Faire la fermeture était l’aspect que j’appréciais le moins dans mon boulot de barman. Après la saturation des sens qu’étaient la musique, les spots lumineux et les sollicitations constantes des danseurs assoiffés, le silence avait quelque chose d’oppressant. C’était aussi à ce moment-là que la fatigue me tombait dessus, d’un seul coup — alors qu’il me restait une bonne demie heure de tâches à accomplir. Ce soir était plus pénible encore, car Marvin avait appelé à vingt heures pour annoncer qu’il était souffrant. J’avais passé la nuit à courir pour pallier à l’absence d’un second barman et devait maintenant assurer la plonge et l’inventaire par moi-même. Comme nous n’étions que tous les deux, Andrew s’était installé au comptoir plutôt que de recompter la caisse depuis son bureau. Il se concentrait et parlait peu, mais sa présence m’aidait à rester éveillé.
— C’est bon pour l’inventaire, dis-je en fermant les placards. Il faudra passer commande aujourd’hui, je te mets le récap’ sur ton bureau ?
Il tendit la main sans lever les yeux de ses billets. J’y déposai le bloc notes, qu’il saisit en murmurant un merci distrait. Je lui trouvais l’air soucieux depuis le début de la soirée. L’absence imprévisible de Marvin avait certes rendu la nuit plus chaotique que d’habitude, mais depuis le temps que je connaissais Andrew je savais reconnaitre quand il était au prise avec des préoccupations plus profondes. Je choisis de rester silencieux pour ne pas perturber son comptage et lavai les derniers verres en attendant qu’il termine.
— Merci pour ton taff, Ange, dit-il soudain. T’as assuré ce soir.
— Thanks boss, répondis-je avec un sourire. Tâche de t’en rappeler la prochaine fois que je demande à échanger mon shift avec Robin.
Je sortis un billet de dix de ma poche (l’un des pourboires de la soirée) et le fis glisser sur le comptoir jusqu’à Andrew.
— Rajoute ça à ta caisse, je nous sers un verre.
Il grommela et ignora le billet, comme d’habitude. Cela ne m’empêcha pas de nous préparer deux gin tonic, sans les fioritures et les effets de style que je rajoutais pour ravir les clients. Je posai le verre devant lui alors qu’il enroulait billets et tickets de caisse avec un élastique, soupirant malgré lui.
— Tu veux parler de ce qui te préoccupe ? Je m’appuyai d’une main contre le comptoir et ajoutai, le sourire malicieux : Il parait qu’on peut tout confier à son barman.
Il releva enfin la tête et repoussa les mèches brunes qui lui tombaient dans les yeux. Ces derniers avaient encore cet air absent qui m’avait mis la puce à l’oreille, mais la mâchoire d'Andrew était plus détendu. Il poussa ses papiers plus loin sur le comptoir et saisit le verre d’une main ferme.
— Je comptais t’en parler ouais. Cheers.
Nos verres clinquèrent l’un contre l’autre et nous bûmes une gorgée à l’unisson. La fraîcheur acidulée du gin me donna un coup de fouet bienvenu. Je me remis devant l’évier pour laver les shakers et les derniers ustensiles.
— C’est à cause du Glam. La boîte de nuit qu’il détenait à Kantô. Andrew faisait souvent des allers-retours à Parmanie pour la visiter et s’était plaint à plusieurs reprises qu’elle fonctionnait moins bien que la RainboX. Il y a une augmentation des avis négatifs sur Google ce mois-ci, et la fréquentation est en baisse. Je ne comprends pas ce qui cloche.
— Les avis disent quoi ?
— Que ce n’est pas une safe place pour la communauté LGBT. Ce qui me rend dingue, tu imagines.
J’imaginais bien. Le Glam n’était pas réservé aux hommes gays comme pouvait l’être la RainboX, mais il se revendiquait toutefois comme un espace ouvert et inclusif. Qu’il soit boudé par la communauté alors que son propriétaire était lui-même un homme trans, c’était d’une terrible ironie. Je m’essuyai les mains sur un torchon et quittai l’arrière du bar pour m’asseoir à côté d’Andrew. C’était la première fois de la nuit que je posai mes fesses sur une chaise et ne pus réprimer un soupir de satisfaction.
— Elles disent quoi tes équipes sur place ?
— Pas grand chose, et ça m’exaspère. Je t’ai déjà dit que la communication était devenue compliquée avec le gérant ?
— Je crois oui. Je bus une gorgée de gin et posai ma tête dans la main. Il est évasif et tu le soupçonnes de t’embobiner.
— Ouais. Quand je viens tout est nickel, il n’y a rien qui puisse justifier des commentaires pareils. Je pense qu’il se passe des choses quand j’ai le dos tourné. Il leva son verre et le pointa vers moi. Et c’est là que j’aurais besoin de ton aide.
— Oh ? Comment cela ?
— Je voudrais que tu ailles y faire un tour. Ils ne te connaissent pas et tu es expérimenté dans le métier. Tu es le client mystère parfait.
Je me redressai en haussant les sourcils.
— Tu voudrais que je me rende à Parmanie ?
— Je te rembourserais le trajet et l’hôtel évidemment. Il dissimula sa bouche derrière son verre mais ne pus me cacher sa moue timide. Tu es l’un des seuls à qui je ferais confiance pour être mes yeux et mes oreilles sur place.
Aww. Je posai une main sur mon cœur et gratifiai Andrew d’un sourire lumineux.
— C’est trop d’honneur monsieur. Je vais le faire.
L’ombre de ses yeux se dissipa alors qu’il poussait un soupir soulagé.
— Vraiment ? Ça ne te dérange pas ?
— Tu plaisantes ? Je fis tourner le verre dans ma main, faisant cliqueter les glaçons contre la paroi. Un voyage à Kantô tout frais payé ? Sans perdre de jours de congés ? Et le tout pour danser toute la nuit ? Je serais fou de refuser !
***
Deux jours après, j’étais dans le monorail pour Safrania. Cela faisait des années que je n’avais pas voyagé à Kantô. Max avait râlé que je sèche les répétitions des prochains jours et je m’inquiétais un peu de laisser Nonna toute seule, mais hormis cela j’étais excité de changer d’air. Je dormis tout le trajet pour me réveiller frais et dispo à mon arrivée, sur les coups de treize heures, et commandai un VTC pour me conduire jusqu’à mon hébergement. C’était un autre point qui me rendait enthousiaste. Plutôt que de choisir le premier hôtel venu à Parmanie, j’avais pris le temps de fouiller les environs pour trouver la perle rare, quitte à en rajouter un peu de ma poche si cela dépassait le budget qu’Andrew m’avait fixé. J’avais d’abord envisagé de sélectionner un hôtel proche du Glam (plus pratique pour rentrer après avoir bu, même si j’étais censé rester assez sobre pour ma mission), jusqu’à ce que mon intérêt fusse piqué par une maison d’hôtes atypique. Elle était rattachée à une pension, dont la description laissait entendre qu’elle était une sorte de centre sportif de haut niveau pour pokémon. J’étais séduit par cette idée. Clairement, je pouvais bénéficier des conseils d’un tel endroit : mon grenousse n’avait pas évolué après plusieurs années en ma compagnie, ce qui était un signe clair que j’étais à chier comme dresseur. Ça me saoulait de l’admettre, presque autant que de me rendre compte à quel point j’avais été naïf de croire que regarder les matchs de la Ligue allait suffire à ce que je sache naturellement comment m’y prendre. Comme s’il suffisait d’observer un tableau pour apprendre à peindre ! Alors que nous arrivions aux abords de Parmanie, la voiture quitta la route 15 pour s’engager sur une pente cernée par des conifères. Pendant quelques minutes la forêt défila derrière la fenêtre et je l’observais, gagné par un bien-être diffus. Peut-être devrais-je sortir d’Illumis plus souvent.
— On arrive, m’indiqua le chauffeur alors que les arbres s’éclaircissaient. Je n’avais pas encore eu l’occasion de venir jusqu’ici, ça ne fait pas longtemps que la pension existe.
— Vous en avez eu des échos ? Que je sache où je mets les pieds, plaisantai-je.
— Non, mais ce serait chouette qu’elle soit bien. Depuis un moment il n’y avait plus que la pension de Safrania qui tournait encore. Vous laisserez un avis pour nous autres.
— Ça marche. Merci pour la course.
Il m’arrêta devant une belle bâtisse qui trônait au centre d’une immense pelouse. Je récupérai ma valise dans le coffre, pris un instant pour mettre un commentaire cinq étoiles sur l’appli de VTC et me dirigeai vers la porte de l’accueil. Est-ce que je pouvais déjà libérer Chance de sa pokéball ? Hum, il valait mieux ne pas prendre le risque qu’un incident éclate avec les pensionnaires actuels. Je vérifiai dans mon miroir de poche que je présentais bien puis, satisfait, sonnai.
Encore une première partie de journée qui s'annonce comme toutes les autres depuis un petit moment : lente, monotone, dépourvue de grandes attractions. Pour la peine, j'entame un petit jogging en la compagnie de Draco, mon fidèle bras droit. Il est ma mascotte, mon moussaillon de confiance. Un vrai ami.
Bon, ce n'est pas comme si je devais m'étonner de ce manque d'activité quotidienne, la pension n'existe que depuis quelques semaines, peu ou presque personne n'en a encore vu la publicité sur les réseaux et auprès de l'office du tourisme de la ville de Parmanie. Mais m'être occupé des Pokémons de Lime Aunade - ce nom me fera toujours sourire rien que d'y repenser - m'a permis de pouvoir sonder un petit peu le type de dynamique que je peux avoir et que je peux me permettre sur le temps d'une journée, d'une semaine voire même d'un mois.
C'est surtout d'avoir pu commencer à gérer mon équipe qui m'a procuré ce sentiment d'accomplissement dans l'aboutissement de mon projet de centre sportif pour Pokémon. La gestion des programmes et des différents agrès sportifs par Abel ; la confection et la documentation scientifique pour palier à tous les profils types de pokémons grâce à Lana ; le suivi psychologique et affectif pour garantir une arrivée et un retour au dresseur plus fluide et moins brutal grâce à Merenui. Un vrai quatuor de choc que nous formons depuis les tous débuts, et ça ne m'encourage que davantage à continuer dans cette voie-là. Viser toujours plus loin, plus sain, plus fluide, plus sécurisé et plus instructif. Je suis et je resterai un professeur toute ma vie je crois, car toute opportunité d'apprendre, de m'améliorer et de progresser me procure une adrénaline folle. Cette sensation d'être en contrôle mais d'avoir ces quelques éléments nouveaux qui sont à portée d'assimilation cognitive. Un sentiment grisant d'auto-suffisance et de gestion en flux tendu de tout ce qu'il faut pour faire tourner une telle structure.
Bien évidemment, il n'y a pas que l'aspect centre d'entrainement qu'il fallait que je garde du coin de l’œil. Il y a également les différentes maisonnettes faisant offices de chambres d'hôtes. Effectivement, sur les conseils de ma grande sœur Lunafreya, l'aspirante styliste officiant désormais à Safrania, j'ai décidé de donner l'opportunité aux dresseurs et autres voyageurs de passages de faire une halte par la pension en profitant du cadre offert par la nature environnante. Ce n'est vraiment pas une mauvaise idée, car grâce à cette option, je peux également faire quelques rencontres intéressantes sans pour autant rester le nez dans le guidon du travail de gérant et de coach que je suis devenu depuis peu.
Je peux d'ailleurs remercier mon équipe qui s'occupe du plus gros de la gestion de cette partie de l'Amicitia Training Center. Hermione Allister, la gouvernante principale et réceptionniste fait un travail formidable en manœuvrant son petit personnel comme une vraie cheffe d'orchestre. Rien n'est laissé au hasard pour ses yeux d'un gris perçant et presque mystique. Mais que serait cette collègue sans son fidèle acolyte manutentionnaire, le tout feu tout flamme Lyonell Fergusson, un véritable sex symbol de son vivant, un homme du même âge qu'Hermione, à la coupe afro et aux origines indigènes de Sinnoh. Vraiment l'homme à tout faire, volant à la rescousse de sa gouvernante favorite - comme s'il y en avait eu d'autres, vous savez, cette vieille technique de drague comme on n'en fait plus - et opérant les plus grandes prouesses techniques et manuelles qui soient.
Mais rien ne vaudrait une bonne chambre d'hôte sans un personnel compétent à la restauration. Enfin... dans mon cas, ce système ne fonctionnerait pas sans la présence de mon binôme de cuisine aux tempéraments littéralement opposés, et pourtant si complémentaires. Après tout, ils sont mariés non ? Mais force est de constater que le duo des Guererro, Lisandro et Anita de leurs prénoms respectifs, était probablement la perle la plus rare que j'ai pu dénicher dans mes appels d'offres de postes pour tenir le commandement d'une pension comme la mienne. Ce couple venu de Galar - et d'Unys pour Anita, avant son union fatidique avec le grand chef - figurent parmi les étoiles montantes de leur promotion. Connus pour se livrer des duels sans fin, ces deux tourtereaux ont l'avantage d'insuffler leurs styles et leurs émotions au travers de leur cuisine. Une véritable plus-value pour les hôtes qui ne peuvent que raffoler de leurs mets et autres petits délices interdits.
Tout ce petit monde faisait tourner la boutique d'une main de maitre, et tous les soucis que j'envisageais de connaitre étaient pris en charge par chacun de mes loyaux collaborateurices. *DOUM DOUM DIIIING* Eh bien finalement, il semblerait qu'un peu d'activité ait décidé de se rapprocher du domaine. Je regarde mon smartphone pour m'assurer de l'heure qu'il était. Déjà treize heures trente ! Ma réservation de dernière minute pour l'une de mes maisonnettes. Aussi vite que je le peux, j'emprunte une petite serviette étendue dehors proche de la bâtisse principale pour m'essuyer le visage et un peu les bras encore en nage. Ce moment de course avec Draco, qui ruisselait lui aussi d'une fine pellicule luisante de transpiration donnant un reflet légèrement irisé à son corps écailleux, avait eu raison de mon apparence poisseuse.
- Monsieur Leonis, vous avez de la visite.annonce Hermione dans mon oreillette connectée. - Vous me confirmez la réservation sur l'ordinateur s'il vous plait ? - Une personne et éventuellement un accompagnement pokémon. En provenance de Kalos. Deux jours, deux nuits. Pension complète. Je valide !confirma-t-elle. - Vous êtes une vraie cheffe Hermione !l'intimé-je. - Rrhô, quel douce mélodie à mon oreille. Vous êtes incorrigible...
Ce petit moment privilégié avec ma gouvernante référente me donne toujours ce petit sourire en coin. Elle me fait penser à ma maman par moment, le cœur sur la main, toujours aux petits soin pour les clients et pour toute l'équipe. Elle est tout simplement le rayon de soleil matinal qui vous donne cette pêche d'affronter le journée avec un sourire bête pendant quelques heures. Elle est aussi votre muse dans la nuit, toujours avec le bon conseil ou la bonne décoction pour vous détendre et inviter le sommeil à votre chevet.
J'en profite alors pour faire le tour de la réception, pour accueillir le client par dehors directement. Ce que je n'ai pas prévu cela dit, c'est l'effet que pourrait avoir mon arrivée soudaine, dans un coin du domaine, accompagné de mon fidèle dragon en arrière-plan. Vu sous cet angle, ça peut en surprendre voire effrayer plus d'un. Mais qu'à cela ne tienne, je ne compte pas changer ma façon de faire pour autant, quand on vient à l'Amicitia Training Center, on vient comme on est, avec ses qualités et ses défauts. Et cette règle s'applique aussi sur moi. Et alors que je commence à apparaitre de la partie latérale ouest de la bâtisse principale, j'aperçois mon client.
Un jeune homme dans la vingtaine à première vue. Une chevelure ondulée et blonde comme les plages de sable fin. Petit de taille, avoisinant probablement le mètre soixante-dix, dans la norme donc. Ses habits sont plutôt classiques mais dégageant une certaine approche stylistique afirmée. Si Lunafreya avait été présente, elle serait sans doute déjà en train de complimenter la garde-robe de cet individu. Et elle n'aurait pas tort. Ce type a de l'allure. Il correspond parfaitement à sa description via le site de réservation : un musicien venu se mettre au vert le temps de quelques jours, pour trouver l'inspiration et faire peau neuve. Avec ce genre de personnalité, la mélodie est annoncée : de l'animation se profile à l'horizon, et très certainement que mon équipe pourra en être le public principal. De quoi détendre l'atmosphère et garantir un nouveau passage récréatif et amical au sein du domaine.
Ralentissant ma foulée, je décide de mettre la petite serviette à même ma taille, légèrement enfoncée dans mon short long pour la maintenir en place. Bien évidemment, mon accoutrement n'était pas du meilleur goût : je porte mon ensemble de basketteur ample et long, de couleur violet, laissant seulement apparaitre mes bras musclés à l'air libre, et une partie de mes mollets fermes mais bien dessinés. Des chaussures assorties avec un liseré jaune électrique pour un style plus urbain. Je suis dépourvu de tatouages, et suis chanceux de ne pas avoir hérité de la pilosité brune importante de mon père, donnant une impression de toison présente mais peu perceptible au premier regard, si tant est que la lumière du soleil ne la trahisse pas immédiatement.
J'annonce ma présence par un petit raclement de gorge, tandis que Draco émet un très léger couinement pour également se manifester. J'espère que le client n'a pas la phobie des dragons, car il risquerait bien de ne jamais s'en remettre.
- Bonjour !salué-je.Vous êtes pile à l'heure ! Un exploit que peu de gens, même locaux, parvienne à réaliser.annoncé-je sur le ton de la plaisanterie.Je vous souhaite la bienvenue à l'Amicitia Training Center. Je me présente, je m'appelle Leonis. Je suis le gérant du domaine, et je m'occuperai de votre installation.annoncé-je accompagné d'un léger sourire dévoilant ma dentition blanche. - SQUEE !? Squee-hee !grogne Draco. - Ha ha ! Désolé mon grand, j'ai failli oublié. Lui, c'est Draco, mon fidèle partenaire.révélé-je à mon client en lui caressant le museau.Je te laisse le saluer comme un grand alors ? - Squeh !*se tournant légèrement vers le blond*Sque-heh !enchaina-t-il en se tortillant légèrement sur lui-même.
Debout sur le perron à attendre qu’on vienne m’accueillir, je fredonnais. Me tournait dans la tête la ligne de basse que j’avais proposée pour la nouvelle chanson des Gamblers : un tempo mordant avec du slap, auquel mes doigts s’acclimataient encore mais qui était un vrai kiff à jouer. Je réajustai la sangle de la housse sur mon épaule avec un sourire. Quitte à ne pas avoir mon ampli avec moi, peut-être pouvais-je profiter du cadre pour répéter en extérieur ?
Un raclement de gorge se manifesta à ma gauche. Je frissonnai en me tournant vers le nouvel arrivant que, tout à ma rêverie, je n’avais pas entendu arriver.
— Bonjour !
Bon jour en effet. Le gars qui venait de me saluer était un beau gosse, immense, avec une mâchoire virile et des yeux bleus perçants qui lui donnaient un air de bad boy. Il portait une tenue de sport qui découvrait ses jolis muscles et l’éclat de sa peau moite. J’esquissai un sourire malgré moi.
— Bonjour.
— Vous êtes pile à l'heure ! Un exploit que peu de gens, même locaux, parvienne à réaliser. C’était mon chauffeur qu’il fallait féliciter, j’étais plus le genre de personne à arriver en retard qu’en avance. Je vous souhaite la bienvenue à l'Amicitia Training Center. Je me présente, je m'appelle Leonis. Je suis le gérant du domaine, et je m'occuperai de votre installation.
Le gérant ? À le regarder, je comprenais mieux la spécialisation sportive de la pension. Avant que je ne puisse moi-même me présenter, le draco qui se tenait à ses côtés protesta d’être ignoré. Je l’observai avec amusement alors qu’il me saluait à son tour.
— Enchanté vous deux, moi c’est Angelo. Je m’approchai pour serrer la main de l’un et saluer l’autre de la tête, le tout avec un sourire chaleureux. Merci de m’accueillir. C’est OK si je libère mon grenousse ?
J’attendis d’avoir la permission pour saisir la pokeball de Chance et le faire apparaître sur mon épaule. Ses yeux s’écarquillèrent devant le draco et ses pattes me parurent plus humides que d’habitude à travers ma chemise. Il faut dire que c’était l’un des pokemons les plus impressionnants qu’il lui ait été donné de rencontrer depuis que je l’avais recueilli.
— Tout va bien je t’assure, lui dis-je avec un air détendu. Puis, me tournant vers mes hôtes : Son nom est Chance. C’est pour lui que je me suis intéressé à la pension.
Chance effectua un salut prudent. Clairement, il était intimidé par la stature du draco. Je n’insistai pas et attrapai l’anse de ma valise. Il finirait par s’habituer.
— Je vous suis. Dans un élan d'enthousiasme, j’ajoutai : Je ne dis pas non à une petite visite si vous avez le temps ! C’est la première fois que je me rends dans une pension et je suis curieux de savoir comment vous procédez. Ma moue se fit un peu plus contrite. Je… débute, dans le dressage. Plus ou moins.
La réaction du jeune blond est amusant, car il semble que je l'ai surpris en pleine perdition de pensées. Il est vrai que j'ai peut-être un peu cherché l'effet désiré en ne passant pas par la porte principal, et en ne faisant pas réellement une réception de client standard, comme je devrais le faire en temps normal. Mais le petit sursaut et l'écarquillement bref des pupilles de mon interlocuteur étaient suffisants pour me faire penser que ce serait une bonne journée. Pourquoi ça ? Si cet individu avait réagi de manière négative, offusqué, à générer le scandale ou le mélodrame, alors je crois que je l'aurais sans hésité congédier sans possibilité de se racheter une conduite. Après tout, nous en sommes marge du centre-ville de Parmanie, en périphérie de tout ce qui peut faire penser à une atmosphère de faux semblants et d'étiquettes guindées.
Alors que Draco fait quelques petites manières pour absolument que je le présente, comme un enfant en somme, l'enfant qu'il est à vrai dire, je me rends compte que mon interlocuteur est en train de me dévisager de la tête au pied. En temps normal, ce genre de réaction ne me gêne pas le moins du monde, mais ce dernier avait comme qui dirait laissé trainer ses globes oculaires parfois un peu trop longtemps sur certaines latitudes visuelles. Dois-je me sentir flatter par l'insistance de l'analyse physique de mon potentiel client du jour ? Ou alors dois-je m'inquiéter de ne pas faire bonne image de ma propre identité, des fois qu'on se soit attendu à un gérant en tenue de costume complète, costard, cravatte, mocassins ou chaussures cirées et nœud papillon ? J'ose espérer que cette option n'est pas celle qui sera retenue, car il est sûr et certain que ce n'est pas le genre de la maison. A part Madame Allister, la gouvernante et réceptionniste en chef qui tient absolument à adopter un code vestimentaire à la hauteur de ses exigences.
Le petit numéro de présentation de mon fidèle Draco a eu l'air d'amuser un petit peu le nouveau venu, à en juger ses yeux soudainement devenus taquin et lumineux. Et nous allons enfin pouvoir début une amorce de dialogue, si tant est que mon convive soit de nature loquace, ou un minimum bavard.
- Enchanté vous deux, moi c'est Angelo. Merci de m'accueillir.
S'en suit une pognée de main plutôt ferme, même si je sens que ses mains sont douces et délicates, pourvues de doigts plutôt fins et souples. Sans doute que ce garçon prend très grand soin de son hygiène dermique, au point d'en avoir une peau de bébé. Quelque part, je le jalouse, moi et mes mains sèches et légèrement caleuses d'ancien sportif professionnel. Il m'envoie également un large sourire révélant une aura tout à fait solaire, bienveillante et amicale. De quoi ne pas laisser mon acolyte dragon insensible, lui qui raffole des personnalités avenantes et chaleureuses.
- C’est OK si je libère mon grenousse ? - Oh oui, pas de soucis, ce lieu est fait pour ça vous savez.
Pour une fois qu'un de mes hôtes se soucient de savoir si mon avis peut être décisif dans une telle situation. Il est vrai que la vie avec les pokémons est devenue un standard plus ou moins quotidien. Nombreux sont les dresseurs, moi y compris, qui se promènent librement et avec allégresse accompagnés de leurs pokémons à leurs côtés, à l'air libre, leur permettant une qualité de vie moins contraignante et moins ennuyeuse que s'ils étaient dans leur pokéball. Quoi que... à quoi ressemble l'intérieur d'une pokéball après tout ? Il faudrait que je mette Lana sur le coup un de ces jours.
- Tout va bien je t’assure. Son nom est Chance. C’est pour lui que je me suis intéressé à la pension. - Enchanté Chance ! J'espère que tu te plai-
Je m'interromps aussi sec car je m'aperçois que la petite grenouille de type eau semble intimidé par la présence de mon dragon. Il faut dire que même s'il est encore jeune, Draco en impose déjà de par ses dimensions reptiliennes, et son aura naturelle. J'ai encore du mal à réaliser que mon Draco est déjà aussi mature en termes de physionomie, et provoque malgré lui les réactions diverses et variées qu'un pokémon de type Dragon peut susciter. Je comprends malgré tout la position du Grenousse d'Angelo. Le blond, lui, fait comme si de rien n'était, agrippe la poignée de sa valise et commence à s'activer
- Je vous suis.annonce-t-il.Je ne dis pas non à une petite visite si vous avez le temps ! C’est la première fois que je me rends dans une pension et je suis curieux de savoir comment vous procédez.ajoute-t-il en faisant une moue légèrement gênée.Je… débute, dans le dressage. Plus ou moins. - A qui le dites-vous ! réagis-je. On ne dirait peut-être pas comme ça, mais j'ai moi-même commencé il n'y a que très peu de temps. Tenez, regardez.
Je tendis mon smartphone ainsi que mon pokédex, pour montrer à Angelo de plus près la date d'enregistrement de Draco, à l'époque où il n'était qu'un Minidraco. Je devais certainement sentir la transpiration, mélangée à mon parfum-déodorant du matin. Pourvu qu'Angelo ne soit pas rebuté par ce spectacle olfactif désobligeant. Elle affichait le quinze du mois de janvier de cette année. Pas de quoi se pavaner, mais simplement pour montrer qu'il n'y a pas de temporalité à avoir pour pouvoir se considérer comme un vrai dresseur. Seul notre apprentissage de la fonction se fait à travers le temps et les expériences, et peu importe la durée que cela peut prendre, on commence tous de zéro.
Sur ces entrefaites, je fais signe à Draco - d'un léger sifflement puis d'un signe de demi-tour avec mon index que je cache dans mon dos pour ne pas exposer ma manœuvre à la vue de mon hôte - d'aller s'occuper d'aider Merenui et Abel dans leurs quartiers, afin d'y rejoindre le reste de mes compagnons. Tous sauf un cela dit. J'avais encore une pokéball avec moi, au cas où justement il fallait que je fasse appel à un autre compagnon, d'une nature moins intimidante. Je ne sais pas si Angelo fera cas de cette décision, mais au cas où, je lui adresse ces quelques mots.
- Pas d'inquiétude, il est juste parti vaquer à d'autres occupations. Lui aussi a du pain sur la planche en ce moment.admets-je.Mais laissez-moi vous présenter Kumiho, elle s'entendra, je pense, à merveille avec Chance.
Je fais alors fuser quelques lumières rougeoyantes de ma pokéball, pour en laisser sortir ma petite créature de feu, Kumiho, ma Goupix rencontrée sur le chemin vers Lavanville. Ma renarde pousse un léger bâillement comme pour signifier que je viens de la réveiller de sa grasse matinée. Mais très vite, elle fait une légère courbette auprès d'Angelo et de Chance, en signe de respect et d'amitié pour les deux convives du jour.
Pour ma part, je devance Angelo, et je commence à lui faire signe de me suivre, pour commencer le petit tour du propriétaire, à commencer par les extérieurs en direction de la maisonnette qui lui sera attitrée. C'est l'occasion rêver de lui faire admirer le paysage de plaine en bordure de zone sylvestre. De la verdure naturelle, presque inaltérée par l'Homme. Un relief légèrement vallonnée, mais très représentatif de Parmanie. On peut y entendre les oiseaux siffloter avec légèreté et mélodie. On peut y sentir une légère brise teintée d'un parfum de pinède et de résine environnante. La pelouse est encore légèrement humide de la rosée du matin qui parfois, mettait du temps à s'évaporer dans l'air. Moi-même je m'étonne encore de la chance que j'ai de pouvoir évoluer dans un environnement aussi calme et naturel que celui-ci.
- Le terrain fait office de parties communes entre la pension et les chambres d'hôte.annoncé-je.Il n'y a pas réellement de limites au territoire qui dépend de la structure, mais il est toujours sage de ne pas s'aventurer trop loin dans la forêt que vous voyez là-bas.montré-je du doigt.Chacun des emplacements est orienté de sorte à ce que vous puissiez profiter du soleil et de ses rayons une bonne partie de la journée, tout en bénéficiant d'une soirée plus douce et plus fraiche avec le soleil dans votre dos.
Sans le vouloir, j'expose de nouveau mes bras dénudés pour accompagner de mouvements les différentes parties de mon discours. J'imagine déjà la scène qui se profile à côté moi. Je tends le bâton pour me faire battre je crois.
— A qui le dites-vous ! s’exclama-t-il quand j’avouai être encore un dresseur novice. On ne dirait peut-être pas comme ça, mais j'ai moi-même commencé il n'y a que très peu de temps. Tenez, regardez.
Il s’approcha pour me montrer son téléphone et son pokedex. Trois réflexions émergèrent en simultané : j’aurais été incapable de lui rendre la pareille car mon pokedex était oublié au fond d’un tiroir ; il avait peu de notion d’espace intime et devait donc être très à l’aise avec les inconnus ; il sentait la sueur et c’était un peu incommodant. Je ne réagis pas à ce dernier point et me penchai avec intérêt sur ce qu’il me montrait. La date d’obtention de son starter remontait seulement au début de l’année. OK. Donc en moins d’un an, le gars avait fait évoluer un minidraco, une espèce connue pour être lente à entraîner, et avait obtenu une reconnaissance suffisante dans le milieu de la coordination pour obtenir la licence d’éleveur. Qu’est-ce que j’avais fait moi, depuis trois ans que j’avais mon permis de dresseur ? Rien. Absolument que dalle. Mon starter n’avait pas évolué, alors que les grenousses étaient donnés aux dresseurs débutants précisément parce qu’ils étaient faciles à faire progresser, et je n’avais pas non plus poussé la porte de la moindre arène. Je savais que je ne prenais pas mon désir de devenir dresseur pro assez au sérieux, mais je mesurai à cet instant à quel point j’étais complètement à côté de la plaque.
— Aaaah, soufflai-je, trop troublé pour être éloquent. Devais-je le féliciter pour son ascension rapide ? Peut-être que c’était lui qui était un prodige, et pas seulement moi qui étais naze ? Impressionnant.
Je jetai un regard de biais à Chance, qui oeillait toujours le draco avec méfiance. Il aurait sans doute plus confiance en lui si je l’aidais à devenir fort. Une pointe de culpabilité me piqua au cœur et je gratouillai sa tête un instant. Il répondit à ce geste d’affection soudain par une petite bulle interrogative ; lui n’avait pas l’air de m’en vouloir pour mon laxisme, au moins.
— Pas d'inquiétude, il est juste parti vaquer à d'autres occupations. Je me tournai vers mon hôte en relevant les sourcils. De quoi parlait-il au juste ? Ah, il semblerait que j’avais manqué le départ du draco. Mais laissez-moi vous présenter Kumiho, elle s'entendra, je pense, à merveille avec Chance.
Il libéra alors une jolie goupix qui nous gratifia d’une gracieuse révérence. Chance lui répondit par un croassement intrigué et je l’invitai à descendre de mon épaule. Leonis avait vu juste : ce petit pokemon mettait le mien bien plus à l’aise. Il était déjà en train de s’approcher sans crainte pour observer cette espèce qu’il ne connaissait pas.
— Bonjour Kumiho, dis-je à la concernée, puis j’adressai un sourire à son dresseur : Merci pour lui. Il aurait fini par s’y habituer mais ça aurait peut-être pris un peu de temps.
Leonis m’invita à le suivre dans le domaine et je m’exécutai, traînant ma valise cabine sur la pelouse avec la housse de ma basse sur l’épaule. Sur le chemin qui nous conduisait à la petite maison où je logerai, je m’imprégnai de l’odeur de conifère et d’herbe mouillée et embrassai du regard les collines environnantes. Décidément, il fallait que j’arrive à convaincre les autres de faire une virée à la campagne un week-end prochain, je me sentais inspiré du simple fait d’être ici.
— Le terrain fait office de parties communes entre la pension et les chambres d'hôte, expliqua Leonis. Il n'y a pas réellement de limites au territoire qui dépend de la structure, mais il est toujours sage de ne pas s'aventurer trop loin dans la forêt que vous voyez là-bas. Chacun des emplacements est orienté de sorte à ce que vous puissiez profiter du soleil et de ses rayons une bonne partie de la journée, tout en bénéficiant d’une soirée plus douce et plus fraiche avec le soleil dans votre dos.
Il accompagnait ses paroles de moult mouvements de bras. Serait-ce qu’il cherchait à flexer ses biceps ? L’attention qu’il portait à ma réaction m’amenait à le croire. S’il voulait un regard appréciateur, ma foi, je n’allais pas me gêner pour le lui donner.
— Si vous me dites de me méfier de la forêt c’est parce que vous avez des pokemons sauvages puissants dans le coin ? demandai-je alors que nous arrivions devant la maisonnette. Je ne connais pas vraiment la faune de Kantô.
Leonis répondit tout en ouvrant la porte. Si l’extérieur de la bâtisse évoquait plutôt un chalet, l’intérieur s’ancrait dans un style moderne et chaleureux. Je remarquai rapidement une thématique musicale dans la décoration : des disques vinyles au mur, une statuette de jazzman sur la table basse et… Abandonnant ma valise en chemin, je m’approchai pour constater que oui, en effet, il y avait bien de la mousse acoustique sur un pan de mur, près d’un fauteuil qui était parfait pour se poser avec une gratte à la main.
— Oh wow. Je me tournai vers Leonis avec un grand sourire. Vous accueillez souvent des musiciens ? C’est ultra rare de trouver un endroit où crécher qui est pensé pour qu’on puisse jouer sans déranger. Si j’avais su je serais venu avec mon ampli ! Ça fait un lieu de retraite sympa pour composer… Peut-être une idée à suggérer aux autres, pour se ressourcer après le 21 juin ?
Je posai ma basse contre le fauteuil, ravi de cette découverte.
— Je n’ai fait que dire en passant que j’étais musicien, mais je vois que cela a été entendu. J’adressai un clin d’oeil à Leonis. Vous tenez vraiment à marquer des points avec moi, hein ?
Le sourire non dissimulé d'Angelo me laisse porter à croire que mon flex non calculé n'était pas passé inaperçu, au contraire. Le jeune blond semblait plus enclin cela dit en connaitre plus sur les détails de la pension, de son terrain et de tout ce que l'on pouvait y faire. Ce que je peux comprendre, quand on débarque dans un endroit totalement inconnu jusqu'à très récemment, tout juste référencé sur les cartes du Kantô, on aime quand même s'assurer que les lieux sont sécurisés, contrôlés sur leur superficie et leur activité, avec zéro risque d'épisode dramatique à l'horizon. On ne dirait pas comme ça, mais grâce à un stage en accéléré dans l'entreprise de mon père, la Cycling Road Company, j'ai pu me faire une idée rapide de tous les paramètres à prendre en compte lors d'un démarrage d’activité et une initiation à une exploitation quelle qu'elle soit.
- Si vous me dites de me méfier de la forêt c’est parce que vous avez des pokémons sauvages puissants dans le coin ? Je ne connais pas vraiment la faune de Kantô.demande-t-il une fois arrivés devant la maisonnette. - Oh, ce n'est pas tant que les pokémons sauvages à proximité sont à surveiller, mais c'est aussi un coin assez vierge de civilisation et d'infrastructures humaines, je suis le premier à m'aventurer dans ces terres primaires avec une exploitation somme toute modeste et peu industrialisée, et le chargé de l'urbanisme de Pamanie m'a fait un rappel éclair de l'importance de la préservation de l'écosystème environnant.révélé-je.
J’entrouvre alors la porte de la petite maison spécialement apprêtée pour l'arrivée d'Angelo. En réalité, cet espèce de chalet - en hybridation avec un studio tout à fait classique - possède une spécificité architecturale qui ne s'apprécie qu'une fois à l'intérieur. Les murs sont peints dans des couleurs plutôt pastel, chaudes mais subtiles, rien de trop éclatant à l’œil ni de trop exubérant, comme par exemple quelques frises murales dans les tons de caramel dilué. La charpente encore apparente au niveau des poutres de l'espace mansardé du haut, laisse penser que le traitement des matériaux - sans s'enticher de l'hypocrisie des promoteurs immobiliers sur les bienfaits d'un espace flambant neuf à la pointe de la technologie des manufactures industrielles - a été l'un des points d'orgue de la construction des diverses habitations temporaires des lieux.
Mais pour ce chalet-ci, mon équipe s'est dépassée, et a répondu bien plus que prévu aux attentes que j'en avais de cet appartement : la thématique musicale a été respectée à la lettre, et remplit à peu près tous les critères de l'artiste qui vient d'entrer dans le foyer, l'air étonné et le sourire presque bête. Des disques vinyles disposés à même certains pans de mur pour faire une décoration chic et originale, une statuette de jazzman sur une table basse pour un rappel subtil d'un style musical qui parle à quasiment toute ma génération, et surtout celle de mes parents ; bien évidemment, un piano à queue ainsi qu'un petit rack de guitares - acoustiques ou électriques - ont été rajoutés vers la partie latérale de ce qui constituait le salon principal de la petite bâtisse aux dimensions généreuses pour son appellation ; et la cerise sur le gâteau, la présence d'une mousse acoustique sur quelques autres pans de mur, au-dessus d'un fauteuil confortable et entièrement artisanale dan sa fabrication, afin de pouvoir laisser la possibilité au musicien - qu'il soit chanteur ou purement mélomane - de s'exercer à son art sans risque de devoir être dérangé par d'éventuels voisins de maisons venus passés un moment de retraite culturelle et sociétale paisible.
- Oh wow.s'exalte de joie Angelo en se retournant, le sourire jusqu'aux oreilles.Vous accueillez souvent des musiciens ? C’est ultra rare de trouver un endroit où crécher qui est pensé pour qu’on puisse jouer sans déranger. Si j’avais su je serais venu avec mon ampli ! Ça fait un lieu de retraite sympa pour composer… - Nous n'accueillons pas que des musiciens, mais disons que nous sommes prêts à nous plier à la moindre des exigences pour nos convives.réponds-je.La preuve en est des quelques guitares mises à votre disposition et de ce magnifique piano de salon.pointé-je du doigt pour rappeler la prouesse de goût de mes associés.
- Je n’ai fait que dire en passant que j’étais musicien, mais je vois que cela a été entendu.me confie-t-il avec un clin d’œil taquin.Vous tenez vraiment à marquer des points avec moi, hein ? - Il est vrai que j'ai à cœur de pouvoir proposer le meilleur de mes efforts et de mon travail à mes clients.rétorqué-je.Ce n'est pas tous les jours que l'on est sollicité pour recevoir une référence dans le domaine musical, et j'ai pensé que ça pourrait également nous faire une bonne presse si le séjour du, je l'espère, futurement célèbre musicien Angelo Lombardi se passe à merveille.poursuis-je en rigolant légèrement, avant de révéler cette prochaine information.Et puis, il y avait de quoi être renseigné sur le sujet, car de ce qu'a pu m'en dire votre impresario au téléphone... Monsieur Marchais c'est bien ça ?
Je ne sais pas si vendre la mèche sur celui qui a bien voulu me donner les renseignements dont j'avais eu besoin pour faire de l'arrivée d'Angelo la plus mémorable qu'il soit, mais j'attendais que cette information pique la curiosité du blond. Il n'a pas l'air insensible à mon aura, et il se pourrait bien que je puisse m'en tirer avec une bonne appréciation de fin de séjour si je joue à fond le jeu de l'hôte qui se plie en quatre pour ses convives, comme j'ai déjà appris à le faire lors de mes quelques courtes années de coach sportif personnel. Reste à savoir maintenant si ma rhétorique fait mouche auprès du jeune musicien, qui venait tout juste de déposer sa basse contre le fauteuil en signe de prises de marques pour se sentir plus à l'aide, à en juger le subtil mais néanmoins révélateur relâchement de la tension dans ses épaules.
— Nous n'accueillons pas que des musiciens, mais disons que nous sommes prêts à nous plier à la moindre des exigences pour nos convives. Eh beh. L’Amicitia Training Center était avant tout promu en tant que pension pokémon, je ne m’attendais certainement pas à un tel niveau pour la partie hébergement. Quelle bonne surprise. La preuve en est des quelques guitares mises à votre disposition et de ce magnifique piano de salon.
Je suivis son doigt du regard et — ah ouais quand même. Dans un coin que je n’avais pas observé en entrant se trouvaient en effet plusieurs styles de guitare (deux classiques, une pour droitier et une pour gaucher, et une folk) ainsi qu’un grand piano. Si Leonis n’avait pas été là, je me serais empressé de les approcher pour gratter quelques cordes et tapoter des touches ; même si j’adorais jouer de la basse, je n’oubliais pas mes premiers amours. Je fis remarquer à Leonis que je n’avais pas spécialement insisté sur le fait que j’étais musicien, ce qui rendait d’autant plus impressionnant les efforts déployés pour me plaire. A vrai dire, c’en était presque suspect. Est-ce que c’était mon nom de famille qui m’avait valu un tel traitement de faveur ? Hors de Kalos le nom Lombardi n’évoquait pas grand-chose, mais je me méfiais de la renommée dont ma mère jouissait sur le net. Le début de la réponse de Leonis accentua mes doutes et je serrai la mâchoire face à ses flatteries. Est-ce qu’il plaisantait ? Son ton semblait dire que oui, mais ses paroles ressemblaient trop aux discours intéressés qu’avant j’avais la naïveté de prendre pour moi. Je ne réagis à son rire que par un Hum neutre, jaugeant encore s’il y avait une arrière-pensée dans la sympathie de mon hôte, lorsqu’il évoqua soudain mon soi-disant impresario qui s’appellerait Marchais. Je fronçai les sourcils, confus.
— De qui est-ce que vous… Puis ça fit tilt. Ah ! Andrew Marchais ? Il vous a appelé ?
Bizarre, mais pas illogique. C’était moi qui avais sélectionné la pension et réservé, mais Andrew avait peut-être eu une question comptable à régler. Qu’il en ait profité pour déblatérer sur mes goûts était un peu étonnant, sauf si Leonis l’avait interrogé à ce sujet. Dans tous les cas l’information me détendit, au point qu’un sourire amusé me revienne aux lèvres.
— Je suis désolé s’il vous a vendu que vous accueilliez une étoile montante de la musique, c’est n’importe quoi. Je joue dans un groupe mais on est des anonymes complets, du style qui jouent dans les bars et doivent taper du poing pour être payés. Je m’adossai contre le fauteuil. En vrai je suis barman dans une boite de nuit et Monsieur Marchais est mon boss. Il kiffe ce qu’on fait et parle beaucoup de nous autour de lui, c’est peut-être pour ça qu’il s’est présenté comme impresario !
Avait-il directement mentionné les Gamblers devant Leonis ? Si oui, mon hôte avait-il eu la curiosité d’écouter ce que nous avions mis en ligne sur Youtube et Spotify ? Peut-être que c’était pour cela qu’il m’avait flatté ainsi : c’était un nouveau fan ! L’idée était aussi ridicule qu’improbable, mais elle m’amusait.
— En tout cas je suis impressionné par ce que vous avez fait de cet endroit, repris-je en embrassant l’espace du regard. Si vous mettez la même application dans la personnalisation des habitations que dans l'entraînement des pokémons, je pense que Chance est entre de bonnes mains !
Le grenousse, qui jusque-là avait exploré la pièce de son côté, revint en quelques bonds se placer sur mon épaule. Son regard luisait d’inquiétude.
— Hum, c’est vrai que nous n’en avons pas encore vraiment parlé… J’avais choisi d’être hébergé dans une pension pour cela, mais maintenant qu’il s’agissait d’avouer mes faiblesses en tant que dresseur j’hésitais. Je grattai la tête de Chance sans oser regarder Leonis. Je ne sais pas si c’est quelque chose qui se fait, mais est-ce que cela vous dérange si j’assiste à une séance d’entrainement ? Je voudrais bien voir... comment vous faites.
Le jeune homme semble surpris qu'un tel coup de téléphone ait pu avoir lieu entre son impresario et moi-même. Son identité est-elle si secrète que même une divulgation par appel téléphonique peut constituer une infraction à son code déontologique de musicien en voie de franchir les sommets de la popularité ? Pourtant, je ne le connais pas du tout, même mes quelques simulacres de recherches sur l'internet ne m'ont pas appris grand chose ; ou alors, je n'ai pas cherché au bon endroit, et ce serait même plus que probable. Mais dans le doute, je préfère annoncer la couleur des évènements, à savoir que je joue sur la franchise, la transparence et la volonté de ne rien laisser au hasard.
Mais au moment où j'annonce l'identité de la fameuse personne à l'autre bout du combiné, Angelo prend un air soudainement pensif. Ai-je dit quelque chose qui ne fallait surtout pas ? Ne dois-je pas non plus prononcer le nom de son agent ? J'ai l'impression de mettre volontairement les pieds dans le plat, sous couvert d'une conduite irréprochablement respectueuse de ma part. Mais la réponse du blond vient me rassurer : il m'assure que cette personne est en réalité son patron, qu'il travaille dans une boite de nuit, un lieu très fréquenté par les musiciens et autres aficionados des rythmes endiablés et de l'alcool à foison. Par la suite, en s'adossant contre l'un des fauteuils de la pièce, il m'avise aussi que si je m'attendais à avoir une petite starlette au sein de sa pension, c'était raté, lui qui ne fait en fait partie que d'un petit groupe indépendant et anonyme, ne comptant comme popularité l'importance d'un pourboire qui parfois refusait de venir de lui-même.
Suis-je déçu de cette révélation ? Aucunement. Le monde de la musique est assez éloigné de mon répertoire de connaissances, et à part les retransmissions radiophoniques, je ne suis pas un fervent intéressé de la musique indépendante. Oui, je l'avoue, je suis plutôt du genre à écouter les chansons de l'été, les musiques à gros potentiel commercial, et les tubes interplanétaires des plus connus des artistes, masculins comme féminin. Suis-je surpris par cette révélation ? Eh bien, à vrai dire, non plus. Je savais que quelqu'un de plutôt entier et d'inspiré venait sur ma structure, mais je me doutais pas d'avoir en face de moi un petit bonhomme plein de mystère et de retenue. Mais avant même que je ne puisse lui demander plus de renseignements sur sa carrière musicale, il change de sujet.
Cette fois-ci, c'est la qualité de mon implication dans la décoration qu'il complimente et apprécie. Si j'en crois ses impressions, il s'attend à voir autant de performance dans les programmes d'entrainements que dans le souci du détail des mises en places et des montages des maisons d'hôte.
- Il n'y a aucun mérite personnel là-dedans. tenté-je de dire avec modestie. Nous prenons soin de répondre aux attentes de tous nos clients, qu'ils soient de passage pour une retraite au calme, ou pour faire bénéficier de nos programmes à leurs compagnons. Alors, si nous pouvons également marquer des points sur la décoration, et la création d'un environnement familier et rassurant pour chacun de nos pensionnaires... ce n'est que du bonus pour nous ! ajouté-je.
La réaction d'Angelo ne se fait pas attendre, car il embraye directement sur le sujet des entrainements et de mon travail en tant qu'éleveur de Pokémons. Et quand bien même sa demande soit à peine audible, timide voire timorée, je me rends compte qu'il aimerait bien pouvoir assister à une démonstration d'un entrainement type que je pourrais avoir concocté pour un pensionnaire Pokémon. C'est une chose à laquelle je n'ai pas encore pensé auparavant, de donner un aperçu de mes programmes, afin de faire réfléchir le client, et éventuellement l'impliquer davantage dans le choix d'une prestation. Je vais tenter ma chance auprès du blond musicien, et exploiter cette opportunité de développer mes capacités d'administrateur de la pension, et montrer une partie de mon talent d'ancien coach sportif personnel.
- Ça serait avec plaisir !réagis-je avec un large sourire.Il va de soi qu'un client avisé se doit d'être sûr des prestations qu'on lui propose. Je vous comprends totalement, et je vais de ce pas préparer le terrain pour une séance d'entrainement de consolidation d'une technique particulière.lui annoncé-je.Je ne vous en dis pas plus, je m'en remettrai à vos observations de dresseur, mais aussi à celles de l'artiste également.le taquiné-je.Je vous laisse vous poser quelques minutes dans cette modeste demeure temporaire, et vous attend avec mes deux compagnons sur le terrain d'entrainement dans le champ qui se trouve juste en face d'ici.l'intimé-je.A tout de suite !
Sur ces dernières paroles, je fais signe à Simargl, mon Caninos, de me suivre afin de laisser angelo s'installer tranquillement et confortablement. Rien de tel qu'un peu d'intimité pour commencer à prendre ses marques. Et puis, en acceptant cette démonstration, je dois également me débloquer un peu de temps pour faire les préparatifs, et m'assurer que tout se passe pour le mieux. Il s'agit d'un moment important pour mon partenaire canin, et pour mon autre partenaire du règne des canidés, ma mignonne mais espiègle Kumiho, ma Goupix. Je prends la direction de la porte de l'entrée, l'ouvre avec une normalité effarante, puis m'aventure vers l'extérieur. Je prends aussitôt la direction qui se trouve en face de moi, un champ fraichement tondu, appartenant au domaine. En son centre, un cercle de quelques mètres de diamètre, légèrement plus sec que le reste de la verdure environnante : c'est là que Simargl et Kumiho se donneront en spectacle devant Angelo, pour apprendre leur très célèbre technique signature, la Flammèche. J'entame alors ma marche vers le centre du terrain, libère ma renarde de sa pokéball, qui s'empresse de me tourner autour des mollets en signe d'excitation et de bonheur.
Je la sens bien cette petite séance improvisée. Si avec ça Angelo ne confirme pas son séjour parmi nous, alors je penserai sérieusement à remettre en question toute ma pratique professionnelle...
Une partie de moi craignait que Leonis ne trouve ma requête bizarre, voire intrusive ; elle fut aussitôt rassurée par son sourire franc.
— Ça serait avec plaisir ! Il va de soi qu'un client avisé se doit d'être sûr des prestations qu'on lui propose. Ah ? Je n’avais même pas songé qu’il puisse interpréter ma demande comme ça. Comme c’était plus facile de passer pour un client exigeant que d’assumer quémander un cours en dressage, je ne le corrigeai pas. Je vous comprends totalement, et je vais de ce pas préparer le terrain pour une séance d'entrainement de consolidation d'une technique particulière.
— Tout de suite ? m’étonnai-je.
C’était un peu soudain, mais ma foi je n’allais pas m’en plaindre. J’étais vraiment trop curieux de voir un professionnel en action. Il m’invita à m’approprier les lieux le temps de préparer le terrain d’entrainement. Je n’avais pas besoin qu’on me le dise deux fois : à peine eut-il quitté la maisonnette avec son pokémon que je me dirigeai tout droit vers le piano. Il s’agissait d’un électronique, étonnamment d’une assez bonne marque. Comment Leonis s’était-il procuré ces instruments ? Le piano et les guitares coûtaient un salaire à eux tout seul. Peut-être était-il un ancien musicien, qui réexploitait ses vieux instruments plutôt que de les laisser prendre la poussière ? Je caressai les touches. Assez similaires au toucher velouteux du piano à demi-queue sur lequel je m’exerçais enfant. Le début d’une mélodie classique se joua toute seule sous mes doigts et j’esquissai un petit sourire. Je savais déjà à quoi j’allais passer mon après-midi en attendant l’heure de rejoindre le Glam. Mais avant cela, j’avais une démonstration de dressage pokémon à laquelle assister. Je fis un détour par le rack de guitares pour jeter un œil aux marques (et pincer une corde ou deux, j’avoue) puis quittai la maison avec Chance sur l’épaule. Il gardait les lèvres serrées.
— C’est un professionnel, tu n’as pas à t’en faire, tentai-je de le rassurer alors que je m’avançai vers le cercle d’herbe coupée où se trouvaient l’éleveur et ses deux pokémons feu. Regarde, ils ont l’air super excités de commencer.
C’était aussi le cas de Chance, les premières semaines qui avaient suivi son adoption. Puis son enthousiasme s’était tari, sans doute au profit d’une frustration grandissante alors que nos tentatives d’entrainement ne menaient pas à grand-chose. Je le comprenais, car j’avais ressenti la même chose — la honte en plus. Je m’arrêtai à la lisière du cercle et tendis le bras vers le sol. Chance refusa de descendre.
— Comme tu veux. Je cachai ma nervosité en jetant un sourire à Leonis. On est prêt. Si ça ne vous dérange pas, ce serait possible que vous expliquiez ce que vous faites en même temps ? Ça me parait… intéressant !
Instructif était le mot auquel je pensais.
— C’est quoi votre objectif là ?
HRP:
Paiement de 700P$ en échange de l'apprentissage de surf, cascade, force et éclate-roc à grenousse. Merci o/
A peine suis-je à proximité de ce fameux cercle d'herbe légèrement plus fraichement tondu que le reste, et plus à ras qui plus est, que je suis tout de suite happé par un son. Je regarde mes deux compagnons, et ni l'un ni l'autre ne semble comprendre ce dont il s'agit, car aucun des deux ni moi-même n'avons laisser échapper ne serait-ce qu'un seul son de nos bouches. Puis le son recommence à se propager dans les airs, tournant autour de nous comme un ennemi invisible, nous ayant choisis pour cible. Si cela devait être une compétence provenant d'un ennemi entré illégalement sur le domaine, ou d'un Pokémon sauvage se trouvant beaucoup trop près de l'une des orées de forêt, au moins, le ou la responsable de ce son avait le bon goût de choisir une tonalité plutôt douce et calme.
Le son continue pendant encore quelques secondes, et cette fois, j'ai assez de temps pour comprendre la source d'émission de cette fréquence mélodieuse : la maisonnette où je viens d'installer Angelo. Je me rappelle immédiatement sa condition et sa fonction première de musicien. Je suis étonné car je le pensais guitariste, mais comme tout bon artiste possède plusieurs cordes à son arc, le blondinet semble posséder plusieurs domaines de prédilection en termes d'instruments de musique. Je comprends alors que c'est lui qui joue ce petit air mélodieux et classique dans sa sonorité. Un son qui lui ressemble, pour le peu que j'ai pu en observer de sa personnalité. Il ne m'est pas apparu comme hâtif, excité, ni même nerveux. Plutôt comme un jeune homme tout à fait calme, pondéré, avec une ferme idée d'où il doit aller, et ce qu'il doit faire pour arriver à destination.
Je profite de ce petit moment de calme pour me poser au sol, en compagnie de Simargl et Kumiho qui, eux aussi, semblent apprécier cette petite mélodie qui les apaise aussitôt. Ils sont adorables, je les adore. Ils sont vraiment l'égal du règne du canidé standard, mais en version de réalité augmenté avec un type feu tout à fait étonnant. Un nouveau bruit vient alors nous extirper de ce moment de volupté et de tendresse ambiante : c'était la porte de la maison d'hôte qui nous faisait face, celle où Angelo séjournerai pendant un temps. Il la fait claquer derrière lui, puis entame une petite marche décontractée vers notre localisation.
Son Pokémon est sur son épaule, un Grenousse tout à fait charmant, bien qu'un poil timide à mon goût. Mais heureusement pour eux deux, ils n'auraient absolument rien à faire, ni à se mettre en difficulté, j'allais leur faire une démonstration de mon propre cru. Angelo nous fait comprendre que lui et Chance, son partenaire batracien, sont prêts à contempler une démonstration de ce que je proposer lors d'une séance type d'entrainements à la pension. D'ailleurs, le blondinet ne perd pas une seconde, et me demande déjà quel serait mon objectif pour cet aperçu. Je me suis attendu à ce genre de questionnement, mais je ne m'attendais pas à ce qu'il aborde ce point avec autant de naturel et d'entrain.
- L'objectif est de vous montrer, à vous et votre partenaire, par quel type d'entrainement l'on passe pour pouvoir parfaire la maitrise d'une capacité propre à son type élémentaire. commencé-je à expliquer. En l’occurrence, Simargl et Kumiho viennent tout juste d'atteindre la maturité énergétique nécessaire pour s'exercer sur leur compétence Flammèche. révèlé-je. Je vais donc commencer par un petit échauffement, et ensuite, un tout petit exercice pour renforcer le contrôle et la vitesse d'exécution de cette attaque.
Mon véritable objectif ? L'utilisation de quelques projectiles en papier renforcé, ressemblant trait pour trait aux shurikens et aux kunaïs que Koga utilisent lors de ses propres entrainements aux abords de l'arène de Parmanie. Comment en avais-je obtenu les plans ? Tout simplement car le champion lui-même avait accepté de faire un partenariat d'entrainement avec la pension, et que l'on s'autorisait mutuellement à venir exploiter le terrain et nos méthodes, afin de se renforcer mutuellement en termes de compétences, de formations des dresseurs d'arènes, et aussi, pour permettre de développer de nouvelles capacités à presque huis clos.
- Si vous me le permettez...
Par ces quelques mots, je me rapproche du centre du cercle herbu, et j'invite Simargl, mon Caninos, et Kumiho, ma Goupix, à me faire face chacun dans une moitié de cercle, dos à Angelo. Le premier exercice était un exercice d'étirement classique, visant à assouplir le corps, le chauffer graduellement, et profiter d'un enchainement de position dorsale tantôt courbe tantôt creuse, afin de jouer sur la libération et la tension des organes permettant l'utilisation du souffle et de la respiration en général. Ensuite, je leur donne l'indication d'inspirer autant d'air qu'ils le peuvent, et au moment d'un claquement de doigt, de retenir et de maintenir une apnée de quelques secondes, afin de créer dans leur bouche, un début de création de flammes.
L'enchainement est évident pour Simargl, mais Kumiho semble laisser s'échapper quelques filets d'air enflammés, trahissant un léger stress de devoir tout garder en elle. Je leur fait signe d'expirer et de laisser la chaleur des flammes qu'ils viennent d'éteindre dans leurs joues s'estomper. Je fais un clin d'oeil en direction de Kumiho, et lui fait un petit signe de vague, pour lui rappeler de se détendre et de se laisser aller au son de ma voix, qui fluctue comme une vague d'énergie censée lui donner confiance. animée de quelques petites étoiles dans son regard de renarde, je réitère l'enchainement, et cette fois, tout se passe à merveille. Simargl et Kumiho parvienne à contrôler la chaleur des flammes qu'il génère naturellement, et surtout, à s'adapter à la soudaine montée en température internet.
- Bien ! Simargl. Kumiho. Même exercice qu'hier. On se concentre. On reste à l'affût. On maitrise la trajectoire, et on voit droit au but. Prêts ?
- Warf ! Hhhiiihhh !répondirent les deux canidés avec une excitation toute particulière. - Parfait. En position !
Les deux Pokémons se mettent sur leurs quatre pattes, en position d'attaque, me faisant face comme des chiens de garde devant un malfrat s'introduisant sur le domaine en toute illégalité. Moi, j'ai les mains dans les poches arrières de mon pantalon, non pas pour me la couler douce, mais bien pour mettre la main sur mes quelques outils d'entrainement prévus pour l'occasion.
- EN JOUE !
Caninos puis Goupix commencent à inspirer tout l'air qu'ils le peuvent, pour venir ensuite le capturer et le coincer à l'intérieur de leurs joues, qui commencent à s'illuminer des flammes que l'on imagine se former en leur sein.
- EEEEEEEE~ET... HA !vocifèré-je en lançant de depuis l'arrière de mes poches, deux shurikens de papier renforcé, avec une vitesse et une trajectoire imprévisible.
Les deux Pokémons feu ne me laisse pas plus de deux secondes pour réaliser qu'ils sont tellement concentrés, qu'ils ont tous les deux déchargé en même temps leur attaque enflammée en direction des fleurs de papiers ressemblants à de vraies armes ninja, les brûlant presque instantanément au passage de ses deux trainées de feu. Comme un sniper aurait fait feu dans la microseconde qui suit la confirmation d'une fenêtre de tir, Simargl et Kumiho viennent de montrer à Angelo tout le fruit de leur dur labeur concernant l'apprentissage de cette technique. J'espère sincèrement ne pas avoir trop effrayé son Grenousse, et qu'il serait envisageable d'éventuellement tenter de faire la même chose, mais en sollicitant son type de l'eau, plutôt que de lui demander de réitérer des flammes qu'il n'est pas capable de générer.
- Voilà où nous en sommes, Simargl, Kumiho et moi.annoncé-je, les deux bras tendus vers les positions respectives de mes deux compagnons.On travaille la précision et le potentiel abrasif de leur flamme.
1370 mots
Prestation réservée / Bilan de la prestation
⇄ Réception du paiement et apprentissage terminé (www) deGrenousse qui apprend les CSForce, Surf, Cascade & Éclate-Roc.
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