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Que voulez-vous faire ?

Une porte à deux battants particulièrement impressionnante et bardée d'indications interdisant l'accès vous attends, mais elle n'est pas un obstacle pour Gilles et le badge qu'il porte au bout d'une lanière autour de son cou. Il la scanne et vous pouvez continuer dans un couloir qui n'est pas différent de celui d'où vous provenez. Il devient graduellement plus désordonné que celui où circule le public, des tuyaux et câbles courant le long des murs et demandant parfois de faire bien attention à là où vous mettez les pieds. De temps en temps, vous croisez aussi de grandes boîtes métalliques. Le jeune homme est un guide efficace et il ne manque pas de vous prévenir avant chaque zone plus encombrée. Ce n'est rien de terrible, il est juste évident que l'efficacité est une priorité ici. Cela diverge encore de l'endroit où Eliza t'a emmené la dernière fois et tu ne manques pas d'être un peu plus dépaysée suite au passage d'une autre porte, puis d'un long escalier emprunté. L'ambiance change radicalement. Il fait humide et un peu froid ici, la luminosité plus faible renforçant encore l'impression. Tu supposes que vous vous trouvez sous terre, mais tu le dois peut-être simplement à cette pénombre cassée par des lampes dignes de celles que l'on peut voir ornant des abris dans les films. Tout ça n'est néanmoins pas le plus marquant. Il est impossible de passer à côté des vastes bassins au-dessus desquels courent des passerelles. Ils sont à l'air libre et il n'y a que des barrières métalliques pour vous séparer d'une chute dans l'eau. Pas de doute, vous voilà vraiment au cœur de l'aquarium.

« Waouh. »

Tu n'as rien à dire de plus, tout simplement sans voix de vivre une telle expérience. Tout ici indique que tu te trouves dans un endroit où tu ne devrais pas être et, pourtant, tu ne fais que progresser jusqu'à atteindre la balustrade à laquelle tes mains s'accrochent par réflexe. Tu ne résistes pas à l'envie de te pencher un peu et c'est une vue plongeante sur la faune qui s'épanouit que tu découvres. Tu ne fais que voir sous un autre angle ce que tu as pu observer tout à l'heure, mais, sans le mur de verre pour vous séparer, tout parait plus réel. Les Pokémon que tu vois danser dans l'eau sont aussi bien plus désintéressés de vous.

Une présence s'invite à tes côtés et, faute de reconnaitre celle de Gia, tu supposes qu'il s'agit de Gilles. Quand tu parviens à te détourner du spectacle, tu le trouves accoudé à la barrière avec un sourire presque fier. Le résultat sans doute du temps qu'il passe à travailler ici. Tu supposes qu'aider à faire tourner un tel environnement doit procurer une sensation particulière.

« Prête à le voir ? »

Tu hoches la tête, un peu ailleurs avant de te souvenir de la réelle raison de ta présence. Tu pourrais passer des heures à simplement regarder les Pokémon vivre, tu imagines donc mal comment l'expérience pourrait être meilleure. Comme tu te trompes. L'étudiant t'emmène vers un autre bassin où Gia vous attends et il porte un sifflet à ses lèvres. Tu ne l'avais pas remarqué jusqu'ici, mais il était accroché à la lanière, contre son badge, depuis tout ce temps. Le petit objet ne produit aucun son, malgré tout, la réaction est immédiate. Le clapotis de l'eau attire ton attention vers le bassin où une forme qui se déplace à toute vitesse vient de briser la surface. Quand elle ralentit, tu reconnais le Superdofin de tout à l'heure. Il y a plusieurs mètres qui vous séparent et, d'une certaine façon, tu ne peux pas le détailler aussi aisément que lorsque vous étiez encore dans la partie publique, mais l'intérêt qu'il vous porte compense. Il vous fixe avec un regard profondément intelligent, son attention passant de Gia à toi avant de laisser échapper une vocalise à l'attention de Gilles.

« Qu'est-ce que vous faites là ?! »

L'émerveillement est de courte durée.

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Crabicoque lance Eclate-Roc (dernière utilisation le 9 septembre).
Apparition d'un Pokémon, s'il vous plaît :3

« Chef ! Vous êtes déjà là ? »

Gilles se crispe à tes côtés. Il est rapide dans son approche de cette nouvelle venue que tu découvres dans la pénombre. Une femme à la silhouette très élancée et à la longue chevelure attachée en une queue de cheval lâche. Malgré le stress provoqué par cette apparition soudaine, tu lui trouves quelque chose de terriblement familier. Pourtant, une personne si grande te parait difficile à oublier. Elle dépasse bien Gia d'une tête, un détail d'autant plus marquant quand on sait que tu n'atteins pas complètement l'épaule de cette dernière.

« Je voulais vérifier que tout allait bien pour les Nigirigon nouvellement éclos. T'as un problème avec ça, Gilles ?
Non, non. C'est juste qu'on m'a dit que vous aviez passé toute la nuit ici. Vous devriez vous reposer, chef.
Pour que tu puisses continuer tes petites magouilles ? Et, bien sûr, cette sale gamine est impliquée.
Hé ! »

Tu ne comprends pas tout. Vous avez fait quelque chose que vous n'auriez pas dû, tu le savais, et tu es consciente aussi que vous êtes en train d'attirer des ennuis à Gilles, mais, malgré le ton employé, tu n'as pas la sensation qu'il y ait un réel problème. Maintenant que la surprise est passée, le jeune homme semble plus détendu. Il s'agite dans sa défense et ses joues sont un peu rougies, mais il n'est pas terrorisé comme une personne prise en faute le serait. Tu n'es tout de même pas mécontente de pouvoir rester en retrait. La fameuse chef n'est pas qu'impressionnante par sa taille, elle dégage une aura d'autorité toute particulière à laquelle tu ne voudrais pas être confrontée. Et, juste quand tu y songes, ses yeux se posent sur toi.

« Et qui a rejoint votre bande de petits merdeux ? Uh... »

Elle se contente de se pencher vers toi pour t'observer, mais tu as la sensation qu'elle s'est approché. Ton premier réflexe est de reculer d'un pas, pas très à l'aise. Malgré tout, il y a toujours ce titillement au niveau de ta mémoire. Un souvenir qui tente de se rappeler à toi.

« Tu veux toujours que plus de gens s'intéressent à ce qui se fait ici, ben c'est son cas, alors soit contente. Hein, Gilles ? Tu n'as fait que profiter d'une occasion pour faire connaitre Superdofin quand tu t'es rendu compte que Seiloh l'observait. »

Gia s'est calé à tes côtés, une main serrée autour de ton bras dans une attitude protectrice que tu ne connais que trop bien. Du coin de l'œil, tu vois l'étudiant acquiescer directement, suivant ce plan qui se développe en direct sans le moindre accroc. Tu ne peux t'empêcher de te demander si ce n'est pas quelque chose qu'ils ont déjà dû faire. Après tout, tu ne sais pas grand chose sur leur relation. Vu le peu de retenue de ta meilleure amie, il ne fait aussi aucun doute qu'elle connait bien cette femme.

« Seiloh ? »

Ton prénom la fait réagir et cela ne te rends que plus curieuse. Une main placée derrière la tête, la chef parait réfléchir un instant avant que son regard ne s'illumine.

« Mais oui ! T'es la petite qui était toujours dans les basques d'Eliza. »

Apparemment, ton visage doit parler pour toi et signifier ton incompréhension car elle enchaine immédiatement.

« Tu te souviens pas ? C'était pendant un voyage d'étude à Alola. Vous deux, les gamines, vous étiez en vacances, mais Eliza t'emmenait sur les zones d'observation. Je t'ai appris à faire du tuba. »

Cela prends du temps, mais tu finis par reconnecter toutes les morceaux de ce voyage qui ne date pourtant pas d'il y a si longtemps. Tant de choses se sont néanmoins passées entre temps et, parfois, tu as l'impression que tes années d'adolescence se mélangent dans une série d'images troubles et peu datées. Pour ta défense, Maddox a beaucoup changé depuis. Son prénom t'est revenu sans mal avec les bons indices. A moins que grandir ait changé ta perception ? Dans tous les cas, elle te parait bien moins impressionnante maintenant que tu peux l'associer à un souvenir positif. Malgré des airs un peu durs, elle avait été très patiente avec toi lors de vos quelques interactions. Tu ne peux pas prétendre la connaitre réellement, mais elle reste l'une de ces adultes que tu as apprécié étant plus jeune. Tu te contentes de hocher la tête, un peu paumée. Tu n'es pas sûre de ce que tu es censée dire à une personne à laquelle tu n'as plus pensé depuis très longtemps et qui n'est qu'une vague connaissance.

« Tout ça, ça veut pas dire que vous n'êtes pas dans la merde tous les trois. Je vais vous faire récurer si vous voulez tant que ça voir les coulisses. »

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tentative de fuite:

La menace de Maddox ne pourrait être plus littérale. Avec toute l'autorité de quelqu'un qui n'est pas habitué à accepter le mot non, elle vous mène vers un habitat déserté après un passage dans des vestiaires pour vous faire enfiler des bottes. Le moment parait irréel, mais tu ne bronches pas, une attitude normale dans ton cas, mais il est plus étonnant de voir Gia suivre le mouvement en râlant sous son souffle. A aucun moment elle ne s'est rebellé ou a cherché à se dérober, elle s'est contenté de suivre le mouvement comme l'enfant punie qu'elle est dans le fond. Le cas de Gilles est un peu différent puisqu'il se contente d'obéir à sa patronne. Malgré tout, tu n'es pas tant dérangée que ça par le développement qui vous conduit ici. Tu aimes aider et le contexte donne à cette tâche ingrate une saveur particulière. Après tout, tu ne nettoies pas n'importe quel endroit, il y a ici des Pokémon qui vivent, dans un environnement construit pour leurs besoins. Cela te donne envie de te donner à fond, tout en guettant le moindre détail digne d'intérêt. Tu espères aussi secrètement que Maddox vous laissera regarder le retour des créatures vivant ici. Tu n'as malheureusement pas eu l'occasion de lui poser des questions, elle avait bien sûr eu mieux à faire que de vous surveiller. De toute évidence, elle ne craint pas de vous voir tirer au flanc. Elle n'est pas en tort jusqu'à un certain point. Si Gilles se montre efficace et que tu fais de ton mieux, ta meilleure amie est un peu moins motivée. Appuyée sur son balai avec nonchalance, elle ronchonne depuis un moment.

« C'est de l'abus de pouvoir. On est des visiteuses. Elle exagère, elle connait même pas Sei tant que ça. T'es d'accord, hein, Sei ?
Nous aussi on a abusé. »

Même si ce n'est que de vos relations. Ou des relations de Gia. Les choses sont encore un peu floues avec Gilles, il ne t'aurait sans doute pas emmené voir les coulisses si tu n'avais pas été accompagnée d'une personne en qui il avait confiance. Tu t'arrêtes un instant de récurer pour jeter un regard par-dessus une épaule qui se hausse.

« Ca ne me dérange pas de faire ça.
Bien sûr que ça ne te dérange pas. »

Elle soupire, apparemment un peu blasée par ton attitude. Il est vrai qu'avoir été prise en faute n'était pas vraiment nécessaire pour te faire participer. Si Maddox ou même Gilles t'avait demandé un coup de main, tu aurais sauté sur l'occasion d'aider sans une seconde d'hésitation. Par extension, cela te permet aussi de contribuer au travail d'Eliza, une façon un peu détournée de la remercier pour tout ce qu'elle fait pour toi.

Le sourire que tu adresses à Gia est tout petit juste avant que tu ne reprennes ta tâche. Quelques secondes plus tard, tu entends sa brosse se mettre en mouvement.

« Pff, c'est bien pour te faire plaisir. Mais tu me dois une manucure pour ça, j'avais pas prévu de faire le ménage.
Okay. »

Si il ne faut que ça pour lui faire plaisir. Encore une fois, tu te serais rendue utile de la sorte même sans ce dénouement.

« C'était.. Je... Laisse tomber ! Gilles, frottes plus fort qu'on en finisse ! »

Tu ne peux t'empêcher de rire. Aussi bizarre que soit cette journée, elle est agréable et si différente des autres que tu as vécu à Kalos. Une notion que tu commences à sincèrement apprécier.

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Crabicoque lance Eclate-Roc (dernière utilisation le 17 décembre).
Apparition d'un Pokémon, s'il vous plaît :3

Tu termines cette journée avec la sensation de l'effort incrustée dans le corps. Tes muscles ont bien travaillés au cours de cette longue liste de tâches par laquelle Maddox vous a fait passer. Toutes assez basiques et répétitives au vu de votre statut de travailleurs embarqués de force, mais cela te donne tout de même l'impression d'avoir fait quelque chose de constructif. Bien sûr, Gia n'avait pas été de cet avis. Plus le temps passait, plus ses plaintes avaient été vocales, jusqu'à ce qu'elle finisse par ne rien faire du tout, vous laissant à Gilles et à toi le loisir de vous amuser. Ou plutôt juste à toi, le jeune homme agissant dans le cadre de son travail, même si tu ne doutais pas qu'il devait avoir des responsabilités un peu plus importantes en temps normal. Tu ne t'étais pas laissé démotivée et cela avait dû plaire à la chef puisqu'elle t'avait à la fin proposé de revenir le lendemain pour venir observer les Nigirigon, une espèce que tu ne connaissais pas et sur laquelle tu comptais bien te renseigner dans la soirée. En plus, tu avais pu regarder la balade des Tiplouf de très près.

Tout ça, tu l'avais raconté à Eliza avec enthousiasme dès son retour. Ce n'était pas si étonnant que ça puisqu'elle était une femme occupée, mais, malgré tout le temps passé à l'aquarium, vous ne l'aviez pas croisée. A sa tête, il était néanmoins vite devenu évident qu'elle avait entendu parler de vos péripéties. Cela ne l'avait pas empêché de t'écouter avec intérêt après que Gia soit partie vaquer à ses occupations dans sa chambre. Cette dernière n'avait pas eu l'air de passer un si mauvais moment, mais, au plus le temps avait passé, au moins elle avait manifesté de patience. Elle était revenue un peu blasée et vous aviez peu parlé entre temps. Il faut dire qu'il y avait eu fort à faire pour satisfaire vos Pokémon respectifs après cette absence. Une habitude que tu peinais encore à prendre. Tu n'avais eu qu'Allen durant deux ans et il n'était pas le plus demandeur en terme d'attention. Jusqu'à il y a peu. Il avait cette fois été le premier à venir t'accueillir, suivit de très près par Jay. Polochon avait fermé la marche avec sa nonchalance naturelle, mais n'avait pas rechigné à se faire prendre dans les bras pour un câlin décidément bien confortable. Son nom lui allait de mieux de mieux.

Maintenant que la maison a retrouvé son calme, chacun tombant dans ses habitudes, tu ne sais que faire. Aussi à l'aise que tu sois ici, il n'était pas commun pour toi de ne pas avoir un planning soigneusement préparé. Si tu aimes la nouveauté et cette liberté que tu apprivoises doucement, tu commences aussi déjà sentir les limites de ce que tu peux tolérer. Tout changement brutal est destiné à être compliqué et tu le comprends enfin. Tu erres un peu jusqu'à rejoindre l'étage, le Keunotor sur tes traces après que tu l'ais aidé à monter les marches. Il est capable de le faire lui-même, tu n'en doutes pas, mais tu avais cédé devant sa bouille penaude. En passant devant la chambre de Gia, tu trouves la porte ouverte et cela te rappelle de lui demander si elle accepterait de te prêter son ordinateur. Faire tes recherches y serait nettement plus pratique que sur ton téléphone. Tu toques légèrement, restant dans le couloir jusqu'à ce qu'elle te fasse le signe d'entrer. Elle est assisse contre son lit, Lazlo étendu sur ses cuisses pendant qu'elle le brosse avec un gant spécial. Elle prends tout de même le temps de tapoter la place à ses côtés de sa main libre. Tu t'exécutes aussitôt, contente d'avoir une partie de son attention.

« T'as l'air d'avoir passé une bonne journée. »

Elle sourit, mais il y a quelque chose d'insatisfait dans sa voix. Comme si, dans le fond, elle voulait faire la moue. Tu ne sais pas trop ce que tu dois comprendre. Tu hoches donc la tête, prudente dans ta réaction. Elle enchaîne aussitôt.

« Je voulais qu'on passe du temps ensemble et, au final, on s'est fait court-circuitées. »

Tu identifies encore plus mal le problème désormais. Après tout, vous étiez restées ensemble tout le long. Ce n'était même pas nouveau de vous voir partager des activités différentes tout en restant dans la comfort zone de l'autre. La seule différence avait été que vous n'aviez pas été qu'à deux ou en compagnie de l'un de ses parents. Est-ce que c'est ça qui l'embête ? Que vous soyez restées avec Gilles et Maddox ? Certes, sa relation parait un peu houleuse avec cette dernière, mais il y avait aussi eu une forme de jeu dans leurs échanges. Tu n'y avais donc pas vu un réel problème. Peut-être aurais-tu dû. Il n'empêche que tu restes confuse. Tu tritures un instant les mèches qui te tombent sur le visage, soucieuse.

« Est-ce que je t'ai manqué ? »

Tu oses à peine le dire et cela vient avec une touche de plaisanterie. Tu n'y crois pas réellement. Mais elle dodeline de la tête, les lèvres courbées par le mécontentement.

« Je voulais que ce soit juste nous deux. »

Avec tous les signes que tu stockes malgré toi depuis ton arrivée, il t'est encore difficile de ne pas envisager ce qui pourrait se cacher derrière cette déclaration. L'espoir te noue la gorge, un picotement se répandant dans tes doigts avec l'envie de saisir sa main. Tu n'en fais rien. Tu te forces à les nouer dans les fibres du tapis imitant un pelage de Pokémon. Pendant ce temps, Gia continue de brosser son Pyroli, comme si de rien n'était. Sans doute soulagée d'avoir exprimé sa déception.

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tentative de capture:

Message bien reçu. Le lendemain te trouve chargée de cette volonté de te rendre toute disponible pour le programme que Gia aura préparé pour vous. L'exercice n'est en rien difficile. Malgré les jours qui passent, tu ne te lasses pas d'être à ses côtés et de rattraper le temps perdu. Faire un petit effort supplémentaire pour t'assurer de ne pas la délaisser se fait donc naturellement.

« Je rentrerais en fin d'après-midi. J'ai un cours de danse, faut que je vois ma coach, puis y a un entrainement commun avec des performers du coin. »

Sauf que les choses ne se passent pas exactement comme prévu. Ton enthousiasme est de courte durée. Tu ne laisses pas ton corps te garder dans les draps cette fois, ce qui te permet de ne pas te réveiller au sein d'une maison vide. Ton amie est néanmoins sur le départ. Elle termine de préparer son sac dans la cuisine, Lazlo attendant patiemment sur une chaise. Il parait motivé, un changement marquant après sa période de paresse et de mauvaise humeur. Gia aussi dégage une énergie différente. Tu la trouves soudain plus mature. C'est sans doute le cas. Parce que, contrairement à toi, elle avance vers son but. Il y a des étapes concrètes vers lesquelles elle peut cheminer pour se rapprocher de son rêve. Elle ne peut pas se permettre de prendre plus que quelques jours de pause. Tu te demandes si cela avait même un rapport avec toi. Après l'échec de son dernier concours, il aurait été normal qu'elle veuille se donner un peu de temps pour digérer ses émotions. Mais, très vite, elle est retombée sur ses pattes. La transition a déjà commencé hier.

Si tu n'en dis rien, une petite part de toi avale mal le rejet. Tu n'arrives pas à voir la chose autrement, même si tu comprends dans le fond. Gia aurait pu te proposer de l'accompagner, mais elle ne l'a pas fait. Tu ne doutes pas de ses raisons, ne doutes pas du fait que c'est mieux ainsi. Tout ça est trop sérieux et tu te contentes de dériver. En l'état, tu tiens de la distraction malgré une ferme volonté de ne pas prendre trop de place. Encore moins dans ce pan de sa vie qui n'appartient qu'à elle.

« Tu m'appelles si y a un problème ? »

Tu dodelines machinalement de la tête malgré cette certitude en toi que tu ne la dérangeras pas.

« Prends ce que tu veux dans la maison, tu sais bien. Oh et je t'ai laissé mon pc dans le salon. Tu voulais étudier des trucs, nan ? »

Nouveau mouvement de tête. Elle te lance un rapide regard sans jamais arrêter ses préparatifs. Il y a une dichotomie étrange entre son inattention actuelle et le signe clair qu'elle a bien enregistré votre conversation de la veille. Tu ne sais pas quoi faire de ça. Tu te sens désespérément needy et cela te pousse enfin à ravaler les miasmes qui t'obstruent la gorge. Tu peux au moins faire ça. Tu dois l'encourager et non la tirer en arrière avec un boulet de culpabilité. Elle en a déjà trop fait.

« Bon courage pour ta journée. On dirait que tu vas en avoir besoin. »

Tu t'efforces d'esquisser ce sourire qui fonctionne toujours malgré un manque certain de sincérité. Il y a un fond de vrai bien sûr, mais tes émotions sont bien plus tourmentées que tu ne le laisses paraitre.

Que tout ceci passe te loge un inconfort dans la poitrine quand elle part après un signe de la main, Lazlo sur ses talons. Cette fois-ci, Gia ne te voit pas. Pas vraiment.

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Insertion de l'œuf de Ptyranidur S.