Une fois n’était pas coutume, tu avais décidé de ne pas immédiatement retourner à Johto après tes rendez-vous sur l’île Puwaï. En vérité, en discutant avec Jeanne et une autre de vos collègues, tu réalisas que tu n’avais jamais pris le temps de correctement te renseigner sur Alola, cette immense région faîte d’îles tropicales. Bon, déjà car avec ton teint de cachet d’aspirine le risque d’insolation était quasiment permanent, ce qui n’était pas un avantage ! Mais tu cherchais un nouveau décor pour ton prochain roman, histoire de te vider un peu la tête de tes affaires courantes, et ce fut l’île d’Akala qui retint ton attention.

… pour ne pas dire que tu lanças une pièce sur la carte en pleine réunion pour voir que cette région avait été désignée par le hasard. Tu avais alors déclarée, toute fière, que ce serait ta prochaine destination, et tu étais donc partie comme une princesse. Sans nul doute que certains te trouvaient trop capricieuses et excentriques, mais ne fallait-il pas au moins ça pour s’amuser dans ce monde de fous ? Complètement. Enfin ! La chaleur des îles n’étaient pas uniquement dû au soleil, puisque tu trouvais les habitants très chaleureux contrairement à ce que tu connaissais chez toi. Enfin, ce n’était peut-être que le goût de l’aventure qui te rendait plus guillerette et, par extension, faisait que tu trouvais tout plus charmant ! Même cette pêcheuse qui fit un gros PLOUF non loin de toi, sous les rires de deux enfants qui l’aidèrent ensuite à remonter. Décidemment, la Colline Clapotis portait bien son nom ! Mais tu n’étais pas venue sans une idée derrière la tête.

Lors de ton dernier séjour chez les éthologues, tu en avais profité pour farfouiller parmi les documents mis à votre disposition. Tu connaissais quelques légendes venant d’Alola, mais les dernières en dates remontaient à tes fiançailles avec Allan et… eh bien, il était mort il y a un sacré bout de temps, et une partie de ta mémoire s’était trouvée la fantaisie de sceller le tout.
Deux histoires attirèrent ton œil de chasseuses d’histoire ; l’une contait l’épopée d’une jeune fille ayant sauvé un être immortel il y avait quelques centaines d’années, et ce gigantesque pokémon aurait confié en retour à la jeune fille son pouvoir de ne jamais mourir et de veiller sur une île. L’autre légende était un peu plus étrange, relatant l’histoire de deux frères ayant épousés la même femme, sans le savoir. Pour se venger, ils jettèrent la pauvresse dans l’eau, les pieds enchaînés, maudissant son corps pour qu’elle suffoque pour toujours.

Glauque. Mais les deux histoires avaient l’avantage de provenir d’un même endroit ; la Colline Clapotis. Sauf que, problème…

Les histoires, il y en avait plein, partout, tout le temps, et elles étaient souvent aussi précises qu’un goinfrex n’était rapide. Aussi te fallait-il trouver de l’aide pour se repérer… et ton dévolu se jeta sur une jeune femme au teint bien bruni (elle devait forcément être du coin !) non loi, commençant par de grands gestes des bras heureusement camouflés sous tes bandages blancs. Ta petite robe à fleurs voleta tout autour de toi tandis que tu redressais ton grand chapeau de paille afin qu’elle voit ton visage.

— Coucou ! Vous êtes du coin ? Oh j’aimerais vous poser quelques questions s’il vous plaît ! Car voyez-vous, je ne suis pas d’ici, et je chasse des histoires...

Ohana ça veut dire famille, mais c’est aussi la ville dans laquelle on crèche actuellement avec Nill. Il s’est prit de curiosité pour les légendes locales, d’un coup. Je crois qu’il va abandonner son job d’éleveur et devenir historien. C’est dommage, c’est un bon éleveur. Quand il sait se faire écouter de ses pokémons. Enfin, pour l’instant, on s’est séparé. Lui, il est parti pêcher quelque part, je sais plus trop où. Moi, je suis à la colline clapotis et je regarde Pearl s’amuser dans l’eau. Genre, comme une folle. Genre, elle gazouille et tout, c’est trop mignon.

Je continue de l’observer quand je me fais accoster par une jeune femme. Oui, bonjour, madame. Non je suis pas du coin, mais comme je peux pas en placer une, je vais attendre que vous repreniez votre souffle. Voilà, c’est bon ?

- Bonjour Madame, je suis ici en touriste. Mais si vous voulez, je peux vous aider dans votre chasse ? Elle a l’air intéréssante.

Je me retourne vers un lac pour appeler Pearl et cette dernière sort de l’eau en grognant. Bah oui, t’es pas contente, mais je m’en fiche, je te laisse pas toute seule ici. Tu peux me faire les gros yeux, je m’en fiche. Je tapote la cuisse, pour indiquer qu’on va bientôt se mettre en route. Je me tourne vers la femme qui m’a accosté.

- Je suis Sheera et vous ? Et quelle genre d’histoire chassez-vous ? Et du coup, vers où voulez-vous aller ?

Nombre de mot:

Tu clignas des yeux plusieurs fois, baignée dans une toute petite incompréhension. Touriste ? Ah !


— Ah ! Oh ma foi, toute aide est bonne à prendre héhé ~

Tu te dandinais sur tes jambes, quand soudainement tu te fis happée par le pokémon qui sortait de l’eau. C’était une dresseuse ! Ebahis par la superbe du pokémon aqueux, tu restas figée pendant quelques instants.

— Un otaquin ! Oh mon dieu j’en avais jamais vu en vrai ! Il est absolument magnifique, vous êtes dresseuse ?

Tu ne réalisas pas que ton débit de parole pouvait gêner ; comme d’habitude, en un sens, puisque la réalité était quelque chose dont tu ne te préoccupais pas toujours, surtout quand quelque chose venait de s’imposer dans ton crâne comme on enfoncerait un clou dans du bois. Secouant la tête, tu finis par tendre ta main vers ton vis à vis, reprenant le sourire que tu avais l’habitude d’avoir malgré le soleil qui te tapait sur le crâne.

— Gédéon ! Dresseuse également et éthologue de mon état. Si vous n’êtes pas du coin que faites-vous sur ces merveilleuses îles d’Alola ?

Il était si facile pour toi de développer un appétit pour les êtres et les pokémons qui peuplaient ce monde. Et puis ce genre de petites conversations… ah ! Tu les jouais dans ta tête en écrivant tes bouquins, mais c’était quand même autre chose de faire véritables rencontres, aussi avais-tu l’impression de flotter sur un divin petit nuage. Et puis, cette Sheera te paraissait si charmante, votre aventure ne pourrait s’avérer qu’agréable et prolifique !

La jeune femme ne refuse pas mon aide. C’est toujours plus simple de chercher à deux après, tout. Surtout si tu connais pas le coin. Comment ça, je connais pas le coin non plus ? J’ai un très bon sens de l’orientation ! C’est pas vrai, j’me suis déjà perdue dans ma salle de bain. Mais je ne donne pas cette info à la jeune femme. De toute façon, elle m’aurait pas entendue, elle est plongée par sa contemplation de Pearl.

— Un otaquin ! Oh mon dieu j’en avais jamais vu en vrai ! Il est absolument magnifique, vous êtes dresseuse ?
- Si, on veut. Elle s’appelle Pearl.

C’est pas exactement ça, je n’ai pas possédé de pokémon depuis plusieurs mois et je n’ai plus l’habitude du dressage de pokémon. Selon Nill, c’est comme le vélo, ça ne s’oublie pas, mais bon, je n’ai jamais vraiment dressé mes pokémons. Pearl m’écoute car j’ai assez de caractère pour lui tenir tête, c'est pas dit qu’elle m’écoute quand elle aura évolué.

Ma correspondante me tend une main, que je saisis pour lui faire une poignée de mains. Puis, elle se présente, Gédéon. En voilà un prénom peu commun. Il ne faudrait pas que je me trompe en le prononçant. Mais bon, ça a l’air facile à retenir.

- Eh bien, je vous ai dit, je suis touriste. Je suis ici en voyage avec mon frère, mais il est parti pêcher dans son coin. Ça vous dit que l’on fasse connaissance en cherchant vos histoires ? Quel genre d’histoire cherchez-vous ?

Je commence à l’éloigner de la colline clapotis, suivie de la jeune femme. JE ne sais pas ce que Gédéon cherche, mais on va essayer de trouvé ça. Près de moi, j’entends mon Otaquin ronchonner mais je décide de l’ignorer sciemment.

« Pearl ». Tu répétas plusieurs fois son nom avec un plaisir roucoulant. Tu adorais la prononciation du nom à qui tu trouvais un charme tout particulier, et bien choisi qui plus est ! Mais tu plissas légèrement les yeux. « Si on veut ? » La plupart des dresseurs de vos âges (mais peut-être était-elle plus jeune que ce que tu pensais ? Difficile à dire, la couleur de sa peau te perturbait, vous étiez tous aussi blancs que la neige par chez toi, peut-être que les marques de vieillesses n’étaient pas les mêmes sur Alola) avaient tendance à montrer leurs petits badges (pour ceux qui en avaient) ou simplement le fait qu’en effet, ils étaient dresseurs, de manière orgueilleuse voire déplacée. Sheera était différente et tu prendrais soin d’en découvrir les raisons, mais avant tout vous aviez une toute nouvelle mission ! Souriante, sa main chaude rencontra la tienne : tu t’imaginas sceller un pacte, rieuse, tandis qu’elle t’avouait être touriste. Un voyage, un frère pêcheur…

— Oh, j’étais si excitée de venir ici que j’ai complètement oublié de prendre avec moi ma canne à pêche !

Ton pieds tapota la roche sur laquelle tu t’étais plantée, alors que tu croisais les bras et gonflais les joues. Ton jeu s’épuisa tout seul quand tu éclatas de rire, sans prendre en compte le fait que ton comportement puisse paraître étrange.

— Je vous suis ! Ca fait super longtemps que je n’ai pas discuter avec des gens qui ne sont ni éthologue, ni scientifique.

Ton regard pétillait alors que tu la suivais. Même en tant que touriste, elle paraissait quand même plus à l’aise avec le soleil qui vous cognait sur la tête comme un marteau enfoncerait des clous, et elle galérait un peu moins que toi à ne pas glisser honteusement dans l’eau.

— Ah bah si vous me prenez par les sentiments ! En vérité, j’ai deux pistes. La première concerne potentiellement un pokémon immortel ayant été sauvé par une jeune fille à qui il confia son immortalité. Cette jeune femme devrait également protéger l’île ! Ca vous dit quelque chose ? Et pour la deuxième, c’est plus glauque, mais plus intéressant.

Un air coquin transfigura tes traits fins, te donnant un air presque vicieux. Tu voulais toutefois lui laisser le temps de répondre avant d’entamer la description de la seconde histoire.

Gédéon semble prise d’une illumination quand je lui dit que mon frère à prit sa canne à pêche. Puis, elle part dans une bouderie ? Pardon ? Pour un oubli ? Qu’est-ce ? Puis, elle part d’un éclat de rire, et moi, j’ai juste un sourire crispé. Sur quoi je suis tombée, encore ?

Enfin, trop tard, je me suis engagée. Je tiens ma parole jusqu’au bout, je vais l’accompagner. Mais je crois que Gédéon n’a pas encore assimilé le fait que je ne vienne pas d’Alola. Aussi quand elle me demande si j’ai entendu parler de sa première histoire, je secoue un peu la tête.

- Je ne me suis pas intéréssée aux légendes ni même à la culture d’Alola avant d’y mettre le pied.

Et comme Nill me parle un peu des mythes et légendes des îles, j’avoue qu’elle piquent un peu ma curiosité. Mais celle que la femme vient de mentionner ne me parle pas du tout.Mais, elle semble sympathique, en tout cas.

- Hum, peut-être en allant farfouiller une bibliothèque ? On pourra peut-être trouver des pistes sur votre histoire. Et sur la prochaine aussi. Et l’Office de Tourisme doit bien avoir des guides capables de vous renseigner. Je vous propose d’aller vers la ville la plus proche ?

J’ai dis ça, mais c’est laquelle ? Je ne sais pas du tout son nom. Je vais regarder sur mon téléphone, hein. Ça vaut mieux. Je marmonne je ne sais pas trop quoi en prenant mon téléphone et regardant la carte, la prochaine ville c’est Ohana.

- Ohana, donc. Il doit bien y avoir une petite bibliothèque. Vous voulez qu’on y aille ? Ça a l’air d’être tout droit.

En même temps, le monde était si grand et si plein de tellement de choses ! Et puis, tout le monde n'était pas du genre à voyager, aussi te contentas de répondre à Sheera par un sourire aimable.

— C'est déjà louable de vouloir s'y mettre le moment venu. Vous imaginez le nombre de personnes qui pensent que rien n'existe en dehors de leur contrée natale ? Ca m'étonnera toujours ! A l'ère de l'ultranet, qui plus est…

Tu secouas la tête, haussant les épaules par la même occasion. Les crevasses remplies d'eau autour de vous formaient un parfait paysag pour les histoires et les légendes, mais faute de plus d'informations, mieux valait retourner (ou directement aller) à la ville la plus proche.

— Ohana, c'est parfait ! Bien vu pour l'office du toursime, les bibliothèques sont intéressantes mais quand il s'agit de légendes locales, la fouille peut être plus longue que le voyage jusqu'ici. En avant, toute ! ~ chantonnas-tu en suivant le chemin indiqué.

A vrai dire, quand on était éthologue, les principales ressources utilisées étaient celles de l'île, des collègues, ou des scientifiques que vous rencontriez au cours de vos pérégrinations. Tu étais une petite exception à la règle puisque tu utilisais également tout ce que tu feu fiancé, tes parents ou tes contacts de jadis avaient amassés en matière de ressource, justement.
Cela avait du bon, d'avoir un jour traîné avec des personnes persuadées d'oeuvrer pour un plus grand bien en restant en dehors des clous de la loi.

— Vous voulez que je vous raconte la deuxième histoire ? Elle est un peu moins joyeuse, mais je la trouve particulièrement intéressante. Elle fait pas mal écho à l'histoire de Johto, ce que j'ai trouvé étonnant au premier abord !

— C'est déjà louable de vouloir s'y mettre le moment venu. Vous imaginez le nombre de personnes qui pensent que rien n'existe en dehors de leur contrée natale ? Ca m'étonnera toujours ! A l'ère de l'ultranet, qui plus est…

Ah ça. Quand les gens arrêteront de voir plus loin que le bout de leur nez, peut-être que l’on s'intéressera un peu plus à son prochain. Mais c’est pas près d’arriver. Je me rapelle bien que on a prit l’avion pour Alola avec Nill, un monsieur en costard avait hurler sur un gamin qui semblait s’agiter. Et en même temps, je comprends le petit. C’était très long comme voyage. Enfin bref.

Avec Gédéon, nous prenons la direction d’Ohana. A pied. Ça use peut-être les semelles, mais c’est bon pour le corps. C’est bien de marcher. C’est bien le sport. Je range mon téléphone dans ma poche. Ce devrait pas être compliqué de rentrer à pied à Ohana, ça nous a pas prit longtemps avec Nill de venir ici. Ça devrait aller.

Pendant que l’on marche, l’éthologue me propose de me raconter la deuxième histoire. Soit-disant qu’elle est moins joyeuse que l’autre. Hum, ça ne me gêne pas.

- Nous ne vivons pas dans un conte de fée, si tout termine toujours bien, c’est moins drôle. J’écoute votre histoire, Gédéon.

Je prête une oreille attentive à la suite, ça m’a l’air intéréssant. On quitte la colline Clapotis, pour arriver sur une nouvelle route. On marche d’un bon rythme. Puis je m’arrête face à deux chemins. Merde, c’était celui de droite ou celui de gauche qu’on a prit ?

- Vous êtes venu à la Colline Clapotis à pied, Gédéon ? Vous vous souvenez de votre chemin ?

Le soleil tapait dur mais avec ton chapeau et tes vêtements un poil plus légers que d’habitude, tu te surpris à ne pas trop en souffrir. Surtout que tu te sentais en charmante compagnie et ça, ça n’avait pas de prix. Tu avais un peu de mal à savoir si c’était la timidité ou un côté taciturne mal camouflé qui rendait la jeune femmes à tes côtés si stoïque, très déclarative dans ses intentions, pas malvenues pour autant. En tant qu’exploratrices tu avais l’habitude de marcher, et ce n’était pas les nombreux délivelés des environs qui allaient suffisamment te secouer pour te faire hurler de fatigue ! Bon, peut-être que la plante de tes pieds commençait quand même un peu à chauffer, de même que tes muscles assez souvent sollicité, mais il t’était aisé de passer outre ce genre de petits détails.

— Oh, j’aime cet état d’esprit ! commentas-tu avec un sourire en coin.

Mais certains s’y croyaient, dans un conte de fée. Ou dans un roman d’horreur, ou dans une tragédie shogunesque. C’était parfois intéressant d’écouter les autres pinailler sur leur pauvre et misérable petite vie, mais tu préférais le fantasque des légendes et le fait que presque personne ne puisse s’y retrouver et venir s’approprier ce bout d’histoire. Pas que tu ais quoique ce soit contre l’appropriation, d’ailleurs.

— Il y a quelques siècles, alors que les îles étaient encore bien moins développées qu’elles ne le sont aujourd’hui, les hommes se regroupaient encore très peu en villages et préféraient vivre en autarcie en profitant des bien faits de la nature. Deux hommes, deux frères, épousèrent la même femme, sans le savoir...

Tu ajustas ta voix pour la faire paraître un peu plus sombre, presque plus intime. Tu t’amusas à te rapprocher de Sheera, sans trop empiéter sur son espace vital, plus à la manière de quelqu’un qui voulait partager un secret à voix basse.

— … quand ils le découvrirent, ils ne tardèrent pas à aller demander des comptes à la jeune femme. Mais cette dernière resta bien silencieuse, alors les deux frères la maudirent pour la faire revivre éternellement quand elle viendrait à mourir, l’enchaînèrent et la jetèrent dans l’un des lac de la colline Clapotis.

Tu frappas dans tes mains, juste devant vos visages.

— Clap de fin ! Ce qui m’étonne, c’est que ce sont des légendes qui tournent pas mal parmi les éthologues, mais que même les habitants de l’île ne se transmettent pas beaucoup. Je sais pas ce que vous en dites mais de mon côté, quand ça commence comme ça, c’est qu’il y a pokémon sous roche !

Vous arrivâtes devant deux chemins différents. Tu penchas la tête sur le côté, un peu confuse.

— Il… mmh, quand je suis arrivée, j’aurais juré avoir fait un tout droit...

Ou alors, vous aviez pris la mauvaise direction sans vous en rendre compte ? Par acquis de conscience tu attrapas ta carte, que tu prenais toujours au cas où ton GPS ne fonctionne plus. Pas que tu ne lui fasses pas confiance, à ce brave GPS, mais tu avais tout simplement la flemme de rallumer ta pokémontre plongée dans ton sac, car elle te donnait trop chaud.

— Bizarre, je ne vois pas de double sentiers sur la carte… bon, on en essaie un au hasard ?

Gedeon me raconte sa deuxième légende. Deux frères qui ont épousé la même femme. Dans certaines régions nordiques, on appelle ça le quotidien. Par contre, je grimace quand j’apprends qu’ils l’ont jeté à la Colline Clapotis en la maudissant. Je dois grimaçer, je crois. LEs corps, c’est poubelles jaunes !

- On leur a jamais appris à ne pas jeter les ordures à l’eau, à eux ?

Je lâche un petit rire, j’espère que ma blague fera rire Gedeon aussi. Puis, après un long moment de marche, on se retrouve face à un double sentier et on ne sait pas lequel prendre. L’ethologue me dit qu’elle n’a pas de double sentier sur sa carte. Deux solutions : soit sa carte n’est pas à jour, soit on s’est trompées de chemin et on est vraiment mauvaises. La deuxième solution peut-être.

- Bah, je suppose qu’on a un très mauvais sens de l’orientation. Prenant un sentier au hasard.

C’est peut-être pas une bonne idée, mais c’est la seule idée que j’ai. Je sors une pièce de ma poche. Pile, on va à droite et face, on va à gauche. Je lance la pièce et ça tombe sur pile. Le hasard, ou le destin va savoir, à parlé.

- Ce sera à droite, donc. Aucune objection, Gédéon ?

Je ramasse ma pièce, souffle dessus pour enlever la pièce et je repars sur le sentier de droite, jetant un coup d’oeil en arrière pour regarde si la jeune femme me suit ou pas. Et c’est là qu’il fallait prendre à gauche. Ce serait marrant, non ? Qu’on se trompe à cause du hasard.

- Si on se retrouve au bord de l’océan, c’est qu’on s’est trompées de chemin, ha ha ha.

Si sa grimace t’amuse alors que tu ponctuais tranquillement la fin de ton histoire, sa remarque te fait éclater de rire.

— C’est… c’est exactement ce que je me disais ! Il y a des manières plus propres de se débarasser de ce genre de choses...

L’oeil pétillant et l’air malicieux, il fallait quand même en revenir à un problème quelque peu épineux ; pourquoi diable voyais-tu deux passages là où il n’était supposé n’y en avoir qu’un à cet endroit ? Tu gloussas en l’entendant critiquer votre sens de l’orientation ; tu étais intelligente et avait une bonne mémoire visuelle mais, en l’espèce, ton sens de l’orientation était en effet absolument affreux.

— Au hasard ? Mmmh.

Tu la laissas faire, réfléchissant à si autre chose que votre sens de l’orientation pouvait être mis en cause. Alors qu’elle sortait une pièce de sa poche, tu te permis de poser à plat ta réflexion. Tu rentras la carte dans ton sac avant de reprendre la parole.

— Je n’ai pas eu vent de pokémons spectres ou psy dans la région qui pourraient s’amuser à provoquer des illusions. Et… c’est bizarre qu’il n’y ait plus personne autour de nous, non ?

Tu cherchas à l’horizon le plus proche mais toute la zone était étrangement calme. Sheera te proposa un chemin, tu opinas du chef en amorçant un geste dans la direction.

— A l’aventure !

Tu souris. Vous tromper de chemin ?

— Je commence à croire que, honnêtement, se tromper de chemin ne serait pas le pire qui pourrait nous arriver !

L’éthologue semble s’inquiéter que le coin soit si calme. Mais je lui réponds que ça l’était déjà bien ce matin. En même temps, quand on sait la chaleur qu’il fait aujourd’hui, il faut être vraiment courageux pour sortir. Si Gedeon veut m’effrayer en espérant me faire croire qu’on est prises dans une quelconque malédiction, c’est raté. Je suis plutôt terre à terre comme fille.

- Vous n’arriverez pas à me faire peur, Gédéon. Je ne crois que ce que je vois. On a pas fait assez attention en venant, c’est tout.

J’ai un petit sourire en coin mais je continue à marcher. Tous les paysages se ressemblent. C’est beau, mais ça n’en rends que la randonnée plus longue encore, je trouve. C’est beau, Alola, je dis pas. Mais marche à l’aveuglette alors qu’on ne connait pas le coin, c’était vraiment pas une bonne idée. Je ne me serais jamais perdue sur un chemin d’Hoenn. Je me sens un peu stupide.

Les minutes et les mètres s’écoulent. Je pense qu’on a bien du marché deux bons kilomètres depuis la Colline Clapotis. J’ai un peu mal aux chevilles, j’aimerais bien m’arrêter un peu avant de me mettre à boiter sur de bons et de ne plus pouvoir marcher. Le surmenage, ce n’est pas bon. Je hèle ma camarade marche.

- Gédéon, j’ai besoin d’une pause, s’il vous plait.

Sans même attendre l’accord de la jeune femme, je m’assois au bord du chemin, histoire de boire un coup. Puis, je fais des petits moulinets avec mes chevilles, pour les détendre un peu. J’en profite pour regarder mon téléphone, m’assurant qu’on prends bien le bon chemin, mais il s’est éteint ? Ha. La poisse.

- J’ai oublié de recharger mon téléphone, ce matin. Je suis à court de batterie, c’était bien ma veine.

Tu déploras le manque de fantaisie de Sheera par un soupir amusé. Tu ne cherchais pas spécialement à lui faire peur ; mais tu ne t’étonnais pas de son ignorance. C’était une bénédiction, quelque part, qu’elle n’ait jamais été confrontée à ce que les sceptiques appelleraient magie et qui n’était souvent que la résultante de manipulation génétique ou d’apparitions saugrenues. Enfin, tu n’étais pas là pour éduquer les autres. Alors que tu réfléchissais encore au meilleur chemin à emprunter, la jeune femme à tes côtés demanda une pause. Elle n’avait peut-être pas l’habitude de marcher mais dans tous les cas, même pour toi te mettre un peu à l’ombre ne te ferait pas de mal.

— Pas de soucis, je ne suis pas spécialement pressée de toute façon.

Ta carte était toute neuve. Alors que Sheera se posait au bord du chemin pour s’hydrater, tu regardas une dernière fois la carte que tu avais entre les mains ; si certains chemins étaient bons, d’autres ne l’étaient pas du tout. Tu espérais vraiment que Sheera ait raison d’être aussi inconsciente et de ne pas chercher la présence de pokémon psy dans les environs, même si dans le pire des cas tu avais suffisamment de quoi manger et boire avec toi pour te perdre quelques jours durant ; vous finiriez bien par trouver des gens autour de vous de toute façon.
Normalement.
Tu t’amusas à imaginer tout ce qui pourrait se passer si le soir venait à tomber et que vous n’aviez toujours pas trouvé l’once d’une civilisation dans l’île ! Tu finis par ranger ta carte et par toi aussi boire un peu de d’eau avant de pouffer quand elle mentionna son téléphone.

— Le miens a beau être chargé il ne capte pas de signal GPS de toute façon. La carte est fausse d’une manière ou d’une autre, maintenant il va falloir compter sur notre chance pour retrouver notre chemin ~ même si on peut tenter de revenir en arrière, c’est comme vous voulez, signalas-tu en haussant les épaules.

Gédéon aussi fait une pause comme moi. En même temps, ça ne fera que du bien vu le nombre de kilomètres qu’on vient de se taper en marchant. Je fais toujours des moulinets avec mes chevilles et je jette un oeil à mon téléphone. Plus de batterie. J’ai le chargeur dans ma sacoche, mais sans prise électrique je rechargerais rien. En plus, j’ai pas de belle mère à faire pédaler.

Et Gédéon ne capte pas. Eh bien, je suppose qu’on va faire ça à l’ancienne. En comptant sur le pif. On devrait y arriver à deux, on est quand même pas si nulle. De toute façon, on finira bien par tomber dans une ville à un moment ou un autre.

- On continue ! D’ailleurs, on peut repartir quand vous voulez, je suis prête.

J’ai déjà dit que ça fait un moment que j’avait pas autant marché. Quand je pense que je tenais plus que ça l’année dernière. Ah lala, la bouffe m’a fait beaucoup de mal. Entre elle et moi, c’ets moi. Jusqu’à ma prochaine fringale.

- On a plus qu’à se fier à notre pif. Même si c’est déjà ce qu’on fait depuis le début. En tout cas, c’est bien notre veine d’être lâchées par la technologie.

Eh bien, on a plus qu’à faire plus attention à l’entourage, histoire de pas tourner en rond. Au pire du pire, j’en verrais mon Plumeline à la recherche de Nill. Il a plus le sens de l’orientation que moi, il saura bien nous aider.

- Si jamais on se perd, j’enverrais un pokémon chercher de l’aide, si ça ne vous gêne pas.

Que la technologie te lâche, cela ne t’étonne pas outre mesure. Ce fut avec le sourire que tu repensas aux trop nombreuses fois où, coincée dans un endroit où tu aurais bien aimé un peu d’eau chaude et d’electricité que ton poképhone ne capte un quelconque signal pour appeler à l’aide ou utiliser le GPS. Peu importait la région, il y avait une espèce de loi du chaos qui faisait qu’en aucun cas la technologie ne pouvait être la résolution d’une palpitant périble ! Même si selon les circonstances, il fallait bien l’avouer, cela ne t’avait pas toujours enchanté. Reine de l’imprévisible, peut-être, mais tu aimais quand même bien quand tes expéditions ne se soldaient pas par ta perdition ou par une catastrophe, qu’elle soit naturelle ou non.

— Nous pouvons repartir. Au moins, les arbres nous convriront de l’attaque du soleil, c’est au final un mal pour un bien que de se perdre en forêt ~

Sans compter sur le fait que tu savais quand même survivre dans les bois, en attestait tes compétences culinaires naissantes et des recettes de baie collectées auprès de quelques compagnons éthologues. Tu souris à la jeune femme et vous repartîtes ensemble dans le sous-bois : tu lanças une petite pièce pour décider de la direction, et cela donna vers la gauche. Pourquoi pas ! Vous ne deviez pas être si éloignée de la civilation.

— Je ne compterais pas sur notre chance, à ce stade, mais on devrait peut-être tomber sur des locaux au cours de notre pérégrination. Ce n’est clairement pas l’île la plus désertique, commentas-tu pour histoire de faire la conversation.

Tu hochas la tête avec un sourire.

— Bien vu, moi aussi je pourrais utiliser un de mes pokémons, ne perdons pas espoir, héhé. Bon et sinon pendant qu’on marche, que dirais-tu de me parler de toi ? Tu es dresseuse, pour avoir des pokémons, ou rien à voir ?