Cette fois ci nous y étions vraiment. J’avais maudit Dan des jours et des nuits entières pour cette foutue idée. Mêler Arya aux différentes activités de la pègre n’avait jamais été au programme et n’aurait jamais dû l’être. Pourtant, cette fois ci et malgré toute la mauvaise foi du monde, il avait marqué un point. Qui d’autre, mieux que la bleuette, pourrait me venir en aide pour maintenir un système informatique propre, cohérent et surtout sécurisé autour de notre activité ? Même Erica, qui se rangeait pourtant bien souvent de mon côté, n’avait pas pu nier que la jeune femme pourrait être un atout de taille. Pour peu qu’elle soit digne de confiance du moins. Si à mes yeux, la question ne se posait même plus – et plus tellement pour Dan non plus d’ailleurs – Erica restait toujours sceptique. Si Arya était d’après elle une personne effectivement digne de confiance, la jeune femme avait tout de même rappelé qu’en entrant ainsi au cœur même de toutes les affaires, de la plus anecdotique à parfois la plus crue et déplaisante, la vision des choses de la bleuette pourrait bien changer du tout au tout pour peu qu’elle ne soit pas solidement accrochée psychologiquement parlant. C’est pour cette raison que nous avions décidé à l’unanimité de nous réunir chez la marraine de la famille Aziaro pour discuter tous ensemble de la situation.

« J’ai besoin de m’en assurer Worick, j’ai besoin d’être sûr et certain qu’elle ne craquera pas au bout de quelques mois. Bien évidemment que c’est une amie fidèle. Mais on ne sait pas de quoi l’avenir sera fait. »

S’il y a bien quelque chose qui a le don de m’agacer chez Erica, c’est qu’elle a la fâcheuse manie d’avoir toujours raison. Vraiment toujours raison. La jeune femme n’avait effectivement pas pour habitude de parler à tout va sans être bien certain d’avoir de quoi argumenter derrière, ce qui dans le cas présent, s’avérait être une véritable plaie.

« Et alors, tu vas lui faire passer un interrogatoire ? C’est quoi le plan concrètement, vous prenez un verre ensemble de temps à autre mais tu vas remettre son intégrité en doute maintenant ? »

« On va d’abord commencer par lui expliquer de quoi il en retourne pour jauger un peu. Si j’ai des questions à lui poser, je pourrais largement m’en occuper par la suite. De toute façon, je pense qu’il va falloir la présenter à messieurs Aziaro et Turner tu sais ? »

Cette idée là non plus, je ne l’aimais pas particulièrement. Pourtant je devais une fois de plus l’admettre, ce n’était pas totalement faux. Pour travailler de pair avec eux et avec le plus de transparence possible, j’allais au moins devoir leur parler un peu d’Arya et leur présenter, sans forcément aller trop loin dans les détails. D’un geste nonchalant comme si j’acceptais la fatalité de ma décision derrière celui-ci, je faisais signe à Erica pour valider ses dires, l’encourageant toutefois simplement à permettre à Arya de nous rejoindre, au lieu de la laisser bêtement attendre hors du salon avec le majordome de la jeune femme. Je n’avais plus qu’à espérer que cette petite réunion formelle au cœur de la bâtisse Aziaro ressemblerait plus à un petit apéritif entre amis qu’autre chose.

Tu étais nerveuse, tu ne pouvais pas le nier. Worick t'avait évoquer la possibilité que tu puisses t'occuper de la sécurité informatique du Manoir dans sa totalité, le légal mais surtout l'illégal au détour d'une conversation, et comme tu l'avais dit a Dan, tu n'étais pas contre. Mais rencontrer les deux autres parrains de Céladopole, c'était clairement une autre histoire. Le tract, le doute, la peur aussi, te tordait doucement les boyaux d'une façon que tu ne connaissais que trop bien. Cette sensation bien qu'elle avait diminué au fils du temps, n'avait jamais vraiment disparu, tu avais seulement appris à vivre avec. Les pensées te traversait le crâne comme une tempête en pleine mer et ta raison essayait vainement de garder le dessus sur les doutes. Es-ce que tu en serais capable ? Oui, clairement, tu avais confiance en tes capacités lié à l'informatique, surtout que tu avais Ene pour t'aider, mais quand même, la moindre erreur pourrait vous coûter cher à Worick et toi. Mais es-ce que tu étais vraiment tailler pour ca ? Pour nager dans ce milieu de requins ? Tu n'avais pas de réponses malheureusement et cela, ca te plaisait déjà beaucoup moins.

Pour autant, tu avais toujours eu la volonté de soutenir Worick, qu'importe le domaine. Il était ton ami et clairement, si on se tenait dans un premier temps à l'informatique, ce n'était clairement pas la mer a boire. Mais Dan parlait déjà d’entraînements pour apprendre a te défendre et ca te motivait étrangement beaucoup moins. Mais bon, peut être voir chaque chose en son temps, tu avais tendance a brûler un peu trop rapidement les étapes. Si ca tombe, les deux autres parrains que tu ne connaissais pas, Aziaro et Turner, ou même Erica d'ailleurs, trouveraient que tu ne ferais pas l'affaire et fin de l'histoire.

Il allait falloir que tu trouves que tu n'étais pas juste une gamine un peu trop euphorique à la moindre bonne nouvelle. Difficile. Et montrer qu'on pouvait te faire confiance, toi, la gamine qui c'était retrouver mêlé a tous cela juste parce que tu avais été trop curieuse. Quasi impossible. Et pourtant, quand tu avais décidé de quelque chose, on pouvait dire que tu savais faire preuve d'une force de caractère assez déstabilisante. Et tu pouvais être surprenante par moment. A défaut d'avoir un physique qui donnait envie de te prendre au sérieux au premier regard, tu avais décidé de contourner le problème avec une tenue bien particulière.

A vrai dire, tu avais hésité, tu savais que cette tenue te rappellerait autant de mauvais souvenirs à toi qu'à Worick, mais qu'elle parlerait au plus grand nombre. Erica t'avais vu dans cette tenue, mais également Marco Aziaro et Nash Turner, le fils du quatrième parrain. Tu avais décidé de porter la robe qu'Erica t'avais donner ainsi que le collier qui avait servi à l'évolution de Pride, qui avait perdu un peu d'éclat maintenant qu'elle ne pouvait plus servir. La robe avait été nettoyer mais pour autant, tu avais toujours l'impression de pouvoir voir les taches de sang dessus. Le majordome te regardait avec une once d'inquiétude, comme s'il craignait que tu ne tournes de l'oeil d'un instant à l'autre. A vrai dire tu ne pouvais pas lui en vouloir, tu avais toi même cette impression en observant ton reflet dans la fenêtre du couloir. Tu détestais les couloirs, même avec des fenêtres, pendant encore combien de temps tu allais devoir rester ici en silence ?

Justement, tu entendis la voix d'Erica a travers la porte, la haussant volontairement pour qu'on te laisse entrer. Tu prend une grand inspiration avant de passer tes mains dans tes cheveux bleu détachés pour les lisser. Tu relevas le menton alors que l'homme a tes côtés t'ouvrir la porte et tu le remercie d'un petit signe de la tête avec un micro sourire. Il disparaît bien vite alors que tu t'avance dans le salon et tu croises brièvement le regard de la blonde avant de tourner tes yeux azur vers ton camarade. Finalement, tu aurais penser, mais tous les Parrains ne sont pas la. Pas encore peut être ? Dans un sens ca t'arrangeait bien, il n'y avait quasiment que des personnes que tu connaissais dans la pièce. Tu attends à une distance respectueuse qu'on te demande de te joindre à la table – ou non – et tu te penches légèrement pour tous les saluer en fermant un instant tes paupières. Puis tu passes tes bras dans ton dos en affichant un sourire poli.

- Erica, Bill. C'est un plaisir de vous rencontrer dans de meilleurs conditions. Merci de me donner l'occasion de discuter avec vous aujourd'hui.

Si tu avais été prise de doutes et de craintes, tu n'affichais plus rien maintenant, à part un calme olympien. Même si Erica et Worick te connaissait déjà, la première impression était toujours importante et tu espérais ne pas avoir loupé ton coup.

866 mots

---

HRP:

A la simple vue d’Arya et surtout de la tenue qu’elle avait choisit de porter, mes poings se crispèrent sur la table en bois massif alors que Dan s’était empressé de m’envoyer un coup de pied bien senti. Tout deux assis du coté gauche, nous faisons face à Erica et son nouveau second Bill. Il restait de chaque coté les places des deux autres parrains ainsi que leurs seconds, et Arya pourrait s’installer en boute de table. Un moyen parfait pour lui permettre de sentir à quel point tous nos regards pourraient peser sur elle. Si je trouvais cette politique intéressante lorsque nous recevions des partenaires financiers, le fait que mon amie se retrouve dans ce genre de situation n’avait rien d’extrêmement plaisant. Je lui faisais toutefois signe de s’asseoir à la place qui lui était attitrée avant de lancer un regard mauvais en direction d’Erica, qui au passage, eu pour effet de m’offrir un second coup sous la table de mon bras droit qui sentait que la situation était électrique entre nous.

« Bonjour Arya, merci d’être venu jusqu’ici par tes propres moyens pour ce genre réunion assez particulière. Bien que tout cela puisse être relativement perturbant, tu n’as absolument rien à craindre. »

La jeune femme marque un court silence pour demander d’un geste de la main à son majordome de servir un verre à ses invités.

« Demande lui ce qu’il te faut et il te servira. »

Cette phrase s’adressait bien évidemment à la bleuette, de mon coté, je savais bien que notre hôte savait pertinemment ce que Dan et moi prendrions. Si en temps normal je souhaitais – du moins j’essayais –rester particulièrement vigilant quant aux méfaits de l’alcool lors de ce genre de réunion, j’avais surtout besoin de lâcher un peu de lest aujourd’hui et de faire redescendre toute cette pression avant de causer une erreur diplomatique devant Shawn et Marco.

« Bien, comme tu le sais peut être ma chère Arya, les deux autres parrains nous rejoindrons dans une bonne demi heure, ce qui me laisse le temps de mon coté de te poser quelques questions. Si nous avons pour habitude de nous croiser comme deux jeunes femmes qui mènent une relation amicale, aujourd’hui les choses sont nettement différentes. Il nous a été fait part de la volonté de la famille Brown de te faire rejoindre leurs rangs. De façon officielle, j’entends. Nous sommes donc ici pour discuter dans un cadre purement professionnel et je ne laisse jamais quoi que ce soit de personnel m’entraver lorsqu’il s’agit de faire régner l’ordre dans les bas fonds de ma ville. »

Nouvelle pause alors que nos boissons arrivent. Erica prend ainsi une première gorgée de cette fameuse vodka sur glace qu’elle apprécie tant, tandis que je l’accompagne avec le bourbon que Dan et moi avons commandé. Bill, de son coté, a simplement reçu un jus de fruit. Je ne sais pas si c’est mon amie et partenaire en affaire qui interdit à son garde du corps la moindre consommation d’alcool en réunion officielle ou si c’est simplement lui qui préfère garder les idées claires, mais je dois bien admettre que dans notre milieu, je ne vois pas souvent ce genre de comportement.

« Aussi, il va sans doute te sembler évident que je ne me vois pas confier une partie du business des Brown, et donc par définition une partie de Céladopole à une jeune femme qui n’a jamais fait ses preuves dans le milieu professionnel. Aujourd’hui, tu vas donc avoir l’opportunité de me prouver, d’abord à moi dans un premier temps, que tu es digne de confiance et que tu as les épaules suffisamment solides. Ta confiance en règle générale, je n’en doute pas un instant. Cependant aujourd’hui je te parle d’une situation nettement différente, travailler officiellement pour Worick, c’est une autre paire de manche que vivre simplement dans le manoir Brown tout en y réalisant diverses études autour du Pokémonde. On parle ici de vie et de mort, de problèmes d’éthiques, de soucis moraux, de corruptions, d’une pression permanente et de l’impossibilité de faire marche arrière. »

Cette fois ci, Erica a décidé de rentrer dans le vif du sujet. Finit de tourner autour du pot, la jeune femme à la crinière blonde a maintenant une excellente vision du déroulement de son plan – ou de son interrogatoire suivant le point de vue – et il ne fait nul doute qu’elle voit maintenant Arya comme une proie qu’elle va pouvoir cuisiner, comme l’indique le regard dur qu’elle plonge dans les yeux de la bleuette comme pour la déstabiliser, lui faire prendre peur. De mon coté, je ne sais pas bien comment réagir. Si ces méthodes n’ont rien de bien nécessaire avec mon amie aux cheveux bleus, laisser notre hôte se rassurer et mettre Arya à l’épreuve ne peut pas être bien mauvais. D’autant plus que de toute évidence, si ma collègue scientifique en venait à se dire que le rôle lui semble trop complexe, je n’aurais plus à me soucier des risques qu’elle pourrait encourir en me secondant.

Worick avait réagit à ta tenue. Même s'il avait voulu être discret, tu avais entendu Dan lui donner un coup de pied sous la table. Dans un sens, tu t'en voulu immédiatement mais même si ton ami avait perdu le contrôle de ses émotions pendant une brève seconde, peut être que tu réussirais a obtenir l'effet rechercher pour le reste de l'assemblée. Si jamais les deux autre Parrains pointaient bien le bout de leur nez, tu n'étais plus sûre de rien. Tu étais convaincue qu'ils seraient tous là dés le départ mais en fait tu t'étais finalement trompée. Es-ce que tu devais y voir un mauvais signe ? Es-ce que Marco Aziaro et Shawn Turner te prenaient si peu au sérieux qu'ils n'avaient même pas pris la peine de venir ? Si tu essayais d'afficher un visage aussi neutre que possible, laissant apparaître juste un petit sourire de politesse, tes pensées elles fusaient si vite qu'on pourrait presque en voir de la fumée sortir par tes oreilles.

Ta vision périphérique capte le mouvement de ton camarade qui t'invite a t’asseoir – malheureusement, tu es en bout de table, mais voyons le positif, tu arriverais a capter les réactions de tous à tes paroles – et ton corps se met en mouvement de lui même. Heureusement, ton allure n'est pas aussi robotique que tu le craignais, a moins que ton cerveau n'essayait de sauver les apparences tout seul. Tu t'installes donc en bout de table d'un mouvement fluide et naturel alors qu'Erica fait un geste a l'intention de son majordome. Heureusement, Worick te donne l'explication immédiatement en te demandant ce que tu vois boire. Tu te tournes donc vers l'homme avec un sourire poli.

- Un Blue Lagoon s'il vous plaît.

Le majordome hoche la tête et s'éloigne pour aller préparer les boissons de chacun. Erica en profite pour reprendre la parole et de délivre une information aussi cruciale que stressante : Les deux autres Parrains seront donc bien présent, d'ici trente minutes. Mince, tu aurais préférée qu'ils soient la directement, là tu sentais que tu allais prendre tes aises et ce compte à rebours fantomatique au dessus de la porte risquait de te stresser plus qu'autre chose. Tu avais bien fait de prendre une boisson alcoolisée, tu allais avoir besoin d'un soupçon de courage. L'amie d'enfance de Worick en profita tout de suite pour mettre les points sur les i et tu essayas de ne pas te formaliser pour autant. Elle marqua une pause quand les boissons arrivèrent, tu en profitas, utilisant une voix aussi douce que possible. Tu devais essayer de la prendre dans le sens du poil. Tu devais en faire une alliée pour ta cause avant que Marco Aziaro et Shawn Turner ne passent ses portes.

- Ne t'inquiète pas Erica, je n'ai aucun doute que quelque que soit l'issue de cette réunion, qu'elle n’interféra pas dans notre bonne entente quand nous nous verrons en dehors de ces murs.

Au moins, cela avait le mérite d'être clair : Erica ne te sera d'aucune aide. Ici, c'est comme ci tu ne l'as connaissait pas. Es-ce que Worick et Dan agiraient de la même façon ? Bien que Dan t'apprécie, il n'était pas autant ton ami que Worick, mais c'était quand même à cause de lui que tu te retrouvais a cette table aujourd'hui, donc techniquement, il avait tout intérêt a te défendre s'il ne voulait pas passer pour un idiot. Quand a Worick, il n'avait pas été très ravi par cette idée au départ, mais tu le voyais mal essayer de te couler juste pour que tu sois en sécurité. Ca le ferait passer pour quelqu'un qui n'est pas stable dans ses décisions et tu doutais réellement qu'il s'aborde l'équilibre qu'il avait avec les autres Parrains. Surtout vu comment ca avait été difficile de reprendre les rênes de l'héritage de Thomas Brown. Tu pris une gorgée de ton cocktail et la laissa une seconde ou deux dans ta bouche alors qu'Erica rouvrait la sienne. Immédiatement, l'alcool te sembla a du vinaigre. Quand tu pensais que la jeune femme ne serait pas de ton côté, tu n'aurais pas penser que ca aurait été a ce point. Tu avalas ta gorgé et dû faire un effort surhumain pour ne pas grimacer.

Tu allais devoir choisir tes mots avec beaucoup de soin hors c'était en général Worick le plus doué de vous deux pour cela. Mais si tu voulais faire tes preuves, tu n'allais pas pouvoir compter en permanence sur lui, sinon personne ne te prendrait au sérieux. En tout cas si Erica, qui te connaissait, choisissait des mots aussi nets, qu'es-ce qui t'attendait avec les deux autre Parrains. Tu regrettais de ne pas pouvoir compter sur la présence de Brill à tes côtés, lui t'aurait aider en te donnant une estimation des humeurs de chacun. Mais non, tu ne pouvais compter que sur tes compétences. Et comme dirait Dan, c'était un très bon exercice avant ce qui t'attendait une fois que tu serais dans les affaires pour de bon.

Erica plonge ton regard dans le tien et tu sais que tu ne dois pas détourner les yeux. Tu ne devais montrer aucune faiblesse. Toute attaque devait glisser sur toi tel... de l'eau. En imaginant cela, tu pris une inspiration et tu affichas de nouveau ton sourire poli.

- Je ne doute pas que tu ne prendras aucune décision à la légère effectivement. Je pense que même si j'ai été confronter d'une manière assez... inédite... à la véritable organisation qui gère Céladopole, je n'ai aucun doute sur le fait que si j'avais essayé de parler de cette situation à qui que ce soit, je ne serais clairement pas présente dans cette pièce aujourd'hui. De ce fait, je pense que la preuve que je sois toujours en vie est un signe que je sois digne de confiance. Enfin, de mon point de vue évidemment, comme tu l'as si bien dit, ce n'est pas la même chose qu'être au cœur des différentes affaires et de simplement vivre au Manoir. Après, même si ce n'est pas le même danger qu'être sur le terrain, je m'occupe quand même de la sécurité du Manoir et du système informatique en général. Je protège donc des dossiers délicats et je doute que Worick m'aurait laisser gérer cela s'il n'avait pas une totale confiance, du point de vue professionnel, en vers moi.

Bavarde ? Toi ? Si peu. Tu espérais juste que tu ne dépassais aucune limite. Heureusement, ton ton n'était pas sec, bien que moins amical que ta première réponse. Tu aurais peut être du demander a Dan des anti sèches avant sur les choses a ne surtout pas dire ici. Trop tard. Tu prend une gorgée de ton Blue Lagoon avant de continuer ta réponse en fixant Erica dans les yeux.

- Quand a l'impossibilité de faire marche arrière, j'ai déjà l'impression que c'est le cas. Je doute que si un jour je décidais de quitter le Manoir, même sans travailler officiellement pour Worick, qu'on me laisse en vie aussi facilement.

"Sauf si vous avez une confiance absolue en moi, évidemment". Tu avais très envie de rajouter ces mots mais tu doutais réellement que tenir tête de manière aussi sarcastique à Erica joue en ta faveur. Par contre tu détestais ne pas savoir si tu avais donner une réponse correcte ou non. Tu aurais pu tourner le regard vers ton ami mais les échanges muets risquaient de mal passer. Même chose avec Dan, même s'il y avait plus de chance que ca passe bien, tu passas donc ton regard sur l'ensemble de l'assemblée, même sur Bill pour montrer que tu ne cherchais pas un avis en particulier avant de retomber sur Erica, pour attendre la suite de la joute verbale.

1369 mots

C’est drôle, avec le rôle que j’occupe aujourd’hui à cet étrange interrogatoire, j’ai nettement moins envie de faire ce genre de chose aux autres. Pourtant, cela ne me dérange pas en règle générale. Je dirais même qu’au contraire, cela procure un sentiment de toute puissance plutôt agréable. Ici en revanche, il est déjà nettement moins amusant de voir Arya prendre les coups. Alors bien entendu, nous sommes bien loin du passage à tabac en règle, pour ainsi dire la bleuette ne prendra absolument aucun coup aujourd’hui d’ailleurs. Pourtant, je me doute que psychologiquement parlant, la situation ne doit certainement pas être confortable, loin de là même. Il fallait s’y attendre : Erica est loin d’être douce lorsqu’il s’agit de parler affaire. Elle est d’ailleurs bien pire que moi pour mener une négociation à son terme, bien que je n’aime pas particulièrement le reconnaitre. Il faut dire qu’elle est mauvaise perdante, la défaite n’est pas une option pour la jeune femme à la crinière blonde. Alors si elle doit accorder sa pleine confiance à Arya, elle ne le fera qu’avec la certitude de ne pas avoir de regrets.

Lorsque qu’Arya parle du fait qu’elle gère des dossiers délicats, j’ai l’impression de manquer une marche. Effectivement, le serveur principal du manoir possède en son sein quelques dossiers que j’aimerais garder en sécurité, mais ils ne concernent en aucun cas nos transactions moins… louables. Celles, elles sont aujourd’hui stockées ailleurs et c’est très justement pour cette raison que Dan voulait embaucher Arya au départ. Pour qu’elle puisse gérer d’une main de maitre la totalité de notre informatique, même ce qu’elle ne devrait pas avoir, et ainsi donner les clés du système à une seule et unique personne, compétente et de confiance. D’ailleurs, mon bras droit réagit aussi à la réponse de la jeune femme. Erica l’a vu, elle semble se retenir d’esquisser un sourire l’espace d’un très court instant. Ils laissent toutefois finir la bleuette tandis que je me plonge dans mon verre de bourbon comme si je pouvais m’y cacher pour éviter d’avoir à assister à cet exercice des plus déplaisants.

« En réalité Arya, c’est justement la raison première de cette négociation et du fait que nous souhaitions t’inclure à cent pourcent dans nos systèmes d’information… tu gères quelques dossiers sensibles dans le sens où il serait préférable que la concurrence directe ne tombe pas dessus, mais en cas de contrôle judiciaire, ils ne nous poseraient aucuns soucis à proprement parler, du moins nous trouverions un moyen de nous justifier. Aujourd’hui, il y a un NAS qui n’est pas directement visible sur le réseau du manoir et qui est physiquement stocké dans mon bureau. Celui-ci contient d’autres dossiers qui… n’ont trop rien à faire au manoir Brown en soit et qui pourraient faire tomber beaucoup de monde. Potentiellement nous y compris. Ces informations sont beaucoup plus sensibles et c’est une personne qualifiée comme toi qu’il nous faudrait pour sécuriser ces informations. »

Laissant un silence planner autour de la table quelques instants, Erica reprend le fil de la conversation en remerciant Dan d’un hochement de tête.

« Certains de ces dossiers contiennent des informations capables de faire tomber des personnes qui ne méritent clairement pas ce sort. Des notaires qui ont fauté par orgueil et que la famille Brown tient aujourd’hui à la gorge, des agents et tout un tas d’autres fonctionnaires. »

En un sens, plus la discussion avance et plus j’ai le sentiment d’être mauvais. Bien évidemment, il y a longtemps que j’ai fais une croix sur Worick le jeune homme plein de rêves utopiques dans la tête. Cependant, le fait qu’Erica pointe ainsi les fourberies qui me permettent aujourd’hui d’obtenir le silence de certaines personnes me revient en pleine figure, comme un immense panneau qui m’indique à quel point je suis un monstre aux yeux de ces personnes.

« Outre le fait que tu puisses signer l’arrêt de mort d’un tas de personne en commettant la moindre erreur concernant ces informations, cela ne te ferait absolument rien de t’occuper toi-même de la conservation de ce genre de dossiers ? Ceux-là même qui hantent les nuits de nombres de personnes à Céladopole, qui ont brisé des couples, des familles… tu vas devoir t’occuper de la gestion d’informations qui permettent aujourd’hui à la famille Brown de garder certains privilèges, mais cela n’a strictement rien d’héroïque, de noble ou même de parfaitement normal. C’est un travail répréhensible, que ce soit moralement ou aux yeux de la loi. Toi, Arya, tu vas vraiment réussir à garder le silence et à rester loyal à ce poste, en sachant pertinemment tous les matins que tu as entre mains la possibilité de rendre leurs libertés à tous ces gens ? »

Si elle avait décidé de m’achever, c’était réussi. Je n’avais aucune idée de comment mon amie pouvait - ou non - réussir à gérer ce flux d’information. Pour ma part, je demandais seulement au majordome de notre hôte de me servir un autre verre qui m’aiderait sans doute un peu plus à accepter cette situation, à accepter ma propre personne et le poids de mes actes.

Si tu pensais avoir marqué un point, le fait de voir Dan et Worick tiquer à tes paroles et Erica esquisser un sourire te mit rapidement le doute, si bien que ton assurance commençait vraiment à fondre comme neige au soleil. Et quand l'homme de main de ton camarade prit la parole, tu affichas un poker-face malgré toi. Ce genre de choses, tu aurais clairement aimé le savoir avant. Même si tu affichais une expression neutre au possible, tes yeux lançaient des éclairs en direction de tes deux alliés. Erica aurait sûrement trouver cela quelque peu étrange si jamais tu avais réussi a répondre à ses questions sans le moindre soucis, sûrement pour cela qu'au final, tu ne t'étais pas préparer a ce rendez vous avec les garçons, mais tu n'aimais guère cette sensation de passer pour une idiote.

- Je vois.

Tu fus incapable d'en exprimer plus. Déjà les deux mots que tu venais de lâcher te semblaient suffisamment tranchant malgré toi, à cause de ton agacement. Puis Erica prit le relais juste après cela, donc tu ne préféras pas lui couper la parole. De toute manière, ce qu'elle annonça te coupait clairement l'herbe sous le pied. Et brusquement, tu comprend pourquoi tu es la. Tu comprend pourquoi Erica est aussi franche avec toi. Ce que tu ferais, irait bien au delà de l'amitié qu'ils pouvaient tous te porter. Si jusqu'à présent tu t'étais montrer sans faille, ca pourrait possiblement être autre chose une fois que tu avais des preuves en main. Tu comprenais cette logique, même si elle te rendait encore plus maussade. Tu gardas un instant ton silence, plissant les yeux en regardant la table. Puis tu posas de nouveau sur la blonde, un regard dur qui n'arrangerait peut être pas la discussion, mais que tu ne pouvais contrôler.

- Mon amitié aurait bien peu de valeur si je ne saurais être capable de garder ces dossiers pour moi et assurer leur sécurité. En réalité, je ne vois aucune différence entre maintenant et quand possiblement j'aurais accès à ce NAS. Excuse moi hein, mais je doute réellement que ces gens soient aussi innocents que cela pour la majorité d'entre eux. Si on a des dossiers contre eux, c'est qu'ils sont loin d'être blanc comme neige. Imaginons un seul instant que je souhaite rendre la liberté à tous ces gens comme tu dis. Je doute réellement qu'ils n'existent que chez les Brown ces dossiers, vous devez en avoir tous des copies, donc la destruction est impossible. Et dans le cas où je voudrais voir la police, ca serait me tirer une balle dans le pied. Je travaille avec Worick depuis un moment maintenant sur le W.A.dex, d'un point de vue légal, je suis sûrement vu que la personne la plus proche travaillant avec lui. Si jamais quelqu'un découvrait ses dossiers pour faire tomber les Brown, je serais impactée immédiatement, voir soupçonnée de bosser avec lui. Et même si ce n'est pas encore tout a fait le cas, je suis déjà coupable d'avoir garder le silence sur vos petits trafics. Donc maintenant la question est simple, me pense-tu réellement être capable de me tirer une balle dans le pied ?

Tu regrettais presque immédiatement le ton que tu avais employer, avant de te dire qu'au final il était peut être nécessaire et montrer ainsi ta sincérité. Malgré toi, tu commenças a retenir ta respiration, attendant la réponse d'Erica. Soit elle allait te rassurer et tu allais pouvoir commencer a te détendre quelque peu, soit tu allais être blessée et tu allais encore t’énerver d'avantage. Finalement ce n'était peut être pas une si bonne idée d'avoir demander un cocktail... En tout cas, même si tu avais très envie de juger ta réponse en regardant la tête de tes deux camarades, tu te refusais de lâcher Erica des yeux. Tu devais lui montrer ta sincérité aussi bien par tes paroles que par ta posture et tu comptais bien ne lui laisser aucune faille.

691 mots

---

HRP:

Si la situation semblait franchement me peser, Arya n’en était pas moins sur les nerfs comme le ton de sa réponse le laissait très clairement entrevoir. Moi qui m’imaginais qu’elle garderait son sang-froid un peu plus longtemps, je ne pouvais plus que presser le serveur du regard pour qu’il m’apporte mon verre. A vrai dire, j’aurai préféré pouvoir lui envoyer un coup de pied sous la table, histoire de lui rappeler qu’elle allait aussi être jugée sur sa capacité à garder son calme, mais la distance qui nous séparait ne me le permettait pas. Cependant, je savais d’ores et déjà que si je n’avais aucun moyen de lui rappeler, mon amie aux cheveux blond se ferait une joie de lui expliquer, elle. De toute évidence, c’était là même l’objectif du jour : s’assurer qu’Arya était fiable même dans les pires instants – bien qu’à mes yeux la question ne se pose pas – mais aussi être bien certain que même sous la pression, elle était capable de rester calme et se réfléchir tout en gardant la tête froide. Car c’était finalement ce genre de critère qui différenciait bien souvent les personnes auxquelles on pouvait se fier ou non. Même armée des meilleures intentions du monde, un subordonné trop fragile pouvait très rapidement laisser fuiter une information capitale et nous mettre dans l’embarras.

Cependant, là où Arya avait marqué un point – sans doute involontairement – c’était en affichant sa candeur à toute épreuve. Là où la jeune femme aurait pu se servir de ces informations détenues par la famille Brown de mille et une façon, celle-ci ne s’imaginait que les détruire ou les confier à la police. Son argumentaire sur les copies de ces précieuses données – et elle n’avait pas tort à ce sujet – en attestait : elle-même ne songeait pas à l’entièreté des opportunités qui s’ouvraient à elle une fois ce genre d’information en sa possession. Ce genre d’information pourraient sans nul doute être revendues aux personnes concernées ou pire, à des rivaux de notre famille pour des sommes considérables et auraient sans aucun doute la possibilité de renverser complétement l’échiquier à Céladopole.

Entre le ton agacé que la bleuette avait pris et son innocence sans équivoque, Erica semblait quelque peu décontenancée. D’autant plus que, j’en étais intimement persuadé, son amitié pour la jeune femme ne manquait pas d’interférer. La frontière entre leader d’une branche de la pègre et simple jeune femme d’une vingtaine d’année était parfois plus ambiguë, plus trouble qu’Erica ne voulait vraiment le montrer.

« L’idée, ici, mademoiselle Kanazawa, c’est aussi de montrer que tu es capable d’encaisser et de supporter la pression sans perdre ton sang-froid. Employer ce genre de ton lors de nos réunions officielles me semble difficilement envisageable surtout lorsque les autres parrains seront présents. »

Je me permettais cette fois de me racler la gorge pour attirer l’attention, histoire de pouvoir prendre à mon tour la parole. Si je passais pour le moment mon temps à observer cette joute verbale entre les deux jeunes femmes, je sentais qu’il fallait que j’ajoute mon grain de sel ici. D’autant plus qu’au final, voir mon amie ramer ainsi n’avait strictement rien de plaisant et même si j’étais passé maitre dans l’art de masquer mes émotions et même si je savais pertinemment qu’Erica était bienveillante à son égard dans le fond, je n’appréciais pas tellement de la voir dans cette posture.

« Cela dit Erica, si les choses se déroulent comme prévu, Arya pourra profiter d’un rang relativement gradé parmi la famille Brown. Il n’est donc pas nécessaire d’avoir à son égard le même genre de remarque qu’avec mes subordonnés les moins gradés. »

L’espace d’un instant, le temps se fige dans la pièce. Mon amie se retourne vers moi, semble hésiter un court instant, avant de me répondre assez sèchement comme je m’y attendais après l’avoir repris ainsi.

« Cela dit, Worick, nous jouons ici dans une autre cour et personne n’est sensé laisser ses émotions prendre le dessus. »

Se retournant cette fois vers Arya après une courte pause, la jeune femme reprend un ton plus posé.

« Toutefois, je dois bien admettre qu’Arya est effectivement pleine de bonne volonté ici. Si je ne sais pas encore quoi penser de sa constitution physique et psychologique et de sa capacité à gérer toutes les facettes émotives de sa personnalité, je n’ai aucun doute quant à sa loyauté et à sa détermination. »

Dans un premier temps, une petite partie au fond de toi se sentait victorieuse en voyant l'air troublé de la blonde. Ce qui te rassurait moins, c'était l'expression de ton camarade qui semblait avoir envie de te frapper. Pourquoi ? Tu avais mal répondu ? Il était trop tard pour corriger le tir de toute manière et tu attendis qu'Erica reprenne la parole et elle n'hésita pas a te réprimander sur le ton que tu avais employer, si bien que tu affichas une petite grimace et tu te mordis la langue pour éviter de répliquer de nouveau. Comment pourrais-tu faire autrement alors qu'elle cherchait volontairement à te provoquer ? Tu essayas de garder bonne figure en affichant de nouveau un air plus posé et tu allais t'excuser quand Worick prit ta défense. Ce qui t'arrangeait bien, parce que la Marraine de la famille Cristiano changea de cible un instant en montrant son mécontentement. Malgré toi, un micro sourire s'afficha sur tes lèvres, alors que tu avais clairement envie de rire jaune. Visiblement contrôler le ton employé n'était pas nécessaire quand on était un Parrain. Tu les laisse échanger quelques mots pour juger de ta manière de répondre, mais tu es déjà bien contente de voir ton ami aller dans ton sens. Après tout, cela faisait parti de ta personnalité malgré toi, tu ne manquais pas de respect volontairement à Erica mais tu ne voyais pas comment lui expliquer autrement ta façon de penser. C'était une manière pour toi de montrer que tu étais sincère et tu ne voulais pas tourner inutilement autour du pot juste pour éviter de froisser quelques consciences. Mais tu prend note d'éviter ce genre de choses quand les deux autres Parrains seront présent. De toute manière il était fort possible que la nervosité d'empêche de parler comme d'habitude. C'était une chose d'être jugée par une amie, quelque soit les activités douteuses qu'elle menait, mais c'était clairement une autre histoire d'être jugée par deux inconnus qui te semblaient étrangement beaucoup plus dangereux.

Mais tu avais bien fait d'attendre avant de reprendre la parole, Erica fini par admettre qu'elle ne doutait ni de ta loyauté, ni de ta détermination et cela enleva clairement un poids de tes épaules. Tu affichas un air plus poli avant d'ouvrir les lèvres pour laisser glisser quelques mots.

- Je suis désolée si mon ton t'a déplu Erica et je sais très bien que j'aurais encore quelques progrès a faire concernant le sang froid. Mais je te remercie de tes dernières paroles, cela me rassure, dans un sens.

Car oui, convaincre Erica était sûrement l'étape la plus simple de cette réunion. Et tu n'étais clairement pas encore très motivée a passer à la seconde, mais tu n'aurais bientôt plus guère le choix. Non, en réalité, le choix, tu ne l'avais plus depuis très longtemps maintenant. Tu te débattais pour garder un semblant de libre arbitre dans un monde obscure qui voulait faire de toi deux mains utiles, mais dénudées de parole. Mais tu savais que Worick n'agirait pas avec toi comme avec d'autres de ses subordonnés. Vous étiez amis avant tout et grâce à cela, tu pourrais toujours lui dire clairement ce que tu avais en tête.

En tout cas, oui, tu avais encore beaucoup de choses à apprendre, que ce soit ta manière de te comporter, ou de répondre. Tu évitas de penser a ta condition physique, Dan t'avait déjà relativement assez bassiné sur ce détail et tu avais déjà repoussé l'inévitable de devoir suivre un entraînement rigoureux. Quand a ta condition psychologique, tu revenais de loin. Tu avais de nouveau envie de rire jaune en y pensant d'ailleurs, mais autant éviter de froisser encore Erica, surtout que la toucherait plus que nécessaire de lui rappeler une nouvelle fois, ce que son père avait fait.

- J'ai conscience que je ne rattraperais pas les années de préparation que vous avez reçu toi et Worick sur une multitude de sujet d'un claquement de doigts. Mais comme tu l'as dit toi même, je suis quelqu'un de particulièrement déterminée et qui sait faire preuve de bonne volonté. Je tacherais de mieux me tenir, je t'en fais la promesse.

727 mots

Comme je pouvais m’y attendre, la réponse d’Erica fut cinglante et eut vite fait de me remettre le nez dans mon verre fraichement servi. S’il n’était sans doute pas évident de cerner la jeune femme et de comprendre sa réaction, j’avais de mon coté ma petite idée et je ne pouvais certainement pas lui en vouloir. Erica n’aimait pas particulièrement mêler de nouvelles personnes au genre de vie que nous menions aujourd’hui, c’était d’autant plus vrai lorsque la personne en question était un ou une amie plus ou moins proche. Cependant, si nous en étions arrivés là, c’est que nous n’avions pas tellement le choix. Je m’attendais donc à rétorquer de plus belle pour défendre mon amie, mais ce ne fut vraisemblablement pas nécessaire, étant donné qu’Erica avait elle-même reprit la parole pour changer de ton. Ses dernières paroles semblaient d’ailleurs avoir rendu l’atmosphère plus vivable pour l’intégralité des personnes présents à cette table, que ce soit le second de la blondinette – Bill – ou même Dan, pourtant généralement détaché dans ce genre de situation.

« Je suppose qu’il faudra veiller à ce que tu sois correctement encadrée dans un premier temps, il faut voir comment tu réussiras à t’adapter ou non à ce milieu et surtout à tes nouvelles accréditations au sein de la famille Brown. »

Voilà qui avait de quoi faire retomber la vapeur pour de bon. Je retenais un long soupire de soulagement pour ne rien laisser transparaitre – de plus que ce que j’avais déjà laissé fuiter – mais je devais bien m’avouer rassuré. Au moins, je savais maintenant que je pourrais compter sur mon amie pour argumenter dans le même sens que moi si nous devions nous heurter à un avis plus mitigé de la part de nos autres confrères. A vrai dire, celui qui me faisait le plus craindre une esclandre, c’était Marco. Toujours convaincu qu’il était capable de gérer la pègre locale seul et d’une main de maitre, ses réactions étaient parfois difficile à jauger. Dans un sens, il souhaitait nous voir nous unir et solidifier nos clans respectifs en cas de soucis, mais dans le même temps il n’aimait que peu l’idée que nous puissions un jour le détrôner.

« Bien, nous sommes donc d’accord, tu seras de notre coté et acceptera d’accorder ta confiance, toi ainsi que tes subordonnés à Arya ? »

Je plonge mon regard vairon dans les yeux d’Erica, puis de son nouveau bras droit justement ici présent. Lui-même avait eu droit à ce genre de rite de passage il y a encore peu, alors il ne savait que trop bien ce que cela signifiait. Pourtant, c’était une étape nécessaire : il était inconcevable à nos yeux de pouvoir accorder ainsi notre confiance et que quelqu’un d’extérieur au milieu puisse tremper dans nos affaires sans avoir été interrogé sondé et jugé au préalable par les acteurs principaux de cette longue partie qui décideraient de l’avenir de nos proches de parfois de l’économie de la ville tout entière.

« Nous sommes d’accord. J’accepte de voir ce que ça pourra donner. Cependant il y a l’aspect personnel de nos relations, et l’aspect professionnel, Arya. Je ne serais pas tendre lorsqu’il s’agit des affaires. »

Puis, prenant le temps de pianoter quelques instants sur son téléphone, la jeune femme finit nous regarder tour à tour avant d’ouvrir les lèvres à nouveau.

« Vous devriez terminer de préparer votre argumentaire ou reprendre un verre, ils arrivent d’ici quelques minutes. »

Tu a l'impression qu'Erica t'autorise enfin à respirer un peu et ce n'est pas pour te déplaire. Même si tu sais que ton calvaire est loin d'être fini comme tu viens juste de passer l'étape la plus facile, tu ne peut t'empêcher d'avoir une lueur d'espoir. Au moins, déjà, tu avais réussi a convaincre une personne. Autant voir le positif tant que tu le pouvais encore. Tu devais reconnaître que cette demi-heure t'avait sembler beaucoup plus longue que prévu. Tu savais déjà que tu allais vivre un enfer pour convaincre les deux autres Parrains. Ton calvaire serait peut être un peu plus simple si Worick et Erica t'aidait, mais tu ne savais clairement pas s'ils allaient s'y risquer ou non. Ton cerveau était déjà en train de fumer pour essayer d'évaluer tes chances, mais il existait beaucoup trop d'inconnues pour avoir une réponse nette.

Tu hochas simplement la tête à la remarque d'Erica et tu risquas de croiser le regard de Dan qui en disait long. Cet cadrage, ca faisait déjà un moment qu'il t'en parlait, surtout sur le plan physique. Tu devais être capable de te défendre seule, sans tes pokémon, être prête au moindre problème, la moindre possibilité... Cela tu le savais, même si tu n'étais guère motivée. Tu n'aurais pas le choix, c'est évident. Mais tu ne pensais pas que tu allais également devoir travailler ton mental. Peut être que Worick serait meilleure pédagogue que son subordonné pour ce domaine. Il aurait peut être d'avantage de patience, mais le soucis, c'est qu'il n'aurait peut être pas le temps libre nécessaire pour t'aider. Déjà qu'il prenait beaucoup trop sur ses heures de sommeil pour réussir a tenir sa partie de dex et ses obligations de parrain... Tu te voyais mal lui rajouter la charge de ton "éducation". Tu y réfléchirais avec ton ami en temps voulu, tu ne devrais pas trop brûler les étapes aussi rapidement, la réunion était loin d'être terminée.

- Je ferais de mon mieux pour respecter les standards auxquels vous êtes habitués.

Pour une fois que ta curiosité et ta soif d'apprendre ne serait pas de trop ! Mais tu te gardas bien d'essayer de faire une blague sur le sujet. Erica venait tout juste de répondre affirmativement a Worick sur le fait qu'elle accepter de t'accorder sa confiance, autant éviter de lui donner une raison de changer d'avis. Mais tu ne pouvais t'empêcher de sourire de manière plus amusée quand elle ne te ferait aucun cadeau malgré l'amitié qu'elle te portait.

- J'ai cru comprendre. Mais ne t'inquiète pas je ne t'en tiendrais pas rigueur, je sais que tu cherches juste a atteindre la meilleure option quelque soit l'affaire. J'espère que tu ne m'en voudras pas trop si de mon côté, je suis une tête de mule pour défendre mes intérêts ou ceux de Worick.

Après tout, c'était peut être ta plus grande force dans ce milieu d'hommes d'affaires de l'ombre. Tu ne lâchais jamais le morceau, surtout quand tu étais persuader d'avoir raison. Tu savais trouver des arguments parfois étranges, mais surtout, tu savais faire preuve d'une sincérité a toute épreuve, que cela plaise ou non. Tu allais juste devoir apprendre a mieux choisir tes mots, surtout devant les deux autres parrains. Ces derniers étaient sur le point d'arriver, si bien que tu hochas de nouveau la tête à cette annonce. Tu inspiras à fond avant de regarder Worick et Dan. Cette fois, tu lançais la partie en difficulté extrême et tu n'aurais qu'une seule chance avant le game over. Quoi qu'ils disent, quoi qu'ils fassent, tu devais surtout bien garder la tête froide. Une tâche qui allait s'annoncer ardue alors que les battements de ton cœur commençait déjà à accélérer sous l'appréhension. Tu te battais mentalement entre tes craintes et ton caractère exceptionnellement positif. Ne pouvais-tu pas avoir un juste milieu, juste pour cette fois ?

698 mots