L'aube d'une vie nouvelle

Jour 1

- Voici vos clés, Miss Spring. Congratulations, j’espère que vous vous plairez ici.
- Thank you. Pour le moment, tout va pour le mieux.

Je quitte l’agence, avec l’impatience de retrouver mon bien. C’est une folie, je le sais bien. Je n’ai aucune visibilité sur mon futur, mais me voici soudainement propriétaire. J’avais vraiment besoin de ce nouveau départ, le temps me dira s’il s’agissait d’une erreur.

J’ai eu un vrai coup de cœur pour Guthbord. Retourner à Greenbury m’a fait comprendre que l’air frais de la campagne me manquait. J’étais venue à Motorby pour mes études, puis la facilité m'avait incité à rester. Pourtant, une fois mon diplôme obtenu, j’aurais pû partir, trouver l’endroit parfait où m’établir. Au lieu de ça, j’étais restée passive, à attendre qu’un jour on m’offre la possibilité de prendre mon envol. Je n’ai pas à attendre une quelconque permission. J’aurais pû changer ma vie à tout moment. Il aura fallu que je gagne au lotto pour le comprendre. Qu’aurais-je fait si cette chance ne s’était pas présentée ? S’il m’aurait fallu souscrire à un prêt pour me lancer ? Aurais-je trouvé la force ? Je ne pense pas. Seule, sans projet d’avenir, je n’aurais pas franchi le pas.

Pourtant, j’ai beau être définitivement liée à ce lieu, je ne me trouve pas enchaînée. J’aurais voulu parcourir le Galar pour mon travail ? Qu’importe. J’ai trouvé ici une liberté que je n’avais pas quand je travaillais au centre pokémon. Si je le souhaite, je partirais, une semaine, deux semaines, le temps qu’il me faudrait, et je reviendrais, sereine. Dans ce monde où posséder est un signe de réussite, pourquoi devrais-je en ressentir des contraintes ?

Cette liberté m'effraie, it’s true. Un cadre nous évite de nous perdre, comme un enclos pour nos moumoutons. En sortir, c’est un risque. Un risque que j’ai pris, sans aucun regret. Peut-être devrais-je errer un peu, avant de trouver une place sur une toile si grande, peut-être même infinie. Peut-être ferais-je de mauvaises rencontres. Mais je crois qu’il est temps que je fasse mes propres choix, quoi qu’il en résulte. L’expérience des autres a ses limites. Il est tellement frustrant d’y faire aveuglément confiance, de renier ses instincts, ses envies. Après tout, nous ne sommes que des animaux. Aujourd’hui, j’écoute ma nature. Je m’écoute, moi. Et puisque je peux exercer ma mission ici, alors je suis cette petite voix qui résonne en mon fort intérieur.

---

Entraînement : Scalpion niv. 15 (0) ; Carapagos niv. 5 (0)

Guthbord est un endroit apaisant. Il va falloir un peu de temps avant de le considérer comme mon village, mais je m’y sens déjà à ma place. Je regarde partout autour de moi comme si je découvrais ce monde, comme si mes yeux ne s’étaient jamais posés sur ces rues et ces bâtiments. Mais, la main jouant avec le jeu de clés dans ma poche, je redécouvre, avec un nouveau point de vue. Celui d’une habitante. Celui d’une jeune femme qui y passera de longues années. Peut-être que dans cette maison habite mon futur coiffeur, ou mon futur primeur, comme quand j’habitais encore chez mes parents. Cette humanité, je l’avais perdue à Motorby. La ville, aseptisée, n'offrait de vraies relations que par le biais du travail. Je ne connaissais que mes collègues et mes voisins de paliers. Peut-être que j’ai trop d’espoir, que je me fais des films. C’est possible. Mais j’espère que les choses seront différentes ici.

J’y suis. Home, sweet home. La petite boîte aux lettres en métal, traditionnelle, présentait encore l’adresse comme celle des anciens propriétaires. J’enlève la languette de papier. Quelques enveloppes avaient été déposées, depuis leur départ. Je les ramasse avec précaution, puis j’emprunte l’allée vers la porte d’entrée. Je savoure l’instant où la clé glisse dans la serrure et où les différents pistons s’activent, les uns après les autres. Je suis chez moi. Drôle de sensation.

Il faudra que je les renvoie, mais pour le moment, j’ai d’autres priorités. Je pose mon sac à main dans l’entrée, le courrier en équilibre dessus, puis me dirige vers le salon. Ce n’est qu’une grande pièce vide, pour le moment. Comme une grande partie de la maison. Seule la cuisine et les salles d’eau n’ont pas été démontées et embarquées.

Les émotions redescendent et je me sens seule. Personne n’avait pû m’accompagner dans ce jour particulier. Mes parents étaient biens trop occupés à la pension pour se libérer ne serait-ce qu’une journée. Billy avait déjà bien trop donné de sa personne en venant à Sinnoh me soutenir pour the Artist. Quant à mes autres amis, je n’avais pas donné signe de vie, si ce n’est en en repoussant certains. Passer dans une émission est un excellent moyen de faire du tri autour de soi, quoique sans doute trop stricte, mais je refuse d’être entourée d'opportunistes. Télévision ou non, une relation saine ne devrait pas changer pour cela.

---

Entraînement : Scalpion niv. 18 (0) ; Carapagos niv. 8 (0)

Je ne tarde donc pas à attraper mes pokéballs et libérer mes pokémons. Chacun a sa propre attitude face à ce changement. Lux reste statique à mes côtés, observant sans se laisser tenter à l’exploration en tant que tel. Ce n’est pas une grande perte, c’est vrai. Sans meuble, peu de cachettes possibles, rien à ouvrir ou à contourner.

Mon absol, Ange, bouge un peu plus. Ce n’est pas la curiosité qui l’anime, mais la peur. Son arrivée à la Source avait été difficile, avec son passé. Chaque changement de repères semble une épreuve. Je n’aurais peut-être pas dû le lui imposer. La pension aurait pû être un meilleur cadre, mais j’ai l’impression qu’il n’a pas réussi à accepter mes parents. En préparant notre prestation en terrain enneigé, nous avons réellement réussi à construire un lien. Je crois que je suis parvenue à gagner sa confiance et j’espère ne pas l’avoir brisé. J’ouvre grand la porte-fenêtre. Qu’il sache que je ne cherche pas à lui enlever sa liberté, qu’il peut prendre ses distances s’il le juge nécessaire. Mais il ne la réclame pas. Il renifle autour de lui, prenant possession du lieu avec prudence.

A l’autre extrémité du spectre, Jane n’a pas la même retenue. Elle couvre toute la surface du living room, sans oublier le moindre inche carré. Elle profite de l’espace pour se déplacer en roulant, chose qui ne sera plus possible dès qu’une table ou une armoire sera installée. Je pense que je ferais un brin de ménage avant, d’ailleurs. Si l’intérieur est globalement propre, j’ignore la précision du dernier grand nettoyage, autant s’y mettre avant d’être encombrée. Et j’aimerais prendre dès maintenant de bonnes habitudes. Il est hors de question que je me laisse envahir par la saleté.

Mellifera, elle, n’est pas très intéressée par l’intérieur. Elle se précipite dans le jardin. Je pense pouvoir dire qu’elle est heureuse. C’était une de mes priorités lorsque j’ai fait les visites. Depuis qu’elle m’a rejointe, ses sorties hors de sa ball se sont limitées à des ballades. Je suis vraiment contente de pouvoir le lui offrir. Elle pourra faire sa petite vie d’insecte, dehors. C’est amusant, et émouvant. Mes colocataires à poils et à écailles ont vraiment des réactions très éloignées les unes des autres. C’est tout à fait normal, évidemment, je pense que j’aurais globalement pu prédire leurs comportements, mais j’y vois simplement ma petite famille.

---

Entraînement : Scalpion niv. 19 (0) ; Carapagos niv. 9 (0)

Que serais-je sans eux ? Je me sens apaisée. Je pourrais les regarder longtemps. Je ne sais pas s’ils sentent à quel point ils m’apportent. Je fais de mon mieux, évidemment. Peut-être plus encore qu’avec mes patients, bien que je m’efforce d’être la plus juste possible. J’essaye de leur donner le meilleur environnement de vie possible, la meilleure alimentation, la meilleure hygiène, les meilleurs jouets. Est-ce que c’est suffisant ? Je pense. Je pense qu’on ne peut pas m’en demander davantage, mais j’irais chercher sans cesse au-delà. Dans ce nouvel espace, vierge de tout aménagement, je serai libre de leur créer un peu de bonheur. Je pourrai réfléchir sur leurs besoins et trouver des solutions, avec assez peu de contraintes. Je n’aurais pas la possibilité de cloisonner de petites chambres, comme à la Source, mais je compte bien leur concocter des petits coins cocooning, dans lesquels ils pourront se détendre et s’épanouir.

Je m’aperçois de l’absence de Zigzig. Le petit rongeur s’est faufilé hors de ma surveillance et, même si ma raison me dicte qu’il n’y a aucun danger, je ne peux m’empêcher de m’inquiéter. Suivant mon cœur, je me précipite vers la cuisine, pièce la plus proche du salon, mais la bestiole ne semble pas s’y cacher. Le dessus comme le dessous des meubles semblants déserts, pas de rongeur caché sur un frigo ou un placard a priori. Pas de petite tête ne se dévoile non plus quand je l'appelle, lui qui est pourtant si obéissant d’habitude. Aurait-il aussi des raisons de s’enfuir ? Il est vrai que je ne connais pas son histoire, avant qu’il vive son accident de la route. Il n’était pas relié au système informatique des captures puisque nous avons pu le mettre dans une ball. Peut-être avait-il été relâché, mais je juge l’hypothèse d’un pokémon sauvage bien plus réaliste. Me serais-je trompée ? Cela justifierait pourquoi il s’est autant attaché à moi, au point qu’il refuse de retourner dans son milieu naturel. Est-ce qu’il a pu prendre peur ? Je doute qu’il soit en mesure de vivre en pleine nature désormais. Non, il ne me laisserait pas. Il reviendrait dans tous les cas, il ne souhaite que découvrir son nouveau territoire. J’espère vraiment que c’est cela.

- Zigzig, où es-tu ?

Je murmure presque. Qu’importe, s’il pouvait m’entendre, mes appels précédents auraient dû suffire. Mais l’espoir a une volonté propre.

---

Entraînement : Scalpion niv. 20 (1) ; Carapagos niv. 11 (0)

Je me retourne pour chercher ailleurs et je suis surprise par une petite tête noire et blanche qui m’observe, du haut d’une des marches de l’escalier, entre deux barreaux.

- Ah, c’était donc ici que tu te cachais ?

J’aurais dû m’en douter. Il aime les hauteurs, escalader tout ce qui lui tombe entre les griffes. Il semblait apprécier que j’ai quitté cet appartement de deux pièces et demi pour un territoire à plusieurs étages. Tant mieux, j’espère qu’ils aimeront cet endroit autant que moi. C’est aussi chez eux désormais. Je n’ai pas pu prendre leur avis lors de ma propre visite.

- Allez, viens, je vais te montrer ce qu’il y a en haut.

Zigzig n’a pas compris le moindre de mes mots, je le sais bien, mais à peine je pose mon pied sur la première marche qu’il se lève et se précipite vers le palier supérieur. Être accompagné a dû lui donner la confiance qui lui manquait pour assouvir sa curiosité. Je ne peux m’empêcher de sourire en le suivant.

Deux yeux brillent dans l’obscurité, jusqu’à ce que j’actionne l’interrupteur. Le nouveau contrat pour l’électricité est déjà actif, apparemment. Aucune fenêtre ne vient apporter de lumière naturelle à mon grand regret. Mais ce n’est pas le cas des autres pièces. J’ouvre l’une des portes qui mène à une porte et Zigzig s’y engouffre. Je n’ai pas encore décidé si c’est celle où je dormirai où si je m’en servirai comme bureau et chambre d’amis. J’ai encore un peu de temps. La logique serait que je choisisse l’autre pour y placer mon lit, légèrement plus grande, mais en y mettant mon espace de travail, un canapé-lit et une bibliothèque, on arrive rapidement à combler cette petite aire supplémentaire. Un peu de temps mais pas tellement, une fois les meubles montés je ne vais pas m’amuser à les déplacer comme ça. On verra. Peut-être que ce sera juste un coup de tête de dernière minute, ou bien j’aurais un meilleur feeling dans l’une que dans l’autre d’ici là.

Je me retourne, me dirige vers le choix alternatif et dois piler, face à face avec Lux. Je n’avais pas remarqué qu’elle nous avait suivi, en silence.

- Toi aussi tu viens voir l’étage ? Mais tu étais là à la visite. Tiens, tu veux présenter l’autre chambre à Zigzig ?

Le rongeur ne réagit pas. Il semble ne pas avoir fini de regarder ce qu’il voulait voir.

---

Entraînement : Scalpion niv. 21 (0) ; Carapagos niv. 12 (0)

Je décide de laisser Lux s’occuper de l’étage. Je lui fais confiance pour encadrer Zigzig et s’assurer qu’il ne lui arrive rien. Et qu’il n'abîme rien non plus. J’ignore quel type de réaction il pourrait avoir face à l’inconnu, mais c’est tout autant le cas de ceux qui sont restés à l’étage inférieur. Et étant donné leur nombre, le potentiel chaotique et sa probabilité augmentait drastiquement.

Je dévale les marches. La moquette étouffe le bruit de mes pas. C’était un des points positifs de la maison. Puisque mes pokémons ne rentreront que rarement dans leur pokéball, ils déambuleront très probablement la nuit. Le bruit des griffes sur le parquet, du moins à l’étage, présentait le risque de réveiller ceux qui dormiraient, menant à la fatigue et, de là, à l'irascibilité. Et celà, je le refuse. Cette nouvelle vie doit permettre de repartir d’un bon pied, là où mon travail au centre pokémon m’a épuisée physiquement et émotionnellement, il est hors de question de refaire les mêmes erreurs. L’expérience aura au moins eu ce mérite. Je connais mes limites et je sais ce qu’on trouve au-delà. Je ne les refranchirai pas.

Je mets un pied sur la terrasse. Elle est encore humide, depuis la dernière pluie, mais le ciel était beau. Le soleil réchauffait ma peau agréablement, tandis que lorsque les nuages me l’ôtaient, le vent frais venait réveiller mes joues. Je profite de cette vivacité qui ancre ce moment dans l’existence. Ce n’est ni un rêve, ni un détail. La mélancolie n’a pas non plus sa place. Le passé est passé. Une fois le déménagement effectif, je ne reverrai plus mon petit appartement à Motorby. Je ne reverrai plus ses murs dont les marques de brûlures, résultat du passage d’un certain insecte, avaient été masquées de mon mieux. Je ne reverrai pas non plus mon ancien lieu de travail, ce lieu où j’ai tant oeuvré pour la santé des pokémons, avec parfois des échecs, des morts, des blessés à vie, mais aussi de grands succès, voire même des miracles, comme celui de Zigzig, qui n’aurait jamais dû survivre mais dont la guérison a été complète. De bonnes choses, de mauvaises, qui font mon histoire, mais un nouveau chapître commence et il n’est plus temps de relire le précédent.

Un coup contre la jambe me sort de ma rêverie. C’est un museau blanc. Celui de mon Ange qui réclame mon attention.

---

Entraînement : Scalpion niv. 21 (1) ; Carapagos niv. 13 (0), Nénupiot 15 (0)

- Viens mon beau !

Je me tourne vers lui, presqu’accroupie, l’encourageant à passer le seuil. A mesure qu’il avance une patte, je le récompense d’une petite caresse et je recule en l’appelant. Je n’ose pas encore être plus expressive avec lui. Une gratte pourrait s'apparenter à une griffure dans son esprit. Je dois redoubler de patience avant de pouvoir affirmer savoir ce qu’il ressent. Peut-être que d’ici quelques mois, je saurai lire son comportement, mais il est encore trop tôt. En attendant, la prudence s’impose.

J’ai l’impression d’être la princesse d’un conte de fée. Les pokémons regagnent une vie plus libre, mais je garde cette place privilégiée, cette place qui flatte l’égo car centrale dans leurs vies. Est-ce pour celà que je me sens bien, heureuse et fière ? Non, je ne pense pas. C’était la chose à faire et je l’ai accomplie, il n’y a pas d’autre raison à mes sentiments. Ange me tire une nouvelle fois de ma rêverie, posant sa tête de tout son poids sur ma main. Nous sommes bien ici. Passée la peur de l’inconnu, tous semblent à leur aise. Il manque encore les coussins et les jouets, bien sûr, mais une fois que ce sera installé, mes compagnons auront tout le confort qu’ils souhaitent.

A ce sujet, il serait peut-être temps d’y aller. Les déménageurs passeront demain. Je dormirai donc à Motorby une dernière fois et comme j’aimerais être de retour avant qu’il fasse noir, j’ai pris un train de retour en milieu d’après-midi. Depuis le solstice, les journées se rallongent, mais nous restons une journée d’hiver et la nuit tombe toujours trop vite à mon goût. Je ne peux évidemment pas laisser mes pokémons seuls ici, aussi je les appelle. Certains y répondent, venant rentrer sagement dans leurs balls. D’autres ne m’entendent pas ou m'ignorent. N’est-ce pas, Jane ? Est-ce qu’un jour tu m’écouteras ? Enfin… Je sais qu’elle peut. Elle l’a déjà fait pour nos prestations. Mais dans la vie de tous les jours, c’est un autre programme.

Je parcours à nouveau la petite allée et regagne en sens inverse le centre ville. Je prends une petite demi-heure pour rejoindre la gare la plus proche. Je ne pense pas souvent voyager, aussi celà me convient, d’autant qu’en semaine je devrais pouvoir compter sur les bus. Le quai est désert. Je me sens en tête à tête avec cette nouvelle ville. En montant dans le train, ce ne sont que des goodbye.

---

Entraînement : Scalpion niv. 22 (0) ; Carapagos niv. 14 (0), Nénupiot 16 (0)

Jour 2

Une fois n’est pas coutume, j'emprunte ma voiture. Ma banquette arrière est couverte de sacs d’affaires - des objets peu volumineux, des vêtements principalement - qui n'avaient pas trouvé de place dans mon coffre. Des biens précieux, également. Ce n’est pas que je ne fais pas confiance aux déménageurs, mais à tout moment l'inattention peut tenter une personne dépourvue de scrupules. Qui que ce soit la menace, je préfère les avoir à proximité, si ce n’est sous mes yeux.

En l'occurrence, mon regard est posé sur le camion. Je suis prête à m’arrêter en cas de problème, pour aider de mon mieux. Mais la route est longue et monotone. Nul événement ne vient troubler cette tranquillité et la somnolence me guette. Je lutte. Mais nous parvenons à notre arrivée avant que je ne cède.

Je stationne dans un petit parking du quartier. Il est quasiment vide. Je m’attendais à plus de difficultés, mais il est vrai que je n’ai pas remarqué beaucoup de véhicules. J’avais mis ça sur le compte de la semaine, mais en réfléchissant à ce que j’avais vu, ou n’avais pas vu, hier, on dirait qu’il y avait dans cette ville une tendance à ne pas posséder de voiture. Et bien… C’est tout à fait étonnant. Peut-être est-ce l’habitude de Motorby qui parle, mais j’avais le sentiment que la conscience écologique perce difficilement certains esprits de citadins invétérés. Dans tous les cas, ce constat est loin de me déplaire. Il est urgent de faire quelque chose et savoir qu’il n’y a pas qu’une poignée d’individus qui œuvre pour le bien du monde est rassurant. Enfin, non… Je dois me faire des films. Il y a quelque chose de louche ici, l’endroit semble bien trop parfait. Peut-être n’est-il pas aussi habité que ce qu’on m’avait raconté ? Qu’une grande partie des pavillons n’est pas occupée, justifiant l’absence d’autant de véhicules ?

C’est vrai que tout est calme. Mon séjour à Greenbury m’a déshabituée du chaos urbain mais le contraste reste saisissant. C’est probablement ce qui m’angoisse autant. Ça et me retrouver à des lieues de tous ceux que je connais. Mais l’absence de ces bruits, de cette agitation… Les lieux sont apaisants, mais comme morts. De temps en temps, je croise un riverain, un rescapé de l'apocalypse. Je me retiens de leurs demander ce qu’ils pensent de Guthbord. Mes affabulations ne regardent que moi.

---

Entraînement : Scalpion niv. 23 (1) ; Carapagos niv. 17 (0), Nénupiot 19 (0)