L’humeur maussade élégamment balayée hors de la discussion, à son humble avis du moins, Tori enchaîna sur un ton qu’il espérait tout aussi joyeux que l’atmosphère établie : « Floramantis, ce n’est pas un Pokémon commun ! » Pour ne pas dire rare… Pour cause : depuis son arrivé dans la région, il n’avait pas vu un seul Floramantis en captivité et l’occasion d’en apercevoir un vivant à l’état sauvage ne s’était présentée qu’une seule fois. Cette absence d’interaction sur le terrain ne l’avait pas pour autant empêché de se renseigner davantage sur l’espèce, notamment dans le but de partager ses trouvailles et autres anecdotes avec Asuka. Tori était persuadé que son ami d’enfance ne manquerait pas d’apprécier l’esthétique de ce Pokémon, s’il venait à le lui présenter. Dommage que la salle de danse de Rosalia se spécialise uniquement dans les évolutions d’Évoli. Floramantis ferait certainement un carton. « J’ai entendu dire que cette espèce était particulièrement difficile à entretenir. Tu es dresseuse ? » Une question rhétorique. Même avec toute la bonne volonté du monde, Tori peinait à imaginer comment la jeune fille, frêle comme elle était, pouvait avoir la capacité de répondre aux besoins exigeants d’un Floramantis.

À la question, Faith secoua négativement de la tête, comme attendu. « Non. Ama’ est un Pokémon de service, ce n’est pas moi qui m’en occupe personnellement. On l’a reçue par le biais d’une association, expliqua-t-elle tandis que la Floramantis s’extraya de sa cachette pour s’approcher à pas de Lougaroc. Mais mon père s’y connaît un peu en orchidée, alors il sait s’occuper d’elle entre les visites de sa dresseuse, la véritable experte. » Tori acquiesça à ses paroles, intrigué par ce fonctionnement. Il ne put s’empêcher de se comparer à la Floramantis ; simplement, là où elle s’occupait d’une humaine, lui se chargeait de deux Pokémon. Il ne s’agissait sans doute pas là d’un approchement des plus flatteurs pour Faith. Aussi, Tori resta bouche cousue.

Faith pointa alors de nouveau Éthanol du doigt, qui appuya sur ce dernier du bout de la truffe. L’action provoqua un nouveau rire de l’adolescente, et la loutre fut récompensée d’une caresse pour son initiative câline. « Et toi, tu l’es ? Dresseur, je veux dire. Tu avais l’air super complice avec ta Mustébouée, tout à l’heure. Elle prit à deux mains son carnet de dessin, qui n’avait jusqu’alors pas bougé de ses genoux, et en présenta une page à Tori. Je n’ai pas pu résister à l’envie de vous dessiner tous les deux ! »

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(416 mots)

Tu m'as fait peur ! J'ai cru à une autre case inutile :x
La prochaine case que je creuse est la D3

Récapitulatif:

Tori saisit le carnet des mains de Faith, avec autant de délicatesse que possible. Il n’était pas question d’être trop brusque, au risque d’abîmer les dessins. « Oui, je suis dresseur. Officiellement parlant, du moins. » Tori peinait à véritablement se sentir comme tel. Il ne passait assurément pas ses journées dehors, à entraîner ses quelques Pokémon au combat et à gagner sa vie par ce biais. Il reprit : « Enfin, Éthanol est plus un Pokémon de compagnie qu’autre chose. À vrai dire, je ne sais pas si j’ai vraiment envie de me lancer dans la quête des arènes… Je n’ai jamais été très doué pour diriger mes Pokémon au combat. » Pratiquer l’aiderait à s’améliorer, il en avait conscience, mais il ne s’agissait tout simplement pas d’une priorité. Sans compter que perdre et se ridiculiser à répétition ne figuraient pas parmi ses passions ! Et puis, entre ses différents Pokémon, il n’avait que Lady Sharpteeth, sa Scorplane nouvellement récupérée, de disponible. Ne servant que de famille d’accueil pour Woowoo, Tori n’avait pas l’autorisation de l’utiliser en match officiel. Quant à sa Braisillon… Il ne préférait pas y penser.

Le carnet enfin entre ses mains, Tori se sentit victorieux avant même de consulter la page d’intérêt. S’il avait laissé la discussion prendre son cours naturel, une part de lui s’était entêtée à garder en tête qu’il n’avait pas eu l’occasion de jeter un coup d’œil au fameux dessin. Tout au long de leur petit échange, Tori avait cherché à établir une transition pour revenir sur ce sujet, qui l’avait sincèrement intrigué. À présent, il avait tout son temps pour apprécier l’œuvre.

« Voyons donc ça… » Le dessin le représentait lui, appuyé contre une esquisse de rocher couvert de mousse. S’il tenait effectivement un livre, la direction donnée à ses iris ne laissait aucun doute sur le fait qu’il n’y prêtait pas attention. Une réplique approximative, mais convaincante, d’Éthanol avait été tracée au premier plan, comme sautant hors de l’eau. Les traits au crayon demeuraient lâches et beaucoup se comprenait à travers la simple gestuelle du dessin, notamment l’implication qu’homme et Pokémon échangeaient un regard. Le crayonné avait été coloré à l’aquarelle, mais la peinture n’était d’évidence pas finie. La patte de l’artiste s’en dégageait tout de même, avec l’emploi de couleurs inattendues, comme du rose, ou de l’orange pour autre chose que la chevelure de Tori. Franchement, il était impressionné. Dire que lui savait à peine tracer une ligne droite ou un cercle à la main ! S’il était évident que l’œuvre ne provenait pas d’un professionnel, il pouvait y reconnaître un véritable potentiel. Avec quelques années de plus, Faith aurait certainement fait parler d’elle. Maintenant, va savoir si elle avait autant de temps devant elle… « Wow ! Ok, c’est vraiment sympa ! Tu dessines depuis longtemps ? »

Le compliment, un peu bateau, parut néanmoins contenter Faith, dont le sourire s’agrandit davantage : « Contente que tu aimes ! Je dessine depuis toute petite, mais j’ai commencé l’aquarelle récemment. Elle marqua une pause, les sourcils froncés dans sa réflexion et une apparente hésitation, puis poursuivit : j’avais toujours eu envie d’essayer, mais j’avais peur de m’y mettre et de gâcher mes dessins avec la peinture… Mais depuis mon diagnostic, mon avenir est incertain, alors… Je n’ai pas envie d’avoir de regrets. » Tori resta muet. Qu’y avait-il à dire ? Heureusement, Faith ne le laissa pas patauger bien longtemps, et reprit rapidement la parole : « Tu pourras le garder, le dessin, si tu veux. Je ne l’ai pas fini, mais ce n’est pas grave ! »

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Utilisation d'une Pierre Stase sur Lucario pour obtenir Riolu

« Tu es sûre ? Tori sauta sur l’occasion que Faith lui offrait pour changer de sujet, son empressement laissant transparaître malgré lui son soulagement. Il comprenait bien que la jeune fille pouvait difficilement parler de ses expériences sans évoquer sa maladie, si sa vie avaient été aussi profondément marquées par son diagnostic que ce qu’elle laissait suggérer. Loin de Tori de la censurer ! Cependant, Faith ne paraissait pas tout à fait à l’aise d’en parler et sa réticence était indéniablement contagieuse. Elle donnait à Tori l’impression d’être un Charibari dans un magasin de porcelaine : au moindre mouvement de travers, une catastrophe l’attendait. Et des paroles de travers, Tori savait pertinemment qu’il en avait à revendre ! S’en était presque sa marque de fabrique, son père étant tout aussi maladroit. Aussi, le rouquin rajouta une couche à sa première question, se retenant tout juste de chercher à imiter le Miaouss Potté qui avait fait un carton quelques années auparavant : Ce serait dommage de ne pas finir, non ?
— Tu trouves ?
— Tu ne trouves pas ? Tori espérait que le sourire qu’il forçait sur son visage ne prenait pas l’air d’un rictus. Écoute, je ne compte pas partir tout de suite, Éthanol était encore bien loin d’avoir fini de se défouler. Finis donc l’aquarelle ! Pas de regret comme ça. »

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(216 mots)

En vérité, aussi dur que cela pouvait être de l’admettre, Tori se fichait bien que Faith finît ou non la peinture. Plus encore, il se fichait bien de conserver le dessin ; il pensait même que Faith ferait mieux de le garder pour elle-même. Au moins, il y serait entre de bonnes mains. Celles de Tori ? Oh, le rouquin savait pertinemment que l’œuvre finirait sur une table, où elle ne manquerait pas de finir écrasée sous des bouquins ou autres objets. Enfin, il supposait qu’il pourrait accrocher le dessin au mur, car après tout, il en reconnaissait les vertus artistiques, mais en étant réaliste ? Il n’y avait pas beaucoup d’espoir. Tori tâcha toutefois de taire cette ligne de réflexion. Faith n’avait pas besoin de savoir ce qu’il adviendrait de sa peinture.

La proposition, certes insistante, que Tori avait émise sembla heureusement contenter la jeune fille. Voyant l’expression qu’elle abordait, il lui tendit le carnet sans qu’elle n’eût à lui réclamer. Elle le lui prit des mains en le remerciant doucement, puis s’adonna à arranger ses affaires silencieusement, plaçant sa palette à portée de bras et saisissant un de ses pinceaux. Tori pensa que leur discussion prendrait là une pause, mais Faith le surprit en reprenant la parole : « Si tu es dresseur… Est-ce que tu as d’autres Pokémon que ta Mustébouée ? »

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(223 mots)