco avait pressenti la dangerosité de la manœuvre et avait fait en sorte de calibrer la puissance de son attaque incapacitante pour qu'elle soit efficace sur le Starti, en sans trop de grosses séquelles me concernant. Encore une fois, je me ravissais de voir une telle alchimie entre lui et moi, une telle osmose dans nos idées et dans notre approche actuelle des combats pokémons. Nous étions plus que jamais synchronisés l'un l'autre, et nul doute que dans le futur, il serait ma pièce maitresse pour pouvoir me hisser jusqu'aux plus hautes sphères du monde de la coordination.

Mais alors que je m'abandonnai une dernière fois à mes pensées les plus profondes, le cri déterminé et impatient de Draco vint m'extirper de cette réflexion nostalgique. Il voulait que je passasse à l'action, et je n'allais pas le décevoir maintenant. Tout ce qu'il me restait à faire, c'était de sortir une des hyperballs encore en ma possession - non, pas celle du Psykokwak encore fraichement blotti à l'intérieur - et de la lancer avec le plus de convictions et d'envie possible. Je fouillai alors rapidement dans la partie de mon sac à dos qui abritait les balles de captures, en sortie une qui me paraissait toute prête à l'utilisation, vide et pouvant accueillir mon futur nouveau compagnon de route.

Je pris une position de sportif comme quand j'en avais eu l'habitude en tant que joueur de basket de haut niveau, pris un pas de recul pour m'assurer d'un élan satisfaisant pour une procédure de lancer, arma l'angle de mon bras droit vers l'arrière, et entame alors ma prise de vitesse vers l'avant pour venir libérer mon bras de lancer, propulsant alors la balle de capture droit devant moi, mais dans une trajectoire légèrement courbée pour pouvoir atteindre le joyau central du Stari, et ne pas prendre le risque de la faire ricocher sur le corps de mon Draco.

Un flux de lumière rouge scintilla de depuis la balle de capture, qui fit disparaitre l'étoile de mer pokémon aussitôt. Si ce processus paraissait évident pour chaque dresseur en quête de se constituer une équipe puissante, de mon côté, je me posais toujours autant de questions par rapport à ce processus de capture. Pourquoi et comment une balle de capture fonctionne ? Comment se passe la dématérialisation du Pokémon une fois rentré dans la fameuse balle ? Dans quel genre d'environnement le Pokémon se trouve-t-il une fois dans la balle de capture ? Souffre-t-il au moment de se faire toucher par le faisceau rougeoyant de la pokéball ? Ressent-il un changement corporel évident lorsqu'il disparait pour se réduire et rentrer dans sa nouvelle maison temporaire ? Comment parvient-il à garder sa conscience intacte au point de pouvoir se débattre à l'intérieur du dispositif de capture, et parfois en ressortir comme si de rien n'était ? Est-ce que les Pokémons sont programmés pour entrer dans ce type d'armature sphérique au péril de leur vie ? Possèdent-ils un code génétique répliqué à même les balles de capture pour justifier le fait de pouvoir les conserver en leur sein ?

Je pensais à ce moment que c'étaient des questions que l'on ne se posait pas assez. Où est l'éthique là-dedans ? Cela ne revenait-il pas à du braconnage de bêtes sauvages ? Cela ne revenait-il pas à empiéter sur l'espace territorial et vital d'une espèce pour en soustraire une partie pour des plaisirs récréatifs ou casaniers ? Cela ne revenait-il pas à enfreindre les codes déontologiques de tout défenseur de la faune standard ? Comment pouvait-on avoir eu l'idée d'inventer ces balles de capture pour enfermer ces êtres venus d'on ne sut où ? Pourquoi existait-il autant de type de balles de capture dans ce monde, et pourquoi certaines s'apprêtaient plus pour certains types de Pokémons que d'autres ? En prenant l'exemple de cette Hyperball, censé avoir un taux de capture plus élevé qu'une Superball, et nettement plus sûre qu'une Pokéball. Qui est-ce qui en attestait ? Qui pouvait se permettre de jauger un tel dispositif pour que le monde en eut reconnu la valeur et l'intégrité ? Comment se faisait-il qu'une balle de capture spécialisée dans les Pokémons aquatiques pouvait s'avérer inutile contre un représentant troglodyte ? De quelle matière étaient-elles faites pour correspondre aux plans d’ingénierie ?

Ce n'était pas comme si je m'inventais une vie de fervent défenseur farouche des animaux sauvages, domestiques et des Pokémons Mais en tant qu'éleveur de Pokémons, je me souciais naturellement de leur bien-être et de leur intégrité physique. Et pourtant, jusqu'à lors, je ne m'étais pas posé la question de la condition dans laquelle ces captures pouvaient se réaliser. Comme faisais-je jusqu'à présent pour ne pas me demander si ma cible souffrait d'un tel changement d'environnement, dans un laps de temps d'une fraction de seconde ? Comment faisais-je jusqu'à présent pour ne pas me soucier de l'éthique que je pouvais arborer en toutes circonstances compte tenu de mon rapport avec les Pokémons ? Il était vrai que Draco était comme une exception, rarement dans sa pokéball depuis notre rencontre, souvent à l'air libre, ne rechignant devant aucune tâche ni aucun duel lancé à mon égard. Mais se pouvait-il qu'il redoutait lui-même le passage en pokéball si toutefois cela devait être nécessaire ? Avais-je ne serait-ce qu'une fois songé à ce qu'il pourrait ressentir si je devais me résoudre à le rappeler d'urgence dans sa maison portative, comme cette fois lors du combat désastreux avec Rurha de Vil, et le garder enfermé pendant quelques temps, même si cela ne devait être que des heures ?

A ce moment précis, rien ne fit de sens. Je ne fis même plus attention au sort du Stari que je venais de prendre pour cible, alors que le processus de capture était enclenché. La première des vibrations de la balle était forte. On sentait très clairement qu'un phénomène de débattement s'opérait à l'intérieur de ce petit espace dont je ne savais finalement rien de rien. Se pouvait-il que l'étoile de mer souffrait et faisait tout son possible pour s'extirper de sa douleur subite en tentant de sortir de là ? Puis vient la seconde série de vibrations, moins fortes que les précédentes, mais toujours assez vives pour laisser penser que l'individu y résidant pour le moment essayait tant bien que mal de s'en défaire. Plutôt que de la souffrance, était-ce alors l'instinct de survie et la volonté de rester sauvage qui animait le Pokémon à l'intérieur de la balle de capture, et parvenir à s'enfuir de cette future vie en semi-captivité auprès d'un nouveau partenaire et régie par un nouveau principe d'obéissance et de dominance naturelle ?

Et enfin, vient la troisième vibration, celle que tous les dresseurs de ce monde redoutaient : c'était le moment propice aux désirs les plus fous, aux rêves les plus sordides, aux expectatives les plus grandiloquentes qui pouvaient exister en ce monde d'humain. Est-ce que le dresseur pouvait l'emporter face à la créature pokémon et s'en octroyer les pleins pouvoirs ? Ou est-ce que la créature parviendrait à s'enfuir et assoir un peu plus sa rareté et son attrait tout naturel du point de vue du chasseur ?

Il me semblait ne jamais m'être posé autant de questions auparavant, et je m'étonnais de m'intrsopecter de la sorte à ce moment précis. Était-ce cette nouvelle condition d'éleveur qui me faisait culpabiliser d'utiliser des moyens plutôt primitifs et bas de gamme pour acquérir la coopération de certaines espèces de Pokémons ? Était-ce le petit enfant encore enfoui dans mon âme qui espérait qu'un jour les Pokémons se lierait aux humains naturellement et de surcroit, rendrait l'utilisation de tous les dispositifs de capture obsolètes et complètement hors de propos ? Ou alors, nourrissais-je un désir presque sadique à lutter encore plus fort face à ce Stari, pour que ce dernier m'eut rejoint de son plein gré, au fait de mon charisme et du potentiel d'apprentissage et d'évolution qu'il engrangerait à mes côtés ? Cette dernière option me paraissait tout à fait contraire à ma nature bienveillante et très foncièrement empathique. J'étais capable de pleurer lorsqu'un Pokémon me montrait sa détresse et sa propre tristesse, alors était-je réellement capable de savourer de façon presque chaotique et diabolique la tentative de fuite d'un Pokémon pris au piège et à la merci de mes outils de capture ?

Bien évidemment que non, mais il y avait quand même eu ce moment de flottement dans ma tête, assez pour que Draco eut la soudaine envie de venir à ma hauteur pour frotter son museau humide contre l'avant-bras qui avait servi de base de lancer de la fameuse balle de capture. Ce qui me ramena automatiquement à mes sens, le regardant un peu hébété, ne sachant pas trop bien quoi lui dire ni quoi faire pour lui montrer que j'étais de nouveau en pleine possession de mes moyens psychologiques. Par instinct, je lui caressai moi aussi son museau, humidifiant une nouvelle fois ma main lanceuse de pokéball, en espérant que cela eut- l'effet escompté de communiquer ma sérénité trouvée et mon calme habituel.