Depuis qu’Illia m’a contacté pour qu’on se voit rapidement, je le suis. J’ai essayé d’être le plus vite disponible, mais il a quand même fallu attendre une petite semaine. Ça m’a permis d’organiser cette journée, puisque j’ai pris ma décision. Aujourd’hui, ça passe ou ça casse et… J’ai hâte et je flippe en même temps. Je m’adapterais s’il le faut, si je constate que les réactions de Limonde ne sont pas celles que j’attends. Je pense ne pas me tromper, mais y a toujours un monde où j’suis à côté de la plaque. Dans ce cas… Il me faudra sans doute du temps pour m’en remettre. Dans le doute, j’ai pris quelques jours de congés pour soit en profiter, soit broyer du noir. J’essaye pourtant de me convaincre, de toutes mes forces, que l’espoir que je place en cette journée n’est pas futile.
J’avoue que j’ai pris peur au début, quand il m’a appris que sa dernière exploration s’était mal passée. Son vocal m’a permis de me calmer un peu, mais je pense qu’il a clairement besoin de se changer l’idée. J’espère que je l’y aiderais. Il faudra que je monte attentif, je n’ai néanmoins pas trop d’inquiétude à ce sujet ; quant il s’agit de lui, je suis toujours attentif. Faut que je respire, ça va bien se passer. Y a pas de raison que ça ne soit pas le cas… Humf. Je me regarde dans le miroir, puis l’heure sur mon téléphone. J’ai donc passé presque deux heures à me préparer, c’est vraiment n’importe quoi. L’amas de vêtement qui traine derrière moi témoigne de mon indécision. Au final, j’ai opté pour un simple t-shirt orange avec les manches blanches, un bermuda blanc et des basket blanches aussi. J’aime comment ça fait ressortir la couleur de ma peau. J’ai aussi passé facile quinze minutes à essayer de faire quelque chose de mes cheveux – faut que j’aille chez le coiffeur, sérieux – avant de réaliser que comme on ne sera pas dans une zone très touristique, je n’ai pas besoin de me teindre les cheveux. Eh donc, je porterais une casquette… Qui ruinera rapidement tous mes efforts.
Sam grogne légèrement, je lui donne une rapide caresse sur le museau. Nul doute qu’il sent ma nervosité et je ne suis pas certain qu’il comprenne la raison. J’ai quand même l’impression qu’il tente de m’encourager malgré tout. Il est mignon. Il adopte cette attitude aussi quand je me sens nerveux avant un combat, mais cette fois-ci, ça n’a rien à voir. Je me remémore les paroles de Rose, cherche désespérément à ne pas me laisser dépasser par des pensées négatives. Ce n’est pas mon genre de sombrer de cette façon mais l’enjeu est tellement important pour moi… Je sursaute quand j’entends toquer à la porte. Alice est là, m’informant que le chauffeur est là pour m’emmener à l’aéroport. Ah ! J’ai vraiment mis quinze ans à me préparer… Je me félicite d’avoir préparer mes affaires la veille. Pour une fois que je suis intelligent.
J’aime toujours autant me rendre à Unys. Seulement cette fois, je ne profite pas du décor qui passe devant mes yeux. Je suis perdu dans mes pensées, repensant aussi à cette conversation que j’ai eu avec mes frères et Nina. Pour être honnête, c’est sous couvert de leurs encouragements que j’ai organisé cette journée. J’espère qu’elle plaira à Limonde. Il sait déjà qu’on va camper ce soir, mais je ne lui ai rien dit sur l’occupation de cette après-midi. On a rendez-vous à quinze heures dans un quartier de Volucité, j’ai prévu d’arriver une heure à l’avance pour m’assurer que tout est toujours ok. J’ai tout fait par téléphone et le type que j’ai eu à l’air digne de confiance, mais je préfère m’en assurer avant, histoire de changer mes plans si jamais ça ne me convient pas, au final. En vrai il est sympa et l’endroit à l’air chouette, du moins de mon point de vue. On est loin du centre-ville, le quartier est plus calme qu’en pleine ville. On s’assure que tout est bon pour tout à l’heure et je retourne au lieu de rendez-vous.
C’est juste un carrefour basique qui a le mérite d’être pas trop fréquenter. Autour il y a surtout des habitations donc… Peu de chance de se laisser encercler par la foule. J’ai une demi-heure d’avance, je me suis installé sur une des barrières, Sam étant assis devant moi. Les passants nous regardent un peu de travers mais je les ignore ; avec ma casquette du parc d’attraction, je ressemble bien à un touriste qui attend son pote. Comme j’ai les yeux rivés sur mon téléphone, ils ne peuvent pas voir mon visage. Tant mieux.
Il ne reste plus qu’à attendre, maintenant. J’ai hâte de le revoir, tout de même. Ça ne fait que deux semaines depuis son anniversaire, mais je trouve ça long quand même. C’est nul qu’on n’habite pas dans la même région, j’aimerai trop qu’on puisse se voir plus régulièrement. J’envoie un message à mes frères pour me changer les idées, ils m’envoient des encouragements et me demandent de les tenir informer du déroulé de la journée. Ils m’aident pas, là. J’aimerai me détendre un peu, éviter de penser tout de suite à ce que j’ai prévu de faire… Surtout que même si j’ai tenté de m’entrainer, j’ai pas trouver le bon moyen pour. Je suis pas doué pour ces trucs-là, moi !... Mais c’est trop tard pour faire marche arrière. J’veux pas faire marche arrière, de toute façon. Sauf si évidemment j’ai des alertes qui me disent clairement que je suis en train de me foirer, j’aimerai aller au bout de mon idée.
Ça m’empêche pas d’avoir peur. J’ai à la fois très hâte qu’Illia arrive – avec de la chance il aura de l’avance lui aussi ? – mais aussi envie de rester dans cet état de non-savoir. Ça veut rien dire, je me comprends. Mes mains commencent bêtement à devenir moites et je soupire. Faut que j’arrête de me mettre dans tous ses états. Ça va être une chouette journée. Y a pas de raison que ça ne soit pas le cas.
L’idée que je me sois fait des films revient et je tente tant bien que mal de la faire partir. Ce qui s’est passé au parc d’attraction, je ne l’ai pas inventé. Rose doit avoir raison.
Je l’espère.
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J’aurais bien aimé me rendre au rendez-vous sur le dos de Rubis pour le montrer à Aram. C’est dommage, mais ce n’est pas encore possible. Il faut attendre qu’il se soit complètement remis de ses blessures pour qu’il puisse essayer de voler seul, apprivoiser ses ailes. Autant dire que c’est pas demain la veille qu’il pourra transporter un humain sur son dos. C’est frustrant, mais on saura patienter. Après tout ça fait déjà des années qu’on espère qu’il évoluera, alors quelques semaines de plus ou de moins pour fendre les airs ensemble, ça va, on gère. Comme j’allais du coup faire le trajet en moto, j’en ai profité pour passer voir Célestin en tout début d’après-midi. Une visite rapide, l’hôpital est sur le chemin. Je crois qu’il a pas trop aimé me voir, même s’il a prétendu que ça lui faisait plaisir. Y avait quelque chose de forcé dans son sourire. Il faut dire que le contraste entre nous deux était saisissant : il est toujours en train de broyer du noir alors qu’aujourd’hui je rayonne. Il faudrait peut-être pas quand on rend visite à un type qui fait le deuil de sa jambe et pleure souvent à cause de la sensation du membre fantôme - selon ses dires, il se confie pas mal quand je viens le voir - mais impossible de m’en empêcher. Plus tard dans l’après-midi je retrouve Aram et c’est la première fois que je vais le revoir depuis que je suis à peu près en paix avec mes sentiments. Bien sûr y a beaucoup de stress, car selon Rose ça se voit comme le nez au milieu de la figure, mais ça n’empêche pas que la perspective de passer du temps avec lui me rend heureux et je veux en profiter même si nous ne sommes qu’amis. Parce que je ne suis pas mort dans la Grotte Electrolithe. Je reste une vingtaine de minutes avec Célestin. Il m’apprend qu’il s’améliore dans le maniement d’un fauteuil roulant, mais qu’il n’en aura pas à sa sortie dans quelque jours car ses parents se battent avec la couverture santé familiale qui cherche la petite bête pour pas payer la location. Du coup, il s’entraîne pas mal sur les béquilles. Etant à des milliers d’années lumière d’une humeur déprimante, je fais de l’humour comme quoi il aura des bras en béton et c’est là qu’il me fait comprendre qu’il préfèrerait que je me casse pour le moment. Je le prends pas mal, je comprends et écourte le temps que j’avais prévu pour la visite. Avec un peu de chance, Aram aussi aura de l’avance !
C’est sur le trajet en moto entre Port Yoneuve et Volucité que je finis par sentir mon stress monter. Si je pouvais m’être senti pousser des ailes le soir où je me suis débarrassé de ma culpabilité par rapport aux sentiments que j’éprouve, je n’ai plus l’intention de lui dire quoi que ce soit. Pas pour le moment en tout cas. Peut-être même jamais, j’ai beaucoup trop peur de gâcher notre amitié. Et puis, en étant réaliste deux minutes, je crois toujours pas à un monde où il pourrait s’intéresser à moi de cette manière. Je veux dire… C’est Aram. Et c’est moi. Pas besoin de calculs savants pour déduire qu’il est out of my league. Ca a tendance à me déprimer d’ailleurs, quand j’y pense. Parfois une petite voix me dit que comme je me suis engagé dans un processus d’amélioration de moi-même, y aura peut-être un jour où je serais devenu assez bien, mais dans combien de temps ? Aram doit avoir des prétendants tout autour du bide, ou s’il en a pas ça doit pas être bien dur à trouver. Bref, il faut pas que je pense à ça aujourd’hui, car c’est pas la problématique principale. Ce qui m’ennuie, c’est ce que m’a dit Rose. Que ça se voit beaucoup trop. J’arrive pas à savoir à quel point elle le voit parce que c’est elle ou si c’est si évident que ça. Parce qu’elle l’a deviné depuis le jour de mon anniversaire, quand moi j’y étais encore bien aveugle. Je sais pas faire attention à ça, me rendre compte quand j’ai un comportement lié à ce type de sentiment. Parce que ça sort tout seul, c’est aussi spontané que toutes les pensées pleines de guimauves qui me remplissent le crâne depuis une semaine. Ca m’explose à la gueule d’un coup, comme à chaque fois que je fais un truc qui m’ennuie un peu et d’un coup paf ! Le mini-short ! Ou le sourire d’Aram ! Ou la tenue de bunny ! Ou ses yeux plein des reflets du ciel étoilé ! Je vais espérer, y a rien d’autre à faire.
Puisque ma visite à Célestin s’est écourtée, j’arrive en avance près du point de rendez-vous. Je gare ma moto et laisse mon casque, mon blouson ainsi que le gros sac contenant mes affaires pour le camping dans une consigne que j’ai repéré pas trop loin. C’en est une indépendante où il n’y a pas besoin d’annoncer d’heure de retour, c’est pratique car ce soir on campe. Pour avant, comme on est encore qu’au début d’après-midi, Aram m’a rien dit. J’imagine qu’il veut qu’on se pose quelque part tranquillement, ça me va. J’aime autant faire des choses que pas grand chose avec lui. Mon stress est toujours présent, mais j’ai le sourire aux lèvres lorsque j’approche du point de rendez-vous. Cette fois, j’ai conscience que j’ai fait un peu attention à ma tenue. Y a des couleurs, il a dit qu’il aimait bien la dernière fois au parc. Enfin, plutôt y a une couleur : du rouge. Pour le t-shirt et des bandes le long du pantacourt. Le reste est en teinte de gris assez foncées, voir un peu de noir pour des décorations, mais j’ai fait avec ce que j’avais hein ! J’ai pas forcément les moyens de refaire ma garde-robe. Mon compte en banque s’est remis de la cure, mais la paye est pas encore passée pour compenser les tickets coupe-file du parc d’attraction y a deux semaines. Rose m’a conseillé de m’attacher les cheveux, ce que je n’ai pas fait parce que le trajet en moto et le niveau zéro d’espoir. Mais j’ai mis de la couleur dans mes fringues… Je m’arrête vite fait devant une vitrine pour me faire une queue de cheval. Au moins ça aura le mérite de me tenir moins chaud.
Mon coeur se met à battre plus fort lorsque j’approche du point de rendez-vous avec une dizaine de minutes d’avance. C’est d’abord au démolosse et à la casquette que je le repère - j’aurais dû prendre la mienne ! Il a gardé ses cheveux blancs, je crois que je trouve que ça lui va mieux que la teinture brune. Allez, ça va bien se passer… Je fais quelques pas dans sa direction.
- Limooonde !, j’agite la main pour le saluer comme je suis encore à plusieurs mètres de lui.
Le rayonnement est revenu, je le sens. Il est accompagné par une nuée de charmillon qui s’envolent tous en même temps pour danser au milieu des pétales de fleurs. Même si mon coeur rate un battement quand nos regards se croisent avant de se mettre à tambouriner.
- Je pensais être en avance, mais tu me bats ! Ton avion est arrivé tôt ?, peut-être que j’aurais pu aller le chercher à l’aéroport au lieu de rendre visite à Célestin. Ca m’aurait évité de lui casser les couilles.
On se salue par une brève étreinte, comme on a pris l’habitude de le faire. J’avais jamais pensé, avant, que j’aimerais qu’elle dure plus longtemps. C’est désormais chose faite. Le problème c’est que maintenant je ne peux pas m’empêcher de l’imaginer et ce n’est pas le moment. Pour me calmer je me force à me revoir dans la grotte, protégé par Rubis et Juliette, convaincu que j’allais y rester. Je dois pas imaginer plus et me contenter d’être heureux de simplement pouvoir le revoir. Car je le suis, vraiment. Et ça se voit.
- Je connais pas trop ce coin de Volucité, y a un truc que tu voulais voir pour qu’on se retrouve ici ?
J’ai trop hâte qu’Illia arrive. Et, en même temps, je sens une pointe de stress se rajouter à ma nervosité dans ma poitrine. Même si je suis décidé, j’ai toujours cette peur de m’être fait des films et qu’en fait, il n’est pas du tout intéressé par moi de cette façon. Il y a un monde où ça doit être vrai, cette pensée. Je n’ai pas envie que ce soit dans le monde réel, cela dit… Mais c’est toujours possible. A douter comme ça, ça remettrait presque en cause mon « plan » pour la journée. J’essaye de toutes mes forces d’éviter de penser à ce scénario catastrophe, cependant je pense que pour mon bien, ça serait bien de le garder dans un coin de ma tête. Toujours dans cette optique de me protéger un minimum. Je n’ai pas tant peur que ça de souffrir d’un éventuel refus, je pense néanmoins que le perdre serait un coup dur à encaisser. Si tenté que je sois réellement capable de l’encaisser.
Pour éviter de laisser trop de temps à mon cerveau de tergiverser, j’embête un peu Sam qui finit par essayer de me mordre doucement. C’est dans le jeu et après tout, c’est moi qui l’emmerde donc c’est pas réellement surprenant. Je sais qu’il a fait ce qu’il pouvait pour pas me faire mal, mais je sens que ça pique un peu quand même. Je ne sais pas du tout s’il a la capacité de comprendre ce qui se passe dans ma tête, en ce moment. Une chose est sûre néanmoins, il sent bien que je suis nerveux et je dois lui transmettre ce sentiment. Humf, c’est pas cool pour lui. Je m’excuse, lui caresse le haut du crâne, histoire qu’il ne s’en veille pas non plus de m’avoir légèrement mordu. Je devrais le savoir pourtant qu’essayer de déjouer mon stress en embêtant mon starter, c’est pas la meilleure idée du siècle.
Je relève soudainement la tête quand j’entends un Limonde être exclamé. Il y a pas de doute de sa provenance et j’arbore rapidement un large sourire. Je suis absolument ravi de le voir, d’autant plus dans la tenue qu’il arbore. Il a mis des couleurs ! Certes c’est juste un pull rouge, mais ça change du noir… Et ça lui va bien ! Je remarque aussi rapidement qu’il s’est attaché les cheveux et… J’sais pas s’il sait que j’adore quand il a cette coiffure. C’est bête, c’est une simple queue de cheval mais je trouve que ça rend d’autant plus… Sexy. Je profite peut-être un peu trop de la vue qui m’est offerte, va falloir que je bouge histoire que ça paraisse pas trop bizarre. Je réponds à son signe de la main en allant à sa rencontre, quand bien même il n’y a que quelques mètres qui nous séparent.
« J’avais prévu de venir plus tôt, fallait que je finalise un truc. »
J’vais pas lâcher le morceau maintenant, ce serait dommage. Je me rends compte d’ailleurs que lui aussi est en avance et ça chasse un peu mes mauvaises pensées. Peut-être que comme moi, il avait hâte qu’on se voit… ? Faudrait pas que je me lance trop sur cette voie, mais j’ai tout de même bien l’intention de faire attention à ses réactions pour tâter le terrain. Aux vues de son sourire après le câlin de salutation qui dure pas assez longtemps à mon goût, je peux constater qu’il n’a pas l’air trop mal au point, malgré l’exploration catastrophe qu’il vient de vivre. J’en suis très rassuré, d’ailleurs, de le constater de moi-même. Pas que je ne lui fasse pas confiance pour me dire s’il allait vraiment mal, mais j’avais peur tout de même qu’il ait minimisé son état physique. Je ne peux que sourire davantage en voyant le sourire qu’il m’offre, sentant une douce chaleur s’étendre dans ma poitrine.
Sam semble lui aussi être heureux de revoir Illia. Il jappe brièvement en allant chercher des caresses de la part de Limonde, ce qui a le mérite de me faire plaisir. C’est bête mais j’suis vraiment content qu’il l’apprécie autant. Il me fouette un peu les mollets avec ses battements de queue, mais c’est un détail.
« T’as l’air d’aller bien, j’suis content. Comment va Rubis ? » Parce que je m’en soucie, tout de même. C’est d’ailleurs assez étrange de le voir sans son fidèle allié. J’ai pris l’habitude de les voir marcher côte à côte quand on est ensemble, seulement j’ai bien compris que ce serait plus vraiment possible désormais. Mais ! Ça reste super cool pour eux, depuis le temps qu’ils attendaient ça ! « Je connais pas du tout le coin non plus, pour ça que j’avais besoin aussi de faire du repérage. Mais tu vas voir, ça devrait te plaire ! » Large sourire à nouveau, je me dis qu’on peut déjà se diriger vers là où je veux l’amener. Quand on arrivera devant le bâtiment, il comprendra, je pense. J’espère seulement que ça lui plaira.
Ce n’est pas loin, de toute façon. On marche même pas deux minutes, passant par des petites rues de quartier jusqu’à apercevoir le petit cinéma. La devanture ne paye pas de mine, au début j’ai cru que l’établissement était fermé mais en réalité, ils diffusent des films uniquement le soir, plus le week-end d’ailleurs qu’en semaine. J’ai négocié pour que le cinéma ouvre exceptionnellement pour nous, on en sera même les seuls clients. Ça m’arrange puisque je ne serais pas obligé de rester caché toute la séance. C’est ce qui me bloque le plus désormais pour aller voir un film au ciné ; ma notoriété. J’vois mal aller dans une salle comme celle-ci avec Illia si tout le monde autour me reconnait… ça aurait été beaucoup trop chiant.
« Ah d’ailleurs. Je t’interdis de râler. » Peut-être que ça sort de nulle part mais étrangement, je l’entends déjà houspiller parce que j’ai privatisé le ciné et que ça doit coûter de l’argent et blah blah blah. Pour le coup, je m’en fous pas mal de la thune. « Le dirigeant est super sympa, il a accepté d’ouvrir spécialement pour nous. » Moyennant finance et publicité, mais il est quand même chouette d’avoir accepté. Quand je l’ai vu tout à l’heure il m’avait l’air d’un passionné de cinéma, étant donné qu’on a un peu d’avance, peut-être que ça pourrait plaire à Illia de discuter avec lui de leur passion commune. J’en doute un peu, mais c’est un scénario possible. Bon en revanche, on va pas rester quinze ans devant la porte alors je finis par entrer, Samaël sur les talons.
Le dirigeant nous salue, un brin surpris de l’heure. Je m’excuse de l’avance mais il ne s’en soucie pas plus, nous proposant de prendre à manger si on le sait. J’avoue que je suis bien intéressé par un gros sachet de pop-corn. J’ai pas l’habitude de le faire et j’avoue que cette nouvelle expérience me motive bien.
« Tu veux quelque chose ? C’est moi qui invite. »
J’ai quand même une partie de moi qui a un peu peur qu’il s’énerve ou j’sais pas parce que je prends les devants, financièrement parlant. Mais j’ai aussi envie de l’inviter et qu’on profite pleinement de cette après-midi ciné. J’ai beaucoup hésité, me suis beaucoup questionné sur ce qui pourrait plaire à Illia. Je pense que j’ai trouvé le bon truc, surtout en sachant le film que j’ai sélectionné. Enfin, j’ai un peu de stress là-dessus ; je sais qu’il y a son acteur favori dedans, mais j’sais pas en revanche si c’est son film préféré… On va bien voir… !
J’espère ne pas m’être trompé, quand même.
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Je pense que certaines personnes me feraient la leçon, d'être si heureux alors qu'il y a une semaine à peine mes collègues et moi frôlions la mort au fond d'une grotte et que Célestin en gardera des séquelles toute sa vie. Cet événement nous a secoués, c'est sûr, mais je refuse de m'empêcher d'être tel que je me sens aujourd'hui sous prétexte que ce ne serait pas correct. De toute façon c'est pas moi qui décide, c'est mon cœur, et je ne cherche plus à lutter contre. Ca ne servirait qu'à perdre du temps ou passer à côté de belles choses. En plus, maintenant que j'ai retrouvé Aram, le désespoir s'est fait la malle : je suis juste content d'être là et parviens à ne pas penser qu'il n'y aura jamais rien d'autre. Je le salue par un surnom peut-être aussi enthousiaste que je rayonne avant de le rejoindre rapidement. Il a de l'avance car il voulait finir quelque chose, ça m'intrigue. Je voudrais lui poser la question, mais Samaël m'en empêche. Pas que ce soit désagréable, au contraire ! Je suis toujours content de voir que ce pokémon si farouche m'apprécie et en vienne même à me demander des caresses. Exercice dans lequel je ne suis pas encore très à l'aise car je n'ai pas l'habitude de toucher cet espèce, j'ai toujours peur de faire un faux pas, alors je me contente de son front sans oser le gratouiller ailleurs. Au vu de son caractère, s'il voulait des caresses plus spécifiques, j'imagine qu'il trouverait le moyen de me le faire savoir. Lorsque j'ai fini, je me redresse. Limonde pointe l'évidence bizarre : c'est vrai que Rubis ne m'accompagne pas.
- Oui j'étais juste fracassé, y a certains mouvements qui me font encore un peu mal, mais c'est tout, les infirmiers ont dit que c'était un miracle vu ce qu'on leur a raconté, moi je sais que c'est parce que mes pokémons m'ont protégé. Rubis va mieux, mais il est pas encore totalement soigné. Puis il sait pas encore gérer ses ailes, ça le rend hyper maladroit il se cogne partout et se casse la gueule, j'ai un léger rire. Ca le fait rager, c'est assez drôle ! Je le sortirai quand on sera hors de la ville, ce sera mieux pour lui. J'ai trop hâte de te le montrer !, même si je ne sais pas ce qu'il va en penser. Vu sa petite taille, mon dracaufeu est bien moins impressionnant que le sien. Moi je le trouve mieux, parce que c'est Rubis et qu'il est trop beau, trop classe, trop parfait et bientôt trop fort, mais j'espère qu'Aram ne le trouvera pas trop ridicule à côté de Bélial.
J'interroge ensuite mon ami sur ses raisons de venir dans ce coin un peu paumé de Volucité. Ce ne sont pas des rues qui me sont familières et je me demande bien quel attrait il a pu y trouver à part peut-être le calme. Peut-être que la réponse me dira aussi pourquoi il voulait qu'on se retrouve aussi tôt – pas que ça me dérange bien sûr. Quand je comprends que je n'aurai pas de réponse car il s'agit, on dirait, d'une surprise, je suis un peu déstabilisé. Je n'aurais pas pensé qu'il aurait préparé quelque chose de cet acabit, à moins que ce soit une connerie qui sera rendue beaucoup plus drôle si je ne suis pas au courant. Ca me paraît plus dans notre style. Alors je ne pose pas de question, me contente de lui sourire en retour – comment ne pas le faire ? - et hocher la tête pour signifier que j'accepte de ne pas savoir pour le moment. Nous nous engageons donc dans les petites rues de ce quartier plutôt résidentiel. Je suis occupé à regarder en l'air car j'aime bien regarder les balcons des autres, puisque je n'en ai pas, quand on arrive à destination.
- Oh !, je ne peux m'empêcher de pousser une onomatopée de surprise face à ce petit cinéma de quartier que je ne connais pas. Je ne désespérais pas de partager un jour l'expérience des salles sombres avec Limonde, mais il me semblait qu'il m'avait dit ne pas trop aimer ça. On va voir un film ?, à peine a-t-elle été prononcée que je me rends compte à quel point ma question est stupide. J'enchaîne donc, tout content : Trop bien ! Depuis le temps que je voulais faire un ciné avec toi.
Je décide de ne pas trop me questionner sur ce qu'Aram m'a dit de ses goûts pour les séances de cinéma : il peut avoir changé d'avis, avoir envie de retenter l'expérience, ou avoir trouvé un film qui lui fait vraiment envie qu'ils passent ici, ce qui lui permettrait d'être tranquille puisqu'en règle générale ce genre d'établissement est peu fréquenté. Qu'est-ce qu'ils passent, d'ailleurs ? Je scrute les affiches, curieux, et finit par remarquer que les horaires annoncées pour les séances sont toutes le soir. Je fronce les sourcils, perplexe, et m'apprête à demander à Limonde s'il ne s'est pas planté quand il me demande de me défaire de cinquante pourcents de ma personnalité. Sur le coup, ça sort un peu de nul part et me fait rire :
- Pourquoi je râlerais ? On va voir un truc si mauvais que ça ?, dans le genre d'un documentaire artistique sur la culture des bleuets dans les landes de Galar au seizième siècle par exemple. Y a des cinémas qui diffusent ça, parfois, dans le cadre de programmations culturelles et scientifiques. Et bien une fois, pas deux ! J'étais curieux, je le serais plus jamais. Je m'apprête d'ailleurs à raconter cet épisode à Aram pour illustrer mon propos quand il me coupe le sifflet. Euh..... Comment ça il a ouvert spécialement pour nous ?
Non content de ne pas répondre à ma question, Aram entre carrément dans le cinéma comme si de rien n'était. Moi, il me faut plusieurs secondes de réflexion pour comprendre ce qu'il est en train de se passer : ce con a privatisé le cinéma hors des heures d'ouvertures ! Je comprends mieux pourquoi il m'a interdit de râler. Ca doit coûter super cher ! Il aurait eu meilleur temps d'acheter tous les billets d'une séance habituelle, je suis sûr que ça aurait été plus économique. J'ai envie de le rattraper par le col pour lui dire que "ça va pas la tête" quand une pensée parasite me bloque complètement dans cet élan. Cette perturbatrice vient me faire songer que ça pourrait ressembler à une scène de film de comédie romantique. Je... Non. Non, non, non, non, non. Je secoue la tête et pénètre à mon tour dans le cinéma. Ca fait à peine un quart d'heure que j'ai retrouvé Aram, si je commence déjà à faire ce genre de comparatif idiot, je vais pas m'en sortir. Quand j'entre dans l'espace d'accueil, Aram est en train de s'excuser de notre heure d'arrivée auprès d'un type. J'imagine que c'est celui qui gère le cinéma, vu qu'en général il y a peu d'employés dans de si petites structures, voir par du tout. Je le salue, plus timidement que je le voudrais, même si je garde un petit sourire. Malgré toute ma bonne volonté pour chasser les idées stupides qui me dansent en tête, je n'ai pas pu empêcher un certain stress de remonter. C'est à cause de la comparaison. Y a ça, ma stupidité, des espoirs débiles et des claques de réalité qui se mélangent dans ma tête pour former un cocktail assez bizarre. En conséquence, j'ai l'air intimidé et ne peut pas m'empêcher de regarder tout autour de moi pour me distraire, espérant ne pas rougir par-dessus le marché. Je suis tiré de mes tourments par Aram, ce qui m'apaise tout autant que ça sème encore plus le trouble. Parce que mon imagination est trop active pour rien : il doit vouloir se protéger de sa notoriété, c'est tout.
- Euh... Ouais du pop-corn pourquoi pas, merci, puis je me ressaisis. Il faut que j'arrête de trop réfléchir, que je stoppe les fictions dans ma tête, sinon ça va encore finir avec des aiguilles dans le cœur. J'ai pas envie, surtout quand ça se base sur absolument rien comme là. Rose me dirait de simplement profiter de la situation et que sont des pop-corns à côté de la privatisation d'un cinéma de quartier ? J'ai pas le droit de râler de toute façon... Fait gaffe si t'en veux aussi parce qu'il y a des sucrés, des salés et des mélanges dans les cinés, que t'ais pas de mauvaise surprise, je dis surtout ça histoire de faire la conversation et m'aider à me ressaisir.
Pendant qu'Aram passe à la caisse – je me suis éloigné pour me retenir de protester au moment où le prix serait annoncé, le pop-corn est toujours hors de prix dans les cinémas – j'essaye de faire le point pour retrouver mon humeur du début. Le problème c'est que même mon moment de trouble n'a pas suffit à faire disparaître mon sourire, il était toujours là, aussi timide que le reste. Ce qui a changé, c'est qu'en plus des rayons de soleil qui me touchent quand Aram est là et des charmillons qui tourbillonnent quand je pense à lui, maintenant y a aussi un truc qui pétille. Quelque part, je ne sais pas où, à cause de cette comparaison parasite qui ne veut pas s'en aller. Je pense aux aiguilles, elles me font peur, j'ai pas envie d'avoir mal, mais en même temps... Est-ce que je pourrai vraiment les éviter ? La réponse est non. Elles viennent systématiquement quand mon imagination part trop loin et que je reviens à la réalité, ce qui arrive souvent et qui je sais continuera tant que mes sentiments pour Aram seront là. Parce qu'elles étaient déjà là quand je me suis rendu compte que j'étais amoureux de Phil. C'est comme ça que je fonctionne, le prix pour avoir un cœur en guimauve. Alors j'ai qu'à accepter de pétiller. Aram a terminé, on se rejoint. Je suis plus serein et à l'aise :
- Qu'est-ce qu'on va voir du coup ? C'était sur les affiches ?, là encore je n'obtiens pas de réponse. Ca aussi, c'est une surprise. Maintenant que j'ai fait le point, ça ne me déstabilise plus, mais ne fait qu'accentuer mon anticipation. Je soupir faussement : Je peux au moins savoir à quelle heure est sensé commencer la projection ?
Après ça, nous entrons dans la salle à proprement parler. Elle est un peu plus grande que je l'imaginais pour un cinéma de ce type, ce qui n'est pas pour me déplaire. Le fait de voir tous les sièges vides et savoir qu'ils ne vont pas se remplir a quelque chose de galvanisant : on peut choisir les meilleures places sans avoir peur que quelqu'un de bruyant ou pénible vienne se coller à droite ou à gauche. Evidemment je propose de se mettre en plein milieu, puisque c'est là qu'il y aura la meilleure vue sur le grand écran. J'hésite à demander si je peux avoir Happy sur les genoux pendant la séances : il aime bien pendant que je regarde des films et absorberait plein d'émotions positives pour le coup ! Mais contrairement à Samaël, ce n'est pas un pokémon qui peut rester discret longtemps. Après avoir pesé le pour et le contre, je décide que je préfère profiter pleinement de cette séance exceptionnelle. A priori je resterai de bonne humeur toute la journée donc je pourrai passer du temps avec mon togepi plus tard.
- Assied-toi, je vais prendre une photo de la salle vide pour montrer à Rose !, une fois le cliché pris je lui envoie rapidement avant de prendre ma place juste à côté d'Aram.
Même si au premier abord, Illia a l’air d’aller bien, je préfère m’en assurer. Je suis soulagé d’apprendre qu’il a juste quelques douleurs selon certains mouvements, ce qui me parait logique en vue de ce qu’il a traversé. Ça ne fait qu’une semaine, après tout. Je demande aussi des nouvelles de Rubis et je ne suis pas surpris qu’il ait quelques galères avec ses ailes et sourit davantage quand Limonde se moque gentiment de lui. C’est pas une évolution évidente, après tout ! Le passage d’un Reptincel à un Dracaufeu, c’est un sacré changement. Je ne me souviens plus très bien de l’adaptation de Bélial, elle est survenue y a plusieurs années maintenant. Mais je sais que pour Naamah ça avait été compliqué, de Draco à Dracolosse ce n’est pas beaucoup mieux !
« C’est assez logique, le changement est conséquent ! J’ai hâte de le rencontrer sous sa nouvelle forme aussi ! » Il est vrai qu’en ville, Rubis ne sera pas à son avantage, surtout s’il galère. Il aura besoin de place pour pouvoir se mouvoir correctement. Ça lui fera sans doute du bien de se retrouver en pleine nature, au moins, il n’y aura pas de risque qu’il casse quelque chose par mégarde. « Si vous voulez j’pourrais faire appel à Bélial, peut-être qu’il aurait des trucs et astuces à lui apprendre. » Je ne peux cependant pas le confirmer. Avec son caractère belliqueux, j’ignore s’il ressentirait l’envie d’aider ce nouveau Dracaufeu… Et même si ça va bien mieux entre nous, il a toujours des moments où il est con et il ne veut pas m’obéir. Avec Sam avec moi pour le recadrer, ça devrait aller, mais j’peux pas m’empêcher d’avoir une légère appréhension sur ce point.
On se met en route pour rejoindre l’endroit de ma petite surprise. J’espère toujours que ça va lui plaire, même si, le connaissant, il y a peu de chance que j’ai tapé à côté. Je n’aurais pas la prétention de dire que je le connais par cœur, ce serait mentir. En revanche je le connais assez pour connaitre sa grande passion pour le cinéma. Son « oh » de surprise me confirme que je suis sur la bonne voie et me fait naturellement aborder un sourire attendri. Sa question me fait rire, je retiens de justesse de lui dire que non, on va juste manger des crêpes. C’est une envie taquine et pas totalement désintéresser parce qu’en vrai, j’aimerai trop qu’on aille en manger après la projection. Il se rattrape rapidement en disant qu’il est trop content, qu’il voulait faire ça avec moi depuis longtemps… Et ça me fait bêtement rougir.
« Eh bien c’est aujourd’hui que ça arrive ! »
J’ai été un peu pris au dépourvu, je l’avoue. J’essaie tant bien que mal à masquer mon rougissement, en revanche je ne peux pas dissimuler le plaisir que ses paroles m’ont apporté. Je m’empresse néanmoins de lui signaler qu’il n’a pas le droit de râler, tandis qu’il guette curieusement l’endroit. Je crois qu’il a capté qu’en temps normal, le cinéma est fermé, si j’en crois ses sourcils froncés. Il pense que ma demande concerne le film qu’on va voir, mais je doute vraiment qu’il ne l’aime pas ou alors, j’aurais vraiment fait de la merde. Ça me fout un peu le doute mais je tente de m’en défaire. Il comprendra bien assez vite le pourquoi du comment… ! Et ça loupe pas puisqu’il demande plus d’informations sur le « spécialement pour nous ». C’était certain qu’il allait demandé plus de détails ! J’adresse un sourire énigmatique, entrant dans les lieux en prenant bien soin de ne pas répondre. Il va vite le capter, de toute façon ! J’imagine que son cerveau s’est déjà mis en marche à imaginer le prix qu’une privatisation coûte. J’serais bien incapable de dire si c’est beaucoup ou pas, en toute honnêteté mais j’ai aucune volonté de lui donner le tarot. Là ce serait clair, je me ferais engueuler ! Mais pour moi, c’est une dépense qui en vaut le coût.
Après m’être excusé auprès du gérant pour notre avance, je me retourne vers Illia pour lui demander ce qu’il voudrait manger ou boire pendant la séance. Je découvre une facette de lui que j’ai rarement vu ; il a l’air… Timide ? Je reste bêtement là à le regarder. Mes pensées sont telles que je ne peux m’empêcher de le trouver extrêmement mignon comme ça. Je ne devrais peut-être pas étant donné que j’ai aucune idée de la raison de son comportement. C’est peut-être à cause de l’endroit désert ? Les cinémas, en général, c’est blindé de monde quand y a des séances. Enfin, je crois. J’suis carrément pas un pro dans le domaine mais j’sais que les rares fois où je m’y suis rendu, avec Derek notamment, y avait toujours beaucoup de gens… Sauf dans la salle puisque les films qu’aimait mon ex étaient loin d’être des blockbusters.
Je crois qu’il a légèrement rougi et ça met un peu de trouble en moi. Au moins cela dit, il continue de sourire. Je m’en voudrais un peu si je le mettais dans une position inconfortable. Bref, pour le rougissement, je me dis que j’ai sans doute rêver, qu’à trop espérer voir des signes, j’en vois à chaque réaction. En tout cas, ça me rassure un peu sur ce que j’ai prévu ensuite… Même si y penser fait accélérer les battements de mon cœur. Du calme, ce n’est pas pour tout de suite. Ça approche, mais on a encore quelques heures à distraire… Illia veut du pop-corn et ça tombe bien, moi aussi. Il m’apprend qu’il y en a des salés et des sucrés dans les cinémas et ça m’intrigue vachement.
« J’vais tester les deux alors ! »
C’est pas surprenant, venant de moi. Je prends aussi un truc à boire pour faire passer le tout et une barre de chocolat parce que pourquoi pas. Ça me calera un peu pendant la séance ! Avec tout ça c’est un peu compliqué de tout porter alors je compte sur Limonde pour me filer un coup de main. Il me demande quel film on va voir et une fois encore, je me contente de lui sourire en guise de réponse. Il devinera tout seul de toute façon, si j’ai tapé juste ! Son soupire me fait rire et je m’aprête à lui répondre quand le gérant me prend de court.
« Je peux faire commencer la séance plus tôt, dans un quart d’heure si vous voulez. » Ah ben niquel, on aura pas trop à attendre. « Amusez-vous bien, les jeunes. »
Il nous sourit, je lui réponds et réalise qu’il y a un petit truc dans son sourire et que… ah. Attends. De son point de vue, j’imagine qu’il prend cette privatisation pour… Un rendez-vous amoureux. En fait avec un peu de recul, ça ressemble CARRÉMENT à un date. …. …… Pourquoi j’y ai pas pensé plus tôt ?!
Je me mets bêtement à rougir et je bafouille des remerciements avant de faire volte face et me diriger directement vers la salle. Il y en a qu’une c’est pas difficile de savoir où aller. Je tente de tout faire pour pas qu’Illia se rend compte du changement de teinte de mes joues. J’suis trop con, putain ! Pourquoi j’ai pas capté AVANT ce que j’ai préparé ? Dans ma tête, je prépare surtout une journée cool pour Limonde. J’ai tout fait dans l’optique que ça lui plaise à lui et qu’il passe un agréable moment. Mais clairement, en étant juste tous les deux, c’est cramé que c’est un date. Si Illia fait le même lien que moi à l’instant, est-ce que ça va pas tout… Gâché ? Merde, merde ! C’était pas prévu, ça. Alors que c’est juste tellement flagrant ! Quel débile !
Mon cœur bat la chamade alors que je suis forcé de me retourner pour laisser Illia choisir nos places. Je pense qu’il est le mieux placé pour connaitre les meilleures places et comme on a la salle que pour nous, autant en profiter ! Il faut juste que je me calme un peu et j’espère de toute mes forces que l’écarlate de mes joues s’est fait la malle. On dirait qu’il ne s’en rend pas compte et ça m’aide à me détendre. Je suis toujours abasourdi par ma propre bêtise, tout de même. Aussi, quand Limonde me demande de m’asseoir, je m’exécute bêtement et profite de l’instant pour libérer mes mains en pensant la bouffe. Samaël s’installe sur le siège à côté de moi, faisant attention à ne pas faire d’accros. Je ne pense pas qu’il va rester avec nous pendant toute la séance, ça risque d’être trop fort pour ses oreilles. Je le renverrais dans sa pokéball à ce moment-là.
Je me détends un peu pour la photo qu’Illia prend pour Rose. J’sais pas si l’image va faire paraitre mon trouble ou pas. Je suis toujours en train d’essayer de chasser la tempête qu’à créer dans mon cœur cette révélation… J’suis quasiment certain que mes frères se sont rendus compte de ce que j’étais en train de faire et y en a pas un qui a été foutu de me le faire réaliser… ! Ça doit les faire bien marrer, maintenant. J’ai bien envie de les incendier par message, mais ça risque trop de me faire sortir du moment. Je me vengerais plus tard.
Le film va pas tarder à commencer, on aura juste le droit à quelques bandes annonces de films du moment. Même si on est que deux, j’imagine que c’est obligatoire… Ou alors c’est pour nous permettre de nous détendre avant. Je n’ai jamais vu le film en question, contrairement à Illia. Il va falloir que je me concentre un peu si je veux suivre un minimum le scénario. Surtout que je suis curieux de découvrir ce film aussi ! J’espère juste ne pas m’être trompé dans le choix. L’acteur favori de Limonde est le personnage principal, ça devrait aller, je pense.
Mais le problème principal, c’est qu’il y a de fortes chances que je guette régulièrement Illia pour découvrir ses réactions. Savoir s’il aime, s’il a reconnu le film… Ou simplement le regarder parce que ça me plait de le faire. Je repense à ce que Rose m’a dit sur le fait que si Limonde me regarde à son tour aussi, c’est qu’il y a un truc aussi de son côté et… Ah. Je sens une pression monstre monter en moi.
J’aimerai trop que ce soit le cas.
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Ce n'est qu'après que j'ai demandé ce que nous allions voir que je remarque qu'Aram semble perturbé. J'ai du mal à voir, car malgré les éclairages certaines parties des cinémas sont toujours un poil sombres, mais je crois qu'il rougit. Moi qui venait tout juste de me calmer, je me demande bien pourquoi. La seule réponse rationnelle que j'y trouve et qu'il n'est pas certain du film qu'on va voir, niveau qualité. Ce qui n'est pas étonnant, vu qu'il n'y connaît pas grand chose. Je pourrais le rassurer en lui disant que si le tenancier accepte de le passer c'est que ça ne doit pas être un navet, surtout que lui-même entretien la cachotterie quant au futur visionnage, mais puisque je ne pose pas la question je ne peux pas le faire. Il y a comme une petite voix qui me dit que ce n'est ni une bonne idée de lui faire remarquer sa gêne, ni d'essayer d'épiloguer dessus. Car, selon la réponse, je pourrais retourner m'en faire moi, des films. Maintenant que je suis au clair avec les rayonnements, le pétillement et les aiguilles, je n'ai pas envie de tout perturber à nouveau.
Nous entrons dans la salle de cinéma, moi le premier afin de pouvoir choisir les meilleures places. C'est tellement rare d'avoir tout cet espace à disposition dans ce genre de lieu que je ne peux m'empêcher d'admirer l'endroit en le faisant. C'est une salle sans prétention, de taille moyenne, qui a le charme de celles qui n'ont pas encore ajouté des loupiotes, des écrans bonus ou des sièges qui bougent pour agrémenter le film. Je trouve tout ça tellement débile... S'il y a besoin que le spectateur soit secoué ou se prenne de l'eau dans la face pour qu'il apprécie la séance, c'est que l’œuvre est un peu éclatée, c'est tout, et qu'il faudrait revoir la qualité des productions plutôt que de transformer la salle en parc d'attraction. Du moins, c'est mon avis. Rose dit que c'est sympa entre potes, moi je trouve que c'est une hérésie. Elle n'a pas encore réussi à me faire tester d'ailleurs, comme quoi je suis bien campé sur ma position vu comme elle arrive à me manipuler en général. En tout cas, cette expérience est atypique alors je veux prendre une photo pour le souvenir et la montrer à ma meilleure amie. Afin d'accentuer l'effet, je demande à Aram d'aller s'asseoir avant de lever mon smartphone pour prendre le cliché. Ceci fait, je l'envoie immédiatement à Rose accompagné d'un petit message mentionnant vite fait la privatisation et la séance incroyable qu'elle ne vivra jamais. Il faut bien que je l'emmerde, elle l'a bien assez fait de son côté quand elle a appris que j'allais revoir Limonde.
Ceci fait, je retourne à la rangée choisir pour être pile au milieu de la salle et vais m'asseoir à côté de mon ami. Il a l'air moins embarrassé que tout à l'heure. De toute façon, maintenant on y est, donc même s'il a choisi un navet, c'est trop tard. Il devrait savoir qu'au pire je vais juste me foutre gentiment de lui pendant les prochains mois, voir années si les occasions se présentent. J'aimerais qu'on puisse rester proches tout ce temps. Le degré de proximité quant à lui, hm... Non, je ne dois pas espérer ou imaginer, ça va me faire mal. Je récupère mon paquet de pop-corn et montre à Limonde comment bien le caler dans les trous prévus à cet effet des accoudoirs quand Rose me répond. Mon téléphone me le signale à coup de grandes vibrations qui me font penser qu'il faudra que je le mette ensuite en silencieux. Puisqu'il y a encore un peu de temps avant le film, je me permets de regarder ce qu'elle m'écrit. C'est à mon tour d'être d'un coup très gêné.
OMGGGGGGGGGG !!! C'est trop romantique !! FONCE !!!!!!!!!!!!!☜(⌒▽⌒)☞
15h42
Qu'est-ce qui lui prend de m'envoyer un message pareil à cette abrutie ?! Comme si on se voyait avec ce type d'intention, comme si moi j'avais l'intention de quoi que ce soit ! Par contre du coup... Est-ce que ça veut dire que ma comparaison était pas si débile que ça ? Que vu de l'extérieur ce contexte peut avoir une image de scène de comédie romantique ? Tu m'étonnes que mon imagination fasse n'importe quoi si c'est vraiment le cas. Bref, je ne prends pas la peine de répondre à ses bêtises, mets mon téléphone en silencieux, le ferme et l'enfonce bien au fond de ma poche. Je me force à pousser un soupir pour évacuer la gêne – le rougissement aussi j'espère – avant de justifier :
- C'est ouf à quel point Rose a tendance à m'envoyer des trucs gênants sans filtre quand je suis avec toi ! A tous les coups elle se lâche à distance comme elle retient comme elle peut sa fangirlitude face à toi, je me force un peu à rire pour accompagner ma constatation. Ce n'est ni un mensonge, ni la vérité vraie, ça passe. Par contre, j'y avais pas pensé avant, mais pitié qu'il ne me demande pas ce qu'elle m'a envoyé. Je n'ai pas envie de mentir à Aram.
Peu de temps après, les lumières se tamisent et les publicités commencent à apparaître à l'écran. Bon timming ! Je me cale mieux dans mon siège, même si je ne compte pas y prêter plus d'attention que ça, je préfère regarder les bandes annonces qui viendront après. Avec Rose, c'est un peu un rituel d'essayer de ne jamais les rater car c'est ce qui nous hyper le plus pour aller ensuite voir un film, d'avoir vu ces extraits sur grand écran.
- Tu crois qu'y aura long ? Je veux savoir ce qu'on va voir ! Puis ça doit pas être rentable de passer ça à deux personnes..., j'imagine que c'est dans le contrat avec les publicitaires, mais il n'empêche que mon impatience monte. C'est un film que tu voulais voir du coup ?
Même si ça ne me donnera pas la réponse à la grande question, je ne peux pas m'empêcher de lui demander ce genre de détails. Après tout pour qu'il en soit à l'extrémité d'avoir privatisé une salle pour préserver sa notoriété plutôt que de l'avoir regardé de son côté, ou chez moi s'il voulait le voir à deux, c'est que ça doit sacrément le hyper. Il faudra que je lui demande comment il est tombé dessus aussi, est-ce que c'était du hasard ? Et pourquoi ça l'a intéressé au point de vouloir organiser ce moment.
Les bandes annonces finissent par passer à leur tour, je découvre un ou deux films qui ont l'air intéressants, mais j'imagine que je peux pas proposer à Aram d'aller les voir puisqu'il va pas s'embêter à privatiser une salle juste pour qu'il puisse m'accompagner sans avoir à gérer les problèmes liés à sa notoriété. Puis après ça, c'est le film qui se lance. D'abord les sponsors, puis des images qui ne me sont pas inconnues. Il me faut quelques secondes pour recoller les morceaux, tant je suis surpris, mais ces bouts de scènes je les ai déjà vues. C'est un film qui est sorti il y a plusieurs années déjà, une histoire de kidnapping d'enfant, avec un père qui s'échappe de prison pour aller sauver sa gamine à tout prix avant de se refaire choper par la police. Et mon acteur préféré joue le personnage principal. Je sais que j'ai déjà parlé de lui à Aram, plusieurs fois, c'est obligé vu que forcément j'adore ses films et c'est à cause de lui que j'ai décidé d'avoir les cheveux longs, il est trop stylé avec. Ca doit être la seule personne qui fait que, parfois, de temps en temps, je regarde ce qui se dit côté people. Par contre, est-ce que j'ai parlé de ce film à Aram... ? Non, je suis sûr que non. Donc il a choisi tout seul, de son plein gré, un film où cet acteur que j'admire de ouf est le personnage principal. … … … … … J'aimerais bien pouvoir m'empêcher de douter que la séance soit pour Limonde.
Au départ, j'ai du mal à me concentrer sur le film. Mon imagination refait n'importe quoi, j'ai du mal à la calmer. Heureusement, dans la salle sombre malgré l'écran géant éclairé, j'espère que on trouble ne se voit pas trop. Je pense pas non plus à attaquer mon pop-corn pour me distraire et ne peux m'empêcher de jeter de rapides coups d'oeil du côté d'Aram. Le plus discrètement possible. J'essaye de voir s'il est enthousiasme, s'il attendait le visionnage de ce film qu'il aurait connu d'une manière ou d'une autre et qu'il aurait vraiment voulu voir. Puis, petit à petit, je me laisse happer comme d'habitude par le grand écran. Pas avec la même intensité ceci-dit : je n'arrête pas de me demander si ça plaît à Limonde. Ce serait con qu'il passe une mauvaise séance pour sa première fois dans un cinéma depuis longtemps. Je veux que ça lui plaise, ça me ferait tellement plaisir de pouvoir partager un peu plus de cette passion avec lui... D'autres personnes je m'en foutrais. Qu'ils s'ennuient ou détestent, rien à foutre, mais lui... Je veux qu'il passe un bon moment sur le siège à côté du mien. Les coups d'oeil reprennent.
Le gérant m’a mis dans l’embarras mais forte heureusement, il semblerait qu’Illia ne l’ait pas remarqué. Ouf. Sinon, je ne sais pas trop comment j’aurais fait pour me sortir de là… Parce que maintenant que je l’ai réalisé, ça ressemble vraiment beaucoup trop à un date. C’est même flagrant ! Est-ce que Limonde s’en est rendu compte ? J’espère que non ; si je sais ce que je veux faire aujourd’hui, je n’ai pourtant pas envie de faire ma déclaration parce que je me sens coincé. Cela dit, je ne suis même pas certain de la méthode que j’aimerai appliquer pour ça… J’aurais dû y réfléchir un peu plus. En tous les cas, je voudrais éviter que ce soit parce qu’il me trouve bizarre.
Entrer dans la salle me permet de reprendre un peu plus contenance et dissimuler l’effet de la révélation. Je suis vraiment un abruti quand je m’y mets, mais au moins, Illia ne semble pas s’en rendre compte. Ou alors il le cache très bien. Je profite de la découverte de la salle vide pour guetter sa réaction et sans surprise, ça a l’air de lui faire plaisir. Il veut crâner devant Rose et ça me fait marrer, aussi je joue le jeu. Je m’installe, prend la pause, essaye de piger comment je suis sensé mettre tout ce que j’ai acheté comme bouffe. Je me demande si j’aurais vraiment envie de manger une gaufre ou une crêpe après ça… Bah, on verra bien ! Limonde ne tarde pas à venir s’installer et à m’expliquer, alors que sa meilleure amie a déjà pris la peine de lui répondre. J’ignore ce qu’elle lui a dit, mais il semblerait que ça ait suffit à le perturber un peu…Non ? Ou c’est moi qui me fais des films ?
Il soupire et ne tarde pas à s’agacer du message de la demoiselle. Je me demande vraiment ce qu’elle a bien pu lui répondre. Ma curiosité est là, en tous les cas. Je me marre un peu, pose la première question qui me vient en tête. « Elle est jalouse ? » Je suis pas sérieux quand je pose la question, évidemment, mais peut-être qu’elle aussi aurait aimé profiter d’un cinéma vide. A vrai dire, je ne sais pas grand-chose de ses goûts personnels ; ce n’est pas comme si je m’en étais réellement soucié jusqu’ici. Et puis… C’est pas comme si ça m’intéressait vraiment. Je l’aime bien, c’est pas ça le truc. C’est juste… Qu’elle n’est pas Illia, simplement.
Les pubs commencent et je réalise que j’aurais pu tout simplement demandé ce qu’elle avait dit. Zut, j’ai loupé l’occas’. Après, ça fait peut-être le mec qui veut trop en savoir. Sans doute que ça ne me regarde pas du tout, en fait ? J’ai pas envie que ça donne l’impression que je souhaite m’immiscer entre eux, surtout que c’est absolument pas le cas. Humf. J’ai l’impression de trop réfléchir, soudainement, à croire que j’en ai pas l’habitude. En tous les cas, je trouve l’ambiance bien sympathique… Et me permet de lancer quelques regards à Illia pour continuer à me renseigner sur son état. Je sais pas si ça peut aller jusque-là, mais j’aimerai vraiment voir l’émerveillement étirer ses traits… Parce que ça me ferait beaucoup trop plaisir. Ça voudra dire que j’ai réussi mon coup et que j’ai pas totalement tapé à côté – après, avec sa passion pour les films, difficile de trop se louper -.
Limonde s’impatiente et ça m’amuse. C’est vrai que les pubs c’est pas ouf, les bandes annonces c’est plus intéressant. Je pensais pas que le gérant allait en diffuser mais au moins, j’ai cette partie qui est fidèle au cinéma. « Ça fait un petit moment que je voulais le voir oui, le synopsis me semblait intéressant… A voir ce que tu en penses toi après ! » J’ai un grand sourire, même s’il doit pas bien le voir en vue de l’obscurité environnante. Le truc, c’est que je laisse supposer qu’il n’a jamais vu le film alors que c’est pas vrai.
Ça y est, le film commence enfin. Sam a demandé à rentrer dans sa pokéball à partir des bandes annonces, sans surprise le son est trop fort pour lui. J’essaye de faire le moins de bruit possible avec les pop-corn -j’aime autant les salés que sucrés, d’ailleurs – tout en observant l’écran mais aussi Illia. Je me demande à partir de quel moment du film il va le reconnaitre. J’espère aussi que c’est un film qu’il aime bien, parce que même si y a son acteur favori en personnage principal, ça pourrait être un long métrage qu’il n’aime pas, question histoire ou réalisation. Après tout, un acteur ne fait pas tout. Enfin, il parait. C’est pas vraiment comme si j’en savais réellement quelque chose, je ne fais que supposer. Ma nervosité revient assez vite à l’idée qu’il reconnaisse et qu’il soit déçu par mon choix ; ça serait vraiment trop con. Il semblerait que les premières secondes suffissent à ce qu’Illia comprenne ce qu’on est en train de regarder… Mais je ne parviens pas à comprendre ce qu’il en pense. Son visage ne laisse pas réellement paraitre d’autres émotions à part de la surprise, je crois. Bon, au moins il ne réagit pas négativement. On va dire que c’est un bon point.
J’ai jamais vu le film et je dois dire que je me prends assez vite au jeu. L’histoire est intéressante – je comprends aussi un peu mieux la passion de Limonde pour cet acteur - mais j’avoue aussi être facilement distrait par Illia. Les paroles de Rose me reviennent en tête et je me sens un brin nerveux. Par une ou deux fois, je crois capter le regard furtif de mon ami ; est-ce que ça veut vraiment dire ce que je pense que ça veut dire ? Mon cœur s’emballe un peu. Heureusement qu’on est plongé dans la pénombre, sinon Illia pourrait voir le rouge qui macule mes joues. J’ai terriblement envie de poser ma tête sur mon épaule, aussi. J’ai envie de glisser mes doigts entre les siens. Je lutte pour pas céder. Je n’ai pas envie de gâcher la séance, ni de jouer les opportunistes. Et puis… Le film me happe d’un coup, lorsqu’il nous fait comprendre que la femme et la fille du héros sont en danger. Sans m’en rendre compte, je m’agrippe légèrement au bras d’Illia.
« Il va rien leur arriver, hein ? »
Comme s’il allait me répondre ! Je n’ai pas le choix que de regarder la suite, toujours sous le coup de cette tension. C’est le but du jeu, après tout et je m’y suis complètement perdu. En attendant, je continue de tenir Limonde par le bras, comme si sa présence me rassurait ou s’il allait pouvoir faire quelque chose pour changer le film, si jamais ça se finit mal. Je me dis que ce serait quand même assez nul si j’avais choisi un drame qui laisserait un goût amer à la fin du visionnage. J’ai tendance à trop m’impliquer émotionnellement dans les films, quand l’histoire est prenante ; ce qui est actuellement le cas.
Une grimace déforme mes traits quand on découvre la mort de la femme du héros. Je me laisse tomber en arrière, un peu déçu. C’était, j’imagine, prévisible. Il faut bien un peu faire pleurer dans les chaumières… ! J’ai jamais compris cette expression, d’ailleurs. Bon. Au moins, on a pas vu la fille… Qu’il faut que son père retrouve désormais. J’espère vraiment qu’il va la retrouver vivante et qu’il ne lui est rien arrivé de grave parce que sinon bonjour l’ambiance pour l’après-midi… ! Instinctivement, je cherche du réconfort et me retrouve, sans que je le réalise vraiment, la tête posée sur l’épaule d’Illia. J’ai toujours pas lâché son bras d’ailleurs, cherchant un soutien physique de cette façon. Peut-être que ça le dérange… S’il se met à bouger beaucoup, je comprendrais qu’il faut que je me redresse. Dans le cas contraire… Je reste dans cette position.
Le générique défile et je pousse un soupir de soulagement. La fille a été sauvé, le méchant est mort, c’est une histoire qui finit bien. Ça me rassure pour le reste de la journée, mais aussi parce que j’avais envie que les gentils gagnent. C’est con, c’est logique, mais je suis bêtement content que ça se termine ainsi, même si le héros principal est un fugitif. C’est dommage pour la femme, mais comme le film ne s’arrête pas énormément sur ce passage, ça s’oublie assez vite. Je me redresse et m’étire, un sourire sur les lèvres.
« C’était vraiment sympa comme film ! J’ai vraiment eu peur pour la fillette, je suis content que ça s’est bien fini ! » Et ça doit se voir, j’ai un sourire jusque derrière les oreilles. « Ça t’a plu ? » Parce qu’à l’origine, c’est quand même pour lui que j’ai préparé tout ça. Je pense pas qu’il ait passé un mauvais moment, mais sait-on jamais… ! En tous les cas, j’suis bien content de cette séance, c’était vraiment chouette.
Et le fait d’avoir passer une partie du film plus près d’Illia y a sans doute fortement contribué.
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- Sûrement, c’est un peu le rêve de voir un film dans ce type de config’, réponse réflexe qui me permet d’esquiver plus ou moins le sujet. En plus, ce n’est pas un mensonge : je connais assez ma meilleure amie pour savoir que je vais en entendre parler, de cette séance en salle vide. D’ailleurs, à ce sujet, je me demande si Aram se rend compte de ce qu’il fait.
Une fois le trouble provoqué par les conneries de Rose passé, les pubs de lancent sur l’écran géant. D’abord je suis surpris de les voir arriver pour deux personnes, puis m’impatiente. Avec tout ce mystère, je suis pressé de savoir à quel film nous avons affaire. Pour ronger mon frein, j’interroge Limonde sur son intérêt pour l'œuvre et en conclut que ça ne doit pas être une sortie hyper récente. Ca doit dater de quelques semaines, avoir été hyper populaire pour qu’il en ait entendu parler au point de vouloir le voir… Le dernier film de super-héros peut-être ? Ma question n’a réussi qu’à me rendre encore plus curieux. Heureusement le film commence peu après. Je le reconnais vite : il y a mon acteur préféré dedans, l’ai déjà vu plusieurs fois depuis qu’il est sorti et l’aime beaucoup. Jamais j’aurais cru pouvoir le revoir au cinéma, mais ce n’est pas ce qui me surprend le plus. Pourquoi ce film ? Ca ne colle pas avec mes suppositions et je suis sûr de ne jamais en avoir parlé à Aram. Ca devient difficile de ne pas m’en faire à moi, des films.
Malgré mes questions incessantes, je finis par être pris dans le visionnage. Le cinéma a ce pouvoir sur moi, même sur petit écran, ce qui explique ma sur-consommation depuis l’enfance. L’envie qu’Aram passe aussi un bon moment prend le pas sur mes autres interrogations et je ne peux pas m’empêcher de jeter des coups d’oeil dans sa direction. Je crois qu’il fait pareil, on a l’air d’essayer de s’assurer l’un l’autre que la séance plait. Je me prends à espérer que, de son côté aussi, c’est par envie de recommencer l’expérience juste tous les deux. Non. J’enlève le “juste” et me re-concentre pleinement sur le film. C’est la pression de Limonde sur mon bras qui m’en tire à nouveau. Il a l’air… Inquiet ?
- Tu verras !, sa question m’amuse.
D’habitude je déteste quand on me parle pendant les films au cinéma, ça casse trop l’immersion. Là, ça me fait plaisir car ça m’indique qu’il s’est pris dans le film, ça me fait plaisir. Et puis son inquiétude a quelque chose de mignon. Le seul souci c’est qu’il reste accroché à mon bras. En soi c’est pas dérangeant, au contraire, mais ça donne des idées que je dois surtout pas concrétiser. Je devrais même pas y penser, en fait. Ce petit geste me donne l’impression qu’il a besoin d’être rassuré alors, forcément, j’ai envie de le prendre par l’épaule pour qu’il se pelotonne contre moi. Le pire c’est que c’est déjà plus ou moins arrivé, la première fois qu’on a fait du camping, mais maintenant c’est plus pareil. Les intentions, les sentiments ou peu importe comment ça s’appelle ont changé. Ce serait toujours guidé par le fait qu’on soit très proches donc c’est ok, mais comme j’aurais pas que de l’amitié dans la tête, ça me gêne. Si un moment ça arrive à nouveau, je vais pas cracher dans la soupe, mais je ne veux pas prendre ce type d’initiative juste parce que j’ai envie. Rose me dirait sûrement que je me prends trop la tête et que si je prends pas ces opportunités j’arriverai jamais à rien ceci dit. Le film se poursuit et Aram ne m’aide pas du tout lorsqu’il décide de se poser contre mon épaule. Je suis plus du tout dedans tant je me questionne, me réfrène et m’inquiète aussi car ma meilleure amie dit toujours que mes épaules sont pas confortables. Je peux même pas me demander si c’est une habitude lorsqu’il regarde des films car il a jamais fait ça alors que mon pieu, canapé improvisé, est quand même plus pratique qu’un siège avec un gros accoudoir entre nous. Je me retiens de bouger, ne voulant pas qu’il pense me gêner. J’ai du mal à me replonger dans le film, avec son attitude de petite chose happée par le visionnage il donne envie de lui donner un petit baiser sur le front. Pourquoi il faut que ce soit maintenant qu’il ait une attitude qui le rend aussi chou ? Ca devrait pas me faire plaisir à ce point, d’ailleurs. Et puis merde.
Je me repositionne délicatement, pour qu’il puisse rester comme il est, mais être à mon tour un peu plus appuyé contre lui. C’est plus confortable pour moi aussi. Je me retiens fort de lui demander si je ne le gêne pas, pour ne pas interrompre son immersion dans le film et passe le reste de la séance comme ça. C’est plutôt pas mal et je m’y replonge vite.
Les lumières de la salle se rallument lorsque le générique a commencé à défiler. J’avais beau déjà connaître, l’effet grand écran c’est quelque chose. Je laisse Limonde bouger en premier, comme il s’est calé en premier, pour ne pas le gêner. Il a l’air heureux de la séance, et bien que j’y sois pour rien vu que c’est lui qui a tout organisé, ça me fait plaisir. Sûrement est-ce l’idée que le cinéma lui plaise, même si les conditions sont un peu particulières.
- Ouais c’est un peu le gros suspens du truc, mais dans les films unysiens de ce genre les enfants ont pas grand chose à craindre, pas que ce soit un mal, même si parfois ça flingue le suspens. Je me redresse à mon tour, me lève carrément, c’est plus pratique pour s’étirer, et plonge le regard dans l’écran des crédits qui défile, satisfait. Ouais c’était trop bien de le revoir sur grand écran ! En général, à part les méga succès, les films y reviennent pas. Je trouve que c’est pas pareil sur la télé, sachant que je pourrais débiter des heures sur le sujet, je me retiens, même si la conviction doit se lire sur mon visage. A la place, je m’en vais vers l’humour : D’ailleurs, si t’as besoin de t’accrocher à quelqu’un pour ça, tente jamais de film d’horreur au ciné !
J’ai beau en rire, dans le fond j’espère aussi que ça me permettra de mieux comprendre ce qui l’a poussé à rester comme ça toute la séance. Peut-être que c’est l’ambiance de la salle, tout simplement. C’est si différent de vivre un film à la maison après tout. Je commence à marcher pour m’extirper d’entre les sièges. Le fait de me sortir du film fait venir des questions que je peux poser maintenant que je sais ce qu’on est allés voir :
- Et du coup t’en avais entendu parler comment de ce film ? Et c’est quoi qui t’as donné envie ? Je sais que je t’ai un peu bassiné avec l’acteur, mais je crois pas t’avoir parlé de celui-ci… Oh d’ailleurs si ça t’as plu le ciné, y a peut-être une strat’ si tu veux être tranquille sans t’embêter avec tout ça, je fais un vague geste autour de nous pour désigner la privatisation du cinéma. Si t’arrives pour les bandes annonces, quand les lumières sont déjà éteintes et que tu repars avant que ça se rallume après un bout de générique, tu devrais être assez discret !
C’est con de rater les bandes annonces, mais si ça peut lui rendre l’activité plus accessible, je peux bien donner ce conseil je crois. Vu la tronche qu’il tirait à la fin de la séance, je pense pas me tromper en assumant que la séance a été chouette pour lui aussi.
- Enfin je dis ça parce que ce serait cool de pouvoir revoir des trucs ensemble comme ça sans t’imposer toute une organisation, je trouve un vrai charme dans les séances de cinéma improvisées, rares moments où mon compte bancaire ne me rappelle pas à l’ordre à temps. Alors un cinéma improvisé avec Aram...
Enfin, pour le moment je vais me taire. Car je sais très bien que si je dis tout ça, c’est aussi parce que je me fais encore des films. J’imagine toujours que la séance n’était peut-être pas spécialement pensée pour lui, que toute cette organisation c’était pour autre chose. Les scènes de films romantiques qui reviennent de manière incessante. J’espère qu’avec ses réponses elles seront définitivement chassées.
Ce n’est qu’une fois que je suis sorti de la rangée que je me rends compte d’un truc :
- ... Limonde ! J’ai oublié mon pop-corn !, et n’en ai pas mangé une miette non plus, même si j’entendais Aram le faire, absorbé que j’étais par la séance et d’autres choses.
J’ai toujours pensé que regarder un film au cinéma, c’est la même chose que de le regarder chez soi. Il faut dire que mes rares expériences quand je sortais avec Derek étaient pas spécialement plaisante, en vue des films choisis… Ne rien pouvoir faire pendant la projection m’avait rapidement saoulé. Bon, évidemment, ce n’était pas la faute de mon ex, mais ça m’avait quand même laissé un arrière-goût amer. Au moins là, si j’ai envie de bouger je le peux, même si j’aimerai éviter d’embêter Illia dans son visionnage. Je pense que si j’en viens à me lever, il comprendra rapidement que je ne tiens plus en place. Je lui en avais déjà parlé, en plus.
Mais ce n’est pas du tout ce qui se passe, finalement. C’est bien plus agréable quand l’histoire m’intéresse et me plonge même dans son univers. Il me semble que Limonde m’avait dit un jour qu’il n’aimait pas les gens qui parlent pendant les séances, seulement je suis tellement inquiet pour la famille du héros que je ne peux pas m’empêcher de chercher des réponses auprès de lui. Évidemment, il ne me raconte pas la suite et me laisse découvrir, je suis quand même rassuré de voir qu’il est amusé par mon comportement. Je m’en serais voulu s’il s’était montré agacé. Après tout, cette séance de cinéma, s’il ne l’a pas encore compris, je l’ai surtout organisé pour lui. Je passe aussi un très bon moment cela dit, c’est une bonne surprise ! Ça me donne envie de recommencer l’expérience, ultérieurement.
Je suis tellement plongé dans le film que je réalise pas tout de suite ce que je fais. Déjà, j’ai laissé ma main sur le bras d’Illia. Mais voilà que maintenant, je pose ma tête sur son épaule. Depuis le temps que j’ai envie de le faire… ! Je pensais pas que je le ferais maintenant. Quand je m’en rends compte, je sens les battements de mon cœur s’accélérer, d’autant plus quand je le sens légèrement bouger… Mais il n’essaye pas de se dégager, au contraire ; il s’installe mieux… Contre moi. AH ! Je sors sans le vouloir de l’histoire pour réaliser ce qui est en train de se passer. J’ai encore de légers doutes, mais si ça c’est pas un signe positif… ! Une partie de moi me dit que je suis toujours en train d’halluciner, que j’interprète des signes alors qu’il y en a pas mais cette voix se fait de moins en moins audible… Et j’ai de plus envie de croire que je suis pas en train de faire une connerie, je vais pas gâcher notre amitié.
Et si c’est bien vrai, je suis juste super heureux.
Je suis vraiment content de cette séance. Le film était chouette et j’suis beaucoup jouasse à l’idée d’avoir passer une grande partie du visionnage si près d’Illia. Cette dernière pensée me ferait presque soupirée tant elle me donne l’impression d’être un amoureux transit idiot, on va faire comme si de rien n’était. J’exprime mon avis sur le film, sur mon soulagement aussi de savoir que la gamine n’est pas morte au final. Je suis surpris quand Limonde m’apprend qu’en général, dans les films de sa région, les enfants ont quasiment rien à craindre. Je ne saurais pas dire si c’est une bonne ou une mauvaise chose, ça me laisse sceptique. « Ça gâche un peu le suspens du coup, non ? » Si je l’avais su avant, sans doute n’aurais-je pas été aussi plongé dans l’intrigue… Ou pas. J’en sais rien en fait, c’est difficile à dire. En tous les cas, ce qui compte c’est qu’Illia a passé un bon moment lui aussi, si j’en juge ce qu’il me dit. Ça me fait afficher un large sourire de satisfaction.
Sa remarque sur les films d’horreur et le fait de m’agripper a le don de me faire légèrement rougir mais je décide de reprendre rapidement mes esprits pour me joindre à son rire. « Ça pourrait être drôle limite… Mais faudrait pas que je te pète le bras ! » Je ne sais pas pourquoi ça me fait rire, c’est nul ce que je dis et j’ai vraiment l’impression qu’il n’y a rien de drôle mais ça m’a échappé. Parce que quelqu’un d’autre en vrai, je m’en fous de regarder un film avec. Limite peut-être avec mes frères mais comme c’est pas une habitude qu’on a prise, ça serait un peu bizarre. En revanche… J’ai maintenant envie de regarder un film d’horreur en compagnie d’Illia.
Sans grande surprise, Limonde cherche à savoir comment je suis tombé sur le film qu’on vient de voir et en profite pour donner une astuce. Je me concentre sur cette dernière en premier et la surprise se lit un peu sur mon visage. « On risque pas de se faire recaler si on fait ça ? J’croyais qu’il fallait à tout prix arriver à l’heure sinon on peut plus entrer dans la salle. »… Plus je parle et plus je réalise que je suis bien naïf. C’est Derek qui disait ça, mais c’était surtout parce qu’il était incapable de ne pas arriver dix minutes avant une heure de rendez-vous sinon il devenait dingue. Cette histoire de ciné a arriver toujours en avance, c’était surtout pour que lui ne se sente pas stressé à l’idée d’arriver en retard… Je m’en rends seulement compte maintenant. « Mais du coup ça doit être trop pratique ça pour pas se faire remarquer ! Faudrait qu’on teste ! » Ça me motive plus à me rendre dans une salle de cinéma sans tout privatiser, en tout cas. Si on peut éviter ainsi d’attirer l’attention sur moi, je suis preneur ! En plus ça a l’air de bien motiver Limonde aussi alors c’est tout bénef’ !
« Et quand au film ouais, tu m’avais déjà parlé de cet acteur, j’étais curieux de voir un film dans lequel il a joué. Il en a fait plein quand même ! Mais celui-là le résumé m’intriguait puis c’était vraiment l’acteur central de l’histoire alors… Je me suis dis qu’il y avait des choses que tu l’aimes bien ! J’aurais eu trop les nerfs en revanche si j’avais choisi celui que tu supportes pas si jamais y en a un. » Ça aurait été bien con, il faut le dire. Je me marre un peu, jusqu’à ce que Limonde s’exclame qu’il a oublié de manger son pop-corn. Ça me fait pouffer, tandis que je lui montre mes deux pots vides. J’ai bien bouffé, en tout cas, surtout pendant la première partie du film. « Je pense pas que ça dérangera le gérant de nous le mettre dans un sachet. » J’ai vu qu’ils en vendaient comme ça aussi, suffira juste de demander en sortant.
C’est assez perturbant d’ailleurs de sortir de la salle. Le changement de luminosité me fait mal aux yeux et il me faut quelques secondes pour me réhabituer à la clarté du jour. Une fois chose faite, j’vais voir le dirigeant qui nous demande comment s’est passé la séance. Je le remercie pour avoir accepter d’ouvrir exceptionnellement pour moi, on échange des banalités pendant qu’il met les pop-corns d’Illia dans un sachet et on quitte les lieux. Une fois dehors, je m’étire de tout mon long. Mine de rien, rester assis aussi longtemps, ça se sent dans les membres. Je regarde mon téléphone pour connaitre l’heure et hésite.
« Ça… Ça te dit qu’on se rende déjà au coin de camping ? A la base je pensais s’arrêter à un petit café pas loin qui fait aussi des gaufres mais il semblerait que les pop-corn m’ont assez calé l’estomac… Après c’est comme tu veux, hein ! »
Je ne veux pas lui forcer la main, bien sûr. Seulement là pour le coup… J’ai pas envie de me mêler à qui que ce soit. C’est peut-être égoïste mais j’ai envie d’être seul à seul avec Illia, comme pendant le film…
Codage T-Card par Aaron Sakuragi, un grand merciiii t'es la meilleure ! Crédit avatar :obo
- Ca dépend je trouve. Parce qu'il y a aussi des films qui les épargnent pas, donc même si on peut se rassurer en se disant qu'il leur arrivera rien, on sait quand même jamais, ce que je réponds n'est pas forcément clair, mais ça ne m'empêche pas d'enchaîner sur une taquinerie concernant les films d'horreur. Il a l'air bizarre, un instant. Est-ce que ça le gêne que je fasse une remarque alors que ça a duré quasiment tout le visionnage ? Je sais pas quoi en penser, peut-être que j'ai mal vu, alors je me contente de rire avec lui : T'inquiète je suis résistant et mes os aussi !
J'interroge Aram sur les raisons qui l'ont poussé à vouloir voir ce film, puisque j'étais déjà curieux avant même de savoir ce que nous allions voir. Au passage, j'en profite pour lui souffler une astuce qui lui permettrait, je pense, de revenir au cinéma sans avoir à s'embêter avec toute une privatisation. Peut-être qu'il a les moyens, mais tout de même... C'est génial d'avoir eu l'occasion de le vivre une fois grâce à son invitation surprise, mais si ça se reproduit suivant je crois que je me sentirais mal à l'aise. A en juger par la réponse de Limonde, il n'avait même pas envisagé l'idée. Je ne peux m'empêcher de froncer les sourcils quand il me parle d'heure. Il ne bloque pas dessus, a l'air aussi enthousiaste que moi à l'idée qu'on retourne voir un film ensemble – la guimauve revient bordel – mais je me permets quand même d'expliquer un peu mieux cette histoire d'horaires. Je voudrais pas qu'il se prenne la tête à nouveau, stresse, ou n'ai pas compris un truc. C'est peut-être présomptueux de ma part, mais en même temps c'est d'Aram qu'il s'agit. J'ai déjà eu plusieurs fois l'occasion de me rendre compte qu'il captait pas tout des choses communes à cause de sa vie dans le désert. Bien sûr je suis loin d'avoir la science infuse, mais sur les horaires de cinéma, ça va.
- Faut juste arriver avant que le film commence sinon ça fait chier les autres spectateurs. Pendant les pubs et les bandes annonces, ça passe. Puis si t'es trop en retard je pense qu'à l'accueil on te recale oui, mais j'ai jamais été si à la bourre que ça.
Lorsqu'il commence ses explications quant au choix du film, je me sens devenir un poil plus tendu. C'est à cause des espoirs que je n'arrive pas à chasser. Je l'écoute attentivement alors que je commence, en même temps, à me déplacer entre les sièges pour quitter la rangée. Les paroles d'Aram me laissent perplexe. D'un côté je comprends qu'il a choisi par curiosité personnelle, d'un autre il a l'air de faire grand cas des chances que j'aime le film ou non. J'imagine que c'est parce qu'il avait prévu dès le début de m'inviter car les dates se goupillaient bien et, dans ce cas, c'est effectivement mieux d'aller voir un truc que tout le monde peut aimer. Hm. Je suis malgré moi un poil déçu, même si je sais que c'était absurde d'espérer quoi que ce soit. Y a rien qui pourra empêcher mon imagination de tourner dans le futur, ni les aiguilles de planter mes espoirs, mais j'espère tout de même que j'arrêterai de me faire des films basés sur rien. Enfin, la salle de cinéma pour nous tout seuls et l'invitation surprise, on peut dire que ce n'est pas rien, mais maintenant je sais que ça l'était, rien, donc que les images me foutent la paix ! Heureusement mon pop-corn se rappelle à moi et me tire de ces pensées à la noix.
Aram me montre que lui, de son côté, a tout englouti. Un instant je me demande s'il essaye de me dire qu'il a bouffé mon pop-corn aussi, mais ce n'est pas le cas. Ouf. Je crois que si en plus de la mini-déception je n'avais, en plus, plus eu de pop-corn, je me serais agacé. Or il paraît que j'ai interdiction de le faire tant qu'on est dans le cinéma. Enfin, j'imagine que c'était plutôt pour la surprise, ça. Pourquoi il m'a fait la surprise, d'ailleurs, de m'inviter à la séance de ciné qu'il s'est organisé ? Il a eu l'air d'y mettre un point d'honneur en plus, jusqu'à la révélation du film... J'arrive pas à savoir si je suis complètement con ou si ça faisait juste marrer Limonde de jouer ce petit jeu. Je me fatigue.
Bref, je suis Aram pour sortir de la salle. Il prend les devants pour que je puisse emporter mon pop-corn. Si lui tape un peu la discussion avec le gérant, je me contente de le remercier pour la séance. Ce petit temps me permet de réponse au message de Rose, lui demandant d'arrêter ses conneries et l'informant qu'Aram voulait juste voir le film en lui donnant le nom. Elle connaît, elle saura très bien de quoi je parle. La réponse ne se fait pas attendre. Elle a vraiment que ça à foutre de sa journée ?
COMME PAR HASARD LE FILM !!!
Yaya. Sérieux. Pitié quoi.
17h48
Je remets mon smartphone dans ma poche avant de voir la suite arriver, car il y aura forcément une suite. Y a au moins trois nouvelles vibrations dans le fond de ma poche avant que le téléphone se calme. Je veux pas voir ce qu'elle me raconte, car elle va réussir à me convaincre que je suis complètement con, ce qui fera juste très, très mal plus tard. Reste qu'elle fait chier, j'avais presque réussi à me débarrasser de la petite graine d'espoir qu'essaye de germer. Elle comprendra quand je lui raconterai en détail. J'espère qu'elle en profitera pas pour me remettre des idées fausses dans la tête.
Après avoir remercié à nouveau le gérant et Aram pour les pop-corns, nous sortons du cinéma. La lumière du soleil contraste avec l'intérieur du bâtiment, même s'il était éclairé. Je grimace et baisse la tête pour plutôt voir le sol, plus sombre. Pendant qu'Aram s'étire, j'ouvre mon sachet et prend quelques sucreries. J'ai pas faim, mais ça distrait et ça fait du bien. Je me suis remis à trop réfléchir, suis tout silencieux depuis qu'on est sortis de la salle, ça va finir par se voir que je suis ailleurs. Le sucre aide à laisser la bonne humeur regagner tout son terrain sur mon visage, même si elle n'était jamais partie. Limonde me propose d'aller directement au camping, en sautant une étape gaufre à laquelle il avait pensé. C'est vrai qu'il est déjà un peu tard. Même si c'est l'été et que le soleil se couche tard, ce serait bien d'avoir préparé la tente avec de l'avance. Tout le matériel est déjà sur place de ce que j'ai compris, mais reste qu'il faut aller jusque là-bas, monter le camp et tout le tintouin. Puis je pense avoir aussi envie d'être au calme. J'approuve donc sa proposition d'un signe de tête avant d'ajouter :
- On pourra revenir prendre des gaufres demain au pire ! D'ailleurs, si moi j'ai pas eu le droit de râler là, bah t'auras pas le droit de refuser que je te l'offre. Pour te remercier de m'avoir laissé profiter de ta séance privée, même si ma proposition est ridicule à côté de la salle de cinéma vide, reste qu'il faut bien que je lui rende quelque chose. Puis je visualise comme il risque de sourire si on finit devant les gaufres et j'ai envie de voir ça. Deal ?, ça a beau être une question, mon ton laisse entendre qu'il n'a pas vraiment le choix. Et si ce n'est pas la gaufre, ce sera autre chose !
Ma proposition posée, je me mets à marcher en direction de l'endroit où je me suis garé. Le plan, pour se rendre au lieu de camping, est de prendre la moto. On se rapproche le plus possible par la route, je la laisse sur le bord, et ensuite nous rejoignons l'endroit où sont les affaires à pieds. J'hésite encore à laisser Lari' garder ma bécane pendant la soirée, la nuit et jusqu'à ce qu'on vienne la chercher. Ce serait pas sympa pour mon couafarel de le laisser seul tout ce temps, même s'il aime bien jouer les pokémons de garde. Il me reste le temps du trajet pour réfléchir à une autre solution, impliquant peut-être un de mes type psys. Si Juliette peut avoir des visions, peut-être qu'elle pourrait surveiller ma moto de loin ? Il faudra que j'essaye de lui demander, elle est honnête et comprends pas trop mal ce que je lui demande. Si ce n'est pas possible, je le saurai tout de suite.
Une fois que nous sommes sortis de la ville, je fais signe à Aram de s'accrocher car je sais que les routes qu'on emprunte permettent quelques pointes de vitesse. Rien de trop dangereux, ceci-dit. Si j'étais seul, pourquoi pas prendre des risques comme j'ai confiance en ma conduite, mais avec Limonde derrière moi je suis plus prudent. Je m'en voudrais de lui faire peur ou de le blesser avec mes conneries. Il faudrait peut-être que je fasse plus attention à moi ceci-dit. C'est une pensée que j'ai pas mal depuis qu'on a failli mourir au fond de la grotte. Le problème c'est que j'ai du mal à me rendre compte quand je suis vraiment en danger ou quand je fais des choses qui peuvent me mettre dans des situations trop risquées à moins que ce soit évident. Comme la créature au fond de la Grotte Electrolithe. Ca me prend la tête, alors j'évite d'y penser. Une fois que nous arrivons au bout de la route, un chemin de terre qui a commencé à s'enfoncer dans les bois avant de disparaître totalement, je gare la moto sur le côté, descend et enlève mon casque. Dans la visière de mon casque, je peux constater que mes cheveux ne ressemblent plus à rien après que la queue de cheval ait été écrasée alors je l'enlève rapidement. Je pourrai toujours la refaire plus tard.
- Ca a été le trajet pour toi ?, on sait jamais, on a pas encore fait beaucoup de trajets en moto ensemble. Je sais qu'il était engourdi lors de notre balade à la Ligue, mais cette fois c'était bien moins long.
Je cherche mon sac à la recherche de la pokéball de mon archéodong que je fais apparaître. Il y a encore quelques fissures visibles sur sa cloche, mais elle se répare bien avec le temps. Ca me fait toujours sourire de le constater. Comme Rubis, elle était dans un état lamentable il y a quelques semaines, et tout ça pour me protéger. Je pose une main sur son corps de métal en imaginant qu'elle peut me sentir, ses yeux rouges s'allument et s'éteignent plusieurs fois.
- Coucou Juliette ! T'as moyen de garder un œil sur ma bécane même si tu restes pas là ?, je lui montre la moto en même temps, même s'il lui suffit de lire dans mon esprit pour avoir une meilleure compréhension de mes paroles. Un son de cloche retentit, puis un de ses yeux se ternit, prenant la même teinte métallique que le reste de son corps. Euh..., ses bras de métal se plient pour que l'un désigne l'oeil encore allumé de son corps, et l'autre sa moto. Aaaaah ! Genre tu peux laisser traîner un de tes yeux à un endroit ? Trop cool ! Mais si ça devient pénible pour toi d'être borgne tu me dis et on arrête, hein ?, quelques autres petits sons de cloche que je prends pour de l'approbation retentissent à nouveau.
Ma moto étant désormais surveillée, nous pouvons nous enfoncer dans la nature. Aram étant celui qui sait le mieux où nous allons, je l'invite à ouvrir la marche pour me guider. Même si j'y suis régulièrement en ce moment, à force de suivre Pearly dans ses expéditions, ça me fait du bien d'être dans ce genre de décor. Encore plus avec Limonde ! J'ai hâte que tout soit installé et qu'on puisse simplement se poser, tranquillement, rien que tous les deux. Bon y aura nos pokémons autour, mais on va dire que ça compte pas. Ils nous empêchent pas de discuter et de me foutre dans une bulle où je suis juste bien. D'ailleurs, en parlant de ça, ça me fait penser :
- Oh quand on sera arrivés je vais pouvoir enfin te montrer Rubis ! Je suis sûr qu'il sera trop content de te voir et de te montrer comment il est en dracaufeu !, je le vois déjà faire le fier s'il arrive à se mouvoir correctement. Ou alors il aura un complexe d'infériorité parce qu'il est petit, mais je préfère ne pas y penser. Enfin, faudrait peut-être que je prévienne Aram quand même, s'il fait une drôle de tête en le voyant autant mon starter que moi on sera déçus : Je t'ai dit qu'il s'est pris une puissante attaque électrique au moment où il évoluait je crois ?, malgré le fait que je sois super content de Rubis, je peux pas m'empêcher de laisser une sorte de gêne s'installer dans ma voix... A croire que c'est moi qui l'ai, le complexe d'infériorité face à ce géant de Bélial. Il est pas super grand, du coup... Enfin, tu verras par toi-même !
Heureusement que j’ai l’habitude, avec Illia. Malgré le fait que ça fait des années que je vis dans le monde de tout le monde, si je puis dire, il y a toujours des trucs que je ne comprends pas. En général, j’ose pas l’avouer à voix haute de peur de passer pour un idiot. Avec Limonde, ça fait longtemps que je m’en accommode plus et que ça m’aide à mieux comprendre le fonctionnement du truc. Là, du coup grâce à lui, je sais un peu plus comment ça fonctionne, le cinéma. Je dois avoir une tête d’abruti quand il m’apporte la suite des explications et ça me parait plus que logique, en fait. C’est pas très commercial après tout de dégager les gens qui ont une demi-minute de retard… j’aurais dû le comprendre plus tôt, surtout en connaissant Derek. Bref, je suis content d’en savoir davantage et surtout à l’idée qu’on pourra se refaire une séance comme ça sans que je sois obligé de réserver l’établissement entier. Pas que ça me dérange vraiment – j’ai les moyens pour – mais ça demande quand même une certaine organisation, d’autant plus qu’on oublie la part improvisation qui peut être sympa. S’organiser des sorties sur un coup de tête, c’est bien aussi !
Bref, j’explique aussi mon choix du film et je ne sais pas trop interpréter la réaction d’Illia, une fois encore. Ça pourrait presque me frustrer, à force. Je pensais que ça lui ferait plus plaisir que ça d’apprendre que j’ai clairement choisi ce film pour lui, même si j’avoue avoir aussi une certaine curiosité à ce sujet. Mais y a pas photo, c’est bien pour lui faire plaisir que je l’ai choisi… Peut-être que je me suis mal exprimé ? J’ai pas l’impression, pourtant. Bon. J’vais éviter de trop me prendre la tête sur ce sujet, ça ne va rien apporter.
Je le taquine à propos du pop-corn, puis on sort de la salle pour se diriger vers le comptoir. Sans surprise on peut emmener le pop-corn de Limonde et pendant qu’il s’active à sa tâche, le dirigeant nous demande notre avis sur la séance. Je n’hésite pas à lui répondre avec enthousiasme, cela dit je crois qu’Illia est un peu ailleurs. Je découvre d’ailleurs qu’il est sur son téléphone et je me tourne rapidement pour esquisser une moue. J’essaye de me rappeler les mots que j’ai lâché plus tôt, histoire de savoir si j’ai vraiment lâché une dinguerie ou non. J’en ai vraiment pas l’impression alors… C’est frustrant. J’ai très envie de demander à mon ami ce qu’il a, mais me retiens de peu ; si ça se trouve, c’est juste moi qui interprète mal ses réactions. Je me connais, je risque d’y aller un peu trop fort et j’veux pas me brouiller bêtement avec lui alors qu’il y a rien. En revanche, si son état reste comme ça plus longtemps, j’vais finir par ouvrir ma gueule.
Une fois dehors, je propose de nous rendre au camping directement. J’ai pas la foi de me mêler aux autres, même si la gaufre m’aurait fait plaisir. Illia est d’accord avec mon plan du moment, proposant de manger la gaufre demain – pourquoi j’y ai pas pensé ? - et rajoute même qu’il me l’offrira. Pour me remercier. Il revient sur le tapis avec cette histoire d’interdiction de râler et ça me fait marrer bêtement. Est-ce que c’est pour ça qu’il était un peu bizarre ? J’sais pas. En tous les cas, je ne peux pas m’empêcher de sourire à pleine dent.
« Deal ! » J’aime toujours autant faire de la moto quand c’est Illia qui conduit. Avant de me rendre au cinéma, j’ai aussi fait une escale par la forêt, trouvant l’endroit parfait pour camper et laisser le plus gros de mes affaires. Au moins comme ça, on est sûr que la place est réservée, même si j’avoue que ça me ferait bien chier s’il y avait d’autres campeurs dans les environs. Pazuzu ayant l’habitude d’être en dehors de sa pokéball sans que je sois forcément avec elle, elle a très bien pu garder les affaires en notre absence. J’imagine qu’elle sera quand même contente de nous voir arriver. Bref, on est en route et j’ai pris la liberté de me tenir cette fois-ci à Illia plutôt qu’à l’arrière de la moto. S’il me demande, je trouverais bien une excuse bidon… Mais là, c’est trop tentant de profiter de l’occasion pour l’avoir contre moi. C’est totalement idiot, je le sais. J’essaye tout de même de ne pas trop serrer, ne voulant pas lui donner l’impression que j’ai peur ou autre ; au contraire, c’est le kiff total quand il fait ses pointes de vitesse. Je suis de plus en plus à l’aise alors forcément, je peux plus facilement profiter du plaisir ressenti. J’ai une totale confiance en sa conduite. Pendant le trajet, je me surprends même à avoir des pensées vagabondes… En me rappelant qu’on approche de plus en plus du moment fatidique. Ça génère en moi une nouvelle nervosité que j’essaye de maitriser. Je regrette de ne pas m’être plus préparé à ce qui va arriver. J’sais toujours pas comment je vais m’y prendre.
Après, ça dépendra aussi du comportement d’Illia. Jusqu’à présent, il ne m’a pas donné de raison particulière de me stopper dans mon élan. S’il a activé un red flag, je suis passé complètement à côté. Peut-être que j’ai tendance à le serrer un peu plus que j’aimerai d’ailleurs. J’essaye de me contrôler, me disant que je verrais bien, que j’arriverai bien à saisir l’opportunité si elle se présente. Je n’ai jamais été un grand calculateur, de toute manière et… Tout prévoir, je trouve ça chiant. Cela dit, j’aurais pu développer un peu plus mon idée, ça m’aurait permis de me détendre un peu. J’appréhende beaucoup, en vue des enjeux… Faut pas que je perde espoir. Je me répète alors en boucle que pendant le film, il m’a souvent regardé et me remémore les paroles de Rose à ce sujet. D’autant plus qu’on a passé une bonne partie de la séance proche l’un de l’autre… Y a pas de raison que ça se passe mal, non ?
On est arrivé plus vite que prévu, ou alors je me suis trop perdu dans mes pensées. Je descends de la moto, m’étirant au passage et je ne suis pas vraiment mécontent de retirer mon casque. J’aplanis un peu mes cheveux afin que les mèches rebelles ne me fassent pas ressembler à rien, laissant ensuite Samaël sortir de sa pokéball. Il fait un peu la gueule parce que je l’ai pas laissé sortir lorsqu’on est sorti du cinéma, mais pour les cinq minutes de marche qu’on a pris pour rejoindre la moto, c’était un peu con. Je le fais un peu chier en choppant l’une de ses cornes pour la secouer, il fait mine de vouloir me mordre et c’est bon, on est réconcilié. Il ne faut pas grand-chose, parfois.
« Niquel ! Je commence à m’habituer de plus en plus, c’est chouette ! » Et c’est encore mieux quand je peux faire le trajet en étant accrocher à lui mais ça, évidemment, je ne le dis pas à voix haute.
Je regarde avec intérêt le pokémon qu’Illia vient de faire apparaitre. Décidément, je ne suis pas un très grand connaisseur des pokémon psy, mais je comprends quand même que c’est un archéodong et donc je suppose que c’est Juliette. Je comprends qu’il souhaite l’utiliser pour surveiller sa bécane, j’imagine que l’idée de laisser son Couaffarel seul trop longtemps ne l’emballe pas. On découvre qu’elle peut laisser l’un de ses yeux sur la moto tout en restant avec nous… Ok je trouve ça légèrement creepy mais c’est bien utile, au moins. On se met en route vers l’endroit du camping et c’est tout naturellement que je prends les devants. Samaël prend de l’avance, sans doute pour arriver au camp avant nous et s’assurer qu’il n’y a pas de mauvaise surprise qui nous y attend. J’vois pas pourquoi ça serait le cas mais bon, ce n’est pas la première fois qu’il se montre un brin trop protecteur. Durant la marche Illia s’exclame que je vais pouvoir voir Rubis et un large sourire étire mes traits.
« J’ai hâte de le voir sous sa nouvelle forme ! » Depuis le temps que le Reptincel voulait évoluer, je suis super content qu’il y soit parvenu. Je ralentis un peu la cadence pour me placer à côté d’Illia quand il me parle des conditions de son évolution, un brin sceptique. Limonde à l’air… Gêné ? J’acquiesce simplement, puis comprend enfin pourquoi il me dit ça. « En général, les dracaufeu ont une moyenne d’un mètre soixante-dix, mais ils peuvent être plus petit comme plus grand. » Je réalise un truc. « Bélial est une exception, il est bien plus grand que les autres Dracaufeu. C’est un peu comme les humains, j’ai l’impression. » Et en parlant d’humain, voilà presque que ça ferait ressortir le mien, des complexes. « C’est pas moi en tout cas qui vais me moquer ou le juger sur ça. C’est pas la taille qui compte ! » Je me marre comme un débile. C’est parti pour les blagues graveleuses et de mauvais goût, on dirait.
On arrive à l’emplacement du campement et Pazuzu et Samaël nous y attendent. Quand elle me voit, ma dragonne émet un rugissement qu’elle veut doux mais qui me vrille un peu les tympans, comme à chaque fois. Je vais vite la rejoindre pour qu’elle arrête et elle s’empresse d’enfuir son museau dans mes cheveux. Raaah, elle est chiante. Je m’en doutais un peu en même temps ; elle est restée trop longtemps seule. Arrive le moment où elle se met à mâchonner une de mes mèches de cheveux et je m’’éloigne rapidement pour qu’elle arrête. « Ça suffit, j’ai toujours pas envie de devenir chauve ! » Je me suis déjà vu avec les cheveux très courts, ça m’a suffi. Je soupire, avant de me retourner vers Illia.
« Je pense qu’on peut commencer par monter la tente, comme ça s’est fait ? Ah moins que Rubis ait envie de nous rejoindre, ça sera avec plaisir ! »
Même si sa forme ne lui permettra sans doute pas de nous aider comme il le faisait auparavant, mais ça, on s’en fiche. J’me dis simplement qu’Illia et lui sont peut-être impatients de se retrouver, un peu comme Samy et moi.
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Aram me confirme que le trajet s’est bien passé, ajoutant qu’il s’habitue à la moto. Ça me fait me questionner sur son choix de prise, puisque jusqu’ici il se contentait de la poignée faite pour, sans que je veuille m’en plaindre. Je préfère toujours que mon passager s’accroche à moi : c’est plus facile de savoir s’il est en train de se casser la gueule. Ma bécane ne sera cependant plus utilisée avant le lendemain, alors je la laisse sur le côté et ai l’idée de demander à Juliette de la garder. Au départ, je suis pas certain qu’elle en soit capable, mais elle trouve rapidement une solution. Assez pratique, d’ailleurs, il faut que je retienne afin de l’utiliser dans d’autres circonstances si ça ne la dérange pas. Quand je pense qu’au départ je n’aimais pas les archéodongs… Je suis content que Juliette me soit tombée dessus, ça me permet de découvrir ces pokémons qui sont en fait chaleureux et expressifs malgré leur apparence rigide. J’imagine que mon affinité avec le type psy aide ceci-dit. Maintenant que ma moto est sécurisée, nous nous mettons en route. Juliette flotte doucement à côté de moi, contrairement à Samaël qui décide de courir devant. Difficile de savoir si c’est une simple attitude de pokémon canidé ou non, mais je trouve plus mignon de le penser. A force de le voir et de constater qu’il s’est un peu ouvert à moi, j’ai tendance à moins le considérer comme un canidé menaçant, sans pour autant faire n’importe quoi avec bien sûr. Je suis content qu’il m’apprécie, d’ailleurs, ça aurait été con que le starter d’Aram en soit encore à me grogner. Surtout si je veux être un jour, peut-être, plus proche de son dresseur. Pas que j’y crois, mais puisque je me suis autorisé à rêver un peu au cinéma, je n’ai qu’à me réjouir de ce que je peux.
D’ailleurs, en parlant de pokémons, ça me fait penser que le moment de montrer Rubis approche. Quand je m’enthousiasme, j’en suis presque à déjà lui dire qu’il arrive encore à faire de bon checks même avec ses petits bras, mais préfère laisser la surprise. Pas que ce soit un truc grandiose, mais ça me fait plaisir. Ce qui n’est pas impressionnant non plus, c’est sa taille. Comme je n’ai pas envie de supporter un regard de travers de la part de Limonde lorsqu’il le verra, je décide de le prévenir. J’aurais aimé ne pas être embarrassé en le faisant, c’est pas sympa pour Rubis, mais malgré moi ce petit complexe d’infériorité ressort. Ca m’embête, peut-être que j’aurais pas dû en parler, surtout qu’Aram avait l’air très enthousiaste et au final ça doit donner l’impression que je voulais qu’il me console vu ses paroles.
- Ouais je sais pour la taille, celui de mon père était plus grand aussi, mais je me demande s’il y a une taille minimum pour pouvoir monter dessus et voler, question que je n’ose absolument pas formuler. A la place, j’ai tenté le ton désinvolte pour me débarrasser de ma gêne, et la vieille blague pourrie d’Aram achève de me faire pouffer. Quelques secondes après, j’ajoute juste, plus détendu : Faudrait juste pas que ce soit Rubis qui doive me monter sur le dos !
J’ai pas grand espoir puisque c’est de Limonde qu’il s’agit, mais avec un peu de chance il aura compris ma crainte sous-entendue.
Un peu plus tard, nous arrivons à l’endroit où Aram a laissé le matériel pour monter le camp. Là, je vois sa bruyverne qui nous attend. Le son qu’elle émet a beau être désagréable, c’est mignon de la voir câliner son dresseur, même si elle lui bouffe les cheveux. Pour ma part, je me contente de la saluer de loin. « C’est vrai que ce serait dommage », je commente en riant la possibilité que mon ami devienne chauve. J’aime bien ses cheveux, même si je n’ai toujours pas réussi à décider ce qui, du blanc ou du brun foncé, lui va mieux. Les deux font quelque chose de beau à ses yeux.
Je m’apprête à hocher la tête quand Aram propose de déjà monter la tente, afin d’être débarrassés, mais suis aussi ravi à l’idée de laisser ça de côté pour d’abord se concentrer sur Rubis. Juliette aussi sera contente de le voir, je crois que les autres pokémons l’intimident un peu vu comme elle reste derrière mon dos.
- Moi en tout cas j’ai envie qu’il vienne !, argument d’autorité de dresseur, j’avoue, mais malgré ma gêne de tout à l’heure et mes craintes, depuis la Grotte Electrolithe j’ai plus envie que jamais de passer du temps avec lui. Après avoir cherché sa pokéball laissée dans la poche de mon short, toujours au plus proche de moi, je la lance en accompagnant le geste d’un grand : Ta-daaaaah !, tout fier lorsque la lumière s’échappant de la sphère commence à esquisser la forme de Rubis.
Mon dracaufeu apparaît dans toute sa classe et son charisme sur l’herbe. Il se tient debout, battant plusieurs fois des ailes de manière saccadée pour trouver son équilibre. Il tient sa queue proche de son corps, faisant le tour pour revenir devant son ventre, sûrement pour qu’elle ne perturbe pas sa capacité à être sur ses deux pattes. Quand il est rassuré sur sa posture, il prête enfin attention à ce qui l’entoure, repérant rapidement nos présences à tous. Habituellement il se serait précipité, mais cette fois il ne bouge pas, manifestant plutôt son enthousiasme par un grognement sonore accompagné d’étincelles de flammes s’échappant d’entre ses crocs. Même si, sans les cornes, il est un peu plus petit que Rose, je me rends bien compte en le revoyant que sa taille n’enlève rien à son style pour moi. Il reste le plus beau de tous les dracaufeus et me met des étoiles dans les yeux. Les seuls bémols sont ces marques sur la peau intérieure de ses ailes. Les cicatrices de son évolution et des puissantes attaques électriques qu’il a subi ensuite. Contrairement aux autres traces encore visibles sur son corps, comme des hématomes sombres noircissant ses écailles par endroits, elles resteront. C’est comme si les racines d’une plante claire parcouraient cette peau, avec par endroits des centaines de petits embranchements. On m’a expliqué que ce sont les minuscules vaisseaux sanguins qui parcourent cette peau qui ont éclaté suite à l’impact de la foudre, mais que ça ne lui fait pas mal. La peau doit lui tirer un peu, ce qui rendra son apprentissage du vol plus complexe, sans que ça l’handicape vraiment sur le long terme.
- Welcome back Rubis ! On est arrivés au lieu de camping, grognement joyeux. Il reporte son attention sur Aram. Je sens qu’il veut le saluer, mais n’osant s’approcher pour un check, cet imbécile décide à la place de battre un grand coup des ailes pour témoigner son enthousiasme. Attention !
Il n’a toujours pas compris que quand il fait ça, avec la taille de ses nouveaux membres, ça crée un grand courant d’air qui le soulève légèrement du sol. Je le vois perdre son équilibre et me précipite pour le tenir dans le dos et lui éviter de s’étaler dans l’herbe. Qu’est-ce qu’il est devenu lourd ! Je parviens à le tenir debout et lui fait signe de rester en place avant de m’adresser à Aram en riant :
- Tu vois quand je te disais qu’il avait du mal ! Un vrai spinda !, comprenant que je me moque de lui, Rubis utilise son long cou - avec ça, ça va, il a pas trop de mal même s’il se le tord parfois - pour faire semblant de poser ses canines contre ma joue. Va falloir que ce soit toi qui vienne lui dire bonjour, sinon on va pas s’en sortir.
Rubis a déjà serré les griffes de sa patte avant droite qu’il tend vers l’avant, dans la position d’un poing prêt pour un check. Moi, je me rends compte que je suis si heureux, comme un gosse à qui on a donné un cadeau incroyable, de montrer mon dracaufeu que je n’ai même pas fait attention à la tête d’Aram ou de ses pokémons.
Je suis quand même un peu surpris qu’Illia me parle de la taille de Rubis. Je crois déceler une certaine gêne sur le sujet, j’essaye comme je peux de le rassurer sur le sujet. J’sais pas trop si j’en fais trop ou si j’augmente son malaise, cela dit. Je me trompe peut-être en pensant que c’est Bélial qui est à l’origine de cette gêne, mais c’est important je crois d’insister sur le fait que mon dragon est hors catégorie. Déjà quand il était Salamèche puis Reptincel, il était plus grand que la moyenne… Et sa forme X l’a rendu encore plus grand. Je l’ai pas précisé ça, mais l’ajouter maintenant, ça ferait bourrage de crâne. Au lieu de ça je conclus sur une blague beauf pas ouf qui a le mérite de me faire rire et je suis content que ça fasse marrer Limonde aussi. J’apprend que le Dracaufeu de son père était plus grand aussi et je note l’information dans un coin de ma tête. Je comprends seulement ensuite la raison du blocage de mon ami ; le vol. Forcément, comme Rubis est plus petit, il est possiblement plus compliqué de rejoindre les cieux sur son dos, sachant qu’Illia est grand quant à lui. J’aimerai lui dire que ça ne devrait pas être trop gênant sauf que j’ai pas encore vu le nouveau dragon. Je voudrais éviter de lui donner de faux espoir maintenant et devoir revenir sur ma parole en rencontrant Rubis. Je me contente pour l’instant de rire à sa blague tout en me disant qu’il faudra que j’évalue ça.
On rejoint le camp et ma Bruyverne ne manque pas de m’accueillir à sa manière. Je râle un peu, n’aimant toujours pas qu’elle dévore mes cheveux comme si c’était des spaghetti. La remarque de Limonde me fait marrer alors que je m’extrais de l’étreinte de la dragonne. Son expression faciale me fait comprendre qu’elle est triste mais elle a l’habitude ; je la laisse pas faire longtemps, souvent. Elle adresse tout de même un signe de tête envers Illia et Juliette tandis que je propose de monter le camp… Mais je réalise que Limonde a sans doute très hâte de me montrer Rubis en premier. Sa remarque me fait sourire et je sens Samaël s’asseoir à côté de moi tout en fixant Illia. Je crois qu’il est tout aussi curieux que moi de revoir le Reptincel dans sa forme évoluée.
Je comprends mieux ce qu’Illia me disait, quant à sa taille ; je suis plus grand que lui. C’est pas si choquant en réalité, mais j’avoue que mon point de vue est biaisé par les Dracaufeu que je connais jusque-là. Ce qui n’enlève rien à sa superbe ! Je constate rapidement que ça fait pas longtemps qu’il a évolué, étant donné qu’il est surtout en train de chercher son équilibre. En même temps, avec deux grandes ailes qui ont poussés dans son dos, son centre de gravité a été modifié. Ce n’est pas surprenant que les pokémon nouvellement transformés aient quelques difficultés à se tenir debout et à bouger. Quant il réalise qu’on est là – Sam’ s’est relevé et a aboyé, sa queue battant la mesure ; je crois qu’il le félicite à sa manière – Rubis lâche un grognement accompagné par des légères flammes dans sa gueule. Ça me fait marrer. Evidemment, c’est Rubis, il fait le fier ! Et il a raison de le faire d’ailleurs.
Je remarque rapidement les cicatrices sur ses ailes mais garde le silence à ce sujet. Ce n’est pas utile que je fasse une remarque dessus ; de toute façon quand je le vois bouger légèrement les ailes, je constate qu’il n’a aucune gêne ou douleur qui y sont liés. Peut-être qu’en vol ce serait différent, mais je garderais ces réflexions pour ce moment-là. Je ne pense pas qu’aujourd’hui on va faire des séances de haute voltige, mais peut-être une autre fois. En tous les cas, il est facile de voir que Rubis est ravi de son évolution tout comme Illia est heureux de retrouver son starter. Rapidement, le Dracaufeu agite plus vite ses ailes en voulant s’approcher de moi - je crois ? - sauf qu’il n’est pas encore habitué, forcément. Il manque de perdre l’équilibre et j’amorce un geste vers lui pour le rattraper – ce qui n’est pas le geste le plus safe à faire, en vue du poids de l’animal – mais Limonde est plus rapide que moi. Je crois avoir entendu un petit cri désapprobateur de la part de Pazuzu, je lui fais signe de s’éloigner ou de s’envoler si elle n’est pas contente. Je pense qu’elle a plus envie de montrer à Rubis comment faire pour voler ou se déplacer, dans une optique d’entraide mais ce n’est pas le moment.
« C’est pas trop étonnant, il a pris en masse et son centre de gravité a changé. Il va finir par s’y habituer. » J’en doute pas un instant d’ailleurs. Je m’approche de lui et sourit en le voyant tendre son bras pour un check. Évidemment, j’y réponds, tout sourire. « T’es super classe en tout cas ! » Il a vraiment l’air heureux, je sais que c’était quelque chose qu’il désirait depuis longtemps et Illia aussi. Du coup, les voir comme ça, malgré les conditions désastreuses qui ont menés à cette évolution, ça me fait aussi très plaisir. « Je suis content pour vous. » J’ai pas envie de ternir la bonne humeur des deux compères, je ne dirais pour l’instant pour le vol. Je pense tout de même que c’est possible, mais il faudrait surement que Rubis renforce ses muscles avant d’y parvenir. Illia est sans doute un peu trop lourd pour lui pour l’instant, mais j’suis persuadé qu’ils y parviendront.
Pazuzu s’approche à son tour, regardant le Dracaufeu. Elle brasse de l’air avec ses narines, cherchant à identifier le dragon, j’imagine. Quand elle comprend que c’est Rubis et qu’elle l’a déjà rencontrés, elle émet de nouveaux cris stridents. En vue de sa posture, je crois qu’elle est en train de lui donner des trucs et astuces pour garder l’équilibre facilement. Même s’ils ne sont pas de la même espèce et que leur poids n’est pas reparti de la même manière, ils ont tout de même la même… Composition ? j’sais pas trop comment dire. La seule différence c’est que les ailes de ma Bruyverne sont directement liées à ses bras mais ça ne semble pas l’empêcher de donner des conseils. Toujours aussi maman Galifeu celle-là… ça me fait un peu marrer.
« Tu peux ignorer Pazu si tu veux pas de ses conseils, elle se vexera pas. » J’hésite un peu, avant d’ajouter. « J’veux pas non plus faire le gars qui sait tout non plus parce que c’est pas le cas, mais si jamais vous avez des questions, des inquiétudes où j’sais pas quoi j’peux vous donner des astuces aussi, ce sera avec plaisir. Je me rappelle que Bélial aussi était perturbé au début avec son nouveau corps donc si notre expérience peut aider… ! » Même si je dois dire que celui pour qui l’évolution a été le plus perturbant, c’est Naamah. Mais en même temps, quand on voit la différence de morphologie – ah putain c’est ça le terme ! – entre Draco et Dracolosse… Voilà quoi.
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Lorsque Rubis sort de sa pokéball, je reste aussi fasciné que la première fois que j'ai pu le regarder. C'était un vrai boost d'énergie et de bonne humeur après le drame que nous avions vécu la veille. Ca faisait plus de vingt quatre heures que je ne faisais qu'angoisser et m'inquiéter : d'abord la grotte, puis l'attente à l'hôpital de savoir ce qu'il en serait de mes pokémons et de Célestin... Voir ce beau dracaufeu – sublime même ! - apparaître devant moi, même s'il était bien blessé, ça avait été comme être à nouveau capable de respirer sereinement. Aujourd'hui, ça n'a rien à voir. Je suis détendu avec Aram, heureux d'être là, mais voir Rubis suffit à balayer mes inquiétudes quant à sa taille, ce qu'on peut bien penser de lui, et tout autres choses qui pourrait créer des regards de travers en le voyant. Certes il est plus petit que la moyenne de son espèce et il ne tient pas encore debout correctement, mais je veux croire que ça ne l'empêchera pas d'être le plus fort de tous les dracaufeus un jour... Bon peut-être pas que Bélial. Et plein d'autres. J'ai conscience de mes capacités à entraîner un pokémon, mais il n'empêche que je ne peux que m'améliorer puisque je pars du niveau le plus bas et donc que Rubis finira par devenir bien plus fort qu'il ne l'est maintenant. Je suis donc heureux et fier comme un enfant en le dévoilant à Aram. La première réaction que nous obtenons et celle de Samaël qui a l'air plutôt content de voir Rubis. Ce dernier fait le fier, comme à son habitude, en faisant apparaître des flammèches entre ses crocs. La classe s'arrête cependant bien vite quand mon dracaufeu essaye de se rapprocher de Limonde, qu'il apprécie beaucoup aussi, mais que dans sa non-maîtrise de ses nouveaux membres il manque de se casser la gueule. Je l'aide à se tenir debout, même s'il a pris beaucoup de poids et que je n'ai pas encore l'habitude. J'espère qu'il trouvera vite son équilibre avant qu'il m'écrase vraiment par inadvertance ! J'entends la bruyverne d'Aram pousser un cri, mais ne peux pas trop voir ce qu'il se passe depuis l'arrière de Rubis : ses ailes me gênent. Je profite cependant du moment pour faire une remarque sur son équilibre et le comparer à ses sacs de sables que sont les spindas ! Ceci dit ce n'est pas un reproche : je suis toujours aussi heureux que lorsque mon dracaufeu est sorti de sa pokéball ou qu'à chaque fois que je le vois. J'approuve d'un geste de tête la remarque d'Aram, espérant que Rubis trouvera vite son équilibre. C'est pénible pour lui de ne pas pouvoir se déplacer comme il le souhaite. J'imagine que ce qui prend aussi du temps c'est qu'il ne peut pas s'entraîner partout. Comme il est petit, il y a la place dans mon studio, mais avec sa queue et la flamme au bout, tant qu'il maîtrise pas bien, ça peut être compliqué. J'ai pas envie qu'il foute le feu.
Je me dégage de derrière Rubis, qui arrive à nouveau à tenir debout et tend le poing vers Aram pour leur habituel check. Quand je l'entends dire que mon dracaufeu est classe, je sens mon cœur se mettre à battre plus fort. Parce que c'est un super compliment pour mon starter dont je suis si fier et qu'il vient d'une personne dont l'avis est très important pour moi. Peut-être même le plus important, avec celui de Rose. Je peux pas m'empêcher d'avoir un petit rire idiot qui laisse transparaître ma fierté.
- Merci !, j'évite de dire que je suis content aussi car ce serait répétitif et stupide vu que c'est écrit sur ma gueule. Depuis le temps … Il aurait pu éviter d'attendre un moment pareil pour, mais bon !, je dé-dramatise comme je peux la situation, surtout en pensant à quel point Célestin a morflé par rapport à nous autres. C'est Rubis, on connaît, s'il peut se la jouer il rate pas l'occasion !
Pour le coup, heureusement que mon starter ne comprend pas ce que je dis. Il pourrait penser que je me moque de son acte héroïque alors qu'il m'a vraiment sauver la vie. C'est juste plus simple pour moi de le prendre comme ça pour le moment. J'ai déjà assez songé sérieusement à ce qu'a fait Rubis, ses conséquences, et surtout les causes qui ont mené à une situation si douloureuse pour lui même si elle lui a permis de se transformer en dracaufeu. Aujourd'hui je suis avec Aram, je veux en profiter, et sa présence a tendance à me rendre heureux. Je ferai tout pour ne pas ternir ce sentiment si agréable qu'il me procure. Lui plus que personne.
C'est au tour de la bruyverne de Limonde de s'approcher de Rubis. J'ai du mal à comprendre ce qu'elle lui veut, mais ses cris ne sont pas aussi désagréable qu'avant alors j'imagine que c'est positif. Mon dracaufeu finit par s'intéresser à son attitude, mais est, comme moi, trop con pour comprendre. Il penche la tête sur le côté, pousse un grognement interrogateur. Aram m'apprend qu'elle est apparemment en train de donner des conseils... Sur quoi ? Pour le coup, mon starter doit être plus intelligent que moi car il se met soudain à interagir avec Pazuzu, changeant le plus doucement possible la position de ses ailes, plusieurs fois, et se servant de ses bras tendus pour garder un semblant d'équilibre... Soit. Je comprends pas, mais ça a pas l'air bien méchant. Je hoche la tête quand Limonde se propose de nous donner des conseils :
- Bah écoute si t'as des trucs à me conseiller je veux bien. Je... Bon, c'est très con, mais j'ai beau avoir toujours voulu un dracaufeu bah j'ai jamais vraiment étudié le sujet. Je voyais juste celui de mon père, donc je connais des trucs, mais pas sur le moment après l'évolution, ce n'est qu'en disant ça que je réalise que j'aurais pu utiliser internet depuis longtemps pour m'aider. Peut-être qu'inconsciemment j'attendais de pouvoir demander à Aram. Franchement y me faudrait des conseil de niveau pour les nuls, mine de rien, je m'éloigne un peu de Rubis qui est toujours en train de faire je ne sais quoi avec Pazuzu pour me rapprocher d'Aram et lui parler avec une voix plus basse. Je pense pas que mon dracaufeu puisse me comprendre, mais dans le doute... Je me demande si les cicatrices sur ses ailes sont des problèmes, je grimace légèrement en l'admettant. On m'a dit que ça lui faisait pas mal, mais que ça pouvait tirer, sauf que j'ai pas de point de comparaison. J'ai jamais examiné avec précision le mouvement des ailes d'autres dracaufeus... Donc j'arrive pas à savoir si ça le gêne et si c'est peut-être ça qui fait qu'il a vraiment du mal à trouver son équilibre. T'arrives à voir quelque chose toi ?, je fixe Rubis comme si soudain j'allais être devenu un expert et parvenir à déceler ce genre de soucis. Enfin dans tous les cas on va prendre notre temps, mais vu qu'il s'est pris de gros dégâts au moment de l'évolution, si pendant le camping là tu vois quoi que ce soit de bizarre, tu pourras me dire ?
Je vais pas mentir en disant que j'appréhende pas un tout petit peu ce qu'il pourra me dire ou voir, mais je préfère savoir tout de suite plutôt que de faire les choses dans le mauvais sens et me rendre compte des problèmes plus tard. Avec Rubis on a l'habitude de s'acharner pour essayer de se tirer vers le haut en partant du fond du trou pour avoir au-moins la tête hors du sol. Ou plutôt c'est moi qui lui ai donné l'habitude, malheureusement. Hm, j'aime pas ces pensées. Par réflexe, je fixe quelques secondes Aram pour que les mauvaises pensées se barrent et me remettre dans une position positive. Ca suffit à me remettre en tête le cinéma, le futur camping, tous ces moments qu'on passe que tous les deux, même si c'est juste en tant qu'amis, et chasser le reste. Mon air soucieux s'envole, un sourire se dessine à nouveau sur mon visage tandis que je me dirige vers le matériel pour monter la tente, bien décidé à m'y mettre. Rubis est encore en train de faire le con avec Pazuzu – je crois qu'ils jouent- et il tient toujours debout. Tout va bien de son côté. Juliette, quant à elle, est toujours un peu à l'écart. Je crois qu'elle essaye de jauger les pokémons qu'elle ne connaît pas avant de s'en approcher. Je vais essayer de lui jeter régulièrement des regards afin de la rassurer jusqu'à ce qu'elle ait le cran de se rapprocher de nous. Je m'empare d'une des froussardines de la tente, observe le reste du matériel et réalise que :
- Alors, je sais que ça fait plusieurs fois maintenant, mais je sais toujours pas comment on monte ta tente, moi qui était si déterminé à être serviable pour Limonde, je ris de ma propre bêtise. On a pas idée d'avoir une tente aussi grande aussi ! Même si pour le coup c'est pratique pour nos sorties. Même si je serais pas contre dormir plus proche de lui. Tout en ne voulant absolument pas ça vu ma tendance à m'agripper aux gens si je dors avec eux. Promis ça va rentrer un jour à force de camper ensemble !
Je suis vraiment content pour Rubis et Illia. Je sais depuis longtemps que c’est un rêve pour eux, que le Reptincel évolue en Dracaufeu… Et que le fait de sa non-évolution jusque là était la base d’une frustration assez importante. Comme dit, j’aurais préféré que l’évolution se déroule sans accroc, même si parfois, il y a besoin d’un choc pour que la transformation s’effectue. Malgré tout, il y a encore beaucoup de choses qu’on ignore sur les évolutions des pokémon… J’imagine toujours que c’est un peu comme avec les humains, le psychisme joue énormément. En tous les cas, je comprends que Rubis a réussi à vaincre le blocage qu’il subissait, même si c’est dû à un choc. De ce que je vois aujourd’hui, il y a encore des traces, autant physique que mental de cet évènement marquant… Mais j’espère qu’avec le temps, le bon souvenir de l’évolution prendra le pas sur le mauvais. Même si avec ce qui y est arrivé à Célestin, hum… C’est pas dit, en fait.
Illia a plus ou moins le même raisonnement que moi, je constate qu’il essaye de le prendre avec plus de légèreté. Ce n’est pas une mauvaise chose à mon sens et je ne peux qu’afficher un large sourire en réponse au sien. D’autant plus que Rubis semble rester fidèle à lui-même, ce qui est une bonne chose. Pazu s’en mêle et elle me fatigue autant qu’elle me fait sourire. Je les informe qu’ils peuvent l’ignorer s’ils le veulent, je sais qu’elle peut être lourde quand elle s’y met. Au premier abord, le Dracaufeu ne comprend pas trop ce que ma Bruyverne lui veut avant de modifier un peu sa posture… Je crois qu’il a pigé ce qu’elle lui explique. En un sens, ça ne peut pas faire de mal qu’il écoute ce qu’elle à lui dire sur son équilibre, même si je suis un poil sceptique sur ses conseils. Elle connait bien les Dracaufeu à force de voler avec Bélial, mais j’me demande si elle réalise vraiment que Rubis n’a pas réellement la même carrure… Ni le même poids. Ou alors elle donne des conseils liés à sa nature à elle et là, ça serait problématique. Ça ressemble à quoi un Dracaufeu qui se comporte comme un Bruyverne ?
Naturellement, je propose à Illia de lui donner moi aussi des conseils, répondre à ses questions s’il en a. C’est nouveau aussi pour lui et j’sais que les évolutions font se poser beaucoup de questionnements. C’est plutôt logique du coup qu’il se montre intéressé par ma proposition, j’y réfléchi donc un peu plus posément. Je ne me moque pas quand il me parle de conseils pour les nuls et j’pense que je vais pouvoir commencer à parler de la principale différence de combat entre un Reptincel et un Dracaufeu : ses bras. La portée qu’il a désormais n’est clairement plus la même et bien que les coups de griffes soient toujours aussi dévastateurs, ils sont désormais plus difficiles à placer. Seulement, Limonde s’approche davantage de moi dans l’idée de s’éloigner de Rubis et me questionne sur l’état des ailes de son starter. Ce n’est pas surprenant que ça le turlupine, c’est l’un des éléments qui m’a aussi le plus marqué. Je me mets aussi à fixer le dragon, ayant un léger sourire quand je le vois interagir avec Pazuzu. Ils ont l’air de bien s’entendre.
« Ça aurait pu expliquer, mais je pense plus que c’est son nouveau poids et l’ajout de ses ailes qui perturbent son équilibre. » J’ai eu le même problème avec Bélial au début, même si mon dragon s’est vite accommodé à sa nouvelle forme. « Je comprends que ça t’inquiète, l’évolution ne s’est pas passée dans le meilleur des moments et les cicatrices sont assez impressionnantes. Mais il bouge ses ailes normalement, maladroitement certes mais rien qui me laisse penser qu’il souffre en les bougeant. Sinon quand il a voulu venir vers moi tout à l’heure il aurait tout fait pour ne pas les utiliser. J’ai pas vu de mouvements de rétractation suite à une supposée douleur donc… Je pense pas que ce soit vraiment ça qui le déséquilibre. Plutôt ses ailes, pour ça que Pazuzu essaye de lui expliquer comment les positionner pour être plus stable. » J’offre un léger sourire à mon ami. Je me veux réconfortant, j’espère que ça fonctionne. De mon point de vue, il n’y a pas de quoi s’inquiéter à outrance. C’est plus facile pour moi de dire ça, je n’étais pas là quand c’est arrivé et même si je me sens proche du nouveau Dracaufeu, notre relation n’a rien à voir avec celle qu’il a avec Illia. J’ai plus de recul que lui, pour le coup. J’acquiesce ensuite, posant ma main sur son bras en voulant me montrer réconfortant. « Si je remarque un truc je te dis. Mais pour l’instant, y a rien qui m’alerte. » J’espère vraiment que ça lui permettra de se détendre un peu et de moins s’inquiéter. C’est pas bon, autant pour lui que pour Rubis. Je croise son regard et je n’aime pas l’anxiété que je lis sur son visage. Heureusement, cette dernière finie par s’en aller et il affiche désormais un sourire que je préfère largement.
Il prend l’initiative de se diriger vers l’installation de la tente et je me marre quand il m’avoue qu’il sait toujours pas la monter sans indication. « Va falloir qu’on en fasse plus pour que ça finisse par rentrer ! » Je le taquine. Je sais que c’est pas la plus simple à dresser, surtout qu’elle ne dispose pas de toutes ses avancés technologiques qu’il y a maintenant… Genre comme cette tente qu’on lance en l’air et qui prend forme toute seule. Je trouve ça… Triste. Et pas confortable, d’ailleurs, surtout que c’est la misère pour la plier ensuite. Bref. J’aimerai quand même en prendre une plus petite un jour puisque celle-ci est prévu pour trois-quatre personnes. On en pas besoin d’une aussi grande avec Illia et c’est assez chiant à transporter en prime. Un jour peut-être que je penserais à en acheter une nouvelle.
La tente est montée, j’ai profité aussi pour allumer un petit feu avec l’aide de Samaël. Il fait encore jour mais le soleil commence doucement à se coucher et j’sais qu’il peut faire frisquet, le soir… Ou alors c’est parce que je suis une petite nature mais c’est une autre histoire. En tous les cas, je me suis posé sur l’un des troncs qui entoure le feu, buvant un peu d’eau. Mon esprit est en train de s’envoler ailleurs, je m’en rends bien compte. Plus le temps passe, plus je me trouve près d’Illia et plus j’ai envie de me lancer. Je pensais que j’aurais une idée de génie qui poperait dans ma tête mais malheureusement… Non. J’ai pas d’idée de comment amorcer le truc. J’ai toujours peur de me prendre un gros vent et à m’y prendre aussi tôt, y a un risque que la soirée soit pénible à vivre… Bonjour la gênance quoi. Mais d’un autre côté… Si la réponse est positive, on pourra passer la soirée à juste… Profiter.
Sam me donne un coup de museau dans le genou, me faisant réaliser que je suis bêtement en train de rougir dans mon coin. Faut que je garde les pieds sur terre. Je me tourne naturellement vers Illia pour m’assurer qu’il a rien remarqué, refoulant cette envie d’aller le voir frontalement et de tous lui balancer. Tu parles d’une déclaration… ! Bon au moins je serais fixé mais… j’aimerai un truc un peu plus romantique. Mais pour ça, il aurait fallu que j’y réfléchisse davantage avant. Aaaaaaaah. Il doit trop se demander ce que je fous en plus parce que j’agis trop bizarrement depuis tout à l’heure.
« C’est chouette comme coin ici, je trouve. » Phrase bateau numéro une. « J’aime bien le calme qui y règne. Et puis… » J’hésite, me mord un peu la lèvre inférieure. « J’trouve ça toujours plus plaisant quand on est que tous les deux. » … Ok qu’est-ce que je viens de dire là ? Le rouge remonte, je contrôle plus vraiment. Je sens le regard plein d’interrogation de mon Démolosse mais je choisis de l’ignorer. Il faudrait que je continue. Mais si je m’arrête là… C’est encore rattrapable en cas de réponse négative de sa part, non ?... Il doit se demander ce que je bave. Evidemment, j’ai arrêté de le regarder. Il faudrait que je parvienne à relever la tête pour voir l’expression de son visage, mais j’y arrive pas.
Je suis vraiment nul, j’sais toujours pas comment m’y prendre.
Codage T-Card par Aaron Sakuragi, un grand merciiii t'es la meilleure ! Crédit avatar :obo
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