Lors de la catastrophe volcanique de Cromlac’h, j’étais sur place. Pas immédiatement, mais dès que la nouvelle me fut parvenue, je contactai Geoffroi, un collègue de ma promotion à l’école vétérinaire qui avait monté sa propre ONG – PokéHeal – pour venir au secours des pokémons en cas de catastrophe. Nous étions donc un groupe de vétérinaires et d’infirmières Joëlle indépendant du Polygone. L’objectif de Geoffroi n’a jamais été de supplanter les rangers ; nous travaillions au contraire de concert avec eux. Il était important d’être un corps médical autonome pour intervenir au-delà du champ d’action du Polygone. Au-delà de ces interventions – qui restent relativement rares – il m’était arrivé de faire de la prévention ou d’animer des ateliers de sensibilisation dans les écoles. A l’époque de la création de son organisme, toute la promotion s’était portée bénévole. Les études s’étaient terminées, nous nous étions dispersés, mais Geoffroi restait notre lien. Je savais qu’il allait faire appel à nous et souhaitais prendre les devants. D’où mon appel.

« Tu tombes bien, j’allais t’appeler. » « Comme d’hab’ mon Jojo, les grands esprits tout ça, tout ça. » Il devait probablement crouler sous les appels à passer pour savoir qui serait disponible pour se rendre sur place et rendre ça matériellement possible. « Je suppose que, si tu m’appelles, c’est pour me dire que t’es dispo. » « T’as tout compris. J’ai juste besoin d’un transport de Galar à Kalos, la distance est trop grande pour mon Draïeul. » « Ok, je t’arrange ça au plus vite, je te tiens au courant. » L’échange téléphonique ne s’éternisa pas, Geoffroi ne pouvait tout simplement pas se le permettre. Cela signifiait qu’il était temps pour moi d’appeler Meghan pour la prévenir de mon départ imminent et pour une durée indéterminée. Meg et Sam savaient que je pouvais à tout moment être demandé, s’il se passait quelque chose comme ça. Plus important encore, elles comprenaient et respectaient mon engagement. Le plus compliqué, c’était le risque d’être parti avant d’avoir pu dire au revoir à mon fils. Il était évident que j’allais rester en contact avec lui durant ce temps à Kalos, je faisais de mon mieux pour l’appeler chaque soir – pour lui – même si ça ne devait durer que deux minutes. Ce n’était malheureusement pas toujours possible, ce qui devait sans doute davantage m’affecter que Tim. Lui était fier de raconter à ses copains d’école ce que je faisais, j’en avais les retours de sa maîtresse, en général.

Je sortis mon sac de voyage du placard, tout en lançant l’appel à Meghan sur haut-parleurs. Par économie de temps, je préparais mes affaires en même temps. Je n’étais pas certain de savoir à quel climat m’attendre ; je connaissais assez bien le coin de Cromlac’h, souvent pluvieux, mais avec cette sorte d’éruption volcanique, la température avait forcément monté. Faisait-il moite, comme un environnement de jungle sans la végétation ? Je m’interrogeais. « Eddie ? » La voix de Meghan me ramena à la réalité. « Hey, t’as vu les news ? » « Le volcan de Kalos, oui, c’est inquiétant. J’ai direct envoyé un message à mes parents pour savoir s’ils étaient dans le coin. » Je n’avais pas envisagé cette possibilité et n’avais donc pas pris de nouvelles. Peut-être aurais-je dû, je me sentais quelque peu coupable, mais je secouai la tête pour me remettre d’aplomb ; je devais revenir au sujet que je souhaitais aborder. « J’ai eu Geoffroi au téléphone, je pars pour Cromlac’h dès que je peux. » Il y eut un petit silence suite à cette annonce. Je ne m’inquiétais pas, considérant que Meghan réfléchissait sans doute aux changements dans le planning proche. « Ok. Tu sais pour combien de temps tu vas en avoir ? » « Non, mais c’est pas mon premier rodéo, je les aide à s’installer, à faire les liens avec les rangers sur place, dès que je ne suis plus indispensable, je rentre. » Je ne donnais à Meg que des morceaux choisis, j’allais également aller sur le terrain et possiblement me mettre en danger, mais je me refusais à ce qu’elle s’inquiète inutilement pour moi. Je préférais largement qu’elle pense que je ne m’occupe que de la partie gestion sur site.

« D’acc. Tu passeras le bonjour à Diane quand tu la verras. » Je fronçai les sourcils. Quand je la verrai, et non si je la vois. La tournure de la phrase de Meghan en disait long, mais je ne tenais pas à m’y attarder. Je constatai mon absence d’efficience en situation de double-tâche. Tout du moins pas dans ce cas de figure où je devais faire vite, car je pouvais être rappelé par Geoffroi à tout moment. Je devais être prêt, alors je me contentai du strict nécessaire ; le reste, je me disais que j’allais l’acheter sur place. « Je te laisse, je vais devoir filer. Tu diras à Tim que je l’aime fort fort fort. » « Fais attention à toi. » Meghan raccrocha alors, sans me laisser le temps de lui répondre qu’elle n’avait pas à s’en faire. Il est possible qu’elle ne voulût pas m’entendre le dire, que – me connaissant – ça allait indiquer l’inverse. Difficile de lui donner tort.

Geoffroi m’avait rappelé pour me tenir prêt à l’héliport de Kickenham. Je savais être le seul à embarquer de cette ville, mais aussi que d’autres – ou tout du moins une autre – collègues de promotion en exercice à Galar allaient aussi prendre part à cette mission de PokéHeal. J’étais donc le premier à prendre place dans l’hélicoptère qui n’attendit que le feu vert pour décoller en direction de Winscor, qui s’avérait être notre seul et unique arrêt avant de nous diriger vers Kalos. Je vis alors, comme je l’avais prévu, Jasmine monter à bord de l’aéronef ; elle n’était cependant pas seule. J’essayai au premier abord de reconnaître l’homme la suivant avant d’arriver à la conclusion qu’il m’était inconnu. Ainsi, Geoffroi avait recruté un vétérinaire supplémentaire à Winscor, ce qui s’avérait être une excellente nouvelle.

« Hey, comment tu vas ? » La communication à cause du bruit des pâles restait difficile, malgré le casque sur les oreilles. Il était nécessaire de forcer sur sa voix. « Aussi bien que ça puisse l’être en vue des événements. Et toi ? T’as eu des nouvelles de ta famille ? » Malgré la mention de Meghan concernant Diane plus tôt, je n’avais pas pensé une seule seconde à contacter mes frères et sœur pour savoir s’ils étaient à l’abri. La culpabilité fut immédiate car – même si j’avais coupé les ponts avec certains d’entre eux – je ne souhaitais en aucun cas qu’ils soient en danger. Concernant mes parents, je me doutais qu’ils étaient à Illumis, donc à l’abri loin de Cromlac’h, bien que je n’eusse aucune confirmation à ce sujet. « Non. J’ai pas eu le temps. » Jasmine connaissait ma situation familiale, elle avait été d’un grand soutien durant nos études, lorsque Tim est venu au monde. Elle savait donc que prendre contact avec mon père ou Ulysse n'avait rien de naturel pour moi. Pour autant, je ne tenais pas spécialement à en parler. Alors je fis ce que je savais très bien faire : changer de sujet. « Et salut, Eddie de Léongrand. Je crois que c’est la première fois qu’on se rencontre ! » Je m’adressais donc à l’homme non identifié qui était avec nous, sous le prétexte interne que je ne tenais pas à être excluant en ayant une discussion avec Jasmine me concernant personnellement. « Djamal Harrington, j’ai mon propre cabinet à Winscor et ai une permanence sur la route 10. » Sur l’instant, je me rappelle très bien m’être demandé ce qu’il entendait par permanence et sur la manière dont il organisait ça. Je me disais que la durée du trajet allait me permettre d’en apprendre davantage sur le sujet.

Naturellement à l’aise, je me rappelle très bien n’avoir eu aucun mal à poser les questions qui me taraudaient à Djamal. « Mais, du coup, ça consiste en quoi tes permanences sur la route 10 ? » J’avais besoin de comprendre car je ne voyais pas de quels pokémons il pouvait avoir à s’occuper. Certes il y avait une gare à son tout début, mais pourquoi faire le trajet à pied jusqu’à Winscor quand il était possible de continuer son trajet en train jusqu’à la gare de Winscor ? J’avais l’envie d’y voir plus clair. « En fait, je travaille avec un ranger qui est rattaché à temps plein à la surveillance de la zone. On veille au bon équilibre de l’écosystème, à l’évolution de la biodiversité, pour éviter la surpopulation ou à l’inverse la disparition de certaines espèces. Le climat est sans pitié, comme les pokémons sauvages qui vivent là-bas. » Je buvais les paroles du vétérinaire, je n’avais jamais envisagé le travail de vétérinaire de cette manière et je dois admettre que ça m’avait mis des étoiles dans les yeux. De plus, ça me rassurait que Djamal ait de l’expérience de terrain, même si les routes enneigées du nord de Galar n’avaient rien à voir avec la lave circulant à Cromlac’h.

« Et toi, tu bosses où ? » J’aurais dû m’attendre à ce que les questions se retournent vers moi, surtout sur un tel sujet. Si, quelques mois plus tôt, la réponse aurait été claire et évidente, ce n’était plus le cas à ce moment précis. « Et bien… Nulle part à l’heure actuelle. Je faisais un remplacement dans une clinique à Kickenham puis, plus récemment, j’ai fait partie de l’équipe de recherche à Hisui pendant un peu plus de six mois et là, je suis de retour à Kickenham, en quête d’un job qui me permette de rester auprès de mon fils. » La situation était particulière, sans être vraiment complexe, mais cela méritait de telles explications, à défaut de pouvoir répondre à cette question en une seule phrase. « Oh, ok. Jasmine m’avait dit que tu avais une spé fossile, je m’attendais à quelque chose en lien avec ça. » J’appris donc que Jaz et lui se connaissaient déjà et qu’elle m’avait en partie déjà présenté. Ça m’a rendu curieux d’en savoir plus sur eux deux : d’où ils pouvaient se connaître, s’il y avait autre chose qu’une simple relation professionnelle et compagnie. J’étais clairement en recherche du moindre petit début de suspicion pour alimenter les potins. Je pense que Jaz savait d’ores et déjà que j’allais la cuisiner sur le sujet brûlant qu’était Djamal. Parce que oui, il faut dire que son assurance avant quelque chose de… charmant, en plus de la passion pour les pokémons visible dans ses yeux noisette.

« Ah mais vous vous connaissez déjà ! » J’étais un filou, un vrai de vrai. Je ne posais pas la question directement pour donner l’illusion que je n’étais pas indiscret. Je leur laissais le soin de m’expliquer d’eux-mêmes, persuadé que mon stratagème serait efficace. Et ce fut payant. « On travaille dans la même clinique à Winscor, qui regroupe plusieurs vétérinaires qui ont d’autres temps partiels ailleurs. » Djamal respirait la confiance, il n’a ni scillé ni hésité à répondre du tac au tac. Quant à la spécificité de cette clinique, Jasmine m’en avait parlé quand elle l’avait rejointe, à peine sortie de ses études. Elle travaillait en début de semaine sur Kickenham et en fin de semaine sur Winscor depuis plusieurs années déjà. « On a nos jeudis en commun depuis que Djamal est là et j’ai dû parler de Geoffroi, je ne sais plus pourquoi, et de son ONG et de fil en aiguille, voilà. » Je m’efforçai de tenter de les sonder, pour essayer la moindre once d’attraction, de déstabilisation ou autre. Mais rien ne paraissait, ils échangeaient et parlaient d’eux avec spontanéité, comme deux collègues qui s’entendent bien. J’en étais presque déçu. Je m’imaginais déjà la possible romance, moi tentant de convaincre Jaz de se jeter à l’eau et tout. Je ne me voyais que trop bien être le témoin de mariage de mon amie, avec le smoking et tout. J’allais devoir garder tout cela pour moi ; je connaissais la pression familiale que subissait Jasmine sur le fait qu’elle soit encore célibataire et sans enfant à son âge et ne tenais pas à en rajouter une couche au lieu d’être un soutien. Quoi qu’il en soit, mes rêves de marier ces deux-là une dizaine de minutes après avoir rencontré Djamal s’envolaient. De toute manière, j’allais être bien suffisamment vite rappelé à la réalité.

« Tu devrais au moins leur envoyer un message. Libre à eux de te répondre, au moins tu seras droit dans tes pompes. » Jasmine remettait ça sur la table. Je savais qu’elle avait raison à ce moment-là, mais je n’avais pas envie de l’entendre pour autant. Oui, je suis têtu, gentiment têtu, mais la tête dure quand même, et je l’ai toujours plus ou moins été. Avec Jasmine, c’était particulier, durant toutes nos études, elle était parvenue à m’apprivoiser, d’une certaine manière, à me driver, aussi. Elle était responsable, travailleuse, sérieuse, tout ce que je n’étais pas à la vingtaine, et pourtant, notre duo fonctionnait à merveille. Je la faisais sortir s’aérer le cerveau de temps à autres, elle me recadrait et me faisait bosser mes cours en échange. Alors, si Jaz revenait à la charge – alors que je suis persuadé qu’elle avait compris que j’avais éludé le sujet plus tôt – c’est qu’elle se doutait que je le regretterai par la suite. J’ai fini par lâcher un long soupir. Elle avait eu raison de ma réticence, elle avait gagné.

Je sortis donc mon téléphone de ma poche, le déverrouillai et ouvrait l’application de messagerie. C’est en me rendant sur la conversation avec Énée que je réalisai. Lui qui était un peu vagabond dans l’âme, il aurait totalement pu se trouver à Cromlac’h au moment de l’entrée en éruption, je n’en savais rien. L’inquiétude me saisit d’un coup. Je ne sais plus ce que je lui ai envoyé exactement comme message, j’essayais de dissimuler l’anxiété qui commençait à poindre. Il s’agissait de mon petit frère, le tout dernier, et sans doute le plus sensible de nous quatre, alors je tenais à le protéger de mes propres émotions. J’avais sans doute mis tout cela volontairement sous le tapis pour m’en préserver, et cela me frappait de plein fouet. Sans attendre, je basculai sur la conversation avec Diane. Peut-être a-t-elle été envoyée sur le terrain, je n’en savais rien, j’aurais dû déjà le savoir. Tout du moins était-ce ce que je pensais à cet instant. Alors, j’écrivis à la hâte un autre message, bien différent de celui envoyé à Énée.

Hey. T’es à l’abri ou t’es sur place ? Je devrais arriver d’ici une petite heure à Cromlac’h pour aider avec l’ONG de mon pote Geoffroi. Hésite pas à me dire si t’y es aussi. Fais attention à toi.

Je savais que je pouvais me permettre d’en dire plus à Diane. C’était elle l’aînée, c’était elle la flic ; j’ai bien plus pris exemple sur elle que sur mon père, durant mon enfance. C’était aussi par elle que j’avais, en général, des nouvelles de mes parents et d’Ulysse. Ma logique était donc la suivante : si je venais à la croiser à Cromlac’h, elle serait en mesure de me tenir informée les concernant. Ils n’avaient aucune raison d’être dans cette ville à ce moment-là, alors pourquoi les imaginer dans ce scénario catastrophe improbable ? Alors non, je ne m’en faisais pas pour eux, ou tout du moins de manière microscopique, en comparaison de Diane ou d’Énée. Mais le pire restait à venir, à savoir l’attente avant qu’ils ne me répondent. J’avais besoin d’une distraction, de penser à autre chose et, pour cela. « Maintenant, je suis stressé. Contente ? » Je fixais Jasmine, visiblement satisfaite de constater qu’elle continuait d’avoir cet effet grande sœur sur moi, malgré les années qui s’écoulaient. « Oui. » Je mimais l’offuscation. « Tssss. Et ça se dit amie. » Ça la fit rire, doucement.

Durant le reste du trajet, je reçus un message d’Énée, un message rassurant. Il répétait la pièce de théâtre dans laquelle il devait jouer, à Flusselles, soit à l’exact opposé de la région. Je soufflais ; Énée était à l’abri de cette catastrophe naturelle. Par contre, je n’avais aucune nouvelle de ma sœur. Ce n’était pas agréable de faire face à ce silence radio, bien que je l’eusse compris sans mal. Quand on est sur le terrain, à devoir gérer un phénomène d’une telle ampleur, on n’a pas le temps de répondre à un message de son frangin, on doit faire son boulot. Je n’étais pas gêné par le fait que je ne sois pas la priorité de Diane, mais cela n’arrangeait pas l’inquiétude que je pouvais nourrir à son égard. Après tout, il était possible que son incapacité à me répondre soit le fruit de quelque chose de bien plus grave que de donner la priorité à son travail. Juste un « ok » aurait suffi pour m’indiquer qu’elle était vivante. Car c’est bien cette terrible éventualité qui traînait dans ma tête et me tourmentait. J’avais simplement besoin de savoir qu’elle était encore en vie.

Je pense que Jasmine avait perçu que j’avais besoin d’être distrait, à ce moment-là. « Et au fait, Timothée, comment il va ? » Parler de mon fils, de mon petit soleil, Jaz savait exactement ce qu’il me fallait pour reprendre du poil de la bête, pour balayer en bonne partie ce qui pouvait être jusque-là au premier plan. Tim, c’est comme si mon cœur était à l’extérieur de moi, je pourrais parler de lui pendant des heures, et c’était déjà le cas à l’époque. « Ah bah il va super, en ce moment il a cette lubie de vouloir devenir – et je le cite – astronaute de l’espace. » L’anecdote de cette terminologie l’a très longtemps suivi, voire le suit encore, maintenant qu’il est adulte, et ça vient de là, d’à ce moment-là. « Et puis j’ai Gus qui le fait léviter pour simuler l’apesanteur, il est complètement fan. » C’était tout bonnement adorable de les voir faire, de les voir s’amuser de la sorte. « Gus ? » Ah oui, j’avais oublié que Djamal ne me connaissait pas et que, par conséquent, il ne connaissait pas mes pokémons. « Augustin, mon Symbios. » Je fis le choix de ne pas développer davantage, ça ne me semblait pas pertinent d’ajouter plus d’informations autour de ça, autour du fait qu’il soit mon partenaire vétérinaire, qu’il m’ait accompagné durant mes études et tout ce qui s’en suit. Je préférais en revenir à Timothée et je m’apprêtais à faire ce que tout bon parent orgueilleux fait : j’allais montrer les photographies que j’ai de Tim sur mon portable – beaucoup trop de photographies – à mes collègues d’aventure. Cela eut au moins le mérite de faire passer le temps plus légèrement, au vu de ce qui nous attendait.

Une fois sur place – je dirais même une fois avoir retrouvé le sol – nous avons été immédiatement réceptionnés par Geoffroi. « Bon, vous êtes les premiers à arriver, à l’exception de ceux déjà sur place. On a besoin de vous pour monter notre camp de soins, dans un premier temps. » Déjà à l’époque de nos études, Geoffroi avait un tempérament de leader, un charisme qui faisait qu’on le suivait. C’était aussi simple que ça. « Ok, dis-nous précisément ce que tu attends de nous. » Il ne fallait pas se fier aux apparences, avec Jasmine. En addition à son sérieux et à sa bienveillance, il y avait une véritable détermination. Malgré son attitude généralement plus en retrait, elle était prête à entrer en action quand il le fallait. « On n’a eu le temps de monter que la tente principale, mais il nous en faut d’autre, on risque d’avoir beaucoup de pokémons brûlés à s’occuper, qu’ils soient sauvages ou qu’ils appartiennent à des dresseurs. » A cet instant, nous devions nous contenter de penser à court terme. Une fois installés, le rythme pris et plus de vétérinaires sur place, je me disais que les tâches iraient se diversifier. En attendant, comme le disait Geoffroi, l’objectif demeurait de monter les tentes. La suite, je la connaissais ; il ne s’agissait pas de mon premier rodéo avec Pokéheal. Nous allions par la suite faire l’inventaire du matériel à disposition et organiser tout cela. Il faudra, en parallèle, commencer à s’occuper des pokémons qu’on nous apportera. Pour l’instant, nous étions neuf. Geoffroi, trois collègues de promotion – ça faisait plaisir de les revoir, même si les conditions à chaque fois n’avaient rien de réjouissantes – deux autres vétérinaires de Kalos, dont un d’une promotion postérieure à la nôtre, puis nous trois qui venions du nord de Galar.

Je fus le premier à devoir délaisser le montage des tentes car interpelé par un ranger, visiblement en détresse. Avec ma chasuble violette, j’étais facile à identifier comme vétérinaire. Je partis donc à la rencontre de ce ranger, qui portait son Hélédelle dans les bras. « Il s’est passé quoi ? » J’avais besoin d’informations, car rien n’était visible à l’œil nu. J’étais convaincu que nous allions être submergés par les brûlures, mais je ne voyais rien sur l’oiseau. « Elle cherchait de possibles rescapés proche de la lave quand un pokémon eau a tenté de la refroidir. Elle s’est pris un jet de vapeur et s’est effondrée un peu plus loin. » Je comprenais de suite mieux pourquoi les brûlures n’étaient pas visibles. La vapeur n’avait pas atteint les plumes, seulement la peau en-dessous. L’Hélédelle semblait souffrir, et c’était mon rôle de la soulager au plus vite. « Ok, suivez-moi. »