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» Les combattants du petit bonheur — Giacomo.

Léocadia Sorbet

Léocadia Sorbet
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C-GEAR
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Région : Galar
Sam 2 Jan - 17:17

Les combattants du petit bonheur, juillet 2020.

Son papa a vu juste : Giacomo lui envoie un message quelques jours après son départ, alors qu’elle paresse encore à Brasswick avec beaucoup de complaisance pour elle-même et les efforts qu’elle a dû fournir pour arriver jusque-là – deux kilomètres de marche, ça use ! s’est moqué son oncle en donnant un coup de coude complice à Bastien. Eh bien, oui, ça use, a-t-elle dû se défendre avec une mauvaise foi tout à fait charmante, surtout quand on les passe à courir à cause de la chasse assidue d’un Voltoutou ! À vrai dire, le message de Giacomo arrive à point nommé :

Message reçu de Giacomo – 15h25, le 13 juin
Salut Léo, c’est Giacomo (Tutti, j’sais plus si tu m’remets). Moi j’me souviens de tes cheveux dans tous les sens et du curry du Verpom ! J’ai pas tout tout saisi mais ton père a visiblement prévenu le mien, comme quoi t’étais partie à l’aventure avec tes pokémons. Il voulait voir si j’pouvais te filer un coup de main, j’crois ? Enfin, y’a pas d’souci pour moi, donc tu m’dis, on peut s’appeler si tu veux. Je suis du côté de Skifford mais j’peux bouger pas mal.

Elle a senti son cœur bondir avec euphorie en le lisant, parce que la perspective d'avoir un compagnon de route, de ne pas être seule en somme, lui permet de retrouver toute sa volonté des premiers jours. De fait, c’est ce qui la motive à résister pour de bon aux délicieuses pâtisseries de son oncle et à repartir enfin, précédée par les bonds joyeux de Chausson qui s’est accoutumé étonnamment vite aux bris du voyage – là où, en dépit de sa curiosité débordante, elle marche encore souvent à reculons, partagée entre la peur et l'excitation. Sa réponse n’a évidemment pas tardé :

Message envoyé à Giacomo – 17h01, le 13 juin
Giacomo ! blush Coucou ! cheer Bien sûr que je me souviens de toi, surtout de tes lunettes de Rockstar ! star C’est très gentil de bien vouloir m’aider, j’espère que ça ne va pas trop te détourner de ta formation de Ranger (au pire tu peux me considérer comme un pokémon en détresse non ? content ) Je peux te rejoindre à Skifford mais j’en ai encore pour un moment : je quitte à peine Brasswick, là, et mon papa m’a dit que la route pour Motorby était très, très, très longue – on peut ajouter un « très » je crois boulet comme je suis !! shock Je te tiens au courant d’accord ? On peut s’appeler quand tu veux ! wink2 GROS BISOUS. kiss BON COURAGE POUR TA FORMATION. 💪 💪 💪 (J’espère que Fiona va bien ! Et toute ta famille d’ailleurs !! heart heart heart )

La suite de son voyage n’est pas pour autant de tout repos, malgré toute la bonne volonté que la perspective de retrouver Giacomo lui a insufflée. Si elle aura tôt fait de rire de l’insistance adorable des Apitrini de la Plaine Verdoyante, elle se souviendra encore longtemps de sa traversée cauchemardesque de la mine de Galar et du dédale vertigineux, assourdissant qu’a été pour elle la ville de Motorby. Quel réconfort ç’a été d’y retrouver sa tata après y avoir passé une nuit toute seule, comme une grande personne qu’elle ne veut pas vraiment devenir au demeurant !

Au téléphone, à l’occasion de leur rendez-vous quotidien, son papa a beaucoup gloussé quand elle lui a raconté qu’après toutes ces épuisantes aventures – oui !! –, elle n’avait pas eu le courage de passer par les Plaines Sauvages, même accompagnée de sa tata, et qu’elle avait finalement opté pour le confort du train, dans lequel elle s’était endormie après cinq minutes enchanteresses de contemplation bovine du paysage. Sans doute a-t-il parfaitement imaginé son museau piteusement baissé, de même qu’elle a perçu instinctivement, derrière la malice de sa voix, un inavouable soulagement.

Oh, ce n’est que partie remise ! a-t-elle aussitôt pensé. Elle s’aventurera dans les Plaines Sauvages… un jour !! Mais elle ne l’a pas dit à son papa et lui a plutôt raconté comment elle s’est retrouvée à jouer à cache-cache dans la partie basse de la ville avec un petit garçon nommé Denis – un vrai moment d’épouvante dans le soleil déclinant de l’après-midi !

C’est dans le train, justement, qu’elle a reçu un nouveau message de Giacomo l’avertissant qu’il pouvait l’appeler le lendemain pour organiser leurs retrouvailles. Et c’est avachie dans le canapé de sa tata qu’elle l’a retenu au téléphone pendant une heure – au moins –, à lui demander comment il allait, ce que sa sœur, son frère, ses parents devenaient, comment se passait sa formation de Ranger, quels étaient ses pokémons, et puis bla bla bla, penses-tu qu’un Crèmy puisse se mettre en colère ; à ton avis combien les joues d’un Rongourmand peuvent-elles contenir de baies, et ce serait rigolo non de mettre l’un d’eux au défi d’en faire autant, etc. Jusqu’à ce qu’il lui annonce son intention de la rejoindre à Greenbury – enfin, il a plutôt dit se rendre à Greenbury, indépendamment d’elle, mais peu importe, ce à quoi sa tata a réagi avec un petit sourire goguenard à travers les volutes de sa cigarette électronique : « Tu veux dire qu’après s’être fait assommer par ton papotage sans queue, ni tête, ni fin, il n’a pas cherché à te cacher sa venue en ville ? Un bon gars, ce Giacomo. Ou un pauvre inconscient. »

Léo ne lui a pas tiré la langue, mais presque. Elle a attendu le jour J avec impatience – « J’espère que nos pokémons vont bien s’entendre ! » –, si ce n’est avec fébrilité – « Tu imagines, un futur Ranger ?? » –, et une heure avant le rendez-vous, au commencement de la matinée, les baisers sonores qu’elle a déposés sur les joues de sa tata étaient frémissants de rires difficilement contenus. « Tu es sûre que c’est une bonne idée de lui avoir donné rendez-vous sur la place du marché un dimanche ? lui a-t-elle demandé avec un haussement de sourcil perplexe. Bon, tu me diras, avec ta robe jaune poussin, il ne risque pas de te rater.
Il doit me retrouver près du stand qui vend les petits beignets à la groseille ! pépie-t-elle en refermant joyeusement la porte derrière elle – et, après un dernier baiser soufflé du bout des doigts à travers la fenêtre restée ouverte : C’est important ! Je t’aime, tata, ne sois pas sage !
Et toi sois-le pour deux ! Mais amuse-toi bien quand même ! »

Greenbury a charmé la simplicité de son cœur dès le premier jour. C’est une ville ravissante qui, au plus beau de l’été, exhale un souffle parfumé, presque enivrant qui la fait immanquablement entrer en intense communion avec les petits bourdons dodus et duveteux butinant de fleur en fleur. Il semble à Léo que dans un endroit aussi coloré et luxuriant, il n’est pas possible de porter autre chose que du jaune poussin ! Sa tata n’avait pas tort, du reste : la place du marché, jalonnée d’étals chamarrés, vibre sous le pas d’une foule effervescente et joyeuse – elle a été fort bien inspirée de se rendre remarquable ! Mais elle craint tout à coup que ça ne suffise pas : là, à l’ombre de sa capeline ornée d’un ruban rouge, elle a le sentiment d’être beaucoup trop petite à la marge de ce flux et reflux incessants.

Par bonheur, elle avait oublié qu’elle pouvait compter sur la grande taille de Giacomo – en vérité, elle avait oublié qu’il était si grand ! Sans même prendre conscience qu'on l'observe, elle ne tarde pas à l’apercevoir, le nez surmonté de ses fameuses lunettes, et elle se met aussitôt à sautiller, bras en l’air, pour attirer son attention – car hélas, s’il fait une tête de plus que la plupart des promeneurs, elle en fait pour sa part deux de moins : « Giacomo ! YOUHOU, GIACOMO ! PAR ICI !! » Elle sait que son image est entrecoupée par la mouvance des passants plus ou moins pressés, aussi redouble-t-elle d’énergie, à s'en donner chaud malgré la clémence de la brise estivale. Néanmoins, comme elle doit s’agiter pour compenser sa petite taille et se faire voir de lui, elle ne s’aperçoit pas que la manœuvre élargit chaque fois un peu plus l’entrouverture de son sac. L’instant d’après, Giacomo la remarquera peut-être, cette main étrangère qui vient se servir dans ses effets personnels sans qu’elle ne s’en rende compte, emportant ce qui a tout l’air d’être son portefeuille. C’est l’assistant du vendeur de beignets qui donne l’alerte dans un bredouillement maladroit : « M-mademoiselle, attention, votre sac !!
Hein… ? » Léo a à peine le temps de se retourner qu’elle voit, sans comprendre, un garçon coiffé d'un chapeau tout froissé partir en courant et se frayer lestement un passage parmi la foule !

1525 mots.
@Giacomo Tutti




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Giacomo Tutti

Giacomo Tutti
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C-GEAR
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Mar 2 Fév - 20:38
J’suis pas un mauvais gars vous savez. Enfin… j’essaie de ne plus l’être trop. Je sais que j’ai fait de la merde. Pas mal de merde. Qui peut prétendre être parfait, hein ? Que les faux-cul. J’suis pas parfait. J’ai eu des périodes plus ou moins glorieuses. A des moments, j’ai fait n’imp, je sais. Sauf que je veux pas que ça résume ma vie. Je veux pas être comme certains, des types qui crèvent jeunes et dont on n’a pas grand-chose à dire si ce n’est « Il l’a mérité. ». Y’a rien de plus atroce que ça, je pense. Je veux pas mérité une vie et une fin de merde. Alors je m’améliore. Ça fait quelques temps, déjà. Je m’améliore. J’essaie de ne pas – trop – pensé à ce qui peut me miner le moral, aux regrets, à ce qui aurait pu être différent, et j’avance dans ce que je suis aujourd’hui.

Et aujourd’hui, mon objectif, c’est de croiser la route de Léocadia Sorbet. Oh, bien sûr, ça m’est pas venu en tête comme ça, par le Saint Esprit ! (A moins que le Saint Esprit ça soit mon père, et là… bref.) Mon Padre, il m’a demandé un coup de main pour son ami de longue date, Martin Sorbet et son curry aux pommes à tomber… Ouais je sais, c’est trivial mais c’est le premier truc qui me vient à l’esprit quand je pense à ce bonhomme. Un cuisto, lui aussi. Ami de mon père et ami de la famille, finalement. Ils se voient de temps en temps, mon père et lui, ils travaillent chacun dans un restaurant et on a déjà mangé dans chez le Sorbet, et il est déjà venu au Piccadilly. C’est pas souvent, mais ça arrive. Ça remonte à plusieurs années la dernière fois mais je m’en souviens bien, c’est un gentil ce type. Sa fille aussi, qui parlait beaucoup, avec des cheveux dans tous les sens, et qui mangeait des yeux Fiona. Je me souviens ça nous avait fait marrer, avec Lino.

Enfin bon… au final, j’ai pas dit non quand mon père m’a demandé si je pouvais la dépanner un peu, lui donne quelques conseils et tout, vu qu’elle s’est lancée sur les routes, avec ses pokémons. J’avoue, ça m’intrigue pas mal. Je me souviens combien le père couvait sa fille, je sais que ça fait quelques années, mais n’empêche, je sais pas s’il le vit bien de voir la prunelle de ses yeux prendre son envol, comme ça. Perso, je sais que mes parents nous ont toujours poussé à l’indépendance et puis, vu qu’on était trois, ça s’est fait petit à petit.

Je sais même pas pourquoi je pense à tout ça. Ou du moins, si, je le sais. Je préfère penser à ça, me rappeler la conversation téléphonique avec mon père, des souvenirs plus ou moins vagues des Sorbet, que réfléchir à ce qui m’attend bientôt. C’est la suite logique, pourtant. Je me suis entraîné pour et il faut bien commencer à un moment ou un autre, hein ! Les combats d’arène. C’est de ça que je parle. La perspective d’obtenir un badge et de mettre un premier pied vers l’accès au titre de Ranger. J’ai dit à Ian que j’allais sur Greenbury avec cet objectif. Il faut que j’en ressorte avec un badge. Pas nécessairement aujourd’hui… je sais même pas si c’est ouvert le dimanche, j’me suis pas renseigné. Mais… faut que j’y parvienne. Je suis attendu au tournant, là-dessus.

Pas que là-dessus, d’ailleurs. Dans notre appel téléphonique, j’ai bien senti l’enthousiasme débordant de Léocadia. Ça m’a fait sourire. Elle a dû grandir depuis la dernière fois. Ce qui est certain, c’est qu’elle a toujours une multitude de choses à dire et de questions à poser. J’ai joué le jeu. Ça m’a déstabilisé un peu, comme si c’était… naturel, en fait. Mais j’ai répondu, j’pense qu’on a bien passé une heure au téléphone pendant qiu’elle était dans le train !

Je descend de ma moto, le trajet s’est fait assez bien, je range mon casque, je sors mes lunettes de soleil fashion et je glisse mes gants de moto dans mon sac à dos. Elle m’a donné rendez-vous sur la place du marché et j’en prends facilement la direction. Je suis pas souvent venu par ici, mais c’est pas trop difficile de s’y repérer. Alors j’avance en regardant tranquillement autour de moi et « Giacomo ! YOUHOU, GIACOMO ! PAR ICI !! », j’me tourne et je vois des bras puis, au milieu de la foule des passants du marché, un visage, une chevelure épaisse et une robe jaune ! Bon, c’est la bonne personne. J’affiche un sourire et je traverse, profitant de ma taille pour ne pas la perdre des yeux autant que possible.

Je la vois… jusqu’à ce qu’un drôle de chapeau abîmé soit dans mon champ de vision, tout proche d’elle. Il y’a du monde, je tique pas plus que ça. Ce que j’entends, pourtant, c’est l’alerte d’une autre personne tandis que je ne suis plus qu’à trois mètres de Léocadia. « M-mademoiselle, attention, votre sac !! » Je sais pas pourquoi, je sens que c’est d’elle dont on parle.

Je me retourne vers là où est parti le chapeau bizarre et je vois qu’il s’agit d’un jeune homme, plus jeune que moi, qui est déjà en train de courir. J’ai un regard pour lui, puis pour la jeune femme qui fait une drôle de tête. C’est bien ça, il lui a pris un truc, alors je réagis sur un coup de tête : « J’reviens !  » et je cours. C’est ce qu’on fait dans ce genre de cas. On court pour atteindre le voleur, autant que possible, et je cris : « Poussez-vous, c’est un pickpocket ! Le chapeau, là ! »

Mais le temps que les gens comprennent, le type en question est déjà au-delà. Il continue tout droit avant de tourner sur la droite d’un stand. Moi j’connais pas le coin et je sens que ça va être galère, tout ça… je tourne tout autant et tout en courant, je sors d’une main la pokéball de ma Lapyro, accrochée à ma ceinture (les ceintures spéciales de Rangers, cadeau de Ian). Elle, elle sera plus rapide que moi.

« Jiana, rattrape-le ! » Vu qu’elle me voit en train de courir elle en fait de même, ça a l’air de l’amuser… j’essaie de garder mon souffle et je pointe du doigt le mec à plusieurs mètres devant et j’ajoute : « Le chapeau. » Facile de le repérer, comme ça.

Elle a compris car elle fuse déjà, sans doute aidée de sa capacité Hâte. Elle sait très bien que je ne veux pas qu’elle s’en prenne aux humains, c’est la philosophie Sillage, mais elle peut le déstabiliser. Il ne l’a d’ailleurs pas vu, malgré le regard qu’il a jeté en arrière. Elle est trop petite pour qu’il l’aperçoive. Je continue mon effort, pour lui foutre la pression et je vois ma Lapyro qui bondit sur le rebord d’un stand et se jette sur lui avec un cri. Il l’a pas vue venir, il a un mouvement de recul, bouscule un couple qui passait par là et j’en profite pour l’agripper par derrière. Il essaie de se retourner, je lui agrippe les bras et j'appuie sur l'arrière de sa jambe avec mon pied. Je sais que ça fait pas du bien.

Il gueule, je serre. Son chapeau tombe au sol et clairement, je vois que c'est un type, la vingtaine. Sûrement un énervé. Mais ça n'excuse rien. J'lâche pas même s'il tente de me foutre des coups de pied avec sa jambe restante. Je verrouille ma clé de bras et je lui dis fermement :

« Hop là ! Je te tiens ! » Je remercie bien entendu mes entraînements de gym et à l’Institut pour le cardio et la muscu. Des gens m’observent sans comprendre, et je dis bien fort : « On va gentiment rendre ce qu’on a volé à la jeune femme en jaune. » Il bronche pas. « Jiana. » Elle examine l’homme du regard et il finit par maugréer un truc et tend un portefeuille aux motifs de fleurs. Ouais, ça ressemble bien à un truc que pourrait avoir Léocadia. J’en suis convaincu rien que pour le peu que je la connais.

L’agitation fait se ramener un type de la sécurité, un costaud à la veste noire et au brassard « SECU ». Je lui explique en lui montrant le portefeuille et il récupère le type désormais sans son chapeau, qui me fusille du regard en crachant au sol. M’en fout. Il avait qu’à pas jouer au con.

Quand ça se calme, j'me retourne en étirant les bras. C'était pas ce que j'avais en tête pour cette journée. Je sais pas trop le temps qui est passé, et je me demande si je vais retrouver Léo… J’observe autour de moi, sans la voir. Peut-être qu’il faut que je l’appelle. Je l’ai complètement laissée en plan. Tu parles de retrouvailles !



(1511 mots)


(dc) santiago - iago - india 
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Léocadia Sorbet

Léocadia Sorbet
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Sam 6 Fév - 11:42

Les combattants du petit bonheur, juillet 2020.

Selon toute apparence, Giacomo comprend bien plus vite qu’elle ce qui vient de lui arriver. Il part comme une flèche et Léo, tandis que son cœur prend la mesure de la situation et s’affole enfin, perçoit l’air que sa course soulève : « Woh. » laisse-t-elle échapper en le suivant du regard, touchée qu’il soit si prompt à lui venir en aide. Tout admirative qu’elle soit cependant, elle est partagée entre l’urgence de se lancer également à la poursuite du voleur et celle d’acheter quelques beignets à la groseille qu’elle brûlait si fort de goûter – comme elle regrette de ne pas l’avoir fait pendant son attente ! Il faut se montrer raisonnable néanmoins – quel crève-cœur ! – et, après avoir adressé un regard mi-reconnaissant, mi-navré à l’homme qui l’a avertie du vol, elle se met à courir à son tour, une main sur sa capeline pour ne pas la perdre. Fatalement, elle est beaucoup moins rapide que Giacomo et ne peut que suivre son exemple, de loin, lorsqu’il fait apparaître sa Lapyro pour talonner le voleur plus étroitement : elle appelle son Apitrini à la rescousse afin de garder leur trace. La petite abeille a toujours une fâcheuse tendance à flâner, cependant, si bien qu’elle finit par perdre Giacomo de vue et qu’elle doit finalement se résoudre à interroger les habitants pour retrouver sa piste.

Lorsque Léo rejoint enfin l’intrépide Ranger en formation – oui. –, il semble en avoir déjà fini avec le voleur. Zut ! s’exclame-t-elle intérieurement avec dépit. Elle ne pourra même pas dire à son papa qu’elle l’a aidé à l’appréhender ! Qu’à cela ne tienne, tout est bien qui finit bien, maintenant qu’il a récupéré son portefeuille ; aussi sourit-elle en s’écriant joyeusement : « Tu es là ! » Elle se précipite vers lui, lui dit chaleureusement « Merci beaucoup !! » en récupérant son bien. Toutefois elle n’a pas le temps de lui faire remarquer à quel point il lui semble changé après toutes ces années – sans savoir dire exactement pourquoi –, de s’amuser de l’ébouriffement de ses cheveux à cause de la course, de s’extasier face à ses lunettes de soleil ou sa carrure d’athlète : à mesure qu’elle prend connaissance de ce qu’elle a vraiment entre les mains, l’expression de son visage se décompose doucement. « Mais… Mais ce n’est pas… » Ce n’est qu’à ce moment-là qu’elle songe enfin à vérifier l’impensable : elle farfouille dans son sac pour en sortir son propre portefeuille, étonnamment semblable à celui qu’elle tient – blanc à fleurs vert pâle, tandis que le sien est bleu ciel à fleurs blanches. « Ce n’est pas mon portefeuille. » conclut-elle d’une voix tremblante, au comble de l’étonnement. Elle lève un regard plein de désarroi vers Giacomo, mais là encore, elle n’a ni le loisir de s’interroger plus avant, ni celui de suggérer un passage aux objets perdus : un aboiement suivi d’une ferme injonction – « Vous là, plus un geste ! » – l’obligent à se retourner brusquement. Face à eux, un nouvel agent de sécurité, flanqué de son fidèle Caninos et d’une dame âgée bien apprêtée s'approchent inexorablement. Le Caninos lui fait si peur en lui aboyant dessus une seconde fois qu’elle lâche le portefeuille qui ne lui appartient pas. Le pokémon chiot vient flairer l’objet, aboie à nouveau comme pour en confirmer la familiarité, puis le saisit dans sa gueule afin de le rapporter à son maître.

Dans un réflexe enfantin, Léo s’est réfugiée derrière Giacomo – et Mimosa en a fait cocassement de même derrière Jiana. Alors que le Caninos les tient en respect avec un grognement menaçant – comme s’ils étaient de véritables menaces ! –, l’agent demande à celle qui l’accompagne en lui tendant son bien – un peu mouillé de bave canine, ce qui lui fait froncer le nez et creuse davantage ses rides : « C’est bien votre portefeuille, madame ? » Celle-ci acquiesce gravement, les yeux déjà tournés vers Giacomo et Léo – qui se liquéfie. Se peut-il vraiment qu’elle soit sur le point de passer pour une voleuse ? Sa gorge se serre douloureusement. L’agent ne tarde pas à les presser d’une voix grossie par l’autorité : « Bien, tous les deux, vous allez me suivre bien gentiment au poste de police histoire de m’expliquer pourq – mais Léo l’interrompt dans un accès de désespoir :
Je n’ai pas volé le portefeuille de cette dame, monsieur l’agent ! Je ne suis pas une voleuse ! Je vous assure !
L’agent de police balaie ses protestations d’un geste impérieux de la main :
Mais bien sûr, mademoiselle : des friponnes qui se servent de leur minois faussement innocent pour entourlouper le monde, j’en rencontre tous les jours. Et je ne parle même pas de votre complice qui m’a tout l’air d’être un voyou. C’est peut-être lui qui vous a entraînée dans cette sale affaire ?
Avant que Giacomo n’ait pu dire quoi que ce soit pour se défendre de ce délit de faciès – au mépris de sa ceinture de Poké Balls qui a tout l'air d'être celle d'un professionnel ! –, Léo se remet à sa hauteur, le bras fermement enroulé autour du sien comme pour se montrer solidaire et le protéger de ces terribles accusations :
N’importe quoi ! En plus, si tu veux mon avis, tu as l’air beaucoup plus fréquentable qu’il y a quelques années, plaisante-t-elle dans un gloussement en s’adressant à Giacomo, comprenant trop tard que ce n’est vraiment pas le moment de faire ce genre de blague.
Vous vous moquez de moi, mademoiselle ?
Mais pas du tout ! Je…
Alors pour la dernière fois, vous allez me suivre au poste afin d’éclaircir cette situation.
Le Caninos ponctue ses paroles d’un aboiement hostile. Léo se met à trembler, la tête pleine de bourdonnements glacés :
Je ne suis pas une voleuse ! répète-t-elle d’une voix affligée. Et d’ailleurs, mon ami est Ranger, il peut se porter garant de mon innocence !!
Long silence. Long et fracassant silence, comme un pavé dans la mare.
Ah bon ? s’enquiert le policier en observant suspicieusement Giacomo. Ranger, vous dites ? Dans ce cas, faites-moi donc voir votre plaque, monsieur le Ranger. »

Léo se hasarde à lever des yeux suppliants – et qui s'excusent déjà de sa mégarde – vers Giacomo, l’air de dire : Ranger ou Ranger en formation, c’est pareil, non ? La vieille dame, qui les a jusque-là observés très attentivement, rompt enfin le silence inquisiteur dans lequel elle s’était abîmée : « Monsieur l’agent, je crois que nous perdons notre temps. De toute évidence, ce ne sont pas nos voleurs, et cette jeune fille, comme d’autres personnes avant elle, a été victime d’une mauvaise farce : il ne manque rien dans mon portefeuille et je suis certaine qu'elle s'apprêtait à l'apporter aux objets perdus – ce à quoi l'intéressée acquiesce vigoureusement, pleine d'espoir. Dois-je vraiment vous faire remarquer que vous piétinez dans la résolution de cette affaire comme un vieillard en déambulateur sur le versant le plus raide de Frimapic ?
Léo a toutes les peines du monde à retenir un gloussement, ce dont l’agent de police s’aperçoit – elle se dérobe à son regard courroucé en se cachant craintivement derrière le bras de Giacomo.
Madame, insiste-t-il poliment malgré son impatience, permettez-moi d’en finir avec ce prétendu Ranger et cette jeune fille pour commencer. Je ne peux décemment pas les laisser partir sans les avoir interrogés : ils étaient en possession de votre portefeuille, tout de même. Puis il se retourne à nouveau vers eux – Léo rentre la tête dans les épaules, même s’il paraît plutôt s’adresser à Giacomo pour qu'il puisse enfin en placer une : Alors ? Qu’avez-vous à dire pour votre défense ? »

Giacomo a probablement plein de choses sensées à rétorquer au policier, mais il doit bien, à cet instant, faire véritablement la connaissance de la Mademoiselle Catastrophe qu’il a malencontreusement prise sous son aile et qui s’écrie, dans un sursaut où se mêlent indistinctement la témérité, l’effronterie, la vantardise et l’imbécillité : « Bah ! Je suis certaine que Giacomo peut résoudre cette affaire plus vite que vous !! Hein Giacomo ? » Comme si c’était vraiment la question !! Ce qui est sûr, c’est qu’elle est maintenant agrippée à son bras comme si sa vie en dépendait, l’air de miauler : ne le laisse pas m’emmener !

1386 mots.



» Léocadia gazouille en #f7797d
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Giacomo Tutti

Giacomo Tutti
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Région : Galar
Dim 7 Fév - 20:25
Finalement, j’ai pas à chercher Léocadia bien longtemps, vu qu’elle me trouve d’elle-même et s’approche en souriant. Je range mon téléphone et je hoche la tête, tout en lui tendant son portefeuille. Je suis assez fier de moi, pour le coup. Seulement… je réalise vite que quelque chose ne va pas. Elle fixe son bien – ou ce que je croyais l’être – et finit par sortir de son sac un… portefeuille. « Hein ? ». J’ai les yeux ronds et elle est toute aussi surprise que moi. Il y a bien des fleurs sur les deux, mais pas le même motif. « Mais donc t’as rien de- » Pas le temps de finir qu’un aboiement retenti à notre niveau.

J’y comprends pas grand-chose et voilà qu’un type, de la sécurité également, déboule. Il est avec un Caninos, une vieille dame à ses côtés. « Hmm ? » j’interroge du regard. C’est pas parce que c’est un agent de sécurité qu’il va m’impressionner. Léocadia n’a pas l’air bien à l’aise car elle se réfugie derrière moi. Pas le temps de saisir le pourquoi du comment. La jeune femme tient toujours le portefeuille inconnu dans la main et direct, l’agent de sécurité fixe l’objet. La vieille dame confirme et le type s’énerve.

Là, tout va assez vite. L’agent fait des accusations et Léocadia l’interrompt pour plaider sa cause. Cela n’a pas l’air de faire grand effet car déjà le costaud tire des conclusions. Ça me crispe direct. J’ouvre la bouche, sauf que la Sorbet renchérit direct, avec un petit commentaire à mon encontre qui me fait sourire légèrement. Le contexte s’y prête pas plus que ça mais quand même. « ...vous allez me suivre au poste afin d’éclaircir cette situation. » C’est n’importe quoi !

Je souffle un « C’est ça. », ironique, qui passe inaperçu derrière l’exclamation emportée de Léocadia. C’est pas une voleuse, non et je ne suis pas un Ranger non plus. Sauf qu’elle balance ça comme ça, sans nuance. Je vois pas bien ce que ça a à faire là dedans et je la fixe avec des yeux ronds. A l’Institut Sillage, on préfère pas faire de vague. Alors quand l’agent de la sécurité me demande en retour de lui montrer ma plaque je bug.

« Euh. Je... » Je passe pour un couillon. C’est le temps qu’il faut à la vieille dame pour réagir à son tour. J’ai même pas percuté qu’elle était toujours là tant l’agent me gave avec ses insinuations. Au final, elle était en train de vérifier son bien. Elle prend d’ailleurs notre défense et je hoche la tête, tout en étant étonné par ses constatations. Je l’observe un temps en prenant en compte ce qu’elle a dit, l’objet qu’elle tient dans ses mains et le Caninos qui renifle mes pieds, sous le regard tendu de ma Lapyro, qui s’agace elle aussi. Alors quand l’Agent reprend la parole, toujours accusateur, je suis à deux doigts de l’ouvrir.

Sauf que c’est sans compter Léocadia, qui dégaine plus vite qu’elle respire ! Faudrait qu’elle pense à réfléchir avant de parler, pt’être. Parce que ce qu’elle dit… Elle m’a pris pour un détective ou quoi ?! J’me tourne vers elle avec des gros yeux, mais elle a sa tête de petite innocente et je me retrouve tout aussi idiot qu’un peu plus tôt.

Mes yeux vont de Léocadia à l’agent de sécurité, avant de finalement s’arrêter sur la vieille dame. Je relève mes lunettes de soleil sur le sommet de mon crâne pour qu'elle voit que je la regarde.

« Vous êtes sûre que vous avez tout dans votre portefeuille ?
- Certaine, jeune homme.
- Ok. Tant mieux. »

L’agent de sécurité me fusille toujours des yeux et je soutiens son regard.

« Bon, faudrait revoir votre façon d’appréhender les gens, M’sieur. Ouais, j’ai pas de plaque à vous montrer parce que je suis en formation pour devenir Ranger, à l’institut Sillage. Vous pouvez vérifier si vous y tenez tant que ça ! Je m’appelle Giacomo. » Je fais un signe de la main à Jiana pour qu’elle relâche un poil la pression. Si j’essaie de temporiser les choses j’ai pas envie qu’elle se mette à prendre pour cible le Caninos qui l’observe, alors qu’il fait juste ce pour quoi il a été entraîné.

« Histoire de remettre les choses dans leur contexte, quand même. On était plus haut dans le marché quand un type s’est approché de trop près de mon amie. J’ai pensé – et l’un des marchands aussi – qu’il lui avait volé quelque chose, d’autant qu’il s’est mis à courir. Je l’ai rattrapé jusqu’ici avec l’aide de ma Lapyro et je l’ai maîtrisé jusqu’à l’arrivée d’un type de la sécurité. Un collègue à vous pt’être, un costaud crâne rasé, avec un brassard. » Plus je parle, plus le visage de l’agent se décompose. A ton tour de te sentir bien con, mec ! « Bref, c’est lui qui a embarqué le type, un jeune avec un chapeau naze. Si vous m’croyez pas, les gens de ce stand ont du voir, eux ! »

J’pointe du doigt un stand qui vend des bijoux, visiblement. Quand j’ai appréhendé le voleur, pas mal de gens m’ont regardé faire, ils ont bien dû s’en rendre compte. « Donc si vous pouviez arrêter de nous suspecter, ça serait sympa. »

Je me tourne vers la vieille dame et je lui fais remarquer : « J’ai cru que le portefeuille que détenait le gars était celui de mon amie, vu qu’il ressemble mais en fait non. C’est pour ça qu’on l’avait dans les mains. » J’ai un temps d’arrêt et je réalise que j’ai pas pu poser ma question, plus tôt. « D’ailleurs, Léocadia, ça veut dire qu’il ne t’a rien volé ? T’as tout vérifié ? »

L’agent est parti consulter rapidement les personnes du stand que je lui ai indiqués et je continue à réfléchir… Au final, le pickpocket s’est mis à courir quand on a cru qu’il allait voler Léocadia parce qu’il avait déjà un truc à se reprocher. « Donc p’t’être que le marchand un peu plus bas a repéré le manège du type et vu qu’il l’a signalé, il a pas pu chopper ton portefeuille, Léo. Mais il avait déjà celui de la dame sur lui. »

Ça paraît tout bête, dit comme ça. Je vois l’agent qui revient et je me permets un sourire narquois.

« Alors ?
- Ouais ouais, ça va. Ils confirment votre version, désolé. »

Voilà qui fait plaisir à entendre.

« Au final, je sais pas si y’a de mystère à résoudre, demandez à votre collègue, le type qui a été arrêté tout à l’heure doit avoir été embarqué au poste, j’imagine ? »

La vieille dame a un fin sourire et hoche la tête.

« Si je comprends bien, Monsieur l’agent vous a accusé d’être les voleurs, alors qu’en vérité, jeune homme, c’est grâce à vous que le véritable malfaiteur a été interpelé ?
- Ouep. »

J’acquiesce de la tête et je croise les bras pour faire genre « Affaire résolue ». En vrai, ça m’amuse quand même que l’agent qui a été si rapide à nous juger et nous accuser soit celui qui ait un train de retard. Je tourne la tête avec un clin d’oeil vers Léocadia puis je fixe l’homme en question.

« Donc, on est bons ? »

C’est pas que ça me dérange de retrouver Léocadia dans de telles circonstances, hein. Vu qu’elle a toujours son portefeuille sur elle… mais bon, si on pouvait papoter et pas se retrouver embarquer au poste par un agent qui fait de l’excès de zèle, ça m’arrangerait.



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Léocadia Sorbet

Léocadia Sorbet
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Jeu 11 Fév - 22:35

Les combattants du petit bonheur, juillet 2020.

Léo, évidemment, ne mesure pas tout de suite à quel point son toupet plein d’ingénuité met Giacomo dans l’embarras. Elle ne fait que le soupçonner confusément pour commencer, s’entête à voir en lui ce qu’il n’a jamais prétendu être, jusqu’à ce qu’il le lui fasse enfin remarquer en tournant vers elle de gros yeux qui la musèlent dans un petit hoquet de stupeur. Elle lâche timidement son bras et rentre légèrement la tête dans les épaules quand il déclare ne pas pouvoir présenter la moindre plaque ; pourtant elle ne trouve ni exagération ni illégitimité dans les paroles qu’elle a prononcées plus tôt. Et de fait, quand il s’enquiert du portefeuille volé et de son contenu auprès de la dame, elle fronce vaniteusement le nez en direction du policier, l’air de dire « Ah ! Vous voyez comme il est prévenant ? C’est un Ranger – en tout cas dans l’âme, et c’est bien assez ! » Bon, mais elle se tait, bien sûr, de peur d’agacer Giacomo davantage avec ses niaiseries. Il ne perd pas la face, d’ailleurs, et tandis qu’il parle, elle hoche la tête avec une expression entendue, sans quitter l’agent des yeux pour bien lui faire sentir qu’il a bel et bien tort. Il réexplique calmement les choses, très pro, beaucoup plus efficace qu’elle naturellement, à tel point qu’elle finit par pousser un petit soupir admiratif. Le policier n’a plus l’air très fier, tout à coup – quand elle va raconter ça à sa tata ! Bien entendu, elle agrémente l’exposé de Giacomo de petits commentaires inutiles que personne n’écoute, « C’était près du stand des beignets à la groseille, pour être exact ! », « Si vous l’aviez vu courir, on aurait dit un Galopa dans la Plaine Verdoyante ! » ou « C’est vrai qu’il était un peu naze, son chapeau ! », et elle savoure la résonance du mot « naze » dans sa bouche – car c’est un mot qu’elle n’emploie jamais – tout en ne l’assumant pas totalement – car c’est un peu méchant, quand même.

Lorsque c’est elle qu’il interroge pour terminer, Léo se sent rougir, toujours honteuse de ne pas avoir songé plus tôt à vérifier le contenu de son sac. Elle s’empresse de fouiller dedans une deuxième fois avant de secouer négativement la tête : « Non, j’ai tout ! » Du reste, l’hypothèse de Giacomo la laisse pantoise : « Mais oui, mais oui, tout s’explique maintenant !! s’écrie-t-elle avec ravissement – et elle se retourne aussitôt vers l’agent de police : Vous avez vu ? Il est fort, hein ? Puis de nouveau à son ami : Moi j’en dis que l’institut Sillage pourrait te donner ton titre de Ranger tout de suite ! » Oh, elle fanfaronne, mais c’est plus fort qu’elle : comment ne pas éprouver un délicieux sentiment de triomphe, au fond, quand le policier doit finalement se résoudre à reconnaître son erreur ? Quoiqu’une douce sensation de soulagement commence à l’étreindre, elle n’en montre rien, fait comme si sa panique précédente n’avait jamais existé : « Je vous l’avais dit que c’était un professionnel ! » plastronne-t-elle encore avant de rosir de fierté lorsque Giacomo lui adresse un clin d’œil – elle reste une jeune fille très impressionnable. Elle aurait d’ailleurs aimé pouvoir observer plus longtemps la couleur très singulière de ses yeux, mais les grommellements de l’agent la rappellent à l’ordre : « On est bons, je vais voir comment ça avance avec l’autre pignouf et si jamais y a un pépin, je sais où vous trouver, hein, monsieur le Ranger. » Satisfait d’avoir pu se consoler de sa déconfiture avec ce petit trait de goguenardise, il se compose un air moins bougon puis se tourne vers la dame âgée – qui les a salués d’un petit sourire énigmatique : « Je vous raccompagne, madame. Vous aviez des affaires à régler concernant votre sœur, c’est ça… ? »

Le Caninos a un dernier soufflement en direction de Jiana avant de se mettre à trottiner docilement derrière le duo insolite. Ébahie, Léo les regarde s’éloigner sans un mot. En vérité, elle regrette de ne pouvoir écouter la suite de leur conversation – pour faire la lumière sur cette sœur et la déférence du policier, sans compter l’ensemble de cette étonnante affaire –, mais ce sentiment ne dure qu’une seconde. Tout à coup, l’instant prend une étrange consistance et elle se surprend à rire sans crier gare : « Ben ça alors ! s’exclame-t-elle en mesurant enfin l’émotion vertigineuse qui vient de lui bouleverser le cœur. Tu parles de retrouvailles ! » Après avoir longuement expiré – de soulagement et d’euphorie à la fois – , elle rappelle Mimosa puis se tourne vers Giacomo dans un sautillement ravi : « Ça va ?? C’était quand même incroyable, cette histoire ! » Elle se sent sourire jusqu’aux oreilles : « Merci beaucoup de m’avoir aidée, tu as été super ! » Bien sûr, elle ne manque pas de s’accroupir face à la Lapyro pour lui remettre sa part de lauriers. « Et toi aussi ! Jiana, c’est ça ? » Enfin elle se redresse maladroitement, comme tirée vers des sphères plus circonspectes par la voix de la raison et son sévère crochet : « Oh et… pardon de t’avoir embarqué là-dedans. » achève-t-elle avec un petit pouffement gêné. Bien sûr, elle aurait aimé pouvoir ajouter quelque chose comme « Je te promets que ça ne se reproduira plus ! », mais ç’aurait été mentir, l’espièglerie faussement navrée qu’elle a au fond des yeux la trahit on-ne-peut-plus clairement à cet égard – comme si, en fin de compte, l’imprévu devait toujours l’emporter sur ses velléités de prudence. Qu’importe, après tout ? Elle revient sans tarder à l’essentiel : « Je suis contente de te revoir ! » Oui, c’est vrai : la tache colorée de son bonheur semble à cet instant rejoindre toutes celles des innombrables fleurs de Greenbury. Comme elle se sent légère, à présent ! « Tu es là pour le défi des arènes, alors ? C’est génial ! Il faut que tu me racontes tout ! Tu ne m’as pas vraiment expliqué comment tu t’es retrouvé à vouloir devenir Ranger, au téléphone. » Va savoir pourquoi, aurait sans doute raillé sa tante pour faire perfidement allusion à ses incorrigibles manies de pipelette. « On dirait déjà que tu as fait ça toute ta vie ! » Ses pépiements menacent à nouveau de pleuvoir sur lui, mais elle se fait violence pour ne pas l’assommer de questions et de considérations inutiles, ne serait-ce que quelques secondes, le temps qu’il puisse en placer une – tout de même. Quant à ses pas, ils la ramènent tout naturellement vers le marché dont elle espère bien profiter en sa compagnie.

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Giacomo Tutti

Giacomo Tutti
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Sam 20 Fév - 19:12
J’aime pas qu’on m’accuse à tort. C’est clairement un truc qui m’insupporte, quand on est injuste envers moi-même ou un proche. Alors ouais, au bout d’un moment, je finis par parler. Et tant pis pour Fiona qui aurait tendance à me dire « Laisse glisser les mauvais regards qui pèsent sur toi ». La plupart du temps elle est comme ça, elle. Elle snobe les cons qui la jugent et se montre plus forte qu’eux de bien des manières. En vrai, je me suis calmé par rapport à avant, elle dira pas le contraire ! La preuve, je cherche pas à m’embrouiller avec ce flic, simplement lui dire la vérité. S’il veut bien écouter.

Avec Léocadia à mes côtés, ça me porte d’autant plus. J’ai pas envie qu’un quiproquo idiot lui cause du tort. D’autant qu’en vrai… on a fait le taf. Enfin, je l’ai fait, j’ai aidé l’autre agent de la sécurité à arrêter un mec qui se sert dans les poches des gens du marché, alors c’est hors de question que ça me retombe dessus ! De toute façon, y’a toujours des gens comme ça, quand ils ne réussissent pas à se démerder par eux-mêmes, ça les dérange. Il me donne cette impression, ce flic. Chaque fois que quelque chose va mal, on cherche le bouc émissaire et chacun se renvoie la balle. On s’accuse à tort, à travers. On se contente de l’évidence ou de préjugés, et c’est moche.

Heureusement, la vieille dame temporise et Léocadia confirme qu’elle a tout ce qui lui appartient dans son portefeuille. C’est ce qui m’intéresse, moi ! Le reste… si l’agent de Police veut son heure de gloire, ça le regarde. On peut compter sur la Sorbet pour enjoliver les choses et je secoue la tête en souriant. Elle m’amuse. « Je pense pas qu’aider à l’arrestation d’un pickpocket ça entre dans les fonctions d’un Ranger, en vrai ! » Plutôt d’un agent de Police, comme celui en face de nous, mais je m’abstiens bien de le dire, ça ne ferait que le relancer. Il finit quand même par admettre que ouais, il a rien de plus à nous reprocher et ponctue d’un « Monsieur le Ranger » qui ne fait qu’accentuer mon sourire. Même s’il fait dans l’ironie, ça m’plaît, comme appellation !

« Pas d’problème, Monsieur l’agent ! ! » Je retourne un léger salut à la vieille dame, et je les suis du regard quand ils s’éloignent enfin. Il y a un court silence avant que Léocadia ne se mette à rire. Je me tourne vers elle avec surprise, avant de la rejoindre dans son rire. C’est clair que tout ça c’était parfaitement inattendu ! « J’suis d’accord avec toi ! J’espère que ça sera pas comme ça à chaque fois que je te croiserais ! » Je fais un signe à Jiana qui vient se positionner à mes côtés et je lui tapote la tête. « Tu as géré, ma belle. » Je lui souffle.

L’Apitrini que j’ai remarqué un peu plus tôt tourbillonne maintenant autour de nous et je comprends sans mal qu’il est à la jeune femme. « Bah, j’ai fait au mieux, disons ! » Je joue les modestes même si en vrai j’suis pas peu fier de moi. Les choses se sont grosso modo déroulées comme je l’espérais. Sans pépin et sans perte. « L’essentiel c’est qu’on ne t’ait rien volé. Garde un œil sur tes affaires quand même, j’irais pas piquer un sprint comme ça à chaque fois ! » Avec l’intervention de la Police, j’ai eu le temps de récupérer mon souffle. Et puis, j’veux pas sonner comme ma mère, mais pour le coup, quand on voit la facilité avec lequel le pickpocket se faufilait dans la foule et qu’il a réussi à s’emparer du portefeuille de la vieille dame… Je dis ça à Léocadia et je le prends en compte pour moi, aussi. On sait jamais.

Elle s’est accroupie devant Jiana et cette dernière acquiesce de la tête. Elle aime bien capter l’attention des gens, de manière générale, et faut dire que là elle l’a méritée. « Un vrai pokémon d’agent, hein ! » Ou de Ranger, courir après les braconniers ça pousse à certaines tactiques, aussi.

« T’inquiète, t’y es absolument pour rien. » On a tous pensé qu'elle s'était faite voler un truc… « Ça m’aura fait me dégourdir les jambes ! » On commence à déambuler naturellement, reprenant la direction du centre du marché. « Et je suis content aussi, ça fait pas mal de temps qu’on s’est pas croisé, t’as grandi ! » Et ses cheveux aussi. Bon, c’est idiot ce que je vais dire parce qu’elle a toujours un visage poupon et sa chevelure pas croyable, mais d’une certaine manière elle fait plus « femme ». Enfin… j’lui dirais pas. J'le pense juste.

Elle enchaîne les questions et je bugue un peu. « C’est un vrai interrogatoire ma parole ! » Je regarde autour de nous et il y a de bonnes odeurs qui retiennent mon attention. Après tant d’effort, j’avoue que j’ai un peu faim… « T’as mangé ? On peut s’prendre un truc sinon ? » Ok, elle doit clairement voir à ma tête que les barquettes de frites devant lesquelles on vient de penser me tentent carrément. « Bon je craque. Ça sent trop bon. M’en veux pas, j’en prends une, tu pourras piocher dedans. »

Je choisis une grande barquette et en attendant qu’on me serve, je réponds. « Donc dans l’ordre : ouep pour les arènes, enfin l’arène. Faut que je m’inscrive et vu que j’ai un jour OFF mardi j’me suis dit que j’reviendrais là, si c’est ok. Pour tout te dire j’ai zéro badge pour le moment, c’est un truc que j’avais mis de côté, mais là avec l’Institut et tout… me faut des badges pour passer officiellement Ranger, donc je m’y mets. » Avec elle, c’est plus facile d’admettre que j’ai pas de badge, c’est pas un sujet « tabou » pour elle. Enfin j’crois pas. A l’institut, c’est autre chose. C’est un esprit pas mal compétitif et dire que j’ai pas de badge, ça la fout mal.

« Puisque t’es dans le coin, tu viendras me voir ! J’espère que tu me porteras chance ! » On en a déjà parlé par téléphone, donc je sais qu’elle sera là. « Et devenir Ranger… disons que c’est le hasard, un peu. » La barquette de frites est posée devant moi, avec ketchup et mayo. J’en pique deux et j’la tends à Léo. « Vas-y sers-toi, elles sont toutes chaudes. »

Elle est toujours impressionnée par le fait que j’ai réussi à arrêter l’autre type, et ça me fait marrer. C’était un gros coup de chance, aussi, ça aurait pu se finir de plein d’autres façons. « J’sais pas. C’est l’adrénaline, faut croire ! » Doit y avoir de ça, et l’entraînement également. « Jiana m’a bien aidé. »

On reprend la route. Mon alliée est juste à côté, à suivre du regard l’Apitrini. « Et toi, du coup ? T’as décidé de quitter ta maison et ton père ? Il va s’en remettre ? » Je taquine un peu, de ce que m’a dit mon père, c’est un véritablement déchirement pour le chef Sorbet.



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Léocadia Sorbet

Léocadia Sorbet
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Lun 22 Fév - 18:03

Les combattants du petit bonheur, juillet 2020.

Léo rougit un peu plus : même si Giacomo rit de bon cœur avec elle, la voix de la responsabilité et de la raison se fait entendre à travers ses paroles en apparence si légères. Et alors que son premier réflexe aurait été de reconnaître dans un pouffement « C’était quand même rigolo, non ? », elle s’abstient in extremis, craignant à son tour qu’il ne pâtisse de ses imprudences à l’avenir, qu’il ne trouve pas sa compagnie – parfois mouvementée malgré elle – si amusante, en fin de compte. Elle esquisse un petit sourire désolé, détourne timidement le regard en rangeant sagement les mains derrière le dos, l’air de dire promis, plus de sprint. Elle a bien refermé son sac, cette fois-ci.

Il est tout de même gentil, Giacomo, se dit-elle rêveusement. Et patient. Et modeste. Très vite, le petit nuage dont elle n’avait même pas conscience se dissipe et elle se remet à trépigner à ses côtés : « N’est-ce pas ?? enchérit-elle fièrement, poings sur les hanches, quand il affirme qu’elle a grandi, loin de se douter du cheminement de ses pensées. J’ai dû gagner au moins deux ou trois centimètres depuis la dernière fois qu’on s’est vus ! Un mètre cinquante-six, tu te rends compte ?! Le plus haut sommet de Ludester à portée de main ! » Elle pouffe de rire, s’amusant désormais de son gabarit de Lilliputienne alors qu’elle en éprouvait une indicible frustration il y a quelques années encore. Et que dire de lui, qui est un véritable géant en comparaison ?

Taraudée par sa curiosité à son égard – à plus forte raison quand il temporise l’air de rien –, elle a beaucoup de mal à ne pas décrire autour de lui les mêmes cercles que Mimosa. Il lui faut bien s’incliner de bonne grâce devant l’appel de son estomac cependant – elle l’encourage même vivement à y répondre : « Bien sûr, prends tout ce que tu veux ! C’est pour ça que je t’ai donné rendez-vous ici ! Ca sent bon, hein ? Je voudrais tout manger ! » Elle ne lui révèle pas, néanmoins, qu’elle a dans un premier temps été attirée par des bouchées sucrées, et le remercie en rosissant de bien vouloir partager ses frites avec elle – un spécimen rare, s’il en est : aurait-elle seulement pu en faire autant ? Difficile à dire ! On parle de frites, quand même. Toutefois ce sont d’abord ses réponses qu’elle grignote avidement : « Des badges ! Il t’en faut combien ? Je viendrai t’encourager partout ! » Elle baisse un regard enthousiaste sur Jiana comme si elle voyait déjà en elle une future championne. Le défi des arènes est un aspect de leur société qui l’impressionne beaucoup et pour elle, posséder ne serait-ce qu’un badge fait déjà de vous quelqu’un d’exceptionnel. « Bon, je ne sais pas si je te porterai chance, par contre. Déconcentrer ton adversaire en lui cassant les oreilles avec mes cris de supportrice, ça compte ? » Elle rit doucement avant de chiper une frite à son tour : « Merci !! » Quand il aborde enfin sa vocation de Ranger et qu’il se contente de la mettre sur le compte du hasard, Léo incline la tête et le dévisage avec intérêt : « Monsieur fait des mystères, hein… ? » C’est vrai qu’il est énigmatique, Giacomo. L’étrange couleur de ses yeux, ses lunettes de soleil, sa cicatrice – qu’elle brûle d’évoquer ! Elle est sur le point d’insister lorsqu’il pose lui-même la question qui fâche. Prise au dépourvu par l’image de son petit papa ayant toutes les difficultés du monde à s’en remettre, elle ouvre la bouche, puis la referme, avant de la sentir trembler en une petite moue chagrinée et coupable. « Pff ! Te moque pas ! C’est un crève-cœur. » Elle trouve un semblant de réconfort dans une autre frite. « Il était temps, je crois. De quitter le cocon, tout ça… Ca t’est arrivé à quel âge, toi ? Le besoin d’avancer, d’élargir ton horizon ? » Bien sûr, elle ne révèle pas le véritable motif de son départ et s’exaspère en vérité de ses hypocrisies : au fond, il lui semble toujours que la vie auprès de son papa était un horizon amplement suffisant, et elle ignore pourquoi retrouver une figure si longtemps absente de son quotidien lui est tout à coup devenu indispensable. Elle se tait néanmoins : il ne faudrait pas que Giacomo la prenne pour un bébé – comme si ce n’était pas suffisamment le cas !

Mais enfin, l’ambiance pleine de gaieté qui les entoure et leur conversation ne tardent pas à la détendre de nouveau, si bien qu’elle finit par donner un petit coup de coude taquin à son ami. Mimosa semble chaque seconde se rapprocher un peu plus de Jiana, de toute évidence intrigué par son aspect. Chausson lui aurait probablement déjà bondi dessus depuis longtemps, quitte à se faire taper sur le museau. Léo laisse échapper un soupir d’aise, qui éclot en un faible cri lorsqu’une odeur familière lui chatouille les narines : « Oh ! Les beignets à la groseille ! Suis-moi, Giacomo, il faut absolument qu’on les goûte ! » Elle lui fait signe et se met à trottiner jusqu’au stand en question, où l’assistant la reconnaît aussitôt : « Ah ! Mademoiselle, vous êtes revenue ! » Il adresse un hochement de tête enthousiaste à l’attention de Giacomo : « Vous nous avez fait une sacrée belle course, monsieur ! » Puis de nouveau à l’attention de Léo : « J’imagine que vous avez réussi à récupérer votre portefeuille ? » Et comme elle lui désigne les beignets du doigt, il commence à en remplir un sachet pendant que son patron s’occupe d’un autre client. « Oui, tout a bien fini grâce à Giacomo ! s’exclame-t-elle avec fierté. Mais figurez-vous donc : ce n’était pas mon portefeuille, en fait ! Le mien était toujours dans mon sac. Giacomo en a déduit que le voleur n’en était pas à son premier larcin de la journée et qu’il a fui à votre signal avant de pouvoir me voler quoi que ce soit. Incroyable, non ? » Elle a un grand sourire pour son ami, mais l’assistant, lui, fronce déjà les sourcils : « C’est vraiment curieux, mademoiselle.
Oui, hein ??
Non, je veux dire par là que… Il considère Giacomo avec embarras. Voyez-vous, j’avais depuis un moment les yeux sur vous parce que vous vous agitiez beaucoup, et avec votre robe jaune, vous comprenez… Or, je suis absolument certain que le voleur a bel et bien tiré le portefeuille de votre sac. C’est pour ça que je vous ai alertée.
Long silence. Léo échange un regard avec Giacomo, grimace un sourire incertain.
Vous êtes sûr… ? demande-t-elle timidement. Mais c’est absurde. Ça signifierait qu’un portefeuille qui ne m’appartient pas se trouvait déjà dans mon sac au moment du vol ? J’aurais moi-même été une voleuse sans le savoir… !
Oh, non, mademoiselle, je n’ai pas dit ça… » Et comme pour se faire pardonner, il ajoute deux beignets dans le sachet avant de le tendre à Léo, qui paie machinalement. C’est qu’elle patauge maintenant dans une profonde perplexité. Elle voudrait se dire : quelle importance, finalement ? Tout s’est bien terminé pour moi et la vieille dame a récupéré son portefeuille. Hélas, cet insoutenable mystère la tourmente déjà et elle lève vers Giacomo un regard qui en dit long.

Pour ne rien arranger, le patron du stand, qui écoutait la conversation d’une oreille, s’avance à son tour afin de compléter l’énigme : « On croirait entendre un autre cas de l’affaire Devereux.
L’assistant à un petit sursaut :
Oh, vous croyez, patron ?
L’affaire Devereux ?
Léo lève les yeux vers son ami, craignant de trouver dans sa question plus d’impatience que de curiosité : après tout, ils ne sont pas là pour ça. Le patron s’explique sans tarder, pouces gravement coincés dans le tablier :
Eh bien, depuis quelques semaines, des portefeuilles disparaissent, jeunes gens. Ceux de personnes riches, en particulier celui de madame Devereux.
Nous avons justement rencontré la dame à qui appartenait le portefeuille ! s’écrie Léo. Hein, Giacomo ? Âgée et très élégante. C’était peut-être elle ?
C’est probable ! acquiesce le patron. Et donc, le plus étonnant de l’histoire, c’est que ces portefeuilles disparaissent pour réapparaître dans les effets personnels de gens… disons… plus démunis.
Léo écarquille les yeux. Un genre de Robin des Bois ? C’est à n’y rien comprendre :
Mais je ne suis pas dans le besoin, moi… D’accord, je dois faire attention à mes économies parce qu’un long voyage m’attend et j’ai dû renoncer avec beaucoup de regret à cette jolie robe dans la petite boutique à l’entrée de la ville, mais…
Elle regarde encore une fois Giacomo, l’air de lui demander : est-ce que tu y comprends quelque chose, toi ?
Oui, mademoiselle, reprend le patron, c’est vraiment très étrange. La police n’a toujours pas réussi à mettre la main sur le voleur et plusieurs rumeurs circulent déjà à propos de son identité. »

Il prend un air conspirateur que Léo imite aussitôt, invitant Giacomo à s’approcher pour entrer dans la confidence. « Pour ne rien vous cacher, l’affaire a peut-être même un fond plus sordide qu’il n’y paraît. » C’est plus fort qu’elle alors : un frisson d’excitation – et de peur ! – la gagne invinciblement. « Voyez-vous, tout le monde connaît les sœurs Devereux, ici. L’aînée, Julianne, tenait l’orphelinat situé à deux pas d’ici : c’était une femme très aimable et très charitable, pratiquement tout le contraire de sa cadette – Judith – qui d’après les plus mauvaises langues a toujours été beaucoup plus tournée vers le profit et, hm, l’accroissement de leur patrimoine familial. » Léo retient son souffle. Sans même s’en rendre compte, elle a déjà enfourné deux beignets – quel délice ! – et tend maintenant le sachet à Giacomo pour qu’il y puise le même réconfort face au dévoilement progressif de ce mystère intolérable. De toute évidence très content de son effet, le patron continue en aggravant sa voix comme pour dramatiser la divulgation d’un lourd secret : « Par malheur, l’orphelinat a brûlé il y a quelques semaines et notre pauvre Julianne Devereux a péri dans l’incendie en essayant de sauver ses orphelins. Il a fallu les reloger dans un autre bâtiment, un peu plus éloigné, en attendant qu’ils récupèrent leur foyer ; rien de bien satisfaisant pour eux, si vous voulez mon avis. » Léo émet un petit hoquet de stupeur et se tourne brusquement vers Giacomo : « Le policier n’a-t-il pas parlé à la dame d’affaires à régler concernant sa sœur ? C’était sans doute Judith Devereux !
Ah, très probablement, mademoiselle. Hélas, voyez-vous, il se trouve qu’une rumeur terrible court à propos de Judith Devereux.
Une rumeur terrible… ?
Son cœur tambourine très fort dans sa poitrine. Elle se rapproche un peu plus de son ami, comme pour se protéger de la révélation à venir.
Eh bien, oui : certains racontent qu'elle n’aurait nullement l’intention de rebâtir l’orphelinat pour y accueillir de nouveau les enfants mais aurait en tête un tout autre projet mobilier, plus lucratif.
D'autres vont même jusqu’à dire que c’est elle qui est à l’origine de l’incendie ! souffle l’assistant, ce qui lui vaut un regard noir de la part de son patron.
Et ceux-là aiment décidément trop les contes urbains ! rétorque-t-il sèchement avec un geste agacé de la main.
Léo est saisie par l’effroi, déjà engluée dans l’affaire jusqu’au cou. Judith Devereux peut-elle être si cruelle ? se demande-t-elle comme elle le ferait de personnages de roman. Par bonheur, Giacomo, qui ne perd jamais le Nord, intervient avec un grand professionnalisme :
OK, mais quel rapport avec les vols, au juste ?
Ne croit-elle pas entendre un implicite « On n’a pas l’intention de se mêler de ça ! » derrière ses paroles ? Léo trépigne.
Ah, j’y viens, monsieur, j’y viens ! On raconte que ces vols sont de simples représailles organisées par la bande d’orphelins que Judith Devereux a abandonnée à son triste sort. Moi, ça me semble un peu tiré par les cheveux – si encore ils gardaient leurs larcins… Surtout, la police n’a jamais réussi à prouver quoi que ce soit de cet ordre-là.
N'oubliez pas l’autre hypothèse, patron !
Le tressaillement de l’assistant se communique à Léo.
L’autre hypothèse… ?
L’air du patron s’assombrit encore une fois. Il semble prêt à s’exclamer « Foutaises ! » mais on le devance :
Voyez-vous, mademoiselle, on raconte tout bas que c’est le fantôme de Julianne Devereux elle-même qui serait venu tourmenter sa sœur jusqu’à la fin de ses jours. Oh, ça prête à sourire, n’est-ce pas ? Toujours est-il que personne ne s’est approché de l’orphelinat incendié depuis : on le dit hanté ! »

Léo prend une longue inspiration : « Hanté ! Tu entends ça, Giacomo ? » Elle tapote son avant-bras à plusieurs reprises, et il est facile de lire sur son visage ce qu’elle veut signifier par-là : il faut absolument qu’on mène l’enquête aille voir ! Est-ce pour profiter d’une attraction improvisée ? Non, elle paraît trop sensible au drame qui s’est déroulé dans cet orphelinat pour le réduire à un simple divertissement. Mais alors ? Le patron, après avoir considéré l’impatience de Léo, lance un regard presque désolé à Giacomo, comme pour lui dire : « Allez, débrouillez-vous avec ça, mon vieux ! »

2225 mots.



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Giacomo Tutti

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Sam 6 Mar - 20:34
Y’a quelque chose de franc et naïf que j’aime bien, chez Léocadia. Ca fait pas longtemps que nos chemins se sont recroisés et déjà, je me souviens de ça. Son père est du même genre et c’est sûrement pour ça qu’il est ami avec le mien. Des gens natures qui n’y vont pas par quatre chemins. Je suis de la même trempe, il parait. Alors quand Léocadia me parle de ses quelques centimètres de gagnés, forcément, j’acquiesce avec un sourire. C’est certain qu’elle a grandi, ça oui. Mais elle a toujours une « âme d’enfant », comme on dit. Ce ne serait pas Léocadia, sinon. Trop sérieuse, je ne l’aurais pas reconnue.

Elle dit pas non aux frites et pioche avec entrain dedans. Ça m’va, j’en fais de même. Elles sont bonnes et ça nous permet de papoter un peu tout en mangeant. « M’en faut trois. J’ai aucune idée de comment je vais m’en sortir… je sais que certains arrivent à en avoir plein, assez jeunes. » J’ai pas une confiance ultime dans mes capacités de dresseur. Je me débrouille, ouep, mais je sais qu’il y a nettement plus forts. Chacun son parcours de vie après tout. Y’en a toujours qui rêvent d’enchaîner les arènes et se donnent très vite les moyens pour. C’était pas mon cas. Limite je préfère les faire maintenant, au moins j’ai une vraie raison qui me tient à cœur, pour ça. « C’est une stratégie ! »

Je vais pas lui dire, mais imaginer avoir quelqu’un en soutien pour mon premier vrai combat d’arène, voilà qui me réchauffe le cœur, d’une certaine manière. C’était pas particulièrement prévu, à la base, vu qu’avec ou sans Léocadia je devais quand même me lancer dans les arènes… et là je me dis que c’est cool, en fait, que les choses se goupillent comme ça.

« Non mais sérieusement, c’est vraiment un hasard. » Ok, dans l’immédiat je me vois mal lui expliquer tout ce qui fait que je me suis retrouvé à boire seul dans un bar jusqu’à tomber sur Ian, seulement… j’lui mens pas. Ma situation actuelle, j’la dois vraiment à un coup de chance. De toute façon, elle est déjà partie sur le sujet de son père, et je sens bien que c’est un sujet sensible, un peu. Elle n’a que lui désormais, de ce que j’en sais.

« Le pauvre ! » Je pioche dans la barquette de frites et je secoue la tête en l’écoutant. « Franchement ça dépend ce que t’entends par là. L’envie d’avancer, j’crois que je l’avais assez tôt, genre 14 ans. J’ai fait pas des trucs un peu nazes parce que j’aimais pas l’école, c’était pas pour moi. Me fallait une porte de sortie. J’étais un ado con, tu sais ! Après, ça a pris forme vers 18 ans, j’ai fait des petits boulots, ça permet de voir d’autres trucs, bouger un peu. Je pense pas qu’il y ait de « logique » dans tout ça, on a tous un déclic à un moment. »

On discute tranquillement pendant que nos pokémons semblent s’appréhender l’un l’autre. C’est sympa, comme moment. En plus, le timing faisant bien les choses, c’est quand on arrive tranquillement mais sûrement vers la fin de la barquette de frites que Léocadia s’emballe pour des beignets à la groseille. « Comme si j’allais dire non à des beignets ! » En plus, j’ai pas fait gaffe mais on a fait une boucle et c’est le stand devant lequel j’ai aperçu la jeune Sorbet, tout à l’heure, avant de m’élancer dans ma course folle digne des blockbusters de cinéma (rien qu’ça !). Le vendeur a reconnu Léocadia et je la laisse faire l’explication de ce qui s’est passé. Elle semble même assez fière de tout ça, c’est drôle. J’acquiesce de la tête quand l’homme me regarde, histoire de confirmer ses dires, mais lui semble songeur. Je sais pas bien quoi penser lorsqu’il dit qu’il avait bien remarqué mon amie avant même qu’elle se fasse approcher par le voleur… enfin bon, je garde ça dans un coin de l’esprit avant de me reconcentrer sur ce qu’il dit. Il est bien convaincu qu’on a volé quelque chose à la jeune femme. Il lance des trucs comme ça mais sans aller au bout, ça m’agace… d’autant que Léocadia a l’air un poil perturbée par ce qu’il raconte. Jusqu’à ce qu’un autre homme, plus âgé, enchérisse.

Je sais pas de quoi il parle donc je questionne. Le patron donne alors plus de détails sur une curieuse histoire qui mettrait en scène… la vieille dame que l’on a croisée plus tôt. Évidemment. On se croirait dans les lectures de mon père (il aime bien les polars). J’écoute, je retiens les éléments principaux même si en vrai, je saisis pas bien ce qui pousse ce type à nous raconter tout ça. Ça fait très Robin des bois, son truc. Au regard que m’adresse Léocadia, je sais qu’elle pense la même chose et en même temps… elle est curieuse. Je sens bien que ce genre d’intrigue l’amuse, décidément ! J’suis pas un détective, moi. Je m’approche quand même parce que bon… voilà. J’vais pas rester sur le côté. Heureusement, pouvoir piocher dans le sachet qu’elle me tend pour prendre des beignets rend l’écoute moins fastidieuse. L’assistant se ramène et je sens qu’on a trouvé LES commères du marché. C’est pas possible, autrement ! J’essaie quand même de replacer les choses dans le contexte qui nous préoccupe, parce que sinon on y est encore dans deux heures, là.

Bien entendu, la chute – et autre alternative – c’est une histoire de fantôme ! Bah oui, des spectres, évidemment. Je lève les yeux au ciel et je sais pas bien quoi penser de tout ça. A la tête que me fait Léocadia, je comprends qu’elle est fascinée par ce qu'elle vient d'entendre, elle n’a pas perdu une miette de ce qu’on lui a raconté autant que des beignets à la groseille, ça va de soi. Face à son entrain, j’essaie de garder la tête froide, je repasse dans ma tête ce qu’on nous a expliqué, j’essaie d'avoir une analyse de la situation plus terre-à-terre.

« Léo… » Ça se voit qu’elle veut partir à l’aventure, elle. Peu importe où quand comment, juste suivre une piste sortie de nulle part. Je surveille le patron qui s’éloigne et je l’agrippe vers moi. « Sois pas trop naïve non plus… tu crois vraiment à ce qu’ils racontent ? Pourquoi nous dire tout ça ? En quoi ça nous regarde ? »

Moi je suis seul avec mes interrogations, et elle, elle trépigne. Tout son visage crie son envie d’aller voir, par curiosité. « Tu veux sérieusement aller dans un bâtiment qui a pris feu ? Tu t’attends à quoi ? Fantôme ou gang de pickpockets organisés… » Hum. C'est un comble, c'est moi qui suis censé avoir un esprit plus aventureux qu'elle, en tant que futur Ranger. C'est pas que j'ai pas envie d'y aller, c'est que je capte pas pourquoi on devrait y aller. Je pense à la sécurité de Léocadia, aussi. La mienne, je m'en moque. On longe une zone avec une bordure et je m’adosse un instant, en fixant pensivement Jiana. « Attends. Posons-nous 30 secondes. » Je sors mon smartphone, mon regard allant de Léocadia à l’écran. « Déjà, on va pas improviser, mets-toi là. » Je l’invite à se mettre sur le côté et je mets mon téléphone entre nous. « On va regarder si ce qu’ils nous ont dit est vrai. On va pas se lancer à l’aveugle dans un truc sorti au détour d’un marché. » Alors je tapote une recherche sur « Devereux Greenbury », et effectivement, plusieurs articles évoquent l’incendie de l’orphelinat. On a même une photo des deux sœurs, la deuxième ressemble bel et bien à la dame croisée avec l’agent de Police. « Ça a bien l’air d’être elle. » Il y a l’adresse de l’orphelinat en question et on trouve d’autres articles qui évoquent le sort des enfants.

J’ai un temps d’arrêt et je réalise qu’on a terminé les beignets. Tristesse. Je me tourne vers Léocadia et je lui souffle : « Franchement, je sais même pas qu’est-ce qu’on peut trouver là-bas. Je veux dire, si ce sont les orphelins ils vont pas nous ouvrir les bras. Si c’est un fantôme… c’est sûrement un pokémon. » C’est sans doute la seule chose qui pourrait me motiver. Si un pokémon Spectre hante l’ancien orphelinat il faudrait voir à l’y déloger. Si j’étais Ranger encore, je pourrais faire jouer ça, mais là… « Bon, si l’endroit est gardé ou sécurisé, on s’en va. Sinon, on jette un oeil comme ça tu seras contente, puis on fait demi-tour si y’a rien. »

Et si y’a quelque chose… je sais pas.




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Léocadia Sorbet

Léocadia Sorbet
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Sam 13 Mar - 16:08

Les combattants du petit bonheur, juillet 2020.

C’est là que Giacomo apparaît dans toute sa splendeur d’homme fait : au récit des deux compères, il se montre beaucoup moins enthousiaste et crédule qu’elle, soupçonnant un grossier bobard là où elle se réjouit de découvrir un mystère, comme s’il avait déjà été confronté mille fois à ce genre d’entourloupes. Léo se laisse rapatrier avec la docilité balourde d’un éléphanteau et lève vers lui de grands yeux candides, cillant plusieurs fois, encaissant courageusement, mais le ventre un peu noué, ses exhortations à la prudence empreintes d’une bienveillance bourrue. Ne sois pas trop naïve, ça ne nous regarde pas, voilà des paroles qu’elle a souvent entendues, notamment de la part de sa tante ou de Clara, l’une forte de son expérience d'intrépide globe-trotteuse, l’autre toujours prompte à voir le mal partout. Elle a les joues en feu, maintenant, se sent coupable du plaisir qu’elle prend à triturer ces ressorts secrets. D’où cela lui vient-il ? Est-ce parce qu’elle habite dans la campagne profonde, où les commérages sont monnaie courante ? Est-ce parce qu’il lui a toujours semblé naturel de prêter une oreille attentive aux histoires d’autrui ? Et, ne voyant pas l’intérêt qu’on pourrait trouver à la tromper, elle prend tout ce qu’on lui dit pour argent comptant. Elle adresse un salut timide au patron du stand de beignets et à son assistant puis s’éloigne en compagnie de Giacomo avec l’air d’un chaton contraint de quitter une fête champêtre prématurément. « Tu crois que ce sont des bêtises… ? » miaule-t-elle en cherchant le regard de son ami. Sa propre logique la pousserait ordinairement à s’écrier : « Raison de plus pour vérifier par nous-mêmes ! » ; néanmoins, une fois encore, elle se tait, refusant de se rendre importune. Après tout, rien ne l’empêchera de satisfaire sa curiosité une fois de nouveau seule, n’est-ce pas ? Mais cette pensée la fait frémir et elle se rapproche un peu plus de Giacomo, qui choisit précisément ce moment-là pour suggérer une épouvantable hypothèse : « Un gang de pickpockets organisés… ? répète-t-elle en étouffant un hoquet stupéfait au creux de sa main. Mais non, tu essaies de me faire peur ! » De toute évidence, c’est réussi, car elle arbore désormais une moue indécise, comme si elle n'était plus tout à fait sûre de vouloir mener l'enquête.

Par conséquent, peu à peu, elle se résout à se montrer raisonnable, à grandir un peu ; pourtant son expression, partagée entre la compréhension et le dépit, ne tarde pas à se faire amusée, voire attendrie à la vue d’un Giacomo qui s’adosse à la clôture bordant le chemin. Léo s’immobilise à son tour pour l’observer pensivement, un sourire de plus en plus marqué aux lèvres : car enfin, n’est-il pas en train de lui céder, de consentir à la suivre – malgré ses réticences initiales ! – dans ses incorrigibles enfantillages ? Il ne lui en faut pas davantage pour se sentir émue ; aussi obéit-elle volontiers à son injonction, s’installant à côté de lui pour suivre ses recherches : il joue le rôle du cerveau de l’opération et ça lui convient très bien. À mesure qu’il progresse dans son enquête, Léo trépigne plus ouvertement : « Ah ! s’exclame-t-elle avec un sourire triomphal. Tu vois que c’est la vérité ! » Et après… ? Son air fanfaron et la foi aveugle qu’elle semble déjà avoir en lui s’imposent avec plus de force : « Si c’est un pokémon, tu peux intervenir, non ? » Il n’y a rien à faire : dans son esprit, Giacomo, par ses nombreuses qualités, a déjà la valeur d’un Ranger, à défaut d’en posséder officiellement le statut – il lui paraît d’ailleurs invraisemblable qu’il soit si peu confiant quant à sa conquête des badges d’arènes ! Poings aux hanches, elle poursuit avec une conviction fière et moqueuse : « Et puis tu dis que ça ne nous regarde pas, mais je suis impliquée, maintenant ! Le portefeuille, tout ça… » Elle dodeline de la tête, au fond bien consciente qu’il s’agit-là d’un motif fort léger et que seule une curiosité déplacée l’aiguillonne ; mais enfin, c’est ainsi : elle est de ceux qui ont besoin de se faire taper sévèrement sur le museau pour apprendre à ne plus le fourrer n’importe où – à supposer qu’elle soit véritablement capable d’apprendre.

Tout indique que non. Ainsi, elle tape doucement dans ses mains lorsqu’il cède pour de bon, acceptant ses conditions sans discuter : « Promis ! » Cependant il veut qu’elle soit contente, et c’est en vérité tout ce qu’elle retient. « Je comprends pourquoi mon papa a pensé à toi ! » se réjouit-elle de but en blanc, sans pour autant s’en expliquer davantage. Non, elle se contente de lui adresser un sourire ravi – et reconnaissant ! – avant de se remettre en marche avec entrain. Rien ne sert de se presser toutefois : en progressant de leur pas tranquille, ils atteindront l’orphelinat en une petite vingtaine de minutes, ce qui leur laisse toute latitude pour bavarder dans la joie et la bonne humeur. « Tout de même, Giacomo, ça ne te rend pas un touuut petit peu curieux, toi, ce genre d’histoires ? » Il lui semble, à elle, que le monde serait bien triste si on s’obstinait à rester indifférent aux mystères qui accélèrent le pouls d’une si jolie ville – bien sûr, elle entend déjà Clara lui rétorquer que l’ennui est le plus grand de tous les maux et qu’il pousse à faire bien des conneries, mais elle s’en moque : « Allez, dès qu’on en aura terminé, je t’offrirai un énooorme sachet de beignets ! » Qu’elle l’aidera sans doute à vider à moitié, s’abstient-elle de préciser en riant intérieurement. À présent, elle se livre tout entière au bonheur de leur promenade estivale, tandis que Mimosa les précède de son vol joyeux, dissimulant quelquefois ses rayures derrière un bosquet de fleurs tout en se tenant à bonne distance de Jiana vers laquelle il se tourne de temps en temps. Léo finit par dépasser Giacomo en sautillant pour marcher devant lui à reculons, fixant sur lui des yeux froncés, inquisiteurs, se remémorant ses paroles : « Franchement, ça a déjà dû t’arriver, non, de te mêler de ce qui ne te regardait pas… ? Tiens, qu’est-ce que tu voulais dire, tout à l’heure, par j’ai fait des trucs un peu nazes ? Je veux tout savoir ! » Elle n’arrive toujours pas à croire qu’il se soit émancipé si tôt : quatorze ans – il était encore mineur ! Aussi l’observe-t-elle avec un vif intérêt, visiblement fascinée par la manière qu’il a, depuis tout à l’heure, d’évoquer son passé tout en restant secret.

1105 mots.



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Giacomo Tutti

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Jeu 1 Avr - 16:21
En vérité, j’ai pas envie de casser Léocadia dans son enthousiasme débordant d’aller mener l’enquête. Je pense pas qu’elle tienne ça de son père, de ce que j’en ai vu, mais elle semble clairement avoir envie de se jeter tout droit dans la gueule du loup (ou de n’importe quoi d’autre qui peut nous attendre dans cet orphelinat). Moi, c’est pas que je suis pas curieux, non, (parce que je le suis quand même, nettement moins qu’elle cela dit), seulement je pense à sa sécurité. Mes pokémons sont sans doute plus entraînés que les siens. On ne sait pas non plus ce qui peut nous attendre là-bas. Ok, l’histoire de base est véridique : l’incendie de l’orphelinat, les deux sœurs… mais ensuite ? C’est le flou complet.

Elle est ravie de voir qu’on ne l’a pas pipeauté. J’essaie de temporiser un peu. Un tout petit peu. Je pose les éléments que l’on a et je pense à voix haute. Elle, elle me regarde avec ses grands yeux ronds, dans l’attente. Comment vous voulez lui dire non ? D’autant que sa question est pertinente. « Ouais, dans les faits je peux intervenir. » Enfin, je ne suis toujours pas Ranger, mais ça justifierait déjà d’une intervention. « Si on se fait choper on sera quand même dans la merde, ça changera pas, ça. »

Ça n’a pas l’air d’être un truc qu’elle envisage, Léocadia. Genre pas une seule seconde. C’est amusant et en même temps… je sais pertinemment que c’est pas prudent de se jeter à l’aveugle. Si Ian était là il le dirait. « C’est bien de se fier à son flair, mais ça ne fait pas tout. » Ouais ouais, je sais. Mais faut la voir Léocadia, avec son visage d’ange et son air innocent à vouloir savoir. Juste savoir. Du coup elle est contagieuse dans son élan. « On sait pas ce qui nous attend, Léo. Tu préfères l’histoire des fantômes ? » Entre ça et un gang de pickpocket, je sais pas ce qui m’inspire le plus. Les pokémons spectres et moi, c’est toute une histoire et je ne suis jamais à l’aise en leur présence. Je peux pas m’en empêcher. Ce sont des fourbes et des dissimulateurs, on ne sait pas à quoi s’attendre avec eux et jusqu’où ils peuvent aller, que ce soit par nécessité ou par jeu (sadisme ?). Allez savoir. Je m’abstiens de lui dire pour pas la faire flipper.

En plus, elle se cherche des arguments, hein ! Les poings sur les hanches, à évoquer son portefeuille. « Tu veux dire le portefeuille qui ne t’a pas été réellement volé ? Pas sûr que ça tienne comme argument. » J’lui fais un sourire. Elle rebondit toujours, elle.

J’accepte donc, mais avec prudence. Voilà qui la réjouit et j’ajoute : « Tu resteras à mes côtés, Léo. Je vois bien que t’as des envies d’aventure mais tout n’est pas comme dans les livres. » Je sonne un peu comme un vieux con moralisateur, je sais. Seulement… faut qu’elle en prenne conscience. Le simple fait que ce soit son père qui ait songé à moi me fait lever les yeux au ciel. Je sais pas ce que mon père a pu dire au sien mais c’est cool. Ouais, Léo est cool. Même si elle m’embarque en deux-deux dans un truc pas possible.

Si je voulais réellement dire non, je l’aurais dit. J’suis pas contre l’adrénaline juste que ça dégénère pas. C’est surtout ce que j’espère. On s’est mis tranquillement en route, guidés par le GPS de mon téléphone. Cette journée est complètement décalée. C’est pas désagréable cela dit. A voir où ça nous mène…

« Bien sûr que si j’suis curieux ! Si c’est avéré, ouais. Seulement… je sais aussi qu’il faut faire gaffe un peu aux trucs qui sortent de nulle part. » J’lui tapote sur la tête et j’ajoute : « Tu devrais te mettre ça dans la caboche avant de t’emballer comme une dingue. » Je dis ça sur le ton de la plaisanterie, bien sûr. Y’a du vrai, elle le sait sans doute, mais j’veux pas la vexer.

Il fait beau et tout, on s’imaginerait pas qu’on part comme ça vers… vers je sais pas quoi. « J’mériterais au moins ça, ouais ! Ceux à la groseille étaient bons mais j’me laisserais bien tenter pour ceux au chocolat, aussi. » J’aime bien le chocolat. En espérant qu’on s’en sorte sans trop d’emmerdes.

Jiana marche auprès de nous sans quitter des yeux l’Apitrini, visiblement aux anges, qui n’arrête pas de traverser les bosquets fleuris. Ça fait un moment que je m’étais pas baladé comme ça sans prise de tête, avec une amie. Ça fait du bien. Un silence paisible s’est installé, qui ne dure pas longtemps, puisque Léo reprend la parole. « Tu devrais devenir détective, dis-donc ! » Sous ses petits airs, elle pose quand même des questions très précises. Une grande curieuse dans l’âme, c’est bien ce qu’il me semblait ! « Madame j’veux-tout-savoir. Euuuh, ouais je me suis déjà mêlé de trucs qui ne me regardaient pas, comme tout l’monde je crois ! Et ça n’a pas toujours était une réussite ! » L’un des premiers trucs qui me vient en tête concerne Skylar et Lino… pas un truc bien joyeux mais si c’était à refaire, je referais exactement la même chose. Je secoue la tête et reprends le fil des questions qui m’ont été posées. « Des fois on réalise un peu tard que respecter certaines limites ne fait pas de mal ! Et des fois… des fois c’est drôle. » Ouais, la curiosité n’a pas que du mauvais, mais faut savoir doser.

« Bah, je parie que tu devais être une p’tite fille mignonne à l’école ou au collège, toi ! Moi, à un moment j’ai lâché le truc. J’avais pas la foi de suivre le côté trop scolaire, trop réglé de certains cours. » Ce qui est assez ironique quand on réalise que je suis désormais à l’Institut Sillage où il y en a plein, des règles ! Mais l’objectif est bien différent. Ça me parle plus que simplement obtenir un diplôme. « Du coup j’traînais avec des potes, y’avait un groupe et je pensais que je serais cool si je le rejoignais. On se dit souvent ce genre de truc, ado. Du coup, bah… y’a eu des fugues, du vol dans des magasins, on passait des bières en douce, des trucs du genre. Des voitures rayées, des fenêtres cassées… c’était débile. On se défoulait. Rien d’ultra-dramatique non plus, mais suffisamment pour m’être pris quelques raclées par le père, à une époque. J’avais sans doute besoin de ça et de découvrir le monde du travail manuel pour me remettre les yeux en face des trous. Trouver une forme d’indépendance autrement qu’à glander et me mettre en opposition avec pas mal de trucs. » J’me rends compte que j’en dis beaucoup d’un coup, comme ça, et ça m’embarrasse légèrement en le réalisant. J’glisse ma main dans ma nuque et je me racle la gorge. « Enfin bref, voilà. » Je tourne la tête vers elle : « Et toi, t’étais comment ado ? Du genre à vite savoir ce que tu voulais faire de ta vie ? A rentrer dans les cases ? » Sa personnalité est un peu décalée, toujours brillante et dégageant de bonnes ondes. Je ne l’imagine pas forcément se rebeller ou quoi… mais des fois ce sont les gens comme ça qui peuvent nous surprendre.




(1236 mots)


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Léocadia Sorbet

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Dim 25 Avr - 17:44

Les combattants du petit bonheur, juillet 2020.

Les mises en garde continuent de pleuvoir et quoique Léo essaie de conserver toute sa contenance, il lui est difficile de réprimer un long frisson lorsque son ami évoque de nouveau la perspective que l’orphelinat puisse être hanté. Il finit tout de même par sourire à cause de ses bêtises et, à vrai dire, elle préfère ça, se dit qu’après tout, cela valait le coup de faire l’idiote : « Mais si, insiste-t-elle d’ailleurs, ça fait de moi une sorte de complice involontaire, je ne peux tout simplement pas laisser passer une chose pareille ! » À sa dernière recommandation, celle de rester à ses côtés, elle acquiesce vigoureusement dans une comédie de sévérité et de détermination, jurant de se montrer prudente et de ne pas le quitter d’une semelle : « Je serai comme le Fantyrm sur la tête de son Dispareptil ! » Et elle se laisse docilement tapoter la sienne, sans s’offenser de ce geste qui, à tout autre peut-être, aurait pu paraître légèrement condescendant ; c’est qu’il exerce déjà sur elle une influence dont elle n’est pas encore tout à fait consciente et qu’elle perçoit avant tout son tempérament protecteur – disposition généreuse qui la touche immanquablement.

Surtout, elle se félicite de le savoir curieux aussi, et bien qu’il mette un point d’honneur à tempérer ses paroles pour qu’elle ne s’enflamme pas, elle ne peut empêcher l’excitation de la gagner doublement – amplifiée encore par la promesse d’une pause goûter bien méritée : « Les beignets au chocolat, c’est une valeur sûre ! » opine-t-elle joyeusement – et pendant quelques secondes, elle accélère presque le pas, comme impatiente de parvenir à cette étape de leur journée. Mais elle se tranquillise pour s’absorber pleinement dans leur conversation sitôt qu’il consent à souffrir son incorrigible curiosité avec bonne grâce : « Devenir détective ? sourit-elle malicieusement. Bonne idée ! Si on se fait prendrechoper, aurait-elle dû dire pour avoir l’air aussi cool que lui, mais elle y pense trop tard –, je raconterai que je voulais juste m’entraîner pour mon futur métier ! » Elle paraît en effet imperméable à toute inquiétude durable pour l’instant, de même qu’elle préfère retenir, dans les paroles de Giacomo, tout ce qui peut s’y trouver d’optimiste – ce qu’il y a de drôle, par exemple, dans le fait de se montrer curieux ! En revanche, elle feint de froncer les sourcils en écoutant sa supposition au sujet de sa mignonnerie. Oh, elle aurait bien aimé pouvoir lui rétorquer qu’elle était en fait un vrai voyou, mais la blague aurait perdu toute sa saveur précisément à cause de son extrême invraisemblance, n’est-ce pas. Elle comprend, cela dit, qu’on puisse avoir une telle impression en la regardant – c’est d’ailleurs assez confortable pour elle. « Eh ! C’est vrai que je n’étais pas spécialement dissipée, contrairement à toi – le sourire qu’elle lui adresse s’accentue –, mais je ne peux pas dire que j’appartenais à la catégorie des bons élèves non plus, malheureusement… » Il y a une pointe de regret dans sa voix : elle aurait souhaité savoir jongler avec les mots et les idées aussi aisément que son entourage, ne jamais se sentir démunie face aux complexités de l’existence et des relations humaines – un tout autre confort, en somme, que celui de son insouciance chronique. « En tout cas ça doit te faire tout drôle, maintenant, de suivre une formation qui te demande autant de discipline ! le taquine-t-elle en riant doucement. Qu’aurait dit le Giacomo de quatorze ans s’il m’avait accompagnée aujourd’hui ! »

Ce qu’elle ne dit pas, évidemment, c’est que le Giacomo de quatorze ans lui aurait sans doute fait un peu peur. Des fugues, passe encore. Mais des vols dans les magasins ! couine-t-elle intérieurement ; de l’alcool en étant mineur ! de la casse ! Son menton est pris d’un léger tremblement comme elle pose sur lui des yeux ronds de stupeur, de toute évidence très impressionnée ; puis elle détourne le regard en rougissant lorsqu’il mentionne les « raclées » de son père. Voilà bien un aspect qu’elle n’a jamais connu dans son propre foyer. Elle se souvient de monsieur Tutti comme d’un homme très charismatique, d’une éloquence tranquille, parfois piquante, à la conversation toujours amicale ; de ceux qui font oublier qu’ils ont à composer avec un fiston récalcitrant une fois rentrés à la maison. Léo perçoit enfin la gêne de son ami et lui sourit, attendrie et contente que sa langue se soit déliée un peu : « Tu es cool, maintenant, déclare-t-elle sur le mode du constat – et celui-ci vient directement du cœur. Je veux dire, vraiment cool. » Bien sûr, tout ce qui se rattache de près ou de loin à la violence a pour elle quelque chose de repoussant – même les vacheries de Clara lui ont demandé quelques années pour la faire parvenir à cette accoutumance calme qui la caractérise aujourd’hui ; toutefois elle croit aussi comprendre, en écoutant Giacomo, l’exutoire qu’on peut y trouver – et c’est une pensée qui la rend vaguement triste. Il semble avoir parcouru tant de chemin depuis ! « Oui, il n’y a rien de plus cool que sauver des gens et des pokémons, conclut-elle avec une plus franche conviction. Sans oublier tes lunettes. » Elle rit à nouveau, attirant l’attention de Mimosa qui les rejoint après s’être caché dans la frondaison d’un arbre.

Lorsque c’est son tour de se laisser aller aux confidences, elle s’écrie brusquement, comme si cet aveu pouvait le faire tomber des nues : « J’ai fait des fugues, moi aussi ! » Puis elle dodeline de la tête, avec le petit sourire un peu piteux de celle qui s’apprête à révéler la supercherie : « Bon, pas beaucoup plus loin que mon jardin, souvent… » C’est dit d’une voix timide, faussement boudeuse et – pour une oreille attentive – avec un soupçon de sincère repentance, car enfin, elle a ainsi donné bien des cheveux blancs à son pauvre papa. Enfin elle secoue négativement la tête. A-t-elle l’air de suivre une ligne droite parfaitement balisée, comme Giacomo le laisse entendre par ses paroles ? « J’aurais bien aimé, je crois. » admet-elle en haussant les épaules, car en fin de compte elle aime tout ce qui est rassurant. « Mais rentrer dans les cases, ce n’est pas si facile, poursuit-elle avec un air pensif. En fait, plus ça va, plus je me sens… comme une balle dans un monde de cases carrées ou rectangulaires ! Une balle toute molle, tu vois ? » Alors elle continue son explication en la ponctuant de nombreux gestes fort éloquents – ou pas : « Comme la balle est molle, ça finit par rentrer, tout va bien, mais ça ne s’emboîte pas parfaitement, tu comprends ce que je veux dire ? Je me cherche encore, quoi ! » Si elle aime la cuisine, c’est avant tout parce que son papa a réussi à la lui faire aimer, autrement elle aurait sans doute préféré se contenter de manger ! « D’ailleurs, je n’étais pas spécialement à l’aise à l’école non plus, reconnaît-elle avec un air contrit pour compléter son tout premier aveu à ce sujet. J’ai été une lectrice tardive, un vrai casse-tête pour mes maîtresses ! » Elle ne précise pas qu’elle a pleinement surmonté ses difficultés à partir du moment où il lui a fallu lire et relire les lettres de sa maman, qui la confrontaient quelquefois – non, souvent – à un vocabulaire trop compliqué pour l’enfant qu’elle était ; cela parce qu’elle refusait catégoriquement de laisser son pauvre papa les déchiffrer pour elle, les lui expliquer. Aujourd’hui encore, elle est incapable d’y penser sans qu’une sourde douleur ne lui pince la poitrine. Mais enfin, il n’est pas question de se laisser assombrir par une si belle journée, n’est-ce pas ? « Je me dis que j’y verrai forcément plus clair après avoir voyagé ! » termine-t-elle avec un sourire enthousiaste. De toute façon, la perspective de travailler aux côtés de son papa ne lui a jamais déplu – bien au contraire.

Mimosa leur annonce bientôt l’apparition de l’orphelinat d’un bourdonnement plus prononcé. C’est, au creux d’un vaste écrin de verdure, une imposante et belle maison d’époque haute de trois étages, de celles qui peuvent donner de grandes espérances à ceux qu’elles abritent derrière leurs épais murs en pierre percés de nombreuses et longues fenêtres. La grille en fer forgé qui l’entoure est doublée d’un ruban de signalisation interdisant l’accès à la zone. Léo songe, non sans embarras, qu’une foule de curieux a dû se masser autour de la bâtisse après l’incendie. Si celui-ci n’est pas venu à bout de sa façade, qu’il a simplement noircie, il est possible de distinguer à travers les fenêtres aux carreaux brisés des rideaux calcinés et un intérieur ravagé par les flammes. C’est précisément en les scrutant qu’elle croit entrevoir, dans l’un des cadres, le passage tranquille d’une silhouette que la distance l’empêche de définir à cause du puissant rayonnement du soleil estival, comme si l’orphelinat était encore habité en dépit du drame. Son cœur s’affole tout à coup et, fébrile, elle échange un regard incertain avec Giacomo. « Tu as vu ça… ? lui demande-t-elle craintivement. Ou j’ai peut-être rêvé… ? » La peur, qui l’avait épargnée jusque-là, l’oblige à enrouler une main tremblante autour du poignet de son ami comme pour signifier qu’il avait raison, finalement, et que c’est tout aussi bien, tout aussi sage de ne pas s’en mêler. Seulement, en se retournant, elle se retrouve nez à nez avec une toute jeune fille au sourire sympathique, coiffée d’un chapeau tout froissé – mais quoiqu’il ait la même zébrure en guise de motif, Léo, trop distraite, ne fait pas le lien avec le voleur que Giacomo a arrêté un peu plus tôt et se contente de lui sourire en retour, un peu gênée. « Salut ! leur dit-on sans hostilité, en les regardant tour à tour avec un intérêt plein de malice. Qu’est-ce que vous faites là ? » Léo cherche de nouveau le regard de Giacomo, comme si la prudence – qu’elle lui a après tout promis d’observer ! – voulait qu’elle le laisse mener la conversation.

1685 mots.



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» Léocadia gazouille en #f7797d
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Giacomo Tutti

Giacomo Tutti
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Dim 23 Mai - 12:25
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En vrai, j’trouve ça franchement drôle que pour nos retrouvailles, à Léocadia et moi, on se retrouve dans une histoire pareille. C’est p’t’être un signe du destin, ou un délire du genre. Parce qu’entre la course-poursuite, les beignets à la groseille et les frites, l’histoire de l’orphelinat et maintenant notre départ vers… l’aventure (?), c’est clairement une journée dont je me souviendrais ! Un bon gros combo que je dois quasi entièrement à Léocadia, en fait. Je sais pas si tous les jours sont comme celui-ci, avec elle, mais elle doit pas s’ennuyer, hein !

D’autant qu’elle a toujours le bon mot pour le faire rire. « On va dire ça. Un entraînement de terrain pour une détective en devenir ! » Pas certain que ça passe, mais ça aura le mérite d’être une excuse bien préparée. Léocadia a une énergie en elle qui semble capable d’amadouer n’importe qui, il faut dire. La preuve, j’me sens aussi transporté par une énergie et une curiosité nouvelles, intrigué tout de même de voir où tout cela peut nous mener. Je me retrouve même à parler le plus naturellement du monde de choses que je n’ai pas souvent l’occasion d’évoquer. Mes conneries de jeunesse, ma recherche frénétique de nouvelles expériences – souvent mauvaises – pour fuir le cadre trop rigide de la scolarité telle qu’on la connait. J’ai voulu brûler les étapes, me lancer dans le « grand monde », sans ouvrir les bonnes portes ni avoir la clé… Il faut parfois savoir courir avant de savoir marcher. Ou de comprendre enfin pourquoi marcher. Dans quel but et dans quelle direction ? Il me fallait voir autre chose, au-delà, me ramasser la gueule plusieurs fois avant de véritablement me sentir utile.

C’est pas forcément brillant, comme période, mais je regrette rien. Même les raclées de mon père, d’ailleurs, qui m’ont sans doute éviter de faire des choses trop graves qui, elles, auraient pu avoir d’autres conséquences. J’ai su me reprendre en main – on peut pas dire que le Padre m’ait trop laissé le choix – et j’ai pas à rougir de son parcours. Enfin… j’pense. Je m’en sors pas mal. En écoutant mon amie me répondre, je vois bien que les cases ne doivent pas correspondre à grand-monde. « Heureusement que la réussite scolaire ne fait pas tout, dans la vie. » Vu comment elle est aujourd’hui, sans doute qu’elle devait avoir le même entrain, le même côté solaire, enfant. « Ouais, j’avoue. Y’a pas mal de règles à l’institut mais… C’est différent. Là je sais pourquoi j’y suis. C’est moi qui aie choisi, tu vois ? » C’est ce qui fait toute la différence. Avec Ian, j’ai bien compris ce qu’est véritablement un Ranger, au sens le plus véritable du terme. L’engagement, la passion, la force que cela requiert, qu’elle soit mentale ou physique. J’ai aussi compris qu’à leur échelle, les Rangers peuvent améliorer les choses. Peut-être pas tout, mais c’est un métier concret. Quand on sauve des espèces menacées, quand on parvient à intervenir avant qu’un conflit entre pokémons prennent des proportions trop complexes, il en ressort une certaine fierté. C’est peut-être ce qu’il me manquait, jusque-là : pouvoir être fier de moi-même et de ce que je fais. Je suis encore apprenti Ranger mais les missions auxquelles j’ai participé m’ont déjà permis de ressentir cela. « Et ça m’plait, c’que je fais. »

C’est une réalité. Elle évoque le gamin de 14 ans que j’étais et je secoue la tête : « J’pense qu’il aurait été le premier à se ruer droit devant, dans l’orphelinat, sans mesurer forcément les risques. Je sais pas s’il aurait été ton meilleur allié, pour le coup. » C’est pas dit, non. Si quelque chose venait à mal tourner, ils auraient été deux dans la merde. L’une trop curieuse, l’autre impulsif.

Quand elle évoque des fugues, je lui jette un regard surpris, avant de m’adoucir face à ses explications. « Déjà le goût de l’aventure, mais pas trop, c’est ça ? » En même temps, les fugues ne sont pas quelque chose de bien glorieux. C’était drôle, ouep, mais bon. A part inquiéter mes parents et ma sœur, particulièrement, ça n’a pas mené à grand-chose de bien. Les trois quarts du temps je squattais avec mes amis de l’époque, à jouer à la console ou fumer en parlant de tout et de rien. Ça reste quand même des souvenirs sympas. J’vais pas dire que je les idéalise, j’ai appris à faire la part des choses maintenant, grâce à mes parents, mais y’avait un côté prise de risque, fraude… c’était un moyen comme un autre d’épicer un peu un quotidien qui m’allait pas, à l’époque. Ça m’arrive d’y resonger, des fois, en rêve. Revoir certaines têtes que j’ai pas vu depuis des années et mélanger des engueulades et délires qui me sont vraiment arrivés à d’autres que j’imagine sans doute. Dans les jardins de la mémoire ; au palais des rêves... on idéalise un peu tout. C’est passé mais ça m’a construit, quand même.

Léocadia, elle, dit être une balle molle. Je l’écoute avec attention. Elle utilise ses propres mots et je saisis bien ce qu’elle veut dire. « Ouais, tu te conformes aux choses pour faire comme il faut. Ça doit être le cas de pas mal de gosses. Lino était comme ça, en vrai. Fiona elle était scolaire, elle, même si c’était surtout pour voir ses amies. »

Je ne saurais pas dire comment on en est venu à être sérieux. « Un tel voyage, ça va forcément te changer. Je te souhaite de voir plein de trucs cools, et des gens cools, aussi ! »

Tout en discutant on est arrivés aux environs de l’orphelinat. Avec le périmètre de sécurité tout autour et les traces bien visibles de l’incendie, difficile de ne pas le remarquer. J’observe les environs, Jiana désormais à côté de moi. Quand je recroise le regard de Léocadia, je la vois un peu… inquiète ? « Hmm ? » Elle a dû apercevoir un truc car elle s’agrippe à mon poignet. « Euh non, j’ai rien vu. » Je lève les yeux vers la bâtisse, je n’y vois rien de particulier, au-delà de sa façade noircie. « T’es sûre que tu veux… » J’ai pas le temps de terminer ma question, lui proposant de faire demi-tour si elle ne le sentait pas.

Derrière nous, une fille. Jeune, chapeau étrange et large sourire. Je l’ai pas entendue arriver, ça me surprend et je la scrute un instant, songeant à refermer ma bouche que j’ai laissé ouverte. Il y a quelque chose qui me met en alerte mais je saisis pas quoi. Pas de suite. Je capte le regard de Léo, semblant lui dire Elle nous veut quoi, elle ?. Déjà, l’inconnue nous salue et je me positionne légèrement devant mon amie, méfiant.

Je vais pour répondre quand… ça me revient ! Le chapeau, les zébrures, y’a un truc… « Bonjour. » Je vais pas feindre l’enthousiasme envers quelqu’un que je sens pas. « Pourquoi ? T’es la vigile ? » J’ai failli lui demander si elle était de la police, à réclamer des comptes à peine elle nous rencontre, mais je me retiens. J’ajoute juste : « Dommage que ton chapeau soit dans cet état, il est sympa. Tu l’as acheté où ? J’pense qu’il irait bien à mon amie ! Elle a une tête à chapeaux, tu trouves pas ? » Ok, c’est peut-être pas super subtil.



(1238 mots)


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Léocadia Sorbet

Léocadia Sorbet
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Sam 28 Aoû - 12:42

Les combattants du petit bonheur, juillet 2020.

Quoique l’exercice ne soit pas si facile, Léo trouve quelque chose de satisfaisant dans le fait de pouvoir exprimer librement – et plus gravement – ce qu’elle ressent, de mener une conversation qui diffère un tant soit peu de ses pépiements habituels, souvent trop légers, peu disposés à laisser une quelconque place aux réflexions plus sérieuses. Il y a bien son petit papa dont les yeux aimants cherchent la moindre variation dans sa physionomie, dont l’âme s’inquiète des nœuds secrets de son cœur ; hélas, comment s’ouvrir complètement à lui quand elle sait qu’il partagera si intensément ses doutes et ses peines ? Giacomo, lui, occupe une position idéale auprès d’elle, ni trop distant, ni trop proche. Ce n’est qu’un timide début, car il s’agit en quelque sorte d’une maigre armure, d’une coquille d’escargot dont elle ne souhaite pas vraiment se débarrasser ; mais son ami, elle le sent, lui prête une oreille attentive et bienveillante, compréhensive surtout, malgré ses métaphores approximatives qu’elle ne cesse d’affiner au fil des ans. Il ne lui a pas ri au nez ! Il aurait pu. A-t-il gagné cela avec le temps aussi ? Touchée une fois encore, elle le remercie d’un sourire plein de gratitude. Il est inutile, n’est-ce pas, de lui répéter qu’en matière de « trucs et gens cools », elle a effectivement on ne peut mieux commencé. Elle voudrait à la place lui poser tant d’autres questions, sur lui, mais également sur Lino et Fiona – le genre de copine qu’elle aurait adoré retrouver à l’école, de fait ! Elle éprouve cependant le besoin de l’observer un peu à la dérobée, de saisir, presque comme quelque chose de tangible, l’assurance tranquille qui l’entoure à la façon d’une aura – celle que donne la chance d’avoir fait le bon choix par soi-même, de poursuivre un but bien concret et de savoir très exactement pourquoi on se tire de son lit le matin, d’aimer enfin ce que l’on fait. Quand il dit Là je sais pourquoi j’y suis, elle perçoit toute la force de ses certitudes, acquises par d’édifiantes expériences, et non sur un mode tout appris. C’est là un tout autre genre de confort, qu’elle lui envie, qu’elle recherche sans doute, mais qui lui fait aussi un peu peur, sans qu’elle ne sache bien pourquoi. Aussi songe-t-elle à ses paroles en fredonnant imperceptiblement, se figure avec un plaisir inavouable ce qu’aurait été le Giacomo de quatorze ans à ses côtés, là, tout de suite. Oh, elle comprend très bien ce qu’il veut dire quand il évoque son impulsivité, et elle n’ose évidemment pas lui avouer qu’elle aurait sans doute eu un gros béguin pour ce casse-cou-là, bien malgré elle et son cœur réfractaire à toute violence. Oui, elle mesure parfaitement combien l’allié qui se tient à ses côtés est précieux, à plus forte raison lorsque la fillette qui leur fait désormais face les interroge sur la raison de leur présence ici et qu’il l’envoie promener. C’est peut-être un peu trop brusque à son goût – du moins lui a-t-il dit bonjour, n’est-ce pas ? –, mais elle ne fait aucune remarque et le laisse volontiers poursuivre l’échange, la tête légèrement rentrée dans les épaules. La main qu’elle a enroulée autour de son poignet s’est relâchée au moment où il s’est avancé comme pour faire rempart. Il lui semble que sa posture a sensiblement changé – n’est-il pas tout en épaules, à présent ? Léo cille à plusieurs reprises, impressionnée. Son cœur bat un peu plus fort et elle doit se faire violence pour ne pas se cacher tout à fait derrière lui – tout de même, devant une fillette qui lui paraît inoffensive ! Elle a surtout honte d’admettre intérieurement qu’elle se serait volontiers laissé charmer par son sourire après son premier – et miraculeux – élan de prudence, tandis que Giacomo, lui, a immédiatement fait le choix de rester sur la défensive. Elle a tant de choses à apprendre encore !

La question par laquelle il a rabroué la curiosité de la gamine décompose légèrement le grand sourire qu’elle affichait jusqu'à présent. Bientôt, une moue boudeuse commence de lui froisser la bouche, et c’est en employant le même ton qu’elle lui répond : « Nope, j’suis pas la vigile, par contre je risque de l’appeler si vous êtes là pour – » Elle s’interrompt brusquement à l’allusion de Giacomo qu’elle feint pourtant de ne pas comprendre. Sa moue s’accentue tandis qu’elle considère longuement Léo qui, elle-même, les regarde tour à tour, soupçonnant les enjeux d’un tel échange sans les saisir véritablement. Elle prend d’ailleurs le compliment de Giacomo très au sérieux et se fend d’un « Oh, merci !! » parfaitement niais, qui achève de confirmer qu’elle n’a décidément pas compris grand-chose à ce qui vient de se dire. La gamine souffle moqueusement par le nez avant de rétorquer : « Crois-moi, c’est pas d’un chapeau qu’elle aura besoin si vous voulez aller là-dedans. » Elle ponctue ces nébuleuses paroles d’un regard qui signifie clairement : ben ouais, essayez pas de me faire croire que vous êtes là juste pour profiter de la vue. Cette fois, Léo pâlit, craignant d’avoir bien saisi dans les mots de la fillette un avertissement sous-jacent – pour ne pas dire une menace ! Elle en oublie que les questions de Giacomo viennent d’être nonchalamment éludées et ne peut s’empêcher plus longtemps de se réfugier derrière lui. Le sourire de la fillette a maintenant pris une inflexion légèrement différente – un peu plus énigmatique ? inquiétante ? En tout cas, c’est d’une démarche parfaitement tranquille qu’elle les contourne tous deux pour se diriger vers l’imposante bâtisse, sans un mot d'invitation à leur attention, comme s’ils allaient la suivre de leur propre chef, aiguillonnés par leur curiosité. Et c’est vrai : Léo pousse doucement du front le dos de Giacomo, toujours partagée entre l’appréhension et le vif désir d’en savoir plus. La gamine semble avoir suivi le cheminement de ses pensées, car elle ne tarde pas à reprendre : « Moi, j’aurais pu vous aider en vous montrant le plus sûr moyen d’entrer, mais toi – elle désigne Giacomo du bout de l’index –, j’te trouve pas très sympa. Qui me dit que vous êtes pas là pour taper dans l’mobilier de l’orphelinat ? Ou pour vous en prendre au pokémon qui s’y est installé ? Hein ? » Sans même songer à s’indigner à l'idée saugrenue de passer pour une cambrioleuse, Léo se met à trépigner et chuchote à l’attention de son ami : « Oooh, tu crois que c’était ça, l’ombre que j’ai vue tout à l’heure… ?? » Elle se met à tirer sur son t-shirt, bousculée par une irrésistible impatience : « Qu’est-ce qu’on fait, qu’est-ce qu’on fait… ?? Giacomooo… » Pendant ce temps, la gamine feint de ne leur prêter aucune attention. C’est faux, évidemment : elle garde une oreille bien tendue tout en suivant du coin de l’œil les mouvements des pokémons qui entourent les deux intrus.

1150 mots.



Suite de l'enquête !:


» Léocadia gazouille en #f7797d
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Giacomo Tutti

Giacomo Tutti
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Région : Galar
Sam 4 Sep - 18:27
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    → choix 3.


C’est fou combien le naturel de Léocadia réussit à me faire parler. Les mots sortent assez simplement et au-delà de la légèreté avec lesquels ils sont dits, tout est vrai, pensé. Ce ne sont pas des choses que j’ai l’habitude de dire. Avec Myla, un peu. Elle aussi avait une façon d’être qui faisait qu’on pouvait se livrer sans mal. Même si cela avait pris du temps… Plus qu’avec Léocadia. Sans doute parce que notre relation était toute autre. Là, c’est inattendu. Je n’aurais pas pensé qu’on en viendrait à aborder ce genre de choses et pourtant, j’apprécie. Peut-être que j’avais besoin un peu de ça, sortir de mon quotidien et recroiser une amie, tout simplement. J’espère en retour en apprendre plus encore sur la jeune femme. Elle a un petit côté « rayon de soleil » bienheureux, et je lui souhaite de pouvoir garder cette attitude longtemps. Même si je la sens aussi un peu craintive vis-à-vis d’autres choses, aussi… l’inconnu, son avenir, elle se cherche elle-même et c’est sans doute normal. C’est déjà beau qu’elle ait osé faire un pas en avant et quitter son cocon auprès de son père. C’est à elle de trouver un équilibre, maintenant. Derrière tout bonheur présent est cachée une crainte à venir et ce n’est pas forcément une mauvaise chose. Si on voit le monde tout en rose, on peut aller de déception en déception ou tomber dans de mauvais plans. Je refuserais qu’il arrive ce genre de chose à Léocadia. C’est le genre de personne pour qui on ne peut souhaiter que le meilleur. Elle avancera sans doute à pas plus ou moins timides au début et si je peux l’aider d’une manière ou d’une autre, je serais là.

A l’approche de l’orphelinat – ou ce qu’il en reste – je préfère rester prudent, sur mes gardes. La jeune fille qui nous aborde, je ne la sens pas trop. Elle sort de nulle part et vu tout ce qu’on a entendu jusque-là, honnêtement, je pense qu’il vaut mieux être un peu méfiant. Je doute que Léo le ressente ainsi. Elle a un naturel amical, elle cherche le bien en tout. Je ne veux pas rien risquer alors je prends les devants par la parole et physiquement, en m’avançant par-delà mon amie. J’ai pas de stratégie particulière, je sais pas à quoi m’attendre alors j’improvise. Maladroitement sans doute, mais tant pis.

C’était peut-être pas la meilleure attitude à avoir avec le fille au chapeau, ok. Elle se méfie autant que moi, maintenant. Pour ? J’aurais bien aimé entendre sa conception de la chose mais elle s’interrompt et avec mes questions un poil ironique j’ai au moins le mérite de faire plaisir à Léocadia qui n’a pas l’air de saisir ce qui se joue, là. J’ai un sourire qui naît sur les lèvres à sa réaction et je retourne mon attention sur l’inconnue.

« T’as un super sens du teasing, dis donc. A la base on est là en curieux vu ce qu’on raconte sur cet orphelinat… mais t’es sacrément intrigante, toi. » C’est la pure vérité. J’aime pas trop le ton qu’elle prend, cela dit. Si elle veut proférer des menaces, autant que ce soit en s’adressant à moi. C’est moi qui lui parle, après tout.

Avec son sourire énigmatique elle semble s’amuser de la situation. Elle en sait plus que nous. J’ai zéro idée de ce qui se cache réellement dans la bâtisse derrière elle mais j’aime pas son espèce de ton de défi… Elle nous contourne puis se met à marcher vers l’orphelinat en parti calciné. Je la regarde faire. Elle veut prendre le lead de la situation, ça m’agace et en même temps, si c’est réellement une gamine de l’orphelinat, j’ai des interrogations qui me traversent. Je me demande ce que peut être sa vie, elle n’a pas l’air bien vieille et peut-être qu’elle a déjà vu bien des merdes. Est-ce que faire le vigile – qu’elle le veuille ou non – devant la bâtisse c’est une façon de protéger les lieux ? Protéger ce dans quoi elle a grandi ? J’ai aucune idée de ce qui se trame là-dedans mais j’imagine que ce ne sont pas de simples ruines. Vu le lieu que c’était à l’origine, elles doivent être un endroit de souvenirs pour bien des gamins… c’est pas évident. J’ai aucune idée de comment je réagirais, à sa place. Quelle attitude j’aurais. Cela me fait une nouvelle fois penser à celui que j’étais à 14 ans. J’en voulais déjà au monde entier sans être orphelin, sans avoir connu un tiers de la galère des enfants qui ont grandi dans un endroit pareil. Alors ouais, j’aurais été intenable, je pense. Méfiant, exécrable, à vouloir me faire justice moi-même, j’en suis sûr. Je sais que la vie peut être rude, donner des coups, mais il faut les lui rendre. C’est une manière de penser que j’ai atténué, avec le temps, seulement je continue de le croire. Physiquement ou non, il faut toujours se battre pour se faire une place, se trouver un endroit où être réellement soi. Cette gosse, c’est peut-être ici qu’elle l’a trouvé et je me demande bien comment elle a vécu l’incendie… Je ne connais pas le tempérament de l’inconnue, mais si je me mets à la suivre, c’est surtout parce que Léocadia m’y pousse tranquillement.

Et quand la fille au chapeau la parole, je comprends clairement qu’elle a pris la mouche. Je hausse les épaules. J’m’en fiche un peu de ce qu’elle pense de moi. Je ne sais pas si on peut prendre pour comptant ce qu’elle nous sort et pourtant, mon esprit fait « tilt » lorsqu’elle évoque un pokémon.

J’ai une légère hésitation, je toujours la sensation qu’on ne peut pas lui faire confiance. Elle raconte ce qu’elle veut, qu’est-ce qui nous dit que c’est vrai ? Derrière moi, l’impatience de Léo monte et elle me questionne dans un murmure.

« T’as grandi ici ? » Je sais pas pourquoi, ça sort comme ça. C’est peut-être évident mais on ne sait jamais… J’observe l’entrée qui se profile devant nous. C’est pas bien engageant, franchement. J’ai un coup d’œil à Léocadia, elle semble dans un mix de curiosité et de crainte. « J’vois pas bien pourquoi on s’ramènerait pour prendre des meubles. » Quelle idée.

« Du coup, j’saisis pas, tu veux nous faire entrer ? Qu’est-ce qui nous attend derrière ? » Rien nous dit qu’on va pas tomber sur un gang de pickpockets ou que sais-je… mais ce qui m’intrigue le plus, c’est… « … et c’est quoi l’histoire du pokémon ? » Je me méfie mais quand j’ai même envie de savoir ce qu’elle a à en dire, en fait. Parce qu'elle en dit quand même pas mal, au final.

Léo est toujours en grande partie derrière moi. J’me retourne brièvement et je lui pose la main sur l’épaule. Puis je me penche à son oreille. « Je sais pas quoi en penser, Léo. Attendons de voir. »



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