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» J'ai déchiré ma mémoire.

Iago E. Fitzroy

Iago E. Fitzroy
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Lun 10 Jan - 23:47
J’ai déchiré ma mémoire.

… ma gueule, une photo de toi
Calendrier de l’Après, J10


Voilà quelques semaines, déjà, qu’il fait ce même rêve. À chaque fois semblable et pourtant différent. Il est de nouveau là-bas, au Stadium de la Ligue. Il a eu le temps d’en connaitre les recoins, les aspérités, le glorieux comme le moins glorieux. Quoiqu’on en dise, il y était bien. D’autres se sont amusés à détruire son histoire, à réinventer son addiction, à noircir son portrait… et pourtant, il y était sincèrement bien. Il aimait sa fonction tout autant que les gens qui gravitaient autour de lui. Les autres champions, Ruven, Chrystal, Arthur, son agent, aussi, Dakota et bien entendu, Leon. Il avait la sensation d’y être à sa place, malgré les controverses qui ont marqué son arrivée… tout autant que son départ.

Il y songe fréquemment mais sans doute que tout cela lui manque bien plus qu’il ne parviendrait à le reconnaître. Cela commence à chaque fois de la même manière. Lui, son long manteau noir, son t-shirt jaune à manches longues et son éternel chapeau à pois noirs et blancs, cadeau de Sybille. Cette tenue qu’il affectionnait particulièrement en tant que champion et qui faisait un peu sa marque de fabrique. Ainsi vêtu, il s’avance donc dans ce long couloir menant à la zone de combat, au centre du stade. Un chemin qu’il a fait de nombreuses fois, entendant le brouhaha de la foule en délire qui s’impatiente, au-dessus. Il progresse et s’arrête brusquement. Avec un temps d’arrêt, il se retourne, les sourcils froncés, comme pour évaluer ce couloir qu’il a parcouru. Une évidence le frappe alors : ce n’est pas « son » couloir, celui des champions. C’est celui des challengers !

Il n’y comprend rien. Il secoue alors la tête et reprend sa marche. C’est sans doute une erreur, voilà tout. Le couloir est long, plus long que celui de l’autre côté, d’ailleurs. C’est pour que ceux qui viennent défier la Ligue aient le temps de réaliser l’importance de ce qui les attend. Cela leur donne aussi le temps de profiter de la clameur. Et c’est vrai, il ne peut que le confirmer. Au bout d’un moment, la sortie est visible, et il s’y engouffre la tête haute, prenant toujours une inspiration au moment de gravir les quelques marches qui le font déboucher sur le stade. Ça a toujours été son petit rituel, ça. La dernière marche, une grande inspiration et il souffle une fois sous les lumières des projecteurs. Cette fois-ci ne fait pas exception, il se redresse et profite des vivats des spectateurs, certains scandent son nom. « Iagoooo ! »

Puis le speaker prend la parole, celui qui officiait lorsqu’il était champion, et c’est là que tout devient étrange, à chaque fois. « Il nous vient de Johto et a eu l’occasion de parcourir bien des régions, il a remporté de nombreux badges et déjà plusieurs matchs au sein de ce même stade… Voici votre challenger… IAGO FITZROOOOOOOY ! » Challenger ?! Une fois de plus, cette sensation que les erreurs s’accumulent, il s’attend à ce qu’on corrige mais… non. Le public ne tient pas en place et le speaker reprend. « Il vient cette fois-ci braver les sommets pour remporter LA Master Liiiigue ! » Rien que ça. « Son adversaire du jour, le dernier rempart avant la grande victoire et le titre de Maître Pokémon… » Là, ça change, souvent. Une fois, c’était Liam O’Delly, l’un des champions de l’ancienne Ligue qu’il a combattu avant d’intégrer lui-même cette prestigieuse instance. Une autre fois, c’était Chrystal, aussi. Et cette fois… « … ARTHUR STOCKTOOOOOON ! »

Arthur. Le public est déchaîné et Iago ne quitte pas des yeux l’entrée par laquelle arrive le champion. Son ami. Ancien ami ? Il ose croire que non. Il connait très bien cette zone où l’aveugle s'avance, jusqu’à être au centre de la lumière, lui aussi. Le Fitzroy s’approche et Arthur le salue avec politesse et ce qui ressemble à une certaine joie. Et Iago est lui aussi tout à fait content d’être là, face à l’autre champion, en ce lieu connu, presque réconfortant, curieusement. S’il peut se tenir là, sous les projecteurs, face tournée vers la caméra c’est que… tout va bien ? Tous ses soucis sont réglés ? Il n’a plus rien à craindre et n’a plus à se dissimuler ? Il peut retrouver ses proches ? Ses parents, ses amis, sa sœur et sa nièce...

« Ça fait longtemps, Iago.
- Oui, ça fait longtemps. »

Trop longtemps. Il souhaiterait rattraper le temps perdu. Plus que le combat, il voudrait lui parler, simplement parler. Savoir ce qu’il advient de lui. Savoir comment il a vécu son départ. Savoir s’il lui en veut, ou s’il a compris. Il doit avoir compris, non ? Déjà le regard du Fitzroy s’égare un peu plus loin, un peu plus haut, dans la loge spéciale depuis laquelle les champions observent les combats. Il sait que si Arthur est ici, s’il va combattre, alors Leon n’a pas très loin et ne perdra rien de l’affrontement. Je suis là.

« Passe le bonjour à Leon de ma part.
- Il va nous regarder.
- Je sais. »

Bien sûr qu’il sait. Il aimerait le voir, d’ailleurs. Il aimerait… le toucher. S’excuser. S’expliquer. Il aimerait tellement. Mais l’instant le rattrape et le speaker annonce le début du combat. Et là, c’est souvent confus. Des membres de son ancienne équipe : Shîda, Rizzi, Mosk et des pokémons plus récents, Pió, Dax… tout se mélange. Comme à chaque fois, le combat est épique. De belles actions, des moments où le public retient son souffle et d’autres où il s’exclame en de grands hoquets surpris. Iago parvient à instaurer sa stratégie bien rodée avec son Noacier. Les racines, le mur de fer, l’usure… Curieusement, c’est quand Arthur sort Kildare, son Ronflex, qu’il sait que tout cela n’est pas réel. Bien d’autres éléments auraient pu justifier qu’il s’en rende compte, mais ça… c’est le rappel de trop.

Arthur a une attitude presque fière en appelant son imposant Ronflex et rapidement le rêve s’étiole, tourne… et Iago se réveille. Elijah, devrais-je dire. C’est Elijah qui se redresse d’un coup sur le lit de son petit studio de Port Yoneuve. C’est Elijah qui réalise, une fois de plus, que tout cela n’était qu’un songe.



Mais c’est Iago qui souffre.
Iago qui regrette.
Iago qui aimerait tant revenir en arrière.

Il agrippe son oreiller, plonge sa tête dedans et hurle de rage et de frustration.
Le son est étouffé mais son Tic, qui lévite tout proche, l’entend parfaitement.




(1083 mots)




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Iago E. Fitzroy

Iago E. Fitzroy
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Dim 16 Jan - 18:54
Renouet.
Calendrier de l’Après, J16


Le flot ininterrompu des grandes villes, l’agitation des mégalopoles qui ne dorment jamais, Iago ne connait que trop bien. C’est d’ailleurs en leur sein qu’il préfère s’y cacher, en général. Quand on est un dans la multitude, on sort difficilement du lot. Il suffit de suivre le rythme, les déplacements des foules nombreuses et on devient quasiment invisible. C’est l’inverse qui est plus rare, pour lui. Se retrouver dans une petite bourgade, à découvert et presque mis à nu, c’est quelque chose qui parvient à le déstabiliser. Particulièrement dans la situation qui est la sienne.

Certains diront que les habitants de la petite bourgade de Renouet ont autre chose à faire que de s’intéresser à ce coach en dressage pokémon qui vient d’arriver dans leur ville, la veille. Iago y a suivi… une rumeur. De celle qu’il faut creuser tout en étant particulièrement prudent, attentif au moins bruit, au moindre regard qui traîne. Alors c’est engoncé dans son écharpe et son bonnet qu’il chemine, sa Togedemaru perchée sur son épaule, dans les rues paisibles de la petite ville. Il a vraiment l’impression d’être… au milieu de nulle part. C’est extrêmement calme et, malgré ses nombreux déplacements en tant que champion de la Ligue, il a rarement vu une ville avec aussi peu de logement et par conséquent, d’habitants.

A la boulangerie du coin (faisait aussi office de tabac et de bureau de poste), il a joué la carte du touriste Hoennien de passage, accentuant son accent de Nénucrique.

« Oh c’est sûr que c’est bien tranquille, par ici, mais c’est ce qu’on apprécie ! Au moins on est pas embêtés par la pollution ou les histoires de politique, nous on demande juste à ce qu’on nous laisse tranquilles ! »

Ah ça, c’est sûr que la vie doit être agréable pour qui ceux qui préfèrent se recentrer sur eux et profiter de choses simples. Il a hoché la tête, laissant la boulangère y aller de ces petites phrases. « Après c’est sûr que c’est pas simple pour les familles, l’école la plus proche est à plusieurs kilomètres, mais le calme ça se mérite, hein ! » Qui est-il pour s’opposer à cette philosophie de vie ?

D’une certaine façon, sans doute que s’il avait opté très tôt un quotidien aussi serein, il ne serait pas entré dans « l’escalade du pire », comme son cerveau l’appelle parfois. C’est forcément dans des endroits pareils qu’il se retrouve face à sa propre vie et le sac de nœuds éternel dans lequel il est entré.

Le premier jour, après une nuit inutilement sur le qui-vive dans le seul gîte de Renouet et un passage à ladite boulangerie, il s’est demandé ce qu’il allait faire. Devait-il se ruer dans sa voiture et parcourir les kilomètres qui le séparaient du laboratoire Itadaki et poursuivre son enquête, ou bien profiter de cette pause inattendue, simplement pour… réfléchir ? Profiter de l’instant présent et mettre son cerveau sur OFF, si tant est qu’il y arrive. Ce qui aurait pu être une décision longue n’en fut finalement pas une. Pour manger le croissant tout juste acheté, il s’est laissé porter en direction de la plage toute proche. Le vent froid de l’hiver, les vagues qui s’abattent violemment sur les hautes rambardes protégeant les côtes de la ville, il s’est simplement assis là, sur un des bancs donnant vu sur la mer et… il est resté ainsi, un long moment.

Simplement regarder, emmitouflé dans son manteau chaud, les yeux scrutant l’horizon et l’agitation de la houle. Çà et là et Goélise et des Bekipan, seuls courageux à braver la furie des vagues pour plonger dans l’eau froide et ressortir. Sans qu’il le réalise, le regard du brun s’est retrouvé happé par ce spectacle, laissant certaines pensées l’animer. Des souvenirs de vacances en famille, il y a très longtemps, lorsqu’ils allaient à la mer.

« Romy, ton chapeau ! » Il se souvient encore de ça, un début d’été, sa mère en longue robe claire et Romy, encore toute jeune, ravie d’avoir sortie un chapeau tout neuf, qui n’est pas resté bien longtemps sur sa tête vu le vent qui soufflait, ce jour-là. Iago avait alors bondit pour tenter de le récupérer. Il y était parvenu, d’ailleurs, non sans s’écrouler au sol à cause de lacets mal faits. Le chapeau était bien dans sa main, mais son genou en avait récolté une vilaine entaille. Il se souvient de ça, et de leur père qui s’éclipsait à chaque fois pour revenir ensuite avec des cornets de glaces, dans leurs parfums préférés. Cela lui semble si loin, désormais. Une autre vie. Ses parents étaient encore ensemble, il ne leur avait pas encore fait subir le tourment de ses… faiblesses, de ses absences.

Un soupir. Il réalise alors que Taiwo, la petite souris électrique, n’est plus à s’amuser de l’autre côté du banc. Il tourne vivement la tête à sa recherche et la voit en train de jouer avec un Ponchien. Quelques pas plus loin, un vieux monsieur qui hoche la tête avec un sourire, en croisant son regard.

« C’est beau, n’est-ce pas ?
- … oui.
- Vous aviez l’air très loin dans vos pensées…
- Je l’étais. »

Pourquoi mentir ? Dans ce quotidien qui n’est qu’une course après le temps, Iago a rarement des moments pour s’arrêter, dire stop et penser à « autre chose ». Autre chose que l’immédiateté de sa situation, le danger qui plane et le temps qu’il perd.

« J’ai beau habiter ici depuis plus de trente ans, je réalise à chaque fois la chance que j’ai. C’est pourquoi je viens me balader ici tous les jours.
- Vous avez bien raison. »

Peut-être qu’il devrait venir dans des coins comme Renouet plus souvent, finalement… On y trouve d’autres raisons de rester et de passer le temps.




(966 mots)




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Iago E. Fitzroy

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Sam 22 Jan - 23:25
Port Yoneuve.
Calendrier de l’Après, J22


Je ne le comprends pas... j'essaie, mais vraiment, je n'y arrive pas. Depuis le départ, quand il est entré dans ma vie et que je suis entré la sienne, je n’ai pas saisi ce qui se passait vraiment. Il y a eu plusieurs lieux et souvent, sur son visage, une forme de tristesse, très humaine. Quand ce n’était pas de la tristesse, c’était de la colère, de la frustration. Des émotions que j’ai mis du temps à distinguer. Les humains peuvent être si complexes, si… tourmentés. Lui, pourtant, n’a jamais déversé sa rage contre moi. Ni contre les autres.

Je me suis demandé, au début, ce qu’il attendait de moi. Pendant un temps j’étais seul. Il n’y avait ni Dax, ni Tik, que lui et moi. On pourrait croire que cela m’aurait permis de mieux l’appréhender… il n’en est rien. A cette période, dans la petite pièce où il me faisait apparaitre parfois, il lui arrivait de me fixer, silencieux. Il me fixait sans véritablement me regarder, je crois. Alors j’en faisais de même en retour. Lové dans ma coquille, je le détaillais discrètement, ne me faisant remarquer que lorsque la faim se faisait ressentir. Il sortait parfois des Pokéblocs (loué soit l’inventeur des Pokéblocs épicés !) et me les donnait, presque machinalement. J’ai cru être une gêne, alors. Je me faisais aussi invisible que possible.

Quelquefois, il parlait, dans un murmure, évoquant des noms dont je ne savais rien et s’excusant, par moment. Je ne sais pas de qui il était question. Je ne sais pas si ses excuses m’étaient adressées ou si elles s’envolaient bien au-delà de l’endroit où on se trouvait, alors.

Le temps a aidé. Je le pense sincèrement. Le temps et le mouvement. Il fallait bien ça. Des petites gestes, des petites habitudes et ce nom, enfin, qu’il est venu à me donner. Pió. J’en ai ressenti une grande fierté. C’était soudain, inattendu et pourtant… il m’a regardé droit dans les yeux ce jour-là. Il a cogné gentiment ma coquille et a soufflé « Bien joué, Pió. » Il a eu un temps d’arrêt comme pour voir ma réaction. J’ai eu un léger cri de contentement. Je n’étais pas invisible.

J’ai vu des dresseurs être de véritables amis envers leurs pokémons. J’ai vu des pokémons déborder d’amour pour celui qui les nourrit et qu’ils accompagnent. Je ne sais pas si je pourrais en dire autant. Je ne crois pas que ce soit son cas non plus… Peut-être que cela viendra ? J’ai parfois la sensation qu’à travers moi il voit autre chose. Des souvenirs ? Une gloire passée ? Je ne sais pas. Ses yeux sont bien trop souvent rivés vers le passé et c’est un fantôme que je ne suis pas certain de savoir combattre.

Je ferais ce qu’il attend de moi. Tout autant qu’il a toujours fait ce qu’il fallait à mon encontre. Le chemin que l’on emprunte ensemble n’a rien d’un parcours classique. On a déjà échappé à plusieurs dangers et je sens que ce n’est pas fini. Toutefois, il peut compter sur moi. Il le peut et… j’ose croire qu’il le sait ? Même si les mois se sont succédé et qu’on partage le même quotidien, j’ai la sensation que le lien qui l’unit à moi et aux autres est encore bien trop fragile. C’est sans doute présomptueux mais je crois… qu’il craint de s’attacher à nous. Toujours sur le qui-vive, il regarde partout et j’en fais tout autant. J’ai développé auprès de lui une perspicacité que d’autres de mon espèce ont perdu, auprès de leur dresseur. Ce n’est pas mon cas. Il a besoin de moi pour ça. Il a besoin de moi. Oui.

Acceptera-t-il de faire sauter les chaines qui l’enferment ? D’ouvrir le verrou qui le maintien étouffé ? Comprendra-t-il un jour que nous ne sommes véritablement ses alliés ? Pas ceux d’avant, certes, mais ceux d’aujourd’hui.




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Iago E. Fitzroy

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Jeu 9 Nov - 23:51
Appartement d'Elijah North.
Défi des Novmembre, J9.


Iago, c’est le genre d’homme qui a toujours aimé le silence. Ou disons que le silence aime Iago. Que le silence ne le dérange pas et qu’il peut resté longtemps drapé dedans, sans ressentir le besoin de le briser ni de le contredire. Et lorsqu’il finit par le faire, généralement, c’est que quelque chose de plus sourd, de plus profond lui occupe trop l’esprit, et il préfère alors qu’autre chose vienne supplanter tout ça, pour ne pas se laisser envahir.

C’est pourquoi, dans les premiers jours dans la peau d’Elijah, il a machinalement déniché un petit poste radio sur une brocante qui se trouvait là. Par hasard. Et si la plupart du temps le poste en question reste éteint, à prendre la poussière, il arrive qu’il l’allume, ponctuellement. Quand c’est le cas, c’est qu’il en a trop dans la tête ou qu’un soupçon de curiosité le traverse, aussi. Il faut dire qu’il est rare que le Fitzroy allume la radio pour écouter les musiques du moment où les chroniques humoristiques de plus en plus fréquentes sur les stations. Ça ne l’intéresse pas.

Il n’a pas d’affect particulier pour la musique. Là où d’autres ne savent pas vivre sans, là où beaucoup se doivent de chanter sur une chanson qui les inspirent et se déhanchent comme s’ils étaient sous leur douche, Iago en est incapable. Ce n’est pas un danseur, clairement pas, ni un chanteur. Lui, s’il appuie sur le bouton ON / OFF du petit poste, c’est pour entendre les actualités. Entre deux publicités qui le font grincer des dents. C’est quasiment toujours ça. Il s’assoie un moment, tourne la molette pour essayer de chopper les fréquences qu’il a retenu et dès que les voix caractéristiques de certains présentateurs retentissent, il tend l’oreille. Il peut passer de longues minutes ainsi, pendant que d’autres égrainent différentes informations, faits divers et autres réalités politiques. Sa mémoire fait qu’il en retient la grande majorité, mettant parfois au même plan la disparition d’un Ponchiot et la fermeture d’une usine.

Souvent, il se perd sur Johto-32FM, une station que son père écoute régulièrement et avec laquelle il a grandi. Vous me direz qu’il existe Internet, de nombreux sites ou les réseaux sociaux pour ça… mais ce n’est pas son truc, à Iago. Plus il peut se défaire des réseaux, du smartphone qu’il a acheté pour être celui du « coach North », mieux il se porte. Scroller jusqu’à s’en brûler les rétines sur un écran ne vaudra jamais l’agréable sensation de simplement écouter, tout en faisant autre chose. Écouter des voix sans se soucier de l’apparence de celles et ceux à qui elles appartiennent, sans s’embarrasser de plus que ce qu’elles ont à dire. Il y a un charme à cela, autant que dans le léger grésillement des fréquences, parfois. Des invités dont il ne retient pas nécessairement le nom, des décryptages plus ou moins orientés sur des faits récents, et surtout la facilité, en un tour de molette, de capter tout autant les infos de Johto et celles d’Unys. Quand il s’agit de sa région natale, c’est plus fort que lui, il lui arrive de buguer plusieurs minutes dessus, pour voir s’il entend des choses sur la Ligue, les champions du moment ou ceux qu’il a connus par le passé, ou des évènements qu’il connaît bien.

À Unys, cela lui permet de se tenir informé, bien entendu, et de parfaire sa couverture.Il a ses stations préférées, à force, et se concentre uniquement sur certaines d’entre elles pour espérer quelques informations, que ce soit sur les agissements des organisations en place, des Itadaki ou de la Bratva, bien sûr, ou pour se mettre à niveau sur les tensions et autres personnalités de pouvoir dans cette partie du globe. Il a besoin d’être renseigné pour être crédible, et même si l’actualité qui passe sur les ondes est formatée elle n’en est pas moins inintéressante. Pour qui sait tendre l’oreille et lire entre certaines lignes, elle peut même s’avérer fort utile.

C’est pourquoi,en cette fin d’après-midi, il allume une nouvelle fois le petit poste.

« Il est 17h35, c’est Barbara pour les actualités du jour... »



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Iago E. Fitzroy

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Ven 10 Nov - 23:58
Squat Marabunta, cour extérieure.
Il y a plusieurs année de cela.
Défi des Novmembre, J10.


De là où il se trouve son regard est irrémédiablement attiré par le grand feu, plus loin. Dans cette soirée d'hiver qui décroît cet embrasement n'est pas là pour réchauffer. Les esprits le sont déjà suffisamment, de toute façon.

Non, ce brasier est là en signe de victoire et de regroupement. Les Marabunta ont gagné du terrain dans la guerre de gangs qui se joue depuis plusieurs mois dans les environs. Qui dit baston qui dit coups fourrés dit nécessairement fourmis légionnaires. Et pas n'importe lesquelles : les fourmis légionnaires de la Marabunta, bien sûr !

Celles parmi lesquels se trouve Max Genlis, présentement. "L'assistant comptable", comme disent certains. Adossé nonchalamment au mur de cette cour extérieure, il observe tranquillement, une clope au bec. Plus loin, ça gueule, comme souvent. Il y a ceux affalés : ici sur un vieux canap' rapiécé, là étalés de tout leur long sur des motos et autres bécanes en tout genre, eux qui jouent aux cartes, plus loin, pariant des sommes déconcertantes. Les joueurs gueulent, pour sûr, et les autres aussi, ceux qui se mettent sur la gueule un peu plus loin. Parce que savoir se battre, montrer ses muscles, c'est monter dans la hiérarchie, à la Marabunta, c'est savoir se faire entendre.

Dans ce brouhaha le blond est presque déconnecté, un instant. Son corps est ici mais son esprit est ailleurs, dans un entre-deux qu'il ne saurait définir. Le bruit se fait sourd, la fraîcheur ambiante (quelle idée d'être aussi loin du feu) s'atténue, il ne pourrait même pas dire à quoi il songé. C'est comme s'il faisait acte de présence, par défaut. Et ses yeux restent rivés sur le feu, à s'en brûler les rétines, appréciant les envolées de volutes enflammées...

Il reste un bon moment ainsi, sculpture contre son mur, indifférent de ce qui se joue autour, les autres l'oublient, même. Et le temps passe. Les combattants se défient à qui viendra plonger dans les braises, des pneus de bagnoles sont cramées au passage, et la fin de la partie de cartes suscite l'animation. C'est encore la même nana qui a gagné : Bella. Elle gagne souvent, Bella, et les gros bras ne peuvent plus prétendre la laisser gagner. Plus personne n'y croit.

Max ne saurait dire combien de temps il est resté ainsi. Ce qui est certain c'est qu'à un moment, un violent coup à l'épaule le fait se redresser brusquement, manquant de tomber en avant.

« Hé, Genlis, tu prends racine ?
- Hmm, nan. »


L'accent prononcé, la dégaine du type paumé qui l'était réellement, pour le coup, et l'autre s'éloigne en un hochement de tête. « On va boire un coup, tu suis ? » Il doit suivre, c'est essentiel, mais là, de suite...

« Laisse-moi quelques minutes et j'vous rejoins. Vous allez au Harcket ?
- Toujours !
- OK. »


Il suit du regard la silhouette qui s'éloigne et lorsqu'il tourne finalement la tête vers le reste de la cour : le feu est éteint. Ca ne fait rien, il n'a pas perdu son pouvoir d'attraction pour autant et l'homme continue de scruter, pensant à tout sauf ce qui se trouve précisément devant lui. Comme aspiré par la fumée qui s'élève désormais sur un amas de cendres chaudes et de braises qui pourraient se relancer à tout moment, il s'interroge silencieusement au "pourquoi il est là", au bien, au mal... et le vent qui monte souffle une volute brune, cette fois. Les cendres sont telles des paillettes de feu qui danse tandis que la nuit s'installe tranquillement, inexorablement. Ce feu est un peu comme la flamme qui l'habite, à Iago. A Max. Vacillante mais toujours là, chaude, brûlante. Il n'a pas le droit de faillir, trop de choses sont en jeu. Il doit continuer de jouer son rôle, arrêter de réfléchir à tout le reste.

Les cendres dansent et il s'avance vers elle, poussant la poussière sombre du bout du pied, se moquant bien de salir ses chaussures au passage. Il tapote sa cigarette sur ce feu bien plus imposant et la cendre s'ajoute à la cendre. Comme sa petite existence dans cette grosse et monstrueuse machine qu'il tente de combattre, de l'intérieur. Comme le pion qu'il est au sein de la Marabunta, désormais, et dont le corps se salie de bien des manières, au contact de ce milieu tentaculaire et puant qu'est celui du Triador, des pontes de la drogue à l'échelle internationale. Parviendra-t-il... parviendront-ils seulement à sortir de là ? Ses réflexions se perdent une fois de plus et il réalise à peine s'être accroupi face à ce qu'il reste du feu, et son doigt joue dans la cendre qui s'étale et a pris de la place. Car une fois que les flammes ont fini de s'amuser, c'est bien les cendres qui demeurent, marquent tout sur leur passage et s'ancrent dans le sol. Même si on a tendance à les oublier. Qui dit feu dit cendre. Qui dit combat dit sacrifice. Qui dit infiltration dit risque, immense.

« Max, qu'est-ce tu fous ?! »


Une fois féminine, celle fois, et il se redresse prestement, son pied faisant un demi-cercle dans le sol enfumé. Bella, justement, qui l'observe les yeux froncés.

« J'sais même pas. »

Elle a un temps d'arrêt et lève les yeux au ciel.

« T'es grave toi, t'as trop fumé !
- Ouais. »


Qui dit infiltration dit rester sur ses gardes, aussi.
Alors il se retourne, glisse ses mains dans ses poches et emboite le pas de la jeune femme, direction le bar.

Le message qu'il comptait envoyer sur son téléphone prépayé attendra.


(968 mots)



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