// Localisation : Parc de Malié

source : Jesse Estes

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Patapa ! Patapa ! Patapa ! Des pattes sur le bitume, lancées au galop de course.
BING ! Le choc d’un corps léger contre des barreaux métalliques.
Gratte, gratte, gratte… Le crissement de griffes émoussées contre le métal.
« Oui, oui, attends, je t’ouvre ! » Le grincement d’un portail tournant sur ses gonds. À peine ce dernier fut-il entrouvert que la Mustébouée surexcitée se faufila dans l’embrasure, entraînant son propriétaire par la tension qu’elle exerça sur sa laisse. BONG ! CLING ! Un corps humain heurtant l’acier, véritable tintamarre ; un souffle coupé. « Aïe ! Attends, je te dis ! »

En dépit de la façon dont il se faisait présentement malmener par son Pokémon, Tori ne pouvait trouver de raison de s’énerver, au contraire. Après tout, cela faisait presque une semaine qu’il procrastinait d’emmener Éthanol au parc. Certes, il avait été occupé avec sa thèse ces derniers temps, mais pas bien plus que d’habitude, et certainement pas suffisamment pour justifier sa négligence. La pauvre Mustébouée, poussée par son ennui et son trop-plein d’énergie, s’était mise à faire de plus en plus bêtises, elle qui était d’habitude si sage et affectueuse. Par chance, Tori avait eu suffisamment de présence d’esprit au milieu de ses travaux pour reconnaître en ce changement de comportement un signal d’alarme involontaire. Aussi, ce matin-là, en annonçant à Éthanol qu’ils iraient au parc en fin de journée, il ne s’était pas attendu au spectacle auquel il eut droit en rentrant de la bibliothèque. La Mustébouée avait été si excitée lorsqu’il avait saisi son harnais que, telle de la dynamite, elle fusa avec suffisamment de vélocité pour prendre son envol et parvenir à courir sur les murs du studio. Une vision qu’il n’était pas prêt d’oublier.

L’épreuve du portail traversée sous le regard amusé des passants, Tori laissa Éthanol choisir leur cheminement à travers le parc de Malié. Ce dernier avait été aménagé à l’image des jardins traditionnels de Johto, dans un style épuré et asymétrique, embrassant la nature et riche en symbolisme. Partout où le regard se posait, un nouveau paysage miniature se dévoilait, élégant et captivant. Ginkgo, cerisiers et érables, tous aux troncs savamment inclinés par des décennies de taille, projetaient leurs ombres au sol, sur les parterres de mousse, gravier et autres plantes ornementales. Tori y repéra de la coriandre, un choix inusuel ; une petite folie de paysagiste, assurément. Quelques personnes parcouraient ses chemins sinueux, profitant de la fraîcheur offerte par le couvert végétal. En dépit de la fin d’après-midi, l’air demeurait chaud et le ciel clair.

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(419 mots)

Évolution de Matoufeu en Félinferno

Début des fouilles en D4 !

Si la végétation du parc invitait les habitants de Malié à le parcourir et à explorer ses moindres recoins, l’attraction principale demeurait néanmoins le fleuve qui le découpait en plusieurs presqu’îles. Ses rives avaient été creusées par l’Homme de façon à évoquer la silhouette d’un Léviator en vue aérienne, une référence manifeste au Lac Colère. Cependant, au sol, aux yeux des visiteurs, rien de cela n’était discernable. L’étendue d’eau n’était pas bien large, pas bien profonde et le courant pas bien rapide ; s’y baigner ne présentait pas de risque particulier, exception faite de l’hypothermie. En effet, la température y était froide ; l’eau s’écoulait directement des glaciers du Mont Hokulani et n’avait pas le temps de se réchauffer avant de se jeter dans l’océan, tant la montagne se trouvait proche du grand bleu. Si la baignade n’était pas officiellement interdite, c’était bien parce que seuls les plus courageux se risquaient à plus que d’y tremper les pieds. Tori ne figurait certainement pas parmi eux, mais Éthanol, elle se fichait bien de la température ; courtoisie de son épaisse fourrure imperméable.

Le fleuve était d’ailleurs la raison principale de leur venue, justement pour que la Mustébouée pût profiter de l’eau, et de toutes les sensations qui accompagnaient une baignade grandeur nature. Lorsqu’il ne pouvait pas l’emmener, comme lors de cette semaine passée, Tori se voyait contraint de remplir une bassine d’eau dans sa douche, la salle de bain étant trop petite pour contenir une baignoire. Cela donnait à Éthanol l’occasion de patauger un peu, mais guère plus. Ah, les aléas associés à la possession d’un Pokémon refusant de rentrer dans sa Poké Ball ! Si Tori avait su, il aurait très certainement laissé la Mustébouée à l’état sauvage ; son studio n’était tout simplement pas adapté à abriter un Pokémon plus grand d’un Statitik à plein temps. S’il avait su, peut-être aurait-il pu résister à ses grands yeux noirs et à ses petits gémissements suppliants de la capturer. Du moins, j’aime penser que j’en aurais été capable… De façon réaliste ? Il aurait certainement cédé de toute manière. Agir, puis faire face aux conséquences, une fâcheuse habitude dont il n’avait pas la motivation, ni le projet de se débarrasser. Après tout, c’était elle qui donnait du sel à sa vie !

Mais… Maintenant que j’y pense, peut-être que je cède trop facilement aux caprices de mes Pokémon… La pensée traversa son esprit au énième regard désapprobateur lancé dans sa direction. Il fallait dire qu’Éthanol et lui présentaient un tableau pittoresque : celui d’un petit rouquin au bras tendu, tiré en avant par la Mustébouée qu’il tenait en laisse. Tori se contenta de répondre aux passants d’un sourire forcé, les traits de son visage visiblement crispés. De quoi se mêlaient-ils donc ? Peut-être bien qu’il se montrât trop indulgent avec Éthanol et les autres, parfois, mais cette fois-là ? Éthanol était tout à fait dans son droit d’être excitée ; et puis elle était parfaitement bien élevée dans d’autres circonstances. Bon, il lui arrivait de faire tomber ses clés ou d’autres objets lorsqu’il ne lui payait pas assez attention, mais qu’était-ce donc par rapport à un hypothétique Pistolet-à-O en pleine face, ou alors aux coups de bec et de griffes de Miss Pitri, qui eux étaient bien réels et sentis ?

D’ailleurs, bien polie comme elle était, Éthanol s’arrêta lorsqu’ils arrivèrent au pied du fleuve. Dressée sur ses pattes postérieures, elle tourna vers lui ses grands yeux noirs et brillants, l’air expectante, et Tori ne put s’empêcher de roucouler un peu à son expression. « Aaah, tu es trop mignonne ! Attends, que je t’enlève tout ça. » À ces mots, il s’accroupit auprès d’elle et s’occupa d’ouvrir les attaches de son harnais. Sagement, elle maintint ses pattes antérieures en extension pour lui permettre de retirer l’équipement avec aise. « Et voilà ! Tu peux aller dans l’eau, maintenant. » Tori n’eut pas à se répéter ; à peine les mots étaient-ils sortis de sa bouche que la Mustébouée fila se jeter dans le fleuve, avec une grâce dont il n’était pas sûr de pouvoir un jour se lasser.

Éthanol occupée pour les prochaines heures, il partit se chercher une place au bord de l’eau afin de garder un œil sur elle. Il trouva sans peine un rocher couvert de mousse sur lequel s’appuyer, la berge étant autrement recouverte de gravier sur lesquels il était difficile de s’asseoir convenablement. Une fois installé, Tori sortit un roman de son sac à dos, un classique sur lequel il n’avait jamais eu l’occasion de se pencher. L’histoire, un récit fantastique, tournait autour d’un village hanté par une créature habitant son puits, si la quatrième de couverture était d’une quelconque indication. Surtout, Tori avait désespérément besoin d’une pause, de lire autre chose que des comptes-rendus de recherche.

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(800 mots)

Récapitulatif:

Vous creusez en D4 !:

Tori n’accrochait absolument pas au roman.

À plusieurs reprises durant sa lecture, des réflexions dans les lignes d’un sérieusement, c’est un classique, ça ? interrompaient son immersion, la rendant progressivement de plus en plus illusoire. Les personnages lui semblaient plats, sans saveur, quand ils ne se présentaient pas sous la forme de stéréotypes ambulants. Les héros étaient de bons gentils, sans aucune action ou parole de travers, tandis que les antagonistes étaient de bons méchants, sans aucune once d’humanité pour les raccrocher à la réalité. Certes, peut-être que cette œuvre avait été fondamentale dans l’élaboration de ces clichés, mais cela ne la rendait pas moins difficile à parcourir dans les temps modernes. La plume de l’auteur ne lui plaisait pas non plus, mais Tori n’était pas assez savant dans le domaine des arts littéraires pour parvenir à mettre exactement le doigt sur ce qui le gênait dans le style.

Il soupira, fermant le livre au passage. Cela ne servait à rien de persister ; il irait rendre le roman à la bibliothèque sans en lire une page de plus. Tu parles de changer de registre ! Je ferais mieux de retourner à mes revues scientifiques… Une pensée dépressive et quelque peu alarmante. Peut-être pas. Je deviendrai fou si je ne lis que ça. Il rangea le livre dans son sac, puis opta de suivre des yeux Éthanol, encore occupée à jouer dans l’eau. Il s’en désintéressa néanmoins rapidement ; ce n’était pas comme si elle réalisait de nouveaux tours.

À la place, Tori porta son attention aux alentours… Et croisa le regard d’une jeune fille assise au bord de l’autre rive. Elle baissa aussitôt la tête au contact visuel, ses joues pâles prenant une teinte rouge. Elle tenait un pinceau en main. Un carnet de dessin reposait sur ses genoux et une petite boîte blanche était entreposée à côté d’elle. Ah ! On dirait que j’ai servi de modèle. C’était indéniablement flatteur. Tout sourire, Tori fit alors un large signe de main à l’adolescente, auquel elle répondit de même, bien qu’avec un peu moins de ferveur. Le geste le surprit. Avec sa réaction précédente, lorsqu’il l’avait prise la main dans le sac, il s’était attendu à une fille plus timide.

Confiant qu’il ne risquait pas de l’effrayer, mais surtout poussé par l’ennui et la curiosité de voir ce qu’elle avait dessiné, Tori s’adressa à elle en haussant le ton : « Je peux venir voir ? » Il pointa le carnet qui reposait sur les genoux de l’adolescente. Elle acquiesça, son sourire toujours aux lèvres.

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(420 mots)

Je creuse ensuite en E2 ! Que la chance soit avec moi pour un objet non-inutile !

Récapitulatif:

La bénédiction de la fille en poche, Tori rassembla ses affaires, puis se remit pleinement sur ses pieds avant de longer la rive en direction du pont le plus proche. Heureusement, ce dernier n’était qu’à quelques mètres de là. Voyant son propriétaire s’éloigner, Éthanol bondit hors de l’eau à une vitesse déconcertante, seulement pour lui emboîter le pas en deux temps, trois mouvements, laissant derrière elle une traînée d’eau. À cela, le sourire du rouquin, qui tenait jusque-là d’une certaine performance de politesse, s’agrandit en quelque chose d’un peu plus sincère.

Honnêtement, l’occasion de se sociabiliser manquait à Tori. Depuis son arrivée à Alola, il ne s’était jamais donné le temps de sortir se mêler à la population, sous le prétexte d’être pris par ses recherches. Une excuse, malgré la part de vérité. Après tout, il était le seul maître de son temps. Le rouquin pouvait reconnaître qu’il était tout simplement… dépaysé, et encore déstabilisé en dépit des semaines, des quelques mois passés dans la région. À Johto, non seulement était-il un natif, mais il avait aussi eu Asuka, ou encore ses amis de l’université, avec qui sortir et s’adonner à des activités. Sans eux, il se rendait compte que faire le premier pas dans une région toute nouvelle se révélait plus intimidant qu’il ne l’avait pensé. Joffrey pouvait peut-être compter comme une sorte d’ami ; Tori avait assurément du mal à encore le concevoir comme une simple connaissance. Il détenait son numéro, ce n’était pas rien ! Cependant, Joffrey ne vivait pas sur l’île d’Ula-Ula. Malgré leur pseudo-amitié, ils n’étaient pas assez proches pour justifier des voyages réguliers, même courts, à travers l’océan juste pour se voir. Peut-être que je devrais commencer à aller sortir boire un verre le soir, ou un café le matin… Juste histoire de voir du monde. Parler à cette adolescente ne serait que la première étape de cette nouvelle résolution.

En voyant Tori s’approcher, tout sourire, la jeune fille avait fait mine de se lever, mais il rejoignit son chevet sans lui en laisser le temps. Pourtant, il n’avait pas eu l’impression d’être particulièrement rapide. Sans doute qu’elle se sentait mieux assise ; il n’y avait pas de raison de la déranger davantage. « Je peux m’asseoir à côté de toi ?
— Oui, bien sûr ! »
À ces mots, Tori s’installa en tailleur à côté de la rouquine, dont le carnet de dessin demeurait ouvert sur ses genoux. Tori n’eut cependant pas le temps d’y jeter un regard plus approfondit, car Éthanol profita qu’il fut au sol pour se coucher dans le creux formé par ses jambes, mouillant son short au passage.

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(441 mots)

Récapitulatif:

La jeune fille laissa un petit rire attendri franchir ses lèvres à cette démonstration d’affection, détournant par-là l’attention de Tori de sa Mustébouée. Il vit ainsi l’adolescente poser son pinceau à côté d’elle dans un geste à la fois délibéré et délicat, tout en mesure ; sans doute afin de préserver l’extrémité poilue de l’outil. Elle ramena ensuite ses bras contre son corps, seulement pour agripper les bords de son carnet avec des mains émaciées, dont la peau moulait avec aise le contour saillant de ses phalanges. Tori en fut surpris. De loin, elle ne lui avait pas semblée particulièrement maigre. Pris au dépourvu, il balaya discrètement des yeux la silhouette de la jeune fille tandis qu’elle se repositionnait pour mieux discuter. Il comprit alors pourquoi il n’avait rien remarqué jusqu’alors : elle portait des vêtements particulièrement amples, parfaits pour masquer ses formes. Tori acquiesça dans le vide à cette réalisation, plus pour lui-même qu’autre chose. Oui, il était bien familier avec ce style vestimentaire, s’il pouvait appeler cela ainsi. Avant l’achat de son premier binder, il ne jurait que par ses sweatshirts trop grands.

« Elle est adorable ! La petite voix fluette de la jeune fille ne fut, en revanche, pas une surprise. Comment s’appelle-t-elle ? » Elle se pencha vers Tori, ou plutôt, vers la Mustébouée nichée entre ses jambes. « Je peux la toucher ? » Elle se rapprocha encore un peu, un peu trop. Tori se pencha à son tour, mais en arrière, dans une vaine tentative de conserver sa sphère d’espace vital intacte. Aussi, s’il pouvait ne pas donner l’impression aux passants qu’il draguait une gamine, ce serait appréciable. Remarque, on a tous les deux les cheveux roux. Avec un peu de chance, ils croiront qu’on est frère et sœur. C’est déjà moins louche.

« Elle… euh… s’appelle Éthanol. » La dénommée leva la tête à son nom, se retrouvant presque nez à nez avec la jeune fille. L’organe de flottaison qui ornait son cou, jusque-là vide d’air et presque invisible, se gonfla légèrement sous l’effet de surprise. « Tu peux la caresser, oui, elle est gentille. Évite quand même de trop approcher tes doigts de sa gueule, sait-on jamais. » La Mustébouée ne l’avait jamais mordu personnellement, mais Tori ne pouvait pas affirmer avec confiance qu’elle ne serait pas tentée de croquer un doigt errant, d’autant plus qu’elle n’avait jamais interagi d’aussi près avec un autre humain que lui.

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(407 mots)

Je creuse ensuite en E4.

Récapitulatif:

Attentive à l’avertissement de Tori, la jeune fille décrocha une main de son carnet de dessin pour l’approcher doucement de la tête de la Mustébouée. Cette dernière renifla aussitôt les doigts tendus dans sa direction, son intérêt visible mêmes à des yeux non-initiés. Ses moustaches devaient chatouiller, si le rire qui s’échappa de la rouquine était d’une quelconque indication. Lorsque la loutre donna l’impression d’avoir fini sa petite investigation, l’adolescente se risqua à gratter sa joue. Le geste fut couronné de succès : non seulement, la Mustébouée ne détourna pas la tête, mais la bouée de son cou se dégonfla complètement, signe de relaxation. Tori se détendit à son tour, à sa propre surprise. Ça change la vie d’avoir un Pokémon qui ne craint pas les gens… Entre son Matoufeu et sa Braisillon, l’un fuyant les humains et l’autre les attaquant, il avait été servi dans ce département. Toutefois, en dépit des difficultés, Tori ne regrettait pas d’être devenu famille d’accueil pour le félin ; le voir progresser chaque jour, malgré les hauts et les bas, le remplissait de fierté, tant envers le Pokémon qu’envers lui-même. Les exercices de sociabilisation étaient ardus, aucun doute là-dessus, et expliquaient également pourquoi Tori avait eu si peu de temps à consacrer à Éthanol, mais ils en valaient la peine. Le rouquin s’attendait à voir le matou voler de ses propres ailes dans un futur proche. La Braisillon quant à elle… constituait un tout autre problème, mais Tori se félicitait déjà d’avoir trouvé une personne disponible pour l’aider, même s’il lui fallait se déplacer jusqu’à Kantô pour cela.

Si l’adolescente avait été surprise au surnom peu orthodoxe d’Éthanol, dont Tori pouvait reconnaître l’humour douteux en rétrospective, elle n’en fit pas mine. À ce sujet… Il était peut-être temps de faire des présentations en bonne et due forme. Il interrompit la séance de caresses en s’adressant directement dans l’oreille de la rouquine, à défaut de pouvoir faire autrement étant donné sa proximité. Avec un peu de chance, elle trouverait cela suffisamment désagréable pour reculer d’elle-même. « En parlant de nom, je m’appelle Tori. Et toi, c’est comment ?
— Faith, Faith Ashworth, lui répondit-elle tout en se redressant, rendant à Éthanol la propriété de sa tête et à Tori son précieux espace vital. « Tori » … Ce n’est pas d’ici. Tu viens de Kantô ? Moi-même, je suis originaire de Galar.
— Non, je viens de Johto, corrigea-t-il. Je reste à Alola le temps d’écrire ma thèse. » Il n’entra pas plus dans les détails ; ses sorties au parc étaient l’occasion de se changer les idées, pas de les ressasser dans un nouveau cadre. Aussi, dans l’optique de ne pas donner à Faith l’occasion de rebondir sur ce qu’il venait de dire, Tori enchaîna : « Qu’est-ce qui t’amène à Alola ? Les vacances ? J’imagine que le changement de paysage est pas mal pour le dessin. » Il ponctua ses mots en désignant du menton le carnet qui reposait sur les genoux de la rouquine. Après tout, c’était son contenu qu’il était venu voir !

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(514 mots)

Récapitulatif:

Faith parut momentanément prise de court à sa question. Avait-il accidentellement touché un point sensible ? Tori peinait à en imaginer la nature exacte ; il n’avait pas eu l’impression de poser une question invasive. Aussi, il resta interdit tandis qu’une série d’émotions s’enchaîna sur le visage anémié de la jeune fille, la transition de l’une à l’autre trop rapide pour permettre d’en distinguer une précisément. Finalement, son expression se figea dans un sourire un peu forcé, qui n’atteignait pas ses yeux. La main qui avait servi à caresser Éthanol se rétracta, retrouvant sa sœur sur le carnet de dessin. Le regard rivé au sol, sa voix trembla légèrement lorsqu’elle lui répondit : « Non, je ne suis pas ici en vacances, non… Les jointures saillantes de ses doigts blanchirent sous la force avec laquelle elle serrait son carnet. Elle hésita encore un instant avant de continuer : mais mes parents m’ont bien emmené ici pour que je puisse prendre l’air avec un moindre risque d’attraper froid. Enfin… Quand il y a beaucoup de touristes, je dois quand même porter un masque pour me protéger. Et puis, il y a bon centre de soins à Malié, et le cadre est plus joli que pour ceux qu’on trouve à Galar. »

Ah.

Tori ne pensait certainement pas ouvrir la boîte de Pandore en échangeant quelques banalités avec la jeune fille. D’un autre côté, il n’était pas exactement surpris d’apprendre que Faith était malade. Entre son teint excessivement pâle et sa maigreur, une partie de lui s’en était déjà douté, même s’il s’était abstenu de faire un quelconque commentaire afin d’étayer son hypothèse. Si Tori n’avait jusqu’alors jamais eu à mettre les pieds dans le centre de soin qu’elle avait mentionné – et il espérait bien que cela ne changerait pas de sitôt, touche du bois –, il voyait tout de même de quel bâtiment elle parlait. Avec son architecture moderne, il était après tout difficile de le rater au milieu des habitations imitant le style traditionnel de Johto. À vue d’œil, il était malheureusement impossible de savoir si le centre se spécialisait aux soins de maladies particulières. Aussi, la curiosité morbide de Tori au sujet de l’affection qui touchait Faith ne serait assouvie qu’en la questionnant… Ce qu’il reconnaissait être une mauvaise idée. Il suffisait de constater la difficulté avec laquelle elle avait eu à parler de sa situation pour le comprendre. Tori n’espérait certainement pas lui faire regretter ce choix de lui en parler.

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(411 mots)

Je creuse ensuite en C4.

Récapitulatif:

Le silence qui suivit les paroles de Faith s’étira suffisamment pour qu’elle se mît à gigoter légèrement, clairement mal à l’aise. À cela, Tori se rendit compte de sa maladresse, mais alors qu’il ouvrit la bouche pour rompre le silence, la jeune fille le devança : « Euh… Je suis désolée d’avoir plombé l’ambiance comme ça, ce n’était—
— Oh non, non, ne t’excuse pas ! » Tori s’empressa de la couper avant qu’elle ne s’autoflagella davantage. Si quelqu’un devait s’excuser pour la tournure de la discussion, c’était bien lui. Le manque d’interactions sociales de ces dernières semaines l’avait clairement impacté. Il était persuadé qu’en temps normal, il aurait immédiatement trouvé quoi dire pour dissiper la tension. Du moins, c’était ce qu’il aimait croire. « Je suis touché par ton honnêteté. » Un petit mensonge, mais elle avait certainement besoin d’entendre ça. « Tes parents sont ici avec toi ?
— Non, ils m’ont laissé prendre l’air dans le parc le temps de faire les courses. » Tori ne cacha pas sa surprise. Il s’attendait à ce qu’ils furent dans les parages ; il avait du mal à imaginer des parents qui, dans ce contexte, ne seraient pas excessivement protecteurs. « Mais ce n’est pas un problème ! » Le sourire de la rouquine sembla devenir plus sincère, prenant même une pointe de malice face à l’étonnement de Tori. « J’ai ma Floramantis, Amaryllis, avec moi pour m’aider. »

Ah ? Tori n’avait certainement pas remarqué la présence du Pokémon, et un coup d’œil rapide aux alentours ne l’aida assurément pas à le localiser. Cela ne voulait dire qu’une chose, même si l’efficacité d’une telle méthode en cas d’imprévu lui échappait. « Tu la sors de sa Poké Ball que lorsque tu as besoin d’elle, alors ?
— Oh non, du tout ! Faith secoua doucement la tête avant de lever un bras en direction d’un des rares buissons fleuris qui bordaient l’eau. Ama’ est juste là. »

Tori suivit du regard la direction indiquée et… Oui ! Effectivement, une Floramantis se trouvait bel et bien cachée au milieu des fleurs bicolores qui décoraient la plante ornementale. « Je ne l’avais pas vue ! Son camouflage a été… Super efficace ! » Faith grogna à la tentative d’humour avant de rire. Aux yeux de Tori, c’était là une victoire.

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(378 mots)

Récapitulatif: