Rapport Gorbachev
1x02 - Pension des Éoliennes - 1
Ça fait bientôt un mois que je
chill à Sinnoh (et que je partage un peu trop à mon goût avec la ''faune'' urbaine locale). J'ai profité du fait que Gorbachev avait besoin de vacances pour m'en offrir à mon tour en l'excellente compagnie de Georges, le flabébé qui a élu domicile dans ma poche de manteau. Après
mon voyage dans le désert, j'avais hâte de retrouver mes amis amants de fraicheur et d'herbe verte. Force a été de constater que mon vieux marisson et l'Épée ne se sont pas du tout entendu en mon absence! Gorby, déjà à cran d'être toujours en présence de pokémons aussi jeunes - c'était pourtant mon
objectif qu'il soit tranquille en le laissant avec mon monorpale! - était en fugue à mon retour à Ogoesse. Il m'a fallu plusieurs jours pour le retrouver... honnêtement, c'est plutôt lui qui est venu jusqu'à moi. Il en avait probablement marre d'être seul, même s'il n'est pas le genre à nous l'avouer.
C'est qu'il avait l'habitude de la solitude avant qu'on le rencontre, mes amis et moi. Abandonné par son dresseur dans une ferme humide et glauque, il avait passé plusieurs années à l'attendre... peut-être bien une dizaine. S'il avait très hâte de changer de vie en me suivant dans mes
explorations, je peux le comprendre d'être un peu dépasser par la présence de tout ce beau monde autour de lui... en fait, je suis extrêmement bien placé pour savoir à quel point c'est débilitant! Gorby avait fugué par
mécanisme de défense et quand je l'ai finalement retrouvé, je me suis bien excusé de ne pas avoir pris en considération ce gros détail lorsque je l'ai laissé seul avec Georges et l'Épée. Il aurait fallu que je m'assure déjà qu'il soit capable d'être avec d'autre monde sans moi comme pillier. Pas simple.
J'en ai parlé à l'infirmière qui l'a examiné au Centre Pokémon d'Ogoesse, où je l'ai amené aussi vite que je l'ai pu, bien qu'il avait l'air de s'en être bien sorti durant mon absence (pour ce qui est de sa santé physique). J'aime bien discuter avec le personnel de ce genre d'endroit: par expérience, peu importe la ville, les Centres sont des endroits où le soucis de la bienveillance est assez sincère, du moins pour ce qui est des pokémons. On a parlé d'éleveurs de pokémon, plus particulièrement des services qu'ils offrent autre que la reproduction des espèces. En fait, je dois dire que j'ignorais vraiment tout du métier d'éleveur jusqu'à ce que l'infirmière - Joëlle - me l'explique mieux. Si beaucoup se concentrent sur la reproduction, d'autres offrent toute une gamme de soins adaptés à divers types de pokémons et leurs besoins. Lorsque mademoiselle Joëlle me tend une brochure avec, surligné au
marqueur rose, les mots ''Programme Comportement'', je comprend qu'elle compte me
proposer l'une d'entre elle.
"Leur spécialiste en comportement pokémon est un assez gros coup de coeur professionnel pour moi, mais je dois dire qu'ils ont un environnement tout à fait adapté aux pokémons colériques et anxieux, ce qui est définitivement le cas de notre ami marisson.", commence l'infirmière avec un sourire doux pendant que Gorbachev et moi explorons la brochure de cette pension nommée 'Les Éoliennes'.
"Gorbachev n'est plus très jeune, mais il reste un marisson. Il faudra un endroit adapté à cette condition, c'est aussi pourquoi je vous recommande les Éoliennes." "À Sinnoh!" Je me suis presque étouffé en lisant l'adresse. Je n'ai même pas le temps d'être déçu que cet endroit soit aussi loin que Joëlle me tacle d'un puissant
"Eh bien... comme vous n'avez pas de maison ou d'emploi, je me disais que ça ne serait pas un problème pour vous." qui envoie mon égo valser jusqu'à Galar.
"Oh. Je suppose que je n'ai donc pas de chance pour vous amener prendre un verre?" "En effet!"Un homme moins résilient que moi serait arrivé brisé et humilié à la garre de la Navette Bleue de Joliberges, mais j'ai survécu à bien pire. De plus, je me suis dit qu'en allant moi aussi passer quelques semaines à Sinnoh, je pourrais prendre le temps de me reconstruire de tous ces dégâts émotionnels. Un mois plus tard, je pense que j'ai exagéré à quel point l'infirmière m'a blessé.