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» Les combattants du petit bonheur — Giacomo.

Léocadia Sorbet

Léocadia Sorbet
Retraité

C-GEAR
Inscrit le : 23/12/2020
Messages : 286

Région : Galar
Mar 14 Sep - 12:35

Les combattants du petit bonheur, juillet 2020.

À cet instant, Léo se représente la curiosité de Giacomo comme une petite flamme vacillante à entretenir dans la tempête de sa méfiance. Elle craint qu’il ne cède à la mauvaise impression que vient de lui donner la gamine et ne décide autoritairement de rebrousser chemin pour ne pas prendre plus de risques – alors adieu l’aventure, adieu la résolution du mystère, et elle en traînerait le regret jusqu’à la fin de ses vieux jours ! Par bonheur, son ami n’a pas l’intention de la laisser se montrer si dramatique et consent finalement à suivre l’inconnue, sans se départir de sa prudence néanmoins. Léo pousse un petit soupir de soulagement qui s’épanouit en un discret sourire : il n’est pas étonnant, après tout, que Giacomo s’interroge sur le pokémon qui aurait supposément élu domicile dans les ruines de l’orphelinat. « Tu penses qu’il n’a rien à faire là ? chuchote-t-elle à nouveau. Qu’il va nous en vouloir de pénétrer sur son territoire… ? Mais… Peut-être qu’il est coincé aussi… ! Et si c’était un sauvetage ?? » La gamine fait toujours semblant de ne rien percevoir de leurs messes basses, continuant de cheminer vers la bâtisse. Léo se tait pour l’observer à nouveau. Bien sûr, comme son ami, elle se demande également ce qui la motive. Elle voudrait lui poser mille questions, savoir si elle fait bel et bien partie des anciens pensionnaires de l’orphelinat. À cette simple idée, comme par association de pensée, elle s’imagine son chagrin, se sent déjà compatir, avec la maladresse ingénue de ces personnes qui ont pratiquement toujours été heureuses mais pensent tout de même pouvoir se figurer la douleur des autres. Contre toute attente, elle ne songe pas vraiment qu’elle a été elle-même quasiment orpheline de mère, soit qu’une telle réflexion la gêne, soit qu’elle mesure instinctivement toute la différence de leur situation.

Hélas, quoique la gamine se donne un air décontracté, il n’en reste pas moins aisé de percevoir qu’elle est maintenant aussi froissée que son chapeau. La question de Giacomo sur son appartenance à l’orphelinat ne semble pas désamorcer sa contrariété, bien au contraire, à en juger par la moue boudeuse qu’elle lui oppose – et que Léo interprète aussitôt, sans filtre : « Oh, donc tu as bien grandi ici ! s’écrie-t-elle en s’apercevant trop tard de son manque de tact. Je suis tellement désolée que tu aies perdu ta maison ! Ç'a dû être vraiment terrible pour toi ! » L’inconnue se renfrogne pour de bon, comme partagée entre l’indignation, l’apitoiement et le refus de se laisser attendrir. « Quelle importance ? » grommelle-t-elle dans la barbe qu’elle n’a pas, manifestement agacée et gênée par la manière dont Léo exprime sa compassion. Elle préfère donc l’ignorer, s’accrochant plutôt au conflit latent qui a commencé d’enfler entre elle et Giacomo : « Bah, t’imagines pas le nombre de zouaves qu’ont dit la même chose et que j’ai quand même surpris à essayer ! Y en avaient pour tous les goûts, y compris des gens qui avaient l’air aussi niais que toi – elle fronce le nez en direction de Léo pour la désigner – alors on me la fait plus, à moi ! » Léo se mord l’intérieur de la joue, n’osant subitement plus faire étalage de cette niaiserie qu’on lui a bien souvent reprochée. Selon toute apparence, l’orpheline a été échaudée par l’opportunisme des visiteurs, et ce n’est qu’après une sensible hésitation qu’elle daigne reprendre : « Notre m– celle qui gérait l’orphelinat était riche, donc y a eu tout un tas de rumeurs après l’incendie : un trésor à voler, des pokémons rares qui seraient venus hanter les lieux… » Elle hausse les épaules à son tour, balayant la défiance de Giacomo qui s’étonne de sa disposition à les laisser entrer : « Vous êtes là pour visiter, non ? » Intérieurement, Léo se remet à piaffer d’impatience, et le chuchotement prudent de son ami, comme la main apaisante sur son épaule, n’y changent malheureusement pas grand-chose. « O-oui, oui, tu as raison, mais… » Elle s’apprête à rouvrir la bouche pour interroger la gamine plus avant mais celle-ci la devance d’une voix coupante : « J’ai rien à vous dire de plus, à part que si vous êtes malintentionnés, l’orphelinat se chargera tout seul de vous dégueuler. » Léo manque de laisser échapper un petit couinement d’épouvante. Que veut-elle dire par là ? Parcourue d’un long frisson inquiet, elle cherche un semblant de réconfort dans le regard de son ami, avant d’éprouver le besoin de prendre Chausson dans ses bras pour se rassurer. À son grand désespoir néanmoins, ses yeux ne le trouvent pas tout de suite. « A-attendez, où est Chausson ? miaule-t-elle d’une voix où perce déjà l’affolement. Chausson… ? »

C’est un cri de Jiana qui lui indique, bien plus loin, le petit popotin remuant de son lapereau en train d’élargir un trou déjà existant sous l’imposant portail de l’orphelinat... pour disparaître rapidement derrière. Comme mue par un ressort, Léo se détache aussitôt de Giacomo pour s’élancer vers le portail en appelant son pokémon, mais celui-ci s’est déjà trop éloigné – et, tout à sa panique, trop occupée à essayer de le faire revenir, elle ne remarque pas le sourire satisfait qui éclaire fugacement le visage de la gamine. Celle-ci, qui la rejoint bientôt devant le portail, ne tarde pas à déclarer avec les accents d’une mauvaise farce attendue, les yeux plantés dans ceux de Giacomo : « Si vous voulez que je vous montre l’entrée la plus sûre, va falloir payer. Sinon, débrouillez-vous, à vos risques et périls, comme on dit. » Léo sent son cœur battre de plus en plus fort et lui remonter aux tempes. Ah ! Est-ce donc la magouille que son ami soupçonnait ? Ses lèvres se mettent à frémir de dépit : « O-oh, m-mais… mais si Chausson est en danger ? » demande-t-elle sur un ton de reproche, le regard humide. « Je suis sûre que tu n’es pas si vilaine ! » Elle renifle doucement, hélas la gamine ne semble pas particulièrement touchée par sa détresse : « Ton erreur, ma jolie. » Sur ces paroles cruelles, elle tend effrontément la main pour récupérer ce qu’elle convoite : « Ça f’ra deux-cents pokédollars. J’te fais un prix parce que t’es gentille, contrairement à ton pote. » Sans réfléchir ni même consulter Giacomo, Léo fouille déjà dans son sac pour en sortir son portefeuille et payer la somme demandée.

1075 mots.



Suite de l'enquête !:


» Léocadia gazouille en #f7797d
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Merci à Sayamour pour les deux premiers timbres ! ♡
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Giacomo Tutti

Giacomo Tutti
Modo Jeux & Ranger

C-GEAR
Inscrit le : 02/03/2020
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Région : Galar
Ven 1 Oct - 19:07
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Franchement j’aime pas trop la tournure que prennent les événements… si encore on avait pu entrer dans les ruines de nous-mêmes et en sortir comme bon nous semble, on aurait fait notre petite excursion et basta. Mais non, direct faut qu’on tombe sur cette ado bizarre qui a l’air de bien s’amuser de la situation. J’veux la jouer fine, je sais pas si j’y parviens. Je compte pas tomber dans son jeu, c’est certain. J’suis pas né de la dernière pluie, quand même, alors je questionne. Ça manque de logique son affaire. Qui irait se dire qu’il y a des meubles à voler dans un truc pareil ? C’est un orphelinat, pas le manoir de la duchesse de je sais pas quoi.

Enfin… c’est connu, l’humain peut être moche. Beaucoup se gênent pas pour dépouiller les plus démunis qu’eux. C’est pas un défaut que j’ai, au moins. J’en ai d’autres, beaucoup d’autres, mais pas celui-là. Je suis pas d’un naturel envieux ou égoïste. J’vais pas aller me ramener dans un orphelinat pour tout renverser de font en comble à la recherche de la moindre argenterie oubliée ou du moindre truc de valeur qui dort dans un tiroir. Je peux être maladroit pour beaucoup de trucs, j’manque parfois – souvent ? – de subtilité dans ce que je dis ou que je fais et j’ai un gros tas de casseroles que j’me trimballe. La force d'un homme naît de la connaissance de sa propre faiblesse. J’en ai des faiblesses mais j’irais pas voler des orphelins. Ça non.

Après… j’peux comprendre qu’elle soit méfiante aussi mais j’aime pas son air de cheftaine. Quand il est mention d’un pokémon, là, j’peux pas faire genre j’ai pas entendu. C’est plus fort que moi. A mes côtés Léocadia a aussi son lot de questions qu’elle me chuchote. « Possible… on manque d’éléments. Il a peut-être appartenu à quelqu’un qui a vécu ici ? Pour savoir faudrait connaitre l’espèce de pokémon en question. » Et encore, à la manière dont la jeune fille l’a évoqué, ça a l’air d’être la créature qui a élu domicile ici. Ça m’intrigue. Y’a énormément de scénarios possibles.

On peut dire que Léo non plus n’est pas une pro de la subtilité – ça je l’ai compris assez vite – vu la manière avec laquelle elle s’exclame face à l’orpheline. En trois phrases elle lui renvoie dans la tronche l’absence de ses parents et désormais l’état de ce toit qui était le sien. J’ai un soupir contrit que je n’arrive pas à retenir. D’un côté le naturel de mon amie m’amuse. De l’autre… je suis pas certain que ça nous aide. L’inconnue a le visage crispé et finit par reprendre la parole.

J’rebondis pour prendre l’insulte à mon compte. Si Léocadia est niaise, selon elle, alors vive les niais ! « Merci, ça nous va droit au cœur, mais on fait partie des niais qui n’en ont rien à faire des trucs de valeurs qui peuvent rester par ici. » En vrai, j’lui en veux même pas. J’comprends très bien qu’elle ait dû se forger une carapace et préfère attaquer pour se défendre. Au-delà de mon ironie, je choisis de laisser couler, ça sert à rien. D’ailleurs, à ce qu’elle dit, peut-être que j’étais pas loin du compte avec mon histoire de duchesse. Ça change rien au problème, cela dit.

« Visiter », je sais pas si c’est le terme. Faire les curieux, passer la tête pour voir, ouais. La curiosité de Léocadia ne s’est pas endormie mais les menaces voilées de mystère de l’inconnue parviennent à l’effrayer. Je hausse les épaules. J’arrive pas vraiment à capter l’intention de la jeune fille et lorsque mon amie s’affole, je me crispe. Si mon regard pouvait tuer je crois que l’adolescente serait déjà morte, disons-le tout net.

« Toi… ! » La priorité reste de retrouver Chausson et à la manière de Léocadia je scrute en tout sens, j’aurais peut-être plus de chance qu’elle. C’est Jiana qui nous met sur la piste et on a à peine le temps d’apercevoir le Flambino que celui-ci disparait. En grandes enjambées j’arrive au niveau du portail et m’agenouille pour mieux voir le trou. « Chausson ! Reviens ! » Cela ne sert à rien et ma Lapyro m’observe sans savoir quoi faire. Je me redresse, énervé. « Il faut qu’on entre ! »

Ce n’est plus une simple question de jouer les touristes, là. On doit retrouver le pokémon de Léocadia, c’est un impératif. Autant vous dire que le ton doucereux que prend l’orpheline en me fixant ajoute à ma crispation. C’est comme si tout cela était prévu d’avance, même si je vois mal comment ce serait possible.

« Tu fais ta maline, toi. Je sais pas ce qui se trame là-dedans mais s’il arrive quoique ce soit à ce pokémon… » Je sais que c’est l’un des amis les plus chers de Léo. Je refuserais qu’il soit blessé alors qu’on était ensemble et que j’aurais pu l’éviter. J’essaie de me montrer intimidant même si dans les faits… je suis inquiet, aussi, et mon regard doit me trahir. Ce que la voix peut cacher, le regard le livre et c’est peut-être pour ça que la jeune fille parvient à maintenir son air mauvais, hermétique au malheur de Léocadia.

« Ça m’étonne même pas… ça pique les affaires des gens sur les marchés, je vois pas pourquoi ça se gênerait d’aller toujours plus loin. » Je la scrute de haut en bas avec dédain. J’aime vraiment pas ce qui se passe et c’est alors que je vois mon amie qui fouille son sac. D’un geste de la main je l’arrête. « Stop Léo, tu crois vraiment ce qu’elle dit ? Je suis sûr que depuis le départ elle se joue de nous. Tu vas lui donner l’argent, et après ? Ne la crois pas. » Quand je dis qu’elle est trop naïve… J’me tourne vers l’orpheline. « Dégage. Tu es là pour nous berner, c’est tout. »

J’examine l’endroit et il y a une légère bordure en béton à côté du portail, en prenant appuie, on peut probablement escalader. « On va se débrouiller sans toi. » Et faire les choses à ma manière. « Viens Léo, on peut escalader par là. » Je la prends par la main et lui montre le rebord en béton. Puis je m’y positionne et d’un bond je m’accroche au rebord du portail. Je me hisse et une fois à cheval je tends la main vers Léo. « Fais pareil, fais-moi confiance. » Je l’invite à se positionne comme moi pour que je puisse attraper ses bras et l’aider à monter à mon niveau.

Une fois ce fichu portail franchi, on va pouvoir aller à la recherche de Chausson. Je sais qu’elle essaie de prendre sur elle mais sa panique est visible.




(1143 mots)


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