La tignasse rousse ne bougeait pas malgré l’alarme qui s’était activée depuis plusieurs secondes déjà. Charlie ouvrit les yeux lentement et tendit le bras vers son smartphone, pour simplement trouver Bob. Celui-ci n’eut aucune réaction, trop plongé dans son sommeil, finalement, elle dut se relever pour retrouver son téléphone, tombé à terre, et couper l’alarme. Evidemment, il y en avait une dizaine à suivre, mais elle ne voulait pas non plus aller jusque-là puisqu’elle risquait encore de se faire disputer. D’ailleurs, ça ne tarda pas. Une nouvelle sonnerie fut déclenchée et la rousse se leva en supprimant toutes les alarmes restantes. Elle se dirigea tout droit vers la salle d’eau, il n’y avait pas de baignoire dans la chambre qu’on lui avait réservé, c’était un peu triste, mais elle savait que la team devait garder ses sous pour les missions plus importantes. D’ailleurs, Maël avait encore été évasif sur ce qu’elle allait devoir faire aujourd’hui. Elle se glissa sous l’eau qui coulait, un nuage de vapeur avait déjà envahi la petite pièce. Elle se réveillait peu à peu et on ne pouvait pas en dire autant de ses compagnons qui restaient à roupiller sur le lit. Jusqu’ici, elle respectait sa mission : elle devait bien présenter et elle savait que la douche allait aider en ce sens. De là à dire que le chef allait être fier d’elle, il n’y avait qu’un pas. Charlie poussa la chansonnette, de bonne humeur, commençant à danser dans la douche en se shampooinant les cheveux. Elle avait évidemment piqué ce qui se trouvait dans l’hôtel pour se laver et elle avait été aussi déçue de ne pas trouver de peignoir. Elle avait déjà vu plus luxueux quand même, mais elle allait faire avec les serviettes chaudes, disposées au préalable sur le radiateur. Charlie savait s’aménager une vie douce, quand elle le pouvait. C’était un peu son superpouvoir : être capable de dormir et de vivre dans des conditions désastreuses mais aussi se préparer un bon petit lit douillet avec peu de choses.

C’était sûrement grâce à ce talent incroyable qu’elle avait réussi à obtenir des compagnons aussi performants. Et en parlant d’eux, il serait temps qu’ils se préparent à leur tour, la jeune femme comptait sur eux pour faire du beau travail aujourd’hui, même si, encore une fois, elle n’avait aucune idée de ce qu’elle allait devoir faire. Cependant, elle avait tout à fait retenu l’endroit où elle allait devoir aller : à Romant-Sous-Bois, pour découvrir tout un tas de pâtisseries. Clairement, elle avait l’impression d’être tombée dans un piège bien cruel, car si Maël l’empêchait de goûter à tout ce qu’elle voulait, elle allait devoir faire face à une mission bien difficile.

Un message arriva sur son téléphone, son… autre téléphone. Elle devait le cacher à tout le monde, ce qui était plutôt triste car elle aurait faire des blagues avec. Sa vie de sbire était bien compliquée.

→ Tu auras une personne à rencontrer au festival. Je n’ai pas plus d’info, tu dois montrer que tu sais mettre quelqu’un de ton côté. Et n’oublie pas la livraison.

Ça, elle ne risquait pas de l’oublier, il lui en avait parlé mille fois au minimum et le paquet était dans son sac, elle devait se faire passer pour une bénévole pour rencontrer la personne à qui elle devait le donner. Maël aimait bien être mystérieux, mais à ce niveau-là c’était un peu trop. Elle devait rencontrer quelqu’un, mais elle ne savait même pas pourquoi ? Peut-être pour le faire participer à une mission future ? Mais dans ce cas, pourquoi le dire de cette manière ? C’était encore le matin et Charlie était déjà perturbée par ce message. Pourtant, elle savait que cela ne servait à rien de lui répondre, au moins avant d’avoir fini la livraison. D’ailleurs, elle aurait peut-être des réponses après cela… Elle se décida donc : elle allait d’abord finir de se préparer, puis aller directement au festival pour accomplir sa première tâche. Avec un peu de chance, elle allait recevoir d’autres informations par la suite ?

La jeune femme s’habilla tranquillement, se brossa les cheveux en essayant de les sécher puis se maquilla simplement, illuminant son teint avant de poser un trait d’eyeliner. Il fallait passer inaperçue et en même temps sa chevelure attirait de toute façon les regards. Elle espérait quand même que la personne qu’elle était censée rencontrer avait plus d’informations qu’elle. Cela lui rappelait un peu sa rencontre avec Irina et elle y pensa avec un brin de nostalgie, c’était tellement drôle. Elle espérait que cette fois encore, cela serait aussi comique comme rencontre et qu’on lui paierait encore une fois à manger.

La jeune femme sortit enfin de l’hôtel, habituellement, elle aurait gardé Ficelle sur sa tête et Bob sur son épaule, mais elle devait se montrer plus discrète que d’habitude. Maël l’avait prévenue là-dessus : lorsqu’il y a un événement, il y a souvent des caméras ou au moins des gardes. On pourrait la pister, même par amusement, il fallait être une jeune femme plutôt normale, avec évidemment une certaine passion pour le sucré, mais ce trait de personnalité, elle n’avait pas besoin de le jouer.
Elle accrocha les Pokéball de ses compagnons à sa ceinture, y compris son Arbok et Fantominus qui allaient peut-être lui être utiles si jamais une mission pointait le bout de son nez. Charlie avait essayé de comprendre ce qui pouvait l’attendre, mais cela lui échappait complètement pour le moment. Elle n’avait pas l’habitude de travailler à Kalos, c’était réservé à l’élite de l’équipe et clairement, elle ne savait pas ce qu’elle faisait là, à part pour apporter quelque chose depuis Hoenn. Charlie le savait : ignorer faisait partie de son travail, elle ne pouvait pas lutter contre cela, la curiosité était rarement récompensée chez les Flare. Alors, la rousse monta dans un bus, paquet dans le sac, Pokéball à la ceinture, sans montrer la moindre difficulté. Elle sifflota même un instant en trouvant sa place, casque sur les oreilles, c’était son téléphone (l’officiel) qui diffusa dans ses oreilles de la musique pop, alors qu’elle s’amusait à faire une bulle avec son chewing-gum.

Elle descendit à l’arrêt de bus indiqué, le festival était devant elle. Il lui fallait encore entrer pour trouver celui qui allait la libérer de son fardeau. Charlie s’étira un instant et leva les yeux vers les différentes banderoles, cela avait l’air formidable et en plus… Cela sentait déjà très bon. C’était étrange d’ailleurs, car elle ne s’attendait pas à ce que de la nourriture sucrée ait une odeur aussi forte, mais maintenant qu’elle était arrivée là, c’était clair qu’elle n’allait pas partir.
La rousse devait trouver le stand où remettre sa livraison, ce qu’elle fit rapidement. En passant derrière les stands avec une certaine assurance, tout se passa bien : personne n’osa l’arrêter. Elle arriva au niveau du type qu’on lui avait décrit, il ne pouvait pas y avoir erreur. Elle se présenta et il répondit correctement ; en quelques instants, le paquet lui était donné et la jeune femme se rendait à nouveau sur l’année principale.
Elle envoya un message à Maël qui lui confirma que la livraison était validée, elle attendit quelques secondes pour savoir quoi faire ensuite et finalement, il ne se passa rien. Elle resta donc debout au milieu de l’allée, les yeux rivés sur son téléphone (le pas officiel), avant d’avoir enfin des nouvelles. Maël lui décrivait un jeune homme qu’elle allait devoir trouver et aborder, lui disant que si jamais elle y parvenait, il lui enverrait de nouvelles informations. Elle commençait à se perdre, cela être compliqué de suivre deux conversations en même temps.

Elle s’avança naturellement vers un stand pour récupérer une sucette, tout en gardant les yeux sur son téléphone. Enfin, il venait de lui offrir quelques indices pour trouver la personne qu’elle était censée retrouver.

« Ça ne me dit quand même pas grand-chose… »

Il savait apparemment qu’il devait la retrouver près de l’entrée, pour participer tous les deux au festival. Franchement, la jeune femme se demanda si Maël n’était pas en train de lui jouer un tour, s’il n’essayait pas de la tester. Après tout, ce ne serait pas la première fois qu’il lui donnait une fausse mission pour la surveiller. Elle savait que ce n’était pas forcément de son fait, mais qu’il agissait selon les directives de leur chef. Après tout, il fallait constamment s’assurer de la loyauté de ses sbires.
Pour se faciliter la tâche, la jeune femme resta juste à côté de l’entrée du festival, gardant ostensiblement sa sucette en bouche. Si quelqu’un l’observait, il fallait un minimum être repérable. C’était pénible de ne jamais savoir si elle faisait bien ou non et finalement un jeune homme entra enfin, ressemblant au signalement. Charlie se retourna rapidement et attrapa une autre sucette du premier stand. L’inconnu devait savoir qu’elle lui proposerait quelque chose et qu’il devrait l’accepter, cela serait leur premier lien. Un peu bizarre, mais la rousse n’était pas à une bizarrerie près de toute façon.

« Tenez, c’est pour vous ! »

Elle tendit la sucette au jeune homme, elle ne tenait pas à se présenter tout de suite, ni à donner plus d’éléments sur elle avant de savoir s’il s’agissait bien de la personne avec qui elle était censée passer l’après-midi. Avec un peu de chance, il lui apporterait autant de chance qu’Elisa avait pu le faire par le passé. Elle sourit en montrant sa propre sucette, déjà bien entamée. Pourvu que cela soit bien lui, elle n’avait pas envie d’attendre trop longtemps, après tout, elle avait plusieurs heures devant elle pour tout découvrir (et aussi manger le maximum, évidemment).

Cette journée commençait plutôt bien, Charlie n’avait pas à se plaindre : la météo était agréable, elle était de bonne humeur, la sucette au goût de baie ceriz avait trouvé une place toute particulière sur sa langue et elle était entourée d’autres friandises qui avaient l’air plus délicieuse les unes que les autres. Vraiment, le tableau idéal pour passer une excellente journée, à n’en pas douter. La jeune femme n’avait à part ça que des questions à se poser : qui était la personne qu’elle allait rencontrer, à quel point était-elle au courant de ce qui allait se passer, des agissements de la Team Flare en général et surtout, était-elle plutôt bec sucré ou bec salé ? Elle espérait de tout cœur ne pas tomber sur une personne de type gronchon comme Bob, qui allait rendre sa vie un enfer en râlant à chaque nouveau stand. Non, cela serait vraiment trop pénible d’agir ainsi. Et malheureusement, elle pouvait s’attendre à tout avec Maël : au meilleur comme au pire et derrière le pire se cachait les idées les plus sournoises possibles. Si c’était un test, ils pouvaient faire exprès de lui confier le pire morveux de la Terre. Oh non, pas un gamin, ce serait vraiment terrible… Mais après tout, elle ne connaissait rien de la vie privée du boss par exemple, il avait peut-être réussi à avoir des enfants et il comptait s’en débarrasser pour une après-midi ? Charlie en nounou, ce n’était pas franchement la meilleure idée du monde, mais ce serait une vraie manière de voir sa valeur, de mesurer sa fiabilité et sa patience. Voilà déjà qu’en pensant à tout cela, la sucette pourtant exquise devenait légèrement amère dans sa bouche. La journée pouvait-elle à ce point s’assombrir ?

La rousse sentit un froid glacial parcourir son échine alors que devant elle se dressait un petit garçon d’une demi-fois sa taille. Oh non, est-ce que le grand malheur venait de s’abattre sur elle ? Elle se devait de poser la question, fatidique, pour savoir s’il faisait partie de la bande, s’il était au courant, mais avant même qu’elle n’eût l’occasion de dévoiler sa proposition, une dame attrapa la main de l’enfant et l’emmena plus loin. Il n’était donc pas son allié du jour et Charlie n’était pas passée loin de devenir la pédophile du coin. Elle éviterait soigneusement de raconter cette mésaventure à Maël, il ne risquerait pas d’apprécier la mauvaise blague…

Remise de ses émotions diverses et prête à combattre l’adversité, Charlie se remit à la recherche de celui ou celle qui allait l’accompagner. Ah voilà, il y avait là un jeune homme qui était plus ressemblant à l’idée qu’elle s’était faite de son compagnon du jour. Dans le même temps, on ne pouvait pas lui en vouloir : le petit garçon précédent avait lui aussi des atours qui correspondaient, alors il s’agissait peut-être bien d’un leurre. Maël l’avait prévenue : vigilance constante, on ne pouvait pas savoir ce qui allait se tramer avant de découvrir la vérité.

Charlie se décida donc à apostropher le jeune homme, espérant cette fois-ci qu’il allait correctement répondre et que cette étape de la recherche soit enfin validée. À première vue, le gars avait l’air plutôt sympa. Enfin, il avait quand même réussi à caler « pardon » et « merci beaucoup » dans la même phrase, alors soit c’était un très bon acteur pour faire penser à un esprit bienveillant, soit elle n'était en effet pas tombée sur le nouveau tueur en série de la région. La deuxième idée lui plaisait plutôt bien. À l’observer comme lui le faisait, la rousse poussa un léger soupir de soulagement, il avait l’air d’être un bon gars, certes il devait avoir plus de force qu’elle – mais savait-il pleurer sur commande ? –, cependant elle allait pouvoir tirer son épingle du jeu en cas de problème. Et à côté de ça, ils n'allaient pas spécialement attirer les regards : ils pouvaient tout à fait passer comme des amis ou un couple venu se remplir le ventre, donc tout allait bien.

Finalement, elle n’allait peut-être pas réussir la mission jusqu’au bout – elle était de toute façon tellement mystérieuse que cela semblait bien compliqué – mais elle pourrait au moins passer une bonne journée ?

La jeune femme pensa à bien retirer sa sucette de la bouche pour continuer la conversation avec le fameux Santiago – quel chic nom de code ! –, se disant qu’il était bon de se montrer vraiment très polie. Après tout, si elle avait bien compris, c’était elle la plus expérimentée des deux, mais ce n’était pas pour cela qu’il ne fallait pas respecter les petits débutants.

« Salut ! Moi c’est Ada ! »

Elle utilisait toujours le même pseudonyme, même si elle aurait sûrement reçu une tape derrière la tête de la part d’Irina si elle avait encore fait cela devant elle. Le plus drôle dans l’histoire était que Santiago ne pouvait pas être au courant de tout cela, alors il allait devoir faire avec, elle serait une nouvelle fois Ada pour la journée. Le fait que la championne avait quitté son poste ne l’avait pas empêché de garder ce nom, même si elle devait avouer avoir également envie de se faire appeler Kalinko Hellowell, juste pour le plaisir et aussi pour changer. Après tout, Ada Fremann, ce n’était maintenant plus trop d’actualité. Elle espérait au moins que son nouvel interlocuteur n’allait pas lui faire remarquer… Quoique, cela voudrait au moins dire qu’il suivait aussi assidument qu’elle les déboires de la Ligue. Lisait-il aussi des fanfictions sur les champions ? Ahlala, il y avait tant de questions à poser et si peu de temps à passer ensemble…

« Pas de souci, moi non plus je ne sais pas grand-chose… »

Et c’était peu dire puisqu’elle n’avait pour ainsi dire aucune connaissance sur le déroulement de la journée, tout était extrêmement flou, au point qu’elle avait l’impression que c’était un véritable piège tendu à tous les deux. Il fallait de toute façon se méfier de tout. Heureusement, le jeune Santiago ne semblait pas être un gros boulet, il lui proposa immédiatement d’entrer dans le parc aux merveilles.

« Allez ! J’espère que tu aimes le sucre, parce qu’on va en avoir pour la journée à faire tout le tour. »

Charlie voulait assez rapidement briser la glace, avec un peu de chance, il serait du même avis et ils allaient en fait passer une bonne journée ensemble, à prendre du bon temps et à s’amuser. Après tout, Maël l’avait prévenu : il pouvait aussi ne rien se passer. Cela ne la dérangeait pas spécialement, elle préférait toujours s’empiffrer de gâteaux plutôt que risquer sa vie pour une cause inconnue. Bon, elle n'avait pas non plus eu l’occasion d’aller si loin en mission, mais justement, elle ne comptait pas commencer ce jour-là – même si mourir la bouche pleine de viennoiseries ne devait pas être l’expérience la plus douloureuse, à méditer.

Comme Maël le lui avait demandé, elle confirma d’un sms qu’elle avait bien trouvé son partenaire du jour et qu’ils entraient dans l’événement. Il lui répondit d’un bref mais efficace « RAS » et elle rangea à nouveau son téléphone dans sa poche. Le pauvre Maël devait être un peu sous tension, à attendre que quelque chose se passe (ou pas). Aussi, Charlie décida de profiter jusqu’au bout de l’événement : après tout, elle était aussi là pour cela puisqu’il s’agissait de sa couverture. Il fallait faire de son mieux pour paraître tout à fait naturelle. Ce n’était pas parmi les talents de la jeune femme que de paraître normale, mais par contre elle était très forte pour être un peu folle et il fallait bien avoir un grain pour participer à ce genre d’événement avec une envie non retenue de tout dévorer. La jeune femme était donc prête à montrer ses capacités : s’emplir l’estomac sur la durée et parler la bouche pleine.

« Tu as des préférences ? Un stand par lequel commencer ? Je n’ai pas d’informations supplémentaires pour le moment… »

Charlie était quand même un peu déçue, en temps normal, elle se serait beaucoup amusée à parler en code, du genre « est-ce que tu crois qu’un stand offrira des mets plus délicieux ? » mais là, alors qu’ils marchaient sans trop savoir où aller, cela ne valait même pas la peine de s’embrouiller encore plus. Il fallait maintenant espérer que Santiago tenait bon la barre et qu’il saurait la diriger pour passer un bon moment.

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Les deux étaient enfin réunis, le premier objectif était donc rempli, même si Charlie n’était pas convaincue de la suite des opérations. Enfin, au moins la personne qu’elle venait de rencontrer semblait plutôt amicale, alors elle allait passer une journée sûrement agréable. Après tout, si tout se passait correctement, ils n’allaient pas du tout avoir besoin d’agir et ils allaient pouvoir tout simplement passer leur temps à se goinfrer, alors elle n’avait pas à s’inquiéter outre mesure sur la suite de cette journée. Au bout du compte, elle avait l’habitude de rester dans l’ignorance et cette fois, cela pouvait jouer en sa faveur : elle allait bien s’amuser, jusqu’à ce que cela ne soit plus possible. De toute façon, elle ne voulait pas devenir superstitieuse ou défaitiste, la journée pouvait être tout simplement remplie de sucreries, sans problème aux alentours. Charlie trouvait drôle de se dire que dans l’histoire, personne n’allait être salé, à part les vilains qui allaient pouvoir attaquer le festival.

Bon, par contre, avoir Santiago à côté d’elle qui n’avait aucune fichue idée de ce qui allait se passer, ce n’était pas aidant. Le groupe aurait pu diluer les informations entre eux deux, s’ils avaient coopéré, cela leur aurait permis d’éliminer la menace plus rapidement, cela aurait été vraiment plus facile. Enfin, au moins, il ne lui montrait pas non plus une sorte de supériorité malsaine genre « haha j’en sais plus que ça, t’es trop nulle », ce qui rassurait aussi la rousse, devoir se farcir quelqu’un de malpoli pendant toute une après-midi n’aurait pas été son plus grand kiff. Là, il avait l’air plutôt cool comme type et ses paroles lui permettaient de se projeter un peu plus. Il avait été choisi pour ça avait-il dit, après avoir parlé du test. Hmm… Était-il prêt pour le concours du plus gros mangeur de chewing-gum ? Était-ce là un message qu’il lui faisait passer ? Il était trop tôt pour lui demander et il fallait dire que sa mâchoire n’était pas non plus celle d’un Ecremeuh en action, il n’avait pas l’air si habitué que cela à mâcher. Pour autant, elle savait bien que l’on ne pouvait pas juger un livre à sa couverture alors Santiago avait sûrement de nombreux talents à dévoiler.

« Oui, c’est pour cela que ça va être tellement dur de se décider… »

Il n’avait pas l’air de vouloir le faire pour deux, comme il ne semblait pas prendre le lead pour les diriger… mais elle non plus ! Alors ce n’était pas pour rien qu’on l’appelait Charlidocaïne (personne ne l’appelait comme ça) : elle était capable d’endormir les soupçons de tout le monde et elle n’allait pas rater cette fois encore, elle allait jouer la gentille fille et attendre le bon moment pour lui poser la question fatidique ! S’il ne répondait pas à ça ensuite, elle le mettrait directement dans sa catégorie de « gens relous qui savent pas décider à ma place » et après attention, cela risquait d’être bien difficile d’en sortir, même s’il avait encore la chance de passer en catégorie « trop cool » très rapidement. Ils étaient quand même entourés de sucrerie, alors il allait être plutôt simple de devenir une belle personne en lui proposant une friandise. Charlie comptait très fort sur lui pour réussir tout cela et lui permettre de passer un meilleur moment.

… Et alors qu’elle lui avait donné sa seconde chance pour rendre le monde meilleur, il la repoussait d’un revers de la main. Charlie allait finir par être de mauvaise humeur s’il continuait ainsi. Heureusement, il n’avait pas l’air de faire exprès, alors c’était déjà ça, elle ne pouvait pas non plus lui mettre sur le dos de ne pas être à fond et de se montrer prudent, alors que c’était peut-être ce qu’on lui avait demandé. Comme la rousse, il essayait peut-être d’être un bon petit soldat, alors elle ne pouvait que le comprendre. C’était difficile de ne pas juger les gens directement, mais Charlie savait qu’elle devait faire attention : elle ne pouvait pas trop se faire remarquer et elle ne devait pas s’auto-mettre des bâtons dans les roues en parlant mal de son partenaire du jour. Elle allait devoir le supporter et au lieu de le rejeter, elle devait être capable de l’intégrer gentiment.

« Des comportements louches… Hmm… J’en ai déjà vu plein, c’est bien ça le problème, ou alors est-ce que les gens trop normaux sont en fait louches ? »

Mince, elle avait réfléchi à haute voix ! Santiago allait avoir un aperçu de ce qui se passait dans son esprit et là, elle risquait quand même gros. Il allait sûrement remarquer qu’elle était douée d’une réflexion un peu trop profonde et cela allait attirer sa suspicion… Elle devait faire attention : s’il comprenait sa manière de penser, il pouvait devenir une menace, mais bon, en même temps elle avait raison ! Toutes ces personnes qui se promenaient sans manger dans un tel endroit, c’était tout de même très bizarre ! Il y avait de quoi s’inquiéter tout de même !

« Oui ! Super ! »

La jeune femme dut se contenir. Elle ne pouvait pas montrer sa fébrilité, mais Santiago venait de faire un choix !!! OMG, en fait c’était lui le meilleur depuis le début, comment avait-elle pu l’ignorer, imaginer qu’elle ne pouvait pas compter sur lui ? Il était vraiment une personne incroyable, il fallait maintenant espérer qu’il allait passer à côté son comportement un peu trop enthousiaste. Et en moins de temps qu’il le fallait pour le dire – bon, en même temps, ils avaient juste à faire deux pas en avant – ils se presque devant le stand. On pourrait croire que la tâche serait aisée, mais finalement une mamie les stoppa net en posant une question nulle. Elle faisait peut-être partie des sbires du coup ? Affaire à suivre. En tout cas, elle trouvait que Santiago et la jeune femme allait plutôt bien ensemble – après tout il y a parfois des mélanges étonnants dans la nature aussi – mais en plus, le jeune homme n’avait pas l’air de vouloir rompre cette union inattendue. Il la connaissait peut-être ? Il la vouvoyait mais il y avait bien des gens qui vouvoyaient leurs grands-parents alors… Est-ce que c’était sa mamie ? La doyenne de Flare en personne ? Waw, Charlie se sentait tellement gâtée par la vie et honorée de la rencontrer.

« Oh oui ! J’ai hâte de participer à vos jeux Madame, merci de votre accueil ! »

Santiago ne lui disait probablement pas toute la vérité, il cachait bien ses petits secrets n’empêche, Charlie était à deux doigts de penser que tout ce qui baignait dans la lumière et l’huile de friture lui appartiendrait un jour… Quelle chance il avait !

« Non, je comprends que tu ne veuilles pas la vexer, c’est bien normal. Autant s’amuser aujourd’hui, après tout, tu sais, on est là pour ça… jusqu’à ce qu’il se passe un truc plus important ! »

Elle avait l’air si gentille cette mamie, Santiago était un bon garçon et voilà que Charlie se rendait de plus en plus compte de la chance qu’elle avait d’être tombée sur quelqu’un comme lui.

Et alors qu’ils approchaient enfin du stand, il avait jeté son dévolu sur des petits muffins Pikachu. Ils étaient vraiment mignons, oui, mais Charlie savait déjà ce qu’elle voulait engouffrer rapidement : des chouquettes. Elles étaient là, à lui tendre les bras, avec des petites voix mignonnes lui disant « mange moi ! », Charlie ne pouvait que craquer devant tant de tendresse, elle existait pour toutes les dévorer.

« Je pourrais goûter aux chouquettes s’il vous plaît ? »

Le gentil monsieur opina du chef avant de lui faire un petit sachet, elle avait envie de pleurer de joie et se calma rapidement en mâchonnant une chouquette avec bonheur.

« Ah ouich j’en aich quatrch avch moich. »

Oups, elle n’était pas censée parler de ses Pokémon de la vie de tous les jours, si ? Rah, tant pis, après tout, il y avait quand même des chances pour qu’ils ne se revoient jamais ou pire : qu’ils meurent ici ensemble (avec la bouche pleine, Charlie devait bien avouer que ce n’était pas si grave), alors c’était pas si grave s’il en savait un peu plus sur elle. Elle avala sa bouchée avant de poursuivre.

« Enfin, j’ai un Arbok et un Fantominus pour notre travail, mais j’ai d’autres p’tits copains pour… le reste du temps quoi. Et toi ? »

Elle se demandait comment il allait réagir à cette nouvelle révélation, avec un peu de chance, il allait être quand même assez détendu pour ne pas lui en tenir rigueur, passer à autre chose ou au contraire lui poser quelques questions gentilles… Charlie plongea encore la main dans son sachet, tournant la tête pour viser le prochain stand sur lequel se jeter quand elle s’aperçut que dans quelques instants sa vie n’allait devenir que meilleure.

« … Santi’, Santi’, y’a un jeu de la corde ou tu prends une p’tite corde et tu la tires et tu as un lot, on peut y aller dis dis dis dis dis ? »

Elle avait craqué, mais les jeux de hasard, c’était son point faible, elle vendrait son âme pour un lot de ticket à gratter, alors il fallait être prêt à la supporter là-dessus, sinon, il risquait d’en effet voir son Arbok, mais peut-être d’un peu trop près…

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Santiago semblait plutôt d’accord avec elle pour l’essentiel : les gens louches, ils allaient être capables de les voir et le sucre, c’est trop bon. À partir de ce moment-là, ils étaient amis jusqu’à preuve du contraire. Le jeune homme était vraiment gentil, il l’accompagnait dans ses délires et acceptait jusqu’à s’allier avec elle devant une vieille dame, alors c’était plutôt cool de sa part. En fait, Santiago avait vraiment l’air de prendre les choses comme elles venaient, du genre pas prise de tête et détendu. C’était déjà plus agréable de faire sa mission avec lui, plutôt qu’avec Maël, elle devait bien l’avouer. Son copain était très professionnel, dès que cela concernait une mission, il perdait tout sens de l’humour et n’était alors plus du tout sympathique. C’était assez compliqué à vivre pour Charlie qui avait besoin de légèreté. Là, elle se sentait bien et elle était prête à relever tous les défis qui pourraient encombrer cette journée. Peut-être que c’était mieux de ne pas être trop gradée pour pouvoir profiter encore pendant des années de ces missions plus simples et sans trop de dangers après tout. Elle souhaitait le plus possible se contenter de passer de bons moments et ne pas être dans un stress constant. Le sourire de Santiago l’aidait en ce sens : il avait l’air d’apprécier ces bons moments.

« Ah ouais tu trouves ? ‘Faut dire que j’ai de la chance quand même, parce que c’est vrai que mes potes sont super balèzes. »

Les chouquettes étaient tellement bonnes que s’empêcher de les manger pour répondre à Santiago était un supplice. La jeune femme faisait de son mieux et il fallait dire que le jeune homme avait réussi à piquer sa curiosité, alors elle s’était interrompue pendant son gavage de chouquettes et se sevrait doucement à l’aide de la sucette qu’elle n’avait pas terminé. Il était plus simple de la retirer de sa bouche pour parler.

« Ils ont l’air quand même forts aussi, tu devrais pouvoir les utiliser pour des combats difficiles. »

Après tout, elle n’avait pas toujours à faire appel à ses Pokémon pour réussir ses missions, donc on pouvait imaginer qu’il en serait de même pour le jeune homme. Elle avait presque envie de l’encourager sur cette voie, mais elle ne savait pas encore à quel point il était concerné par tout cela et ne voulait pas non plus trop en dire. Elle venait déjà un peu d’évoquer sa vie civile et si Maël était au courant de cela, Charlie risquait de se faire vraiment disputer. Elle ne voulait rien dire de plus, en tout cas, pour le moment. Santiago avait l’air d’être digne de confiance, mais comme elle le disait bien, les gens louches n’en avaient pas toujours l’air.

Enfin, toute sa réflexion avait volé en éclats lorsqu’elle avait remarqué la présence d’un jeu de hasard. C’était très simple : il suffisait de choisir une corde et de tirer dessus. Charlie n’avait aucune idée de comment s’y prendre pour avoir un truc chouette, mais elle se disait qu’ici, chaque corde devait donner une récompense plus ou moins équivalente. Il devait y avoir des gros lots aussi, mais pour ça, Charlie se doutait bien qu’elle n’allait pas réussir à obtenir un truc extraordinaire, cependant, elle recevrait sûrement un petit cadeau sympa.

« C’est bien le hasard aussi ! »

Santiago n’avait pas eu le temps de choisir une stratégie que le mec du stand les avait appelé. C’était donc parti pour eux. Ils se saisirent dans le même temps d’une corde et tirèrent dessus, décrochant chacun un nombre et une couleur : 37 rouge pour lui, 5 jaune pour elle. Elle haussa les épaules sur le moment, ne sachant pas si elle devait se réjouir ou non, puis patienta jusqu’à ce que son lot se retrouve entre ses mains. Le jeune homme lui proposa d’ouvrir leurs paquets en même temps. Cela amusa énormément la rousse qui découvrit une petite épinglette de Sorboul et une friandise emballée dans un papier aluminium doré, elle l’engouffra sans réfléchir et elle aurait vraiment dû l’observer avant de le faire. Alors que Santiago semblait se régaler, la jeune femme ne put s’empêcher de recracher le bonbon dans son emballage.

« C’est… un crime contre l’humanité. »

La jeune femme reprit sa sucette et tira la langue, les larmes aux yeux. Elle utilisa sa sucette pour se râper la langue avec, la finissant rapidement. Au moins, cela lui permettait de faire passer cet horrible goût.

« C’était de la réglisse… Une vraie horreur… »

Elle était dégoûtée, la journée allait devoir être bien plus amusante pour faire passer ce goût immonde. Enfin, alors qu’ils quittaient le stand, quelqu’un les appelait encore. Décidément, Charlie avait presque l’impression d’être célèbre et populaire : tout le monde la demandait, c’était formidable. Elle était donc aux aguets, peut-être était-ce un coup monté ? On les invitait à chacun des stands et tout cela était dans le but de leur tendre un piège ? La réglisse était peut-être déjà une menace de mort, après tout, cela fonctionnait bien pour Charlie.
Piège ou pas, tout cela était vraiment tentant. Charlie n’avait jamais été très forte pour la cuisine alors elle n’était pas vraiment sûre de réussir à réaliser une forme particulière, mais pour les manger, elle était présente !

« J’espère que nous allons manger la guimauve et non pas que l’on va être mangés… Cette personne fait un peu peur… »

Charlie avait fini sa sucette et se consola avec une chouquette. L’effet était vraiment immédiat, c’était toujours très agréable.

« Enfin, allons-y, j’ai hâte d’apprendre tout ça ! »

Ils se dirigèrent alors vers le stand. Quand ils arrivèrent, il semblait en effet y avoir deux places disponibles. C’était bizarre de ne pas avoir suffisamment de succès alors que c’était vraiment très attrayant. Il fallait passer derrière le stand pour prendre place à l’atelier, on leur donna directement de très mignons tabliers et on les installa devant différents ustensiles de cuisine. Charlie observa notamment le moule avec beaucoup d’intérêt : il représentait des petits Teddiursa, la jeune femme réfléchit un instant : elle allait sûrement devoir mettre d’abord le chocolat dans le moule, puis la guimauve et à nouveau du chocolat et tada… Bon, il fallait donc maintenant se concentrer, elle ne voulait pas tout faire rater pour Santiago, elle était là pour passer un bon moment avec lui.

« Tu… Tu t’y connais là-dedans ? Ça ne m’a pas l’air dur mais j’ai peur de me tromper quand même. »

La jeune femme affichait un air désolé. Elle ne voulait pas être un poids mort pour son compagnon du jour, mais elle préférait demander de l’aide plutôt que tout risquer.

« Ne vous en faites pas ! Même s’ils n’ont pas l’air beaux, ils auront toujours un bon goût. »

Ah, eh bien au moins, cette personne était douée pour rassurer tout le monde.
Une jeune femme se présenta à tout le monde : elle allait guider tous les participants sur les différentes étapes. Il y avait évidemment un petit concours pour l’atelier ! Ils avaient tous un temps imparti pour réaliser les guimauves au chocolat, une fois qu’ils les considéraient terminés, les moules seront posés sur un Séracrawl pour être rapidement solidifiés par le froid. Après une série de questions posées sur les différentes sucreries à travers le Pokémonde, les guimauves seraient démoulées et les grands gagnants annoncés.

« C’est un défi de taille, mais je pense que nous pouvons y arriver. »

Charlie voulait croire que Santiago était plus fort que lui, elle allait de toute façon donner le meilleur d’elle-même pour ne pas décevoir le jeune homme.

« Allez, c’est parti ! »

La rousse se releva immédiatement, elle ne pouvait pas perdre de la mobilité. Ils devaient d’abord faire fondre le chocolat, elle commença à casser la tablette et à le mettre dans le bol, il y avait une plaque à induction à leur disposition.

« Tu peux mettre de l’eau dans une casserole ? On va faire fondre le chocolat comme ça, j’ai vu dans une émission de cuisine que ça pouvait le rendre super beau, genre il brille après. »

La jeune femme continua son affaire avant de s’interrompre un instant.

« Ah… Oui, en fait, je connais des trucs mais c’est juste parce que j’ai regardé de la télé-réalité alors… Je compte vraiment sur toi ! »

Charlie ne voulait pas donner des mauvaises indications ou même lui faire croire qu’elle allait lui permettre de remporter le concours alors qu’elle n’avait jamais fait de guimauve. Elle espérait vraiment qu’il allait s’y connaître un peu, sinon, cela risquait d’être bien compliqué.

Le membre 'Charlie Barks' a effectué l'action suivante : Lancer de dés

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