La sensation n'est pas un réel dérangement. Ce n'est qu'un chatouillis vers le haut de ton nez qui te tire progressivement du sommeil à cause de sa régularité. Le froissement léger prends de plus en plus de place et tu finis par ouvrir les yeux dans un grognement fatigué. Il y a comme une ombre dans ton champ de vision qui devient une évidence au fil de tes battements de cils pour chasser la brume. Cela aide que l'ombre semble se déplacer avec le mouvement rapide de tes paupières. Tu extrais une main maladroite des couvertures pour venir te toucher le visage et tes doigts rencontrent un bout de papier qui se décroche sans mal de ta peau.

« Hmrg... Qu'est-ce que- »

Le post-it t'arrache un sourire. Tu imagines sans mal l'amusement de Gia profitant de ton sommeil lourd pour te le coller sur le front sous prétexte que tu ne pourrais pas le louper de cette façon. Il te faut un instant de plus pour déchiffrer les mots, pas tellement parce que son écriture est illisible, mais plutôt car tu peines encore à te concentrer.

« Quelle idée d'aller faire du sport à cette heure. »

Bien que tu n'ais aucune idée de l'heure qu'il soit. Les stores sont fermés, mais le soleil paraît briller fort à l'extérieur. Tu étouffes un bâillement en te redressant à la recherche de ton téléphone. Il n'a pas été très loin. Tu le trouves sur le parquet à côté du lit et il indique dix heures tout pile. Mieux qu'hier. Ta meilleure amie n'est pas la seule à t'avoir abandonnée, ni Allen, ni Lazlo ne semblent être dans les parages. Tu t'étires et il faut ça pour donner un peu d'énergie à ton esprit pour qu'il te rappelle cette nuit. Tu as de toute évidence survécu, mais il prends un malin plaisir à enfoncer le fait que tu ais dormi avec Gia et que tu te trouves toujours dans son lit. Tes yeux retombent sur le post-it et il est décidément trop facile pour ton cerveau de se perdre dans l'idée qu'il existe un monde où chacune de tes journées pourrait commencer de la sorte. Vos vies quotidiennes s'entrelaçant avec une facilité si confortable.

« Non. »

Tu te forces à penser à autre chose d'une tape légère sur la joue avant de te lever. Il faut que tu te mettes en mouvement. Ce n'était que l'histoire d'une nuit, aucune chance que cela se reproduise tant que tu n'auras pas trouver ton courage. Pour en arriver là, il existe de toute façon tellement d'étapes qui ne croiseront probablement jamais ta route. Trop d'espoir n'est pas bon. Cela ne t'empêche pas de continuer à enfiler le sweat-shirt attrapé par réflexe, même lorsque tu constates qu'il ne s'agit pas du tien. Tu es décidément trop faible.

Un autre message t'attends au niveau de la machine à café, cette fois provenant d'Eliza. Elle vous indique à sa fille et à toi qu'elle reviendra du travail vers la fin de l'après-midi. Tu entreprends de te préparer une tasse lorsque le poids d'Allen s'invite sur ton épaule.

« Tiens, tu es là toi. Bien dormi ? »

Il croasse doucement en réponse et tu continues tes mouvements en évitant les à-coups pour ne pas risquer de le déloger de son perchoir. Tes autres Pokémon ne se présentent pas, mais tu ne t'en inquiètes pas plus que ça. Ils ont pris leurs marques aussi rapidement que toi, comme l'indique l'aisance que tu te découvres jour après jour dans cette maison. Tu dois faire l'effort conscient de chasser cet élan de pessimisme qui cherche à te grimper dans la gorge. Tu ne veux pas penser à toutes ces choses qui pourraient ruiner tes chances ici.

« On va prendre l'air ? »

Tu glisses à ton Grenousse une fois ton mug en main. Il reste en place, tu le prends pour un oui. Après avoir vérifié que tu pourrais ouvrir la porte sans mal pour rentrer, tu quittes l'entrée, ta nouvelle écharpe enroulée autour de ton cou et les pieds fourrés dans tes baskets sans avoir fait les lacets. Tu fais un peu débraillée dans ton pyjama, mais tu évites de laisser trop de place à cette pensée. Tu veux juste profiter un peu de la brise. Il fait trop beau aujourd'hui que pour ne pas souhaiter mettre le nez dehors.

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Crabicoque lance Eclate-Roc (dernière utilisation le 25 avril).
Apparition d'un Pokémon, s'il vous plaît :3

Plus tu passes du temps dans cette ville et plus tu comprends le choix d'Eliza de venir y installer sa famille après le divorce. Tu sais que le déménagement était une nécessité pour son travail, mais tu supposes que rien ne l'obligeait à habiter à quelques centaines de mètres de l'aquarium. D'autres villes paraissent facilement accessibles depuis Roche-sur-Gliffe. Cela reste indéniable que les lieux sont vraiment plaisants. La topographie de cette petite cité costale offre une impression de tranquillité. Les habitations sont proches tout en offrant beaucoup d'intimité grâce aux nombreux changements de dénivelés. Tu ne doutes pas que la ville sera bien plus animée durant l'été, lorsque le beau temps rendra toute sa superbe à la plage, mais, dans sa petite rue reculée, la maison parait apte à résister à l'arrivée de touristes. En basse saison, tu ne vois passer personne. Appuyée à la barrière entourant la petite propriété, tu peux laisser libre court à ton envie de profiter de la brise et des rayons de soleil qui te réchauffent doucement. Tu serais bien incapable de pointer dans le temps le moment exact où tu as profité de la sorte pour la dernière fois. Tu en as oublié à quel point il pouvait être agréable de lever le nez vers le ciel et de fermer les yeux sans se soucier du reste. L'action t'emplit d'une quiétude reposante.

Tu n'es pas sûre de combien de dizaines de minutes se sont écoulées lorsque le bruit de foulées rapides attire ton attention. Le mug entre tes mains est désormais à peine tiède et tu ne l'as vidé qu'à moitié par toutes petites gorgées absentes. Tu ouvres les yeux avec précaution, un instant éblouie par la lumière, avant de réussir à observer l'approche de Gia. Elle t'adresse un signe de la main lorsqu'elle te repère, sa course semblant s'accélérer sur les derniers mètres. Tu te contentes de sourire en retour.

« Je pensais pas te trouver en guise de comité d'accueil. »

Tu es forcée d'admettre avec une pointe de gêne qu'il te faut un instant pour intégrer ce qu'elle te dit. Ses jambes sont moulées dans un legging que tu n'as pas pu t'empêcher de remarquer. Tu caches tes joues rougies derrière ta tasse avant de te forcer à regarder son visage. Une forme d'erreur en soi, tu découvres. Avec ses cheveux rassemblés en queue de cheval, ses traits sont encore plus accentués et tu penses l'avoir rarement trouvée aussi jolie qu'en cet instant avec la couleur que lui a donné l'effort. Elle rayonne et tu serais bien incapable de te détourner. Jusqu'à ce qu'elle décide de venir s'étirer à côté de toi en s'aidant de la clôture. Tout en toi réclame une évacuation d'urgence et cela te fait reculer un peu brusquement, le visage détourné. Je suis détraquée. Après dix huit années sans manifester un quelconque intérêt pour le physique de qui que ce soit, Gia et tout ce qu'elle représente viennent pulvériser l'impression que tu avais. Trois jours et tu as la sensation d'y être de plus en plus sensible. Jamais par le passé tu n'aurais fait attention à ce genre de détails avec qui que ce soit. Bien sûr que tu avais toujours su que ta meilleure amie était jolie - au-dessus de la moyenne même selon certains standards -, mais cela reste différent d'en avoir conscience de cette façon et d'en subir les effets. Depuis le temps que vous vous connaissez, tu n'as pas développé une résistance, mais, à la place, c'est comme si une part de toi avait été leurrée et se prenait les dégâts plus forts encore. Un peu comme lorsque l'on portait des lunettes de soleil bon marché aux verres faussement protecteurs qui abimaient plus les yeux qu'ils ne les protégeaient. L'image parait cohérente quand Gia est si brillante.

« Ah ! Pourquoi t'as reculé si vite ? Je pue pas à ce point ! »

Elle grommelle en tirant sur son t-shirt pour le renifler, un geste que tu captes dans ton empressement pour prétendre le contraire. Tu n'as à vrai dire pas fait attention à ce détail. Tu ne rates par contre pas la bande de peau que le vêtement dévoile et c'est retour à la case départ. Ton cerveau ne trouve rien de mieux à faire que de bloquer sur cette vision pendant que tu t'agites pour tenter de faire revenir la conversation sur la bonne voie.

« N-non. Je... Je te laissais de la place. C'est tout.
Te cherches pas des excuses. Pff. »

Elle reprends ses étirements avec un petit air boudeur et il n'y a bien que ton trouble pour expliquer que tu ne cherches pas à arrondir les angles. Tu es trop occupée à garder les yeux vers le ciel pour éviter de collecter par inadvertance d'autres informations avec lesquelles ton esprit pourra te torturer plus tard.

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tentative de fuite:

« T'as déjà mangé ? »

Tu secoues la tête avec peu de motivation, les yeux toujours portés vers le ciel. Gia a beaucoup bougé et semble en avoir fini avec ses étirements, mais tu n'es pas certaine de pouvoir affirmer que te tourner est une bonne idée. Pour l'heure, tu choisis la prudence, qu'importe que cela te fasse adopter un comportement difficilement compréhensible. Ton amie a rarement été dérangée par ton besoin de prendre du recul avant, il n'y a pas de raison que cela change maintenant. La preuve, elle n'insiste pas et tu l'entends se diriger vers l'entrée.

« Je te fais la même chose que pour moi. Traîne pas trop.
Merci. »

Tu te contentes de glisser avant que la porte ne se referme. Maintenant que tu es seule, un soupir terriblement long s'arrache à tes poumons comme si tu te dégonflais et tu t'accroupis lentement, le dos toujours en appui à la clôture. Naïvement, tu avais cru que tes déboires se limiteraient à garder pour toi tes sentiments, mais il semblerait que dans ce chaos d'émotions que ta meilleure amie a éveillé se trouve aussi une attirance physique dont tu ne sais que faire. Si tu as déjà du mal à te faire à l'idée de cet amour pour ce qu'il représente dans sa version la plus pure, tu peines encore plus à accepter ce développement. Tu ne veux pas teinter plus encore votre amitié en remarquant tous ces détails.

Allen saute de ton épaule pour venir se camper juste devant toi. En croisant son regard, tu te demandes ce qu'il peut bien comprendre à ton attitude. Est-ce qu'il cherche à lui donner un sens ? Est-ce qu'il pourrait identifier ne serait-ce qu'un dixième de ton trouble ? Mais à quoi est-ce que tu te retrouves à penser ? Tu te passes vigoureusement la main dans les cheveux dans un espoir de te remettre les idées en place qui ne fait que laisser ta tignasse en désordre.

« Peut-être que si tu me met un coup de Pistolet à O à chaque fois, ça finira par changer le réflexe. »

La réflexion est pensive. Tu envisages une sorte de réaction pavlovienne qui serait décidément bien étrange à mettre en place. Comment justifier que tu réclames à ton Pokémon de t'asperger d'eau sans aucune raison apparente ? En plus, avec ta veine, tu finirais sans doute malade. Si Allen ne suit pas tout, il en comprends bien assez pour se dire qu'il tient là une occasion de te faire tourner en bourrique. Affolée, tu le vois ouvrir grand la bouche.

« Non, non, non c'était pas sérieux ! »

Tu t'empresses d'affirmer, les bras croisés devant le visage pour créer un bouclier peu utile face à une telle attaque. Tu t'attends à ressentir un froid vif lorsque vient le son caractéristique de la capacité, mais l'eau ne te touche pas. Elle va arroser un parterre plutôt que toi. Au vu du rictus narquois que t'adresse le Grenousse, il l'a fait exprès et est très satisfait de sa petite blague. Certaines choses ne changent pas.

« T'es vraiment qu'une sale gamin. »

Tu poses doucement la tasse au sol, tes gestes mesurés et l'attitude boudeuse, mais, dès que c'est fait, tu te jettes en avant pour essayer d'attraper le Grenousse. Sans grand mal, il te glisse hors des bras et tu t'étales au sol avec un grognement. Depuis la barrière sur laquelle il est perché, il te nargue d'un croâ supérieur.

« Oh, toi, je vais t'avoir ! »

Pour lui faire quoi, tu n'en sais rien. Il s'agit juste là d'une question de fierté.

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Apparition d'un Pokémon, s'il vous plaît :3

Dans un développement peu surprenant, tu ne parviens pas à attraper Allen malgré ta déclaration enflammée et bien trop d'efforts pour un début de journée que tu avais voulu calme. Tu ne t'es même pas approchée d'une tentative fructueuse. Tu en ressors avec une sueur désagréable collant ta frange et de la poussière sur les vêtements à force de rencontres peu délicates avec le sol. Probablement aussi un bleu dans la périphérie de tes genoux. Non seulement tu as sali ton nouveau pyjama, mais en plus tu as fait subir un sort similaire au sweat-shirt de Gia. Tu grimaces en tâchant de chasser les saletés avec assez peu de succès il faut l'avouer. Tu as quelques mots de choix pour ton Grenousse lorsque la porte s'ouvre. Gia reste plantée là, une spatule à la main, un tablier rose vif couvrant sa tenue de sport, et les sourcils froncés par le spectacle que tu dois offrir.

« Qu'est-ce que vous fichez tous les deux ? »

Sans savoir ce qu'elle a entendu exactement, tu préfères garder les lèvres closes. Toujours prêt qu'il est à s'offrir le beau rôle avec ton amie, Allen quitte son perchoir pour la rejoindre de quelques bonds agiles. Il a tout d'un ange lorsqu'il quémande d'être porté, ce qu'elle fait sans hésiter. Sa fierté de grand amphibien disparait bien vite en la présence de celle qui a tout l'air d'être sa préférée. Tu en serais presque jalouse si tu ne comprenais pas ce sentiment.

« Je suis toujours prête à encourager une séance de sport, mais il y a sans doute plus efficace que de jouer à chat. »

Elle t'a donc vu te ridiculiser en tentant d'attraper ton Pokémon. Rien d'étonnant en soi au vu des nombreuses fenêtres. Une pointe de honte vient te faire rougir les joues. Tout lové contre Gia, Allen croasse, moqueur. Tu sens les signes d'une grimace boudeuse te titiller le visage en réponse.

« Boucle-la, Allen. »

Ta réaction a tout de celle d'une enfant alors que tu te saisis du mug vide abandonné au sol avec plus de vigueur que nécessaire. Tu retournes ensuite vers la maison, bien décidée à ignorer ton partenaire.

« Boude pas, ta détermination était plutôt mignonne. »

Cette fois, je me ferais pas avoir, tu te convaincs avec toutes les peines du monde en t'accrochant à cette fausse rancœur que t'évoque Allen. Ta meilleure amie devrait comprendre, après tout, Lazlo a une attitude similaire avec elle. De toute évidence, vous êtes les victimes du mauvais caractère de vos Pokémon respectifs. Dans d'autres circonstances, tu pourrais sans doute rire de leur trouver des attitudes si similaires. Il est encore trop tôt pour cela.

« Seeei. »

Ta tentative pour ignorer Gia ne dure pas. Elle n'est pas quelqu'un dont on peut facilement se désintéresser. Tu as à peine fait quelques pas à l'intérieur qu'elle glisse un bras autour de tes épaules, sa spatule manquant presque de t'attraper le nez. L'index de sa main libre vient s'enfoncer dans ta joue et te chatouille la peau jusqu'à t'arracher un sourire. Elle est agaçante et c'est un problème que tu la trouves attirante pour ça. Satisfaite, elle reprends un peu de distance, juste assez pour déloger Allen de son épaule et te le présenter. Face à face, vous vous observez, lui appréciant assez peu d'être ainsi maintenu. Mais c'est Gia alors il ne dit rien.

« Faites la paix.
T'es sérieuse ?
Seiloh. »

Elle insiste et tu vois poindre sa célèbre moue, celle face à laquelle tu n'as aucune chance. Elle a l'audace de saisir l'une des pattes de ton Grenousse pour te la tendre. Tu le sens à deux doigts de sauter hors de sa prise, tout outré qu'il est. Pour sûr, c'est sur toi que cela retombera si il le fait. Tu soupires avant de serrer le pouce et l'index autour de son bras. Tu le secoues une fois, de mauvais gré.

« Contente ? »

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tentative de fuite:

Gia affiche effectivement un sourire satisfait durant tout le petit déjeuner. Ce dernier consiste en une omelette chargée de légumes ainsi que d'un smoothie presque glacé. Au vu de la saison, des fruits surgelés ont bien sûr été de rigueur. Tu apprécies le repas avec un certain étonnement. Tu n'avais pas imaginé ta meilleure amie particulièrement douée en cuisine, mais elle y a ses aises. Ce n'est pas si étonnant quand tu prends la peine d'y penser sérieusement. Elle vit seule avec sa mère depuis le début de son adolescence et Eliza ne manque pas d'occupations. Il suffit aussi de les voir pour constater qu'elles font un bon duo et ont l'habitude de s'épauler. Depuis qu'elle a pris la coordination au sérieux, Gia semble aussi avoir développé un intérêt certain pour le sport et de bonnes connaissances en nutrition aident à progresser correctement. Tu ne manques pas de commentaires positifs et elle les absorbe avec une arrogance feinte. Le moment reste calme, vos Pokémon dévorant leurs gamelles tout autour de vous. Cela commence à faire un sacré monde dans la cuisine.

Ce n'est que plus tard, quand vous vous partagez la vaisselle, que le sujet de vos occupations du jour est mis sur le tapis.

« Des envies particulières ? »

Pensive, tu jettes un œil par la fenêtre où le ciel s'est grisé. Le temps changeant vite si proche de la mer, tu n'es pas certaine que l'idée de partir en balade soit bonne. Tu n'en as pas particulièrement envie non plus après votre périple de la veille. Faute de proposition, tu hausses les épaules avant de reprendre le nettoyage d'une poêle.

« J'allais proposer qu'on aille à l'aquarium, mais tu l'as déjà fait.
Je n'ai fait qu'un petit tour. »

Tu préfères éviter de trop penser à la raison qui a interrompu ta visite. Tu en gardes néanmoins un bon souvenir pour le temps que ça a duré, puis il y a eu ce moment passé dans la partie réservée au personnel où tu as pu voir des bébés Pokémon adorables. L'idée te plaît car elle te permettrait de découvrir les endroits préférés de Gia. Un peu honteusement, tu es aussi contrainte d'admettre que tes lectures récentes te rendent enthousiastes. C'est un cliché de la romance, le premier date idéal dans les mangas. Cela ne sera pas votre cas, mais demeure une envie inavouable de grapiller des petits bouts de faux.

« T'es sûre ?
Ce serait un plaisir d'aller à l'aquarium avec toi. Me force pas à te dire que je le fais pas pour te faire plaisir.
Cool, cool. »

Le silence entre vous se fait après cela presque gêné. Il y a dans l'air comme une prise de conscience. Peut-être avez-vous des références communes. A nouveau, stupidement, tu te prends à espérer ne pas être seule dans cette barque.

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Crabicoque lance Eclate-Roc (dernière utilisation le 16 juin).
Apparition d'un Pokémon, s'il vous plaît :3

L'entrée de l'aquarium est presque déserte lorsque vous y pénétrez. Avec l'intention évidente de ne pas te laisser trop de temps pour stresser et te faire des films, tes préparatifs ont été rapides. Dans cette démarche, tu as omis de penser à l'évidence qu'était l'habitude de Gia de s'enfermer dans la salle de bain durant une éternité lorsqu'elle avait à sortir. Tu avais donc dû l'attendre, seule avec tes pensées, durant un peu trop longtemps. Tes Pokémon, ses traîtres, n'avaient été d'aucune utilité à ce sujet. Ils avaient su se faire oublier, sans doute car il était l'heure de leur sieste collective. Les bougres avaient rapidement pris leurs habitudes depuis le retour de Lazlo. Ils aimaient se rassembler en un tas dans le lit de ta meilleure amie avec la ferme intention de pomper toute sa chaleur. Etonnement, le Pyroli normalement si ronchon ne s'était pas encore plaint de cette exploitation. Il devait sans doute y trouver son compte. Allen ne se mêlait bien sûr pas à ce petit jeu, il avait comme toujours son propre programme consistant à s'entraîner en solitaire. La dernière fois que tu l'avais vu, il s'était échappé par une fenêtre, probablement en direction du toit. La vision t'avait rappelé des souvenirs de l'académie et, durant un moment, ton stress s'était concentré sur un tout autre sujet. C'était le moment qu'avait choisi Gia pour débarquer, toute pimpante, ses longs cheveux ramassés en un chignon haut qui mettait élégamment sa nuque en valeur en plus de dégager son visage. Autant dire que tu avais depuis pris la décision stratégique de regarder droit devant toi. Une option qui s'avère désastreuse maintenant qu'elle te dépasse pour rejoindre le bureau d'accueil où une jeune femme la salue joyeusement.

« Gia ! Ta mère m'a dit pour ton concours, c'est trop dommage.
La compétition était rude. »

Il n'est pas rare de voir Gia se montrer humble, mais, en public, elle le manifeste autrement. Il y a quelque chose de plus forcé dans son attitude. Tu le vois à sa posture qui change durant un instant, juste le temps que le sujet passe et qu'elle s'appuie contre la réception. Elle te désigne sans se tourner et tu le prends comme une invitation à la rejoindre. Tu adresses un sourire poli à son interlocutrice.

« Tu connais Seiloh ?
Seulement de nom. Eliza t'aime vraiment beaucoup, elle nous a raconté toutes vos aventures. »

Tu aurais préféré ne pas être mise en avant de la sorte, mais cela reste plaisant à entendre.

« La vieillesse la rend vraiment trop bavarde.
Gia. »

Tu bougonnes en donnant un petit coup du bout de ta basket contre la cheville de ton amie. Sa mère n'est pas si vieille. Fidèle à son statut de dramaqueen, elle feint d'avoir été battue en sautant en arrière.

« Brute ! Tu vois comment on me traite, Anaïs ? »

La dénommée Anaïs se contente de rire, amusée par cette réaction exagérée. Il devient évident que Gia doit avoir ses habitudes à l'aquarium et tu ne t'étonnerais pas qu'elle connaisse tout le monde et ait développé de bonnes relations avec le personnel. Elle a le contact trop facile avec les autres et sait se faire aimer, en plus de s'intéresser réellement au travail de sa mère.

« Tu peux la mettre sur mon passe pour cette fois ? Un peu la flemme de faire de la paperasse et je suis sûre que M'man lui en donnera un de toute façon.
Pourquoi ça ne m'étonne pas que tu cherches à resquiller ?
Je peux-
Tut-tut-tut, laisse les adultes parler, Sei. »

Ta tentative de payer ton entrée comme tu l'avais prévu est vite tué dans l'œuf. Tu essayes bien de te glisser à nouveau dans la conversation, mais Gia fait semblant de ne pas t'écouter, tandis qu'Anaïs s'amuse trop de la situation pour s'en mêler.

« T'es plus jeune que moi, je te signale. »

Tu grommelles finalement en croisant les bras sur ta poitrine.

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tentative de fuite:

Le goût amer de cette défaite toute relative ne te reste pas longtemps dans la bouche. Gia te traîne avec satisfaction hors du hall et de son énorme aquarium cylindrique et tu oublies tes bougonnements dès que l'ambiance se tamise tandis que des traits de lumière bleutée se reflètent sur le sol. Ce n'est pas par ici qu'Eliza t'a fait commencer ta visite la dernière fois. Vous êtes dans un endroit plus petit, une sorte de tunnel qui offre la sensation de traverser la mer. Sur les côtés, l'environnement reproduit les fonds marins et toutes sortes de Pokémon mènent leur vie sans se soucier de vous alors que d'autres nagent majestueusement au-dessus de vos têtes. Machinalement, tu te penches vers l'arrière pour absorber cette vision, ta bouche entrouverte sous l'émerveillement. Un Milobellus paraît danser dans les flots, ses écailles reflétant les éclairages disséminés discrètement dans le bassin.

« D'habitude, les gens finissent par ça, mais j'ai jamais la patience. »

Tu envisages sans mal être entourée par le clou du spectacle. En terminant par ici, tu as la certitude que l'on ne peut sortir de l'aquarium qu'avec des étoiles dans les yeux et une volonté de revenir.

« Oh, le nouveau ! »

Elle s'exclame soudain et sa main se referme autour de la tienne pour te tirer à sa suite. Tu ne sais pas exactement ce que tu es censée voir, ni vers où vous allez exactement. Tu te contentes de suivre le mouvement, assez peu consciente de son contact cette fois-ci tant tu as de choses à prendre en compte. Elle a beau vouloir te faire regarder un Pokémon précis, ton attention saute d'une créature à une autre.

« Là ! »

Jusqu'à ce que tu n'ais plus le choix, ton menton attrapé fermement pour te faire regarder dans la direction d'une traînée turquoise. Il te faut un instant pour réussir à identifier exactement la forme de l'animal tant il file entre les différentes zones de son habitat. Tu t'es rapproché de la vitre, ton visage y étant presque collé, quand enfin tu as un bon angle de vue.

« C'est quoi ce Pokémon ? »

Sa forme te rappelle un peu celle d'un Sharpedo, mais si il était plus allongé et avec plus de rondeurs sur le corps. A vrai dire, la ressemblance est vraiment minime, seulement c'est le seul rapprochement que tu parviens à faire.

« Un Dofin. Ou Superdofin. C'était quoi encore la différence ? M'man m'a dit que c'était super subtil.
La marque sur son ventre. »

Une voix intervient alors que tu te questionnes à peine sur sa difficulté à différencier un Pokémon et ce que tu supposes être son évolution. Les différences d'une forme à l'autre sont généralement bien marquées, mais il faut croire que vous faites ici face à un cas à part. Lorsque tu détournes les yeux de la créature, tu découvres un visage qui ne t'est pas inconnu.

« Gilles, n'est-ce pas ? »

Il hoche la tête avec un léger sourire tout en s'approchant, Gia restant silencieuse à tes côtés.

« Superdofin est un Pokémon vraiment à part. Sa forme basique ne change quasiment pas lors de son évolution, mais il peut prendre une forme cachée dans certaines conditions. C'est comme si cette espèce avait choisi de ne pas arborer leurs changements évolutifs. »

Tu as un peu de mal à imaginer la chose. C'est très théorique et tu ne peux après tout te raccrocher qu'à ton imagination. Tes difficultés doivent se voir car le jeune homme se met à rire avant de sortir son smartphone. Il scrolle un instant jusqu'à te le tendre pour te montrer une photo. Il s'agit d'un Pokémon dressé sur sa nageoire caudale dans une pose que tu ne peux décrire que comme étant héroïque. Si il se rapproche un peu de la créature dans l'aquarium par certains détails, ses couleurs sont elles aussi différentes. Tout cela fait naître plus de questions encore.

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Crabicoque lance Eclate-Roc (dernière utilisation le 25 juillet).
Apparition d'un Pokémon, s'il vous plaît :3

« Il est chromatique le Pokémon de la photo ? »

Gia s'est penchée au-dessus de ton épaule pour regarder l'écran et, d'un coup d'œil sur le côté, tu la découvres avec les sourcils froncés et une incompréhension qui doit être aussi visible que la tienne. Les créatures changeant complètement de couleurs en passant d'un stade évolutif à l'autre ne sont pas rares, mais il reste difficile d'imaginer le même Pokémon arborant des teintes si différentes. Il y a bien le cas de Keckleon et sa capacité à se fondre dans le décor qui te vient en tête, mais le principe n'est pas si similaire. Le cerveau humain aime ses comparaisons et, le tien ne faisant pas exception, apprécie peu d'être ainsi laissé dans l'obscurité.

Gilles secoue la tête pour dénier cette hypothèse avant de hausser les épaules.

« J'aimerais pouvoir vous en dire plus, mais personne n'a encore réussi à filmer la transition de cette forme que vous voyez sur la photo à celle se rapprochant du spécimen que nous avons à l'aquarium. Ils existent dans le paysage sous-marin paldeanais depuis des décennies et les spécialistes viennent à peine de découvrir cette transformation. Pendant longtemps, à Paldea, sa version bipède était vue comme une légende. Un héros jaillissant de nulle part pour sauver la veuve et l'orphelin et disparaissant tout aussi vite. Un tel exploit atteste de la vive intelligence de ces créatures. Nous avons acquis un Superdofin pour faire des recherches sur son comportement et tenter de percer son mystère. Le docteur Abbott pense qu'avec un tel comportement il pourrait être une clé dans la gestion d'espèces invasives si on venait à l'introduire dans certaines zones protégées. »

Le respect qu'il éprouve pour Eliza est évident. Les yeux de Gilles brillent quand il en parle et son discours n'en devient que plus passionné. Tu ne peux t'empêcher de te trouver fascinée par ce Pokémon dont tu ne connaissais pas l'existence quelques minutes auparavant. Il y a tellement de choses que tu ignores, tellement de créatures que ton imagination ne pourrait même pas créer.

« Bien sûr, cela prendra des années pour en arriver là, mais le simple fait d'y penser.. Ah, pardon. Je parle trop. »

Il passe une main gênée dans ses cheveux déjà bien ébouriffés et jettes un regard vers le sol.

« Non, non, ça m'intéresse. C'est passionnant. »

Ta ferveur te met un peu mal à l'aise, mais elle fait mouche et pousse le jeune homme à relever la tête, un grand sourire aux lèvres. Tu ne regrettes pas. Gilles est un interlocuteur agréable. Il t'évoque un certain calme de part son attitude. Il semble posé et mature, pleinement à l'aise dans ce domaine qu'il s'est choisi. Tu l'envies pour ça. Le jeune homme se rapproche, une main camouflant sa bouche alors qu'il se met à murmurer.

« Vous voulez le voir de plus près ? Je suis sûr que ça dérangera pas le docteur Abbott et la chef est pas là ce matin. »

La simple mention d'Eliza suffit à te rassurer malgré l'interdit que cela représente, bien que tu n'ais aucune idée de l'identité de cette fameuse chef. Gia semble particulièrement enthousiaste à tes côtés et tu sais qu'il n'y a pas de retour en arrière possible lorsqu'elle s'emballe de la sorte. Dans une mimique du geste de Gilles, tu te caches les lèvres à ton tour.

« Avec plaisir. »

Vous vous dirigez ensuite vers la partie de l'aquarium réservée au personnel avec toute la discrétion d'un groupe d'enfants jouant les espions.

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tentative de capture: