La curiosité me pousse à ouvrir les portes des salles secondaires. La première est une salle de repos tout ce qu'il y a de plus banal. Deux lits ajustables sont serrés contre les murs, un plateau roulant est libre en plein milieu et un petit meuble me permettra d'entreposer temporairement le nécessaire. En revanche, je dois rester méfiante avec ce que j'y laisse. Les élèves restent des êtres humains au comportement pas toujours rationnel. Qui sait ce qu'ils pourraient faire s'ils ont un stock de médicaments à portée de main. Les voler pour les revendre ensuite ? Les consommer en quantité excessive ? Les enfants, adolescents compris, sont comme des grimalins. Parfois d'une naïveté féérique qui tend à se perdre, parfois d'une malice à ne pas sous-estimer. La bêtise ou le désespoir pousse à certaines choses. Je serai là, à leur écoute, essayant de leur dessiner une porte de sortie, car le plus difficile est la solitude qui les empêche de parler des problèmes à ceux en mesure de leur fournir les solutions. Je ne les aurais pas toujours, mais j'ai mon propre réseau de contact. Je devrais au moins parvenir à les soulager partiellement.

Auparavant, mes patients étaient des pokémons. La communication en était limitée. Mes patients ne comprenaient pas mes mots, seulement le ton que j'employais. Peut-être certains saisissaient des sonorités qu'ils jugeaient familières, les associant à une idée à tort ou à raison, mais pas au-delà. Aux humains, je ne leur parlais que d'un autre, un membre de leur famille. Les rapports ne sont plus du tout les mêmes, mais je n'en suis pas à mon coup d'essai non plus. L'épisode de Cromlac'h était si violent que nous ne pouvions pas nous limiter à notre secteur de spécialisation. Lorsqu'on est mis au pied d'une telle catastrophe, lâché dans le chaos pour y construire un ordre, alors on rentre grandi et capable d'affronter sans mal les défis moins significatifs. Je me souviens des flammes et de la poussière. Je me souviens de la peur que notre infirmerie subisse un nouveau tremblement de terre, une réplique. Je me souviens de l'attente de recevoir des nouvelles de leurs proches. Ici, les enjeux ont une toute autre échelle. L'instabilité se trouve dans les cerveaux en construction. Des questions anodines peuvent leur sembler vitales.

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Entraînement : Ouralin niv. 54 (3), Mucuscule niv. 40 (2)
Reproduction : Vikai (Wattouat S)

Voudra-t-il sortir avec moi ? Vais-je réussir le prochain examen ? Rien de véritablement crucial, mais ils placent pourtant ces petits enjeux au centre de tout. Car s'ils n'y arrivent pas, leur vie est fichue. Ou pire, ils ne sont rien. Mais c'est surtout qu'ils ne savent rien de l'horreur. Selon les dires des journalistes, ce sont les cris de Entei qui nous en ont sortis. Après le rugissement, le temps s'est comme inversé. Les blocs effondrés se sont envolés, reposés exactement à leur emplacement d'origine puis les fissures se sont colmatées comme si elles n'avaient jamais existé. Pour les être vivants, les blessures se sont refermées. Et les morts se sont réveillés. Ils auraient pu tout simplement sortir d'un long sommeil. Certains ont témoigné de ce dont ils se souvenaient de cette expérience de mort. En tout cas, de ce dont ils disaient se rappeler, je doute qu'on puisse ressortir d'au-delà du voile une fois qu'on y a plongé. Cela dit, je n'explique vraiment pas ce phénomène. Le temps n'a jamais été associé à ce pokémon. Il est davantage le domaine de Dialga. Mais dans un cas comme dans l'autre, c'est invraisemblable. Si je n'avais pas vu ce phénomène de mes yeux, je croirais certainement à un montage vidéo. Il paraît que la technologie est maintenant capable de créer des vidéos ultra-réalistes. Ce serait bien plus plausible. Mais j'ai les souvenirs de cette réparation miraculeuse. Dois-je en conclure que les pokémons légendaires existent ? Non, les informations sont trop éparses. Trop lacunaires. Il s'agirait probablement d'un pokémon rarissime, que la méconnaissance a élevé comme Entei. Et puis, si c'était vraiment celui de la légende de Ho-Oh, que ferait-il ici ? C'est un pokémon terrestre et s'il a un jour existé, ce serait aux abords de Rosalia, ville accueillant la tour cendrée et la tour carillon. Comment pourrait-il arriver à Kalos ? Et pourquoi ? Pour causer la destruction ? Mais si c'était le cas, pourquoi tout réparer par la suite ? Les théories avancées n'ont tout simplement aucun sens. Même celle avançant un canular. L'ampleur est bien trop importante pour que ce ne soit qu'une blague. Ce n'est qu'une interprétation faussée de la réalité, telle les ombres sur le mur de la caverne.

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Entraînement : Ouralin niv. 56 (1), Mucuscule niv. 42 (0)
Reproduction : Vikai (Wattouat S)

Les préoccupations de ces jeunes n'en sont pas plus réelles. Elles sont dans tous les cas construite sur des illusions, sur un déséquilibre physique et hormonal qui conduit à une fragilité psychologique et émotionnelle. Mira allait être d'autant plus utile. La mistigrix n'aimait pas suivre mes directives, en particulier depuis son évolution, mais nous avions tout de même réussi à construire un lien de confiance toutes les deux. Et sans doute une forme de collaboration. Chacune de nous y trouve une certaine satisfaction. Elle m'était d'une grande aide. Ses pouvoirs psychiques lui permettaient de sonder l'âme et le corps des gens en quelques secondes. Elle avait appris à me prévenir lorsque l'état de mes patients se dégradait et nécessitait mon attention. Mais sa présence avait également un effet anti-stress chez la majorité des gens. Il y a toujours des exceptions, notamment ceux qui n'aiment pas ce pokémon pour une raison qui m'échappe, auquel cas je fais de mon mieux pour les rassurer puis, si ça ne fonctionne pas, pour dissuader Mira de se rendre dans leur chambre. Je suppose que les humains prendront davantage sur eux, sauf peur vraiment profonde, ce qui n'était pas toujours le cas avec les pokémons. De toute façon, l'espace ne permettait pas de segmenter sa venue.

Je cherche sa pokéball et la laisse sortir. Elle me jette un regard si intense que j'en lisais presque ses pensées. Elle se demande où elle se trouve et, surtout, comment j'ai osé lui retirer son si grand territoire. Elle changera d'avis très vite. J'entrouvre la fenêtre pour lui signifier qu'il s'étendait au-delà des murs, mais elle saute plutôt sur mon bureau et commence sa toilette en détournant la tête. Peu importe. Elle verra vite qu'ici, il y a bien moins de gens pour la déranger qu'au centre pokémon. Moins de machines également, donc moins de bruit, même si cela implique moins de cachettes également. Elle pourra se trouver sans mal un coin pour dormir en paix, sa si précieuse paix. Je poursuis ma libération de mon équipe et rapidement, je me sens à l'étroit. Ce n'est pas pour être méchante avec Oren mais un nanméouïe à tout de même un sacré gabarit et il faut lui ajouter celui d'un leveinard… Ça me parait compliqué…

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Entraînement : Ouralin niv. 57 (2), Kuru niv. 24 (0), Mucuscule niv. 43 (1)
Reproduction : Vikai (Wattouat S)

Pourtant, le bureau était de taille raisonnable. Il n'y avait pas autant de pièces et de couloirs qu'un centre pokémon, mais le fait d'être la seule infirmière limite grandement le nombre d'allers et venues. Je ne pourrais sans doute pas les laisser gambader librement, à ma grande déception. Après une longue réflexion, je me limiterai à Lux, Mira et Marigold. Je ferais appel aux autres que lorsque j'en aurai besoin. Non, déception n'est pas un terme assez fort. La situation dans laquelle cette décision me met… Mes pokémons deviennent des outils. Il est vrai qu'ils ont été choisis pour leur utilité dans mon travail, mais j'ai toujours fait en sorte qu'ils aient la liberté et le confort nécessaire pour qu'ils s'épanouissent. Les en priver revient à leur nier les droits primaires des êtres vivants. C'est abject. Pourtant, j'y suis contrainte. J'ignore s'il existe des solutions. Peut-être les laisser gambader dans la cour de l'école. Mais il faudrait pouvoir les rappeler à tout moment. Dans mon métier, perdre du temps représente un risque non négligeable. Et ils sont susceptibles de ramener des bactéries et autres saletés de l'extérieur. Je refuse qu'ils s'approchent de plaies avec les pattes pleines de boue. Je vais devoir réfléchir. Je ne suis vraiment pas convaincue de rester travailler ici si cela signifie ranger de côté toutes mes revendications. Je ne peux pas vivre dans un climat aussi différent de mon identité. J'ai déjà plié une fois. C'était la fois de trop. Je ferais en sorte que ça n'arrive plus. Peut-être que je devrais retourner sur les routes finalement. La vie au centre ne me plaisait pas, mais je ne me souviens même pas pourquoi je n'ai pas simplement suivi mon rêve. Mon équipe est prête. N'était-ce qu'une preuve d'impatience ? Non, les places d'infirmier itinérant sont chères. Elles sont très limitées et prisées de tous ceux qui refusent de rester à un seul endroit. Au lieu de ça, j'ai jeté mes envie de voyage pour acheter une maison. Le stade ultime de la stabilité. Bon, peut-être pas, le dernier palier serait plutôt la stabilité familiale, avec le mariage et les enfants, mais c'est tout de même une preuve assez élevée. J'espère ne pas le regretter.

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Entraînement : Ouralin niv. 58 (1), Kuru niv. 25 (1), Mucuscule niv. 44 (0)
Reproduction : Vikai (Wattouat S)

Tant de questions. Tant de problèmes. Et peu de solutions. Ce n'était pas la manière dont j'avais imaginé mon arrivée ici. Ce n'est pas à la hauteur de mes espérances pour le moment. Pour me changer les idées, je décide de me mettre sur la création de mon compte officiel. Je choisis pour commencer un réseau de photographie avec de courts contenus. C'est de ce que j'ai vu la communauté la plus positive, même si l'image n'est pas particulièrement ce que je voudrais mettre en avant. Avant tout, il me faut un nom unique. Puisque mon identité est publique, j'essaye de la sélectionner. "@kate_spring_official", ça me semble bien. Coup de chance, personne n'a encore pris ce pseudonyme. Sans doute qu'il n'y a pas de personnalité publique qui porte le même nom que moi. Ensuite, une image de compte… En toute logique, ce devrait être un portrait de moi, mais ce n'est pas très original. Quant à Lux, elle n'est pas vraiment apparue à mes côtés dans la cadre des concours. Ce n'est donc pas une idée judicieuse. Il faudrait que je me distingue, tout en restant dans ce qui me ressemble. Je fouille ma galerie photo. Au milieu de toutes celles me servant de mémo ou pour partager un moment dans son contexte, il y en a certaines d'exploitable. Des photos où je prends la pause dans la tenue de ce que je considère encore comme ma meilleure prestation : celle où Jane s'aventurait dans un temple ancien rempli de pièges. Mais le costume d'archéologue, plus cliché que réaliste, n'était pas non plus ce que je voulais refléter. Peut-être plutôt ma prestation en doudoune, sur le terrain enneigé ? Non… En avançant dans le temps, je retrouve le moment de The Artist. J'étais arrivée dans l'émission avec la tenue qui m'avait vu débuter les concours et, même si ce moment n'avait pas été transmis à la télévision, c'est une robe que j'apprécie énormément. J'avais envoyé cette photographie à Billy pour avoir son avis, assez mitigé mais que j'avais volontairement ignoré. Ce n'est peut-être que pour un court moment, mais pour le moment, elle fera très bien la pause. Une manière de me présenter peut-être pas très intrigante mais qui permettra de m'identifier facilement.

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Entraînement : Ouralin niv. 59 (1), Kuru niv. 27 (1), Mucuscule niv. 45 (0)
Reproduction : Vikai (Wattouat S)

Dans tous les cas, ce compte a pour seul et unique but d'informer. Il n'a pas pour vocation de séduire les foules. Et la photographie sera complétée par une description. C'est là que l'équilibre est difficile. Je dois me mettre en avant sans sembler prétentieuse. Je décide de remettre à plus tard. Je note simplement quelques mots clés. #Coordination, #Concours, #Galar et, après une courte hésitation, #The_Artist et #The_Artist_s1. Je suis certaine de beaucoup m'ont découverte par ce biais, il est normal de leur faciliter l'accès à ce compte également. Peut-être que je l'enverrais une fois ma communauté suffisamment rassemblée. La prochaine étape serait de faire mon premier post, mais pour celà, il faut bien sûr une image et un contenu à partager. Je ne peux pas me contenter de dire "Hello, je me lance sur PokéInsta, welcome sur ma page". Une publication se soigne un minimum. Je ne sais même pas ce que je pourrais dire. Si je laisse ma page à l'abandon ne serait-ce qu'une semaine, est-ce que je serais oubliée ? Je pourrais donner des conseils pour débuter en coordination, mais ce serait sans doute mal perçu, d'autant que mes dernières prestations n'ont pas toujours séduit. Des conseils pour bien s'occuper de ses pokémons ? Ce serait un moyen de même ma nouvelle notoriété au profit de mes idéaux, donc pourquoi pas. Mais le réseau fourmille de ce genre d'astuces. Évidemment, je pourrais me concentrer sur les conseils médicaux, mais je risque surtout d'inciter malgré moi à l'automédication et ses conséquences désastreuses. J'ai beau me creuser la tête pour trouver une idée qui rassemble tout ce que je recherche, je ne trouve rien. Il faut dire qu'il y en a, des critères. Un contenu qui intéresse, qui me ressemble, qui a un impact positif sur la société et suffisamment large pour permettre de distiller des informations dans des posts réguliers. Je comprends pourquoi il y en a qui payent pour mettre à jour leurs réseaux sociaux. Je me passerais bien de cette réflexion chronophage et énergivore. Mais je repense au primeur. J'ai besoin de mettre un visage sur cette demande. Sur mes fans. Ils existent. Je ne peux pas le nier. Et j'en suis flattée mais pour ne pas les décevoir, je m'embarque sur un chemin qui n'est pas le mien.

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Entraînement : Ouralin niv. 59 (3), Kuru niv. 28 (1), Mucuscule niv. 45 (2)
Reproduction : Vikai (Wattouat S)

J'ai été propulsée malgré moi vers cette notoriété. Non pas que je ne la souhaite pas, je suis vraiment fière d'où j'en suis arrivée et je me sens toujours à ma place sur scène, mais j'ai atteint au-delà de mes espérances. Au-delà de ce que j'étais en mesure d'imaginer. Ce monde, je le voyais par le dessous et, une fois au-dessus des nuages, il y a ce ciel étoilé que je peux frôler de mes doigts. Pourtant, je me demande pourquoi il y a un public qui m'aime, moi, et pas une autre. Non pas que je n'ai rien pour plaire, au contraire, mais ils ne me connaissent qu'au travers de mes mises en scène. J'ai bien eu quelques interviews, rien qui soit en mesure de leur montrer qui je suis au fond. Je ne sais même pas si ça les intéresse. Mais ils me regardent. J'ai quelques yeux braqués sur moi. Qu'est-ce que j'ai envie de dire à ces gens-là ? Je sais. C'est évident au fond. Je veux leur dire de donner leur chance aux pokémons de refuge. De leur donner une seconde vie qui soit digne d'eux. Je l'avais déjà dit à la suite de ma première prestation de The Artist. L'avantage du direct étant que je ne pouvais pas vraiment être coupée au montage, le message a dû passer et envahir les esprits. Les juges et les présentateurs n'ont pas insisté, ils se concentraient sur l'émission, mais qu'importe, certains ont bien dû être touchés. Alors je publierais les histoires de ces âmes en peine. Qu'elles profitent de ma visibilité nouvelle. Je pourrais me rapprocher d'associations, je doute qu'elles refusent. La seule chose que je craigne, c'est qu'on ne comprennent pas les profils à l'adoption si je publie des images de mes propres pokémons. Il faudrait que je trouve un code pour les différencier. Une icône de maison dans un coin pour les pokémons en recherche d'un nouveau foyer, peut-être ? Et dans tous les cas, j'ai le droit à une description. Rien ne m'empêche qu'au milieu de ce contenu, j'insère des réflexions plus sérieuses. J'en ai vu quelques-unes passer : des images d'un texte stylisé pour faire passer un message.

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Entraînement : Kuru niv. 30 (2), Papi niv. 10 (0), Lee niv. 9 (0) [Rotation A]
Reproduction : Vikai (Wattouat S)