Elle soupira. Après tout, elle devait se réjouir: c'était la première fois qu'elle signait un autographe. Autant qu'elle s'entraîne avec un gamin.

- C'est quoi ton prénom ? Demanda-t-elle.
- Théo ! Dit-il avec enthousiasme. T-H-E avec un accent, et O !

Poehere leva les yeux au ciel. Comme si elle ne savait pas écrire un prénom aussi simple. Elle gribouilla une petite phrase, et signa en prenant soin de prendre de la place. Une signature, il faut qu'elle marque les esprits, pensait-elle. Alors autant ne pas laisser de place aux autres.

- Tiens, ton carnet.

Le jeune homme serra son petit livre contre son coeur, les joues roses.

- Merci merci merci merci !!!
- Tu ne le lis pas maintenant ?
- Non, je le ferais à la maison ! Ca ne se fait pas de lire un autographe apparemment, c'est ce que m'a dit Althéo.

L'enfant haussa les épaules et Poehere garda cette information bien au chaud dans un coin de son cerveau.

- C'est très gentil d'être venu encourager Poehere, dit enfin sa mère qui était restée en retrait jusqu'à présent. Tu seras là pour le prochain combat ?
- Evidement ! Je serais là pour TOUS les combats !!

Poehere eut un sourire crispé. Génial.

211

Modération:

- En tout cas, j'ai hâte de rentrer me reposer ! A la prochaine hein !

Et sans demander son reste, la jeune femme fit quelques pas en avant, en espérant que le reste de son groupe la suive. Derrière elle, Poehere entendit son jeune fan crier:

- A BIENTÔT POE !

Comme elle l'avait espéré, ses parents et Olele arrivèrent à sa hauteur, légèrement essoufflés à cause de cet accélération brutale.

- Dis donc, je ne savais pas que tu avais des supporters ! Dit Josine en souriant de manière malicieuse.
- Oh si ! Répondit Olele du tac au tac, Poehere elle est super suivie sur les réseaux !

La jeune influenceuse leva les yeux au ciel. Elle était sûre qu'elle allait entendre parler de ce petit "Théo" pendant un long moment.

- Oui, je l'ai rencontré sur la plage, une fois... Il est collant.
- Certes, mais il t'apprécie, répondit Josine. Il faut faire attention avec les enfants tu sais, ils sont plus fragiles que tu ne le penses...

De nouveau, la jeune fille soupira. Sa mère était institutrice, alors dès qu'elle avait l'occasion de parler des enfants, on ne pouvait plus l'arrêter. Après s'être un peu éloignés du "stade", Poehere sentit la pression et le stress retomber. L'émotion gagna son coeur, et elle se mit à sourire bêtement, comme une petite fille.

- J'arrive pas à croire que j'ai réussi... Je m'en remet pas.

238

Capture:

En arrivant devant le ferry, Poehere fit rentrer Kahuna dans sa pokéball à contrecœur, après lui avoir fait un gros câlin. Assises à l'avant du navire, les deux jeunes filles faisaient des photos, et regardaient des story sur leur téléphone. Elles admiraient le nouveau badge que venait d'obtenir Poehere, en l'analysant sous toutes ses coutures.

- Tu crois que c'est du saphir ? Demanda Olele.
- Evidement que non, c'est du plastique. Ou du verre. Sinon tout le monde irait faire le tour des îles.
- Ah ouais, t'as raison, ajouta-t-elle avec un sourire niais.

Derrière les filles, Kane et Josine observaient le paysage avec un air détendu. Ils avaient peu l'occasion de sortir ensemble et de s'aérer. Finalement, la nouvelle lubie de leur fille pour les matchs d'arène n'était pas une si mauvaise chose.

- Tu crois qu'elle va aller jusqu'au bout ? Murmura Josine à son mari.

Celui ci hocha la tête, sûr de lui.

- C'est une Teiki. On est têtus.
- C'est bien ça qui me fait peur, répondit elle en un soupir.

Elle posa son regard maternel sur sa fille, et se dit que les années sont passées trop vite. Où était son petit bébé câlin, avec son petit minois de princesse ?

215

Modération:

Le navire prit le large, et les passagers admiraient en silence le magnifique couché du soleil qu'offrait la fin de journée. Si Kane et Josine profitaient de cet instant pour partager une tendre caresse sur l'épaule, Poehere quant à elle, prenait le maximum de photographies pour immortaliser ce moment. Le compte de la jeune fille était rempli de photos comme celles ci, mais les internautes vivants dans les pays froids comme galar par exemple, ne s'en lassaient jamais. Et Poehere non plus.

Elle posta une énième photo de coucher de soleil, avec comme commentaire "J'ai trop de truc à vous raconter... Hâte de tourner la prochaine vidéo !". Et comme pour parfaire ce magnifique paysage de carte postal, un dofin sauta de l'eau sous le regard ébahis des voyageurs. Poehere eut chaud au coeur: c'était encore Hiwalani, qui lui passait le bonjour.

- Psst, murmura Olele, c'est vrai que ce Dofin est à toi ?

Poehere fronça les sourcils, et observa son amie.

- Ole... T'es sérieuse là ?

La blondinette haussa les épaules.

- Je ne t'ai jamais parlé d'Hiwalani ? Reprit Poehere en baissant la voix.

Olele fit non de la tête. Apparemment, la jeune influenceuse savait garder un secret... Cela la surprenait elle-même.

210

Fuite:

Après toutes ces années d'amitié partagée avec Olele, Poehere se décida enfin à lui raconter sa rencontre et son lien si particulier avec ce dofin. La jeune fille négocia pour qu'Olele puisse dormir une seconde nuit à la maison, ce que ses parents acceptèrent sans trop de difficulté. Ils préféraient la savoir près d'eux plutôt qu'ailleurs.
Une fois de retour à la maison, les deux copines se rendirent à pied vers la plage la plus proche. Poehere décida de garder Kahuna dans sa pokéball, pour qu'il puisse se reposer un peu.

Il n'était pas tard, mais à Alola, la nuit arrivait vite. Ce n'était pas une mauvaise chose cependant: la chaleur de la journée se dissipait gentiment sous le ciel étoilé, et l'atmosphère devenait à nouveau respirable pour ceux qui n'aimaient pas les hautes températures.

Assises toutes les deux sur le sable chaud, les deux amies admiraient le ciel parsemé d'étoiles, et écoutaient le clapotis calme de l'eau. Olele rapprocha ses jambes contre son torse.

- Alors, dit-elle, explique moi comment t'as fait pour être amie avec un dofin ? Et pourquoi tu ne m'as rien dit !

Poehere eut un petit sourire. Elle avait eu une grosse journée, mais n'était pas prête encore d'aller se coucher.

220

Fuite:

- Eh bien en faîte... C'est un super secret entre mon père et moi... Faut vraiment pas que tu le dises, Ole, c'est important.

La blondinette, se sentant investie d'une mission, hocha fortement la tête, les sourcils froncés.

- Je ne dirais rien, je te jure !

Alors, Poehere révéla le secret de son amitié avec Hiwalani, sa sœur de l'océan.
Elle lui raconta ce fameux jour, où, son père l'avait amenée à la pêche, et qu'une tempête avait éclaté, venant de nulle part. Elle avait peu de souvenir de son enfance, mais celui là, elle ne pourrait jamais l'effacer. Elle se souvenait du bruit du vent, du manque de soleil caché par les nuages noirs, de la violence de la pluie contre son visage.

- C'était vraiment dangereux, murmura-t-elle devant une Olele qui buvait ses paroles, la bouche entre ouverte.

Poehere se souvenait très bien aussi de la peur panique dans les yeux de Kane, son père. C'était terrifiant. Parce que Kane n'avait jamais peur de l'océan, normalement.
Et puis, le bateau remua de trop, et la jeune Poehere lâcha la corde que son père lui avait pourtant dit de serrer dans ses petites mains.
Elle fut éjectée du bateau, et tomba dans l'eau.

215

Modération:

D'un coup, tout devint calme l'espace d'un instant. Il n'y avait plus de vent, plus de pluie. Juste le bruit sourd de l'eau qui s'agite à la surface. Poehere se rappelait très bien de ce moment de flottement, qui sembla lui durer une éternité. Elle se sentait couler vers le fond de l'eau, comme aspirée par la force de l'océan.

- Et après ? Souffla Olele, complètement aspirée par l'histoire. Ton père a plongé pour venir te chercher ?

Poehere eut un petit sourire triste. Parce que la vérité était terrifiante.

- Non, avoua-t-elle. Il ne s'était pas rendu compte que j'étais tombée à l'eau.

Kane se battait contre les voiles pour faire en sorte que le bateau ne chavire pas. Il se donnait corps et âme pour faire en sorte que l'embarcation puisse rentrer au port, sans que personne ne soit blessé... Il était tellement aspiré par sa tâche, qu'il n'avait même pas remarqué que sa fille n'était plus avec lui.
Quelle ironie.

- C'est là que je l'ai rencontrée. Hiwalani.

Poehere entendit un son. Un claquement, suivit d'un petit cri aigu. Celui d'un animal marin.
Elle ouvrit les yeux, et tomba nez à nez avec une bête qui lui sembla immense. La créature pencha la tête sur le côté. Elle semblait curieuse.
Quelques instants après, elle s'approcha un peu plus, et attrapa Poehere de son grand bec. La bête donna quelques coups de queue, et la petite fille remonta enfin à la surface, aidée par le mystérieux animal.

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Que voulez-vous faire ?

Poehere eut du mal à respirer au début. Toute la réalité de la surface venait de lui frapper les sens, comme si elle recevait une claque. Elle senti le vent se déchainer, la pluie fouetter son visage et entendit le rugissement de l'orage, puissant, terrifiant. Le gout du sel dans sa bouche.

Le dofin porta l'enfant un peu plus haut à la surface, battant de la queue pour se maintenir en équilibre. Alors, enfin, Poehere poussa un cri.

- Et là, ton père t'as vu ?
- Oui, le pauvre, il était paniqué. Il a accroché une corde à sa taille, et il s'est jeté à l'eau. Heureusement, Hiwalani nous a aidé à retourner sur le bateau.
- Et ensuite ? Qu'est ce qu'il s'est passé ?

Père et fille ont pu revenir au port, une fois la tempête passée. Kane et Poehere avaient pleurés dans les bras l'un de l'autre, éprouvé par cet évènement. Mais la jeune fille sentait que son père cachait quelque chose.

- C'était quoi ? Demanda Olele, captivée.
- Bah... J'étais tombée à l'eau sans que mon père ne le sache alors... Il s'en voulait à mort. Mais je suis sûre que si ma mère avait su, elle l'aurait quitté et m'aurait interdit de le revoir.
- Sérieux ? C'est pour ça qu'avec Hiwalani, c'est un secret ?

Poehere hocha la tête. C'était à la fois si simple, et en même temps, si sensible. A son jeune âge, Poehere avait compris qu'elle devait protéger sa famille d'une déchirure qui s'annonçait longue, et douloureuse.

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