POV : Tarja

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Il s’est passé quelque chose sur la route 16.
Souvent surnommée “la route des artistes”, elle fait la jonction entre le Pont Yoneuve et Méanville. La départementale qui la traverse est très empruntée, du matin au soir, et même la nuit comme la ville voisine à Port Yoneuve est la destination privilégiée des jeunes pour faire la fête. Les infrastructures y sont meilleures, il y a plus de lieux actifs jusqu’au bout de la nuit. C’est plus bruyant, plus lumineux, plus attirant. Méanville est une ville qui accueille plusieurs campus, dont des quartiers entiers ont été pensés pour leur attractivité auprès des jeunes. Port Yoneuve est juste une grosse ville marchande, moins chère, avec plus de logements disponibles. C’est la destination de beaucoup de travailleurs, qui eux aussi empruntent la route 16.
Son surnom lui vient du festival bi-annuel qui s’y tient, dans un immense champ qui a été depuis longtemps racheté par les organisateurs. Cet événement réunit des artistes de tout bord, tous dans le domaine de la performance. Les disciplines sont si variées qu’il serait impossible de toutes les données, surtout que de nouvelles apparaissent à chaque édition. De nouveaux genres, de nouveaux styles plus ou moins remarquables. C’est ce qui fait une partie de la notoriété de ce festival et permet à de nouvelles figures du monde de l’art d’émerger dans la région. Depuis quelques années, même les experts de certaines galeries d’art de Voluciter viennent jeter un œil à ce qu’il s’y fait, et plusieurs spectacles ont été rapportés sous forme de vidéos dans leurs expositions. Chacun peut y trouver son compte, comme en témoigne le fait qu’une grande partie du public prend l’événement comme un festival de musique classique, au détriment des autres types de représentations.
Pour ma part, tout ceci m’intéresse peu, car je tâche de fuir les lieux trop bruyants, mais il s’est passé quelque chose sur la route 16 et la prochaine édition du festival approche. Le problème, c’est que personne ne sait dire quoi.

C’est une sensation, un ressenti, quelque chose dans l’air. Tout le monde dit que quelque chose ne va pas, sans que personne soit capable de le décrire plus précisément. Ce n’est pas une requête sérieuse, les autorités ne peuvent pas être embêtées avec ça, alors les organisateurs du festival ont décidé de faire appel à notre cabinet.
Je me suis entretenue avec eux hier, car mon grand-père était absent, et avec Illia nous avons planifié une future sortie sur le terrain afin de voir de quoi il en retourne. D’habitude nous sommes mieux préparés, mais cette fois il existe trop peu d’éléments pour anticiper quoi que ce soit à part les pokémons sauvages les plus fréquents et connus. C’est ce que nous avons étudié la veille. Aujourd’hui, j’ai envoyé mon collègue en courses et suis partie, sans le prévenir, seule en direction de la route 16. Quand je me tourne pour me garer dans le champ, je sais qu’un appel à ce sujet ne va pas tarder à arriver. Il me demandera où je suis. Alors je coupe le moteur et j’attends.

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Exploration zoologique - post n°1

liste des pokémons:

Modération :

Apparition d'un pokémon sauvage.
Merci !

POV : Tarja

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Il faut toujours plusieurs semaines au champ pour se remettre du passage du festival. L’herbe sous les scènes et tentes est ravagée de ne pas avoir vu le soleil depuis trop longtemps, le reste du terrain est marché de grandes traînées de terre due aux passages des multiples véhicules nécessaires à l'installation. Les pas des gens ont tant écrasé le terrain que leurs chemins restent visibles longtemps. Cela fait cinq mois que le dernier festival a eu lieu, et pourtant le champ en porte toujours certaines traces. A certains endroits, l’herbe ne repousse même plus. Je me demande ce qu’il adviendra de cet endroit quand il ne sera plus qu’une immense étendue de terre battue.
En attendant l’appel d’Illia, je scrute l’étendue verte. Normalement, il n’est pas rare d’y voir gambader des chinchidous et autres petits pokémons de type normal originaires de la région. Ils se remarquent aujourd’hui par leur absence. Bien sûr, c’est peut-être une coïncidence, mais cela peut aussi être un premier indice sur ce qu’il y a de “bizarre” sur la route 16.
Je suis tirée de mes réflexions par les vibrations répétées de mon smartphone. Mon collègue, ça n’a pas raté.

- Allô…, il me demande où je suis comme je n’avais pas prévu de sortir du bureau. Sur la route 16., je reviens en fin de journée… Arrête de râler, c’est juste du repérage. Si je peux avoir quelques indices, ça nous aidera… Bon, tu me casses les oreilles, je raccroche.

Dans un soupir agacé, je mets fin à l’échange alors qu’Illia est encore en train de parler. Il réitère son appel, mais je ne lui réponds pas. Je ne peux même pas dire qu’il est pénible, car j’aurais sûrement réagi de la même façon. Quoique, est-ce vraiment de l’inquiétude de sa part, ou seulement de la contrariété ? Difficile à dire, mais je ne pense pas qu’il puisse vraiment s’inquiéter pour moi, plus maintenant. Je ne le mérite pas. Même si nous faisons en sorte de toujours nous entendre et que nos relations de travail et de voisinage se passent bien, je reste une meurtrière à ses yeux.
C’est moi qui ai tué Phil.

Je sors de la voiture, après avoir pris mon sac à dos, avant que la nausée ne puisse m’envahir. Une grande bouffée d’air frais me fait du bien et je me mets à marcher le long du champ. Déjà, je peux sentir qu’il y a quelque chose de différent : ce n’est pas la première fois que je me promène en ces lieux, j’y suis aussi souvent allée lors de ma formation de ranger. Il y a quelque chose dans l’air que je respire, de presque imperceptible, indescriptible. Une certaine densité incompréhensible. Je décide de faire appel à mon sorboul pour voir s’il sent quelque chose. Il maintient la partie ressemblant à de la crème glacée de son corps en absorbant l’humidité dans l’air qu’il gèle ensuite grâce à ses pouvoirs. Sa perception est donc plus affutée que la mienne.

- Alors ? Tu sens quelque chose ?

POV : Illia

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J’ai eu beau rester au bureau jusqu’à plus tard que mon heure de fin de travail, Tarja n’était toujours pas revenue. Pas de message, rien. Peut-être qu’elle a eu des obligations. Après le boulot, je suis passé voir Célestin à l’hôpital, il pourra sortir dans quelques jours désormais. On a un peu discuté de tout et de rien, c’est plus facile maintenant, mais j’ai évité de mentionner l’absence de notre collègue commune. C’est pas une période où il a besoin de s’inquiéter, il faut qu’il se concentre sur lui-même. Bien que je sois curieux, je me suis aussi retenu de le questionner sur les suites, par rapport à sa jambe. La dernière fois qu’il a prononcé les mots “fauteuil roulant”, j’ai vu ses yeux se mouiller de larmes. Quand je suis sorti de sa chambre, j’ai vu que sa mère arrivait. Elle me reconnaît maintenant et m’a remercié de passer voir son fils aussi régulièrement. Je n’ai pas su quoi répondre, vu que je ne comprends même pas pourquoi je le fais. Célestin et moi ne sommes pas amis, la plupart du temps je ne pouvais pas l’encadrer alors… Sûrement est-ce ma manière de gérer mon propre choc. De faire avec l’image de son corps gisant dans la grotte Electrolithe, avec les sensations venues quand j’ai dû manipuler sa jambe broyée.
Une fois rentré chez moi, j’envoie un message à Tarja qui reste sans réponse. Plus tard dans la soirée, je tape avec le manche de mon balais contre le plafond. Elle habite juste au-dessus, c’est une solution facile pour la rendre folle. Sauf que, cette fois, je n’obtiens pas la moindre réaction de sa part. Alors je prends sur moi, car je sais que j’ai tendance à trop m’inquiéter, et me laisse distraire par mon chacripan qui demande à jouer.

Encore plus tard, je reçois un appel de Rose qui me demande de regarder une vidéo à la con qu’elle m’a envoyé et que j’avais ignoré car j’étais devant un film. La vidéo montre un sorboul qui flotte de manière chaotique aux abords d’une route. C’est en soirée. Des automobilistes l’ignorent et ceux qui filment se moquent de sa manière de se déplacer. Je ne comprends pas pourquoi ma meilleure amie m’envoie ça, jusqu’à ce qu’elle me demande de bien regarder et me pointe une malformation du pokémon : il a plus de pics au niveau du cône que ceux qu’on a l’habitude de voir. Comme celui de Tarja. Rose suppose que c’est le sien et m’a appelé pour me demander si je savais ce qu’il fichait là-bas, car ma collègue ne lui répond pas au téléphone. En regardant mieux la vidéo j’aperçois un grand champ caractéristique un peu plus loin que la route et je comprends que “la-bas” c’est la route 16. Le sentiment d’inquiétude qui plane au-dessus de moi depuis la fin de la journée de travail s’abat d’un seul coup sur mes épaules.

- Tarja est allée sur la route 16 pour faire du repérage cet aprem’. Elle n’est pas retournée au bureau, contrairement à ce qu’elle m’avait dit et, je vais vérifier, mais je suis sûr qu’elle est pas rentrée chez elle.
- Et le sorboul de la vidéo est méga paniqué… Va vite vérifier Yaya ! Si elle est pas chez elle, faut qu’on appelle les flics et les rangers.
- Ils feront rien, tu le sais. C’est une adulte et ça fait que quelques heures, je ne fais aucune confiance aux autorités pour ça, surtout pas à Unys. Même si mon père ne m’a pas signalé quand j’ai fugué, j’ai tout de même disparu de partout et personne n’a lancé de recherches. Alors pour une adulte qui n’a disparu que depuis quelques heures, il ne se passera rien. Et si nous mettons en avant son sorboul, on nous dira qu’elle a très bien pu l’abandonner. Je vais raccrocher, je te rappelle après vérification. Et si y a personne chez elle, on y va.

POV : Illia

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Je n’ai obtenu aucune réponse en toquant à la porte, plusieurs fois, de plus en plus fort. Alors j’ai envoyé mon nucléos par la fenêtre, pour espionner la sienne. En plus, j’ai également fait appel à ma mentali afin qu’elle détecte s’il y avait quelqu’un dans l’appartement au-dessus. Ni l’un, ni l’autre, ne m’ont apporté de bonnes nouvelles. J’ai donc rappelé Rose avant de me mettre en route.
Il fait nuit noire depuis quelques heures, mais je ne roule pas prudemment pour autant. La nuit, des pokémons plus féroces se réveillent, alors s’il lui est bien arrivé quelque chose sur la route 16, elle doit être en danger. Je me demande pourquoi son sorboul n’est pas resté avec elle, et si aucun de ses autres pokémons n’a été vu. Ma collègue était ranger, douée de surcroît, et possède une équipe puissante. Ces éléments qui devraient être rassurants en temps normal ne le sont plus maintenant que je me suis persuadé qu’elle est en danger. Car, en les considérant, qu’est-ce qui peut bien la mettre dans une situation dangereuse ?.. Heureusement que Rose vient avec moi, elle gère beaucoup mieux les combats de pokémons et possède elle aussi une bonne équipe.

La départementale qui traverse la route 16 est bien éclairée, donc je ne tarde pas à repérer la voiture de Rose, gardée sur le bord. On se rejoint et nous décidons d’aller nous stationner dans le parking du festival qui a lieu ici tous les six mois : hors période de fête il devrait y avoir de la place. Et, en effet, il n’y a qu’un seul véhicule : celui de Tarja. Nous allons vite nous garer à proximité pour l’examiner. Il ne porte aucune trace d’attaque de pokémon, il est bien verrouillé et on ne voit rien de louche à travers les vitres.
Je regarde tout autour de nous : le champ s’étend jusqu’à se perdre dans l’obscurité et je ne peux que deviner les bois tout autour. Là-bas, c’est la nuit absolue, sans éclairage public. Comme je n’ai pas pris le temps de repasser au cabinet, je n’ai sur moi que ma propre lampe torche qui n’est pas prévue pour être très efficace en extérieur. Rose n’a pas un meilleur matériel que moi. Je suis prêt à me lancer directement, mais elle me force à prendre un temps pour réfléchir. Il paraît que ce serait débile de ne pas le faire au vu de la situation.

- Tu as vu le sorboul, toi ?, je secoue la tête. Peut-être qu’il est retourné auprès d’elle… Bon, il va nous falloir de la lumière : tu m’as dit que Rubis marchait mieux, non ? Sa flamme sera utile. Moi je vais appeler Baby, les ursakings sont réputés pour leur flair.
- On a rien à lui faire renifler.
- T’inquiète pas pour ça, je gère.

Si elle le dit, je lui fais confiance. Je libère donc mon starter de sa pokéball. Comme à chaque fois depuis qu’il possède sa nouvelle forme, il étend ses ailes pour faire le beau et tente de cracher des flammes vers le ciel. N’arrivent que quelques petites flammèches, ce qui ne m’empêche pas de lui dire qu’il est stylé. Parce qu’il l’est forcément, et le meilleur en plus de ça, puisque c’est mon dracaufeu. Heureusement, la flamme au bout de sa queue reste intense, malgré sa faible puissance de peu, et nous fournit un assez bon éclairage en complément des lampes torches. Rien de merveilleux, mais au moins nous ne serons pas complètement aveugles.
Rubis se met en position pour marcher sans perdre l’équilibre avec son nouveau corps, il est encore dans la phase d’adaptation. Pour le moment, le seul moyen qu’il a trouvé pour assurer son centre de gravité est de se tenir penché vers l’avant, les ailes vers le bas et tendues un peu devant lui, pour essayer d’imiter la position de la bruyverne d’Aram qui le lui a appris. Alors c’est très bien parce que ça marche, mais qu’est-ce qu’il a l’air con… Vivement qu’il arrive à se tenir droit tout le temps.
Je suis tiré de mes réflexions par un son de verre brisé qui me fait sursauter.

POV : Rose

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Les ursakings ont une très bonne vision nocturne, en plus d'être des pokémons forts et résistants. Leur excellent odorat leur permet de repérer et de traquer des proies même à travers des marécages. Je me répète ces deux vérités comme un mantra, afin d’éviter de trop m’inquiéter pour Tarja. Car c’est une amie, mais aussi car je connais ses capacités : c’était une excellente ranger, qui n’a mis fin à sa carrière qu’à cause d’une tragédie indépendante de sa volonté. Le massacre de ses coéquipiers par des pokémons sauvages enragés, c’est dur à encaisser, peut-être impossible. Je prie pour que ça ne m’arrive jamais. Je prie pour qu’il ne soit rien arrivé à Tarja, pour qu’elle ne connaisse pas le même sort ce soir. J’ai déjà effectué des missions sur la route 16, je la connais mieux que d’autres, et j’ai mes compagnons et Yaya avec moi. Inspiration, expiration, ça y est, je suis opérationnelle. Je m’empare de la pokéball de mon ursaking pendant que mon meilleur ami s’occupe de son dracaufeu et le voilà qui apparaît sous les lumière des lampadaires. Mignon comme toujours, il vient réclamer des gratouilles derrière les oreilles, mais je le recadre vite sur l’urgence du moment. Il y a un châle sur le siège passager de la voiture et je sais qu’il appartient à Tarja, il faut le récupérer pour avoir son odeur.
D’un seul coup de patte, mon ursaking brise la vitre, ce qui fait sursauter Illia. Un instant, j’imagine ce qu’il se passera si en fait Tarja va bien et qu’elle est juste en balade, mais me dissuade que ce soit possible. J’aimerais, mais entre le sorboul qui ressemble tant au sien, sa sortie prévue ici et le fait que sa voiture soit toujours stationnée sans aucune trace de sa propriétaire, je suis incapable d’y croire. Je demande à mon meilleur ami de récupérer le châle pour éviter de me couper et le fait renifler à Baby. Pendant qu’il cherche une piste, j’essaye d’obtenir des informations :

- C’était quoi votre job ici ?
- Je sais pas, il fallait qu’on trouve, justement. On nous a dit qu’il se passait un truc bizarre sur la route 16, mais personne est capable d’expliquer quoi que ce soit. On a que du “c’est bizarre”, il hausse les épaules, agacé. C’était pas prévu que Tarja y aille seule aujourd’hui.
- Je vois… C’est vrai qu’il y a quelque chose de bizarre ici, j’évitais de me concentrer dessus, mais maintenant que j’y prête attention c’est comme une légère vibration que je ressens, quelque part, à l’intérieur et dans l’air. Je fais part de cette observation à Illia et il m’adresse son air bête de quand il ne comprend pas. Tu sens pas, toi ?
- Non, pour moi y a rien de bizarre.

Donc, Yaya ne sent rien. Je réfléchis quelques instants et me rappelle qu’il y a normalement les familles d’évolution des scrutellas et nucléos par ici. Le fait que mon meilleur ami ne ressente rien peut vouloir dire qu’ils sont à l’origine du phénomène, vu sa grande affinité biologique avec le type psy. Je lui fais part de cette hypothèse, ce qui a l’air de l’agacer encore plus :

- Bah super, je sers déjà à rien !
- Commence pas… C’est qu’une hypothèse, puis tant mieux que tu te sentes pas bizarre ici. Tu seras plus efficace que moi si ça s’intensifie.

Je sais que c’est l’inquiétude qui le fait parler comme ça, mais s’il commence déjà à être pénible ça ne va pas le faire. Là, je peux encore essayer de le gérer, mais rien ne dit que ce sera possible plus tard. En attendant, mon ursaking a trouvé une piste et nous le fait savoir par un grognement. Il est temps de le suivre !

POV : Tarja

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Il fait froid. Je suis dans un endroit inconfortable.
Ce sont les deux seules informations que j’arrive à tirer de mon esprit embrumé, encore trop endormi. Par quoi, je ne le sais plus, mais je ne doute pas que je vais m’en souvenir. Mes capacités d’analyse sont basses, je suis incapable de bouger le moindre membre. Je pense que je pourrai ouvrir les yeux, mais au prix d’un effort conséquent. Alors, pour le moment, je décide d’attendre, le temps de récupérer quelques fortces et capacités de réflexion. J’essaye d’oublier l’inconfort et le froid, de me concentrer sur les sons. Mes oreilles, elles, au moins, ne me trahissent pas. Elles ont toujours mieux fonctionné que le reste de mon corps et continuent de faire leur office.

J’entends des craquements dans les branches et brindilles, le bruissement de pas sauvages dans les feuillages. Quelque part, un léger crépitement qui doit être celui des joues d’un emolga. Je capte le léger sifflement de son vol de branche en branche, son grésillement doit correspondre aux moments où il se prépare à l’effort. Au moins, je suis capable de savoir que ce n’est pas une créature dangereuse. Pas pour moi, tant que je ne l’attaque pas en tout cas.
D’autres sons captent mon attention : un pas feutré, le bruissement des feuilles contre un pelage soyeux. Plus proche que l’emogla, il y a peut-être un leopardus. Ces pokémons, eux, sont dangereux. Mon coeur se met à battre plus vite, animé par la peur qu’un prédateur s’approche de moi. J’essaye de bouger, mais en suis toujours incapable. Mes yeux parviennent à peine à s’ouvrir quand j’entends un claquement de croc et le couinement d’un chinchidou rendant son dernier souffle. Avec un peu de chance c’est le léopardus qui vient de chasser et n’aura donc pas besoin de plus de nourriture.

Mes yeux s’ouvrent à peine tant mes paupières sont lourdes. Je ne vois rien, mais puisque je parviens à bien respirer et peux sentir l’air frais, je ne dois pas être enfermée. Par contre… Qu’est-ce que ça pue ! Je me souviens qu’il y avait quelque chose autour de moi, est-ce que c’était dans l’air ? Je crois que j’ai subi une attaque de pokémon, quelque chose comme une poudre dodo. C’est inhabituel, je suis normalement assez alerte pour l’anticiper. Il doit y avoir eu quelque chose de plus. Quelque chose comme le phénomène bizarre de la route 16. Comme mes sens s’éveillent petit à petit, je me remets à le sentir. Maintenant, je l’identifie clairement comme une vibration qui modifie quelque chose dans l’air et en moi, comme un tremblement constant à l’intérieur de mon cerveau, jusque dans mes os.
Ce n’est pas à cause de ça que je ne peux pas bouger, je le sens, je le sais. Quelque chose serre au niveau de ma taille, de mes poignets, de mes jambes, de mon cou. Mes doigts commencent à retrouver leur mobilité, je gratte ce qu’il y a en-dessous de mes paumes et identifie de la terre. Je suis couchée au sol, sur le dos, retenue par quelque chose.

Je m’efforce d’ouvrir un peu plus les yeux. Ma vision est trouble. Les quelques étoiles que je vois sont mon point de repère. Elles et la lune offrent un peu de luminosité à mon environnement, mais ne me permettent pas de comprendre où je me trouve. C’est alors que je l’entends. D’abord quelque chose glisse contre une branche, puis des gargouillements. Ils me font penser à un estomac.
Un estomac bien plein et en pleine digestion.

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Exploration zoologique - post n°6

liste des pokémons:

Modération :

Fuite n°1
PKM recevant l'xp : Couafarel lvl 27 (0/2)

POV : Illia

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Longer le champ sur lequel aura lieu le festival dans quelques semaines nous prend bien cinq minutes alors que nous avançons d’un bon pas. Cette étendue d’herbe est vraiment grande et vide. Ça m'étonne un peu, je me serais attendu à voir des ratentifs et miradars y gambader la nuit, ou d’autres pokémons normalement craintifs. C’est peut-être à cause de l’obscurité : ils sont trop loin pour que nous puissions bien les voir. En plus, entre l’ursaking imposant de Rose et la flamme de Rubis qui nous éclaire, notre groupe doit avoir l’air d’un gros lampion, repérable de très loin, ce qui doit permettre aux créatures sauvages de nous esquiver facilement. Avec un peu de chance, on aura pas de soucis avec des pokémons sauvages. Je ne suis toujours pas bien doué en combat, même si ma meilleure amie, elle, assure dans le domaine.
Arrivés au bout du champ, nous marchons jusqu’à l’entrée du bois. Ces derniers sont délimités par un fil barbelé et, même si le flair de l’ursaking de Rose nous indique d’aller droit devant, il n’y a pas de trace que Tarja aurait fait ça. En plus, la connaissant, c’est sûr et certain qu’elle a fait le tour pour chercher un chemin praticable et ouvert. Elle ne se serait pas embêtée à galérer avec les fils barbelés sans raison valable.

Pour avoir un peu étudié la zone avant, je sais qu’après la partie des bois qui montent à flanc de colline se trouvent des champs exploités par des agriculteurs du coin. Vu du satellite Google, c’est comme un grand découpage bien carré au milieu des arbres. Alors que nous longeons ces derniers, j’essaye d’évaluer la direction de ces espaces cultivés, en me disant qu’ils pourront servir de point de repère. Nos téléphones pourront nous aider aussi pour ça, mais on aura pas forcément le temps de les sortir pour regarder en cas de besoin. La disparition de Tarja me pousse à plus de prudence que d’habitude. Prudence qui, j’espère, arrivera à persister dans le temps contrairement à d’habitude. Il faut dire que depuis la grotte Electrolithe, je suis aussi plus tendu en règle générale quand je m’aventure, comme ça, dans des lieux sauvages. L’autre jour, j’ai même réussi à sursauter en allant rendre visite à la tombe de Phil, c’est dire.

L’entrée des bois est plutôt bien découpée. Ou plutôt, si on regarde bien, on peut constater que des branches ont carrément été arrachées par le passage des tracteurs et autres engins agricoles. Ils suivent la route depuis un petit village situé sur cette rive de la rivière qui sépare Port Yoneuve et Méanville pour arriver jusqu’ici et s’enfoncer dans les bois. Ce n’est pas pratique, ça leur fait faire un détour pour atteindre leurs champs, mais il paraît qu’il y a des histoires de cadastres qui rendent ça difficile. Moi, je me suis arrêté à la compréhension approximative du mot “cadastre” - que je n’avais jamais entendu avant - et pour le reste je suis juste content que leur route nous permette d’accéder facilement à l’intérieur des bois.
Rubis et l’ursaking de Rose ouvrent la marche, le premier pour nous apporter de la lumière, le second pour son flair. Nous comptons également sur leur instinct pour nous prévenir en cas de présence de pokémons sauvages. Rose est sérieuse et tendue, je n’ai pas l’habitude de la voir comme ça.

POV : Rose

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Pour le moment, je ne repère rien d’inhabituel. L’entrée des bois me paraît normale, sécurisée. Les pokémons sauvages les plus dangereux comme les léopardus ne s’en approchent pas souvent, selon mes connaissances de cette espèce et mes expériences de missions. Ici, les troncs et branches d’arbres ne portent que la marque des emolgas, chinchidous et pashmillas. Ces rongeurs aiment se faire les dents et les griffes sur le bois. Dans la lumière relative que nous apporte la flamme du dracaufeu d’Illia, je peux voir certaines de ces cicatrices sur l’écorce. En les examinant de plus près, je ne peux que dire qu’elles n’ont pas l’air récentes, ce qui n’a rien d’inhabituel. Je ne crois pas que ce soit comme ça que ces espèces jouent leurs guerres de territoire.
Outre ça, l’orée de la forêt n’a rien de particulier. Je déplore l’absence de pluie ces derniers temps qui aurait pu rendre le sol humide et faire en sorte que Tarja laisse des traces. En l’état, nous n’avons rien d’autre que le flair de Baby. Je ne doute pas de son efficacité, mais j’aurais préféré pouvoir avoir d’autres assurances. Si ça se trouve, il suit la piste d’un objet qui appartient à mon amie, porte donc son odeur, mais qu’elle n’a plus avec elle pour le moment. Ce serait mieux que rien comme découverte, c’est sûr, mais disons qu’elle ne serait pas des plus rassurantes. Je n’espère pas tomber sur ce cas de figure.

- Heureusement que le chemin est fait pour des tracteurs, sinon ton ursaking en chierait pour avancer, fait remarquer Illia alors que nous nous enfonçons dans les bois.
- Oui c’est plutôt dense par ici, mais il faudra sûrement bifurquer à un moment. Si elle était en exploration, ça m’étonnerait que Tarja ait juste suivi le chemin.

Alors que nous continuons d’avancer, j’essaye de me concentrer sur la sensation “bizarre” de la route 16. Maintenant que nous sommes dans les bois, je perçois plus clairement la vibration, bien qu’elle soit encore trouble et difficile à appréhender. Le plus étrange, c’est que je la ressens comme un inconfort sans qu’elle soit désagréable. Quand je lui demande, Illia me confirme qu’il ne ressent toujours rien.

- Un de tes pokémons psys pourrait peut-être nous aider à voir si ma théorie est bonne.

Mon meilleur ami laisse sortir de sa pokéball son nucléos. J’ai bien envie de le questionner sur ce choix, car Malach’ n’est connu ni pour son intelligence, ni pour son calme, mais je m’abstiens. Ce n’est pas le moment de lui prendre la tête parce qu’il a pris la première pokéball qui passait sans réfléchir. A la place, j’observe la créature dont la membrane se met à vibrer légèrement.

- Chelou qu’il ait essayé de fracasser personne, son nucléos est connu pour donner des coups de boule à vue sans raison. Puis pourquoi il vibre comme ça ?

Sur ces mots, le nucléos s’élève plus haut dans les airs, environ un mètre plus haut que nos têtes. Et là, ses yeux se ferment.