Je me déteste pour cette douche froide, mais ça a le mérite d’être efficace. Là, t’inquiète que je suis réveillé. Peut-être pas au point de dire que je suis frais comme un Luminéon, mais pas si loin. Disons qu’il ne me manque que l’entrain, presque. En vrai, je ne peux même pas dire ça, parce que c’est pas vrai. J’ai toujours de l’entrain, j’avance toujours, et globalement dans la bonne humeur, voire même dans la trop bonne humeur selon certains. C’est comme ça. Je ne sais pas rester à grommeler, faire la gueule tout ça. Genre on ne me verra pas tirer une tronche de six pieds de long dans le métro ou quoi ; perdu dans mes pensées oui, mais ça sera jamais moi, le gars mal poilé. Et pourtant j’ai de quoi, je devrais, mais non. Du coup, encore frigorifié de mon passage sous la douche – pire idée – je rejoins Matthieu dans sa cuisine. Je découvre tout un tas de trucs étalés sur le comptoir, je crois qu’il a vidé ses placards et son frigo avec tout ce qui peut faire partie d’un petit-déjeuner. Je souris. C’est adorable de sa part, et ça colle un peu trop bien au personnage. Ce gars est une crème, vraiment. Il n’a pas besoin de se plier en quatre comme ça, et je suis sûr qu’il agit de la sorte pour n’importe qui venant chez lui. J’avoue que je suis pas du tout ce genre d’hôte, je suis plutôt du genre à dire à la personne de faire comme chez elle, de regarder dans les placards, dans le frigo, et de se servir. Totalement le genre de truc qui mettrait mal à l’aise n’importe quel invité qui n’a pas le même caractère que moi. Bref.

« Tu veux du café, ou plutôt du thé ? » Bonne question, commençons par le commencement. « Tu as quoi comme thé ? » Bien évidemment, je choisis l’option chiante, l’option qui amène à un autre choix. Pourquoi faire simple quand on peut faire relou ? Je crois que ce sera mon épitaphe, ce qu’on écrira sur ma pierre tombale. « « Euh… ça ? » Matthieu me tend une boîte assez grande. Je comprends sans mal que le thé qu’il a chez lui, ce n’est pas pour lui. Ça doit être les affaires de Megumi, ça. « « Merci. » Je soulève le couvercle et découvre à l’intérieur d’autres boîtes, du thé en vrac. Plusieurs variétés, plusieurs parfums. J’ai ouvert la boîte de Pandore. Erreur stratégique. Surtout que je ne vais pas pouvoir me pencher sur le reste tant que je n’aurai pas déterminé quel thé je prends. Il va falloir le temps de l’infusion puis le temps que ça refroidisse un peu… Donc je dois lancer ça avant de commencer le reste du petit-déjeuner. Super. Et bah on va partir au random, le premier que j’attrape. Enfin, je lis quand même à quoi c’est, parce qu’on sait jamais. Un truc avec du gingembre non merci. Je me suis déjà fait avoir, et une fois, pas deux !

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Entraînement : Scalpion niv.45 (1/4) ; Granivol S niv.41 (2/4) ; Scalpion S niv.27 (1/2)
Reproduction : Sablaireau-A S

J’ai trouvé mon bonheur, et donc je passe à la suite. Quand Matthieu voit que je me débrouille, il part vers la salle de bain. Bien vite, le petit-déjeuner est terminé, alors je rassemble mes affaires, remets le canapé en ordre, replie la couverture, et puis me pose sur une chaise, avec mes chaussures à côté. Je ne veux pas donner l’impression à Matthieu que je l’attends et qu’il doit se presser. Moi, je m’en fous. Le seul truc, c’est que je ne veux pas le mettre en retard, donc je suis prêt au maximum que je puisse l’être. C’est tout.

Il ne faut d’ailleurs pas bien longtemps avant que j’entende la porte de la salle de bain s’ouvrir et que je tourne la tête dans cette direction par réflexe. Je vois le vétérinaire sortir de la salle de bain, serviette autour de la taille, et se diriger à la hâte vers sa chambre. C’est un peu rigolo de le voir se presser. Quoi que, si ça se trouve, il est à la bourre, et du coup c’est pas si rigolo que ça. J’en sais rien. De toute façon, je ne peux pas y faire grand-chose. Ou peut-être que si. Au moins ranger les trucs dans la cuisine, mais j’ai peur de ne pas ranger les choses au bon endroit. Et s’il n’est pas en retard, ça n’aura pas d’autre utilité que de mettre le bazar dans ses affaires. Donc je sais pas. A la limite la vaisselle, mais pareil, peut-être qu’il met ça directement au lave-vaisselle. Aucune idée. Donc j’ose pas trop. On m’a répété un bon nombre de fois que dans le doute, il valait mieux que je m’abstienne. Je n’ai que très rarement suivi cette maxime – avec des résultats mitigés – mais je vais m’y tenir, pour une fois. Je sais que ça partirait d’une bonne intention, il n'empêche que je préfère demander à Matthieu avant de faire quoi que ce soit.

En attendant, je vais jeter un coup d’œil à mes messages, mails, et réseaux sociaux. Si c’est dans la foulée d’hier soir, je risque de crouler sous les notifications. Et ça ne loupe pas. Je ne pourrai pas tout lire, tout regarder, mais j’ai envie d’en voir la plupart malgré tout. Je veux mettre des petits commentaires sur des tweets où je suis tagué, reposter des stories ou des trucs comme ça. Je trouverais ça trop cool. Mais il y a toute une partie business que j’ai commencé à découvrir hier. Ce n’était pas si marqué que ça après ma première Elite, là, la donne change clairement. Je n’imagine même pas ce que ça donnera par la suite !

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Entraînement : Scalpion niv.46 (2/4) ; Granivol S niv.42 (3/4) ; Scalpion S niv.30 (0/3)
Reproduction : Sablaireau-A S

J’ai une idée qui me vient d’un coup : faire un Q&A. Je me dis que c’est le meilleur truc à faire, pour que les gens puissent se sentir vus, pour me donner un peu de visibilité, aussi, j’avoue. C’est juste que j’aime le direct, j’aime la spontanéité, et puis j’aime le contact avec les autres, en fait. Et faire un live de questions et réponse me semble un excellent moyen de réunir tout ça et d’en profiter pour créer du lien avec les personnes qui me suivent. Parce qu’il y a ça aussi qui me plait, dans ma vie, dans cette carrière qui se crée, dans le fait que je devienne peu à peu une véritable personnalité publique. Et je crois bien que je compte pousser ma vie dans cette direction. C’est bizarre parce que ça rentre en conflit avec d’autres objectifs de ma vie, ou tout du moins ça n’a pas l’air super compatible sur le papier, mais je ne pense pas que ce soit si grave que ça. Il n’y a pas de vraie raison pour que ça ne coïncide pas. Je suis sûr que je peux me démerder pour trouver un moyen de moyenner. Jusque-là, ça m’a plutôt bien réussi, alors pourquoi ça ne continuerait pas sur cette lancée ? Donc ouais, la session de questions et réponses, j’ai hâte. Mais avant ça, il faut que je l’annonce. Une petite story sur Instagram pour l’annoncer et le tour est joué ! Pif paf pouf, juste un fond arc-en-ciel et un petit texte en blanc pour indiquer le Q&A avec un horaire et puis un truc pour que les gens puissent poser leurs questions.

« On y va ? » Je sais bien que la question n’est là que pour la politesse, pour la forme, et ça m’amuse. J’ai presque envie de répondre non juste parce que ce serait absolument pas ce à quoi s’attend Matthieu, en guise de réponse. Et du coup ce serait vachement drôle. Mais bon, je ne suis pas un gamin – pas totalement, on va dire – alors je m’abstiens. J’opine du chef et me lève pour le suivre. Aussitôt dit, aussitôt fait ; nous partons. Ce n’est qu’une fois avoir pris place sur le siège passager que je réalise que je vais faire face à Spyros pour la première fois depuis qu’il s’est effondré. Je pensais que j’allais le pourrir jusque-là, sauf que je n’ai plus l’impression d’être dans ce mood-là. Oui, je suis toujours en colère contre lui, et pas qu’un peu, mais ce n’est plus l’émotion prédominante, avec la peur. La différence avec hier, c’est que je me demande dans quel état d’esprit doit être mon Lucario, s’il redoute le moment où il va se retrouver à moi ou pas, s’il est inquiet, s’il se sent coupable, s’il est encore mal dans son corps et dans sa tête. Je n’en étais tout simplement pas capable. Donc la perspective de notre rencontre est bien différente de ce que j’avais prévu jusque-là. Je ne sais plus ce que je vais lui dire, et encore moins comment je vais bien pouvoir le lui dire.

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Entraînement : Scalpion niv.47 (2/4) ; Granivol S niv.43 (3/4) ; Scalpion S niv.31 (1/3)
Reproduction : Miaouss S

Le trajet a été plutôt silencieux. Enfin, pas vraiment silencieux, car Matthieu a mis la radio – je pense que c’est l’habitude – ce qui fait qu’on n’a pas vraiment parlé. Et, pour le coup je ne suis même pas resté dans mes pensées, j’ai écouté ce qui se disait et puis voilà. Peut-être que j’aurais dû en profiter pour préparer ce que j’allais dire à Spyros. Peut-être. On verra bien ce que ça donne. De toute manière, ce n’est pas comme si je pouvais remonter le temps ou quoi que ce soit d’autre. Et puis, maintenant, je suis à la clinique vétérinaire, je suis même devant la porte de la pièce où le Lucario est accueilli pour ses soins. La rencontre va se faire incessamment sous peu, il faut juste que je trouve le courage d’abaisser la poignée et d’entrer. Ça va venir, à un moment ou à un autre ! Il va bien falloir, de toute manière. Allez, une grande inspiration, et après j’improviserai. C’est pas comme si ma vie n’était pas qu’une improvisation perpétuelle !

Ok. Je vois le lit – enfin, c’est un lit pour pokémon, pas vraiment un lit, mais c’est pas genre un panier non plus – dans lequel Spyros est installé, je vois les perfusions, les moniteurs. Honnêtement, j’ai envie de faire demi-tour. Ça me replonge dans des souvenirs que je préférerais laisser derrière moi. L’hôpital, c’est devenu vraiment très dur pour moi et, même s’il ne s’agit pas là d’une clinique pour humain, l’ambiance y est suffisamment similaire pour que les émotions ressurgissent. Je suis fébrile et j’ai surtout peur que ça me submerge. Je serre le poing pour tenter de garder le contrôle, pour me recentrer sur la réalité, sur l’instant présent. Je ne revis pas ce qu’il s’est passé avec ma mère, je dois m’en convaincre. Je referme la porte derrière moi, doucement, et commence à m’avancer vers mon pokémon. Je me doute qu’il a perçu ma présence, possiblement l’état dans lequel je suis, aussi. Ces prochaines minutes vont être difficiles, je le sais déjà. Sauf que c’est inévitable ; nous devons en passer par là pour avancer.

« Salut. » J’ai dû mal à savoir comment entamer la conversation, je n’ose pas vraiment y aller. La fatigue est évidente lorsque je regarde le Lucario, et j’ai l’impression qu’il n’ose pas vraiment lever les yeux vers moi. Par contre, je ne ressens rien de tout ça. C’est hyper étrange. C’était déjà super bizarre d’avoir cette sorte de vide en son absence, mais pouvoir le justifier me permettait de mettre de la distance avec la sensation. Là qu’il est en face de moi, et que je n’arrive toujours pas à percevoir son statut émotionnel, c’est beaucoup plus difficile de rationnaliser. C’est juste plus là. C’est comme ça. Il va falloir faire avec, aussi déstabilisant que cela puisse être.

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Reproduction : Miaouss S

Je vais être honnête, je m’attendais à ce que notre connexion télépathique reprenne son cours dès mon arrivée, comme si elle ne s’était jamais interrompue pour une autre raison que le fait que Spyros soit inconscient. Constater l’inverse, je l’encaisse pas super bien, et je me dis que lui non plus ne doit pas trop bien le vivre. Après, je me demande si lui perçoit ce que je ressens, s’il arrive à se brancher sur Radio Nessa ou si la communication est bloquée dans les deux sens. Est-ce une régression ou un blocage ? Il va falloir qu’on tire ça au clair, et il va surtout falloir que j’en parle à Matthieu, parce que ce n’est pas normal. Ce n’est cependant pas ce qui importe, là tout de suite. Je reporte donc mon attention sur le Lucario, inquiet. « Comment tu vas ? » Ça me semble un bon point de départ pour initier la conversation, pour dénouer un peu les choses. La colère n’est clairement plus qu’un lointain souvenir, c’est encore là, et je l’exprimerai le moment venu, mais là j’ai d’autres Chaglams à fouetter. Je veux savoir comment mon Lucario se porte, physiquement, mais aussi mentalement. Ça a dû aussi être un coup dur pour lui, cette histoire, et je dois possiblement le mettre à jour sur ce qu’il s’est passé, sur l’Elite et tout. Il va être déçu, c’est sûr, mais en même temps, normal. Ce sera pas forcément évident pour moi d’être hyper bienveillant sur ce sujet avec lui parce que… bah bien fait pour lui. Mais en même temps, il va bien falloir que je l’accueille, sa déception. Il est en droit de la ressentir, s’il la ressent. Bref, je verrai bien quand on en parlera.

Le Lucario hausse difficilement les épaules. Couci-couça, j’en déduis. Genre pas fou mais pas pire. Ou alors il minimise encore. Comment je peux savoir s’il n’est pas encore en train d’édulcorer la vérité ? Comment est-ce que je peux lui faire confiance sur ce qu’il me dit, en fait ? Je n’en sais rien, et je pense qu’il faut que j’éclaircisse ce point d’entrée de jeu. Pas forcément en l’accusant ou en le présentant comme je le pense. Il est nécessaire que je fasse gaffe à comment j’amène les choses. Je ne veux pas direct le mettre à mal. Je vais d’abord m’assurer qu’il va mieux, et j’aborderai les choses un peu plus difficiles par la suite. Et aussi délicatement que je le peux, même si je ne garantis pas le résultat. « Est-ce que c’est vraiment pas si pire, ou ça va quand même pas vraiment bien ? Tu sais, comme tu m’as pas dit que ça n’allait pas avant… » Spyros baisse les yeux, je vois sa mine se renfrogner. Merde. J’ai l’impression de ne pas avoir rué dans les brancards, mais c’était visiblement pas assez subtil encore. Après, si ça peut l’aider à comprendre que c’était pas ok de me cacher son état, je prends. Mais disons que ça me plait pas si la conséquence, c’est qu’il se replie d’autant plus sur lui-même.

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Bon, bah je vais devoir mettre les pieds dans le plat, je pense. Ça me semble la seule chose à faire, tout mettre à plat, dans l’espoir de pouvoir repartir derrière. Autant sortir le Pachyradja dans le placard d’entrée de jeu, autant jouer cartes sur table, que Spyros sache exactement où on en est. Ce sera plus simple pour lui d’y voir clair, de savoir quelle est la situation, plutôt que laisser son imagination et ses inquiétudes possiblement dépeindre un tableau qui n’est pas la réalité. Puis ça me correspond mieux, dans la manière de faire, que les choses soient fixées directement, qu’il n’y ait pas de faux semblants et que ça nous permette de savoir à quoi nous en tenir. Ce n’est pas évident sur le coup, mais retirer le pansement d’un coup sec m’apparait être la meilleure option, dans un tel contexte. « Tes actes ont eu des conséquences, c’est un fait, mais on reviendra là-dessus plus tard, ce n’est pas ce qui compte pour l’instant. Ce qui compte pour moi, c’est que tu ailles bien. Et pour pouvoir être sûr de ça, j’ai besoin d’être sûr que tu me dis la vérité, toute la vérité. Du coup je te repose la question – et on s’en fout si la réponse n’est pas la même que la première fois – comment tu vas ? » J’ai du mal à savoir si je suis rude, juste ou au contraire trop cool. Je n’arrive pas à jauger. Tout ce que je peux dire pour l’instant, c’est que Spyros ne relève pas les yeux vers moi.

Ça n’est tellement plus naturel pour aucun de nous deux d’avoir cette sorte de barrière de la langue. C’est frustrant, parce que je sais qu’il comprendra ce que je peux lui dire, mais l’inverse non. Et puis j’imagine pas à quel point ça doit être coûteux pour lui de devoir trouver un moyen de me faire comprendre ce qu’il veut me dire, alors que c’était devenu spontané. Ok, c’est chiant pour moi de chercher à comprendre mon Lucario, mais c’est tellement plus chiant encore de galérer à se faire comprendre ! Puis rajoute l’état dans lequel il est, qui ne facilite clairement pas les choses. Surtout que ça doit, de base, pas être évident de mettre des mots sur comment il se sent. J’esquisse une petite moue, pas si loin du sourire. Je suis embêté pour lui, je vois bien qu’il ne sait pas comment s’y prendre. On va pédaler dans la semoule, je le vois gros comme une maison. « On va faire plus simple, c’est comme tu m’as dit ou c’est un peu pire ? » Lors de l’énonciation de la première option, je lève la main gauche et penche la tête du même côté, et quand je suis passé à la seconde, j’ai fait la même chose à droite. Je suppose que c’est le moyen le plus simple qu’on aura, que je lui pose des choix plutôt qu’il soit contraint de construire un propos avec seulement des gestes. Spyros bascule légèrement le museau vers la droite. Hmpf. Je m’en doutais, mais je suis content qu’il le reconnaisse.

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Entraînement : Scalpion niv.50 (1/4) ; Granivol S niv.46 (2/4) ; Lainergie S niv.40 (0/4)
Reproduction : Miaouss S

On avance, petit à petit. Je ne vais pas me plaindre du fait qu’il ait minimisé – une fois de plus – son état. Je me doute que c’est pour m’éviter de m’inquiéter outre mesure, on le fait tous. Mais je pense qu’avec ce qu’il s’est passé, il est nécessaire d’être honnête et transparent à cent pourcents. C’est le seul moyen qu’on a pour rétablir la confiance perdue et j’espère sincèrement que Spyros va jouer le jeu. Maintenant, il faut qu’on continue à voir où on en est, quelle est réellement la situation. Car elle a l’air plus compliquée que prévu, et ça ne présage rien de bon. Alors attaquons dans le vif du sujet. « Je suppose que tu t’en es rendu compte mais je ne t’entends plus, dans ma tête. Est-ce que toi, tu m’entends ? » Il secoue la tête négativement. Merde. C’est donc plus grave que ce que je pensais. Je dois impérativement en parler à Matthieu, savoir si c’est normal ou pas, si c’est l’état de santé de Spyros qui joue sur ses capacités télépathiques, si c’est irréversible ou pas. Je vais d’ailleurs aller plus loin dans mes questions. Il faut investiguer, il faut savoir. J’ai besoin de savoir exactement à quoi m’en tenir. Je ne veux pas de mauvaise surprise, je n’en veux plus. « Tu perçois encore les auras ? » Oui, je me rends bien compte que ça tourne à l’interrogatoire, et c’est pas ouf. On tire les choses au clair, et il faut en passer par là, c’est tout. Loin de moi l’idée d’instaurer une politique de flicage. Déjà, c’est pas mon genre, puis je me connais suffisamment pour savoir que flemme.

L’expression sur la gueule du Lucario me laisse comprendre que la réponse à ma question n’est pas aussi tranchée qu’un oui ou qu’un non. Alors, c’est toujours mieux que juste un non, c’est sûr, mais ça n’arrange pas mes affaires pour savoir de quoi il en retourne exactement. Je ne sais pas si je dois insister pour essayer d’y voir plus clair, si ça servirait à quelque chose. Il n’empêche que savoir que les fonctions cérébrales de Spyros sont altérées au point d’affecter sa perception de l’aura, ça m’inquiète grandement. Je ne veux pas flipper et le faire paniquer – surtout que de base, ça doit être assez terrifiant pour lui de vivre ça – plus qu’autre chose. En même temps, je me suis suffisamment inquiété pour lui ces deux derniers jours ; je sais que ce n’est pas vrai, mais je vais considérer que la source d’inquiétude est tarie, que je n’ai plus de ressources pour cette émotion en moi, et hop, on se concentre sur le principal. Et le principal, à l’heure actuelle, c’est trouver ce qu’on peut faire pour que Spyros aille mieux. Le reste, c’est accessoire, on verra quand on y sera.

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Entraînement : Scalpion niv.51 (1/4) ; Granivol S niv.47 (2/4) ; Lainergie S niv.41 (0/4)
Reproduction : Miaouss S

En fait, je me dis juste qu’on tire pas sur un homme à terre. Et ça sera ma ligne de conduite, je vais attendre qu’il se relève suffisamment pour pouvoir encaisser le coup sans s’effondrer. Dit comme ça, c’est pas fou, mais ça me semble la chose la plus considérée à faire quand on accorde une grande valeur à l’honnêteté. Je ne veux pas me faire bouffer de l’intérieur par mes émotions, et je ne veux pas non plus me sentir retenu par une impossibilité à être spontané parce qu’il y a du ressentiment latent. Hors de question. Tout simplement hors de question. Ce n’est pas dans mes valeurs et ça tombe bien, parce que même si c’était le cas, j’en suis tout bonnement incapable. Là, je m’inquiète pour la santé de mon pokémon, c’est le point numéro un. Et lié à sa santé physique, il y a sa santé mentale que je ne peux pas négliger non plus. En même temps, l’un ne va pas sans l’autre. Et dans le cas de Spyros, je suis en droit de m’inquiéter sur les deux versants.

Donc physiquement, ça va pas trop. Mentalement, ça va pas trop. Et bah super on est au top. Mais c’est pas grave, ça veut dire qu’on a encore plus de place pour tendre vers du mieux. Et ça, c’est pas mal quand même ! Faut s’accrocher au positif, il faut y croire. Alors j’esquisse un sourire, même pas un sourire de façade, j’y crois vraiment. « On va s’en sortir, je m’en fais pas pour ça. Ça sera ptet un peu chaotique, mais ça t’as l’habitude avec moi quand même, depuis le temps… » Ouais, j’en plaisante. C’est le meilleur moyen d’avancer, je trouve, dédramatiser. Après, je suis l’élément chaotique et Spyros est censé être l’élément d’ordre. En général, il me regarde avec un air blasé quand je commence à faire le zouave. Là, je vais plutôt dire que c’est la fatigue qui le conduit à ne pas réagir. Ça me semble être une meilleure raison, la raison la plus valable. Enfin, il réagit quand même un peu, il hoche la tête. Je crois même un petit bout de sourire se dessiner. Et bah ! Il aura vraiment fallu ça pour que Spyros débloque son sens de l’humour ? Sacré prix à payer, mais je me dis que ça devrait l’aider à remonter la pente. Si vraiment il commence à développer un petit sens de l’humour – même un minuscule – je vais pouvoir pleinement m’appuyer dessus.

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Entraînement : Scalpion niv.52 (1/4) ; Granivol S niv.48 (2/4) ; Lainergie S niv.42 (0/4)
Reproduction : Miaouss S