Cela faisait plusieurs jours que Luna était rentrée du fiasco de la fête des fleurs. Elle avait eu Florent au téléphone peu après qu'elle fut rentrée à Kanto. Certainement le propriétaire de l'hôtel qui l'avait prévenu qu'elle était repartie quelques heures à peine après être arrivée. Ça ne pouvait être que ça, sinon comment aurait-il su ? Et surtout, si vite ?
Le jeune homme l'avait appelée tandis qu'il était toujours malade alors la conversation, qui s'était rapidement transformée en dispute, avait eu un petit côté comique. Mais Luna, trop remontée, n'avait pas eu l'humeur à rigoler. Elle était en colère et remontée contre son correspondant et le lui avait bien fait comprendre. Depuis, c'était silence radio. Ni l'un ni l'autre n'avait repris contact avec l'autre, que ce soit par appel ou par SMS. De toute façon, même si la jeune femme s'était un peu calmée, ce ne serait pas elle qui ferait le premier pas. C'était hors de question. C'était à lui de revenir vers la demoiselle, et pas l'inverse. Même si elle ressentait un manque à ne plus avoir de ses nouvelles, elle tiendrait le coup. C'était lui qui lui avait fait un sale coup du départ, c'était à lui de venir s'excuser en premier. Nah.
C'est un matin que Luna eut l'agréable surprise de trouver, au réveil, un SMS de la part du beau blond.
Florent
Bonjour Luna. Je suis désolé pour le sale coup que je t'ai joué à la fête de Floraville. J'avais envie que tu en profites même si je ne venais pas. J'aurais dû te prévenir plus tôt et ne pas te forcer à y aller. Tu as raison. J'ai une idée pour me faire pardonner. J'ai pris une semaine de vacances alors rappelle-moi quand tu peux. Je suis dispo toute la journée. Florent.
Aujourd'hui à 08:02
La lecture du SMS fut plaisir à la demoiselle. Elle avait gagné. C'était lui qui venait de faire le premier pas.
Le ranger avait envoyé le texto il y avait près de trois quarts d'heure, mais Luna se força à patienter avant de l'appeler. Le faire patienter un peu plus était comme une sorte de petite vengeance supplémentaire, parce qu'il avait mis plusieurs jours à lui écrire ce SMS. Pour ajouter une petite touche supplémentaire à la vengeance, s'il retournait sur leur conversation, il verrait qu'elle avait lu le message sans y répondre. Elle lui montrait ainsi qu'elle était toujours encore un peu remontée après lui.
Elle réussit à patienter jusqu'à la fin de la matinée. À 11 h 30, elle ne tenait plus. Elle voulait lui parler et savoir quelle était l'idée qu'il avait eu. Elle attrapa son Motismart et composa le numéro de Florent.
482 mots
Les fouilles Bonjour ! On va commencer à creuser en C4 svp
Quatre "Tut" déjà. Le répondeur allait bientôt se déclencher. Encore un ou deux "Tut", trois, grand max, et la demoiselle allait entendre la voix robotique lui demandant de laisser un message après le bip sonore. Luna commençait à regretter d'avoir autant attendu avant de recontacter Florent.
Tuuuut. Tuuuu...
- Allo ! Luna ! J'ai eu peur que tu ne me rappelles pas ! Un bon point. Sa petite vengeance avait fonctionnée à merveille. Merci de l'avoir fait. La pointe de soulagement de sa voix fit très plaisir à la jeune femme. Encore une fois, je suis désolé. J'avoue ne pas avoir été cool avec toi.
Ça, c'est le moins qu'on puisse dire. Mais la demoiselle se retint d'en faire la remarque et laissa passer le blanc sans chercher à le combler.
- Bon, as-tu déjà entendu parler de l'île d'Almia ?
La jeune femme prit quelques secondes de réflexion avant de répondre.
- Vite fait. J'en ai rapidement entendu parler aux infos à la télé. Une île, je sais plus trop où. Un rapport avec une ancienne ville, je sais plus trop quoi ou comment elle s'app'lait. Plus ou moins fermée au public. Les archéologues y ont découvert, y a pas longtemps, un fossile d'un immense Rexi-chais-plus-quoi. Pourquoi ?
- C'est à peu près ça. Il y a bien une histoire avec une ancienne cité dont il ne reste que les vestiges, pour le plus grand bonheur des archéologues. Et oui, un fossile d'un Rexillius a bien été découvert ces dernières semaines. Enfin, une partie seulement, il n'est pas encore complet. Mais, les archéologues estiment que c'est l'un des plus grands fossiles de cette espèce découverts à ce jour. Ils espèrent réussir à le compléter pour le faire revivre.
Luna avait déjà entendu parler de ça. Des scientifiques qui faisaient revenir à la vie d'anciens Pokémon éteints à partir de leurs fossiles. En soi, elle n'était pas vraiment contre, du moment où les Pokémon étaient suivis et confiés à des personnes qui avaient à cœur leur bien-être. Tout ce qui l'inquiétait était les conditions de vie de l'animal. S'il était heureux d'être revenu d'entre les morts, ok, pas de soucis pour elle. Bref, il fallait que ça soit un minimum encadré. Elle-même aimerait bien en posséder un. Mais, malheureusement, en même temps que cette technologie, un marché noir avait vu le jour. Trafic de fossiles et de Pokémon pré-historique, bien souvent maltraité. Une catastrophe pour ces pauvres bêtes.
- Cependant, je ne dirais pas que l'île est fermée au public. Plutôt que les autorités limitent le nombre de touristes. Pour une meilleure protection de l'écosystème et pour ne pas déranger les fouilles des archéologues.
- D'accord... Tu veux en venir où ?
- J'ai deux laissez-passer. Je sais que ton petit boulot au Centre Pokémon de Parmanie ne commence que dans deux semaines. Alors, ça te dit de venir avec moi ? Pour me faire pardonner, je t'invite, tu n'auras rien à payer !
- Sérieux ?!
- Oui, sérieux. Comme le silence s'était installé sur la ligne, Florent finit par demander : Alors ?
- C'est d'accord !
- Parfait ! Notre avion décolle dans l'après-midi, je passe te prendre à 14 h !
Bien qu'elle ne soit pas trop fan des îles et de la plage, Luna n'avait pas hésité longtemps avant de dire "oui" à Florent. Déjà, pour ENFIN passer du temps avec le jeune ranger, ensuite pour profiter d'une chance pas commune de pouvoir mettre les pieds dans un endroit protégé et enfin, car, peut-être, elle pourrait en apprendre plus sur les Pokémon fossiles. Il était même possible qu'elle puisse participer à une initiation aux fouilles.
Et puis bon, elle n'était pas non plus allergique aux îles et à l'eau non plus ! Si elle évitait de trop trainer sur les plages, c'était essentiellement pour Kero, qui, lui, détestait vraiment être mouillé. Elle n'aurait qu'à le rappeler dans sa Pokémon si jamais ils allaient se balader sur la plage. Et surtout qu'en tant que future ranger, il y a bien des missions durant lesquelles elle aurait affaire au milieu aquatique, alors, elle n'avait réellement plus aucune raison de fuir l'eau.
Une fois que le beau blond eut raccroché, elle se mit en action. Elle regroupa ses affaires et commença à préparer un sac de fringues et de nécessaire de toilettes. Mais elle fut vite stoppée dans son élan par une simple question. Comment s'habiller ? S'il faisait plutôt chaud sur Almia, il n'était pas utile qu'elle s'encombre de doudoune. À l'inverse, s'il y faisait froid, des pulls étaient indispensables. Maintenant qu'elle avait un peu d'argent et qu'elle commençait à vivre de manière plus honnête, c'était le genre de question qu'elle se posait (il n'était plus question de se servir quand elle en avait besoin). Vu la période de l'année, en plein milieu du printemps, elle opta pour des vêtements plutôt légers. Enfin, des vêtements, oui, mais pas beaucoup. C'était une habitude qu'elle avait encore : voyager léger. Elle hésita, mais prit quand même un maillot de bain et un t-shirt spéciale baignade (hors de question qu'elle se balade avec ses horribles cicatrices à la vue de tous).
Une fois ses bagages prêts, elle cassa la croute avant d'aller attendre Florent sur le pas-de-porte de l'immeuble contenant le petit appartement qu'elle louait. Il arriva à 13 h 52, à dos de Tempest, son Roucarnage. En le voyant descendre de son grand oiseau, elle réalisa que toute la colère qu'elle avait ressentie à son égard s'était envolée. Pouf, disparue ! Elle était trop contente de le revoir et rassurée de constatée qu'il ne lui avait pas de nouveau fait faux-bond.
- Bonjour Luna. Je suis vraiment très heureux de te voir. Tu vas bien ?
- Salut Florent. Ça va et toi ? T'as l'air d'aller mieux !
- Oui, ça va mieux depuis... hier. Peut-être avant-hier. En tout cas, je suis guéri et en pleine forme pour notre escapade !
- Super !
- D'ailleurs, notre taxi ne devrait pas tarder...
Et en effet, le taxi arriva quelques secondes après. Le duo s'installa à l'arrière du véhicule et se laissa conduire jusqu'à l'aéroport de Safrania. De là, ils s'envolèrent, dans un petit coucou à hélices, jusqu'à Cramois'Île où ils attendirent le bateau qui devait les conduire sur Almia.
Le bateau ne mit pas longtemps à arriver. Pendant l'attente, Luna avait posé plein de questions à Florent : comment avait-il réussi à obtenir des laissez-passer, pourtant si durs à se procurer ? La jeune femme se doutait qu'il les avait obtenus grâce à son rôle de ranger, mais le jeune homme n'avait ni infirmer ni confirmer l'hypothèse. Ensuite, elle avait voulu savoir s'il avait déjà prévu un programme pour les jours qu'ils passeront sur l'île. Est-ce qu'il serait possible d'aller voir le fossile de Rexi-machin-truc ? Est-ce qu'ils pourront faire une initiation à l'archéologie ? Il n'avait répondu à aucunes de ces questions ni aux autres qu'elle avait pu poser. Soit il préférait laisser planer le doute, soit il n'en avait aucune idée. La seule réponse qu'il donna à Luna fut qu'ils passeraient quatre jours pleins sur l'île, six en comptait la journée d'arrivée et de départ.
Heureusement pour le jeune homme, il fut rapidement sauvé des questions de Luna par l'arrivée de leur bateau. La jeune femme s'attendait à un bateau moyen, pouvant transporter plus d'une dizaine de personnes. Elle fut déçue. C'est un petit bateau à cabines qui arriva, pouvant accueillir, en plus du capitaine, trois ou quatre personnes maximum.
- On est... que tous les deux à prendre le bateau ?
- Je crois que oui. On confirmera avec le capitaine.
- D'accord...
Non pas qu'être seule avec Florent (et le capitaine) la dérange, mais la demoiselle aurait préféré voyager dans une plus grosse embarcation. Enfin bon, peut-être qu'ils iront plus vite avec un plus petit bateau. Le capitaine amarra son navire avant de sauter sur le quai et de venir à la rencontre du duo.
- Bonjour m'sieur dame ! C'est vous pour Almia ?
- Oui, c'est nous.
Le marin observa les bagages des deux jeunes.
- Voyagez légers dis donc ! Z'avez tout c'qui vous faut ?
- C'est bon pour moi.
Luna regarda son sac à dos en réfléchissant. Il était pourtant nettement plus rempli qu'il ne l'était lors de sa vie d'avant. Elle répondit avec une pointe d'hésitation :
- J'ai tout.
- Vous avez aussi vos laissez-passer ?
- Affirmatifs.
- Parfait ! Z'êtes les seuls à embarquer alors, on peut partir quand z'êtes prêts. Vous m'dites.
- On y va ?
- Oui.
Le jeune ranger sauta dans le bateau avant d'aider Luna à en faire de même, la tenant par la main pour éviter qu'elle ne glisse.
- Installez-vous bien, la traversée dure presque trois heures trente. On devrait arriver sur les coups de 20 h.
Une fois assuré que ses deux passagers étaient confortablement installés (aussi confortablement que possible du moins), assis l'un à côté de l'autre à l'arrière du bateau, il désamarra son embarcation et manœuvra pour sortir du port.
Pendant ce temps, Florent se rapprocha de Luna, pour lui chuchoter, sans que le pilote du navire ne puisse l'entendre :
- Ne t'inquiète pas pour ses remarques. J'imagine qu'il a plus l'habitude de touristes chargés de grosses valises. En effet, par rapport à la plupart des gens, toi, tu voyages léger. Mais c'est très bien. Surtout en tant que future ranger. Alors t'inquiète pas, d'accord.
En réalité, Luna ne s'en faisait déjà plus. C'est vrai que le commandant lui avait mis le doute quelques instants, mais celui-ci s'était rapidement envolé. Néanmoins, la jeune femme appréciait la remarque de son ami, car ça montrait qu'il se souciait d'elle.
- Merci.
Ils passèrent le reste du trajet en silence, chacun regardant l'océan qui s'étendait à perte de vue. De temps en temps, le capitaine rompait ce silence en posant une question bateau : "vous faites quoi dans la vie ?", "depuis combien de temps z'êtes ensemble ? Ah, vous l'êtes pas ! Faudrait y penser, vous faites un joli petit couple" (Luna devint rouge cramoisi lorsqu'il aborda ce sujet). Ce genre de choses.
Après une longue traversée, alors que le soleil commençait à se coucher, l'île d'Almia apparut enfin à l'horizon.
704 mots
Les fouilles On termine les fouilles en A2 (704/640)
Ils accostèrent dans la pénombre de la nuit qui débutait. Une fois que le capitaine fut remercié et payé, les deux jeunes gens s'avancèrent vers la guitoune de l'agent de sécurité. Là-bas, le garde-frontière leur demanda leur laissez-passer. Après avoir vérifié que tout était bien en règle et qu'ils ne transportaient rien de dangereux ou d'interdit (la sécurité était renforcée aux entrées, pour éviter que les touristes ne dénaturent trop les lieux), il les laissa pénétrer sur l'île. Ce n'est qu'en les voyant franchir la barrière de sécurité que le commandant du navire fit de nouveau démarrer son bateau et entreprit de rentrer chez lui. Il avait préféré attendre au cas où Luna et Florent n'auraient pas été autorisés à pénétrer sur l'île : il aurait pu gratter un beau billet en les ramenant sur le continent !
Pendant que le capitaine quittait les lieux en bateau, Luna et son ami grimpaient à bord d'une calèche tractée par deux Ponyta. Les Pokémon étaient le moyen de transport privilégié sur l'île.
- Bienvenue sur Almia les jeunes ! Je vous conduis à quel hôtel ?
- L'hôtel "Les roches dorées" s'il vous plait.
- C'est parti. Allez les filles, on y va !
Les deux Ponyta se mirent en route, au petit trop. Luna, contente de ne plus être dans le bateau et au calme (elle ne pensait pas que ça serait si bruyant sur le bateau), essaya d'apercevoir un peu de paysage, mais en vain. Il faisait trop nuit, elle n'aperçut pas grand-chose. Tout ce qu'elle pouvait dire était que l'île était plutôt vallonnée. La seule lumière était celle de la calèche, qui permettait aux Pokémon de s'avoir où ils mettaient les pattes.
- Vous venez d'où ?
- Kantô. On a pris le bateau à Cramois'Île.
- La traversée n'a pas été trop longue ?
- Merci. Si, un peu. Content d'être enfin arrivé.
- Moi aussi. J'ai mal au dos et aux fesses. Je suis pressée de m'étaler dans le lit de l'hôtel.
La réflexion fit rire le conducteur.
- C'est sûr ! Les cinq heures de trajet peuvent paraître longues.
- "Que" trois trente pour nous. On avait un petit bateau plutôt rapide.
- Ah ! Vous avez bien de la chance alors ! La plupart des touristes qui viennent en ont pour plus longtemps que ça ! Mais je veux bien vous croire que c'est quand même crevant.
Luna n'écouta pas vraiment la suite de la conversation, laissant Florent parler avec le cocher. Elle préférait somnoler en attendant d'arriver à l'hôtel.
Une fois arrivés à destination, les deux amis récupérèrent la clé de leurs chambres et partirent se coucher de bonne heure, après un repas rapide et une douche tout aussi rapide, trop contents de pouvoir détendre leurs corps fatigués du voyage dans le grand lit douillet de l'hôtel.
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Les fouilles On commence de nouvelles fouilles en A3 svp
Luna dormit terriblement bien. Après les trois heures trente de bateau sans bouger, le moelleux du matelas ressemblait à un nuage. C'était divin. En plus, elle avait un immense lit double rien que pour elle, alors elle ne se priva pas pour prendre toute la place possible. Elle était tellement bien installée que, lorsque le téléphone sonna le lendemain matin, elle n'avait qu'une envie : le débrancher et retourner se coucher. Néanmoins, elle décrocha quand même.
- Bonjour madame Aiko, c'est le réveil de l'hôtel. Monsieur Artois nous a demandé de vous réveiller à 8 h 30.
- Suis réveillée... Merci...
- Monsieur Artois vous attend au petit déjeuner. Bonne journée madame Aiko.
- OK... B'journée...
Et elle raccrocha. Pas motivée du tout, elle lutta contre l'envie de rester sur ce lit douillet et alla prendre une douche. Ça ferait attendre Florent, certes, mais peut-être que ça finirait de réveiller la jeune femme. Malheureusement, cela n'eut pas l'effet escompté. Bien au contraire, le chaud de la douche la détendit davantage et lui donna encore plus la volonté de glander au plumard. C'est donc toujours luttant contre l'envie de retourner s'étaler dans le lit que la jeune femme s'habilla. Une fois prête, elle sortit de sa chambre et prit la direction de la salle du petit déjeuner.
Elle le trouva facilement malgré la grandeur de la salle, car ils n'étaient qu'une poignée à profiter du buffet. Il était attablé devant une table remplie de nourriture : plusieurs fruits différents, des pancakes, deux gros verres de jus de fruits, deux cafés, des pains au chocolat, quelques mini-croissants et deux omelettes. Soit le ranger avait grand faim, soit il avait rapporté des aliments pour Luna... Certainement un peu des deux. En la voyant arriver, il lui fit de grands gestes de la main.
- Bonjour Luna ! Bien dormi ?
- B'jour... Oui... Trop bien pour me réveiller si tôt... J's'rais bien rester dormir encore un peu.
Le jeune homme avala un mini-croissant avant de répondre.
- Pourtant je t'ai laissé dormir jusqu'à 8 h 30. Trop aimable. Quand tu seras ranger, il faudra que tu sois efficace rapidement quelle que soit l'heure. On ne sait jamais à quelle heure on peut avoir besoin de nous !
- Oui oui...
Si dans les faits, il avait raison, la demoiselle savait qu'en pratique, les urgences en plein milieu de la nuit étaient plutôt rares. La demoiselle bâilla en s'asseyant. Elle attrapa l'un des cafés qu'elle gouta. Peut-être que la caféine réussira à faire effet là où la douche a échoué.
- Mais bon, si tu es si crevée que ça, j'imagine que je vais devoir annuler ce que j'avais prévu pour aujourd'hui... C'est dommage.
- C'est-à-dire ? T'avais prévu quoi ?
- Oh, trois fois rien... Une visite du chantier archéologie où ils ont découvert le fossile du Rexillius.
Soudain, l'intérêt de la miss se réveilla.
- On pourra le voir ?
- Le fossile ? Oui, c'est prévu.
- Et on pourra essayer ?
- Une initiation est prévue, oui.
La fatigue et le lit ayant totalement disparu de l'esprit de Luna, elle se leva d'un bond.
- Qu'est-ce qu'on attend pour y aller ?!
Florent rigola devant le gain d'énergie de la future ranger.
- Ahah ! Calme-toi ! On a rendez-vous là-bas à 10 h 30, on a largement le temps. Maintenant, rassis-toi et profite du petit déjeuner pour prendre des forces, la journée ne sera pas de tout repos.
Écoutant son ami, la demoiselle se rassit et entreprit de manger sa part du petit déjeuner. Il ne fallait pas que la faim lui gâche sa journée après tout.
Le petit déjeuner avalé, Luna ne tenait plus en place. Elle était impatiente de voir le fossile de Rexi-truc de ses propres yeux et de commencer son initiation à l'archéologie. Elle faisait les cents pas devant l'hôtel en attendant leur taxi-calèche.
- Je ne savais pas que l'archéologie te passionnait à ce point et que tu serais si impatiente d'en faire la découverte.
- J'sais pas si j'aime ça, j'ai jamais essayé. Mais découvrir des trésors envie dans le sol, ça peut être cool ! Imagine que j'trouve un nouveau fossile ! Ou même le reste du Rexi-truc ! Ça serait la classe !
- Rexillius.
- S'tu l'dis.
- Mais je suis content, et un peu soulagé, je l'admets, que l'idée te motive et te plaise autant. Je ne me suis pas tant trompé que ça.
- Tu te trompes rarement... sauf avec Floraville, bien sûr.
- Oh non, s'il te plait, Luna, tu ne vas pas recommencer avec ça... Je croyais qu'on n'en parlait plus...
Pour seule réponse, la demoiselle lui tira la langue avec un air amusé sur le visage : elle ne lui en voulait plus et ne faisait que le taquiner et il avait sauté dans "la blague" les deux pieds joints.
- Bon... Qu'est-ce qu'il fait le taxi ?! On va louper notre tour au fossile !
- Ne t'inquiète pas, même si on a rendez-vous, ils ne vont pas nous refuser si on arrive en retard. Les gens sur l'île sont plutôt cools et pas forcément très à cheval sur les horaires, pas comme sur le continent.
- Je vois ça.
- Observe plutôt le magnifique paysage qui s'offre à nous. On n'a pas pu l'admirer quand on est arrivé hier soir. Maintenant qu'il fait jour, profites-en.
Luna arrêta de marcher en regardant ou ses pieds ou son téléphone (pour surveiller l'heure) et leva la tête. C'est vrai que Florent avait raison : leur hôtel se trouvait en hauteur alors ils avaient une vue imprenable sur la vallée devant eux et cette vue était tout bonnement magnifique. L'île était vallonnée (comme l'avait suggéré Luna la veille), avec quelques routes serpentantes entre les différents monts. Le tout était beaucoup plus vert qu'elle ne l'aurait cru, avec quelques bosquets. La demoiselle crut même distinguer quelques vignes à certains endroits : s'ils produisaient du vin sur l'île, il fallait absolument qu'elle le goûte. Tandis qu'elle admirait la vue qui s'offrait à elle, un bruit de calèche se fit entendre avant que le véhicule ne s'arrête devant eux.
- Bonjour mes amis ! Désolé pour le retard. J'espère que vous avez bien profité de votre nuit de sommeil. Vous allez avoir besoin d'énergie pour la journée qui vous attend.
C'est le même cocher qui les avait conduits du port à l'hôtel qui les emmena sur le site des fouilles.
Le trajet fut fort agréable. Florent discuta avec le cocher, comme la veille, laissant le plaisir à Luna d'admirer le paysage sans avoir à faire la conversation. Elle n'était pas une grande pipelette, alors pouvoir être dans ses pensées en regardant la route défiler lui convenait très bien. Malheureusement, vers la moitié du trajet, le conducteur de la calèche la sortie de son monde.
- Et vous, m'dame, qu'est-c'qu'vous en pensez ?
- Hein ? Quoi ? Pardon ?
La réaction de la demoiselle fit rire son ami. Même le voiturier rigola un petit peu.
- Oups, pardon m'dame, j'voulais pas vous déranger.
- Y'a pas de mal. Bien qu'elle aurait préféré ne pas être dérangée, effectivement. C'était quoi la question ?
- Vous pensez quoi d'faire revivre d'anciens Pokémon ?
- Le principal, c'est qu'ils soient heureux et bien traités. Du moment que leur condition leur convient, ça me va.
- Ouais, j'vois. C't'intéressant comme point de vue. Moi aussi, j'pense que blablabla...
Et voilà que la jeune femme était retournée dans ses pensées sans écouter le monologue du cocher. Elle lui avait répondu par politesse, mais elle n'avait pas envie de débattre sur le sujet. Elle était là en vacances, pour profiter des plaisirs de l'île et non pour polémiquer (ou abonder dans le sens du conducteur) sur un sujet certes intéressant, mais dont tout le monde restera campé sur ces positions, quoiqu'il se dise – comme à chaque fois qu'il y a débat sur un sujet, en réalité.
Quelques brides de la conversation arrivèrent quand même à ses oreilles : comment était la vie sur l'île, comment ils (le cocher et sa famille) gagnaient leur vie, comment est-ce qu'ils géraient les flux fluctuants de touristes, surtout côté financier, ce genre de choses. Une partie de la conversation attira particulièrement son attention :
- L'est pas trop causante vot'e amie, là.
La demoiselle sentit le regard de Florent sur elle. On sentit le sourire dans sa voix lorsque le jeune homme répondit.
- Non, pas spécialement. Mais, c'est bien, c'est agréable. Ça change de toutes ses filles qui ne peuvent pas s'empêcher de parler, souvent pour ne rien dire. Et puis, ça fait partie de son charme.
- Hé ho ! Je vous entends ! Parlez pas de moi comme si je n'étais pas là ! C'est pas cool.
- Ah ah, en effet, désolé, Luna. Il reporta son attention sur le cocher et continua la conversation comme si de rien n'était. Vous et votre femme alors, comment faites-vous pour blablabla...
Luna avait signalé qu'elle était là, leur avait fait comprendre que la conversation avait dévié et qu'elle n'appréciait pas trop qu'on parle d'elle comme ça. En réalité, les propos du ranger lui avaient fait plaisir. Après tout, il avait bien parlé du "charme" de la jeune femme, non ? En étendant ces propos, la demoiselle était devenue rouge comme une pivoine. Elle tourna encore plus la tête vers le paysage pour éviter que ça ne se remarque. Elle n'avait nullement l'envie que Florent ne s'en rende compte et, pire, lui fasse la remarque. Elle aurait été encore plus gênée. Pendant le restant du trajet, elle se concentra pour ne plus entendre ce que les deux hommes se disaient. Le rouge à ses joues fini par s'estomper.
Finalement, ils finirent par arriver à destination. Après avoir remercié, payé le chauffeur et promis qu'ils le rappelleraient pour retourner à l'hôtel, Luna et Florent s'avancèrent en direction du chapiteau d'entrée sur le site de fouille.
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