Hum… Je t'ai déjà raconté comment j'ai créé mon dex, Atria ? Enfin… Je ne saurais même pas par où commencer. A la base, je ne savais pas que j'irais jusque là. Je comptais juste faire quelques vidéos sur les pokémons, rien de bien ambitieux. J'ai largement assez de questions en réserve que je voulais aborder, notamment sur Pollux et les autres Météno. Mais… Autant je suis assez qualifié pour parler de l'espace, avec tous les docu que j'ai pu voir dans ma vie, ce que m'a appris ta grand-mère, et puis mes études quand même lorsqu'il est question de technique, mais j'ai vite compris que ce n'était pas le cas pour tout. Sur d'autres sujets, je me basais sur des conférences ou des livres, mais en matière de pokémons, je sentais que ce n'était pas du tout ce que je voulais faire. Ce n'était pas une mauvaise méthode, elle avait fait ses preuves, mais je voulais quelque chose de plus vivant.
Je voulais casser le côté sérieux qui pouvait avoir sur certaines de mes vidéos de science. C'est un sujet quasi universel, l'occasion de toucher un nouveau public. Après le petit boost de mes collab avec Tanalis, j'avais envie de plus. Alors pour une fois, je n'ai pas tout de suite foncé sans réfléchir. Ça aurait été le meilleur moyen de n'en faire que des vidéos parmi tant d'autres et je n'aurais pas été satisfait du résultat. Ni mes abonnés, probablement. Tant que je n'avais pas trouvé comment réaliser ce projet correctement, j'ai laissé mes idées dans un coin. Ça a duré plusieurs mois. Et, un peu par hasard, un peu en discutant avec les bonnes personnes aussi, j'ai entendu parlé du CRN. Le Centre de Recherche de Neuvartault.
Sur le coup, je n'ai rien fait. Je savais que tu allais venir au monde, même si c'était encore loin, alors je ne me sentais pas de lancer ça tout de suite. Je n'avais aucune idée de comment allait se passer la grossesse de ta mère et du temps que j'aurais après ton arrivée. Tout en cumulant avec mes études, évidemment. Donc j'étais moyen convaincu de m'impliquer dans cette création tout de suite. Puis j'ai réfléchi. C'était trop bête de passer à côté de cette opportunité.
Le CRN est indirectement lié à l'université de Neuvartault - je ne connais pas tous les détails - mais il se trouve que l'un de mes professeurs y avait donné un cours et… Bref, j'ai eu un contact. Je te passe les échanges, un peu chaotiques, pour parvenir à fixer un rendez-vous. En tout cas, j'avais hâte que le jour J arrive. Mes peurs ne parvenaient pas à affaiblir mes espoirs.
Et une fois ce jour venu, j'ai traversé Kalos. Je n'étais pas revenu depuis l'été précédent. Celui où, au cours de nos vacances, ta mère m'a annoncé ton existence. L'ambiance n'était plus du tout la même. J'étais seul, j'étais concentré sur mes objectifs et… J'avais beaucoup moins chaud. Logique en cette période de l'année. J'ai repris le chemin de la forêt de Neuvartault, où ils avaient établi leurs labos. Normal, puisque l'étude et la préservation de l'environnement du site était l'une de leurs missions prioritaires. Ce chemin était aussi celui où Noémie m'avait parlé de toi pour la première fois et les souvenirs de cet été resurgissent, plus forts encore, doux-amers. Je les laisse passer sur moi. Pour le meilleur ou le pire, je n'ai pas le temps d'y accorder de l'attention. Je me préparais plutôt à la rencontre qui allait avoir lieu.
Un jour - j'espère le plus tard possible - tu sentiras sur tes épaules le poids de tes rêves. Un jour, tu te diras que c'est le plus important pour les atteindre, à tort ou à raison, et tu donneras tout ce que tu peux pour avancer dans la bonne direction. Il peut être tôt. Il peut être tard. Il peut paraître insignifiant tout comme incroyable. Ce jour était l'un de ceux-là, pour moi. En fait, ce dex était l'un de mes seuls objectifs. A part bosser dans l'aérospatial - mais j'avais encore quelques années pour ça - et devenir un bon père - et… comment dire que je n'avais aucune idée de comment progresser sur ce point - je n'avais rien. Alors ce projet, qui n'était pas grand chose à l'origine, était devenu essentiel avec le temps. Et cette simple rencontre allait signer le début de tout.
J'ai pris une grande inspiration, chaussé mon sourire le moins forcé et j'ai ouvert les portes du bâtiment. Pour une raison qui m'échappe, ma peur n'est pas entrée avec moi. En fait, j'étais surtout déterminé. Peut-être parce que le temps n'était plus à la réflexion mais à l'action. Comme personne ne semblait m'attendre, j'ai interrompu quelqu'un pour qu'il m'amène à Cornélia Lacombe. J'en profite pour essayer de me souvenir des lieux et des visages, mais pas évident. Le scientifique a poussé la porte d'un labo, mais celui-ci était vide. Plutôt que de me faire courir dans les couloirs à la recherche de la jeune femme, il m'a dit de rester ici jusqu'à ce qu'elle revienne. Et de ne toucher à rien.
Je me suis assis pour approximativement cinq secondes. J'ai renoncé assez vite. C'est vrai que je suis du genre touche à tout, mais même en me limitant à mes yeux, il y en avait, des choses à découvrir. Ça me faisait tout drôle, parce que ce type d'environnement m'était un peu familier. C'était un mix entre le cabinet d'un véto et les salles de travaux pratiques de l'école. Partout sur les murs, des affiches exposaient l'anatomie des oiseaux, des espèces que je n'avais jamais vues, des interactions avec leurs écosystèmes respectifs… Plusieurs tableaux de verre étaient couverts de gribouillages incompréhensibles, d'abréviations dont j'ignore encore le sens, de chiffres, de listes et de flèches.
HRP:
☆ Première case ☆ Je finis de creuser en E1 (653 mots / 640)
Et en même temps, c'était totalement différent. Je ne comptais pas les appareils dont je n'avais pour la plupart aucune idée de leur utilité. Certains devaient permettre de prendre des mesures ultra-précises, ou permettre des expériences spécifiques - le genre de choses qui, indépendamment, devait déjà largement dépasser le budget d'un lycée entier. Dans ce contexte, la simple armoire devenait l'objet de ma curiosité et j'y ai cédé. Malheureusement pour moi, elle semblait fermée sous clé, ce qui, bien sûr, a encore attisé mon attention mais, d'un autre côté, m'avait peut-être évité des ennuis. L'instant d'après, j'ai entendu des bruits derrière la porte et je me suis éloigné en tâchant de remettre mon masque de sérieux.
Elle s'ouvre sur une jeune femme, qui s'empresse de m'accuellir. « Bonjour, désolée du retard. Je suppose que tu es Orion ? »« Euh, ouais, salut, et pas de souci. » Je m'embrouille un peu, mais elle n'avait pas l'air de le relever. « Enchantée. Je suis Cornélia. Je te fais visiter ? » J'accepte sans hésiter. Elle pose sa veste épaisse et m'invite à l'imiter. Je ne garde avec moi que la sacoche de ma caméra. Déjà, parce que c'était mon bien le plus précieux, et surtout que je ne voulais pas manquer l'opportunité de tourner quelques plans si elle se présentait, même si ce n'était pas l'objet de cette première journée.
Elle commence par me montrer les autres laboratoires et me présenter certains de ses collègues. Je ne m'attendais pas du tout à ce que ce soit aussi grand. Les scientifiques qui travaillaient ici n'avaient pas du tout les mêmes domaines d'expertise. Rien que pour la biologie, la branche qui m'intéresse le plus, il y avait une petite dizaine de salles avec leurs équipes spécialisées. Dis toi que tous les pokémons, à certains degrés selon leur présence, trouvaient leur spécialiste. En plus des ornithologues qui, comme Cornélia, s'occupe de l'étude des oiseaux, il y avait plusieurs labos consacrés aux ichtyologues - les spécialistes des poissons - et autres spécialistes de la faune aquatique, un autre consacré aux amphibiens, mis à l'écarts par leur collègues, un autre pour les pokémons minérals… Mais tous n'étaient pas présents en permanence. Beaucoup passaient la majorité de leur temps à l'extérieur.
Tout en marchant vers le réfectoire, Cornélia m'explique pas mal de choses sur le fonctionnement du CRN, notamment que la plupart des scientifiques étudient directement sur le terrain, ou même à l'étranger, allant où il leur est nécessaire pour progresser dans la découverte et le partage de leur connaissance. Elle-même n'y faisait pas exception. Ce bureau est parfois nécessaire, bien sûr, sinon l'université n'aurait pas investi dans ces infrastructures, et je suppose que certaines études en ont plus besoin que d'autres, mais l'observation et les relevés sont tout autant importants. Surtout qu'elle, elle travaille en collaboration avec l'organisme qui gère la forêt de Neuvartault. Comme il y a de nombreux touristes, il faut s'assurer qu'ils ne dérangent pas la vie sauvage, tu vois ? Avec des sentiers balisés, par exemple, et des zones protégées interdites aux visiteurs. Et lors de la construction de nouveaux aménagements, il faut connaître les lieux critiques, ceux qui mettent en péril l'écosystème, ou au contraire les lieux safe. Ce serait un problème si une zone de nidification était rasée ! Les pokémons oiseaux concertés pourraient disparaître des environs, entraînant un tas de dérèglement par effet boule de neige. Les pokémons insectes pourraient proliférer, ils détruiraient les plantes locales et d'autres pokémons, herbivores, déserteraient peut-être à leur tour les bois ! Ce serait terrible ! En réalité, même avec des simulations, difficile de savoir ce qui se passerait en pratique, c'est pour ça que c'est super important.
La cafétéria était toute simple. Les murs étaient froids, bleus et blancs. Quelques tables aseptisées occupaient le centre de la pièce et des chaises en bois les entouraient, minimalistes et noires, du genre qu'on pourrait trouver dans une école ou un médecin. Quelques équipements d'électroménager et des distributeurs évitaient aux chercheurs de mourir de faim. Cornélia s'est pris un café avant de se laisser tomber sur une des chaises et ses pieds sur une autre. Je m'installe en diagonale avec une barre de céréales. A part nous, la pièce était déserte, ce qui laissait malgré moi un silence s'installer. Et puis elle m'a demandé :
- Alors, c'est quoi tes projets ?
Je lui ai déballé mes réflexions autour de cette chaîne, du moins, ce où j'en étais sur le moment. J'ai regardé sa tête tout du long, mais impossible de savoir quoi en penser sur le moment. Elle restait imobile, les bras croisés derrière son crâne, comme si elle n'en avait absolument rien à faire. Je n'angoisse pas si facilement normalement, mais je sentais la sueur dégouliner dans mon dos. Et puis, sans crier gare…
- Ouep, ça peut le faire.
La tension est retombée d'un coup. Elle s'est étirée et accoudée sur son genoux le plus naturellement possible, avant d'expliquer ce que le CRN attendait. Principalement, de la visibilité en fait. Ma chaîne était encore très limitée en termes de chiffres, mais à mon grand soulagement, ça ne semblait pas leur poser problème. Je n'étais pas le seul concerné par ce type de partenariat et, surtout, ça ne leur coûte vraiment pas grand-chose de leur côté. Juste quelques interviews basiques, même pas particulièrement pointues, ce qui leur garantit de pouvoir garder secret les détails qu'ils voudraient garder pour eux. Dans les grandes lignes, ça semblait donc gagnant-gagnant et, même si rien n'était signé, je m'en réjouissais déjà. Seule une question majeure me trottait dans la tête, car je me méfiais de me retrouver enfermé en cage.
- Dîtes… On est bien d'accord qu'il n'y a pas de clause d'exclusivité ? - T'inquiète. C'est pas dans notre intérêt de te brider. Au contraire, plus tu feras de vidéos et plus ta chaîne grossira. Tout ce qu'on te demande, c'est de nous privilégier lorsqu'il y a des spécialistes et de nous mettre en avant. Ça te parle ? - Bien sûr !
En gros, on me proposait un catalogue d'experts, couvrant un large panel d'espèces, sur un plateau d'argent. Et en plus de ça, je pourrais en accompagner dans des recoins inaccessibles au public pour tourner ce que personne d'autre ne peut voir.
Je devais avoir des étoiles dans les yeux. On me faisait même miroiter une aide pour investir dans mon matériel, si c'est nécessaire. En fait, je n'aurais pas pu rêver mieux. Bien sûr, ce n'était pas suffisant pour concrétiser mon souhait, il me restait encore une grande phase de réflexion, mais je savais désormais que rien ne m'empêcherait de réussir sur le long terme. Peu importe s'il me fallait deux semaines ou six mois avant de me lancer, c'était comme une promesse. De ma part ou de la leur, franchement, je n'en sais rien. Mais une fois le principal obstacle abattu, comment j'aurais pû ne pas tout donner pour franchir les suivants ? On m'a ouvert la porte, je n'avais plus qu'à foncer façon sanglier et tout dégommer sur mon passage !
Cornélia s'est relevé d'un coup. Sa chaise a claqué le sol avec force et raisonné dans la pièce vide, tandis que sa tasse en carton l'imite sur le plat de la table.
- Okay, alors c'est réglé. Bienvenue dans l'équipe !
Elle tend la main devant elle et j'ai un moment d'hésitation avant de la saisir. J'étais juste…
- Quoi ? C'est tout ? - Oui, enfin, il y aura des papiers à signer mais on verra ça plus tard. Je m'en passerais bien mais tu sais… En haut, ils vont râler sinon. - Ça marche !
Les formalités, c'était pas mon truc. Est-ce que c'est le truc de quelqu'un, de toute manière ? Mais bon, il parait que c'est nécessaire de temps en temps, quand on devient grand. Si elle était à l'origine de la proposition et qu'elle avait récupéré la charge des influenceurs qu'elle sélectionnait, elle avait des comptes à rendre. La direction ne s'impliquait que superficiellement - limite le complexe était autogéré par ses occupants - mais dès qu'il y a des sous en jeu, étonnamment ça rapplique. Enfin… Façon de parler. Pour ma part, personne n'était venu me voir pour confirmer la décision de l'ornithologue et, jusque-là, on ne pouvait pas dire qu'elle m'avait semblée très consciencieuse dans son choix. Mais ça s'explique très facilement. Je me suis vite rendu compte que ce sont les demandes de financement qui étaient criblées d'attention. Le reste, ce n'était qu'une histoire d'image.
Et tant qu'ils étaient satisfaits de mes vidéos, ils pouvaient bien sacrifier une demi-journée voire une journée entière d'un des chercheurs, ça ne leur posait aucun problème. Ça me semblait un peu plus compliqué pour les scientifiques qui n'étaient pas affiliés avec eux, mais Cornélia m'a rassuré. Tout ce que j'avais besoin de savoir, c'était que si j'avais une question, je devais la lui poser. Elle était en quelque sorte ma tutrice, ça m'a rappelé mes stages. Mais ce n'est pas le sujet. Je t'en parlerai une autre fois, à l'occasion. Je me posais juste beaucoup de questions. Plus trop par peur, à ce stade, plutôt par impatience. Je voulais tout, tout de suite.
- Bon, on y va ?
Elle s'adressait à moi comme si je savais de quoi elle parlait, alors j'ai cru qu'on retournait simplement dans le labo d'ornithologie. Je ne sais pas, qu'elle veuille me montrer le matos, ses recherches actuelles, ou comment se passe l'examen d'un oiseau. Un truc du genre. Ce n'est que lorsqu'elle me signala qu'il faisait froid en cette saison et qu'il valait mieux pour moi que je me couvre que j'ai compris qu'elle avait autre chose en tête. J'ai demandé bêtement « On sort ? » - ce qui n'était ni la première ni la dernière. « Bin, sauf si tu préfères rester enfermé, c'est toi qui vois. » J'ai corrigé direct. Je passais déjà bien trop de temps devant une table à manipuler des chiffres et tout, si pour une fois on me proposait une sortie qui, en plus, me permettrait d'assouvir un peu ma curiosité et, peut-être même, de capter des images, je n'allais pas refuser ! Elle m'a accompagné jusqu'à mon sac, même si je ne risquais pas trop de me perdre, sans doute juste par obligation, pour la sécurité, et on n'a pas tardé à partir ensuite. La matinée avait plus avancé. Avec l'hiver, le soleil n'était pas levé depuis bien longtemps et les Passerouge commençaient seulement à s'activer. Bon, s'activer est un bien grand mot, ce n'était pas la saison des gazouillis dans tous les sens. Mais il fallait bien qu'ils trouvent à manger, donc ils n'avaient pas trop le choix de se bouger s'ils ne voulaient pas dormir le ventre vide. Ils n'ont pas droit au biberon. Les petits ont le droit à la becquée, mais ça ne dure jamais très longtemps. Tu aurais déjà quitté le nid si tu étais un Passerouge ! Heureusement, pour toi comme pour nous, tu es une petite humaine donc on aura tout notre temps pour te voir grandir ! Mais oui, les bébés Passerouge deviennent vite grands, alors ils chassent des pokémons insectes - surtout pour leurs évolutions - ou mangent des baies, selon ce qu'ils trouvent. Ils ont une alimentation assez variée, tu sais ? Il est loin le temps où je croyais que tous les petits pokémons oiseaux ne mangeaient que des graines. Alors l'hiver, quand les pokémons insectes sont partis s'abriter du froid, et que même les feuilles ne tiennent plus sur les branches, c'est compliqué.
C'est pour ça que… Et, mais, p'tite maline, tu as presque réussi à me faire parler du contenu de ma vidéo ! Non non non, je garde ça sous le coude pour une autre fois, je ne voudrais pas gâcher la surprise ! Mais on a beaucoup parlé, avec Cornélia, et c'était super intéressant. En même temps, derrière son côté détaché, elle est vraiment passionnée par ce qu'elle fait. Une fois lancée, elle pourrait en parler pendant des heures sans s'arrêter. Enfin… Si l'observation ne demandait pas un environnement calme pour ne pas effrayer les pokémons sauvages, mais ça lui a coûté de se taire. C'était étrange, de la voir si mal à l'aise et en même temps, totalement dans son élément.
Et ça valait le coup. Comme elle savait instinctivement où ils se trouvaient avant même qu'ils entrent dans son champ de vision, j'ai pu prendre des images magnifiques. A ce stade, ça ressemblait à de la magie. Ou bien à un spectacle où chaque Passerouge savait quand et où se positionner. Je t'assure, cette femme, elle est faîte pour ce métier. Moi ? Je n'étais que le boulet qui l'accompagnait. Mais ce n'est pas grave. Je n'avais absolument pas envie de me spécialiser, alors, forcément, je n'étais - et ne reste - un expert en rien. Je trouve ça trop ennuyant de rester dans un même domaine, j'ai besoin de nouveauté - et de personnes comme elle qui savent à ma place. D'ailleurs, plusieurs fois, ses explications étaient trop complexes pour moi. Je n'avais tout simplement pas les bases pour la comprendre, lorsqu'elle s'emballait un peu trop. Tu sais, c'est tout un travail, la vulgarisation scientifique ! C'est pas toujours simple de s'y mettre lorsqu'on a pas l'habitude de l'exercice. Enfin, dans mon cas, ça reste un à côté, bien sûr, j'ai juste quelques années d'expérience entre mon blog et ma chaîne. Et forcément, je suis trop touche à tout pour m'éloigner beaucoup du point de départ de la plupart des gens. Mais c'est ça qui est bien, aussi. Je ne suis jamais très loin devant eux. Je n'ai pas la science infuse. Je ne suis pas non plus un professeur. Non, je passe juste en éclaireur et leur retransmet ce que j'apprends au fur et à mesure.
J'ai pris dans ce moment tout ce que je pouvais en prendre. Une connaissance globale, des images, mais aussi pas mal de réponses - surtout sur le chemin du retour - à des questions, que je m'étais posées il y a des années pour certaines, ou pour d'autres, seulement à l'instant. Après cette séance, j'avais une idée plus claire de ce que je voulais réaliser. Finalement, on peut dire que Cornélia m'a inspiré le plus gros du format ! Il me restait à peaufiner des détails - ne serait-ce que l'écriture - mais il s'agissait surtout de problématiques que je pouvais encore repousser. Je n'avais pas imaginé commencer si vite après cette entrevue, mais j'avais déjà la base suffisante pour construire une partie de ce que je voulais. Une partie qui ne pouvait se faire qu'avec la présence de Cornélia, en l'occurrence. Une explication face cam d'une partie de la réponse à ma question.
C'était ce qu'il manquait à mes vidéos, jusque-là. L'aval de quelqu'un de qualifié qui interviendrait directement, pour donner du crédit, même si dans tous les cas je leur aurais laissé le soin d'une relecture pour éviter de dire des tibouderies. Bah oui, c'est pas le tout d'expliquer des choses aux gens, mais la désinformation, en général, c'est pas terrible. Si je dis que l'herbe est bleue, comme ça, personne ne me croira, mais sur un sujet un peu plus pointu, plus méconnu, et qui en plus pourrait donner de fausses idées sur comment s'occuper d'un pokémon… Ça peut vite être dangereux. On a tendance à beaucoup trop facilement croire les gens, en plus, surtout depuis les réseaux sociaux, c'est pas une très bonne chose, donc c'est mon devoir de vidéaste de faire les efforts pour que tout soit juste. Et comme je ne fais que sortir de ma zone de confort, il faut bien que je m'entoure des bonnes personnes !
Enfin, bref. Une fois rentré au centre - et quelques autorisations signées à la va-vite parce que même Cornélia ne pouvait pas les ignorer - j'ai pu prendre quelques plans des locaux. Je me disais que ce serait un bon moyen de faire une transition avant la séquence interview, ou au minimum de l'habillage - ou juste pour pouvoir l'incruster sur fond vert si besoin. Entre ça, les plans extérieurs avec les Passerouge et mes explications dans ma chambre, qui était encore mon lieu de tournage à l'époque… J'avais une bonne palette d'images à ma disposition pour le montage. Bon, je ne dis pas qu'elles étaient d'excellente qualité. J'étais encore plutôt novice pour ce qui était de la prise de vue et les conditions n'étaient en général pas les mêmes. Mais elles avaient le mérite d'exister. Et puisque je n'allais pas tarder à obtenir mes entrées, je savais que je pourrais en tourner de nouvelles sur une autre visite. Je ne savais pas encore qui, ni quand, ni même sur quel pokémon, mais je n'avais plus aucun doute sur la réalisation de mon projet. Il me restait principalement une inconnue susceptible de m'angoisser : la réception de mon audience. Mais… Et bien, si elle ne fonctionnait pas aussi bien que ce que j'espérais, je pouvais continuer avec des experts en appel visio pour m'épargner le coup du transport. Avec quelques vidéos de ce type à mon actif, je voyais mal comment ils me tourneraient tous le dos.
J'ai été contraint d'arrêter quand les allées-venues étaient trop nombreuses. Forcément, c'était une heure normale pour manger, même si avec mon rythme totalement déréglé, j'aurais pu continuer encore longtemps sans ça. Mais je ne me plains pas ! J'ai été super bien accueilli, par ceux que j'avais entrevu lors de la visite comme par d'autres, arrivés plus tardivement ou dans les services que nous n'étions pas allés voir.
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