La forêt n’en finissait pas et à croire le commentaire de Luna, Santiago n’est pas le seul à le penser. La chute de la jeune femme sur un tas de feuilles mortes n’aidait d’ailleurs en rien… « Oulà, Luna, ça va ? » Elle lui répondit assez rapidement en se redressant et Santiago se permit un mouvement vers elle pour retirer une feuille restée collée à l’arrière de son épaule. « Voilà, c’est mieux comme ça. Toute une aventure ce dôme ! »
Heureusement, les deux créatures qui leur font office de guides restent à portée de vue. Luna n’a clairement pas l’intention de ralentir et Santiago lui emboîte le pas, si ce pokémon à la bougie a une piste concrète pour retrouver Kero, il faut le suivre. Plus ils progressent, plus ils se rendent compte que la forêt s’amenuise pour se terminer dans un lieu tout aussi lugubre : ce qui ressemble clairement à un cimetière ! « Hé ben… oui, c’est bien de changer de décor, on sait qu’on est bien dans le dôme hanté, au moins ! »
Il faut quelques secondes au Lucci pour parcourir l’endroit des yeux. De petites tombes en pierre abîmées un peu partout, de l’herbe haute toujours assez peu engageante, des toiles d’araignées, aussi. « Le ménage est pas fait par ici... » Commente-t-il en progressant, alors que le spectre, nouvel ami d’Asi, apparaît de nouveau, un peu plus loin. « Je pense aussi, oui, suivons-le. »
Le duo avance donc, Santiago toujours sur les talons de la jeune femme qu’il voit de plus en plus fébrile. Aucun élément ne leur permet de savoir si ce pokémon inconnu les comprend ni s’il a un quelconque lien avec le Salamèche perdu. Ils ne peuvent que se fier à une intuition. Le cimetière est un lieu bien aimé des créatures ténèbres et spectres, puisque plusieurs d’entre eux volettent tranquillement par là, se souciant peu du petit groupe qui avance jusqu’à une stèle auprès de laquelle s’arrêtent Asti et l’autre pokémon.
Rapidement, le brun comme Luna remarquent la forme orange allongée sur l’une des stèles, sa petite flamme éclairant tranquillement la zone. « Oooh. » Santiago ne trouve pas plus pertinent à dire, pour le coup, tandis que Luna se précipite vers la créature. Cela ne fait pas de doute : il s’agit bien de Kero ! Avec un sourire, le Lucci s’approche tout en laissant à la jeune femme l’espace nécessaire à ces retrouvailles.
Il s’agenouille auprès d’Asti et lui grattouille le sommet du crâne : « Joli boulot Asti, bien joué ! ». Le chien à la bougie jappe de joie, sans qu’on sache vraiment s’il comprend ce qui se passe et Santiago en profite pour le remercier aussi. « Merci à toi, comme quoi les spectres sont pas seulement des pros pour faire peur. » Le spectre jappe d’avantage, tandis que devant eux Luna serre son Salamèche entre ses bras. Santiago regarde cela d’un air attendri et lorsque la dresseuse finit par se redresser, le pokémon inconnu va célébrer le Salamèche, à sa façon.
« Ne t’en fais pas, je suis super content qu’on ait réussi à retrouver ton pokémon. » Il incline la tête en direction du pokémon Feu et il lui souffle : « Ravi de te rencontrer Kero, ta dresseuse s’est inquiétée pour toi ! » Mais apparemment, il n’y avait pas trop de raison. « On dirait qu’il a fait une belle longue sieste, en tout cas ! »
« Je n’ai besoin de rien en retour, Luna. C’est la moindre des choses d’aider les autres. » Il y a sûrement des gens plus altruistes que lui au quotidien, mais là les choses se sont faites tout naturellement. Il est venu dans ce dôme sans idée au préalable et pouvoir être utile à quelqu’un, ça ne fait pas de mal.
Vue l’attitude toute heureuse du Salamèche, celui-ci est sûrement aussi content que sa maîtresse de la retrouver. « Je crois que j’ai eu ma dose de forêt spectrale et de cimetière, là. » Il dit cela même s'il s'avère être un grand marcheur, du genre à ne pas compter ses pas quand il se balade. Il aime naviguer sur son petit bateau, pédaler sur son vélo de course, mais la marche à pied ne lui a jamais fait peur non plus. « Je sais pas si ça te dit mais perso j’irais faire un tour vers les stands du dôme, j’imagine que si on continue plus loin on tombera dessus ? »
Et tout naturellement, tandis que les dresseurs parlent, les pokémons font connaissance. Asti en est venu à renifler joyeusement autour du Salamèche dont il a reconnu l’odeur présent sur le tissu. Le pokémon Spectre, lui, continue de léviter autour d’eux, intéressé par toute cette animation. « T’es cool pour un spectre, toi. » Se souvenant alors qu’il a téléchargé une application Pokédex, Santiago récupère finalement son téléphone portable et cible la créature par le capteur de l’appareil photo.
Une voix métallique s’élève alors : « Toutombe, pokémon Fantôchien. Il est sociable et n'aime pas la solitude. Une fois qu'une personne lui accorde la moindre attention, il ne la quitte plus d'une semelle. »
« Ok, je crois qu’on s’est fait un ami ! » Tandis que le petit groupe avance, le Toutombe les suit joyeusement, entre le Caninos de Hisui et le Salamèche.
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Luna eut un très léger mouvement de recul involontaire quand le jeune homme se rapprocha pour lui retirer une feuille inaccessible pour elle. Même si elle savait qu'elle n'avait rien à craindre de Santiago (il avait eu l'occasion de lui faire du mal s'il l'avait voulu), elle avait tellement reçu de coups plus jeune qu'elle n'était pas toujours très à l'aise avec ce genre de geste. Mais bon, Luna était encore jeune, elle avait le temps de grandir et d'évoluer. Elle espérait que ce subtil sursaut passe inaperçu auprès du brun. Ou au pire, s'il l'avait remarqué, il mettrait potentiellement ça sur le compte de l'ambiance glauquesque qui fait sursauter les gens d'un rien.
- Merci.
Luna ne peut qu'approuver la remarque sur le dôme.
- En effet. Ils ont mis le paquet niveau décoration.
Pendant que le groupe avançait, la jeune femme fut frappée par le niveau de réalisme des décors. C'était très impressionnant. Puis, vint la retrouvaille avec Kero.
Santiago ne désirait donc rien en échange de son aide. C'était pour le moins... inattendu et cela laissa Luna perplexe et sans voix quelques instants. Elle dévisagea un peu son compagnon pendant ces quelques secondes. La demoiselle venait de découvrir que tout le monde n’avait pas forcément un cœur froid comme l’acier et que certains peuvent aider les autres sans rien attendre en retour. Qu’importent les raisons qui avaient poussé le jeune homme à venir au secours de la miss, l’attrait d’un récompense n’en faisait pas parti.
- Je… Merci infiniment !
Le sentiment de reconnaissance était vraiment nouveau pour Luna. En tout cas, toutes ses émotions avaient donné chaud à Luna. Elle hésita à se faire une queue-de-cheval pour dégager sa nuque et se rafraîchir, mais, bien que ses cheveux aient un peu poussé, le côté court de sa chevelure manquait toujours de longueur pour être attaché sans rendre la demoiselle totalement ridicule. Elle abandonna donc l’idée.
- Oui, je suis bien d’accord avec toi.
Sur ces mots, le ventre de la dresseuse se mit à gargouiller, en même temps que celui de Kero. Cela fit naître un sourire sur le visage de la jeune femme.
- Ah ah, on trouvera peut-être des stands de nourriture. Avec tout ça, je n’ai pas mangé depuis un moment, je commence à avoir faim et Kero aussi, on dirait.
Le Salamèche approuva les paroles de sa dresseuse par un petit cri.
- D’ailleurs, Kero, laisse-moi te présenter Santiago et son Caninos, Asti. Ils m’ont aidé à te retrouver.
- Mèche !
Après avoir fait connaissance avec Asti et le mystérieux chien fantôme, Kero se rapprocha de Santiago pour examiner l’humain qui avait porté assistance à sa dresseuse. Le brun venait de sortir son téléphone et utilisait une application pour en apprendre plus sur le chien à la bougie. C’était une très bonne idée. La jeune femme n’avait un téléphone que depuis peu alors même si elle avait déjà une des multiples applications Pokédex, elle n’avait pas encore le réflexe de l’utiliser.
- Oui ! Espérons juste que quelqu’un du dôme finisse par le récupérer, sinon il faudra faire garde partagée.
Sa blague fit rire la demoiselle. Avec la retrouvaille de Kero, elle avait également retrouvé le sens de l’humour et une certaine bonne humeur. Puis, la jeune femme s’accroupit et s’adressa au Toutombe.
- Merci à toi aussi pour ton aide, tu nous as bien aidés.
Le pokémon Fantôchien lâcha plusieurs jappements, comme pour montrer qu’il était content d’avoir pu aider, en plus de s’être fait de nouveaux amis.
Avant que le quintet ne se mette à avancer, Kero tira sur le bas du pantalon de Santiago en désignant, de l’autre patte, le tissu bleu que le jeune homme tenait toujours en main.
- Sala, sala.
Luna tourna la tête en direction de son pokémon et de Santiago tout en se redressant.
- Je crois qu’il aimerait bien récupérer son bout de tissus.
Après cet échange, le groupe se mit en route dans l’espoir de sortir du cimetière pour rejoindre des stands. La joyeuse bande serpenta entre les pierres tombales pendant plusieurs instants avant de voir apparaître au loin des espèces de cahutes. Ils avaient quitté le cimetière pour rejoindre la civilisation et les stands. Luna, toute sourire, s’adressa à son compagnon d’une matinée.
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Il ne vient pas à l’esprit de Santiago d’attendre quoique ce soit de la jeune femme, simplement parce qu’ils ont réussi à retrouver son Salamèche. Pour lui, c’est la moindre des choses et s’il avait été du genre à vouloir une récompense, il l’aurait fait savoir dès le départ. Dans d’autres situations, peut-être l’aurait-il fait, d’ailleurs. Parce que chez les Flare, ou du moins auprès de Safia, certaines choses fonctionnent ainsi. Si on ne réclame rien, on n’obtient rien. Il faut se faire connaître pour évoluer. Il faut placer les bons mots aux bons moments et aux bonnes personnes pour se faire un nom. Une phrase de sa responsable de faction qui l’a marquée et dont il sait qu’il devrait la mettre un peu plus en application.
Mais là n’est ni l’endroit, ni le moment. Luna n’a rien à voir avec des aspirations de grandeur et l’aider s’est fait naturellement, rien de plus. Il continue donc de lui rendre un sourire serein, pour qu’elle ne se prenne pas la tête avec ça. Et vu comment les trois pokémons, Asti, Kero et le Toutombe, se tournent autour, ils sont tous tout aussi contents de ce dénouement.
Par chance, la jeune femme semble avoir elle aussi sa dose de forêt et de cimetière, ou peut-être qu’elle est simplement gentille et accepte de le suivre vers les stands de nourriture qui bordent le dôme. Dans tous les cas, c’est pas plus mal, cela va leur permettre de changer un peu d’air et de se poser dans une ambiance un poil plus convivial. Tout est bien qui finit bien, après tout ! Ou peut-être a-t-elle réellement faim, car des gargouillis se font légèrement entendre. « Je crois que j’ai prononcé le mot magique ! » Il faut dire que ça creuse, cette recherche au Salamèche.
Il couve d’un regard doux le duo de pokémons Feu qui se renifle et se découvre, tandis que Luna fait les présentations. Le Lucci apprécie les pokémons Feu pour leur dynamisme et leur chaleur – dans tous les sens du terme. Ce Salamèche ne fait pas exception et réagit par de petits cris enthousiastes à ce que dit sa dresseuse. Il doit être jeune et il comprend d’autant plus l’attachement de Luna.
Après que la voix métallique de l’application de Santiago les ait renseignés sur le Toutombe, la petite troupe se met en route. « Ahah, j’avoue ! Il me réconcilie avec tous ces pokémons obscurs qui cherchaient juste à nous effrayer… Mais je pense qu’il doit y avoir des soigneurs ou des vétérinaires propres à ces dômes qui seraient tristes de le voir partir. » Tous les pokémons croisés jusque-là semblent en pleine forme, il doit bien y avoir une armée d’infirmiers pokémons en tous genres pour prendre soin d’eux.
Luna sourit et semble transformée maintenant qu’elle a retrouvé son compagnon et cela fait plaisir à voir. Le Toutombe et ses jappements s’insère tout aussi parfaitement dans ce joyeux tableau. « Voilà, ça je préfère. Le sourire te va mieux que les larmes, Luna ! » Bon, si le brun dit cela avec son habituel ton de barman-musicien-charmeur, il n’empêche que c’est vrai. Il secoue la tête et bug un instant en remarquant le Salamèche qui s’attarde autour de lui, jusqu’à tirer son pantalon. Il percute pas de suite, jusqu’à ce que Luna lui fasse remarquer qu’il a toujours le tissu fétiche de Kero sur lui, qu’il a glissé dans la poche arrière de son jean.
« Oh, oui, désolé ! » D’un geste il le récupère et le tend au pokémon qui le récupère entre ses pattes comme si c’était son bien le plus précieux (et c’est peut-être le cas). « C’est tout à toi, Kero ! »
La joyeuse troupe n’en a pas pour trop longtemps, ensuite, pour retrouver l’une des zones du dôme où se succèdent différents stands en rangs d’oignon. Il suffit de lever le nez pour sentir une foultitude d’odeurs. Il y en a pour tous les goûts.
« Ouuuh, je suis pas très difficile mais je dirais… du sucré ! » Parce que ce n’est clairement pas un secret pour ses proches, il a le palais sucré, Santiago, et il a remarqué justement un peu plus loin un stand qui semble faire des crêpes, gaufres et autres beignets. « Si j’en crois mon flair, ce qui se fait par là-bas a l’air pas mal du tout. » Avec deux grands yeux brillants, il pointe le stand du doigt avant d’ajouter : « Enfin, si ça vous va. »
Tout en progressant, il glisse à la jeune femme : « Maintenant qu’on a brillamment réussi notre mission, je peux te demander ce que tu fais dans la vie, Luna ? Et comment t’as atterri dans ce dôme ? Enfin… si tu veux. Si ça te gêne, tu m’dis, moi je suis du genre curieux par nature ! »
Ils se glissent alors au niveau du stand pour faire la queue pour être servis.
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Le mot magique, c’était le cas de le dire. Luna était bien contente de partir pour un endroit un peu moins… sinistre.
Bon, Santiago avait bien pris la blague de Luna, c’était une bonne chose. La jeune femme n’avait pas pensé un seul instant que cela aurait pu être mal interprété.
- Oui, c’est sûr, ça change un peu un spectre adorable comme lui. T’as raison, ils ont tous l’air en bonne santé, il doit y avoir une armée de soignants pour s’occuper d’eux.
La jeune femme rougit à la remarque suivante du brun. C’était con comme réaction. Ce n’était qu’un petit commentaire de rien du tout, mais on lui faisait rarement des remarques dans ce style spontannément. Du coup, la gentille réflexion couplée au ton charmeur du jeune homme déclenchèrent cette réaction incontrôlée chez la demoiselle.
- Merci.
Kero récupéra le tissu entre ses petites pattes avec un plaisir non feint et remercia Santiago d’un petit cri tout mignon. Il serra l’étoffe contre lui et se remit en route avec le reste du groupe, toujours en gardant le textile fermement serré entre ses bras. Il y tenait et ça se voyait.
- Merci pour lui.
Arrivés aux stands, Santiago informa Luna qu’il était partant pour manger sucré. Parfait, c’était ce que la jeune femme préférait. En matière de nourriture, ses goûts n’avaient pas évolué depuis longtemps : elle avait toujours aimé les sucreries, c’était toujours le cas aujourd’hui et ça le resterait certainement encore pour les années à venir. Maintenant qu’ils savaient quel type de nourriture manger, le plus dur pour elle serait de trouver quoi à manger précisément. Trop de choix possibles. Actuellement, elle aurait bien croqué dans un bon chou à la crème. Ou un beignet. Oh oui, un bon gros beignet avec un nappage citron. La demoiselle en salivait d’avance.
- Du sucré ? C’est parfait pour moi !
Kero approuva avec un rugissement très joyeux. Le Toutombe sembla adhérer à l'idée également. La créature avait lancé un nouveau jappement enjoué, qui lui valut un regard perplexe de la part de la dresseuse.
- Hum… Je ne sais pas si on a le droit de te nourrir toi…
La remarque s’en suivit d’un gémissement plutôt plaintif de la part de l’intéressé.
- Bon, on verra au stand. Le vendeur saura peut-être.
Le chien bougie réagit avec un aboiement beaucoup plus énergétique. De toute évidente, la créature comprenait ce qu’on lui racontait.
- Eh bien, faisons confiance à ton flair, nous te suivons. Et oui, je crois que ça va à tout le monde.
Nouvelle vague d’approbation de la part des pokémons.
- Par contre, c’est moi qui paie. Tu ne veux rien en échange de ton aide, alors c’est la moindre des choses que je peux faire pour te remercier.
Bon, maintenant le Salamèche retrouvé, le jeune homme voulait en savoir plus sur Luna. Ça faisait sens, mais c’était une partie où la jeune femme n’était pas très à l’aise. Mais bon, pour Santiago son sauveur, elle ferait un effort pour ne pas que ça se voit de trop.
Elle attendit que le petit groupe fasse la queue pour lui répondre. À peine étaient-ils dans la file d’attente du stand que Kero tirait sur sa robe. La jeune femme se pencha sur son compagnon et récupéra le tissu que la salamandre lui tendait. Luna le mit dans son sac à dos. Le mini-dragon ne voulait certainement pas le salir.
- On va dire que je fais des petits boulots çà et là. Je n’ai pas de travail fixe.
Ce n’était ni vraiment un mensonge, ni vraiment la vérité, mais un petit mélange des deux. La queue n'était pas très longue, ils avançaient plutôt vite. Il ne restait plus que deux personnes devant eux.
- J’ai entendu parlé des dômes depuis Céladopole, à Kantô. J’avais rien à faire alors je suis venue. Rien de très original.
Cette fois-ci, c’était entièrement la vérité. La jeune femme n’avait aucune raison de mentir sur ce sujet. Ils n’eurent pas le temps de poursuivre la conversation, c’était à leur tour d’être servi.
- Oh, quel joli petit couple nous avons là ! Qu’est-ce qui vous ferez plaisir ?
Luna pouffa de rire à la remarque du commerçant.
- Ah ah non, on n’est pas ensemble.
- Oups, pardonnez-moi les jeunes ! Bon… heu… qu’est-ce que je vous sers ?
La demoiselle allait répondre un beignet nappage citron quand elle aperçut de la pâte à crêpes à côté d’une crêpière. Elle avait maintenant très envie d’une crêpe. Elle espérait que l’artisan avait mis de la levure dans sa pâte. Tous ne le faisaient pas, mais Luna pensait que c’était mieux avec : cela donnait une crêpe puis aérienne, plus légère, plus gonflée... bref, en un mot, meilleure.
- Une crêpe avec du chocolat pour moi et une friandise pour pokémon pour mon Salamèche, s’il vous plaît ! Oh, et ce gentil Toutombe est un des pokémons du dôme. C’est possible de lui acheter un petit quelque chose ?
Le vendeur se pencha pour observer le Toutombe.
- Laissez-moi vérifier. Les pokémons appartenant aux dômes ont des puces d’authentification spéciales. Je n’ai qu’à la scanner pour vérifier s’il a déjà eu toutes ses portions de la journée.
Sur ses mots, le commerçant sortit un appareil ressemblant à un Motismart et pointa l’appareil photo de l’engin en direction du Toutombe.
- Parfait, il n’a pas encore mangé de la journée ! Ça nous fait donc une crêpe au chocolat et deux friandises pokémon pour la mademoiselle. Et pour vous monsieur ?
Pendant que Santiago commandait, la jeune femme récupéra son porte-feuille dans son sac. Après que Luna eût payé, le groupe se dirigea vers une table et s’y installa. La jeune femme donna sa friandise à Kero et posa celle du Toutombe devant lui.
- Bon appétit !
Sur ces mots, la dresseuse croqua à pleines dents dans sa crêpe.
- Huuuum, délicieux ! Ça fait telleeeement du bien de manger ! Et toi alors, qu’est-ce que tu fais dans la vie et qu’est-ce qui t’amène ici ?
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Si Santiago a bien remarqué les rougeurs qui sont nées sur les joues de Luna à son compliment, il n’en dit rien. C’est le jeu quand on se fait charmant avec une demoiselle qui le mérite. Il n’a fait que dire la vérité, après tout. La présence de son Kero à ses côtés la rend rayonnante et clairement heureuse.
Une fois auprès des stands de nourritures et particulièrement celui qui sent bon la fête foraine, dans un mélange de sucre et de chocolat fondu, l’appétit de Santiago se réveille. S’il lui arrive de manger un peu n’importe quoi n’importe comment entre ses shifts au bar ou ses répétitions avec son groupe, il est vrai qu’il ne dit jamais non à une sucrerie et autres « cochonneries » (comme dirait Esme quand il ramène des poches de bonbons qu’il picore pendant ses heures au Flamingo).
Luna acquiesce d’ailleurs avec enthousiasme et Kero aussi : « Je savais qu’on était fait pour s’entendre ! » Tout en s’approchant du stand en question, le brun scrute ce qu’on peut y trouver. Il en salive d’avance, alors que Luna répond à la curiosité du Toutombe. « Oh, t’as raison. Vu qu’il nous a guidé jusqu’à Kero il mériterait une récompense ! » Le pokémon semble comprendre vu la façon qu’il a d’aboyer aux remarques de Luna et Santiago. Le brun lui tend la main que le spectre renifle un court instant avant de venir s’y lover. Il grattouille l’animal comme il le faisait avec Asti et s’amuse de sa réaction. Puisqu’il se laisse faire, cela conforte l’idée que ce Toutombe aime la proximité des gens et des autres pokémons. « T’es vraiment pas sauvage, toi ! Mais Luna n’a pas tort, avant de savoir si on peut te donner à manger, va falloir qu’on demande. »
Puis la voix de la jeune femme s’élève à nouveau. Elle veut payer, dit-elle, et Santiago la fixe un instant circonspect, pour voir si elle dit cela par politesse, en se sentant obligée, ou si cela lui fait réellement plaisir. À son air, cela semble être la dernière option, mais il préfère quand même faire remarquer : « Oh, c’est très gentil ça ! Mais tu n’as pas à te sentir obligée non plus, tu sais. » Santiago n’est pas de ceux qui refusent la générosité féminine. Disons qu’il essaie de doser, en général. Jouer les gentlemen sans faire le gars poussif, limite archaïque. Les temps ont évolué et la gente féminine peut tout autant faire des cadeaux que les hommes, et ça il le voit très souvent au bar, d’ailleurs.
Naturellement ils rejoignent finalement la queue devant le stand et, comme à son habitude, Santiago lance la discussion en se faisant curieux. Il faut dire que dans la précipitation de la recherche du Salamèche, ils n’ont pas vraiment discuté outre mesure. Il lui laisse bien entendu la possibilité de ne pas répondre, si elle le souhaite, il ne veut pas se faire oppressant et voit bien qu’elle prend son temps, en rangeant le tissu de Kero. Lui, ça lui laisse le temps d’examiner avec une attention gourmande ce que proposent les gens qui s’affairent à servir les touristes.
« Tu fais quoi comme petit boulot ? Des trucs dans la restauration ? » Parmi les petits jobs qui recrutent pas mal, c’est sûre que y’a à faire, là-dedans. « C’est marrant, moi j’ai pas du tout entendu parler de ces dômes, j’suis vraiment tombé dessus par hasard, y’avait des affiches à l’hôtel. »
Il n’a pas le temps d’en dire plus que c’est à leur tour et le serveur les apostrophe, en les qualifiant de « joli petit couple », Santiago ça le fait sourire, en écho au rire de Luna. « On va prendre le compliment quand même ! » Parce qu’après tout, y’a « joli », dedans. Il sait que c’est aussi une façon pour le commerçant de lancer la discussion et s’en amuse plus qu’autre chose tout en se penchant sur les gâteaux, gaufres et autres beignets devant eux. Plein de choses lui font de l’oeil, mais depuis le début l’envie de crêpe se fait forte.
Luna questionne le vendeur vis-à-vis du Toutombe et le brun écoute d’une oreille, avant de sortir de quoi « scanner » la créature. « Chouette, on va pouvoir le récompenser ! Ce p’tit gars nous a bien aidé ! » fait-il en direction de l’autre homme avec un sourire.
Puis quand ce dernier lui demande ce qu’il veut, le brun se fait pas prier : « Je vais vous prendre une crêpe au caramel beurre salé. » Il se glisse dans le dos de Luna et lui souffle : « Je dis rien pour la crêpe, mais alors je règle pour Asti ! ». Il ajoute enfin : « Et une friandise pokémon pour mon Caninos, s’il vous plaît. »
Luna paie et Santiago glisse la monnaie nécessaire pour la friandise de son pokémon et tous ce beau monde s’éloigne finalement vers une table en bois, semblable à une table de pique-nique. Synchro avec elle, le brun s’agenouille pour tendre la friandise à Asti qui la met goulûment dans sa bouche. « Hé, pas trop viiite, tu vas t’étouffer ! » Il tire ensuite à lui la crêpe qu’il avait posée sur la table et en prend une bouchée. Légèrement tiède, dans ce léger mélange de sucré-salé qui lui plaît bien.
« Je suis d’accord, c’est super bon ! Merci encore ! » Il en reprend une bouchée avant de répondre sans difficulté à Luna. « Je suis venu à Paldea pour faire une course pour ma boss. Elle connaît des fournisseurs qui font de bons liquoreux, dans le coin. Je suis barman dans un bar club d’Ohana, le Flamingo. Si un jour t’as l’occasion de passer, j’compte sur toi pour venir faire un coucou ! »
Il sourit un instant à la vue des trois pokémons qui terminent de concert leur friandise et se foncent gentiment les uns sur les autres. « Mais les petits boulots, je connais aussi. J’en ai fait pas mal et on peut dire que j’en fais encore. J’ai un petit bateau à moteur, ça m’arrive de faire pas mal de livraisons. » Un temps. « Vu que c’est sur l’eau, je me dis que ça compte pas. J’aime trop naviguer ! »
La jeune femme regarda Santiago interagir avec le Toutombe et ne put qu’approuver sa remarque. En réagissant comme il le faisait, on voyait bien que le chien fantôme était on ne pouvait plus social, que ce soit avec les autres pokémons ou les humains.
Après avoir proposé de payer, Luna se rendit bien compte que l'idée n'emballait pas plus que ça son sauveur. Alors certes, la jeune femme n’avait pas à se sentir obligée de payer, mais elle tenait quand même à le faire. Elle devait beaucoup à son compagnon d’une journée et celui-ci ne voulait rien en échange, alors lui offrir à manger était vraiment la moindre des choses. En plus, pour une fois que la jeune femme n’était pas à court d’argent, elle comptait bien en profiter.
- C’est moi qui invite, j’insiste !
Le brun sembla finir par accepter l’idée de se faire payer sa nourriture par Luna, car il n’en reparla plus… jusqu’à ce qu’il se glisse derrière la dresseuse pour lui dire qu’il acceptait qu’elle règle pour lui, mais qu’il paierait pour son Caninos. Même si la jeune femme préférait offrir à manger à tout le monde, elle jugea néanmoins la proposition acceptable.
- Hum… D’accord pour ce compromis.
Une fois installés à table, la conversation put reprendre là où elle s’était arrêtée.
- Oh, des petits boulots par-ci par-là. De la restauration, ça arrive, oui. Rien de bien passionnant.
Luna restait volontairement assez vague et ne souhaitait pas spécialement en dire plus. Une fois n’étant pas coutume, elle se sentait en confiance avec le jeune homme et ne souhaitait pas mentir plus que nécessaire.
- Oui, ils parlaient des dômes au journal télévisé. CeladonTV a envoyé une équipe couvrir l’événement. Ils ont fait plusieurs mini-reportages de quelques minutes pendant plusieurs jours. Faut dire que cet été à l’air plutôt calme à Kantô, ils n’avaient pas grand-chose d’autre à se mettre sous la dent, j’imagine.
La jeune femme avait parlé pendant que le brun mangeait sa deuxième bouchée. Ensuite, les rôles s’inversèrent et ce fut la dresseuse qui croqua dans son plaisir sucré pendant que le jeune homme s’exprimait.
- Ohana ? Je connais pas, c’est où ?
La jeune femme connaissait plutôt bien sa région, mais n’avait encore que peu voyager à travers le Pokémonde, alors cette ville ne lui disait rien. Elle était seulement sûre que ce n’était pas à Kantô. Mais le plan de connaître un barman était intéressant. Elle aimait bien les cocktails (surtout ceux rentrant dans la catégorie « sucré ») et n’était jamais contre en boire un. Si elle connaissait le serveur peut-être qu’une petite ristourne était envisageable. Et si ce n’était pas possible, tant pis. Quoi qu’il en soit, elle ne demanderait pas. Son expérience lui avait appris que c’était très mal vu de quémander ce genre de chose.
- Si un jour, je passe par là, j’irais faire un tour au Flamingo, ça marche.
Le sourire radieux de la jeune femme refit son apparition sur le visage de la jeune femme pendant qu'elle observait le trio de pokémons finir leurs confiseries et se mettre à jouer ensemble. Elle était vraiment contente de voir Kero s’amuser comme ça. La salamandre n’avait que peu d’amis pokémons. Certes, il s’entendait bien avec la plupart des compagnons de la dresseuse, mais il était toujours heureux de se faire de nouveaux amis (en tout cas, c’était l’impression de Luna).
- En plus, je suis sûre que Kero serait ravi de revoir Asti.
Un bateau, ça coûtait cher, non ? Le brun était peut-être friqué. Si c’était le cas et s’ils s’étaient rencontrés dans d’autres circonstances, il aurait très bien pu être une cible potentielle. Mais l’aide qu’il avait apporté pour retrouver Kero ainsi que le soutien procuré à la jeune femme le retirait à jamais de la catégorie des beaux gosses à détrousser.
- Je n’ai jamais navigué. Kero n’apprécie pas l’eau alors j’évite le plus possible. Mais j’imagine que pour quelqu’un aimant ça, c’est le grand luxe d’avoir son propre bateau. T’as bien de la chance.
Arrivée à la moitié de sa crêpe, la jeune femme commença à voir soif. Elle n’avait pas pris le temps de boire depuis qu’elle était arrivée dans le dôme, malgré la présence d’une bouteille d’eau dans son sac. Pour l’heure, sa bouteille ne lui faisait pas très envie, elle aurait volontiers bu quelque chose de moins « tristoune ». Délaissant momentanément sa gourmandise, la jeune femme se leva.
- Je vais chercher à boire. Tu veux quelque chose ?
Santiago est d’un naturel sociable, affable et n’hésite jamais à discuter, même avec des inconnus. La chose est peut-être moins aisée pour Luna, car elle reste évasive sur les petits boulots qu’elle a pu faire. Le Lucci le comprend et n’insiste pas, préférant évoquer son propre quotidien. Le Flamingo, son bateau, la musique et les plaisirs qu’Alola a à offrir, voilà qui l’occupe sans mal. Ça et les « à côtés » pour Safia et les Flare, aussi. Des à côtés qui restent assez ponctuels, jusqu’à présent.
Le plus naturellement du monde, il alimente donc la conversation, entre deux grosses bouchées de sa crêpe qui descend à vue d’œil. « Trop bonne cette crêpe, encore merci Luna ! » Et s’il en croit l’enthousiasme avec lequel elle mange la sienne, Luna doit être tout autant satisfaite de la sienne.
Quand elle évoque le reportage qu’elle a vu et qui parlait des dômes, il hoche la tête. « Ah, ça doit expliquer pourquoi il y a autant de monde. » Autour d’eux, le va et vient des touristes et autres curieux est bien là, même s’ils sont dans le dôme « obscur ». Obscur est un bien grand mot, cela va de soi, rien n’est véritablement dangereux ici et le tout reste familial. « Comme quoi j’ai bien fait de venir, si ça a fait le tour des régions, je pourrais dire « j’y étais » ! » Il dit cela pour s’amuser mais le connaissant, ce n’est pas forcément faux. S’il peut un peu frimer il s’en privera pas.
Il en vient à parler tout naturellement de sa venue ici et il sourit en entendant la question de Luna. « Ohana, c’est un petit coin de paradis sur l’île d’Akala, à Alola. » A l’écouter, n’importe où sur l’archipel pourrait être le paradis… (sauf peut-être les endroits où les Skulls pullulent, mais bon) « C’est une ville réputée pour son Ranch au Nord et pour le Flamingo, là où je bosse. J’espère que tu auras l’occasion de découvrir ça, un jour. » D’aucuns auraient tendance à parler en de tels mots de leur ville natale, mais Santiago a fait sa vie à Ohana et n’en est pas peu fier. Elle acquiesce. « Nickel ! »
Il n’a aucun souci à faire découvrir son archipel, conscient qu’en retour, il est loin de connaître toutes les régions du monde. Il n’a voyagé que ponctuellement, jusque-là. Tranquillement, la crêpe se termine et les deux dresseurs discutent en observant les pokémons, tout proches. Ces trois-là font facilement connaissance et les confiseries y sont peut être pour quelque chose, les mettant nécessairement de bonne humeur.
« Asti adorerait ça, oui ! Ils s’entendent bien, ces trois-là. » Un peu comme des gosses dans un parc pour enfants qui s’appréhendent avec un but commun : jouer. Asti est un peu pataud, un peu bourrin, mais ni Kero ni le Toutombe ne semblent lui en vouloir, tandis qu’il va droit sur l’un et sur l’autre, pour les renifler.
Luna s’emballe un peu quand il parle de bateau et il rit gentiment : « Oulà, c’est pas vraiment un bateau de luxe, mon Extravaganza ! C’est un petit Day-Cruiser que j’ai récupéré d’occasion. Faut dire qu’Alola est un archipel. Quand tu vis sur une île, c’est fréquent que les gens aient des bateaux, t’en trouves de tous les genre et ça dépanne tellement… je peux aller d’un endroit à un autre sans attendre les ferrys blindés de touristes. » Et c’est pas peu dire, à Alola. Entre ça et les paquebots de croisière... « Mais sinon je comprends, tout le monde n’a pas forcément le pied marin. » Et c’est bien dommage, selon lui. Il n’imagine pas un monde où il aurait été incapable de mettre le pied en mer. « Moi, c’est un truc de famille, mon grand-père naviguait, il m’a transmis ça… et il paraît même que j’ai un ancêtre qui était un pirate célèbre ! T’imagines ? »
Il prend la pose et fait comme s’il repositionnait un chapeau sur sa tête. « La vie de pirate, ça m’aurait bien tenté ! » Il se rassoit finalement avec une grimace. « Mais j’suis meilleur à faire des cocktails ! »
Finalement, Luna propose d’aller prendre à boire et il se voit mal se faire inviter une deuxième fois. D’autant qu’à force de parler… il est pas contre. « Oh, bonne idée, je t’accompagne ! » Il pointe du doigt un autre stand un peu plus loin, derrière celui où ils ont pris leurs crêpes. « Là-bas ils font des jus de fruits et des smoothies, on dirait. »
Il siffle entre ses dents pour qu’Asti revienne vers lui, entraînant un petit mouvement des deux autres pokémons, et marche aux côtés de Luna. Il lui souffle d’ailleurs : « Et toi, si ce n’est pas être une grande navigatrice, qu’est-ce que tu rêverais faire, dans la vie ? » Poser la première question qui vient, il sait faire sans problème, Santiago !
La facilité avec laquelle Santiago discute enlève un poids des épaules de Luna. Quand elle est en mission "drague / séduction" dans le but de dépouiller un jeune homme, elle arrive généralement à faire la conversation (c'est tellement plus simple quand l'autre est simplement attiré et intéressé par son physique que par ce qu'elle a à raconter), mais dans ce contexte, c'est nettement plus compliqué pour elle. Alors être en compagnie de quelqu'un qui est à l'aise à l'oral la rassure pas mal.
Elle l'écoute parler de son village un sourire aux lèvres, tout en lui promettant que si elle a l'occasion, elle viendra lui rendre visite et goûter ses cocktails. Peut-être même qu'il serait envisageable qu'il lui fasse visiter l'île, ou du moins une partie de l'île. Il est sympathique et a l'air de bien connaître son île, ça serait parfait.
- Ouais, y'a pas photo là-dessus. Ça va presque être un crève-cœur de revoir les séparer tout à l'heure. Kero n'a pas vraiment de difficulté à s'entendre avec les autres Pokémon, mais je suis quand même contente qu'il puisse s'amuser comme ça... surtout après toutes les émotions de la matinée.
En effet, se faire renifler aussi bien par Asti que par le Toutombe ne le dérange absolument pas, aussi, il se laisse gentiment faire.
- Extra... vagence... za ? Je ne suis pas douée en langue, mais le nom fait grandiose pourtant. J'ai du mal à croire à un petit bateau.
Luna ne sait pas ce qu'est un Day-Cruiser, mais se force à imagine un petit bateau assez simple, comme elle en a déjà vu sur les quelques ports qu'elle a déjà visités. Enfin, simple, oui et non. Elle se l'imagine avec un petit quelque chose en plus (couleur tape-à-l'œil, accessoire rigolo...) pour se distinguer des autres et justifier son nom.
- Je vois... j'y avais jamais pensé, mais ouais, j'imagine que ça doit être maxi relou de se taper une horde de touristes à chaque fois que tu veux bouger... Alors j'comprends totalement l'envie ou même le besoin d'avoir son propre bateau. J'pense que si j'étais à ta place, j'en aurais cherché un aussi.
Et pour le coup, bien qu'elle ne soit pas particulièrement attirée par la navigation, elle dit la vérité. Entre choisir entre des bateaux touristiques hyper chargés et avoir sa propre embarcation, le choix est vite fait. Enfin, tout cela est entièrement hypothétique, car la jeune femme ne compte pas s'installer dans l'archipel. Elle est très bien sur son plancher des Ecreumeuh à Kanto.
- Wouah, un ancêtre pirate, c'est la classe !
En réponse à la pitrerie du brun, elle ne peut s'empêcher de rigoler.
- Oh, aller ! Un pirate qui fait des cocktails, c'est original ! On pourrait t'appeler Cap'taine Cocktail comme ça !
Il semble que Santiago aussi a soif, car il accepte tout de suite la proposition de Luna. En plus de se lever pour l'accompagner, il lui indique même un stand de jus de fruits. Asti, bien élevé, revient aux pieds de son dresseur en l'entendant sifflet, embarquant dans son sillage le Salamèche et le Toutombe. Luna attend que la salamandre soit à ses côtés avant de se mettre en route. Elle l'a déjà perdue une fois aujourd'hui, elle n'a pas envie de recommencer l'expérience.
Une nouvelle question du beau brun vient empêcher le silence de s'installer au sein du groupe. La jeune femme réfléchit quelques instants avant de lui répondre.
- Ce que je rêverai de faire, hein ? Je... je sais pas trop... J'aimerais aider à protéger les Pokémon du monde entier, je dirais. Les soigner, les protéger, faire en sorte qu'ils soient respectés... Quelque chose dans le genre. Petit rire nerveux. C'est p'tre un peu enfantin et naïf, mais dans un monde idéal, c'est que ce que j'aimerais faire.
Luna a été étonnamment honnête dans sa réponse. C'est une partie de sa vie où elle n'a rien à cacher, mais, généralement, elle préfère cacher cette facette de sa personnalité.
- Dans la vie réelle, je sais pas. J'aimerais garder la liberté qu'j'ai avec mes p'tits boulots. Bosser un peu et être libre de faire à peu près c'que je veux le reste du temps. C'est déjà pas mal. Un peu comme toi j'imagine, avec ton bateau. Libre avec comme seule contrainte ton taff et peut-être quelqu'un qui t'attend à la maison.
Au moment de commander, Luna choisit un smoothie aux fruits rouges, rien pour Kero (après lui avoir demandé s'il voulait quelque chose, bien sûr). Une fois les jus payés, ils commencent à s'éloigner pour déguster leur boisson tranquille. Après quelques pas, la demoiselle sent une gène au niveau de son mollet. En baissant la tête, elle remarque que c'est Kero qui essaie d'attirer son attention. Celle-ci obtenu, il fait mine de bâiller.
- T'es fatigué ?
La créature approuve d'un signe de la tête.
- Kero est fatigué, il veut rentrer, je crois. Je pense qu'après le smoothie, on va partir. Même s'il est encore tôt, on a eu assez d'émotions pour la journée. Un peu de calme ne nous fera pas de mal. T'as prévu d'autres choses de ton côté ?
S’il est facilement bavard, Santiago sait aussi être malin. Il sait parfaitement ce qu’il peut dire et ce qu’il vaut mieux garder pour soi, car tout ce qu’il fait n’est pas forcément « légal », mais… Luna n’a pas besoin de le savoir. À quoi bon ternir le tableau qu’il lui fait ? Alors il parle, vante son archipel et son goût de la navigation dans un naturel enthousiaste, tout en gardant un œil sur les pokémons qui s’amusent comme des petits fous.
« Ouais, content de voir que Kero va bien. Mais oui, la séparation va être difficile, surtout pour le Toutombe, j’imagine… je ne sais pas bien d’où viennent les pokémons qui peuplent les dômes. Peut-être de réserves ? Ou d’élevage ? En tout cas, il est bien sympathique celui-là. » Il suffit de voir l’énergie qu’il dépense sans réserve pour aller renifler tantôt Kero, tantôt Asti, sans la moindre once de peur. « C’est sûrement pour ça qu’il a été choisi, j’imagine. » Des pokémons agressifs n’auraient pas leur place dans un évènement pareil. Ce serait risquer un incident avec les visiteurs.
Santiago sourit en voyant Luna qui essaie de prononcer le nom de son bateau. « Le nom est grandiloquent justement pour brouiller les pistes ! (et parce que je suis pas un grand modeste hein !) » Il acquiesce à l’évocation des touristes, qui sont effectivement toujours plus nombreux dès que les beaux jours arrivent… « La liberté, ça a pas d’prix ! » Pouvoir bouger, particulièrement quand on grandit sur une île, c’est un luxe.
Il continue de fanfaronner quand elle s’amuse de son histoire de pirate et sourit largement à son évocation. « Cap’tain Cocktail, j’adore ! » S’il cherche à se faire un nom en la matière, c’est tout trouvé !
Le petit groupe s’approche ensuite du stand que le brun avait repéré, en passant devant et continue de papoter, comme toujours, essayant d’en apprendre un peu plus sur la jeune femme, jusque-là assez discrète, quand on y pense. Il apprécie ce qu’il entend de sa part. Naïf, c’est vrai, mais est-ce une mauvaise chose ? « C’est un joli rêve. Il y a du chemin à parcourir, en la matière, c’est clair. Quelque chose dans la médecine pokémon ? Ou dans la sauvegarde des espèces ? » Il ne s’y connaît pas plus que ça, mais il a entendu dire que certaines associations œuvrent là-dedans.
Mais, un peu comme lui, Luna sait que rêver ne fait pas vivre. L’argent tombe pas du ciel et il faut bien bosser… c’est comme ça qu’il s’est retrouvé à servir dans un bar, tout d’abord, jusqu’à préparer les cocktails. L’idéal est de trouver un compromis. « Ouep, je te comprends à 1000%, on se ressemble là-dessus. On fait des petits boulots, en attendant de voir si on arrive à trouver le truc qui nous passionnera. L’important en attendant c’est de savoir profiter des moments qu’on a à nous pour faire d’autres trucs cools. Continue de rêver quand même, faut rien lâcher. »
Parce que oui, on peut être lucide sans pour autant fermer la porte au rêve ou aux aspirations loufoques. Santiago est positif là-dessus, parmi ses passions il a la musique, et si un jour il parvient à vivre de ça, il sait qu’il aura franchi un cap.
Assez rapidement, les voilà qui commandent, un smoothie mangue-passion pour le Lucci, et ils s’éloignent finalement. C’est alors que le Salamèche se fait remarquer, semblant vouloir faire comprendre quelque chose à sa dresseuse. Santiago les regarde et saisit lui aussi que le pokémon est fatigué.
« Arf, peut-être le contrecoup de sa vadrouille. » Il continue de siroter son smoothie en écoutant Luna puis acquiesce de la tête. « Pas de souci, c’est normal. Après ces émotions vous avez mérité de vous poser, ouep. » Puis elle le questionne et il regarde l’heure sur son téléphone, avant de répondre. « Je pense que je vais continuer à me balader un peu, j’ai encore du temps devant moi. Peut-être aller voir les autres dômes, doit y avoir de quoi faire aussi. Je suis curieux de voir. »
Ah ça, la curiosité, c’est un sacré défaut, chez Santiago !
« J’espère que ça va aller pour Kero, en tout cas. » Son regard glisse ensuite sur le Toutombe. « … et pour notre ami, aussi. » Il s’agenouille devant le pokémon et le laisse renifler sa main avant de le caresser. « On va bientôt te laisser, Toutombe. Merci encore pour nous avoir aidé à retrouver Kero, je te souhaite d’encore bien t’amuser dans ce dôme. » Si l’animal ne doit pas saisir ce que lui dit le jeune homme, il apprécie les caresses que Santiago lui donne sans compter, sous le regard presque étonné d’Asti. Ce dernier n’est pas d’un naturel jaloux, mais il suffit de le regarder pour comprendre que lui aussi, il en veut, des caresses !
Le brun secoue la tête et tend l’autre main vers son Caninos. « Mais toi aussi tu y as droit, Asti ! Tu as bien aidé pour retrouver Kero, également ! » Et de lui grattouiller le sommet de la tête, comme il aime.
Luna évoqua la future séparation des Pokémon avec un petit pincement au cœur. C'était bien vrai que ces trois-là s'entendaient parfaitement bien, comme si c'était trois vieux amis qui se rencontraient de nouveau après plusieurs années sans s'être vus.
Santiago souleva la question de la provenance du Toutombe... Luna ne s'était pas posée la question de savoir d'où il venait. Mais, les hypothèses émises par le beau brun étaient de bonnes pistes. Et oui, Luna était on ne peut plus d'accord : le chien fantôme avait dû être choisi pour son côté très amical et social.
Ensuite, la conversation se tourna vers le bateau de Santiago – au nom vraiment trop compliqué à prononcer pour la jeune femme – et sur les hordes de touristes qui envahissaient l'île, surtout en été.
- C'est sûr... Pouvoir être libre et faire ce qu'on veut, quand on le veut, ou presque, c'est génial. Génial. Le mot n'était peut-être pas le mieux choisi, mais c'est celui qui vint naturellement aux lèvres de la jeune femme. Elle se reprit un peu. C'est un sacré luxe plutôt.
Voilà qui était mieux. En prononçant ses mots, elle eut une petite pensée pour les quelques années qu'elle avait passé chez la sorcière qui l'avait recueillie. Années pendant lesquelles son nombre de libertés s'élevait à environ... zéro. Une période de sa vie fort lointaine (un peu plus de trois ans) qu'elle n'aimerait revivre pour rien au monde. Elle préférait largement sa vie actuelle, malgré le fait qu'elle devait survivre grâce à des petits boulots... et des petits larcins. Mais comme disait l'insulaire, "la liberté n'a pas de prix".
Heureusement, la bonne humeur de son compagnon d'un jour la tira rapidement de ces pensées d'une vie passée. Elle ne put s'empêcher de rigoler à ses fanfaronnades, et tenta même une blague sur le nom de pirate que Santiago pourrait adopter. Blague qui sembla faire mouche. Comme quoi, Luna aussi pouvait être drôle de temps en temps.
Ils rejoignirent le stand de boisons repéré par l'originaire d'Alola tout en continuant à parler. Après avoir pris le temps de la réflexion, Luna lui raconta son rêve, de manière étrangement honnête. Peut-être qu'elle sentait qu'elle pouvait faire confiance à Santiago pour ne pas la juger ou se moquer d'elle. Et en tout cas, au vu de sa réaction, elle ne s'était pas trompée.
- Merci. Elle laissa s'échapper un petit rire nerveux lorsqu'il parla de médecine. Oula, non, pas dans la médecine. Je suis loin d'avoir les compétences ou l'intelligence pour faire infirmière ou soigneuse ! Mon idéal serait plutôt dans le sauvetage et la protection. Être plus dans l'action. Ça serait plus dans mes compétences... Enfin, je pense...
La jeune femme ne s'était jamais renseignée plus que ça, alors elle ne savait pas trop de quoi elle parlait et ne faisait que supposer les compétences nécessaires pour être soigneur Pokémon ou pour réaliser des missions de sauvetage. Enfin, dans tous les cas, Luna savait que ses envies étaient un peu illusoires, difficiles à réaliser dans le monde dans lequel elle vivait. Il y avait les rêves et la réalité. Et les rêves de la jeune femme étaient, comme leur nom l'indiquait, que des rêves. Le jeune homme semblait la comprendre et rejoindre son avis... tout en restant positif, l'encourageant à ne pas abandonner. Luna lui sourit.
- Ouais, t'as raison, faut rien lâcher... On sait jamais ce qui peut arriver... merci de me le rappeler.
Une fois les boissons commandées, Kero tenta de faire comprendre qu'il souhaitait rentrer. Luna signifia au jeune homme qu'elle et son Pokémon allait les quitter d'ici quelques minutes. Elle commença tranquillement à siroter son smoothie.
- Oui, je pense que c'est sa petite promenade qui l'a fatigué... Peut-être le stress de s'être perdu aussi... Uniquement des suppositions. C'est vrai que la journée est à peine entamée, ça serait dommage de s'arrêter là si t'as encore de l'énergie. S'ils ont autant investi dans les autres dômes que dans celui-là, ils doivent valoir le coup d'œil. J'ai pas encore prévu de partir, j'irais certainement visiter les autres demain. Santiago s'inquiéta de la santé de Kero. Oui, t'en fais pas pour lui, ça va aller. Juste un peu de repos et il sera de nouveau en pleine forme. Petit cri (approbatif ?) de la part du concerné. Le regard de Luna suivit celui du brun et atterrit sur le Toutombe devant lequel le jeune homme s'accroupit. Je suis sûre que ça ira pour lui. Je suis persuadée qu'il a pleins d'autres amis Pokémon avec qui passer du temps. Peut-être même des dresseurs aimants qui seront très contents de le retrouver ce soir.
Tandis que Santiago caressait son Caninos, Kero se fit de nouveau remarquer, faisant les petits yeux et bâillant de plus belle.
- J'ai compris. On y va. Désolée, on va y aller plus tôt que prévu. Mimant les gestes que le jeune homme avait réalisés quelques secondes auparavant, la demoiselle s'accroupit et remercia chaleureusement les deux Pokémon canins en les grattouillant. Merci beaucoup à vous deux pour votre aide. Elle se redressa. Et merci à toi aussi, Santiago. Pour l'aide pour retrouver Kero et pour le smoothie. Elle lui sourit. Et je n'oublie pas, le Flamingo, à Ohana !
Elle hésita à lui demander son numéro de téléphone, mais, comme ce n'était pas quelque chose qu'elle avait l'habitude de faire, elle se retint. Mais si jamais il le lui demandait, elle le lui donnerait – enfin, elle essayerait, elle n'était toujours pas très douée avec cet appareil de malheur qu'était son Motismart.
- Passe une bonne journée ! Salut !
Et, sur ces mots, la jeune femme commença à s'éloigner, accompagnée de son Salamèche. Après quelques pas, elle se retourna, pour faire un petit "au revoir" de la main au trio qui l'avait accompagné pendant cette matinée, avant de reprendre sa route vers la sortie.