J’espère ne pas avoir prise cette décision sur un coup de tête pour éviter de voir la chienne partir définitivement. J’avoue avoir prononcer à voix haute mon désir de ne pas avoir d’autres pokémons, mais c’était il y a des années quand j’avais d’autres préoccupations et il me semble qu’il y a que les fous qui ne changent pas d’avis. Freyja ne parait pas s’ennuyer toute seule, mais elle à toujours son frère sur qui elle peut compter et elle semblait aussi passer du bon temps avec l’autre femelle. Je ne vois donc pas de problème à adopter la Couafarel, elle mérite d’avoir une bonne famille, à moins que le fait que je travaille dans la clinique même vienne créer un conflit dans la demande d’adoption. Et puis, je ne vois pas ce que ma mère pourrait dire pour m’en empêcher. Je suis une adulte et j’ai le droit d’agir comme j’en ai envie, le seul problème est que je vis encore chez elle, alors elle aurait quand même le droit de s’opposer à ma décision.

- Tu es vraiment certaine de ta décision ?

Sans vraiment le vouloir, je laisse alors planer un silence qui pourrait être remis en question, mais ce n’est pas parce que je suis hésitante, juste parce que j’essaie de trouver les bons mots à employer.

- Oui. Je pense qu’elle mérite sa chance. Elle nous a montré à quel point elle était forte et qu’elle refusait de perdre espoir. Elle a survécu. Nous l’avons encouragé, réconforter et elle, en retour, elle ne nous a jamais lâché. Je crois que nous lui somme redevables, nous devons donc faire tout en notre possible pour lui rendre la pareille. Cela serait juste lâche de notre part de l’abandonner à son sort.

Mes paroles semblent avoir eu l’effet d’un coup de fouet chez ma mère, puisqu’elle détourne les yeux pendant quelques secondes. Évidemment, son expression faciale ne change pas, il ne change quasiment jamais, mais ce détournement de regard veut dire beaucoup de chose pour moi. En réalité, l’adulte constate à quel point sa petite fille a grandie et que ce nouveau départ pourrait être bénéfique pour tout le monde. Depuis son accident, Emily n’a jamais vraiment repris gout à la vie, elle travaille histoire d’avoir de quoi payer ses dépenses personnelles, mais sans plus. Elle n’a plus aucun loisir dans la vie, plus aucune motivation et pendant de nombreuses années, la peur lui nouait l’estomac de la voir un jour disparaitre à tout jamais si elle se décidait à commettre l’irréparable. Le fait qu’elle semble intéressée à acquérir de nouveaux pokémons pourrait lui permettre de se lancer dans ce domaine et qui sait, peut-être réussira-t-elle à quitter la maison de son plein gré.

Sa mère ne le montre peut-être pas, mais elle sent une vague de soulagement l’a parcourir. Un petit sourire en coin apparait même sur son visage, mais personne n’est réellement capable de le voir. Comment pourrait-elle lui refuser une telle demande ?

- Je suis contente que tu aies changé d’avis. Certes tu auras pris ton temps, mais mieux vaut tard que jamais, comme on dit. Les pokémons sont l’une des plus belles choses qui existe sur terre et leur amitié est précieuse.

Tout en disant cela, l’adulte s’agenouille afin d’être à la hauteur de la chienne. Si celle-ci avait commencé à remuer la queue de bonheur en entendant les paroles de la jeune fille, elle ralentit le rythme jusqu’à complètement s’arrêter en voyant son regard sévère et impassible pénétrer le sien. Le pokémon ne sait plus trop quoi penser. Aurait-elle fait quelque chose qui ne fallait pas ? Elle qui pensait être en train de recevoir des fleurs, peut-être va-t-elle se faire gronder au final. Intriguée, j’observe ma mère sans trop comprendre où elle veut en venir. Je suis tellement abasourdie que je ne bouge pas, mais j’avoue avoir du mal du mal à croire qu’elle m’a quasi autorisé à garder la chienne.

- Tu es une brave fille, dit-elle en la caressant doucement sur la tête après l’avoir observé un petit moment, ce qui semble détendre un peu la chienne. Tu es forte, généreuse et nous t’apprécions tous ici. Que dirais-tu de rejoindre notre famille pour la vie ? Avec nous, tu n’as pas à craindre d’être abandonnée, car cela n’arrivera pas.

Un blanc suit les paroles de ma mère et cela a pour résultat de créer un nœud dans mon estomac. J’étais persuadée que la chienne allait répondre de façon instantanée, mais elle laisse planer un doute évident, comme si elle hésitant. Pourquoi réfléchir à cette proposition ? Nous sommes la seule autre famille qu’elle connaisse et visiblement, son ancien propriétaire n’en avait rien a faire d’elle puisqu’il n’est jamais venu la voir lors de son séjour à la clinique. Peut-être espère-t-elle autre chose ? Genre une famille plus classique et sans handicap ? Finalement, au bout de quelques secondes, la chienne réussit enfin à traiter les informations qu’on vient de lui donner et elle répond par un aboiement enthousiaste. À croire que son petit cerveau a du mal à processer certaines choses.

- Voilà, comme ça nous sommes tous d’accord. Je t’aiderais à remplir les papiers demain. Nous irons à la fourrière ensemble pour parler à un représentant de la société de protection.

Elle ajoute ces dernières paroles après avoir tourné la tête dans ma direction, pour être certaine que je l’ai entendue. Je suis tellement contente qu’elle ait accepté sans que j’ai eu besoin de trop me battre avec elle. J’ai encore du mal à y croire. Si je pouvais courir vers elle pour la prendre dans mes bras je le ferais, mais je dois me résigner à rester sur place et à contenir ma joie débordante. En attendant, j’adresse un immense sourire à la Couafarel qui ne cesse de remuer la queue désormais, la langue pendante. Elle semble avoir retrouvé toute sa joie de vivre d’un coup.

Maintenant que tout le monde est de bonne humeur, nous pouvons enfin nous atteler à fermer la clinique pour ce soir avant qu’un client importun n’arrive dans l’espoir de recevoir des services. Il faut à tout prix éviter d’avoir des clients un peu trop gâtés qui ne respectent pas nos horaires. Ça ne s’est pas encore produit ici, mais je connais d’autres commerces dans les environs qui n’arrivent pas à dire non et qui, du coup, sont obligés de fermer plus tard une fois sur deux à cause de certaines personnes qui refusent de quitter les lieux. Ici, nous avons quand même la chance de fonctionner avec des rendez-vous, alors nous savons à peu près à quoi nous attendre au cours de la journée. Et puis, s’il y a une vraie urgence, ils n’ont qu’à nous appeler. Ma mère n’accepterait jamais de laisser souffrir un pokémon inutilement, même lors de ses jours de vacance. Les gens n’ont donc aucune raison de nous garder ouvert plus longtemps sans aucune raison valable.

Tandis que ma mère retourne à l’arrière de l’établissement, je vais vers la porte d’entrée pour la verrouillée et je termine ensuite de ramasser mes effets personnels avant de partir. De toute façon, nous serons de retour ici dès demain matin, alors même si j’oublie quelque chose, ce n’est pas la fin du monde non plus. Puis, accompagnée par Freyja et Couafarel, je me dirige tranquillement vers la sortie des employés qui se trouve à l’arrière et qu’elle n’est pas ma surprise de croiser William tout juste derrière la porte, appuyé contre l’un des murs extérieurs de la clinique, en train de fumer une cigarette. En général il ne tarde pas à rentrer chez lui dès que sa journée de travail est terminée, alors je me pose de sérieuses questions quant à sa présence ici. Il devait surement vouloir me parler, sinon je ne vois pas pourquoi il aurait perdu son temps ici.

- Tiens, tu es encore là ? Laisse-moi deviner... tu voulais me dire quelque chose ?

Encore une fois, le jeune homme ne semble pas apprécier le ton que j’emploie, même si en soit je ne disais pas ça pour l’insulter. J’aime beaucoup taquiner mon frère, mais il est moins joueur qu’auparavant. Il a tendance à s’énerver vite dès que je m’amuse un peu trop avec lui.

- Haha, c’est ça... c’est très marrant, répondit-il en prenant une nouvelle bouffée de son bâton fumant cancérigène. C’est vrai, j’avais envie de voir ta sale tronche de cake avant de rentrer.

Je ne m’attendais tellement pas à ce genre de réponse venant de sa part que j’éclate de rire d’un coup et je peine à le maitriser pendant quelques secondes. La rigolade est si soudaine et aussi si stridente que je vois mes deux pokémons sursauter du coin de l‘œil. Au final, peut-être que je comporte comme une enfant et que rigole trop pour rien, mais sa réplique était masterclass.

Ce n’est vraiment pas mon genre de rigoler comme ça. Il m’arrive d’éclater de rire suite à une bonne blague ou lors d’une soirée humoristique, mais de là à exploser comme ça devant une remarque de mon frère... c’est très rare. Il faudrait presque écrire cette journée dans les annales. Je suis obligée d’attendre que mon fou rire se calme un peu avant de pouvoir continuer. Ça ne sert à rien d’essayer de parler quand je rigole autant, mon frère ne comprendrait rien et ça risquerait de l’énerver encore plus.

- Plus sérieusement. Tu voulais me dire quelque chose ?

Le jeune homme hoche d’abord la tête pour me répondre par l’affirmative, la cigarette dans sa bouche l’empêchant de répondre à l’oral pour le moment. Je dois attendre qu’il ait fini d’inspirer et de savourer cette fumée pour pouvoir lui parler comme il se doit.

- Oui, heum... Je vous ais entendu discuter, maman et toi. Es-tu vraiment sure que ce soit une bonne idée d’adopter un pokémon comme ça ? Je veux dire... Couafarel a passé quelques jours avec nous, c’est vrai, mais en réalité, nous ne l’a connaissons pas encore très bien.

Je suis tellement perplexe par ce qu’il vient de dire que je ne peux m’empêcher de hausser un sourcil en entendant ses inquiétudes. Pourquoi il s’inquiète d’ailleurs ? Il n’a jamais agit comme le grand frère soucieux et attentionné comme il essai de le faire croire, alors pourquoi décide-t-il de vouloir me protéger maintenant ? Quand je décide enfin de franchir une étape importante de ma vie ? C’est à n’y rien comprendre. Il est vrai que Couafarel a toujours été gentille avec nous et que nous n’avons certainement pas été témoin de sa véritable personnalité car elle était ici en tant que patiente, mais son comportement ne devait pas être énormément différent. Le fait que son ancien maitre ne veuille pas la voir était assez inquiétant, mais je ne pense pas que ça vienne d’elle. Au contraire, le voisin qui l’a apporté ici était dans tous ses états à l’idée de la voir mourir. Elle semblait quand même être appréciée dans le voisinage.

- J’entends ce que tu me dis, mais je ne vois pas où est le problème. Les dresseurs capturent bien des pokémons après les avoir combattu dans la nature, ils ne savent rien d’eux et de leur personnalité, mais ils les adoptent quand même. Nous, nous avons au moins la chance de connaitre un peu Couafarel.

En réponse de ce contre-argument, mon frère se contente seulement de hausser les épaules après avoir jeté sa cigarette plus loin. Je ne le sens pas convaincue, mais je ne me sens pas non plus obligée de paraitre plus convaincante. Je suis une adulte, je suis capable de prendre mes propres décisions et d’en assumer les conséquences si nécessaires. Je n’ai pas besoin de mon frère pour me surveiller.

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C’est donc sur ces dernières paroles que tout le monde se sépare afin de rentrer chez soi, mon frère dans sa voiture et ma mère dans la sienne. Il n’y a que moi qui quitte tranquillement la clinique en fauteuil. J’ai seulement besoin de rouler sur le trottoir pour regagner la maison, alors c’est moins compliqué pour moi de me déplacer ainsi plutôt que de devoir grimper dans la voiture de ma mère. D’ailleurs, elle pourrait très bien faire le chemin à pied vu la distance qui est quand même assez réduite, mais je crois qu’elle ne l’a jamais fait sans sa bagnole. Elle dit que c’est plus rapide et aussi plus pratique si elle a besoin d’aller faire des courses en ville avant de rentrer à la maison, mais je ne comprends pas ses arguments puisque c’est mon père normalement qui va au supermarché après le travail. Étant donné qu’il est chef cuisinier, il aime bien parcourir les rayons afin de débusquer les plus beaux produits mais aussi les plus frais.

Et puis, cette petite balade pourra peut-être nous aider à raffermir les liens entre nous. Nous nous entendons déjà très bien, mais ce genre d’opportunité est toujours bon à prendre. Comme nous ne sommes plus toutes seules, Freyja est évidemment un peu moins concentrée sur sa tâche principale qui est de m’aider et de me guider en cas de besoin. J’arrive facilement à faire rouler mes roues et à me promener toute seule, mais cela arrive parfois que la Givrali ait besoin de me tirer avec l’aide de la cordelette que j’ai attaché à mon fauteuil. Cela se produit surtout en cas de pluie ou de neige car mes roues ont tendance à dévier de leur trajectoire et à s’enliser, ou sinon c’est quand je commence à fatiguer après une longue journée de travail qu’elle n’hésite pas à m’aider. Nous n’avons jamais été en présence de quelqu’un d’autre pendant cette petite routine, alors je ne peux pas lui en vouloir d’être distraite.

À ses côtés, la Couafarel gambade et renifle tout ce qui passe à sa portée. Elle n’a pas eu la chance de sortir beaucoup durant sa convalescence, c’est à peine si nous la sortions suffisamment longtemps pour lui permettre de faire ses besoins. Ce n’est pas parce que nous voulions pas lui offrir de l’air frais, mais bien parce que c’est risqué de perdre un pokémon dont nous avons la garde. Le pire scénario aurait été qu’elle s’enfuit et que nous ne puissions jamais la rendre à son propriétaire, mais cela fait parti du passé maintenant. Désormais guérie et de nouveau en liberté, elle pourra passer autant de temps qu’elle veut dehors, surtout que mes parents ont une grande cour arrière où elle pourra se défouler à sa guise. Je suis persuadée que Freyja saura la surveiller si elle s’excite un peu trop, car j’ignore si je vais être capable de garder un œil sur elle tout le temps. Avec mon handicap, cela risque d’être compliqué.

J’arrive à la maison quelques minutes seulement après ma mère et il me tarde de présenter ma nouvelle partenaire à mon père. Ce dernier est encore au restaurant à cette heure-ci et je vais essayer de faire les présentations officielles lors du repas de ce soir. En attendant, la chienne pourra prendre le temps de se reposer un peu et de se remettre de ses émotions.

Voulant à tout prix que la chienne se sente bien, je commence par lui faire visiter la maison en lui montrant les pièces les plus importantes. Je ne pense pas qu’elle sortira beaucoup de ma chambre au début, mais sait on jamais. Freyja se promène très peu en soit, mais elle me rejoint peu importe où je suis si j’ai besoin d’aide pour quelque chose. Couafarel devra faire la même chose. Il y a suffisamment de place pour elle dans la maison, même si elle n’est pas si grande. Je vais devoir réfléchir à mes prochaines adoptions pour éviter de trop surpeuplé l’endroit, car je sens que mes parents ne serait pas ravi de se retrouver envahi dans leur propre maison. Qui le serait de toute façon ? Je sens que je vais me mettre sérieusement à la recherche d’un appartement si un autre pokémon dans le besoin se présente à moi. Je n’aurais pas la force de le laisser derrière moi si il est dans la misère.

- Tu prépares quoi ce soir ?

Dès mon retour à la maison, je suis surprise de découvrir ma mère dans la cuisine, occupée à sortir des ingrédients du frigo pour tous les aligner sur l’un des comptoirs. Cela m’étonne car ma mère n’a pas l’habitude de préparer à manger, en général c’est plutôt mon père qui s’occupe de ça quand il rentre du restaurant. En tant que chef cuisinier, c’est sans doute le plus sage. Nous avons toujours bien mangé et je dois avouer que ma mère n’a pas de véritable talent en cuisine. C’est à peine si elle sait cuire des pâtes. Elle s’est toujours reposée sur son conjoint pour cette tâche quotidienne, alors elle ne s’est jamais améliorée.

- Oh, euh... je vais probablement faire un curry. Je sais que tu aimes ça et c’est une soirée de fête, non ? Il faut célébrer l’arrivée de Couafarel dans la famille.

Alors là, je ne m’attendais pas à ça.

- Je vais aussi inviter ton frère, mais ce n’est pas la peine de l’appeler tout de suite, il n’est surement pas encore rentrer.

Je suis tellement stupéfaite que je ne trouve rien à répondre, je me contente donc de lui adresser un hochement de tête. Déjà je suis étonnée par un tel menu et en plus, je ne pensais pas qu’elle veuille poser un geste pour souligner l’acquisition d’un nouveau pokémon. C’est une chose que nous n’avons encore jamais fait, du moins pas depuis notre fête d’anniversaire où nous avons tout les deux reçus un Evoli de la même portée, William et moi. Cela fait des années que nous n’avons pas fait ça et je ne savais même pas que ma mère avait les connaissances nécessaires pour préparer un curry digne de ce nom. Mon père a du lui donner les consignes par téléphone pendant la journée, ou peut-être a-t-il l’intention de quitter le travail plus tôt. Je ne suis pas certaine de vouloir gouter la cuisine de ma mère, mais si je n’ai pas le choix, je vais suivre le mouvement.

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En attendant de voir ce qui va se passer, je me décide à aider ma mère à préparer la table pour ce soir. Il est encore tôt pour s’y mette, mais si je veux m’enfermer dans ma chambre ensuite comme j’ai l’habitude de le faire en rentrant du boulot, au moins j’aurais la conscience tranquille pour le faire. Tout doucement, je commence à poser les ustensiles ainsi que les assiettes sur la table et tout autre équipement dont nous allons avoir besoin ce soir. Il est inutile de sortir les marinades et autres condiments du frigo à cette heure-ci, ils auront le temps de réchauffer et limite de devenir avarié avant que nous soyons tous assis à la table pour manger. Cette tâche étant maintenant terminée, j’ai aussi envie d’aider à mère à couper les légumes car je sais qu’un curry demande beaucoup de préparation, mais elle semble avoir déjà ranger les ingrédients qu’elle avait sorti un peu plus tôt. Tant pis, elle doit savoir ce qu’elle fait.

- Je vais aller dans ma chambre jusqu’à ce que le repas soit prêt. Si tu as encore besoin de moi, tu sais où me trouver.
- Emily ?

Ne croyant pas qu’elle allait ajouter quelque chose, j’étais déjà dans mon élan pour rouler jusqu’à ma chambre, mais je suis obligée de suspendre mon geste afin de pouvoir me tourner vers elle. Que peut-elle avoir à me dire alors qu’elle semblait assez distante envers moi depuis notre départ de la clinique ?

- À quel heure voudrais-tu que l’on aille à la fourrière demain ? J’aimerais qu’on y aille ensemble, ça sera plus facile pour remplir la paperasse.
- Euh... je ne sais pas trop. Dans l’après-midi ce serait parfait.
- D’accord, faisons ça. N’oublie surtout pas d’emmener Couafarel avec toi.

Puis, mettant ainsi un terme à la conversation, la femme se détourne pour retourner dans la cuisine, laissant derrière elle sa fille un peu perturbée par ses propos. Elle croit vraiment que je ne vais pas apporter mes pokémons avec moi ? Elles sont toutes deux mes créatures d’assistance, Freyja me suit partout où que j’aille depuis mon accident alors il en sera de même avec Couafarel. Hors de question d’aller à la fourrière sans elle, surtout que le déplacement la concerne. Et puis, si elle n’a pas l’âme d’une aidante et qu’elle refuse de me prête assistance en cas de besoin, je lui trouverai une nouvelle famille aimante. Je sais bien que ce job n’est pas fait pour tout le monde, mais pour tous les pokémons qui voudront me rejoindre, ce sera leur réalité. Je ne vais pas cacher mon handicap pour leur faire plaisir.

Une fois le fauteuil hors de vu, la mère peut enfin souffler. Elle a toujours eu du mal à s’exprimer et aujourd’hui ne fait pas exception. Au fond d’elle, elle est réellement fière de sa fille, mais elle n’arrive pas à être honnête et à le lui dire. L’adoption de ce nouveau pokémon sera une étape importante de sa vie.