- Je ne sais pas, lui répondis-je avec un faux air de douter, qu'êtes vous prêts à faire pour vous racheter ?
- Eh ben... heuuuuu~u... ce que je peux faiiiii~ire... tenta de répondre Bernard.
- Un peu d'argent pour la pokéball de luxe gaspillée sur le Psykokwak ? proposa le fils.
- Un don d'un des Pokémons subtilisés par un de ses tours de passe-passe ? soumit la belle-fille.
- Ooooo~oh, je ne me fais pas de souci, il va réussir à trouver tout seul. assurai-je. S'il fouille bien dans mémoire, il devrait pouvoir arriver à une solution.

A ce moment précis, je ne voulais pas forcément qu'il trouvât quelque chose, mais je voulais surtout lui faire prendre conscience que toute action à sa conséquence, aussi hardue qu'elle eût été. De l'argent ? J'en avais assez pour pouvoir continuer à évoluer seul dans le domaine de la coordination, et bien assez pour faire tourner ma pension dès que j'en aurais pris le contrôle à temps plein. Un don de Pokémon ? Avec l'acquisition de ce Pokémon canard, promis à une belle évolution en Akwakwak, j'avais déjà eu mon lot de surprise grâce aux apparitions successives de Seiryū, mon Léviator, et de Poséidon, mon Hypotrempe, eux mêmes évolués ou en cours de rassemblement d'énergie éthérée pour opérer cette transformation. Des excuses publiques auprès de toutes celles et ceux qu'il avait truandé de par le passé récent ? Je ne le pensais pas capable de pouvoir se rappeler chacune des pauvres âmes qu'il avait tourmenté, surtout à son âge, et surtout parce que la plupart de ses actes avaient été perpétrés sous le coup de l'aveuglement d'une colère sourde, d'une tristesse infinie et d'une envie d'en finir humainement parlant. Non. S'il y avait bien un détail dont il devait ce souvenir, c'était effectivement le bout de conversation à propos de mon avenir professionnel. Et de par un écarquillement soudain de ses yeux, il me semblait qu'il était parvenu à une espèce d'illumination, lui soufflant l'idée parfaite.

- Je sais !
- Il t'en aura fallu du temps, papa.
- Chhhhhh ! rétorqua-t-il à son fils. Laisse les grands faire. poursuivit-il déclenchant une révulsion des orbites chez Albert.
- Je vous écoute Bernard, qu'en sera-t-il ? l'invitai-je à me confier.
- Et si je m'engageais à rejoindre une association de sensibilisation au veuvage, tout en vous faisant de la publicité parmi les futurs membres ?
- C'est tout ? insistai-je. Vous en êtes sûr ?
- Bien sûr que je viendrai aussi solliciter vos services mon garçon, ça va de soi ! haussa-t-il les épaules.
- Vous êtes incorrigible beau-papa... s'indigna Astride.
- Eh bien, marché conclu ! Cela me va parfaitement. répondis-je. Non seulement vous pourrez mettre à profit votre expérience de couple de longue durée, vous libérer de ce poids de la solitude et de la perte d'un être cher ET... enchainai-je tout en reprenant mon souffle et ma salive ...vous pourriez également vanter les mérites des associations, des refuges, des orphelinats ainsi que les institutions Pokémon à travers tout Kantô ! Pas seulement pour mon bénéfice, mais pour toutes celles et ceux qui, comme vous et moi, faisons de notre meilleur pour garantir un avenir plus radieux à ceux qui en ont le plus besoin. terminai-je.
- Bien dit mon garçon ! Haaaa~a ! Je sens l'odeur d'un nouveau jour qui se lève ! se galvanisa le vieux.
- Il est bientôt dix-neuf heures papa, c'est bientôt l'heure d'aller te reposer. admit Albert.
- Tu m'as pris pour une poule fiston ?! provoqua le père.


Puis une série d'éclats de rire retentit près du rivage du Bourg Palette. La famille de trois s'était enfin retrouvée, et je pouvais définitivement retourner vaquer à mes occupations, car ma session de pêche n'était encore pas terminée. J'avais encore un objectif en tête, et celui-ci allait être beaucoup plus retors qu'une simple histoire d'entourloupe au Krabby et au Pskykokwak.

- Kwouaaaak ?!

Le périple halieutique commençait à toucher à sa fin. A travers les nombreuses péripéties, nous avions pu Draco et moi forger des relations fortes et enregistrer des souvenirs mémorables. Tout avait donc commencé avec l'apparition de ce géant des mers, Seiryū, le Léviator. Une rencontre détonante et musclée, qui m'avait permis de me rendre compte de la difficulté de monter en gamme lorsqu'il s'agissait de s'entourer de pokémons plus puissants et plus robustes encore. Grâce à cette pêche fructueuse et un travail en tandem avec mon Draco, j'envisageais encore un peu plus la touche à apporter à ma futur pension d'élevage pokémon : de la rigueur, de la transpiration, de l'effort, du dépassement de soi, et un goût plus raffiné pour la culture du sport, de l'entretien physique et mental, et l'envie de se donner à fond dans chacune des actions effectuées.

Puis il y a eu l'apparition de cet Hypotrempe, Poséidon, dont la nture farouche et compétitrice m'avait une fois de plus conforté dans cette volonté de faire de ma future succursale réservée aux coordinateurs émérites, un antre de performance et de qualité. Par l'esprit combattif et espiègle de cet Hypotrempe, j'avais dû une fois de plus aiguiser mes sens et mes forces, de faire appel à chacune des fibres musculaires de mon corps pour tenir la distance, fasse à un petit cheval des mers tout en finesse et en agilité. Par sa ténacité et son envie de ne pas se laisser faire, j'avais moi-même dû faire preuve de fortitude et de résistance face à un être de type eau, dans son élément, et prêt à toutes les manœuvres possibles pour me résister. Capitaliser sur ses atouts, tout en travaillant sur ses propres faiblesses, cet Hypotrempe avait tout d'un vainqueur né, et m'inspirait la plus grande des ambitions pour mon entreprise. Cultiver le meilleur de chacun de mes Pokémons et de ceux des autres dresseurs et dresseuses désireuses de tirer également le meilleur parti de leurs compagnons.

Et puis cet insolite Psykokwak, Bunbulama. Un petit Pokémon canard tout à fait singulier et hilarant. Ses expressions sont très souvent atypiques et drôles au possible, preuve qu'il faut savoir également rester soi-même en toutes circonstances, quitte à cultiver ce petit on-ne-sait-quoi qui fait notre propre originalité. Ce représentant des volatiles pokémons m'a appris, ainsi qu'à Draco, à ne pas rester sur ses acquis, de ne pas reposer sa confiance sur de l'innée, mais de focaliser et de s'abandonner vers ce qui est à apprendre, à intégrer, à assimiler. La preuve en fut de cette rencontre avec Bernard, le pêcheur en perdition, prêt à tout pour venger l'esprit de feu sa moitié : ne jamais se fier aux apparences, ne pas prendre pour acquis quelques détails observés et faire en sorte de toujours garder à l’œil le paysage dans sa globalité, afin de pouvoir prendre le recul nécessaire et toujours prendre les meilleures décisions.