POV : Illia

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Il me faut plusieurs secondes pour comprendre ce que je suis en train de voir. Les apparitions sont fugaces, troubles, comme des images subliminales qui laisseraient des traces dans l’air. Autour de mon nucléos se déploie comme une toile de rayons psychiques, plus ou moins denses, qui partent dans toutes les directions autour de lui. Elles apparaissent un très bref instant, pour ne devenir ensuite que des lignes de brume fuchsia avant de disparaître complètement jusqu’à leur prochaine manifestation. Au vu de l’attitude de mon pokémon, je pense qu’elles sont constantes, mais qu’on ne peut pas les voir tout le temps. Je suis sûr qu’il s’agit de pouvoirs psychiques après tout. Ce qui est rassurant c’est que certains rayons nous traversent, Rose et moi, sans provoquer d’effets secondaires.

- Qu’est-ce qui lui arrive ?, demande ma meilleure amie.
- Aucune idée, je sais pas ce que c’est que cette toile.
- Quelle toile ?, nous nous regardons un instant sans se comprendre. Tu vois une toile, toi ?
- Bah ouais ! Enfin les rayons psychiques là, ça ressemble à une toile de migalos je trouve.

Rose me fixe comme si je lui pointais un ovni inexistant dans un ciel bleu sans nuages, avant de tourner la tête vers mon nucléos, plisser les yeux… Et conclure que, définitivement, elle ne voit rien. Je suis donc le seul de nous deux à voir les rayons psychiques et, ça, je ne sais pas si c’est bon ou mauvais signe. Et encore, “voir” est un bien grand mot vu comme c’est trouble à mes yeux. Je décris donc le phénomène à Rose avec le plus de précision possible. Il me semble qu’elle se met à flipper un peu quand je lui explique que ça nous traverse. Nous faisons ensuite des tests en faisant revenir et ressortir Malach’ de sa pokéball et en tirons quelques conclusions. La première est que, si mon nucléos n’est pas en dehors de sa pokéball, je ne vois rien. La seconde est qu’il reprend toujours sa position dans la toile.

- Je vais googler, attends.
- Ca doit être une forme de connexions entre pokémons psys… Si je me souviens bien, il y a des nucléos et scrutellas dans le coin, non ?
- Y a pas de réseau !

Je me rends compte seulement maintenant que mon téléphone n’a aucune connexion et n’arrive pas à capter. Celui de Rose est dans le même état. C’est un peu rassurant, dans le sens où Tarja n’est peut-être pas en si mauvaise posture que ça. Peut-être que, comme nous, elle ne peut tout simplement pas utiliser son téléphone. C’est bancal, même moi je le sais, mais je me rassure comme je le peux. J’espère vraiment qu’il ne lui est rien arrivé de très grave. Pas après Phil, pas après la Grotte Electrolithe.

POV : Illia

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Après avoir débattu pendant quelques minutes, Rose et moi décidons de nous concentrer sur la recherche de Tarja. Même si ma meilleure amie a soulevé, à juste titre, que ce qui arrive à Malach’ est sûrement lié au phénomène bizarre de la route 16 et peut-être à la disparition de ma collègue, j’ai refusé d’enquêter plus avant tant que nous ne l’aurons pas retrouvée. Mon nucléos n’a pas l’air d’aller mal, alors en toute honnêteté, pour le moment, je m’en fous pas mal de ce qu’il se passe ici. Je veux juste retrouver Tarja saine et sauve. Même plus, j’adorerais que ce ne soit qu’un malentendu, qu’on la retrouve en train de faire une pause tranquillement, qu’elle nous demande ce qu’on fiche là, et que je puisse m’énerver comme je sais si bien le faire. Je pourrais l’espérer, s’il n’y avait pas eu son sorboul.

Nous continuons de suivre la piste repérée par l’ursaking de Rose à travers les bois. Bien que la flamme de Rubis ne nous éclaire pas assez pour ça, je me prends à scruter l’obscurité car j’ai l’impression d’y voir des choses : des bouts de toile psychiques. Elles sont si furtives que je me demande si elles sont réelles ou seulement le fruit de mon imagination. Parfois, la lumière de mon dracaufeu se reflète dans des regards de pokémons sauvages inconnus qui nous observent. J’en parle à ma meilleure amie qui suppose qu’il s’agit de scrutellas, d’autant plus si j’aperçois des traces de pouvoirs psychiques.

Le chemin finit par se séparer en deux. D’un côté la route empruntée par les tracteurs se poursuit, toujours aussi large. De l’autre, un sentier mal dessiné, formé à force d’écraser les plantes rampantes. Rose note une balise de randonnée sur l’un des arbres. L’ursaking a la truffe au sol, essayant de repérer la direction dans laquelle Tarja serait partie, mais quelque chose semble le gêner. Il grimace légèrement, comme s’il avait une gêne dans le nez. Sa maîtresse s’inquiète tout de suite pour lui :

- Baby ? Qu’est-ce qu’il se passe ? T’as respiré un caillou ?, nous n’oublieront jamais cet enfant débile qui s’était coincé des gravier dans les narines en maternelle, je crois. Si tu éternues, pas vers moi, d’accord ?
- Dis, ça commence à schlinguer, non ?

L’ursaking en est à se couvrir le museau lorsqu’une odeur nauséabonde nous parvient. C’est comme marcher dans une des rues les plus crades de Volucité, mais en pire. On nous aurait jeté dans un camion poubelle que l’air aurait sûrement été plus respirable. Rubis est affecté aussi, il grogne d’inconfort. Moi, je râle :

- Qu’est-ce qu’ils foutent là les miamiasmes ?! Y sont sensés vivre hors des bois putain !, car je ne vois pas ce qui pourrait produire une telle odeur à part ces pokémons.
- Attends, attends ! J’ai une idée !, s’exclame Rose avant de laisser apparaître sa cocotine. Fluffy, doux parfum !

La créature secoue sa fourrure et répand sa bonne odeur tout autour de nous, parvenant ainsi à contrecarrer la puanteur infâme des potentiels miamiasmes tout autour de nous. Bien que je ne sois pas un grand fan des fragrances de la cocotine de Rose, qui ressemblent trop à des parfums artificiels à mon goût, c’est pour une fois un soulagement que de la sentir à pleine narines.
Cependant, cette bonne odeur attire aussi d’autres créatures. En quelques instants, les branches des arbres autour de nous s’agitent d’activité et nous y voyons perchés une multitude de chinchidous, pashmillas et émolgas.

POV : Rose

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- Trop mimis !, je ne peux m’empêcher de le dire, en voyant tous ces petits pokémons agiter le bout de leur nez pour capter la bonne odeur de ma cocotine. T’as vu Yaya ?
- Dommage que j’ai pas pris mon appareil photo.

Je les montre également à ma pokémon, même si son oeil aiguisé de pokémon ranger les a déjà remarqués. Elle s’applique à modifier l’odeur qu’elle émet afin de communiquer des intentions pacifiques et nous maintenir hors de danger. De même lorsque nous voyons, à la lueur de la flamme du dracaufeu d’Illia, un léopardus s’approcher. Lui aussi ne vient que profiter de la bonne odeur et reste à une distance respectable tout en nous jaugeant du regard, tapis dans la végétation. Je me demande s’il va se mettre à ronronner, ce ne serait pas la première fois que j’en entends un car le parfum de Fluffy est très efficace pour apaiser les coeurs des pokémons sauvages.
Le spectacle qui nous est offert est des plus agréables, mais je retrouve vite mon sérieux. Je pense à Tarja et à ce qu’il se passe ici. Ca vibre toujours, à l’intérieur.

- Tu as dit que les miamiasmes ne sont normalement pas dans les bois de la route 16 ?
- Nan, ils sont plus proches des villages, c’est là qu’ils ont des poubelles à bouffer.
- Hmm… Ca veut dire qu’il s’est passé quelque chose. S’ils avaient été chassés, ça se serait remarqué et on serait au courant, vu que c’est près d’habitations humaines que ça ce serait passé. Donc quelque chose les a peut-être attirés dans la forêt. On peut aller voir dans quel état sont les champs sur la colline ?, par acquis de conscience et pour confirmer. Les paysans s’en seraient rendus compte s’il s’était passé quelque chose.
- Et Tarja ? On a pas que ça à foutre Rose, on s’en branle de la migration des miamiasmes !
- Non, parce que Tarja est plus intelligente que nous donc ce qu’on se dit là elle a dû le remarquer ! Et puis de toute façon, avec toutes ces odeurs fortes, on ne peut plus compter sur l’odorat de Baby…

Je vois bien que ma logique énerve mon meilleur ami, car il sait que j’ai raison et que la résolution de la recherche de notre amie commune ne sera pas si simple que prévue. Moi aussi je m’inquiète pour elle, beaucoup même, mais j’ai assez de missions à mon actif pour savoir que foncer dans le tas à l’aveugle pourrait ne pas nous être bénéfique. Je prends donc la décision de continuer sur le chemin des agriculteurs, sans laisser à Illia le choix de me contredire. Il me suivra de toute façon.
Bientôt, la route se met à monter dans une pente plus raide : nous sommes en train de terminer l'ascension de la colline. Le fait que des véhicules passent par là a permis de tasser le sol et la forme des roues des tracteurs inscrite dans la terre sèche permet de ne pas glisser malgré les feuilles d’arbre tombées là. Les émolgas, pashmillas et chinchidous nous suivent pendant un temps, ou plutôt ils continuent de profiter de la bonne odeur de ma cocotine. Je remarque cependant que ses fragrances finissent par changer, en même temps qu’elle se tend. Ca devient épicé, l’odeur de l’intimidation. Fluffy a senti un adversaire. Les pokémons sauvages cessent de nous suivre. Je décide de m’armer d’une de nos lampes torches pour éclairer la direction dans laquelle regarder ma starter.

Le rayon de lumière fait apparaître un miamiasme hideux entre les troncs fins. La cape verte qui recouvre son corps de déchets organiques est boursouflée, comme si elle s’apprêtait à exploser car elle ne parvient plus à contenir ce qu’il y a en-dessous. Le pokémon en lui-même a des gestes maladroits, il se traîne plus qu’il ne marche. Le filet luisant que je vois couler de sa bouche doit être de la bave. Son odeur nauséabonde surpasse presque celle de ma cocotine. J’ai beau ne pas savoir ce qu’il se passe, je peux comprendre que ce pokémon ne va pas bien du tout. Et, même si j’ai horreur des miamiasmes, ça me fait de la peine. Il lui est arrivé quelque chose de mal. Quelqu’un ou quelque chose l’a déréglé, blessé. Mon âme de ranger prend le dessus et je commence à me demander comment l’enfermer dans une pokéball sans l’attaquer pour lui prodiguer des soins quand les vibrations de la route 16 s'intensifient.

POV : Illia

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Rose s’est figée, les yeux écarquillés. Ses cheveux flottent autour de son visage, comme quand les personnages utilisent la magie dans un film d’animation. Cette fois, je sens les vibrations, sans savoir si mes cheveux font la même chose que les siens. Je n’arrive pas à détourner mon regard de la toile psychique qui se dresse tout autour de nous, fixe et bien visible cette fois. Je me demande si Rose la voit. Mes yeux se promènent le long de ses rayons pour voir à leurs intersections des pokémons psys, éclairés par leurs propre pouvoir. Les scrutellas et nucléos vivant dans ces bois entrent en résonance les uns avec les autres pour créer ce phénomène. La toile se déplace en même temps qu’eux, repousse le miamiasme difforme qui tente de nous atteindre. Il fuit ce pouvoir psychique, aussi vite que son corps atteint le lui permet, en poussant des cris de groret qu’on égorge.
Quand ses bourrelets en déchets ont le malheur de frôler la toile psychique, une partie de ces derniers explose, comme d’horribles pustules, et laisse se déverser un liquide sombre qui noircit la végétation et la fait se recroqueviller sur elle-même. A mesure qu’il perd en poids, le pokémon fuit plus vite et, bientôt, il disparaît dans l’obscurité. Reste la toile psychique qui n’a l’air d’avoir de fin dans aucune direction.

- Togepi… Rune protect…, les mots de Rose sont à peine audibles. Ce n’est que là que je remarque à quel point son corps est crispé. Je m’approche pour essayer de mieux l’entendre. Ton togepi… Utilise l’attaque rune protect !

Je ne me souviens pas de cette attaque, ni de ses effets, mais ma meilleure amie s’y connaît bien mieux que moi en pokémons. Alors je lui obéis. C’est bizarre de manipuler une pokéball avec les vibrations psychiques, ça chatouille quelque part dans les muscles. Happy apparaît, je lui demande la fameuse attaque “rune protect” - en me demandant comment il va pouvoir l’exécuter si même moi je ne la connais pas et donc je n’ai pas pu lui apprendre - et à ma grande surprise il lève les pattes en l’air, effectue un petit pas, et voilà qu’une sorte de voile bleuté se dresse tout autour de notre petite équipe. les vibrations s’arrêtent immédiatement. Rose retrouve son état normal et respire bruyamment, comme si elle avait manqué de s’étouffer. Quand je la vois comme ça, je suis bien content de mon affinité naturelle avec le type psy.

- Ca va ?, la question bête par excellence.
- C’était intense ! Et pas dans le bon sens du terme, Rose s’affale contre son usraking. Heureusement qu’Happy est super fort !
- C’est toi qui lui a appris ça ? C’est quoi ?

Le temps qu’elle se remette, Rose m’explique qu’elle a profité d’un jour où je lui avais laissé mon togepi pour lui apprendre des attaques utiles pour ma protection. Super utile si elle ne me met pas au courant, mais bon bref, elle s’imaginait sûrement une scène de film avec le pokémon sauveur qui débarque à la surprise générale. Ensuite, elle m’apprend que l’attaque rune protect sert, en gros, à se protéger d’altérations d’état provoquées par les capacités des pokémons. Happy nous protège donc des effets secondaires de la toile psychique, qu’elle comprend être destinée à ceux qui menacent le territoire vu qu’elle n’a que peu d’effet sur nous, mais sur le miamiasme, si.

- Tu vois la toile là ?
- Plus trop, le miamiasme doit être mort, une ombre passe sur le visage de ma meilleure amie. A tous les coups elle a de la peine pour cette horreur, c’est bien une ranger. Bon, on se bouge pour aller voir le champ, ok ? Après ça je veux encore moins traîner à trouver Tarja.

Rose acquiesce et je la laisse s’appuyer sur moi pour qu’on avance plus vite.

POV : Tarja

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Les racines qui enserrent mon corps sont trop serrées pour que je puisse m’enfuir, ou même dégager un de mes bras. Je suis clouée au sol, sans possibilité d’agir. Pour le moment, je parviens à rester calme, mais sents qu’à tout moment je pourrais craquer. Il faut nuit, personne ne sait où je suis exactement - je ne le sais pas moi-même - et je crains trop la surprise et la colère de l’empiflor pour me risquer à crier. Mon destin est celui de devenir son prochain repas. Ca, je l’ai bien compris. Et je n’ai aucune envie d’accélérer son festin, même s’il est encore en train de digérer sa précédente proie. Je les entends toujours, les gargouillements de son système digestif.
Je referme les yeux pour me concentrer sur les sons qui m’entourent, pour essayer d’entendre plus loin que le prédateur qui m’a capturée. Je me demande où est mon sorboul et j’espère l’entendre. Lui, ou le son métallique de mes autres pokéballs, quelque part, puisque je n’ai plus mon sac. Malheureusement, je n’entends rien de tel. Seulement les pas précautionneux de quelques pokémons sauvages qui n’osent pas s’approcher de l’empiflor qui n’a rien à faire dans leur environnement.

Je me demande si quelqu’un est en train de me chercher. Peut-être que mon sorboul est allé chercher du secours. S’il se souvient de son entraînement de pokémon ranger, c’est sûrement ce qu’il est en train de faire. Quand on est dépassé ou dans une situation trop difficile, il faut aller chercher de l’aide. Au vu de notre environnement, trouver de l’aide me paraît ceci-dit hasardeux. Nous sommes au milieu des bois, loin des premiers villages, du moins à vitesse de pokémon. Peut-être que des rangers s’approcheront, si le problème lié aux miamiasmes a fini par être découvert. Quoique, précautionneux comme ils peuvent l’être, j’imagine qu’ils voudront d’abord étudier le phénomène lié aux pokémons psychiques. Le temps qu’ils terminent, l’empiflor en sera à son prochain repas : moi. J’espère que mon sorboul saura les trouver, il est pucé, ils m’identifieront. Avec un peu de chance, savoir que je suis une ancienne collègue les poussera à agir plus vite.

Au clair de lune, je vois que l’empiflor se met à suinter. C’est sa manière de faire ses besoins. Une bouillie sombre et liquide se répand sur le sol, en-dessous de la branche à laquelle il s’est accroché, et tue toute végétation. J’entends le frémissement des plantes au contact des déchets acides. Puis, vient l’odeur intense de poubelle qui me retourne l’estomac. Des miamiasmes sont en train d’arriver, pour se nourrir à leur tour, des rejets toxiques de l’empiflor. Maintenant que j’assiste à ce phénomène, je comprends la déformation de ces pauvres pokémons. L’odeur de ce poison doit être attirante, pour qu’ils se soient rassemblés ainsi en masse autour de lui alors que ce n’est pas leur lieu de vie habituel.
C’est cet empiflor, l’origine du mystère de la route 16.

Ca n’a pas été très difficile à découvrir, puisqu’il m’est tombé dessus alors que je repartais du champ, en haut de la coline. Si je sors d’ici vivante, ça nous épargnera beaucoup de travail, à Illia et moi. Et comme ça, il n’aura pas besoin de se mettre en danger lui aussi.

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Exploration zoologique - post n°13

liste des pokémons:

Modération :

Apparition d'un pokémon sauvage.
Merci !

POV : Illia

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Rose et moi finissons par atteindre le champ, en haut de la colline. La vue dégagée fait du bien, car la lumière de la lune et des étoiles nous atteignent. La nuit fait que nous sommes toujours dans l’obscurité, mais au moins nous voyons mieux ce qu’il y a autour de nous. Enfin, pour ce qu’il y a à voir… Je ne sais pas ce qu’il était censé y pousser, mais il n’en reste plus grand chose. Les récoltes sont comme fondues sur elles-mêmes, consumées par une sorte de miasme dans lequel ma meilleure amie me dit de ne surtout pas marcher. Je sais déjà qu’il est différent de ce que peuvent répandre les miamiasmes, car il ne sent pas les déchets comme eux. Enfin c'est comme dans la forêt, alors qu'avec la quantité qu'il y a aussi ça devrait forcément être plus fort.
Je prends un bout de bois en bordure de champ et touille avec dans la substance étrange. Rubis s’approche pour m’éclairer et je vois ma branche se consumer rapidement. Il n’en reste rien lorsque je la ressors du miasme.

- Pourquoi le proprio du champ a rien signalé ?
- Peut-être que c’est pas une période où le champ est exploité, donc il n’a aucune raison de venir…, difficile à dire avec certitude puisqu’il ne reste qu’une étendue de rien sous la substance corrosive.

La cocotine de Rose pousse un sifflement mécontent et répand une nouvelle vague de sa fragrance. C’est presque trop pour moi, je suis tenté de me boucher le nez. Ce parfum a quelque chose d’étouffant, même s’il reste plus agréable que l’odeur de poubelle. Ma meilleure amie me pointe la raison de cette attitude : il y a plusieurs miamiasmes dans le champ. Ils sont en train de se mettre à bouger pour se nourrir de la substance qui recouvre la terre. Ces pokémons sont tout aussi déformés que celui que nous avons déjà croisé.
J’ai beau regarder attentivement tout autour de nous, je ne capte rien de la toile des pokémons psys. Est-ce qu’ils se cantonnent à la forêt pour en chasser les miamiasmes ? Je demande à Rose ce qu’elle ressent, côté vibrations. Puisque moi je ne sens pas grand chose, elle reste le meilleur indicateur.

- Un peu comme quand on est arrivés sur le parking, donc moins fort que dans les bois, je la sens sur ses gardes à cause des pokémons sauvages, bien que ces derniers ne semblent pas vouloir nous attaquer. Je me demande si les pokémons psys ne chercheraient pas à enfermer les miamiasmes ici.

Pour toute réponse, je hausse les épaules. Je n’en sais rien. C’est peut-être logique, mais je ne m’y connais pas assez pour avoir un avis. A la place, je tente d’évoluer dans le champ en évitant le miasme et en me demandant ce que Tarja a bien pu faire si elle est effectivement venue ici. Et la réponse est que je n’en sais rien, car je ne sais déjà pas ce qu’il lui est passé par la tête de venir ici toute seule à l’improviste. On a déjà failli perdre Célestin, qui est dans un état assez terrible, et maintenant elle s’en va jouer les aventurières en solo, c’est n’importe quoi !

Rubis grogne pour attirer mon attention. Il a repéré quelque chose, plus loin dans le champ. En plissant les yeux, je repère une forme étrange, entourée par du miasme. A l’aide de ma lampe de poche, je l’éclaire et constate avec stupeur qu’il s’agit du sorboul de Tarja.

POV : Illia

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Sans prévenir Rose, j’enjambe des flaques de miasme pour atteindre ce que j’identifie comme le sorboul. Ca va que j’ai un bon équilibre et que je suis précautionneux, grâce à la lampe de poche, car plus d’une fois je manque de mettre le pied en plein dedans. Ma meilleure amie m’insulte de prendre tous ces risques, ce à quoi je réponds par un pouce en l’air exprès pour l’emmerder. Je ne lui dirai ce que j’ai trouvé que si c’est effectivement ça.
Ma présence fait fuir un miamiasme proche, comme quoi ils n’ont d’agressif que leur odeur. Si j’étais plus sensible, je pourrais me sentir mal pour celui qui s’est fait détruire par les pokémons psys dans la forêt. Enfin, ils n’ont rien à y faire : à part détruire les plantes, je ne vois pas ce qu’ils apportent. C’est des poubelles ambulantes, après tout. Arrivé à ma destination, je suis perplexe : ce que je vois est bien le cône glacé d’un sorboul, mais… Où est passé le reste ? Je me risque à l’empoigner et le soulever afin de l’examiner.

- Aaaah !, je ne peux pas m’empêcher de pousser un cri de surprise et d’horreur. Putain c’est quoi ça ?!
- Qu’est-ce qu’y se passe ?
- Y a plus que les yeux !

C’est comme si toute la partie glacée du sorboul avait fondu, ne laissant que le cône surplombé des deux yeux du pokémon. Ses pupilles bougent, preuve qu’il est conscient. Elles suivent mon visage quand je le déplace, juste pour voir. La forme du cône me confirme que c’est celui de Tarja, et celui que nous avons vu dans la vidéo.
Rose arrive près de moi après avoir esquivé à son tour le miasme et pousse elle aussi un cri en voyant le sorboul. Par réflexe, je lui agite sous le nez en demandant si c’est normal.

- Bien sûr que non c’est pas normal ! Et arrête de le secouer tu vas lui faire mal !
- T’as vu comme les yeux ils tombent jamais ?, dis-je en retournant le cône vers le bas. Le pokémon n’a pas l’air de souffrir et faire le con m’aide à dédramatiser pour le moment ce qu’il a pu arriver à Tarja si son pokémon est dans cet état.
- Mais remet-le droit enfin, le pauvre !, Rose m’arrache le sorboul des mains en faisant mine de me réprimander, mais je la vois bien pencher le cône sur le côté juste pour constater que les yeux n’en coulent pas. Essayons d’être logiques… Il n’était pas dans cet état sur la vidéo, donc il a dû arriver quelque chose à Tarja, il est parti chercher de l’aide et… Et il a sûrement essayé de revenir vers elle !
- Donc elle serait dans le coin ?
- Peut-être…

Je balaye le champ du regard et de la lampe de poche, à tout hasard. Partout il y a des miamiasmes, et pas de signe pouvant indiquer que Tarja est dans le coin. Afin d’éviter les pokémons sauvages et le miasme, Rose et moi décidons de longer les bois pour faire le tour du champ et voir si nous pouvons trouver d’autres indices.