N’offrant pas la liberté à une quelconque négociation, ma mère se décide alors à se lever de table pour clore la conversation. Elle a décidé qu’il serait mieux de nous séparer pour bosser, alors c’est ce que nous allons faire. Elle se doute bien que sa fille ainée aurait continuer de rouspéter, mais elle n’a pas envie de se lancer dans un débat stérile et stupide. Si Theresa pense que son frère est un bon à rien, il est grand temps qu’elle grandisse un peu et quoi de mieux pour lui ouvrir les yeux que de la faire travaillait en équipe avec le concerné. Et puis, si elle n’en fait qu’à sa tête et qu’elle décide d’arrêter de cueillir car son frère l’encombre trop, alors elle risque de recevoir une punition conséquente de la part du village tout entier. L’adulte a été clair là-dessus, il faut que tout le monde participe et gare à celui qui osera défier l’autorité.

- Aller, mettons-nous au travail. Theresa et Owen, je compte sur vous pour rapporter plein de chose. Sarah ? J’espère que tu es prête, nous avons des champs à entretenir.

Puis, tout le monde se sépare et chacun se disperse de son côté. J’ai à peine le temps d’aller chercher mon sac et de foutre un morceau de pain dedans que ma grande sœur me tire par le bras pour m’entrainer à sa suite, direction la forêt. Elle est presque impatiente, celle-là. Toujours équipé de mon long bâton, je lui emboite le pas en faisant attention à ne pas trébucher, même si je sais que cela arrivera forcément plusieurs fois d’ici notre retour. Devant moi, mon petit Gruikui n’hésite pas à faire du bruit de temps à autre pour m’aider à m’orienter, mais nos partenaires ne démontrent pas la même attention. Theresa ne tarde pas à prendre les devants et visiblement, elle ne prend pas la peine de ralentir pour m’attendre un peu. Elle et son Mustébouée semblent pressés et à plusieurs occasions, le petit cochon de feu les perd de vu parmi la végétation. À croire qu’ils veulent intentionnellement nous distancer pour ne plus avoir à nous surveiller.

- Hey, Gruikui ?

Intrigué, ce dernier s’arrête afin de tourner la tête en direction de son dresseur.

- Ne t’inquiète pas. Si ils nous distancent de trop, j’ai envie de dire tant mieux pour nous. Nous serons bien mieux sans eux pour fouiller la forêt, qu’en pense-tu ?

J’en ai déduis qu’ils avaient pris de l’avance car je ne les entends plus marcher devant nous, il n’y a que les reniflements de mon partenaire et ses petits pas légers qui se font entendre. À la fois surpris mais rassuré, la créature pousse alors un petit cri d’approbation. Le jeune homme marque un point là-dessus, alors il vaut mieux arrêter de se prendre la tête avec les autres.

La journée s’écoule tranquillement et bien que j’ai parfois du mal à avancer à travers la végétation, je ne baisse pas les bras pour autant. Je dois continuer à marcher et à rester à l’écoute de mon compagnon qui fait vraiment du bon travail. Je veux rester avec lui pour l’encourager et lui montrer qu’il ne fait pas tout ça pour rien. Pour Gruikui, cette petite balade en forêt est presque un jeu. Il adore explorer et utiliser son groin pour trouver des choses, alors cette sortie est tout bénéfique pour lui. Étant donné qu’il y a toutes sortes d’odeurs qui sont imprégnés dans les environs, les débuts sont un peu chaotique par moment, le petit cochon n’arrivant pas à rester concentrer sur une seule et même odeur, mais il parvient lentement à s’adapter. De mon côté, je ne peux rien faire pour l’aider à part le suivre et essayer de tâter du bout des doigts ce qu’il a trouvé.

Au bout de plusieurs longues minutes, il est évident que Theresa nous a lâchement abandonné. Plus aucune trace d’elle ni de son Mustébouée et malheureusement pour elle, je n’ai pas l’intention de rester muet devant cette situation. Notre mère en sera mise au courant dès mon retour à la maison et je me doute bien que ma grande sœur prendra cher à cause de son comportement. Pour être honnête, je m’en fiche qu’elle se fasse engueuler, ça lui apprendra peut-être à être plus gentille avec moi. Ma mère avait décidé d’un plan pour optimiser nos récoltes et donc ainsi optimiser notre aide envers le village, mais elle a décidé de tout foutre en l’air et de n’en faire qu’à sa tête. Elle est capable d’affronter les conséquences de ses actes et tant pis si elle revient vers moi pour m’engueuler de l’avoir dénoncé. Si c’était à refaire, je le referais.

Je suis brusquement extrait de mes pensées par les couinements de mon compagnon qui se font de plus en plus insistants et de plus en plus forts, ce qui signifie qu’il a trouvé quelque chose d’intéressant. De quoi peut-il bien s’agir cette fois-ci ?

- Hmmm ? Tu as reniflé quoi, mon grand ? Est-ce que c’est quelque part dans l’herbe ou c'est sous terre ?

Évidemment, je sais bien que je parle pour ne rien dire car le cochon ne peut pas me répondre, mais c’est une façon pour moi de me rassurer. Désormais accroupi au-dessus du sol, je commence à tâter le vide devant moi jusqu’à ce que mon compagnon s’interposer et vienne m’aider en guidant mes mains sur un drôle d’aliment. À l’odeur, c’est plutôt terreux et mou au toucher, limite gluant, donc je crois comprendre qu’il s’agit d’un champignon. Gruikui a toujours été un expert pour les dégoter grâce à son odorat et cela sera un formidable ajout à faire dans la nourriture que nous pourrons proposer pour la cuisine. Satisfait, je félicite mon partenaire en lui donnant quelques petites gratouilles qu’il semble bien apprécier avant de se remettre au travail. Si on pouvait en ramener quelques uns à la maison d’ici la fin de la journée, cela serait l’idéal.

Quelques heures s’écoulent avant que je ne sente vraiment la chaleur me monter à la tête. Il faisait déjà chaud ce matin lors de l’annonce du chef, mais c’était encore supportable. Là, plus le passe et plus j’ai l’impression de cuir, même s’il y a de l’ombre dans les parages. Je ne sais pas trop comment les repérer mais comme nous sommes dans une forêt, j’ose imaginer que la canopée protège quand même assez bien le sol, mais cela ne m’empêche pas de me sentir de plus en plus inconfortable. L’air est chaud, pesant et je ne sens pas la moindre brise. Les rayons du soleil doivent êtres incroyablement éblouissants à cette heure-ci et je me demande s’il ne serait pas mieux d’abréger notre sortie pour rentrer au village. Je ne rêve que de la fontaine avec laquelle je pourrais me rafraichir un peu en me mettant de l’eau sur la nuque, mais je vais encore devoir prendre mon mal en patience.

- Gruikui, dis-moi... n’y aurait-il pas une rivière ou un lac près d’ici ?

Intrigué, le petit cochon s’arrête d’un coup et tourne un regard inquiet dans ma direction. Malgré qu’il ne soit pas du tout affecter par la chaleur en tant que pokémon de type feu, il voit clairement que son dresseur ne se comporte pas comme d’habitude. Il ne lui faut pas plus de preuves pour comprendre qu’il lui faut trouver de l’eau rapidement et ils pourront ensuite prendre une pause bien méritée après la bonne récolte qu’ils ont faites. Sans perdre de temps, le cochon entraine son partenaire plus loin dans la forêt et petit à petit, j’entends le bruit de l’écoulement de l’eau qui me parait de plus en plus clair à chaque pas. De par le bruit qui s’en dégage, j’en conclu qu’il s’agit surement d’un petit ruisseau et non pas d’une rivière, mais je n’aurais pas pu demander mieux.

Soulagé et ayant du mal à repérer le courant dans l’espace, je termine avec les deux pieds dans l’eau par accident, produisant des éclaboussures involontaires, mais l’apaisement que je ressens est si agréable. L’eau est fraiche et revigorante. J’en profite un maximum pour me réhydrater et pour me rafraichir, tant pis si je me retrouve avec des vêtements trempés. Curieux, Gruikui m’observe en conservant une distance de sécurité entre nous deux car il n’a aucunement envie de se faire asperger. Il est heureux de voir son dresseur retrouver un peu d’énergie et nous en profitons alors pour prendre une petite pause. Avant qu’il ne soit trop tard, je mange un morceau de pain, car si j’attends trop il risque de se retrouver trempé lui aussi.

Ensuite, nous sommes prêts à nous remettre en route et le reste de la journée se passe mieux malgré la chaleur. Mon pokémon arrive à mettre la patte sur quelques champignons et il réussit même à trouver des noix, un aliment que je ne m’attendais pas à trouver dans les environs. À cela s’ajoute aussi quelques épices et des fleurs comestibles, alors j’espère vraiment que mes parents seront heureux de nos trouvailles. Satisfaits, nous pouvons désormais entreprendre le chemin du retour, surtout que le soleil est le point de commencer sa descente dans le ciel.

Dès notre retour au village, je ne peux m’empêcher d’avoir une pensée pour ma sœur. Je ne sais pas trop s’il elle est encore en forêt ou si elle est déjà revenue, mais si c’est le cas, je risque d’assister à une explosion de ma mère à la maison. Elle lui avait demander de veiller sur moi et lorsqu’elle apprendra qu’elle m’a laissé seul derrière elle, elle va se faire passer un savon. Et je ne serais même pas surpris que mon père mette du sien. Nous allons bien voir, de toute façon je ne compte pas passer plus de temps à l’extérieur, il fait vraiment beaucoup trop chaud pour travailler dans ces conditions.

À la maison, ma mère s’essuie le front pour la énième fois avant de rentrer pour se mettre à l’ombre. Les champs l’auront bien fatiguée aujourd’hui, mais elle reste quand même satisfaite du travail accompli. D’ici quelques jours ils pourront enfin récolter et êtres satisfaits de leur ouvrage des dernières semaines. Cependant, à peine a-t-elle le temps de s’installer à la table avec une chope d’eau rafraichissante qu’elle entend déjà les couinements d’un cochon qui se rapproche grâce à l’une des fenêtres qu’elle a laissé ouverte. Ses enfants seraient-ils déjà de retour ? Intriguée, elle tourne la tête en direction de la porte au moment où je fais mon entrée, avec un pokémon vraiment trop enthousiaste à mes pieds.

- Oh Owen, c’est toi, dit-elle en se levant pour venir m’accueillir. Alors, ça s’est bien passé ?

Ne pouvant s’en empêcher, elle me fait alors un câlin dont je ne peux m’extraire. Je ne voudrais pas non plus la vexer, mais j’espère qu’elle ne remarquera pas la sueur qui recouvre presque mon corps en entier. Satisfaite, elle jette ensuite un coup d’œil derrière la porte pour voir si son second enfant est sur le point de débarquer, mais elle ne voit rien dans le jardin.

- Theresa n’est pas avec toi ?
- Et bien... comment dire...

Je dois alors lui expliquer tout ce qui nous ait arrivé depuis que nous sommes parti en forêt et bien que cela ne m’étonne pas que ma sœur ait agit de la sorte, ma mère semble plus qu’étonnée d’entendre la nouvelle. À quoi s’attendait-elle ? Theresa avait déjà mentionné son désaccord avant de partir, elle ne voulait pas que je l’accompagne, mais notre mère a insisté. Étant donné qu’elle est déjà très borné et qu’elle a limite des problèmes avec l’autorité, je ne suis pas surpris du dénouement de la journée. Pendant un instant, je ne sens plus ma mère bouger et je me demande même si elle respire. En réalité, elle est tellement fâchée et elle n’attend plus qu’une seule chose, c’est que sa fille ose rentrer à la maison comme si de rien n’était. Elle risque de recevoir un accueil plus que chaleureux à ce moment-là.

Cela fait un moment que j’ai cessé de parler et je n’ai toujours pas obtenu la moindre réponse. Je commence à me demander si j’ai dis quelque chose qui ne fallait pas et je tente même de repérer Gruikui qui devrait normalement être à mes pieds pour essayer d’obtenir du réconfort, mais mère finit enfin par réagir.

- Je n’arrive pas à croire qu’elle ait fait ça... et si un pokémon sauvage t’avais attaqué ?

Ne sachant quoi lui dire, je me contente de hausser les épaules. Elle a simplement agit sur un coup de tête pour en faire à sa façon, rien de plus et elle n’a jamais penser aux conséquences que cela pourrait entrainer. Si elle m’avait envoyé avec Sarah cela se serait passé autrement car elle est beaucoup plus attentionnée et patiente à mon égard, mais avec Theresa il n’y avait que ce dénouement de possible.

- Elle a intérêt de grandir rapidement parce que sinon... elle se retrouvera dehors. Ce genre de comportement est inacceptable, surtout pas envers quelqu’un de sa propre famille.

Alors là, je savais qu’elle allait se prendre une punition, voir à la limite une fessée exemplaire de la part de mon père, mais de là à la foutre dehors ? C’est peut-être un peu exagéré, je ne m’y attendais pas. Comme elle dit, cela pourrait lui permettre de se remettre en question et de grandir, car elle a beau être l’ainée de la famille, elle se comporte souvent comme une gamine en manque d’attention. Néanmoins, ma mère fait une brève pause avant de poursuivre.

- M’enfin... nous verrons bien. As-tu trouvé quelque chose d’intéressant dans la forêt ?

Détournant la conversation pour éviter de trop s’emporter devant son fils, sa question a pour effet de changer d’un coup l’atmosphère pesant qui commençait à prendre trop de place dans la cuisine. Tout de même heureux qu’elle me demande, je m’empresse de tâter de la table là où je crois avoir déposé mon sac et au fur et à mesure que je lui cite les aliments que Gruikui a trouvé, elle semble de plus en plus satisfaite. Elle avait raison sur les capacités de mon petit partenaire et je me demande bien ce que l’on ferait bien sans lui. J’ai vraiment eu de la chance de tomber sur lui le jour où j’ai du quitté le village pour me trouver un compagnie de vie.

Entre les champignons et les noix qui a eux seuls promettent de produire de bons repas, il y a de quoi faire. Ce ne sont pas des aliments qui se conservent longtemps, mais c’est quand même assez rare d’en avoir pour en proposer aux villageois. Il est vrai que j’aurais aimé en rapporter plus, mais les températures n’étaient pas en ma faveur aujourd’hui. Dans tous les cas, ça devrait suffire pour commencer et je peux toujours retourner en forêt d’ici deux ou trois jours. Qui sait, peut-être que la récolte sera meilleure.

- Crois-tu retourner en forêt demain ? C’était comment aujourd’hui pour la cueillette ?

Ayant complètement oublié sa colère à l’égard du comportement de sa fille, la femme est vraiment très contente des trouvailles de son fils. Après le lui avoir mentionné, voilà qu’elle s’intéresse d’un peu plus près aux aliments qu’il a rapporté et elle se rend vite compte que les champignons sont de très bonne qualité. Dommage qu’ils soient peu nombreux, tout comme les noix, sinon ça aurait été une excellente récolte pour redonner le moral aux villageois.

- Hmm... je ne sais pas. Je pensais attendre deux ou trois jours, le temps que d’autres végétaux poussent comme ça nous pourrons refaire le même parcours sans problème. Je préfère ne pas trop m’éloigner du village. Et puis, ça laissera peut-être le temps à la chaleur de se dissiper.
- Ah oui, il faisait très chaud même à l’ombre de la forêt ? J’aurais du m’en douter...

À la fois surprise et triste d’avoir envoyé son fils endurer une telle fournaise, la femme marque une pause. Du bout des doigts, elle inspecte une dernière fois les produits forestiers avant de les transférer dans un grand bol en bois qui lui permettra de transporter toutes ses récoltes en direction d’une maison voisine qui a été désignée pour s’occuper des repas. Pour les prochains jours, c’est là-bas où iront tous leurs produits de la ferme et de la forêt.

- Dans ce cas, demain, je te laisse faire ce dont tu as envie. Tant que tu travailles et que tu nous aides d’une quelconque façon, ça sera suffisant. Ton père ne devrait pas voir d’inconvénient à cela.

Je suis surpris qu’elle me laisse le champ libre, mais en réalité, je lui en suis reconnaissant. Je ne suis pas capable de travailler autant que quelqu’un qui n’est pas privé de sa vision. Je suis toujours en retard sur les autres à force d’hésiter et de tâter les alentours, alors je suis plutôt soulagé qu’on me laisse m’adapter à la situation. De plus, je ne vois pas en quoi cela dérangerait mon père de me voir moins travailler que mes sœurs puisqu’il ne passe presque plus de temps à la maison depuis l’annonce du chef. Il est trop occupé à bûcher et à boire avec ses potes plutôt qu’à se soucier de nous. Il sait que nous nous occuperons des champs et que nous serons en mesure de subvenir aux besoins des villageois.

En attendant, je remercie ma mère pour sa compassion avant que celle-ci ne s’éloigne pour retourner vaquer à ses occupations. Après tout, ma sœur doit encore l’attendre puisqu’elles s’occupaient ensemble de la ferme aujourd’hui. J’imagine qu’elle était venu prendre une pause dans la maison lorsque je suis revenu de la forêt. À voir ce qui se passera ce soir à table si ma deuxième sœur ose revenir saine et sauve de son expédition dans la nature...

Le reste de la journée se passe lentement. Avec Gruikui, j’essaie tant bien que mal de ranger ma chambre pour que mon espace personnel soit propre et où il est agréable de circuler. Mes parents m’ont toujours enseigné que l’image de soi-même et du foyer sont importantes, alors je fais en sorte de m’y tenir malgré que ce principe soit encore assez flou pour moi qui ne voit rien. J’imagine que c’est gratifiant de se sentir bien et de montrer aux autres à quel point nous sommes au-dessus de nos moyens. Notre famille est loin d’être très fortunée, nous devons êtres dans la classe moyenne dans le meilleur des cas, mais notre image nous a souvent permis d’avoir accès à des banquets pour des gens plus aisés que nous. Ce doit être un honneur pour mes parents de pouvoir se hisser autant dans la société en étant que de simples fermiers et bucherons.

Une fois le ménage terminé, je décide de prendre une petite pause en m’allongeant sur mon lit. Gruikui ne perd pas une seconde pour m’y rejoindre et bien qu’en général il adore venir se blottir contre mon épaule, cette fois-ci il préfère se poser au niveau de mes pieds, là où il doit faire plus frais. Je dois admettre que ce soudain changement de comportement ne me déplait pas, il fait tellement chaud que je me demande bien si j’avais pu supporter sa chaleur corporelle avec la mienne. Je ne pense pas.

Plus tard dans l’après-midi, tout le monde fini par revenir à la maison après leur dur journée de travail. Ma mère et ma grande sœur reviennent toutes deux des champs en étant recouverte de terre par endroit. Elles doivent avoir bien bosser puisqu’elles semblent avoir eu chaud, mais les récoltes sont une source importante de nourriture à ne pas négliger. Dans les mêmes temps, mon père revient du village complètement épuisé. Ses mains gercées et ses cheveux trempés témoignent de son travail acharné de la journée et je suppose qu’il a du bien bucher du bois pour alimenter les scieries. Si c’est bien le cas, cela m’étonne de ne pas avoir croisé ni d’avoir entendu l’activité des bucherons, car ils n’ont pas tendance à êtres discrets. J’imagine que je ne me trouvais pas dans le bon secteur de la forêt pour les croiser, la nature est si vaste autour du village que cela ne serait pas très surprenant.

Et en toute dernière, c’est Theresa qui revient à la maison, un peu penaude. Amortie par la chaleur, elle est déçue de la maigre récolte de la journée et elle a déjà oublié l’abandon de son petit frère. Se sachant tout de même fautive, elle fait de son mieux pour éviter ses parents en rentrant, mais ceux-ci sont trop épuisés pour se soucier de sa présence. À cause de la chaleur et du manque d’appétit commun, personne n’a vraiment envie de se mettre à table même si c’est l’heure. La chaleur est peut-être moins pesante en ce moment, mais la journée a été difficile pour tout le monde. La décision est donc prise pour l’ensemble de la famille et il nous faudra manger des restes pour le repas de ce soir. Moi ça me va, je n’ai tellement pas faim qu’un simple petit bout de pain devrait me suffire. Il ne me reste plus qu’à tendre l’oreille pour savoir si ma sœur se ferait sermonner par notre mère ce soir ou pas.