Avec Julian, vous avez profité des congés que vous avez posés simultanément pour qu’il te fasse découvrir son archipel natal : Alola. On t’a quelque peu contrainte à prendre ces jours de repos que tu ne prends jamais. Et, pour une fois, tu te dis que ça peut t’être bénéfique. Tu as besoin de te sortir la tête de l’école de police quelques temps. Tu ne tiens pas à avoir la tête dans le guidon et, surtout, Julian déteint sur toi. Car c’est évidemment lui qui t’a proposé de prendre ces vacances ensemble, lorsque tu te plaignais de devoir les prendre, justement. Alors quoi ? Et bien ces premiers jours ont été surtout sous couvert du tourisme. Ton collègue t’a fait découvrir quelques recoins sympathiques de ces îles, ça a impliqué plus de marche que tu le pensais, mais ce n’était pas pour te déplaire. Le climat est à l’exact inverse de celui de Sinnoh. Ici, la chaleur prévaut à tout moment de la journée. Tu n’échappes pas aux tenues légères, aux lunettes de soleil, à la casquette et surtout à la crème solaire.

C’est intéressant de constater avec quelle aisance évolue Julian dans cet environnement qu’il connait si bien. Tu t’es plusieurs fois fait la remarque que les températures bien plus faibles et surtout le taux d’ensoleillement bien moindre de Sinnoh devaient peser sur son moral. Julian est de ceux qui sont de bonne humeur dès le matin, qui se lèvent du bon pied, qui ont toujours cette énergie naturelle et positive. Il est solaire, et c’est un phénomène qui continue de t’échapper. Alors que, ces dernières semaines, tu l’as vu moins souriant, tu as senti moins d’entrain de sa part. Ça n’a rien eu de flagrant – tu te demandes même s’il est capable d’être désagréable – mais, pour avoir l’habitude de travailler avec lui, tu as bien vu la subtile différence. C’est aussi ce qui t’a fait accepter sa proposition de voyager en duo, de prendre un temps pour penser à autre chose qu’au travail, qu’à l’école de police, qu’à tes recrues. Ce n’est pas naturel pour toi, de rester loin de tout ça sur une longue durée, tu es bien trop ancrée dans le présent, tournée vers les choses qui restent à faire. Après, Julian te connait suffisamment bien pour savoir que tu ne seras pas de celles qui aiment lézarder sur la plage. Tu as besoin d’être active, d’où vos randonnées. Vous vous êtes pris tout de même un jour de calme, durant laquelle Julian a retrouvé sa sœur et ils ont passé la journée ensemble. Ça lui a fait du bien de la voir autrement que par écrans interposés.

Quant à aujourd’hui, vous avez décidé d’explorer le mont Ardent. De la marche, sous le soleil, sur le sol rougeoyant. C’est un décor typique d’Alola, et ça a le mérite d’être particulièrement isolé. Peu de personnes, hormis les amateurs de randonnée – ou possiblement des géologues – viennent par ici, et c’est ce qui te plaît. Visiter des grandes villes, ça ne t’intéresse pas. Tu as passé presque ta vie entière à Céladopole, ce sont les grands espaces naturels qui te dépaysent. Puis tu aimes l’effort physique à déployer pour obtenir cette récompense. La vue est intéressante. Tu n’as pas vraiment cette fibre de l’émerveillement, tu n’es définitivement pas celle qui sera bouleversée par la beauté de la nature. Oui, c’est intéressant à observer, ces nuances sur la roche, sur le sol. Joli ? tu ne saurais dire, ça ne t’importe pas. Il s’agit peut-être d’un résidu de ton sang-froid, de la distance que tu mets avec tout, même avec les paysages nouveaux que tu découvres. Tu laisses les étoiles dans les yeux à Julian car, bien qu’il connaisse déjà les lieux, il ressemblerait presque à un enfant qui voit cet endroit pour la première fois. C’est agréable de le voir, de constater à quel point c’est ressourçant pour lui. Pour être parfaitement honnête, tu apprécies aussi le fait que la grimpette le fatigue plus que toi, et donc que tu peux le narguer lorsqu’il demande à faire une pause pour boire, manger, ou simplement s’asseoir.

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Ce lieu diffère vraiment de tout ce que tu as pu avoir vu précédemment. Assise sur ce rocher, à côté de Julian, vous désaltérant, tu te sens bien. Comme si tous les poids de la vie quotidienne étaient levés de tes épaules. Tu sais que ce n’est que pour un temps limité, et cela te conduit à vouloir en profiter davantage. « Ce soir, on se fait à manger, ou plutôt restau ? » Tu réfléchis. La journée n’est pas finie, vous avez encore pas mal de marche à faire, ce qui ne te donne ni envie d’avoir à préparer la moindre nourriture ce soir, ni envie de devoir t’apprêter un minimum pour le restaurant. « Ça te dérange si on commande ? » Un sourire se dessine sur le visage de Julian, un sourire que tu définirais comme revanchard. Ce n’est pas dans ses habitudes, mais tu la vois, cette petite lueur de fierté, de malice aussi. « Ah, je suis pas le seul que ça fatigue donc ! » Tu soupires afin de ne pas lui concéder la victoire trop facilement. Tu connais ton collègue depuis suffisamment longtemps pour savoir que ce n’est absolument pas une recherche d’ascendant sur toi, mais simplement une tentative pour te dérider. Julian est très loin de la plupart des hommes que tu as pu rencontrer dans les rangs de la police, et c’est ce qui t’a permis de le tolérer – au tout début – avant d’éventuellement finir par apprécier sa présence. Tu n’aurais jamais accepté de te rendre à Alola avec lui pour tes congés si ça n’avait pas été le cas, de toute manière.

« On reprend la route ? Ça t’évitera de dire des bêtises. » Une fois n’est pas coutume, tu lui adresses un sourire légèrement moqueur. Après tout, autant rentrer dans son jeu, tu sais que ça lui fera plaisir. Dans le même temps, tu te lèves, pour donner l’impulsion. Pour autant, Julian ne se presse pas. Il prend une dernière gorgée d’eau avant de ranger sa gourde dans son sac à dos. Le voici ainsi prêt. Tu le laisses te passer devant, pour qu’il ouvre la voie. C’est lui qui connait les lieux, pas toi. Tu te contentes de profiter du paysage, de regarder tout autour de toi, de respirer l’air pur que la nature t’offre. La chaleur a beau s’intensifier dans cet endroit sans ombre tandis que vous glissez vers le milieu de l’après-midi, vous avancez. Ces conditions proches de l’extrême, tu trouves ça stimulant. Ça te donne envie de te dépasser, même s’il n’est question ici que de marche. Tu doutes que Julian soit dans cette dynamique, que ce soit la sensation de l’effort physique qui lui fasse apprécier cette balade sur le mont Ardent. Mais ce n’est pas ce qui t’importe et ce n’est pas ce qui compte, de toute manière. Tant que vous profitez tous les deux de l’instant, vous êtes tous les deux gagnants.

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« Je vais te montrer, il y a une centrale géothermique, plus enfoncée dans les terres. » Tu fronces les sourcils. Ta première réaction a été de te dire que, dans un décor naturel tel que celui-ci, la vue sur une centrale produisant sans doute l’électricité pour l’île n’était pas forcément ce qui t’intéressait. Puis tu t’es interrogée. L’endroit, le mont Ardent, ne te semble pas être le genre de terrain propice à l’établissement d’une telle infrastructure. Pourquoi ici ? Au final, cela t’intrigue suffisamment pour te dire que tu aimerais en savoir davantage. Ça ne fait pas partie de tes intérêts, mais ta curiosité a été piquée par Julian. « Il y a moyen d’avoir droit à une visite ? » Julian s’arrête juste devant toi, se retourne et te dévisage. « Depuis quand ça t’intéresse ? » Tu soupires et roules des yeux. Est-ce véritablement une question ayant besoin d’une réponse ? Le doute est permis, car ton collègue pourrait être sérieux. Tu ne sais pas quoi lui répondre, de toute manière, alors tu te contentes de hausser les épaules tout en continuant d’avancer. Tu lui passes donc devant, même si tu n’as aucune idée de la direction à suivre. Julian te rattrape aussitôt. « Non mais sérieusement, t’aurais envie d’aller voir ? » Tu perçois sans mal l’enthousiasme qu’il ne sait pas dissimuler. Tu souris. « Oui. Je suppose que les personnes sur place sauront mieux m’en parler que toi. » Tu vois à son visage qu’il s’agit de la réponse qu’il espérait. Tu as l’impression de faire face à un enfant, aux étoiles qu’il a dans les yeux. Cette capacité à l’émerveillement de Julian, c’est quelque chose. D’une certaine manière, tu es admirative qu’un agent de police d’une trentaine d’années puisse vivre les choses de cette manière. Surtout que ça ne veut pas dire qu’il est immature, gamin. Ça n’est en rien négatif, il reste un adulte parfaitement responsable, professionnel, stable. Il a juste la capacité à voir le beau et à apprécier toutes ces petites choses qui sont anodines à tes yeux. Tu l’envies un peu pour cela, parfois. « Trop bien, on y va alors. »

La marche continue et tu finis par bien vite repérer le fameux bâtiment se dessiner au loin. Il s’agit bien d’une centrale, en plein milieu de ce paysage désertique. La vue s’avère assez perturbante, le clash entre l’édifice et la nature autour est frappant. Y a-t-il eu des études sur l’impact de l’implantation de cette centrale sur l’environnement autour ? Peut-être que ça a été étudié pour que ce soit réduit le plus possible, tu n’en sais rien ; la question se pose tout de même. Vous vous rapprochez et, une fois devant, tu hésites. Tu ne sais même pas si les visites sont possibles, ça te surprendrait qu’ils fassent faire un tour au moindre touriste qui se pointerait devant leur porte. Un homme sort alors, paniqué. Il tombe nez-à-nez sur vous. Un bref échange de regard avec Julian vous permet de constater que vous êtes sur la même longueur d’ondes : vous remettez immédiatement votre casquette d’agent. « Nous sommes de la police de Sinnoh, on peut vous aider ? »

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Une chose était sûre, vous ne vous attendiez pas à devoir intervenir sous votre étiquette d’agent durant vos vacances. Ou tout du moins absolument pas dans un lieu isolé et peu touristique comme celui-ci. Il est évident que la première chose à faire a été de comprendre ce qu’il se passait réellement et de joindre les forces de l’ordre locales pour les avertir et qu’ils interviennent. Vous étiez simplement là plus tôt sur place, et il n’était pas possible de rester sans rien faire. Là-dessus, Julian et toi étiez d’accord. La suite ne fut pas bien compliquée, les sbires manquaient cruellement d’expérience de terrain et vous n’avez eu aucun mal à les mettre en déroute. Ils n’avaient certainement pas prévu que la police serait déjà sur place, à peu de choses près, alors ça les a pris de court et ils ont paniqué. Heureusement, ils n’avaient pas fait d’otages, ce qui aurait rendu le tout bien plus délicat. Vous les avez arrêtés et avez ensuite attendu l’arrivée de l’unité qui avait été envoyée sur place. Vous avez été remerciés pour votre intervention, bien que Julian insiste sur le fait qu’il s’agit d’un heureux hasard. Tu n’insistes pas, préférant rester en retrait. Ton collègue échange brièvement avec les autres flics, avant qu’ils ne partent, embarquant les deux sbires avec eux. Vous allez pouvoir reprendre votre après-midi tourisme, comme c’était censé être le cas.

« Du coup, est-ce qu’il serait possible de visiter la centrale ? » Julian demande à l’employé sur qui nous sommes tombés devant l’entrée du local. Après tout, il s’agissait du programme et, au vu des événements récents, tu considères que vous autoriser à explorer les lieux avec un guide est une récompense plutôt décente – et surtout méritée. C’est pourquoi tu n’es pas surprise quand l’homme accepte avec joie. Tu hoches cependant la tête poliment, en signe de reconnaissance. Après tout, il n’y a aucune obligation d’accéder à votre demande, en soi. Alors c’est apprécié, et ce d’autant plus du fait que ça réjouit Julian au plus haut point. Durant votre court temps à l’intérieur de la centrale géothermique, vous n’avez pas vraiment eu le loisir de vous attarder sur la découverte du lieu. Il fallait agir. Maintenant, vous pouvez profiter du luxe de prendre votre temps. Tu n’es pas forcément hyper intéressée par toutes les explications qui vont t’être données sur cet endroit, mais cette légère curiosité est amplement suffisante pour te rendre la visite agréable. Julian, lui, pose de nombreuses questions au fil des explications qui vous sont données. Tu retrouves l’éclat émerveillé dans ses yeux. Tu le connais suffisamment bien pour savoir que tu vas entendre parler de cette centrale toute la soirée.

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