Les théories finissent par laisser place à une réalité véritable. Je descends de ma voiture, les mains dans les poches, et j'entre. Une sonnerie électronique prévient de ma présence. C'est pratique, mais c'est bien moins chaleureux qu'un éoko comme chez mes parents. Peut-être moins agressif, aussi, et ça évite de réquisitionner un pokémon qui, contrairement à Psychopé, n'aura peut-être aucune envie de rendre ce type de service. Malgré tout, l'accueil reste désert. J'attends quelques minutes, mais puisque personne ne semble prêt à s'occuper de moi, je décide de prendre les devants. Je connais bien ce genre de lieu, ça me semble être un jeu d'enfant de m'y repérer.

Dans un premier temps, c'est un jeu de hasard. Les couloirs se ressemblent, choisir l'un ou l'autre ne repose sur peu de choses. Puis les odeurs me permettent de mieux me diriger. Pas que ce soit particulièrement malodorant, mais la forte concentration de pokémons a des conséquences difficilement évitables que même un grand nettoyage ne parvient pas à repousser plus de quelques heures. Aux odeurs se succèdent les bruits. Plus précis, je m'approche davantage du tumulte. Au milieu des fracas, une voix humaine me confirme la présence d'un des employés du refuge.

- Tss tss tss, n'essayez pas de vous échapper tous les deux. Je vous ai à l'œil, vous ne passerez pas !
- Je peux vous aider ?

Nouvelle série de tintements et claquements en tout genre, auxquels s'ajoute celui de mes talons tandis que j'accélère.

- Qui va là ?!
- Kate, mister. Kate Spring. On avait rendez-vous.
- En effet, hum… Vous ne devriez pas être ici, je vous rejoins à la réception dès que j'ai terminé avec ces… adorables sapereaux.

Manifestement, c'était loin d'être une simple formalité. Puisque j'étais déjà où je n'étais pas censée être, autant que j'aille au bout des choses. Désormais à portée de vue, je ne pouvais plus faire semblant de ne pas remarquer la maladresse qu'il avait avec ces seaux de nourriture. Cependant, les sapereaux n'en avaient que faire. Là où d'autres pokémons se seraient rués dessus pour tout dévorer avant le voisin - ou avant que le personnel ne reparte avec, compliqué de savoir ce qu'il se passe dans la tête de ces humains ! - ces deux-là semblaient vouloir retrouver leur liberté avant tout.

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Entraînement : Ptyranidur niv. 26 (0), Ptyranidur niv. 26 (0), Frigodo niv. 22 (1)
Reproduction : Carmadura [Heaume Ardent: 1 (2/3) → 1 (1/3)]

"Ce n'est qu'une question de temps, soyez patients." Ils m'inspirent de la pitié, à se battre pour ce qui leur sera accordé dans un avenir proche. Le savoir donne confiance, l'incertitude donne la peur. Du moins, tout dépend du sujet. L'inconnu a ces côtés attrayant aussi. L'objet d'une peur n'est pas toujours fuit, la recherche de l'adrénaline séduit souvent - je suis bien placée pour le savoir - ou bien c'est la curiosité peut prendre le dessus. Aujourd'hui, je suis l'inconnue. C'est moi que ces pokémons viennent observer, estimer. Je remballe ma douceur. "N'approchez pas." Posée dans le cadre de la porte, tirée mais pas verrouillée, je claque dans mes mains. Aujourd'hui, je ferai le danger. Leur peur n'est pas assez forte, ils continuent de s'approcher, bien que plus lentement. Je feule. "Jeunes sapereaux, apprenez à vous méfier, dans la nature vous n'aurez pas de seconde chance." Dure loi de la chaîne alimentaire : si vous n'êtes pas au sommet, restez sur vos gardes si vous tenez à la vie. Cette fois-ci, je pense qu'ils ont compris. Figés, ils s'éloignent ensuite, laissant à l'employé une sortie sécurisée.

- Merci, on dirait que vous avez fait ça toute votre vie.
- On peut dire que j'ai l'élevage dans le sang.

Est-ce ça que je souhaite à mes pokémons ? D'avoir peur à chaque instant pour gratter quelques heures, quelques minutes de vie ? Est-ce préférable à leur existence actuelle ? Ma confiance s'effrite. Aujourd'hui, j'ai mon propre inconnu que je souhaite repousser. J'ai mon doute à éclaircir, pour m'assurer de faire le bon choix et éviter des conséquences néfastes. L'humain a pris le contrôle du monde animal, végétal et minéral. Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités et je ne m'y soustrairai pas. Nous avons leur futur entre les mains, il faut en prendre soin. Et ce n'est qu'un employé parmi tout une équipe, mais est-ce que je peux faire confiance à quelqu'un d'aussi inexpérimenté ? J'ai une pensée pour Braséro. Je ne me fais aucun souci pour ce parasite, en revanche, une entrée dans sa cage avec si peu de sécurité et il glissera en dehors dans la seconde. Je ne suis pas certaine qu'ils arriveraient à remettre la main dessus avant qu'il ait causé de sérieux dégâts.

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Entraînement : Frigodo niv. 22 (1), Taupiqueur niv. 19 (0), Miaouss-A niv. 20 (0)
Reproduction : Qwilfish-H

D'un autre côté, je préfère largement un jeune dynamique et plein de volonté qu'un sénior blasé qui se complait sans ses défauts… Heureusement, ce n'est pas avec lui que je traite. Il me raccompagne jusqu'au hall, me demandant de ne pas mentionner ce que j'avais vu sous prétexte que je n'étais pas censée m'aventurer si loin et, même si je ne promets rien à propos de ma visite solitaire, je le rassure quant à mon silence sur les évènements. Le dénoncer à son supérieur ne servira qu'à priver une cause à laquelle je tiens d'un fidèle acteur en devenir.

Il n'en mène vraiment pas large. Après avoir fouillé le bureau pour trouver le numéro de contact du patron, du bout des doigts comme s'il craignait qu'on lui tape s'il dérangeait ne serait-ce qu'un papier, il sursaute à l'arrivée de celui-ci. Il bafouille quelques mots puis s'enfuit dans les couloirs que nous venions de quitter. J'ignore s'il se passe quelque chose spécifiquement entre cet employé et le chef, s'il était particulièrement angoissé ou si l'autre lui mettait une pression monumentale, et je ne suis moi-même pas rassurée. Pourtant, le nouveau venu ne ressemble pas à un monstre. Il ne dissimule pas une carrure de chef d'entreprise, mais il conserve une aura bienveillante de quelqu'un qui y croit. Sans doute que je me méfie trop, il me faut encore un peu plus de temps pour faire tomber mes défenses.

- Miss Spring ? Bienvenue au Refuge de la Forêt Bleue. Votre voyage s'est bien passé ?
- Très bien, merci.

Les banalités et les politesses n'aident pas à gagner ma confiance. Il est bien trop simple de se cacher derrière. Je coupe court. Ce n'est pas que mon temps est trop précieux pour le perdre, mais j'aimerais autant le passer dans une autre situation que celle-ci, où aucun de nous deux ne joue son propre rôle. Quoique… Si, c'est exactement ça. La scène n'est pas un problème, mais la mienne est là pour évoquer des émotions, pas pour me battre dans une guerre d'images.

- Oui, je venais pour plusieurs de mes pokémons. Malheureusement, je crains que leur vie à mes côtés ne leur soit pas aussi favorable que ce que j'avais imaginé.

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Entraînement : Taupiqueur niv. 21 (1), Miaouss-A niv. 22 (0), Piccasaut niv. 21 (0)
Reproduction : Démanta S

- C'est malheureusement souvent le cas et la première étape, c'est de le reconnaître.

Son ton est compréhensif. Non, il se voulait même mielleux. Alors c'est mieux que le vinaigre pour attirer les aéromites mais j'espère tout de même avoir un peu plus de jugeote que ces insectes. Quelque chose ne tourne pas rond, je le sens. Je ne sais pas, j'ai l'impression que mon argent les intéresse plus que de raison. Mais non, je dois rêver. C'est moi qui ne suis pas normale. Je vire à la paranoïa, je dois faire attention. Ça fait quelque temps que ça m'interroge autant. C'est ce même argent qui me monte à la tête ? Possible. Si c'est le cas, je préfèrerais presque ne rien avoir gagné. Tant pis pour ma belle maison dans ce charmant village. Tant pis si je dois continuer de trimer au Centre Pokémon et continuer de respirer cette pollution urbaine, et en subir l'agitation constante. Le seul regret que j'aurais, en effaçant tout ça, c'est de ne plus être en mesure d'aider mes parents. La Ferme de la Source, c'est toute leur vie. Si elle devait fermer, faute de fond, je ne suis pas certaine qu'ils s'en remettent un jour et je ne peux pas leur faire ça. Même si une part de moi a toujours jalousé cet endroit et l'attention qu'il leur soutirait.

Je laisse le directeur continuer son discours en y prêtant une oreille distraite. Ce serait une bonne solution si je dilapidais ce qu'il me reste, maintenant que les caisses de la pension sont pleines. Autant qu'il parte dans une cause comme celle-ci plutôt qu'en grosse voiture et en vêtements de luxe à l'empreinte carbone exorbitante. Ce n'est pas parce qu'on voit de moins en moins d'articles en cuir véritable que cette industrie s'est rachetée une conscience écologique, ni une éthique plus générale. Elle ne fait que s'adapter à la demande et je ne partage pas cette hiérarchie des valeurs. Je veux être convaincue par le bien fondé de mon don. Ce sera si simple. Et pourtant, du début à la fin, je ne parviens pas à faire taire cette petite alerte : quelque chose cloche. Heureusement, les discours insipides ne s'éternisent pas et laissent place à une visite des lieux.

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Attribution des ndm de septembre

Entraînement : Miaouss-A niv. 22 (0), Piccasaut niv. 22 (1), Baru niv. 55 (0)
Reproduction : Lux (Méga-Gardevoir) [Sphère Psy : 1 (2/3) → 1 (1/3)]

Même si ce n'était pas très bien parti, la visite me laisse une bonne impression finale. Si je demande un délai de réflexion, c'est davantage pour la forme. La raison conseille de ne jamais prendre une telle décision sur l'instant et je m'y tiens. L'impatience est la cause de nombreuses erreurs alors autant prendre cette peine. Il faudra bien que je revienne pour le dépôt de mes pokémons, ce qui ne m'empêche pas d'être satisfaite d'avoir franchi cette étape. Il me semble que leur nouvelle vie est en chemin, pour eux aussi. L'inaction est peut-être notre pire ennemi. Une fois combattue, tout semble à portée de main. Un engrenage se met à tourner, entraînant bout à bout les autres et abattant finalement les obstacles les plus imposants.

J'en oublierais presque le reste. A mener trop d'objectifs en même temps, il est difficile de tous les atteindre, il est vrai. Mon retard sur la conception de ma prestation ne cesse de croître. Certes. J'ai fait des choix. Sans pour autant tirer un trait dessus, elle n'est pas au sommet de mes priorités, c'est un fait. Le manque d'inspiration n'était qu'un critère parmi tant d'autres responsables de ma situation actuelle. Mais j'ai encore la possibilité d'y remédier. Maintenant que mes pokémons ont leur porte de sortie, je n'ai plus à me soucier d'eux. Il ne reste qu'à superviser Meredith pour la préparer à sa montée en scène, puis à m'occuper de la mienne. C'est à ma portée. Pour The Artist, je n'avais qu'une semaine entre la découverte du thème et le rendu final. Même si j'étais en congé, cette fois-ci, il me reste le double. L'idée globale du scénario est prête mais il faudra également me charger moi-même des costumes et décors. J'imagine que ce sera le même type d'intensité, une fois totu pris en compte. J'ai intérêt à faire simple sur ce qui est possible. Fouiller dans ma garde robe personnelle. Faire les boutiques si besoin. Je n'aime pas acheter pour ça, contribuer à la surconsommation, mais si c'est une tenue que je porterais ensuite, je peux faire une exception. En tout cas, ce n'est pas encore perdu. Si je m'en donne les moyens, je peux toujours me montrer à la hauteur des attentes.

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Entraînement : Piccasaut niv. 23 (1), Baru niv. 55 (2), Rust niv. 54 (3)
Reproduction : Flamiaou [Roche volcanique : 1 (1/3) → 0]

L'école est déserte. J'ouvre à Meredith l'entrée du personnel. Elle a ce regard investigateur de celui qui est à un endroit auquel il n'a habituellement pas accès. Les couloirs sentent encore les produits d'entretien utilisés hier par le technicien de surface, mais nous retournons bien vite au grand air dans la cour de récréation. Comme les prévisions l'annonçaient, le ciel est clair, mais nous sommes à Galar : je sais bien que le vent peut tourner à tout moment. Pour l'heure, le terrain de football est un plutôt bon support de répétition. Suffisamment dur et lisse pour faciliter les déplacements, bien plus grand que la scène finale, mais aussi assez caoutchouteux pour amortir les chutes - ce qui peut vite arriver lorsqu'on a davantage d'ambition que d'expérience, et résistant à la plupart des capacités pokémon. Bien que ce ne soit pas la norme, ici, l'entreprise qui s'était chargée de l'installer a utilisé le même matériaux que dans les écoles alentour. C'est ainsi que Mr. Dawson justifie de ne pas le refaire malgré les nombreuses imperfections, car ces matériaux faisaient gonfler le prix au-delà de sa conception du raisonnable. Et les entreprises accréditées pour ce type d'aménagements ne sont pas bien nombreuses. Son travail a l'air de lui demander beaucoup d'énergie et de réflexion. Je préférerais encore retourner travailler au Centre Pokémon plutôt que de prendre son poste de principal adjoint. Vraiment, l'infirmerie me convient très bien.

Je dépose au sol les quelques affaires que j'ai apporté avec moi et sort la pokéball de Lux. Même si ce n'est pas à moi de travailler avec mes pokémons, elle me permettra d'illustrer les conseils que j'aurais à présenter et servir d'intermédiaire si nécessaire. Ses facultés de télépathie pourront bien nous aider à faire comprendre coordinatrice et acteurs malgré des langages différents, mais ce n'est qu'une solution de secours. Meredith doit absolument comprendre comment nouer un contact avec ses pokémons pour leur communiquer ses consignes.

- Je ne vous présente pas, je crois que vous vous connaissez déjà. Meredith, Lux sera mon assistante pour cet entraînement, mais je compte sur toi pour ne pas te reposer sur elle.
- Compris. J'appelle mon pachirisu tout de suite ? » J'acquiesce. « Rhys, viens à moi ! On va faire de toi une vraie star, tu vas voir !

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Entraînement : Baru niv. 56 (3), Rust niv. 56 (0), Frigodo niv. 26 (1)
Reproduction : Fantyrm S

Sur ce, Meredith appuie sur le bouton et la pokéball éjecte la créature. C'est assez barbare quand on y pense, comme si le pokémon cessait d'exister au bon vouloir de la technologie et de celui qui l'utilise, mais est-ce pire que de les savoir enfermé dans ces sphères minuscules ? Je l'ignore. Ce qui est certain, c'est que rien ne surpasse la cruauté de les envoyer se combattre entre congénères.

Le pachirisu regarde autour de lui. Il semble assez méfiant, en particulier envers moi. Il ne fuit pas, cependant. Il reste figé, prêt à réagir au moindre geste suspect de ma part. Et je l'imite, par peur de l'effrayer davantage. Meredith m'avait parlé de lui lors de l'écriture de son scénario, mais je suis loin d'en savoir assez pour oser prétendre connaître sa réaction. Heureusement, sa dresseuse a moins de difficultés à l'approcher. Elle s'accroupi, se mettant à sa hauteur, et il s'approche d'elle, le museau en l'air comme pour guetter la présence de nourriture. Je ne suis pas surprise. Etant donné la position de ses parents à propos de détenir un pokémon, je suppose qu'elle a pour habitude de lui apporter à manger en cachette, de la même manière qu'elle a dû se cacher pour venir ici s'entraîner. Ce n'est pas sain comme relation. Un pokémon n'a besoin de personne pour combler ses besoins primaux dans la nature. L'état domestique doit lui apporter autre chose d'assez précieux pour valoir la perte de sa liberté - des soins, médicaux ou non, et de l'affection - sans quoi nous ne sommes que des parasites. Pourtant, c'est difficile de la conseiller pour renforcer leur lien. Et je sais ce que ça fait de devoir dissimuler un pokémon.

Mes parents n'ont pas été très présents pour moi. C'était assez facile de leur cacher l'existence de Lux. Mais j'ai fait une erreur, une magnifique erreur, qui leur a permis de découvrir la vérité. Alors seulement, les cachotteries n'avaient plus lieu d'être. Elles ont laissé leur place pour que Lux puisse vivre dignement. Je devais continuer de faire attention aux émotions fortes, que ce soit les miennes ou celles des autres, sans quoi Lux souffrait par écho, mais je pouvais enfin l'autoriser à ne serait-ce que sortir de ma chambre.

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Entraînement : Rust niv. 57 (1), Ptyranidur niv. 28 (0), Ptyranidur niv. 28 (0)
Reproduction : Fantyrm S