Aussi surprenant soit-il, elle semble te prendre au sérieux quand tu évoques ton arrivée ici en ouvrant ton placard servant de range-papier. Tu te surprends même à sourire face à sa réflexion. Tu as l'impression de découvrir une toute autre personne. Et cette Rosemary là, tu l'aimes bien. Tu veux même la connaître un peu plus. Et ça tombe bien, puisque tu vas devoir passer encore un peu de temps en sa compagnie – tout du moins jusqu'à ce que vous trouviez un passage ou tu-ne-sais-quoi qui vous permettrait de retourner dans votre chez vous respectif. Quoi qu'il en soit, tu choisis de ne pas débattre plus sur le comment vous avez atterri ici. Vous n'aurez jamais la réponse en restant planté là. Peut-être bien que même en poursuivant votre chemin vous n'aurez pas plus d'informations. Mais au moins, vous aurez la fierté d'avoir essayé – et plus que vos larmes pour pleurer votre perte. Mais ce n'est pas encore un sujet au goût du jour. Et tu refuses de céder à la peur et aux pensées négatives. Tout ira bien, tu en es convaincu.

« Pastèque... » souffles-tu dans un rire à demi étouffé, à peine une seconde après qu'elle ait prononcé ce mot. Tu ne t'attendais pas à ce qu'elle réplique à ta petite boutade. Tu aimes ça ! Tu as même envie de répliquer et de continuer dans cette atmosphère légère pendant des heures. Mais comme il a déjà été suggéré il y a de ça quelques minutes, il ne sert à rien de rester ici. Ne rien faire vous ferra sombrer dans le néant, même avec les meilleures blagues du monde. Vous devez bouger tant que le cœur est vaillant. Alors tu restes sage et tu te concentres sur ce qui importe vraiment.

Elle émets donc une nouvelle proposition face à ton manque de réactivité soudaine ; y aller au talent. Et ça, c'est ton point fort. Enfin, pas que ça te réussisse particulièrement bien. C'est plutôt que tu n'es pas très fort en ce qui concerne l'élaboration de plans. Tu es même très très nul pour ça. Dès lors qu'il faut réfléchir, oulala. La preuve, tu te mets à envisager sérieusement ce sarcasme qu'elle a lancé en parlant de son Evoli transformé en Nirondelle. Tu en viens à te tourner vers tes compagnons et à te questionner. Non, Polar est bien trop lourd pour que tu parviennes à le propulser au-dessus des arbres. Par contre Pumpkin... Non vraiment, il ne faut jamais te laisser le temps de réfléchir à quoi que ce soit.

Fort heureusement Romy te questionne sur les capacités de Pumpkin, te tirant de tes rêveries grotesques. Tu clignes à plusieurs reprises des yeux, comme pour assimiler la demande. « Euuuh. J'sais pas trop. J'imagine que oui ? ». Tu regardes l'intéressé qui bombe le torse, dégainant deux lianes de part et d'autre de sa citrouille dorsale. Puis il les plantes dans le sol, ne faisant plus qu'un avec la terre. Tu lâches un petit soupire, relevant le nez vers madame. « C'est en tout cas plus intelligent que ce que j'essayais d'imaginer : utiliser ses lianes pour faire comme un lance-pierre et le propulser dans les airs. Enfin, peut-être pas moins intelligent, mais bien plus safe quoi ». Vraiment, seul dans la nature tu ne tiendrais pas vingt-quatre heures. Et tes pokémons encore moins.

Et puis Romy s'excuse à nouveau, alors que vous êtes dans l'attente d'une réaction du petit Herbizarre. Cette initiative là te surprend même un peu. Pourquoi autant de formalité, finalement ? « Eh, on oublie tout, d'accord ? » dis-tu avec un large sourire. Tu n'es pas le genre de gars à être rancunier. Tu peux même dire que tu oublies très vite tout potentiel conflit. Sans doute une fonction de self-defense de ton cerveau. « Tu sais, je comprends ce que tu peux ressentir. Qui que soit cette personne, on la retrouvera. Enfin, tu. Loin de moi l'envie de m'inviter chez toi. Pas que je veux pas ! Mais Kalos c'est un peu loin de Galar ». Tu glisses un petit rire nerveux. Voilà que tu patauges à nouveau dans ta tentative de bienveillance. Mais tu es certain qu'elle a compris où tu voulais en venir.

Et puis un nouveau bruit s'invite à votre conversation, provenant de derrière Rosemary. Vous vous regardez un instant, l'air perplexe. Puis tu te penches légèrement, comme si tu pouvais voir à travers le feuillage. Tu te ravises finalement, te tournant plutôt vers ton compagnon citrouille qui pousse un petit cri en désignant une direction du bout du nez – celle du bruit inconnu, justement. « Hm. Selon Pumpkin c'est sans danger. Ou en tout cas il estime que ça vaut la peine de s'y risquer ». Tu hausses les épaules, démontrant ton indifférence, mais aussi ta totale confiance en Pumpkin – ou en n'importe lequel de tes pokémons. « Allons voir ! » t'exclames-tu en ouvrant la marche. Tu te tournes une dernière fois vers Romy pour être certain qu'elle est d'accord, bien que tu n'en avais aucun doute.

Poussé par la curiosité et la soif d'aventure, tu puises tout le courage qui est en toi pour tenir cette position de meneur, te frayant un passage dans cette drôle de forêt. Tu n'es peut-être pas le meilleur des chefs d'ailleurs, tant tu manques de délicatesse et de discrétion. En toute logique, tu aurais dû t'arrêter au moindre bruit et te tapir dans les feuillages. Au lieu de ça, tu n'as pas su t'arrêter, déboulant au plein milieu de ce qui semble être une embrouille familial. Et c'est à cet instant que tu t'arrêtes, croisant le regard de ces inconnus qui stoppent net leur petite dispute. Vous vous regardez avec stupeur. Le plus costaud des deux gaillards se met à brailler quelque chose que tu n'arrives pas à comprendre. Il s'agit bien de ta langue, mais son accent et sa façon de parler est bien trop étrange. Comme si... Comme si elle datait d'un autre temps.

« Tu comprends quelque chose toi ? » murmures-tu à Romy en reculant d'un pas pour revenir à sa hauteur. Tu essaies de te concentrer, de lire sur ses lèvres. Tu cherches même de l'aide auprès du plus jeune – qui semble être un enfant – mais qui ne fait rien de plus que de te dévisagé. Si on s'arrête à cette drôle de situation, tu pourrais penser que vous vous trouvez dans une campagne lointaine. Sauf que quand tu regardes autour de toi, rien ne ressemble à votre époque. Leur tenue, le dialecte du monsieur, tout le village entier et même les pokémons te semblent inconnus alors que tu arrives tout de même à reconnaître un Ptyranidur. Tu distingues même des armures et des armes que plus personne n'utilise à part dans des jeux de rôles. Serait-ce donc ça ? Non, c'est bien trop gros. Tu ne peux pas croire à une mise en scène. Tout comme tu as du mal à croire que tu te trouves au plein milieu d'un village moyenâgeux, « discutant » avec un armurier.

« Hm. Pardonnez-moi monsieur, pouvez-vous parler plus lentement ? ». Tu tentes. Tu crois un instant à sa réaction quelque peu théâtrale que tu vas te prendre un revers de main. Il n'en est rien. Pourtant, il ne fait pas plus d'effort pour s'exprimer. Tout parviens toutefois à comprendre quelque chose du genre « il se fout de moi » et un « d'où qu'il vient celui là ». Tu ne peux lui en vouloir, vous faites assez tâche dans le décor.

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Alors que tu redemandes au gros gaillard de répéter ce qu'il venait de te cracher au visage, Romy vient te souffler dans les écoutilles quelques bêtises. Médiéval LV2. Celle là est particulièrement bonne. Tu éclates en te mordant les lèvres. Tu as beaucoup de mal à te retenir de rire. Pourquoi est-ce qu'elle te lâche une bombe pareille ? Veut-elle ta mort ? Tu finis même par poser une main sur ta bouche, essayant de te calmer – avec difficulté. Tu vois le grand monsieur froncer les sourcils. Il ne doit pas apprécier que tu rigoles sous son nez. Tu es un homme cuit. « Non pardon ! Je... ». Tu n'as pas le temps d'en dire plus que tes pieds quittent le sol. L'homme, d'un seul bras, te soulèves par le col de ton vêtement, manquant de t'étrangler. Là, comme par magie, toute envie de rire disparaît. Tu ravales même ta salive. Tu bredouilles une énième excuse, ce qui ne change rien à ta situation. Tu es toujours là, suspendu dans le vide, collé au visage du grand monsieur très musclé. Tu peux même sentir son halène d'ici qui sent le vieux Ponyta. Mais si tu ne veux pas te prendre un coup, tu dois subir et rester muet.

Tu entends une tentative de la part de ton amie – l'est-elle vraiment encore ? – de dialogue avec l'homme, utilisant un terme inconnue qui te surprend. Décidément, cette femme est vraiment pleine de ressource. Toutefois, ça ne change rien à la situation. L'homme reste impassible. Tu te dis que tu es foutu.

C'est alors qu'un bruit de trompette retenti – enfin, pas une trompette. Un instrument à vent inconnu dont tu es incapable de nommer. Un truc de l'ancien temps qui ressemble à une corne de Tauros. Bref, ce machin se manifeste, ce qui semble être un appel important, puisque tout aussitôt le grand monsieur te lâche pour retourner à ses activités – te laissant ainsi t'écraser sur le sol comme une petite crotte. Tu te redresses dans la foulée, époussetant tes vêtements. Tu regardes tout autour de toi la populace vous ignorer et retourner à leurs activités l'air de rien. « Qu'est ce que c'est que ce bordel ? » souffles-tu, complètement perdu. Tu ne peux clairement plus croire à un jeu de rôle.

Tu as un mouvement de recule, alors que Romy reste agrippée à ton avant-bras. Tu ne avais pas fait attention jusque là, mais elle l'avait déjà saisi lorsque que le gros costaud s'était saisi de toi. Tu ne comprenais pas ton geste. Était-ce pour te sauver ou pour chercher du réconfort ? Peut-être les deux. Tu n'as jamais été un champion en langage corporel.
Tu allais lui dire qu'il serait judicieux pour vous de profiter de cet instant pour déguerpir. Tu avais ouvert la bouche pour prononcer ces mots. Sauf que de nouveaux gugus surgissent de nulle part, vous encerclant. Mais ton regard n'est tourné que vers cet homme qui semble être leur chef – tu le comprends par sa tenue que tu as déjà vu dans les livres d'histoires – mais surtout par sa monture bien plus imposante que les autres.

« WoooooOOOOW ! Trooooop coooooool ! » craches-tu des étoiles pleins les yeux. Tu oublies tout. Tu ne vois plus que le dinosaure. Tu es admiratif. L'enfant qui sommeil en toi prend les devant. Il cri. Il veut monter sur ce gros bestiau. Il ne répond plus de rien. Ce qui veut dire que toi non plus. Tu n'entends même plus ce que te dis Romy. Tu ne sens même plus son emprise sur ton bras. Tu es prêt à t'incliner devant le monsieur, si ça peut te permettre d'avoir la même monture.

Et c'est précisément ce moment d'inadvertance qui mène à votre perte. Tu n'as rien vu venir, aveuglé par ton fanatisme envers les dinosaures. En un clignement d'yeux, le Bastiodon te tourne le dos, dépourvu de son maître. Tu reprends tes esprits. Où est-il pas... « ROMY !! ». Comment as-tu pu être aussi aveuglé ? Tout s'est passé sous tes yeux et pourtant tu n'as absolument rien vu. Le temps que tu comprennes ce qui se passe, Rosemary était déjà loin, prisonnière d'un chevalier d'un ancien temps. Tu t'élances stupidement à sa poursuite. Tout ce qu'elle parvient à te dire, c'est qu'elle prend de l'avance. Mais quelle femme, à faire de l'humour même dans les pires situations. A deux doigts de la demander en mariage pour si peu. STOP. Ce n'est pas le moment de continuer les blaguounettes dans ta tête. Tu dois sauver dame Pastèque.

Essoufflé, tu finis par céder, n'étant définitivement pas aussi rapide qu'un Galopa. Tu te penches en avant pour reprendre ton souffle, posant tes mains sur tes genoux. Un petit cri te pousse à te redresser. Quand tu te tourne vers celui-ci, tu découvres l'Evoli de Romy, visiblement apeuré. Tu soupires avec beaucoup de désespoir. Comment savoir où ils l'emmènent ?

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Ton premier réflexe est de te baisser pour prendre le petit Evoli dans tes bras et te redresser, comme pour le réconforter. Mais aussi parce que tu ne veux pas prendre le risque de le perdre en route. « On va la retrouver » souffles-tu. Allez-vous ? Peux-tu en être si sûr ? Hm. On ne peut pas dire que tu as vraiment le choix en un sens. Tu dois bien lui rendre son petit pokémon. A moins que ce soit une mascarade étrange d'abandon ? Tu en as vu des stratagèmes depuis que tu tiens ton refuge à Winscor, mais alors celui-là serait de loin le plus incroyable. Non, bien que ta conscience professionnelle te laisse penser ça, tu refuses d'y croire. Ce n'est pas une mise en scène. Romy a été kidnappée et tu dois la sauver – tel un preux chevalier. Sans monture. Hm. Un chevalier en mousse donc.

Tu prends une grande inspiration pour calmer tes esprits. Tu ne dois pas céder à la panique. Tu dois agir vite, mais bien. Et pour agir bien – à ta façon tu entends – il te faut agir stupidement. Alors tu déambules dans le village, à la recherche d'une connerie que seul toi serait capable de prendre pour une bonne idée. Pendant ce temps, tu tentes de sonder les villageois que tu croises en leur demandant où est allé le monsieur de tout à l'heure. Mais sans surprise, personne ne parvient à te comprendre.

Tu étais sur le point de baisser les bras. Quand soudain, Polar pousse un petit cri. Il avait prit un peu d'avance et se trouvait au bout de l'allée que tu arpentais. Tu t'élances vers lui, tourne la tête dans la direction qu'il indique du bout du museau et y découvre... des montures dinosaures. Tes yeux illumines. Elles n'ont pas autant de gueules que celles du kidnappeur, mais ça n'a pas d'importance. « Beau travail ! » murmures-tu à Polar en lui offrant une gratouille sur le crâne. Mais là vos pensées diverges sans doute. Tu comprends à sa façon de regarder un peu partout autour de l'étable à la recherche de quelqu'un que Polar songeait à questionner le propriétaire, d'agir à la loyal. Sauf que personne n'est capable de comprendre ce que tu baragouine. Pour toi, il est très clair que ça ne sert à rien d'être honnête. De toute façon, ce n'est ni ton monde, ni ton époque. Qu'est-ce que tu risques ? La pendaisons peut-être. Oui, mais tu es prêt à courir ce risque, étrangement.

Toujours avec l'Evoli sous le bras, tu enjambes les barrières et tu te faufiles dans l'étables à la recherche de la plus grande monture disponible. Non pas que tu sois particulièrement exigeant, mais tu ne vois pas un Ptyranidur supporter ton poids. Il y a beaucoup de petites choses ici, mais par chance, tu vois la silhouette d'un Charkos se dessiner au loin. Miracle.

Sans aucune grâce, les portes de l'étables s'ouvrent sous ton passage, chevauchant le Charkos qui court à vive allure. Tu ne te poses pas de question – tu ne t'en poses jamais – le laissant cavaler à l'aveuglette loin du village. Ta seule mission est de tenir fermement les trois pokémons à ta charge – ce qui n'est pas chose facile. Derrière vous et sur quelques kilomètres, un homme qui semble être le propriétaire de l'étable vous course, criant tu ne sais quoi et brandissant ses bras au-dessus de sa tête. « Désolé ! Je vous le rendrais ! » cris-tu à son égare. C'était faux, bien évidemment. La volonté est bien présente, mais tu serais incapable de te souvenir du chemin pour revenir jusque ici. Peut-être que l'animal reviendra naturellement chez lui. Et au pire, tu lui auras rendu sa liberté. C'est bien, ça aussi.

La course du pokémon dinosaure s'arrête net au bout d'une dizaine de minutes, manquant de te faire tomber à la renverse. Tu commençais pourtant à gagner de l'espoir, celui de retrouver Romy, même si tu ignorais le chemin. Une part très naïve de toi se disait que le Charkos connaissait le chemin. Alors que dans les faits, il ne fait que courir en ligne droite parce que tu ne lui donne aucune indication contraire.
Mais s'il s'est arrêté si subitement, ce n'est clairement pas parce que tu lui as demandé, mais plutôt parce qu'il ne voulait pas mettre les pieds dans ce qui semblait être des marécages. Tu descends alors de la monture, offrant un peu de liberté aux pokémons que tu serrais si fort jusque là. Tu observes ton environnement, puis un nouveau désespoir s'empare de toi. Tu vois une petite hutte au loin. Et tu as comme le sentiment de t'être éloigné. Ce n'est clairement pas là que peut vivre un chevalier – ou un prince ? Qu'importe ce qu'il est, parce qu'il ne se trouvera pas ici.

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Mais nous nous retrouverons

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« Il semblerait qu'on soit perdu, mon mignon ». Tu sursautes. Cette voix, si douce et qui pourtant ne t'inspire aucune confiance, provient de derrière toi. Tu te braques et tu te retournes dans sa direction, reculant d'un pas par réflexe. Tu entre-ouvres la bouche, mais aucun son n'en sort. Tu restes sans voix. Pas mal de choses se bouscules dans ta petite tête. A commencer par le fait que tu comprends sans mal ce que te dis cette femme. A croire qu'elle vient de chez toi. Viendrait-elle... ? Non, impossible. Impossible, puisqu'elle n'est pas une femme comme on l'entend dans ton monde à toi. Enfin, les femmes que tu as vu dans ta vie jusque là étaient toutes à cent pour cent humaine – du moins, de ce que tu en sais. Cette femme là ne doit l'être qu'à demi. Et tu as beau rester le plus ouvert d'esprit du monde, tu as de plus en plus de mal à croire que tu n'es pas tombé dans les vapes et que tu es juste coincé dans un mauvais rêve.

« Il y a un problème, mon chou ? Aurais-tu perdu l'usage de ta voix ? ». Tu restes hypnotisé par ses pupilles jaunes, semblables à celles d'un Flamiaou. Mais pas seulement. Ton regard se perd également par instant sur ses cornes torsadées nichée sur son crâne. « N-non. Je. Hm. ». Tu perds tes moyens face à sa beauté féline, à sa peau brune si délicate, ses petites oreilles en pointe et sa chevelure balayée par le vent. Et tu ne fais aucun état d'âme sur sa tenue. Mama, quelle déesse. Tu te dis qu'elle est vraiment belle. Serait-ce donc une Nymphe ? « J-Je vais bien ! Tout comme ma voix ». Tu racles ta gorge dans une petite toux. La créature face à toi pose ses mains sur ses hanches. « Pour me comparer à de tels immondice, je ne crois pas ». Comment ? Lirait-elle dans les pensées ? « Je vis effectivement en union avec la forêt, mais je n'ai rien à voir avec ces créatures. Par ailleurs, je t'assure que tout est bien réel, jeune homme ». Te voilà donc foutu. Il n'est plus question de penser à présent – bien que tu ne le fasses pas souvent – tu dois cracher tes mots aussi vite que tu les penses.

« Est-ce que, du coup... » « En effet, je suis bien ce qu'on appelle une sorcière ». Bordel, tu n'as même pas le temps de penser qu'elle prend déjà les devant. Tu ne sais que faire, à part t'incliner et te laisser guider. En guise de réponse donc, tu ne lui offres qu'un soupire. « Très bien, très bien ! J'arrête » dit-elle dans un petit ricanement. « Ton cœur est trop pur pour que ce soit réellement amusant de toute façon ». Tu le prends comme un compliment, retrouvant le sourire sous le son de cette phrase.

Ton sourire s'efface aussitôt alors qu'elle tourne les talons, te contournant pour retourner dans sa hutte. Elle s'arrête un instant pour caresser Pumpkin en lui disant qu'il est « une bien belle créature », compliment que tu avais pensée pour madame. Joli comique de répétition. Mais la blague ne dure qu'un instant, puisqu'elle reprend sa marche aussitôt. « Et maintenant ? » souffles-tu en t'élançant à sa poursuite, poussé par le désespoir. Elle se retourne, te regardant de haut en bas. « Quoi donc ? ». Ton esprit se remet en place. Romy. Le chevalier. Ta maison. Sharlieh. Tu dois faire quelque chose pour les retrouver. « Je dois vous supplier à la mort pour quérir votre aide ? Et vous n'acceptez qu'à condition que je vous sois redevable ? Ou bien que je deviennes votre esclave ? Ou que je tue quelqu'un peut-être ? ». Tu n'y connais rien en rituel magique et en marchandage avec une sorcière. En tout cas, tu es assez fier d'avoir retenu ta leçon et d'avoir placé un mot d'époque, tout ça grâce à Romy. Vivement que tu la retrouves.

Dame la sorcière reste silencieuse un instant avant d'éclater de rire. « C'est ce qu'on raconte donc sur notre confrérie ? ». Elle ne semble pas parvenir à s'arrêter de rire. Tu en serais presque vexé. « Je ne ferais rien de tout ça ». Elle marque une pause, puis te fait un signe de la main. « Laisse tes petits amis ici et suis moi ». Sans aucune hésitation, tu suis ses directives. On écrira sans doute sur ton épitaphe que tu étais bien trop crédule, mais quelles sont tes autres options ? En effet, il n'y en a aucune.

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